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« La frontière avec le Bénin restera fermée tant que le Bénin ne comprendra pas que le combat que nous faisons, ce n’est pas contre le Bénin que nous le faisons, c’est contre les troupes françaises de déstabilisation qui sont sur le territoire béninois et qui peuvent nous nuire. » Ainsi, s’exprimait, le ton ferme, le Général Abdourahamane Tiani, chef de la junte militaire au pouvoir au Niger, lors d’un récent entretien à lui accordé par la télévision nationale nigérienne.
En dépit des démentis incessants du pouvoir de Cotonou sur les prétendues bases militaires installées dans le nord du Bénin, Tiani reste d’avis contraire. A le croire, le Bénin accueillerait toujours des militaires français sur son territoire. Des militaires français dont l’objectif, selon lui, est de « déstabiliser le Niger », regrettant le fait que « le Bénin n’a jamais reconnu la présence de ces forces de déstabilisation sur son territoire ».
Dans cet entretien, l’homme fort de Niamey reproche surtout au gouvernement béninois la gestion diplomatique de la crise. « L’ambassadeur du Bénin qui était arrivé, est rappelé. Il a fait un déplacement à Gaya où il a appelé les Béninois et les Nigérians à se pardonner. Il est parti mais, n’est plus revenu » a fait constater Abdourahamane Tiani. Ce dernier, a sans doute ignoré, que rappelé à Cotonou après avoir demandé pardon au peuple nigérien, l’ambassadeur Gildas Agonkan avait vu son pouvoir élargi à Ouagadougou. Il a été nommé en conseil des ministres du mercredi 12 mars 2025, il nommé ambassadeur « Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République du Bénin près le Burkina Faso, avec résidence à Niamey au Niger ».
Evoquant la souplesse qu’il accorde plutôt à un pays comme le Nigéria, également frontalier au Niger, contrairement à sa rigidité envers le Bénin, voici ce qu’en dit Tiani : « Les reproches adressés au Bénin sont similaires à ceux formulés contre Abuja, mais l’ampleur de la collaboration militaire du Bénin avec la France justifie des mesures plus strictes. ». Le chef putschiste nigérien a par ailleurs, assuré que la fermeture de la frontière n’est pas un « acte hostile » envers le peuple béninois, mais une mesure de précaution face à ce qu’il considère comme une menace directe à la souveraineté du Niger.
« Le Bénin fera en sorte que les relations s’améliorent »
Le ministre des Affaires Étrangères Olushegun ADJADI BAKARI était l’invité de l’émission ‘’L’entretien grand format’’ sur Bip radio ce dimanche 1er juin 2025. Il s’est prononcé sur le maintien de la fermeture de la frontière du côté du Niger, la réforme de la carte diplomatique du Bénin, l’envoi des troupes en Haïti et biens d’autres sujets.
Fermeture de la frontière nigérienne : Selon le ministre Olushegun ADJADI BAKARI, la frontière avec le Niger du côté béninois est toujours ouverte malgré les soupçons de général Abdourahamane Tiani. Il souhaite que d’ici à là, que cette situation puisse être conjuguée au passé. « La frontière du côté du Niger est ouverte. Nos frères du Niger ont encore quelques difficultés. J’ai bon espoir qu’on puisse conjuguer cette situation au passé. Nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde », a dit le ministre rassurant que « le Bénin fera en sorte que les relations s’améliorent ». A cet effet, l’Ambassadeur du Bénin au Niger, Gildas AGONKAN a été rappelé, mais il sera procédé, selon ses explications, à la nomination d’un nouvel ambassadeur. Interrogé sur le fait que la CEDEAO a abandonné le Bénin face à cette crise diplomatique, Olushegun ADJADI BAKARI précise que le Bénin a défendu des valeurs et quand on est dans une organisation, il faut appliquer les décisions prises. « Il y a quelques années, lorsqu’il y aurait eu cette fermeture, on aurait dit que le Bénin serait à genoux. La frontière qui a été fermée avec le Niger, nous ne nous en réjouissons pas. Et malgré cela, l’année dernière, la croissance économique du Bénin a été de 7,5 %, supérieure aux prévisions. Cela veut dire qu’ensemble, nous, Béninois, avons construit une forme de résilience qui fait que, quels que soient les chocs que nous pouvons subir, nous avons la capacité et la force de pouvoir nous relever et de continuer à être forts. Et c’est le plus important. » a défendu le ministre.
Carte diplomatique du Bénin : Le Bénin a réduit le nombre de ses ambassades dans le monde et compte désormais une quinzaine. Pour le ministre, l’objectif n’est pas de rouvrir la quarantaine ou la cinquantaine d’ambassade comme au départ. Car, il faut, de son point de vue, que les ambassades apportent des résultats tangibles aux Béninois. « On ne peut pas créer des ambassades dans tous les pays où vivent les Béninois. Nous avons besoin encore de construire des écoles, des routes et des centres de santé. Il est important que les ambassades que nous avons permettent de mettre en œuvre la diplomatie de l’utilité. Si nous avons une ambassade, il faut qu’elle permette de rayonner dans une zone géographique et apporte des résultats tangibles aux Béninois. Aujourd’hui, nous avons un réseau diplomatique optimisé. Il y a des ambassades qui ont vocation à rester parce qu’il y a des pays qui sont trop importants dans la goépolitique mondiale », a fait comprendre l’invité de Bip radio.
Il cite les cinq pays permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. « Ces cinq pays, nous avons vocation à être en dialogue permanent avec eux. Les autres ne sont pas moins importants, mais nous avons une diplomatie de présence qui va permettre de pouvoir apporter des résultats concrets au Bénin. Nous avons fermé l’Inde en 2020. Aujourd’hui, nous avons ouvert l’Inde parce que le pays est devenu notre premier partenaire économique. Nous avons ouvert pour le Brésil parce que nous avons un plan ambitieux de relations bilatérales. De façon régulière, nous réévaluons cette carte diplomatique. Ça a déjà apporté beaucoup de choses. Nous avons fait une économie de l’ordre de 6 milliards FCFA par an. Nous avons décidé d’utiliser le digital pour réduire la distance avec nos compatriotes » a aussi indiqué le ministre des Affaires Etrangères.
Haïti et suppression de l’aide américaine : Le Bénin n’a pas encore envoyé de troupes en Haïti parce que le mandat n’est pas conforme à son souhait. « Pour nous, ce n’est pas une mission policière qu’il faut, il faut une mission militaire, une mission de rétablissement de la paix. Il y a une petite divergence de ce qu’il fallait faire. Aujourd’hui, nous attendons un mandat onusien qui soit mis en place. En fonction du niveau d’évolution, le Bénin va autoriser la participation des troupes béninoises. Il n’y a pas de troupes béninoises en Haïti parce que le mandat, ce n’est pas le mandat que nous souhaitons », a-t-il laissé entendre. Pour ce qui est de la suppression de certaines aides américaines, il apprend que le Bénin avait dans ses politiques de passer de l’aide au développement à l’aide à l’investissement. « Ce sont des choix souverains. On ne peut pas forcer la main aux gens et leur dire de faire ce que nous souhaitons. Depuis 2016, notre politique n’est plus basée sur l’aide au développement. Ça ne veut pas dire que le Bénin rejette l’aide au développement. Nous faisons en sorte que les projets que nous portons puissent être portés par nous-mêmes. Ce que nous défendons, c’est que nous devons passer de l’aide au développement à l’aide à l’investissement. Nous avons besoin de plus d’investissements » a insisté Olushegun ADJADI BAKARI .