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La Bank of Africa-Bénin (BOA-Bénin) s’apprête à récompenser ses actionnaires avec un dividende substantiel de 468 FCFA net par action au titre de l’exercice 2024, selon un avis publié par la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM). Ce paiement interviendra ce mardi 3 juin, tandis que le titre cotera ex-dividende à partir du vendredi 30 mai 2025.
Cette annonce intervient dans un contexte où l’établissement bancaire présente des résultats mitigés pour le premier trimestre 2025. Si le Produit Net Bancaire (PNB) affiche une progression encourageante de 2% par rapport à la même période de l’année précédente, atteignant 11,08 milliards de FCFA, le résultat net, quant à lui, enregistre un repli de 8%, s’établissant à 4,45 milliards de FCFA contre 4,84 milliards au premier trimestre 2024.
Une activité commerciale stable mais des défis sur la rentabilité
L’analyse des chiffres révèle une stabilité remarquable de l’activité commerciale. Les dépôts et les créances de la clientèle sont demeurés quasiment inchangés sur l’année glissante, s’établissant respectivement à 679 milliards et 406 milliards de FCFA. Cette constance témoigne de la fidélité de la clientèle dans un environnement économique régional pourtant incertain.
La direction de BOA-Bénin met en avant une amélioration significative de 8% de la marge d’intérêt, pilier traditionnel de la rentabilité bancaire. Cette performance s’explique par une double dynamique favorable : d’une part, une augmentation de 2% des produits d’intérêts générés par les crédits à la clientèle et, d’autre part, une réduction substantielle de 12% du coût global des ressources.
« Notre stratégie d’optimisation du bilan porte ses fruits avec une amélioration notable de notre marge d’intérêt. Nous avons réussi à maintenir notre base de clientèle tout en améliorant l’efficacité de notre structure de financement », analyse Abdel Mumin Zampalegré le Directeur Général de BOA-Bénin dans le rapport d’activité trimestriel.
Un coût du risque qui pèse sur les résultats récents
Malgré ces éléments positifs, la rentabilité globale de l’établissement est affectée par une hausse significative du coût du risque au premier trimestre 2025. Cette augmentation explique en grande partie le recul de 5% du résultat avant impôt (4,81 milliards contre 5,07 milliards FCFA) et de 8% du résultat net. Cette situation reflète les défis auxquels font face les institutions financières de la sous-région, confrontées à un environnement économique complexe marqué par des tensions inflationnistes persistantes et des incertitudes géopolitiques qui affectent certains secteurs d’activité.
Un bilan 2024 qui témoigne d’une solidité structurelle
L’examen approfondi du bilan annuel 2024 de BOA-Bénin révèle toutefois une institution financière structurellement solide, capable de traverser les turbulences conjoncturelles. Le total bilan a progressé de 3,68% pour atteindre 940,19 milliards FCFA, contre 906,82 milliards fin 2023, témoignant d’une croissance maîtrisée et continue.
L’année 2024 a été marquée par un renforcement significatif de la structure financière de la banque. Les capitaux propres ont augmenté de 4,06% pour s’établir à 117,40 milliards FCFA, soutenus notamment par un doublement du capital social qui est passé de 20,28 à 40,56 milliards FCFA. Cette recapitalisation importante constitue un signal fort quant à l’engagement des actionnaires et leur vision à long terme. « Le doublement de notre capital social en 2024 illustre notre volonté de bâtir une institution bancaire toujours plus robuste, capable de saisir les opportunités de croissance tout en résistant aux aléas économiques », avait déclaré le Directeur Général lors de la présentation des résultats annuels.
Une confiance client qui ne se dément pas
L’un des indicateurs les plus révélateurs de la santé d’une banque réside dans sa capacité à attirer et conserver les dépôts de sa clientèle. Sur ce plan, BOA-Bénin affiche une performance remarquable avec une progression de 13,58% des dépôts clients, qui atteignent 734,34 milliards FCFA fin 2024, contre 646,52 milliards un an plus tôt.
Cette hausse significative des ressources clientèle a permis à l’établissement de réduire considérablement sa dépendance au marché interbancaire. Les dettes interbancaires ont ainsi chuté de 44,6%, passant de 127,08 à 70,46 milliards FCFA, améliorant la structure de financement de la banque et réduisant son exposition aux fluctuations du marché monétaire.
Parallèlement, la banque a considérablement renforcé sa position de liquidité, avec des avoirs en caisse et auprès de la Banque Centrale qui ont presque triplé, atteignant 60,22 milliards FCFA contre 21,05 milliards fin 2023. Cette trésorerie abondante constitue un matelas de sécurité confortable face aux incertitudes économiques.
Une gestion prudente du risque en 2024
Si le premier trimestre 2025 montre une détérioration du coût du risque, l’exercice 2024 avait au contraire été marqué par une amélioration notable de ce paramètre. La banque avait enregistré une reprise nette de provisions de 124 millions FCFA, contre une dotation de 705 millions l’année précédente, témoignant d’une amélioration de la qualité du portefeuille de crédits ou d’efforts de recouvrement efficaces.
Cette performance en matière de gestion du risque avait contribué à limiter la baisse du résultat net annuel, qui s’est établi à 19,65 milliards FCFA en 2024, en recul de 8,7% par rapport aux 21,53 milliards de 2023. Le Produit Net Bancaire avait quant à lui légèrement fléchi de 2,7%, à 46,53 milliards FCFA.
Des fondamentaux solides qui justifient la confiance des investisseurs
La distribution d’un dividende substantiel de 468 FCFA par action, s’appuie donc sur des fondamentaux solides et une vision à long terme. Cette rémunération généreuse des actionnaires est rendue possible par la robustesse du bilan et la capacité bénéficiaire durable de l’établissement. « « Cette résilience constitue un gage de confiance pour ses prêteurs quant à la sécurité de leurs investissements. De plus, le niveau du dividende par action prévu souligne l’importance accordée à la rentabilité des capitaux engagés », souligne Constant Satignon, analyste financier exerçant à Cotonou.
Pour les investisseurs, la combinaison d’un rendement attractif et d’une solidité bilancielle éprouvée fait de BOA-Bénin un placement de choix dans un environnement régional marqué par l’incertitude. La banque dispose d’atouts significatifs pour traverser les turbulences conjoncturelles et poursuivre sa trajectoire de croissance rentable à moyen terme. « Malgré un marché sous pression et un ralentissement économique, la BOA démontre une stabilité rassurante pour ses prêteurs », souligne Constant Satignon qui ajoute : « Le dividende par action annoncé confirme son attachement à la rentabilité des fonds investis ».
Olivier ALLOTCHEME