Démolition d’immeuble à Togbin: Des victimes crient à l’injustice

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« Il n’y a plus de justice, ni de loi, je ne demande que le dédommagement», vociférait avec peine et tristesse M.Agbogba, huissier de justice résidant à Togbin ce 24 février 2024 devant les pelleteuses venues démolir sa maison. L’immeuble finira par être complètement rasé dans la matinée de ce samedi. Il y vivait avec sa femme et ses enfants.

En effet, l’opération de démolition des maisons situées dans le périmètre  des 80 hectares entre Togbin et Adounko dans le cadre du démarrage des travaux physiques de réalisation des infrastructures routières a démarré. Mais les occupants de cette zone se désolent de l’attitude « inhumaine » du gouvernement du président Patrice Talon. A aucun moment, il n’a tenté la moindre négociation ou un quelconque compromis pour  dédommager les occupants du domaine déclaré d’utilité publique. C’est ce que nous confie  Patrice KadjaAdjovi, natif de Togbin et propriétaire de l’entreprise immobilière Sonagnon dont les bureaux ont été également rasés ce jeudi.  Il estime que le gouvernement a violé les lois de la République, notamment l’article 22 de la constitution béninoise qui stipule que « toute personne a droit à la propriété. Nul ne peut être privé de sa propriété que pour cause d’utilité publique et contre juste et préalable dédommagement ». Rencontré à l’hôpital de Mènontin où sa mère est hospitalisée suite à la destruction de l’économie de toute sa famille, il a exprimé son amertume et crie à l’injustice. Sa déception est abyssale. Car, c’est le conseil des ministres du 29 Avril 2020 qui a délimité la zone d’utilité publique dans ce périmètre et a même invité les populations à y investir. La maison de M.Agbogba dont il a été l’agent immobilier,a été complètement rasée et détruite. Ce même décret a motivé de nombreuses personnes à faire des prêts à la banque pour construire leurs maisons et à y construire des bars et des restaurants. Mais le 17 Novembre 2021, le conseil des ministres a sorti un autre décret contradictoire à celui du 29 Avril 2020 pour réorienter cette zone de 20 hectares dans la zone d’utilité publique. Le DG SIMAU était alors passé à la télévision pour expliquer que l’Etat tenait à récupérer cette zone pour la morceler et la vendre en parcelles de 500, 1000 m2 à des investisseurs. Là n’est pas encore le problème selon Patrice KadjaAdjovi.« Le Bénin n’est pas un pays dans lequel il faut investir parce qu’il n’y a ni de garantie, ni d’assurance sur investissement.  Ils ont repris nos terres sans nos consentements, sans nous dédommager et vendre à autrui, parce que nous ne sommes rien. C’est malheureux », dit-il. Selon nos investigations, aucun organe public ne s’est rapproché des riverains pour analyser la situation, recueillir leur avis avant de procéder à l’opération nonobstant les nombreuses démarches administratives qui ont été menées par les occupants au niveau de plusieurs institutions et même au président de la République. « La majorité de ceux qui résident à Togbin sont des Nigériens, peut être que c’est pour cette raison que le gouvernement ne nous a pas donné une suite favorable », ironise-t-il. Le mieux selon lui, est d’échanger avec les propriétaires des terrains, et leur faire des propositions ou carrément procéder à un dédommagement.

Avant le démarrage de l’opération de démolition de ce samedi, le ministre du cadre de vie, José Tonato a invité les occupants qui ont été dédommagés à déguerpir les lieux avant le 6 février 2024. Selon la victime Patrice KadjaAdjovi, ce communiqué est « anodin et ambigu ».  La grande majorité de tous ceux qui ont été recasés, n’ont pas enclenché des procédures de dédommagement.  Et du jour au lendemain, la police est intervenue pour les obliger à partir.

Assise. A. AGOSSA

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