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Armand Affossogbé, leader du Bloc Républicain, invité de Sous l’arbre à Palabres: « La 23ème circonscription électorale mérite d’avoir un ministre BR »

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Fort dans son invincibilité et très posé malgré ses béquilles, le nouvel invité de la rubrique ‘’Sous L’Arbre à Palabre’’, apparait avec tout son talent et son courage dominateur. Jeune leader politique et membre du parti Bloc Républicain dans la 23ème circonscription électorale, Armand Affossogbé s’installe au milieu des journalistes de l’Evénement Précis, pour se prêter aux questions actuelles en l’occurrence, les législatives de 2023. D’après ses confessions faites sans langue de bois, son parti le BR, promet un ras de marrées dans la 23ème et notamment à Abomey. Et pour cause, la métamorphose de cette ville historique grâce aux réformes du Chef de l’Etat, Patrice Talon. « Celui qui a réellement changé la physionomie du département du Zou, c’est à dire le vrai maçon, c’est le Président Patrice Talon », exprime-t-il avec fierté dans la rubrique ‘’Sous l’Arbre à Palabre’’. D’autres sujets comme la démission du Professeur Joseph Fifamè Djogbénou de la Cour Constitutionnelle, les relations UP et BR dans la 23ème circonscription électorale, et l’intronisation du Roi Dêwênondô Béhanzin à Abomey, ont animé les échanges dans une ambiance bon enfant.

Et si on en parlait!

Vous avez été candidat BR pour les communales à Abomey. Comment voyez-vous les réformes actuelles de la décentralisation ?
Nous sommes déjà à plusieurs années d’expérience de décentralisation dans notre pays. A un certain moment, il faut faire une pause pour voir si on évolue. C’est dans ce cadre que le chef de l’Etat Patrice Talon, a annoncé des réformes. Et il les a annoncées en venant au pouvoir. Un diagnostic a été donc fait dans le domaine de la décentralisation à travers la gestion des fonds Fadec, la gestion du conseil communal, et autres. Le chef de l’Etat et son gouvernement ont donc pensé à cette réforme qui consiste à séparer un certain nombre de choses. Le maire d’une commune est l’autorité politique qui décide mais l’autorité administrative qui donne l’orientation au programme d’action d’une commune ou du conseil communal, a donc été définie. Il y a eu aussi le tirage au sort des Secrétaires Exécutifs, de ceux chargés des marchés publics, des questions domaniales, tout ce qui concourt à la bonne gestion du conseil communal, pour apporter des solutions aux imperfections connues depuis 2003.

Avec ces réformes, est-ce que le maire n’est pas en opposition avec le SE ?
Non. Pour moi, le Secrétaire Exécutif est comme le ministre du développement et du plan qui ne surpasse pas le chef de l’Etat. Le chef de l’Etat est l’autorité politique, administrative et l’autorité qui apporte les réformes. Le ministre d’Etat est le chef d’orchestre. Il oriente le programme du gouvernement. Le Secrétaire exécutif et le maire ne peuvent pas jouer le même rôle. Le maire reste l’autorité communale, il est au-dessus du conseil communal et définit son programme d’action tandis que le secrétaire exécutif est là pour la réalisation de ce programme. Il doit être neutre, apolitique parce que ça fait partie des erreurs connues par la décentralisation, depuis 2003. C’est pour corriger tout ceci que le chef de l’Etat a initié ces réformes. Il ne devrait donc pas y avoir de conflits entre le maire et le secrétaire exécutif puisque les rôles sont clairs et bien définis. Le début de toute réforme pose problème mais plus les réformes évoluent, plus chacun se situe dans ses responsabilités. Le bilan sera fait et on verra si ça a marché ou pas.

Comment trouvez-vous la gestion actuelle du maire d’Abomey ?
Je suis d’Abomey, j’ai été candidat pour les élections passées et je n’ai pas été élu à cause de ma position. J’ai échoué avec plus de 1200 voix. Ma tête de liste a été élu avec 450 voix. Je peux dire que c’était le meilleur score de tous les candidats titulaires et suppléants du Bloc Républicain à Abomey. C’est ce qui m’a valu mon poste de coordonnateur BR pour les élections passées. Le parti a eu confiance en moi en me nommant à ce poste. Pour revenir à votre question, dans le conseil communal d’Abomey, j’ai 5 conseillers. Je donne de l’importance à la gestion de la mairie. Je n’ai encore rien vu mais c’est trop tôt pour le dire parce qu’ils viennent de faire un an. A part les réalisations du chef de l’Etat qui sont visibles même pour les aveugles, je ne peux pas, en un an, décrypter la gestion du maire d’Abomey. Je ne le dis pas parce que nous sommes à la veille des élections mais, pour moi, c’est trop tôt. C’est un nouveau maire qu’on ne connaissait pas, qui vient de faire son entrée en politique et il faut lui donner du temps.

Comment se passe la collaboration entre BR et UP au sein du conseil communal ?
Nous avons un nouveau maire qui ne met pas en avant la politique. En tant que coordonnateur des élections passées pour le BR et vice-président de la direction de campagne, j’ai travaillé avec lui pendant un mois. Il a des qualités. C’est pour la première fois que je vois un maire d’Abomey qui ne met pas en avant la politique. Il n’a jamais marché sur tous les conseillers BR qui sont minoritaires dans le conseil communal. Il y a une belle collaboration entre les conseillers BR et la majorité UP. Nous avons toujours été associés à la gestion de la mairie. Il ne gère pas la mairie dans la politique. Pour lui, c’est qu’Abomey puisse tirer le meilleur de lui, au terme de son mandat. C’est également le retour que j’ai des conseillers BR. Tout se passe bien.

Pouvons-nous dire que le BR a contribué à la transformation de la ville d’Abomey ?
Nous sommes de la mouvance présidentielle. Le président du BR est le ministre d’Etat du Gouvernement. Je peux dire qu’à travers lui, le BR contribue aux réformes mises en place par le chef de l’Etat et à tout ce qui se fait à Abomey. Je suis d’Abomey, j’ai grandi à Abomey et je peux dire que ce que le chef de l’Etat est en train de faire à Abomey c’est du jamais vu. Avant, pour quitter Abomey et aller à Agbangnizoun, il faut au moins deux à trois heures de temps. Mais aujourd’hui, il faut au plus dix minutes. Nous avons deux voies goudronnées qui mènent aujourd’hui à Agbangnizoun. Des présidents de la république nous avaient promis cette voie mais l’effectivité réelle de cette voie a été l’œuvre du chef de l’Etat Patrice Talon. C’est également le cas de la voie qui mène à Djidja. Auparavant, il fallait faire quatre heures de temps mais aujourd’hui en quinze minutes, on est a Djidja. Avant, Bohicon se limitait au carrefour Mokas et il était impossible d’entrer dans les petites rues de la ville avec une petite voiture. Aujourd’hui, l’accès est plus facile. Le chef de l’Etat fait un travail énorme. Beaucoup de choses se font à Bohicon. Je n’ai jamais imaginé que de mon vivant, je verrai le goudron passer dans mon quartier à Abomey, à Adandokpodji. Il y a également le contournement d’Abomey et la voie qui va dans le Couffo. Et ce n’est pas seulement à Abomey qu’il y a le goudron. C’est aussi à Parakou, Djougou, Malanville, Porto-Novo. Ce qui se fait à Abomey se fait partout. Vous connaissez le marché Houndjro qui aujourd’hui, est modernisé. C’est le cas dans les autres villes où se trouvent des marchés modernisés, ce qui est une conception du président Talon. Abomey est satisfait de tout ce que fait le Président Talon. C’est le seul président du Bénin qui a su négocier les œuvres d’Abomey, piquées par les français et qui a su assurer leur retour au pays. Il y aura un musée moderne qui sera construit à Abomey pour les abriter. Mais ces œuvres sont au palais et sont visitées par les populations béninoises et étrangères. Tout ceci est à l’actif du chef de l’Etat. C’est des choses visibles à Abomey et qui font aujourd’hui que nous nous retrouvons pleinement dans la gestion politique du président Patrice Talon.

Que pensez-vous de l’intronisation du Roi Dêwênondô Béhanzin à Abomey, il y a quelques jours ?
En tant que prince, je ne vais pas directement répondre. Avant l’avènement du président Patrice Talon, Abomey a toujours connu de petits problèmes par rapport à la succession du Roi. Mais, le constate que nous sommes en train de faire depuis que le Chef de l’Etat, Patrice Talon est au pouvoir, c’est qu’il y a l’apaisement dans notre royaume. Il s’investit de façon particulière pour gérer les choses, bien sûr, avec les 12 dynasties d’Abomey que nous appelons les ‘’Asiata’’, pour qu’il n’y ait pas de problème. Vous n’êtes pas sans savoir qu’au palais principal de Béhanzin, il y a eu un embargo depuis 11 ans. Il y a deux frères qui voulaient accéder au trône. Il a convoqué tous ceux qui sont concernés par ce problème dans le plateau d’Abomey pour en débattre et situer les uns et les autres sur le plan traditionnel, grâce à la géomancie divinatoire du Fâ, afin de désigner l’actuel Roi qui n’a été mêlé ni de près ni de loin à ces tractations. C’est mon ami personnel et il me l’a témoigné. Il n’était pas dedans. Mais le Fâ l’a choisi. Tout ceci, c’est à l’actif du Chef de l’Etat. Ce n’était pas évident. Si ce n’était pas lui, on ne réussirait pas à avoir le souverain. C’est son gouvernement à travers sa personne qui nous a donné une loi qui désormais votée va encadrer tout ce qui est chefferie traditionnelle. Par le passé, il n’y en avait pas. Il a mis de l’ordre. C’est l’homme réformateur dont je parlais ça. Tout ceci, il l’a dit en tant que candidat et il le fait en tant que président de la République. Notre royaume est en train de connaitre une paix réelle. Je suis issu du Roi Agonglo. En tant que prince, je dis qu’il a réussi à créer la paix dans notre royaume. En tant que petit fils, il a réussi à situer un certain nombre de responsabilités dans le royaume. Et nous vivons l’harmonie, la paix à Abomey. C’est pour cela que le sacre du Roi Dêwênondô a eu lieu dans la paix, dans l’harmonie. Toutes les filles, fils et petits-fils du royaume sont allés honorer de leur présence la cérémonie du sacre du nouveau Roi.

On n’entend jamais parler du Roi Adandozan qui a quand même été un grand réformateur à Abomey. Comment allez-vous aider ce Roi à changer cette conception des choses?
Vous rentrez là dans la tradition. Et en tant que prince comme je vous l’ai dit, je suis issu de deux Rois, le Roi Kpingla et le Roi Agonglo. Vous savez, chacun raconte l’histoire par rapport à ce qu’il a vécu. J’évite de trop rentrer dans ces histoires. C’est vrai que j’ai des amis qui sont des vrais historiens. Je donne un exemple et d’ailleurs, c’est lui qui est connu au plan international pour raconter l’histoire réelle d’Abomey avec précision, c’est le directeur du musée historique d’Abomey. Le Roi Adandozan a été diabolisé. Quand j’étais élève, l’histoire du Roi Adandozan que j’ai connue, m’a donné l’impression qu’il était le plus mauvais Roi. Et c’est faux. Nous avons grandi et nous avons fouillé un peu l’histoire de ce Roi qui nous donne aujourd’hui l’impression que c’est lui qui a réformé le royaume d’Abomey. Il a beaucoup fait. C’est son côté peut-être déterminé à faire les choses qui a peut-être joué contre lui.

A part tout ce qui a été réalisé, qu’est-ce qui reste à faire et qui est cher pour Abomey ?
Je donne beaucoup de crédit, d’attention à l’emploi des jeunes. Je suis un homme politique et je veux qu’à travers la création du musée international d’Abomey, la jeunesse d’Abomey trouve d’emploi. Honnêtement, c’est ce qui me tient à cœur si on doit ajouter quelque chose à tout ce que le Chef de l’Etat est en train de faire à Abomey. Je ne vais pas discourir sur ça. C’est visible. Quand tu fais 2 semaines, tu vas à Abomey, quand tu fais un (1) mois, tu vas à Bohicon, tu te perds. Il y a des endroits que tu dépasses et trois jours après, c’est peut-être le contournement, les travaux qui sont visibles. Mais l’emploi de la jeunesse d’Abomey me tient vraiment à cœur. C’est ça qui me caractérise à Abomey et qui me donne de la popularité. Aujourd’hui, le constat est très amer. Il faut que les artisans du musée historique d’Abomey soient valorisés et vivent de leur art. Il faut que la jeunesse d’Abomey qui s’implique dans le tourisme, dans la valorisation de la culture du royaume d’Abomey, jouisse de son art. Je suis très attaché à ça. Il faut que mes frères des 9 communes du Zou trouvent d’emploi. Le reste, le Chef de l’Etat est en train de le faire. Nous avons bénéficié de ses réalisations dans le PAG1 et nous en avons dans le PAG 2.

Les élections législatives s’approchent à grands pas. Au niveau du BR, quels seront les critères de positionnement sur les listes de candidature ?
Moi, j’aurais préféré que pour être candidat du Bloc Républicain, qu’on regarde le militantisme de la personne, sa popularité à la base et son engagement. Si non, il n’y a pas un critère particulier pour être candidat. Quand tu es membre d’un parti politique, tu es appelé à être candidat à tout. Dans nos textes, il n’y a pas de critères spécifiques.

Est-ce que vous-même, vous serez candidat ?
C’est le parti qui décide qui sera candidat. Je suis dans ma maison, je ne vais rien cacher ici. Je suis un des prétendants, mais pas nécessairement prétendant titulaire. Je suis un candidat sérieux pour être suppléant. Et cela va m’obliger à plus m’investir dans la campagne. Mais si le parti me prend comme candidat titulaire, je vais répondre. Mais mon ambition tout de suite, claire, nette et limpide, connue par la base et les forces politiques, c’est que je veux être un candidat suppléant et très sérieux.

Joseph Djogbénou a démissionné de la Cour Constitutionnelle pour être repositionné par le parti rapidement et donc visible pour 2026. Est-ce que cela ne vous semble pas comme un désaveu pour le BR par rapport à 2026 ?
Non. Je vais vous dire une chose. Vous n’êtes pas sans savoir que juste après que l’ex président de la Cour Constitutionnelle, mon cher aîné, Joseph Djogbénou a été désigné, le Bloc Républicain a fait un communiqué pour le féliciter et montrer la disponibilité du parti BR à continuer la même collaboration qu’il y avait avec le patriarche Bruno Amoussou. De ce fait, il n’y a aucun désaveu pour le Bloc Républicain. Nos chemins peuvent encore se croiser en 2026. L’UP et le BR, c’est deux partis qui ont un même père. J’ai du mal à faire des projections. Seul Dieu connait aujourd’hui et demain. Mais, le parti Bloc Républicain est un parti constitué et qui ambitionne aussi de gérer le pouvoir d’Etat. Et c’est sur cette base que beaucoup de partis et mouvements se sont associés pour créer le BR. Donc, nous restons ambitieux et nous travaillons pour faire grandir notre ambition. Actuellement, nous sommes en train de travailler pour être le parti le plus grand en 2023 en gagnant les élections législatives. Cela veut dire que la collaboration que nous avons avec l’UP, n’a aucun souci, quel que soit le changement à la direction du parti. Ça n’aura aucun souci. Un jour, le ministre d’Etat (Abdoulaye Bio Tchané) va aussi passer la main. La leçon que j’ai retenue, c’est celle de la responsabilité de la jeunesse. Parmi les engagements de Talon, c’est qu’il a dit qu’il faut que les ainés passent la main à la jeunesse. Et il travaille tous les jours pour cela. Nous avons le plus jeune ministre des finances de l’Afrique. Dans ce sens, il faut que les ainés commencent à nous passer la main parce que nous avons été formés. Il faut qu’on nous envoie sur le terrain pour expérimenter la formation politique qu’on nous a donnée. Je ne trouve pas le fait que le patriarche Bruno Amoussou passe la main à Djogbénou soit un problème. C’est le cours normal des choses. C’est ce que la jeunesse veut et c’est ce que le chef de l’Etat veut. Vous allez constater sur les listes de l’UP et du BR dans les jours à venir que ce sont les jeunes qui seront positionnés pour aller au parlement. Je ne trouve pas le désaveu qu’il y a dans ces changements à la tête de l’UP. Il n’y a rien de spécial.

Vous êtes un prétendant aux élections législatives de 2023 dans la 23ème circonscription électorale. Ce ne sera pas du cadeau à faire à l’UP. Est-ce que vous irez en affrontement ou bien il y aura toujours une collaboration ?
Je vais répondre à cette question en vous donnant un exemple. Quand vous prenez les clubs européens de football, il vous arrive de voir des Brésiliens. C’est le cas de Neymar et Vinicius qui jouent respectivement au PSG et au Réal de Madrid. Ils jouent tous dans l’équipe brésilienne. Mais quand ils s’affrontent, c’est un combat sans merci. Au cours des élections, qu’elles soient communales ou législatives, personne n’a de cadeau à faire à personne. Parce que notre papa qui est le Chef de l’Etat nous a envoyés à la chasse et le but c’est de tuer le gibier et de le ramener. L’enfant qui tuera plus de gibiers sera caressé par son père. Personne n’a de cadeau à se faire. Parce que notre papa nous a envoyés à la chasse et le but est de tuer le gibier et de le ramener. Et c’est l’enfant qui amènera beaucoup de gibiers qui sera caressé par son père. Dans ce combat, je risque de taper mon frère dans la brousse juste pour trouver les moyens d’être le premier à tuer le gibier. Ce combat va être donc rude. Mais, il ne nous empêchera pas d’avoir des collaborations après. Nous l’avons fait pour les élections présidentielles. Le Secrétaire Général du Bloc Républicain a été le Directeur national de campagne du duo Patrice Talon et Chabi Talata. Mais il y a une différence avec les élections municipales et législatives. Les élections législatives ici, c’est le vrai test de l’ancrage d’un parti politique. Et pour défendre son ancrage sur le plan national, on ne va pas se faire de cadeau. On va se challenger sur le terrain et ça se passe dès maintenant. Nous l’avons déjà commencé. Et quand on finit on ira chez le père pour lui présenter le nombre de gibiers que chacun des enfants a pu tuer. Et l’enfant qui est venu avec le plus de gibiers sera caressé par le papa. Au deuxième il va lui donner le cadeau qu’il mérite et là c’est terminé. On devient encore des frères.

Mais qu’est-ce que votre parti a gagné dans la 23ème en étant tout le temps derrière Talon ?
Dans la 23ème nous avons gagné beaucoup de choses. Le directeur de cabinet du ministère du développement chargé de la coordination gouvernementale, Alastaire Alinsato est d’Abomey. Le deuxième questeur de l’Assemblée nationale est de Bohicon. Il s’agit de l’honorable Nazaire Sado. Ce sont des gains ça. Le DG poste, Judith Glidja est de Bohicon. Le DG Sogema est aussi BR. Il est de Bohicon. Ce ne sont que quelques exemples, sinon la liste est longue. Donc dire aujourd’hui qu’en tant que BR dans la 23ème circonscription électorale nous n’avons rien gagné serait un abus de langage. Mais ça ne nous suffit pas. Nous travaillons aujourd’hui pour que lors du prochain remaniement, le Chef de l’État et le parti se penchent sur la 23ème circonscription dans le cadre du Bloc républicain, en nous donnant un ministre parce que nous le méritons. Nous avons gagné aujourd’hui les deux plus grandes villes de la 23ème circonscription qui sont Bohicon et Djidja.

Le BR n’a pas de ministre dans la 23ème circonscription électorale ?
Non. Le BR n’a aucun ministre dans la 23ème. C’est plutôt l’UP qui en a un. Il s’agit spécifiquement de mon aîné, le ministre de la Défense, Alain Nouatin.
Je veux lancer un appel au secrétaire général du parti Bloc Républicain et au chef de l’État. Vous savez, ce qu’on donne en politique ne se donne pas à cause de la beauté de quelqu’un. On donne par mérite. Aujourd’hui, l’UP ne contrôle pas le Zou. Sur les 9 communes que compte le département du Zou, le Bloc Républicain contrôle 5 communes. Donc on ne peut pas être au même pied d’égalité en termes de nomination aux postes de ministres. Je plaide ce cas spécialement. Quand nous allons revenir dans la 23ème circonscription électorale, le BR a gagné les deux élections de référence auxquelles les deux partis, que ce soit l’UP ou le Bloc Républicain, ont participé. Il s’agit des élections communales et législatives. Lors de ces dernières élections communales, nous avons contrôlé les deux plus grandes villes les plus peuplées de la 23ème à savoir Bohicon et Djidja. Et ça là seul suffit pour qu’on soit regardant et nous donner un poste ministériel plus que les gens de l’UP. Malgré nos scores, ils ont pratiquement tout. Ils ont un ministre, un préfet, des directeurs centraux, des directeurs départementaux. Ils ont tout. Et je fais cette plaidoirie que je suis prêt à faire devant le chef de l’État. Le Chef de l’État est le patron de la mouvance présidentielle. Et ce que je dis est mon vœu à moi. La 23ème circonscription électorale mérite d’avoir un ministre BR aujourd’hui. Ce n’est pas un cadeau que je demande. C’est du mérite. Ce que je dis, je ne le quémande pas. Nous le méritons. Et les cadres ainsi que les politiques que nous sommes travaillons pour.

Est-ce que Abomey est le fief de Talon?
Bien sûr que oui. Mais le fief de Talon, c’est tout le Zou. Il reste imperturbable. Mais on n’exclut pas le fait qu’il y a des résistances au développement, comme dans tout pays. Dans tout pays, il y a toujours une opposition. Je le dis par rapport à ce que je vois. Je suis un homme de terrain.

Voulez-vous dire que Talon a mieux travaillé que Soglo à Abomey?
Celui qui a réellement changé la physionomie du département du Zou, c’est à dire le vrai maçon, c’est le Président Patrice Talon. Je viens de donner des exemples de voies déjà goudronnées et d’autres qui sont en chantier.

Les jeunes disent est-ce que c’est la voie qu’ils vont manger…
Quand j’entends les gens dire ça, je suis chaque fois étonné. Mais le paysan qui finit de faire la récolte dans son champ, s’il n’a pas une voie d’accès, peut-il amener les produits au marché ? Si les produits ne sont pas au marché, peut-on manger? Mais il faut qu’on mange. Et pour manger, il faut un processus. Et dans ce processus, il y a l’acheminement des produits dans les lieux de vente.
Je ne dis pas que l’effort que fournit le gouvernement est déjà suffisant. C’est là que je demande que le gouvernement fasse encore plus d’effort au niveau de la jeunesse pour l’emploi des jeunes.

Il y a des leaders politiques d’Abomey, Candide Azannai par exemple, qui pensent que le développement dont on parle ne doit pas exclure les libertés politiques, d’opinion. Aujourd’hui par exemple, des opposants sont encore en prison.
Quand on parle de liberté au Bénin, souvent je ne me retrouve pas dans ce sujet. Lui Candide Azannai a été ministre sous Yayi. Il a été encore ministre sous Talon. Est-ce que Talon lui reproche quelque chose? Est-ce que lui il est allé en prison? N’est-il pas libre de dire tout ce qu’il est en train de dire? Aujourd’hui c’est la question qu’on doit se poser. Moi j’aurais aimé faire des débats contradictoires avec ceux-là et leur poser ces questions. Mais lui, il est libre de dire tout ce qu’il dit. Et pourtant il a été deux fois ministre et on ne lui reproche rien. La liberté n’est pas synonyme de refuser d’être contrôlé quand tu gères un bien public.
Il faut qu’on commence par copier vraiment les pays développés comme la Grande-Bretagne, les États-Unis, la France… Qu’est-ce qu’on reprochait au premier ministre anglais qui a démissionné l’autre fois? Si c’est au Bénin est-ce que cela peut se passer? Jacques Chirac a été convoqué et gardé à vue. Un ancien Chef d’Etat Français ! Vous pouvez placer Yayi Boni en garde à vue pendant deux jours au Bénin sans qu’il n’y ait des émeutes ? Nul n’est au-dessus de la loi. La loi est faite pour être exécutée. Donc quand tu gères un bien public, il faut accepter que l’État contrôle ta gestion. Qui est aujourd’hui en prison et à qui on ne reproche rien ?
Quand vous diffamez vous serez arrêté. Moi je dis à tous mes amis : « Allez lire le code du numérique. » Parce que les gens ne savent pas et ne cherchent pas à savoir. Si quelqu’un tombe sous le coup de la loi sur le numérique, donc on ne doit pas l’arrêter parce qu’il est un opposant au régime en place? Écoutez, nul n’est au-dessus de la loi. On doit appliquer les lois. Nous avons des opposants qui sont au Bénin et qui continuent d’animer la vie de l’opposition sans être inquiétés. M. Eugène Azatassou a été directeur de cabinet de Yayi Boni. Il parle et dit ce qu’il veut non? Il est allé en prison? Il n’ira pas en prison tant que la justice ne lui reproche rien. Mais pourquoi des gens à qui on n’a même pas adressé une convocation fuient et viennent parler de privation de liberté ? Ils sabotent leur pays.
Nous on a fait l’opposition sous Yayi Boni avec Candide Azannai qui est mon parrain politique avec qui je ne suis pas d’accord sur un certain nombre de faits. Quand on faisait la plateforme des partis d’opposition contre Yayi Boni ici, on a traité le sang humain de sang de mouton. Nous avons été bastonnés. J’ai fait ce combat.
Sous Talon avant que les grèves ne soient recadrées, les magistrats ont dormi à l’Assemblée nationale, bien gardés. On n’a jamais vu ça. Mais sous Talon, on l’a vu. Des marches ont été organisées encadrées par la police. La police a coopéré. Au temps de Yayi on nous assommait. J’étais dans la maison de Candide Azannai quand on voulait l’arrêter. J’y étais avec le président Soglo, le président Djogbénou, Ganiou Soglo et Léhady Soglo, Lazare Sèhouéto. On savait ce qui s’était passé. On a été menacé de mort le jour-là. Mais sous Talon, qu’est-ce qu’on observe? Qu’est-ce qui a été fait? Qu’on me donne des exemples. Je parle des faits que j’avais vus et que je vois maintenant.
Je ne dis pas que sous Talon, tout est parfait. C’est vrai on a connu des émeutes au lendemain des élections législatives.

Aujourd’hui, est-ce que les leaders de l’opposition peuvent battre campagne dans la 23ème circonscription ?
Le parti que moi je trouve le plus virulent aujourd’hui, Les Démocrates, est en tournée nationale. Qui les empêche de faire leur tournée ? Ils sont libres. Vous voyez avec quelle verve ils qualifient le Chef de l’État, la manière avec laquelle ils vilipendent le Chef de l’État chaque fois qu’ils sortent? Vous voyez qu’ils sont contents, fiers de se conformer et participer à l’animation de la vie politique maintenant. C’est pour vous dire que depuis l’avènement du président Patrice Talon, il n’a jamais été interdit à un parti politique qui respecte les conditions de participer aux activités politiques. Savez-vous qu’au Sénégal, pour être candidat aux élections présidentielles il faut avoir 16.000 élus communaux et locaux ? Si c’est au Bénin qu’on dit ça, c’est qu’on est en train de traquer les opposants, c’est qu’on ne veut pas les voir participer aux élections. Aux États-Unis par exemple, il y a ce qu’on appelle les grands électeurs.
Il faut recadrer les choses. Le multipartisme intégral nous a créé trop de problèmes depuis 1990, où des gens font du chantage. Ils restent dans leurs chambre et créent un parti politique avec leur femme et viennent faire du chantage même à un Chef d’État. C’est à ça que le président Patrice Talon a décidé de mettre fin.
L’animation de la vie politique est constitutionnelle. L’État doit subventionner les partis politiques comme ça se passe maintenant. Mais, on ne peut pas créer des centaines de partis qui n’ont aucune force sur l’ensemble du territoire national. Prenons l’exemple du grand PRD. Il n’a jamais eu de député à Djidja. Maintenant quand vous prenez l’Up et le BR, ils ont des députés dans les 24 circonscriptions. Un parti politique doit être à caractère national et non des partis qui sont fort à Cotonou et non à Sèmè. Si c’est cela qu’ils reprochent au président Patrice Talon, nous leur donnons rendez-vous dans six mois. Dans tous les pays, que cela soit le Sénégal, le Nigéria, la France, le Ghana, les Etats-Unis, les élections sont régies par des textes. Nous avons compéti deux fois sur la base des 10%. Eux, ils n’ont même pas encore compéti une seule fois. Ce n’est pas facile d’avoir ce pourcentage, c’est un travail. Vous allez voir qu’il n’y a pas ce weekend que le BR n’est pas en mouvement. Même nous qui sommes de la mouvance présidentielle, le chef de l’Etat ne nous fait pas de cadeau. Ce n’est pas un avantage qu’on a en étant de la mouvance présidentielle ou en étant proche du président, qu’il nous fait des faveurs. Nous avons vu lors des législatives passées, la FCBE a attaqué un élu du Bloc Républicain à la Cour Constitutionnelle. Le chef de l’Etat est là, on nous laisse aller comme cela et chacun a fourni les preuves avec la CENA. On a gagné et le député a été élu. Donc on n’a aucun avantage du président Patrice Talon. On n’a aucun avantage spécifique du chef de l’Etat sans nous gêner. On a travaillé pour cela. Moi qui suis ici, je vais au village tout le temps. Pourtant j’ai des affaires à régler ici. Demain (mercredi 20 juillet 2022, ndlr), je serai en formation à Abomey. C’est parce que l’obligation du militantisme m’amène à faire une formation. Il y a des formateurs qui viennent nous former. Mais au moment où nous on est en train de faire cela, eux ils passent d’hôtel en hôtel pour faire des conférences de presse. Avec cela, il sera difficile d’avoir les 10%. Les Démocrates sont en train de faire leur petit chemin dans la 23ème circonscription. Personne ne les a empêchés. Ils sont actuellement en tournée nationale, ils sont allés à Ouakè, à Djougou, à Natitingou. Est-ce que vous avez entendu que quelqu’un les taquine ? Le BR travaille pour être le parti le plus puissant dans 6 mois. Mais c’est à cela que nous on pense, on ne pense pas à l’opposition. L’UP aussi travaille à garder sa place. Comme je vous l’ai dit, nous on a déjà fait l’expérience deux fois pour avoir 10%. Eux ils ne l’ont jamais fait. Donc on ne peut pas penser à eux. C’est eux qui veulent faire l’expérience et on les laisse, on fera dans 6 mois le point des expériences.

Carte d’identité: Une vie de courage

Armand Mahougnon Affossogbe est un jeune leader politique né le 23 décembre 1980 à Abomey. Caractéristique principale : il est handicapé. A l’époque, il avait neuf ans quand il tombe gravement malade. Prescription du médecin : il lui faut six doses de Quinimas mais réparties sur neuf jours, à raison de deux doses tous les trois jours. Mais l’infirmière lui administre les six doses le même jour, entrainant son handicap définitif. Passé par toutes les étapes de traitement, il finit par garder les deux cannes qui le maintiennent debout aujourd’hui. Il n’en veut nullement à celle qui l’a rendu ainsi. « La dame vit toujours, précise-t-il. Elle doit avoir, quatre-vingts ans et plus. Quand elle me voit elle pleure. Et j’ai du plaisir quand je vais à Abomey, je vais la voir pour lui donner de l’argent. Je dis : « Mais, écoutez, c’est l’œuvre de Dieu. » Et c’est tout. Derrière ce sens du pardon se cache aussi un courage énorme. Sur les fronts les plus chauds de la lutte politique, il prend part à tous les combats et ne se laisse pas faire. « Mon ascension aujourd’hui en politique je ne la dois pas à quelqu’un, dit-il. C’est mon courage qui a été repéré. Et c’est ce courage qui me caractérise toujours de tenir tête à des ministres dans le BR, à des députés dans le BR, de tenir tête à des gens qui sont riches. » Et effectivement, c’est son courage qui a été repéré en 2006 lors des élections par Candide Azannaï et son mouvement Restaurer L’Espoir devenu plus tard un parti politique. Celui-ci lui fait appel pour travailler à l’avènement de Boni Yayi, mais c’est vers Adrien Houngbédji qu’Armand Affossogbé se tourne. Avec son groupe, il fait allégeance au président élu sans obtenir le soutien escompté, la RB ayant réaffirmé sa suprématie sur Abomey et Bohicon. Les jeunes se retournent donc vers Abdoulaye Bio Tchané dont Armand Affossogbé sera l’une des mascottes lors de la campagne présidentielle de 2011. Il le suit d’ailleurs pour la présidentielle de 2016 où il est directeur de campagne ABT dans les neuf communes du Zou. Il milite à ses côtés depuis lors au sein du BR. Il lui rend hommage à chaque occasion. « Je suis reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi, depuis qu’il m’a repéré en étant président de la BOAD, rappelle-t-il. J’ai fait son école politique et j’en suis fier, cette école qui me permet aujourd’hui d’avoir le courage, la sincérité, la loyauté. C’est un homme de rigueur et d’excellence. »
Le courage aussi, c’est la décision qu’il prend de quitter l’école alors qu’il passait en terminale. Divorcé de son père dès sa plus tendre enfance, sa mère l’avait en effet placé chez ses propres parents, les Ahouandogbo à Abomey. Ce qui fait d’ailleurs qu’il n’a connu son père que très tardivement. Mais payer les frais de scolarité était très compliqué. « En seconde et en première on me chassait des compositions parce que je ne payais pas la contribution », se souvient-il. Il finit par déserter l’école, alors qu’il passait en terminale, déterminé à prendre son destin en main. Il se lance dans le petit commerce entre Parakou et Cotonou, et devient exploitant forestier avec tous les agréments nécessaires. Armand Affossogbé est aussi un ancien musicien, rappeur sans complexe au nom d’artiste Fadjo. Cette passion date de Parakou où il fait ses classes grâce à une tante qui devient sa tutrice. C’est là qu’il devient une véritable vedette adulée pour ses talents musicaux. Aujourd’hui, ce qui préoccupe le plus le leader politique, c’est d’abord l’emploi des jeunes. Lorsqu’il voit des jeunes sans emploi, son cœur se déchire devant leur misère. Ce qu’il constate à Abomey, ce sont des gens plus âgés que lui qui l’appellent pourtant « grand frère », juste parce qu’ils croient devoir le flatter pour bénéficier de ses dons de 5000 F. Quand on lui demande quels conseils il pourrait donner à la jeunesse, c’est naturellement une leçon de courage qu’il sort. « Même en tombant, il faut que la jeunesse ne se croit pas tomber. Même en tombant, il faut dire : « Mais vous croyez que je suis tombé ? Mais c’est faux, on se relève rapidement. Le courage trace la voix au bonheur. »

Intimité: Passionné de foot

Avant d’être handicapé, Armand Affossogbé était un attaquant passionné. Il n’a jamais raté un match du Réal Madrid et ne manque jamais les rendez-vous des Ecureuils, même s’il faut y perdre un marché. Il avoue avoir déjà perdu un gros marché pour avoir tenu à suivre d’abord un match des Ecureuils. Marié et père de quatre enfants, le jeune leader rappelle qu’il s’est marié à celle à qui il avait promis mariage alors qu’il n’avait que onze-douze ans. L’opposition des parents de la fille n’y fit rien. Il lui fait un enfant contre vents et marrées et l’épouse en bonne et due forme. Il ne faut jamais dire non à Armand. A table, il ne résiste pas devant un plat de Yantoto, légume que chérissait sa grand-mère maternelle et que lui a vivement conseillé un vieux mort à 131 ans. « Parfois, rien que pour le trouver et l’acheter, je vais jusqu’à Lokossa. On a tenté de m’empoisonner plusieurs fois et de me jeter de mauvais sorts sans jamais réussir.» Autre chose : Armand est un gros consommateur de viande. « Si la viande tuait, je serais mort depuis », dit-il.

LA REDACTION

CHRISTIAN PARFAIT AHOYO, MEMBRE DE LA DIRECTION EXECUTIVE NATIONALE DU PRD Sous l’arbre à palabres: « Au PRD, nous avons un programme de Remontada»

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Invité dans la rubrique ‘’Sous l’Arbre à Palabres’’ du Journal l’Evénement Précis, Christian Parfait AHOYO, membre de la Direction Exécutive Nationale du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) s’est prononcé de long en large sur l’actualité politique nationale en générale et le PRD en particulier. Parlant du PRD, l’invité a révélé que sa campagne pour la présidentielle de 2021 a consisté à exhorter les militantes et militants à faire une parenthèse pour se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire ce que le Bénin gagne en développement secteur par secteur avec le duo Talon-Talata. Le Porte-parole du PRD rappelle que plus que des moments de fête, la campagne de 2021 a permis au plus ancien parti politique du Bénin de sensibiliser davantage ses militants sur les valeurs de civisme, du vivre ensemble et de la non-violence. A la question de savoir comment le PRD se prépare pour reconquérir ses sièges à l’Assemblée nationale lors des joutes électorales prévues pour 2023, Parfait Christian AHOYO répond sans hésiter : «Nous avons un programme de la remontada. » Au cours de l’entretien ‘’Sous l’Arbre à palabres’’, l’invité a passé au peigne fin des questions telles que la retraite politique du Leader Charismatique du PRD, Me Adrien Houngbédji, le caractère exclusif ou non de la présidentielle de 2021, l’appel du Chef de l’Etat de taire les querelles, la question de la liberté d’expression et les prétendues chasses aux sorcières, etc.

Et si on en parlait

Comment se porte aujourd’hui le Prd ?
Le Prd va de mieux en mieux. Sinon le Prd se porte très bien. Je dis de mieux en mieux parce qu’on n’aurait pas posé cette question il y a cinq ans ou dix ans. Le Prd n’avait aucun problème, c’est le tout premier parti du renouveau démocratique qui a traversé toutes les réformes jusqu’à aujourd’hui. Le Prd est le premier parti inscrit au ministère de l’intérieur à la sortie de la conférence nationale avec le multipartisme. Les réformes sont arrivées entre 2018-2019, le Prd s’y est conformé et est totalement à jour. Vu sur ce point, légalement, le Prd se porte très bien. Le Prd a traversé monts et vaux, qui ont fait que certains militants ont été un peu perturbés. Mais avec la sagesse, l’expérience et le leadership du Président Adrien Houngbédji nous sommes en train de gravir marche par marche mais avec certitude les escaliers pour faire ce que nous avons déjà dit à notre université de vacances. Donc le Prd se porte bien.

Le Prd se porte-t-il très bien en étant maintenant dans la majorité présidentielle ?
Le Prd se porte très bien et se porte encore mieux en cohérence avec sa vision, annoncée depuis 2016. Au lendemain des élections présidentielles de 2016, le Prd s’est déclaré de la mouvance, afin d’accompagner le Président Patrice Talon dans les réformes. Bien sûr, nous étions dans une position de législature puisque nous n’étions pas au gouvernement et aujourd’hui, nous ne sommes pas au parlement. Mais nous sommes au gouvernement. Donc nous avons accompagné le Chef de l’Etat dans ses réformes en position de législateur et nous l’accompagnons dans la suite de ces réformes en étant membre du gouvernement.

Et qu’est-ce que vous avez gagné ?
Nous avons gagné un Bénin qui avance. Il n’y a pas d’unanimisme sur un sujet surtout quand il s’agit des réformes qui concernent nos concitoyens qui ont pris des habitudes. Nous avons pu dire qu’on peut faire des réformes en adoptant l’approche qui est la nôtre : le discours sur le patriotisme, le dialogue, de la main tendue mais en ne perdant pas de vue qu’il y a des choses dont on doit se défaire pour pouvoir avancer. Nous, nous estimons aujourd’hui, sans avoir la science infuse, que notre approche du développement de la réforme c’est de dire qu’on peut bel et bien dans le dialogue aboutir aux réformes. Donc l’option du Prd est loin d’être une option de violence, c’est une option de paix et de dialogue et chaque fois que nous pouvons partager cette option nous allons le faire. Vous avez suivi la position du Prd au dialogue politique. Nous avons fait un mémorandum pour expliquer la vision qui est la nôtre. Nous avons dit pourquoi nous devons aller autour de cette table. Nous avons dit au préalable nos préoccupations et nous avons gardé cette attitude. Donc modestement nous avons gardé cette posture et il sera difficile de nous changer de cette voie-là comme un parti de paix. Et nous n’avons demandé à personne de prendre cette option. Nous allons la garder et la maintenir.

Pour les élections du 11 avril dernier vous étiez en campagne, quel a été le rôle que vous avez pu jouer dans la victoire du Chef de l’Etat ?
Nous étions un certain nombre de partis politiques à soutenir le duo Talon-Talata. Le Prd a cette particularité que nous nos campagnes, c’est des moments de fête. Nous avons pu déployer notre expérience sur le terrain sur tout le territoire pour expliquer aux populations ce pour quoi nous soutenons le duo Talon-Talata, programme de société à la main. Nous avons pu démontrer qu’on peut ne pas être d’accord avec toutes les réformes et s’attaquer à l’essentiel pour faire décoller le pays. Nous avons dit que les Béninois doivent apprendre à faire des parenthèses et à donner à chaque étape du temps. Nous avons estimé au cours de cette campagne qu’il était question de faire une parenthèse, quelles que soient nos divergences, pour parler développement secteur par secteur, surtout qu’un duo nous a proposé des schémas de développement de notre pays. Nous nous sommes dits qu’on peut bel et bien faire en deux semaines une parenthèse pour régler la question de l’emploi, régler la question de l’eau, régler la question de l’internet, régler la question de l’électricité, parler de l’agriculture et dire : « Voilà les pistes sur lesquelles nous n’allons plus jamais reculer », et trouver d’autres occasions pour encore discuter des questions politiques, des questions de vivre-ensemble. Nous c’est notre approche du développement. Nous ne pouvons pas être indéfiniment en train de mélanger tout pour finalement ne rien faire. Que personne n’aille dire que tout va bien. Nous notre approche, c’est l’approche du temps des choses. Chaque chose a son temps. Et au cours de la campagne, nous avons beaucoup mis l’accent sur les aspects de développement, le civisme, nous avons beaucoup mis l’accent sur les notions de paix et de vivre-ensemble pour pouvoir avancer. Et c’est ça qui a fait que nous étions très à l’aise en soutenant le duo Talon-Talata, parce qu’on se retrouvait intégralement dans ce projet de société. On comprenait très bien la vision du Chef de l’Etat. On avait partagé avec lui le diagnostic et on a vu les réalisations dans certains secteurs qui étaient déjà des évidences. Nous nous sommes dit qu’en cinq ans le duo Talon-Talata va nous amener loin. C’est ça qui a été une force et qui a fait que tous les Prd étaient sur le terrain et nous avons aussi écouté les cris de certains de nos compatriotes qui estimaient que les choses ne se passent pas comme ils l’entendent. Et nous avons vu la menace venir. Nous sommes rentrés rapidement dans la danse pour dire : « Non, ce n’est pas le moment de remettre en cause encore le peu sur lequel nous avons peiné à construire. Donc nous avons joué une partition de paix, hameau par hameau, village par village, quartier de ville par quartier de ville pour que les élections soient là. Modestement, nous avons contribué à la victoire et sans dire que nous étions les seuls acteurs de la victoire.

Mais est-ce que les populations vous ont dit que l’élection est exclusive puisque le Chef de l’Etat n’a pas eu en face de lui ses principaux adversaires.
Bon la notion de l’inclusivité ou non de l’élection est un problème qu’on peut analyser de deux manières. Selon qu’on reste dans le respect des textes de la République, tous les textes ont été appliqués. Vu sur ce point, personne n’a enfreint aux textes et aux règles qui sont en vigueur au Bénin. On peut ne pas être d’accord sur le contenu des textes. Dans ces conditions, on utilise les voies et moyens légaux pour fléchir cette barre-là. On n’utilise pas la rue, on n’utilise pas non plus la violence ni les cartouches puisque je n’ai pas souvenance qu’une loi soit votée dans la rue. Lorsqu’on a fini de poser les problèmes, on va respecter la démarche pour aller les faire voter. Donc ceux qui parlent d’inclusion des élections, ils peuvent avoir raison mais nous ne sommes pas d’accord avec eux sur le fait qu’on doit parler d’inclusion à l’aune des textes qui régissent le pays. C’est comme sur l’autoroute, si vous avez loupé la sortie vous patientez pour sortir à la prochaine bretelle. Vous ne vous arrêtez pas en pleine route pour faire demi-tour. Sinon vous créez le carambolage. Imaginez le carambolage dans la situation actuelle, vous allez comprendre de quoi je parle. Et le carambolage c’est ce que nous avons failli vivre. Quand vous faites comme ça vous allez enfreindre au code de la route et forcément vous allez en répondre. Il se pourrait que ceux qui parlent d’inclusion disent que la sortie est fermée, ils peuvent le dire mais toujours est-il que si vous loupez cette sortie vous prenez patience pour reprendre la prochaine sortie ou les prochaines sorties sinon nous n’allons jamais avancer. Nos pays seront dans de perpétuels recommencements. Voilà ce qui motive nous notre proposition une fois encore. C’est une lecture qui se fait par rapport aux textes de la République. Nous avons discuté avec certains même de nos militants qui nous ont posé des problèmes. Nous avons fait des discussions en amont avant de choisir le duo Talon-Talata. Certains des militants nous ont dit que tel que les choses se passent nous n’allons pas accepter. Et nous avons pris le temps et la patience d’expliquer aux gens qu’on peut ne pas être d’accord avec les textes mais une fois que les textes sont là on est contraint dans un Etat de droit de les respecter. Si vous ne les respectez pas, vous êtes dans l’illégalité. Si désormais nous voulons faire des combats politiques, c’est de nous donner les moyens légaux, les moyens légitimes pour pouvoir faire ces combats-là. Nous avons connu le parti unique dans ce pays. Nous avons connu le régime de dictature dans ce pays, nos parents se sont adaptés. Cela a pris le temps que cela devrait prendre. Nous sommes revenus encore à la conférence nationale, nous avons fait trente ans d’expérience de démocratie, un système de réforme est en cours. Dans la vie d’un peuple ce n’est pas forcement la fin du monde.

Vous parlez des textes, des lois. Le Prd a été secoué par la mise en application de ces textes avec 0 député à l’Assemblée nationale en 2019 et 0 maire en 2020. Malgré ça, vous continuez de soutenir le gouvernement. Comment expliquez-vous cela ?
Voilà la première bonne raison pour soutenir le gouvernement. Nous avons respecté les démarches pour légiférer. Les textes ont été pris, les textes se prennent à la majorité des députés présents et représentés à l’Assemblée nationale. Nous n’étions pas indifférents, sinon nous étions des acteurs de ces textes-là. A titre d’exemple, malgré que les textes ne nous avantagent pas, nous en position de républicains, nous les acceptions en attendant la prochaine occasion pour dire notre approche. Nous ne les refusons pas dans la rue, nous ne les refusons pas dans la violence. Nous disons : « Qui sommes-nous pour refuser ce que la majorité est en train de prendre à l’instant T ? » A date, c’est ce que pensent les autres. Nous nous sommes dit : « Prenons notre temps, mais en attendant cela, est-ce que c’est tout ce qui se fait qui est mauvais ? » C’est pour cela que j’ai parlé de la notion de temps. Le Prd n’a pas été aux élections législatives en 2019. En 2020 nous étions aux élections et les textes ont fait que nous avons eu 0 conseiller pour les raisons de 10%. On prend acte de cette situation et on avance. Maintenant, en 2021 nous sommes aux élections présidentielles. Trois élections différentes, trois textes où cette fois-ci on nous parle de projet de société. On s’est dit « Donnons-nous l’occasion de discuter avec les hommes et les femmes qui sont à même aujourd’hui de retoucher ces textes-là. » Donc soutenir Patrice Talon pour nous c’est être toujours apte aux côtés des décideurs pour continuer à dire et à exprimer notre vision du développement et de la politique.

Mais vous venez de dire que l’avènement des 10% vous a recalés des élections communales. Est-ce que cela ne donne pas raison à ceux qui estiment que le Prd ne couvre pas le territoire national et que ça s’arrête au Plateau et à l’Ouémé ?
Vous avez vu que pour aller aux élections communales, il faut avoir des candidats dans tous les 546 arrondissements que constitue le pays. Et les élections communales, je n’ai pas envie de revenir là-dessus. C’est des élections en termes de Covid qui ont connu une campagne qu’on a copieusement trouvé médiatique. Vous connaissez les conditions dans lesquelles ces campagnes ont été faites. Nous avons fait le bilan de ces élections au sein du Prd et si on les reprend aujourd’hui, je vous assure que le Prd n’aurait pas ce score parce que primo, il n’y a pas Covid, secundo, les conditions ont changé, tertio, le Prd a pris les notions qu’il faut faire. Ce que je veux que ma présence sur cette émission retienne est qu’on peut bien être en désaccord dans une réforme et accepter que cette réforme continue. L’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers ni partisans. Et même si ça nous désavantage, nous avons fait l’option de mettre l’intérêt général au-dessus de l’intérêt partisan de notre parti. Il n’en demeure pas moins que nous ne sommes pas des oiseaux qui revenons prendre des pièges aux mêmes endroits que nous avions été piégés. Nous avons des universités de vacances, nous avons des journées de réflexions, nous avons des cercles de réflexion, des instances du parti qui analysent les forces et faiblesses du parti. Et gardez-le pour de bon, en politique, c’est un rapport de forces permanent qu’un autre rapport de forces permanent vise à détruire.

Lors de son investiture, le Chef de l’Etat a dit de taire les querelles, alors qu’il n’a pas encore commencé les démarches en son sein. Son appel sera-t-il entendu par la classe politique ?
L’appel du chef de l’Etat est intéressant et est à saluer de cette position, de cette tribune. Le jour de l’investiture, le père de la nation dans cette posture lorsqu’on lui a remis tous les attributs de la République, les onze millions que nous étions, étaient devenus comme un. Et ce discours est en conformité avec un discours qui veut aller de l’avant. La première chose, c’est le début. La seconde chose, c’est de l’aider à ce que ce discours se transforme en des actes. Ce n’est pas de se réfugier derrière des accusations pour dire que ce qu’il a dit, de taire les querelles, aurait échoué. Si tous nous venions boucher les trous de la jarre, personne ne serait absent au rendez-vous et à ce rendez-vous le problème de taire les querelles serait abordé autour d’une table. C’est la vision que nous avons. Le Chef de l’Etat veut aujourd’hui amorcer le développement avec les ressources humaines que sont les Béninois et d’autres compétences qui viendront du monde avec les moyens financiers des Béninois. Et il n’est pas juste que certains Béninois se sentent exclus. Le Chef de l’Etat a bien posé la question. Il reste que chacun se mette en position de récupérer cet appel et de créer les conditions pour venir autour d’une table. Nous, au Prd, nous sommes d’accord sur ce principe. Nous ne faisons pas partie de ceux qui font les querelles, mais si on nous invite nous allons appeler ces amis autour d’une table. Faisons la guerre verbale autour d’une table, saluons-nous parce que dehors, le Chef de l’Etat a dit quelque chose : « nous avons tous un ennemi, en dépit de nos querelles. Nous avons un ennemi qui ne dort pas, c’est la misère, le chômage des jeunes, la maladie ». Cet ennemi ne dort pas. Il ne connait ni opposant, ni ‘’mouvancier’’. Il frappe et si nous ne nous entendons pas, nous serons frappés par le chômage. Mieux vaut, très rapidement, nous entendre pour faire face à cet ennemi qui ne viendra pas à la table de négociation mais qui est toujours là et dans d’autres pays. Donc, il y a ce que j’appelle le temps des temps. Si nous allons prendre le temps de nous chamailler, les problèmes sont au quotidien. C’est Coluche qui disait que : « Ne pensez pas que vous allez noyer vos soucis en buvant de l’alcool. Les soucis savent nager ». C’est dire que si c’est parce que vous avez des soucis que vous allez boire pour les chasser, attention, les soucis savent nager. Il suffit de boire, de dormir, de vous réveiller et vos soucis sont là. C’est à ce niveau que nous disons qu’il faut faire la part des choses. Le Bénin sera construit par les Béninois, pour les Béninois, et dans l’unité nationale. Mais l’unité nationale n’est pas l’unanimisme. Donc, une opposition a tout à fait sa place dans la République. Les textes l’autorisent. Les gens ne sont pas obligés de dire que ce que le gouvernement fait est bon et aucun gouvernement n’a la vocation de contrôler la parole. Si un gouvernement a cette prétention, il a déjà échoué. Mais, c’est la manière de protester qui doit être une manière républicaine et une démarche de vivre-ensemble. C’est ça la nuance. La nuance, c’est la manière de protester. Vous savez très bien que dans nos familles ce n’est pas parce que papa et maman sont ensemble qu’il y a la paix. C’est parce que la manière de protester est suffisamment discrète que nous ne sentons pas qu’il y a un problème au sein de la famille. Lorsque ça ne se passe pas comme ça, c’est la violence. Et c’est cette violence qui sort de la maison, va dans la rue et de la rue, envahit la cité et de la cité, tout le pays. Si vous ne prenez pas cet exemple, vous ne comprendrez pas. 11 millions de personnes, c’est 11 millions de points de vue. Personne ne peut avoir la prétention de dire que c’est lui qui a raison. Par contre, on choisit les moyens pour faire entendre raison, pour ne pas rompre la manne et que le problème d’aujourd’hui soit une opportunité demain.

Êtes-vous du même avis que ceux qui disent que les libertés sont foulées au pied depuis 2016 ?
Je n’ai pas eu ce sentiment parce que j’ai toujours eu la liberté de m’exprimer en tant que Parfait Ahoyo et en tant que membre du PRD. Lorsque les choses n’étaient pas claires, je sollicitais toute la presse pour marquer notre désaccord en qualité de porte-parole. En plus de cela, on a fait un usage abusif des réseaux sociaux. On ne sait pas ce que c’est que le code du numérique qui n’a jamais interdit d’utiliser les réseaux sociaux pour s’exprimer, mais dit qu’il ne faut pas calomnier. L’effet multiplicateur est plus que les autres médias et donc, il est très facile de détruire à partir des réseaux sociaux. Donc, chacun doit être responsable de ses propos. Il y a donc la notion de responsabilité et la notion de liberté. Vous devez mesurer vos propos. Vous me direz peut-être qu’on n’a pas préparé tout le monde à avoir l’outil en main. C’est peut-être le rôle des partis politiques et je peux vous dire, en tant que Délégué général de la DEN/PRD en charge de TIC, j’ai mis en place une politique de formation de nos militants sur les réseaux sociaux, aucun militant PRD ne tient des propos déplacés sur les réseaux sociaux. On les a formés et je crois que c’est un travail permanent. Vous entendez des jeunes insulter des personnes sur les réseaux sociaux, comme ce fut le cas pour le président Adrien Houngbédji alors que ces derniers ne l’ont jamais rencontré, sans avoir été interpellés. Ceux qui sont souvent interpellés répondent de leurs actes et les avocats vont les défendre. La notion de liberté doit être accompagnée de la notion de responsabilité. C’est important. Je n’ai pas souvenance non plus que des hommes politiques aient été arrêtés à cause de leurs opinions. Si vous diffamez, la loi dit d’apporter les preuves. C’est ce que nos amis de la presse ne comprennent pas. Si la personne à qui vous vous adressez estime qu’elle est blessée, c’est de la diffamation. Vous regardez la personne qui a les yeux rouges et vous dites qu’il a l’air d’un soulard. Mais lui peut dire que c’est de la diffamation au moment où vous parlez de liberté. Je pense qu’il y a un travail de fond qui doit être fait. Qui a été mis en prison parce qu’il a dit qu’il est contre Talon ? Je n’en connais pas.

Donc vous pensez que Joël Aïvo et autres étaient suffisamment plongés ?
Non. Vous avez cité Joël Aïvo pourquoi vous ne citez pas le secrétaire général du parti Les Démocrates, pourquoi vous ne citez pas Eric Houndété ?
Laissons la justice faire son travail.

Il n’est pas encore interpellé à ce jour…
Pourtant, ils disent tous la même chose. C’est des exemples pour qu’on ne continue pas le débat. Il est là dans le pays et tranquille. Et pourquoi vous ne parlez pas de mon frère Candide Azannaï ? Donc il dit la même chose que Talon ?

Quelle est la différence ?
La différence est que vous ne vous associez pas à des pratiques, à des réunions, à des choses qui sont interdites sur lesquelles on peut apporter des preuves matérielles contre vous. Vous savez que devant la justice on ne dit pas ‘’il paraît’’ ? Devant un juge, c’est la preuve matérielle. Donc je continue de parler de présomption d’innocence. Tous les amis qui sont arrêtés à la date d’aujourd’hui bénéficient de cette présomption d’innocence. Mais il va falloir démontrer leur innocence à travers des preuves matérielles qui ont permis leurs arrestations. C’est ça le problème. Et comme c’est aux mains de la justice, vous et moi nous ne savons pas, mais je puis vous dire que si nous restons dans le même registre, des hommes et des femmes disant les mêmes choses politiquement se sont retrouvés en deux ou trois catégories. Certains arrêtés, d’autres en fuite, et d’autres sur le territoire national sans être inquiétés. Mais tous ont les mêmes discours. Donc à nous de chercher les raisons et de savoir pourquoi ci, pourquoi ça. Je crois que si on ne fait pas ça et si on se met très facilement dans un camp, on n’encouragera pas l’attitude des autres qui ont été exemplaires en ne se mêlant à rien du tout, tout en gardant leurs opinions. C’est pour ça qu’à l’entame, j’ai commencé par dire que je n’ai pas souvenance d’avoir écouté quelqu’un qui, à la sortie d’une émission, ait été arrêté.

Vous êtes un technicien en numérique. Voulez-vous dire qu’il y a eu des échanges à travers le numérique qui ont permis d’avoir des preuves irréfutables contre certains ?
C’est justement ça. C’est ce que j’appelle les preuves matérielles. Lorsque vous avez des audios, des échanges écrits, lorsque vous avez fait des transactions financières et qu’on vous dit : « Justifiez ces transactions-là », on viendra vous interpeler pour les justifier. C’est la justice qui nous édifiera. Si c’est quelqu’un qui a pris ta voix et a fait un montage, la technologie peut démontrer que ce n’est pas toi. Mais s’il s’est avéré que c’est toi, c’est difficile. Et c’est de ça que je parle. Le numérique nous permet aujourd’hui d’authentifier un document.

Est-ce qu’aujourd’hui, les techniques de clonage de voix permettent qu’on reconnaisse que c’est des voix clonées ?
On peut multiplier les voix, mais ce qu’on ne peut pas faire, c’est falsification de l’original. Tout original est unique même en numérique. Et il y a les techniques pour identifier le document original ou authentique. Il y a des technologies aujourd’hui dans notre pays pour l’identifier. Donc s’il arrivait que quelqu’un estime que ce n’est pas lui, on enclenche la procédure de l’authentification du document.

Voulez-vous dire qu’il n’y a pas de chasse aux sorcières ?
Pour avoir la chasse aux sorcières, il faut d’abord identifier les sorcières et les chasseurs. Je n’en connais ni de l’un ni de l’autre. Par contre, si un Béninois se sent brimé dans ses droits, il a les moyens légaux pour prouver ou confirmer son innocence. Et une fois encore en politique, il y a des positions qu’on ne prend pas selon les circonstances. En tout cas, moi je l’ai appris avec le temps. Je peux ne pas être d’accord aujourd’hui, et attendre l’occasion pour le dire, parce que lorsque vous lancez tout le mouvement d’ensemble, le pouvoir politique, surtout l’Etat a ce qu’on appelle la raison d’Etat. Vous ne pouvez pas vous opposer à la raison d’Etat. Après vous allez justifier que la raison d’Etat a tort, mais c’est après coup, c’est dans les procès. Mais ça peut vous être fatal humainement, psychologiquement. Donc la chasse aux sorcières, attention, c’est des hommes et des femmes qui sont dans nos appareils, aussi bien l’officier de police judiciaire qu’au niveau de la justice. Je ne dis pas que tout ce système est totalement infaillible, mais s’il advenait que quelqu’un est brimé dans ses droits, ayons confiance en la justice de notre pays. Ça va se faire. On a connu des cas où il y a eu de non-lieu dans ce même pays. Donc ne pensons pas forcément que ça n’arrive qu’aux autres. Si nous pensons comme ça, c’est de dire que nous ne sommes plus dans un Etat de droit. Ils auront leurs droits, leurs libertés, et tout ce qu’ils peuvent faire.

Le PRD participe au gouvernement avec un ministre sur 23. Ce n’est pas peu ?
Non, ça ne se compte pas comme ça. Il faut d’abord voir la symbolique. Aujourd’hui pour nos militants, pendant les 5 premières années, nous avons dit que nous sommes un soutien sans participation. Nous n’étions pas au gouvernement. Et nous sommes maintenant un soutien avec participation. Le ministre Akotègnon qui est au gouvernement n’est pas un ministre PRD. Il est un ministre militant du Prd, mais il est un ministre pour la République. Il est là pour servir les Béninoises et Béninois toutes tendances confondues. Le journaliste que vous êtes est un journaliste pour toute la République. Si on prend la fonction comme ça, on se rend compte que nous sommes tous amenés à une tâche républicaine. Et c’est comme ça que nous voyons la présence du PRD dans le gouvernement. Et cette présence est pour nous une note de satisfaction en termes de politique. C’est-à-dire que l’approche que je viens de décrire qui est celle du Prd est écoutée. Nous allons apporter notre vision pacifiste à l’oreille qui décide. C’est en cela que c’est une joie. Donc il ne s’agit pas du nombre. Il s’agit de l’efficacité et de pouvoir avoir une possibilité supplémentaire de contribuer au développement du pays.

Surtout que c’est lui qui commande désormais les maires et les préfets …
J’ai lu ça sur les réseaux sociaux et j’ai souri un peu. C’est de la blague. Ayons le triomphe modeste. Le ministre de la décentralisation n’est pas le bourreau des préfets et des maires. Il est le facilitateur pour que les maires réussissent leurs missions. C’est son boulot. S’il constitue un frein, il a perdu les normes, parce que dans le Programme du président Talon, c’est à partir de la base que le développement va être amorcé. Donc vu sous cet angle, je crois que le ministre Akotègnon a un grand rôle à jouer pour booster le développement de la base au sommet et avec son expérience au parlement en tant que président de la commission des finances, il a eu la chance de rencontrer presque tous les ministres. Ça lui est facile de discuter avec la plupart de ses collègues, car le gouvernement n’a pas bougé depuis 5 ans. Donc il a eu cette chance-là de discuter avec eux, de connaître presque tous les budgets de chaque ministère, les progrès et les difficultés. Il a fait cet exercice pendant 4 ans à l’Assemblée nationale. Donc c’est un atout supplémentaire qui va être au service du développement local. C’est comme ça qu’il faut voir. Mais pour nous, en tant que PRD, c’est une satisfaction morale parce que certains nous ont dit que le candidat Talon est venu au congrès du PRD pour nous bluffer. C’était presque de l’injure pour la personne du président Talon. Donc je crois que cette nomination vient mettre ça là de côté. Certains nous ont dit aussi sur le terrain que le PRD est de l’opposition. On a beau dire qu’ils se trompent de cible, ils ne nous comprenaient pas. Cette nomination pour nous vient déblayer le terrain. Nous n’avons jamais été à quelque rencontre de l’opposition que ce soit. Nous, nous sommes PRD. Nous avons gardé notre entité et nous en sommes fiers. Et c’est cette liberté qui nous permet de choisir librement le candidat Patrice Talon. C’est la différence. On ne peut pas nous faire le procès de choisir quelqu’un. Nous, nous sommes PRD et nous soutenons Talon et son programme d’action.

N’avez-vous pas le sentiment qu’il y a juste eu un semblant de remaniement pour insérer le PRD dans le gouvernement ?
Non. Vu comme le trombinoscope du gouvernement, on voit les anciennes photos, et puis on voit une nouvelle photo. Vu comme ça, on est tenté de dire oui. Mais ce n’est pas du tout ça la réalité. Nous venons de célébrer le travail des hommes et des femmes du gouvernement qui ont conduit le président Talon à avoir les réalisations positives qui sont les siennes. Et il n’a pas encore fini certains chantiers. Si vous avez bien suivi son projet de société, c’est la continuité de ce qu’il a entamé depuis 5 ans. Certains sont même restés à l’étape d’étude. Des choses réalisées par ceux qui sont là. Je crois qu’il a gardé une attitude de cohérence au niveau de l’action gouvernementale pour aller vraiment loin, pour ne pas perturber l’équilibre. On était habitué à chaque remaniement ministériel à un jeu de chaises musicales. Mais n’enlevons pas le pouvoir constitutionnel conféré au chef de l’État de former son gouvernement, de conduire la politique gouvernementale et d’en répondre devant la nation. Si nous commençons par interpréter ses choix, c’est tout comme si nous voulons nous mettre à sa place. On a vu des chefs d’État qui ont formé leur gouvernement, personne n’a dit que c’est mauvais. C’est à la fin que nous avons eu les résultats.

Avez-vous constaté la disparition du ministère de la communication ?
Je n’ai pas été surpris de la disparition de ce ministère, parce que je m’étais dit que les communications étaient retournées au niveau du ministère du numérique et de la digitalisation. Après, on a suivi en direct le chef de l’État qui a coupé la polémique en intervenant sur E-télé pour expliquer sa vision. Une fois encore, la politique gouvernementale est conduite par le chef du gouvernement. Et ce que moi j’ai retenu de fondamental, c’est qu’il a fait un diagnostic du ministère de la communication. Au moins si on reste au niveau du diagnostic, le secteur n’a pas permis au ministère de la communication de se partager. L’autre diagnostic est que la volonté de réguler, de professionnaliser la communication est affichée. Le chef de l’État a estimé qu’il faut dissocier la communication gouvernementale de la propagande. Donc en ramenant le porte-parole à la présidence, il n’y a rien d’anormal. Ce qu’il faut surtout éviter, c’est la polémique. Une fois encore, et ça c’est un appel à l’endroit des professionnels de la communication : Ne loupez pas l’opportunité. Le chef de l’État a dit : « Je veux améliorer votre secteur. » Si vous restez là à dire que Talon a supprimé la communication, nous n’allons rien faire, il vous a aidé et ainsi un nouveau paradigme de la communication va naître et peut être que lorsque vous professionnels qui vivez les choses vous allez vous mettre autour de la table en posant les actes le plus sereinement possible, une nouvelle piste des communications va sortir. Mais à la date d’aujourd’hui, la seule suppression que je vois est une opportunité pour les professionnels de la communication et de l’information de se réveiller. Dites-vous que c’est l’occasion pour que le chef de l’Etat s’intéresse à votre corporation. Faisons donc quelque chose de clean et saisissons cette opportunité pour que ça soit réglé. C’est vous autour de la table qui allez proposer une modification des textes de la HAAC pour aller dans le professionnalisme. Si c’est cette occasion qui permet d’avoir une nouvelle loi sur la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, alors saisissez-la.

Que proposez-vous comme solution pour qu’il y ait une stabilité politique durant le second mandat du président de la République ?
Le Président Talon est un infatigable acteur de la stabilité politique. Et je crois qu’il a mis la première clé dans la porte en demandant aux uns et aux autres de taire les querelles. La deuxième étape est de franchir le palier et surtout que ceux et celles qui ne disent pas les mêmes choses acceptent le principe. Si le pays est calme, on peut faire beaucoup de choses. Le chef de l’Etat est content que le vivre ensemble existe dans certaines zones et il a totalement l’intelligence nécessaire pour atteindre cet objectif. Mais avant de dialoguer, il faut que tout le monde soit dans la même vision. Le pays n’avancera pas dans la division. Le chef de l’Etat a les moyens pour tendre la main au peuple et il doit être un infatigable dialogueur. Il ne faut pas se fatiguer de lui rappeler que c’est à lui qu’on a confié le Bénin, c’est à lui de nous représenter.

Donc vous pensez qu’il doit donner une suite favorable aux récentes demandes pressantes pour organiser des assises?
Il doit contribuer à ce que les Béninois se parlent, surtout la classe politique. Que ceux qui ne partagent pas le même point de vue que lui se parlent. Nous devons faire comprendre que nous avons intérêt à parler ensemble. Le faire ne veut pas dire que c’est un aveu d’impuissance mais au contraire discuter avec les gens qui ne sont pas du même avis que vous, c’est un acte d’humilité. Cela ne veut pas dire que vous avez pris de l’ascendance sur lui. C’est de cette discussion que jaillira la lumière. Et cette habitude est notre credo au PRD.

Comment le PRD se prépare-t-il pour reconquérir ses sièges au parlement ?
Nous avons un programme de la remontada. On a perdu 10 députés mais aujourd’hui Dieu nous a honorés d’un président qui est expérimenté. Je me souviens du lendemain des élections communales où tout le monde était dans le désespoir. J’ai dit : « Attendez ! Nous allons remonter ! » Lorsque vous êtes sur le terrain et que vous voyez les militants à la base, vous vous rendez compte qu’en réalité cette situation nous a permis de nous rendre compte que c’est un parti politique. Aujourd’hui, c’est très facile de voir les militants sur le terrain mouiller le maillot. Vous nous avez vus sur le terrain pour la campagne mais dans d’autres circonstances ça nous coûtait trois ou quatre fois plus cher. Aujourd’hui, les gens se sentent impliqués et nous voulons maintenir cette dynamique.

Ce sont les effets de la remontada qui vous amènent à reprendre le maillot de militant ?
Je vais vous dire une chose. Certains partis existent parce que les cadres y sont nommés. Parce qu’il y a des directeurs, des ministres, des députés et les gens courent pour être dans ce parti-là. Au PRD, on n’a pas eu ça. On a les militants. On est partis de 0 ministre à 1 ministre. Pour nous, c’est un gain. Et ce poste est forcément en moins quelque part sur le parti. Si vous ne savez pas vous contenter de ça, vous n’allez pas apprécier le chemin parcouru. Le simple fait d’être parmi les gouvernants, vous permet d’être avec les gouvernants. Cela permet à vos militants de ne pas être considérés comme des taupes. Nous sommes un parti de masse où les militants n’ont pas besoin forcément d’être devant. Nos militants ont besoin de marchés, des routes pour faire leur business et autre. Ils ont besoin de la sécurité et de la paix . Si vous leur offrez cela, c’est fini.

A quand la retraite politique de votre leader ?
C’est depuis 2019 qu’il s’est totalement retiré. Il y a un mandat du bureau politique qui court jusqu’en décembre de cette année 2021. Je crois que vous ne confondez pas la retraite à la mort politique? Puisque notre leader, le président Adrien Houngbédji, n’est pas mort politiquement. Nous ne lui souhaitons même pas une mort politique. Il est en train de nous orienter vers la prise en charge des problèmes du pays. Il n’est pas plus âgé que certains dont personne ne demande la retraite non plus. Il a quelque chose d’important que je demande que les uns et les autres acceptent, c’est son expérience à conduire un parti politique depuis 30ans. Donc permettez-nous en tant que militant de profiter de ce gisement d’expérience. En tant que militant, le seul Béninois ayant l’expérience de conduire un parti pendant 30ans, c’est notre président Adrien Houngbédji. Donc permettez nous de continuer à traire le lait, s’il était une vache à lait, à boire l’expérience jusqu’à la lie. Sachez donc que nous sommes dans une démarche de le maintenir encore et encore. Il a une vie privée ; il a son programme personnel ; il ne s’implique plus dans le parti comme avant. Mais nous savons qu’en cas de conflit, lorsqu’il y aura des difficultés, il constitue notre repère, une référence tant pour nous qu’à la nation. Surtout qu’il a la liberté au cœur.
Sachez désormais que c’est le noyau des cadres et des responsables de la DEN qui dirige le parti. Depuis 2019, c’est seulement à l’approche des élections présidentielles passées qu’il a fait une sortie pour dire que l’heure est grave ; qu’il y a des incompréhensions qui risquent de tromper beaucoup de Béninois. Et que quand on a son expérience, on ne laisse pas les choses pourrir. On vient à la rescousse. C’est pour ça qu’il est passé de maison en maison, en demandant aux jeunes de ne pas verser dans la violence. Il dit dans son discours de non-violence : «J’ai voulu être chef de l’Etat pour construire le pays. Dieu ne me l’a pas donné. Quelqu’un est en train de le faire, je ne vais pas l’empêcher ni par action, ni par mes intentions. Que personne ne vous mente pour que vous versiez dans la violence inutile ». C’est ce qui l’a fait sortir. Mais après cela, il s’est rangé. Vous ne le voyez nulle part. Et pendant ce temps, c’est nous qui sommes à l’exécutif. C’est nous qui prenons les décisions.
Nous ne voulons pas être orphelins très tôt (au sens propre et au sens figuré). C’est-à-dire nous ne sommes pas pressés de le voir partir. Nous voulons qu’il soit toujours là pour qu’en cas de difficulté ou de situation difficile, nous puissions dire : «Parce que notre leader est là nous pouvons oser».

Si on vous demandait de conclure cet entretien, que diriez-vous ?
Je dirai que notre nation est en développement. Tous les éléments ne sont pas encore sur pieds, le vivre-ensemble est en souffrance mais ne nous leurrons pas. Il n’y a pas encore péril en la demeure. Nous avons toutes les occasions pour nous parler. Que chacun, du plus fort au plus faible, se mette dans une prédisposition d’écoute de l’autre, parce qu’il n’y a pas de fort éternel, il n’y a pas de faible éternel. Tout est mouvant, tout bouge. Ceux qui sont fort aujourd’hui peuvent être en faible position demain. Mais comme personne ne veut subir ce sort, notre combat est de faire en sorte qu’aucun Béninois ne brime l’autre. C’est de bâtir la République. Ne construisons pas les textes sur mesure, prenons les dispositions pour le futur, pour l’avenir de nos enfants. Sur certains aspects des réformes politiques, c’est pour ça que moi je soutiens le président Talon. Mais nos expériences ne nous permettent pas aujourd’hui d’apprécier tout. Gardons l’esprit, corrigeons ce qui peut l’être, mais dans un esprit de vivre ensemble et ce vivre-ensemble est indispensable. Faire en sorte que chacun puisse s’exprimer, se déplacer librement dans le pays. Et ça, c’est le pouvoir qui a les moyens pour nous assurer cela. Il revient au pouvoir politique de nous assurer à nous tous, la liberté d’aller et de venir, la liberté de parole, et à nous autres, c’est notre attitude qui nous permet de bénéficier de ça.

Carte d’identité: 30 ans d’expérience politique

Christian Parfait Ahoyo est ingénieur en informatique. Né le 15 avril 1967 à Abomey, il a fait son école primaire à Porto Novo où il obtient le CEFEB en 1978. Il fait ensuite le CEG 2 Abomey où il décroche le BEPC en 1984 ainsi que le BAC C au Lycée Houffon. Inscrit en MP à l’Université nationale du Bénin, il fait parallèlement des études de géographie. A l’issue des études en Mathématiques et en Géographie, il part en France pour faire un troisième cycle en système de gestion de l’environnement de 1999 à 2004, à Aix-en-Provence (Marseille). Parallèlement, il fait à Orléans des études d’ingénieur en informatique qu’il juge beaucoup plus opérationnelle. Il travaille réellement en tant qu’ingénieur informatique à Air France, à la Société Générale des Banques en France, à BMP, à Total dans les groupes Axa, avant de revenir sur des missions à l’international en tant qu’expert au niveau de l’Union européenne. Et à partir de 2008-2009, il fait des missions internationales vers l’Afrique avec la Banque Mondiale, le PNUD. Il intervient ainsi sur les politiques d’informatisation, par exemple le Programme d’Appui aux Réformes de la Justice au Bénin, pour l’informatisation de la justice dans notre pays. Nommé par le Président de l’Assemblée nationale au poste de conseiller technique chargé de l’informatisation et du numérique, il a travaillé sur le code du numérique adopté par le parlement en 2015. Mais il ne faut pas oublier que depuis l’université, Christian Parfait Ahoyo était déjà un militant du Prd. Membre fondateur de l’Union nationale des étudiants du Bénin (Uneb), il a été le tout premier Directeur de publication du journal Le Révélateur, le 2ème journal des étudiants après Le Héraut. Président de l’UNEB de 1991-1992-93, il avait toujours été militant de Me. Adrien Houngbédji. Il était ainsi dans la campagne pour la présidentielle de 2001, 2006 et 2011, toujours aux côtés de son mentor. « Nous avons gagné, dit-il. On nous a vendu le ko. Nous avons accepté les chars devant nos maisons à Porto-Novo. » Durant ces heures chaudes, il avait même été arrêté et brièvement détenu. Bien entendu, 2016 a vu le soutien du Prd pour Lionel Zinsou, avant qu’à l’heure de la victoire de Talon, le parti ne bascule vers la mouvance présidentielle.

Intimité: Ancien footballeur

Marié et père de 02 enfants, Christian Parfait Ahoyo est un ancien footballeur. Il fut même sociétaire du club des caïmans du Zou (junior).Et à ce titre, il connaissait l’ancien Président de la FBF, l’emblématique Moucharaf Gbadamassi. Si vous l’invitez à table, il faudra prévoir de l’akassa couvert de feuille de teck ou de palmier. En termes de boisson, il apprécie bien le vin à table et la bière quand il est avec les amis.

La REDACTION

Le Député Adam Bagoudou invité de Sous l’arbre à palabres : « Il faut travailler davantage pour le renforcement du système partisan »

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Le Député membre du bureau politique du parti Bloc Républicain (BR), l’He Adam Bagoudou

Le Député membre du bureau politique du parti Bloc Républicain (BR), l’He Adam Bagoudou est satisfait du déroulement du processus électoral comptant pour les communales tenues en mai dernier. Reçu dans la rubrique Sous l’arbre à palabre au siège du quotidien L’Evénement Précis, l’ancien intendant du palais de la République a souligné que ces élections de proximité constituent un grand test pour la réforme du système partisan, parce qu’elles ont permis d’apprécier les comportements des partis politiques. A le croire,  les communales et municipales du 17 mai 2020 ont permis le renforcement de l’unité nationale et l’affiliation des partis politiques. Par ailleurs, il s’est réjoui des résultats obtenus par le BR qui sont nettement au-dessus de ceux obtenus à l’issus des législatives 2019 en termes de nombre de suffrages exprimés en faveur du parti. Cependant, il a indiqué que plusieurs facteurs pourraient expliquer les faibles taux d’élus BR notés par endroits. Il s’agit pour lui de la proximité des électeurs et les candidats en lice, la capacité desdits candidats à faire pénétrer les partis et l’opportunité du scrutin. Pour les prochaines joutes électorales, l’élu de la 8è circonscription électorale invite la classe politique à la compréhension, à la tolérance et à l’acceptation des lois afin de ne plus instrumentaliser l’émotion des populations pour qu’elles aillent aux violences comme en 2019. A propos de la loi explicative et interprétative du code électoral récemment votée par le Parlement, l’He Adam Bagoudou a affirmé que ce vote est intervenu non seulement pour matérialiser la disposition de la Constitution qui stipule que ce sont les partis qui animent la vie politique, mais surtout pour mettre fin au non-respect des décisions des partis par certains conseillers communaux et municipaux, ce qui ouvre la porte aux actes de corruption.

De la gouvernance Talon…

Dans son intervention, le Député Adam Badougou a évoqué les actions phares du régime du Président Patrice Talon qui l’ont enchanté. Il s’agit entre autres de la rigueur du Chef de l’Etat qui impose aux fonctionnaires, le respect des biens publics, la réforme politique qui définit de nouveaux critères d’accès aux compétitions électorales, la fusion de la police et la gendarmerie, la dématérialisation des procédures dans l’administrations publique, la réalisation des grandes infrastructures, la loi sur l’encadrement de l’exercice du droit de grève et les autres réformes dans les secteurs vitaux du pays. Pour lui, le Chef de l’Etat Patrice Talon a fait le choix de déplaire à l’opinion pour engager des réformes pertinentes devant amorcer le développement du pays. Et pour le reste de son quinquennat, l’invité de L’Evénement Précis lui recommande  de jeter un regard sur le format social en réformant le dispositif pour le rendre plus dynamique et œuvrer pour des orientations scolaires en investissant dans la formation technique.   

Laurent D. KOSSOUHO

Le président du groupe parlementaire « Union progressiste », He Marcellin AHONOUKOUN « SOUS L’ARBRE À PALABRES » à L’EVENEMENT PRECIS: « C’est impérieux qu’on révise la Constitution »

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Le député Marcellin Tossou AHONOUKOUN, président du groupe parlementaire « Union progressiste » est l’invité N°131 de la rubrique « sous l’arbre à palabres » du journal l’Evénement Précis. Pendant environ une heure et demie, l’élu de la cinquième circonscription électorale s’est prononcé sans langue de bois sur la 8ème législature, la gouvernance du Président Patrice Talon et l’épineuse question de la révision de la constitution. Le Président du plus grand groupe parlementaire à l’assemblée nationale n’est pas non plus allé du dos de la cuillère pour présenter la vraie raison de la fermeture des frontières bénino-nigérianes. « Sous l’arbre à palabres », l’invité a passé au peigne fin la plupart des sujets touchant à l’actualité politique nationale.

Et si on en parlait

Quel résultat peut-on mettre aujourd’hui à l’actif de la 8ème législature ?
A notre arrivée, il y avait juste une session qui finissait. C’est-à-dire qu’au moment où on nous installait, c’était la fin d’une session et actuellement, nous sommes en congé. Donc, la session qui finissait a eu le privilège d’accueillir les députés de la 8ème législature qui se sont installés, donc, ce que nous avons fait pratiquement, c’est la mise en place du bureau, les commissions la désignation des représentants des parlements régionaux…En matière de loi, nous n’en avons pas réellement encore voté. Cela, parce que les textes, il faut les étudier, les travailler et les commissions sont à l’œuvre et c’est après ça qu’on les amène à la plénière pour que vous soyez au courant. C’est ce qui se passe réellement et les textes sont en train d’être travaillés, d’être toilettés. Les commissions travaillent sérieusement avec l’administration parlementaire avant que cela ne puisse être porté sur la place publique. C’est à ce niveau que les députés vont valider par leur approbation. On peut rejeter, on peut valider. Donc, ce qui s’est réellement passé dans les cent jours, c’est tout ce qu’on a fait dernièrement. C’est-à-dire la prise de trois lois de ratification d’accord de prêts pour le bitumage d’un grand tronçon de 209 km dans la Donga et l’Atacora. C’est la route Djougou, Wassa Péhunco, Kérou, Banikoara. C’est un grand projet et si on arrive à la réaliser, ce serait une prouesse du gouvernement.
Cela étant, il y a quelque chose que moi je veux noter à l’actif de ce nouveau parlement. Il s’agit de l’arrivée dans ce parlement du président indien. Vous n’êtes pas sans savoir que c’est un grand événement. Avant lui, il y a eu l’ambassadeur de Russie qui était arrivé. Donc, c’est un symbole fort. Ça veut dire que c’est la deuxième institution de l’Etat qui n’est pas laissée du reste et qui a eu le privilège d’accueillir le chef d’Etat indien. Vous n’êtes pas sans savoir aujourd’hui que l’Inde fait partie du G20. C’est l’un des pays émergents. C’est des pays qui font peur parce qu’ils sont en train de bousculer la hiérarchie dans le monde. Donc, si un pays arrive comme ça, la coopération avec l’Inde n’est pas une mince affaire. Pour vous dire que le parlement travaille. Je le dis pour que les Béninois aient une image de ce qu’a été le parlement jusque-là.

Quelles sont les grandes réformes au sein de ce parlement ?
Une question que je nous pose : est-ce que le parlement est décrié comme il l’était il y a un an, deux ans ? La réponse est non. Il n’y en a pas. Achat de conscience, etc… nous on le sent quand on entre dans le peuple.

Donc, vous ne sentez pas qu’il y a un problème de légitimité comme l’a soulevé le député Arifari Bako ?
Je ne parle pas de légitimité. Je demande si le parlement est décrié aujourd’hui comme il y a quatre ans en matière d’achat de conscience, de transhumance, changement de veste comme vous le dites, des gens qui abandonnent leur parti, vous voyez encore tout ça ? Non. Aujourd’hui, je crois que le parlement est géré avec des députés qui sont épris de paix, de justice et de respect pour l’institution.

Donc, pour voter les lois, vous ne percevez pas quelque chose ?
Je n’ai jamais parlé de percevoir quelque chose, j’ai parlé d’achat de conscience. Quand je parle, il faut bien m’écouter. N’interprétez pas mal ce qu’on dit, c’est toi qui penses comme cela, c’est des vues d’esprit. Si non, nous sommes une institution responsable. Pourquoi voter des lois et prendre de l’argent ? On ne va pas en politique pour avoir de l’argent. Venez nous observer. Ce n’est pas l’argent. C’est pourquoi quand les demandes arrivent disant : « député, j’ai mon enfant malade, député, mon enfant doit aller à l’école », je dis : « mais avec quel argent ? Pour me retrouver demain en prison ? Je vais prendre quel argent ? Mais c’est grave. » Dieu fera, ça ne se passera plus. L’argent du pays doit servir tout le monde. Nous ne sommes pas allés à l’Assemblée pour nous enrichir. Nous sommes partis à l’Assemblée pour aider au développement de ce pays, pour voter des lois bien. C’est pourquoi par rapport aux lois, je me suis évertué à expliquer des lois qui sont contestées au niveau de la 5ème circonscription électorale à laquelle j’appartiens. On a parlé de la loi du travail, je dis oui, vous pouvez quereller, j’accepte. Mais on a besoin d’améliorer les textes pour attirer les investisseurs. Si non, celui qui amène son argent et voit notre code du travail, il se dit « mais, quand c’est comme ça, je ne peux pas investir. C’est trop rigide, vous faites trop la part belle aux travailleurs. » Assouplissons les choses pour permettre aux investisseurs de s’installer. C’est de ça qu’il s’agit. Mais ce qui se passait dans ce pays, qui n’a pas déploré le fait que nous avons trop de partis ? Dans ce pays de 10 millions d’habitants, on a de partis à tous les coins de carrefour. Là on est en train de corriger cela, mais on dit non, vous ne pouvez pas corriger, pourquoi on a fait ci…Comme si ceux qui sont là ne sont pas des Béninois.
On va y revenir certainement au cours de l’entretien !
Moi, tout ce que j’ai fait au parlement, j’ai le cœur libre, la main sur le cœur et je sais que j’ai fait du bon travail que j’explique à tous mes enfants, à tous ceux qui veulent m’écouter. J’ai fait du beau travail, je n’ai pas besoin d’avoir de l’argent avant de voter. Quand nous lisons le texte et que c’est bon pour le pays, nous votons. Et, ça, un parlement digne doit le faire. Avec la nouvelle charte, ce que nous avons amorcé au parlement, vous allez prendre le temps de comprendre. Aujourd’hui, nous avons des députés de type nouveau. Il faut qu’ils sachent qu’il faut corriger les tares.

Quelles sont ces tares que l’Assemblée doit corriger, selon vous ?
C’est d’abord la transhumance. Qui n’a pas déploré cette pratique dans ce pays ? C’est corrigé non ? Aujourd’hui, en notre sein, il y a la discipline. Avant, vous allez voir on forme des groupes, demain ça change et les gens basculent selon leurs intérêts. Aujourd’hui, il n’y a plus ça. Il faut bien observer, c’est la discipline du parti. Ainsi, tous les textes qui arriveront, seront analysés de fond en comble. Les gens pensent que le parlement est à la solde d’un régime. Pourquoi ? Ce que vous oubliez souvent au Bénin, c’est la manière dont on a conduit la démocratie jusque-là. Quel péché l’exécutif a-t-il commis en aidant à la bonne gouvernance ? En disant, je suis de la mouvance, quel péché les députés ont-ils commis ? Supposons que tous les députés changent de camp et deviennent des opposants contre le régime, dites-mois, vous allez accepter ? Vous serez d’accord que ça s’agite, que le gouvernement tombe ? Il y a des gens, quand vous lisez leur position, le gouvernement ne peut même pas empêcher le parlement d’exister. Le gouvernement ne peut pas révoquer ou ne peut pas dissoudre le parlement. De même, le député ne peut pas empêcher le gouvernement d’exercer ses prérogatives. Si vous refusez de voter, le gouvernement peut aller par ordonnance. Donc, si on vous dit que c’est conçu comme cela, dans ces conditions, quand les deux institutions s’entendent, ça gêne qui ? Moi je me le demande. Regardez l’Afrique du Sud, c’est l’ANC qui gère l’Etat. Ou bien vous ne voyez pas ? C’est le parti qui dirige. Quand le président fait mal on lui dit : « dépose nous ta démission. On exige de toi ta démission. » Quand est-ce qu’on va en arriver là. Si non, le président se présente comme un épouvantail, il gère tout ou il donne des directives aux députés. C’est ce qu’on pense. Alors que si vous êtes de la mouvance, vous devez aider à la bonne gouvernance. Vous devez aider à ce que ça gicle tout en contrôlant. Je vais vous demander une chose : La législature écoulée, c’est une législature qui a péché par le contrôle de l’action gouvernementale. Nous sommes d’accord ? On n’a pas pu contrôler le volet action gouvernementale. On n’a pas fait beaucoup de contrôle et le peuple l’a déploré.

Vous assumez tout ce que vous dites là, honorable ?
J’assume et je vais vous le dire. Pendant la gestion de Talon, c’est-à-dire, les trois premières années, nous on était là à l’Assemblée. Dites-moi, est-ce qu’il y a eu des affaires ? Est-ce qu’il y a eu des scandales ? Non, dites-moi ! Comparez les trois premières années de Boni Yayi aux trois premières années de Talon et dites-moi. Sous Boni Yayi, il y a eu beaucoup d’affaires. L’affaire Cen-Sad, l’affaire ci- l’affaire-ça. Dites-moi aujourd’hui, quelle affaire il y a eu et le parlement a été obligé de dépêcher une enquête ? Ça veut dire que ce n’est même pas le contrôle de l’action gouvernementale par les députés qui freine la gabegie au sommet de l’Etat. Le contrôle de l’action gouvernementale ne l’empêche pas. Moi j’ai remarqué que ça ne l’empêche pas. Parce que au moment où on contrôlait bien et le peuple applaudissait, il y a eu des scandales financiers. Maria-Gléta, pourquoi ils n’ont pas empêché cela ? Pourtant, ils contrôlaient bien en ce moment. Il y avait l’Union fait la Nation qui faisait tout ce qu’il pouvait mais ça n’a pas empêché les scandales. Mais avec le président Talon, il n’y a rien de tout ça. La gouvernance est meilleure. Donc nous devons chercher encore dans le contrôle de l’action gouvernementale, les moyens, la faisabilité de la chose. Je suis revenu à un résumé qui est que, tout est affaire de conscience. Si non, les contrôles répressifs n’empêchent pas le gouvernement. Il y a eu contrôle, il y a eu des déballages à l’Assemblée sur le gouvernement et pourtant, on a connu les affaires ICC, Cen-Sad, Maria Gléta. Pour vous dire que c’est des vues d’esprit de penser que le parlement est à la solde d’un régime et que lorsque le président de la république et les députés s’entendent, c’est un complot etc. Mais parce qu’on est en démocratie, on commence par crier, s’égosiller, non. Pour une bonne gestion, une bonne gouvernance, c’est la veille citoyenne. Le vrai contrôle c’est quoi ? Si on dit qu’on veut faire un puits dans un village, l’argent est là. Si le puits n’a pas été bien fait et que vous ne l’avez pas dénoncé, c’est la faute à qui ? Regardez la voie Cotonou Pahou, c’est fini comme ça ? Pas de trottoirs, les bas-côtés, il n’y en a pas. Dites-moi, qui parmi la société civilea levé le petit doigt pour dénoncer ça ? Personne. Ce qui veut dire que chacun de nous est coupable. C’est nous-mêmes. Si non, tous ceux qui viennent demander de l’argent aux députés, contribuent à ça.
Je vous donne un exemple simple. J’étais avec quelqu’un qui se plaignait de la voie Akassato-Bohicon. Je lui ai dit que c’est de sa faute. Il dit, c’est moi ? Comment ? Je lui ai dit mais « quand Boni Yayi était sur le terrain, tu n’as pas mangé sandwich ? » Il a dit oui qu’il a mangé. Je lui ai demandé mais quel argent a servi à faire le sandwich. Ce n’est pas l’argent de Boni Yayi, c’est l’argent qui devrait servir à construire la route. On envoie sandwich de 1000F à 1000 personnes. Ça fait combien ? C’est comme ça le pays. C’est comme ça que nous nous ruinons nous-mêmes. Demandez de l’argent à un député, il va trouver ça où ? Dites-moi. C’est les deux millions qu’on nous donne là que nous allons distribuer ? Mais si vous devez en avoir plus, vous êtes en conflit avec votre conscience. Si vous devez puiser dans les caisses de l’Etat pour vos propres plaisirs, ça ne va pas. C’est le moment avec ses textes de loi, de voir les politiciens qui travaillent réellement et qui sont prêts à se sacrifier pour ce pays. C’est de ça qu’il est question pour que le Bénin puisse sortir de la pauvreté. C’est la seule condition. Corriger le désordre et faire avancer le pays.

Vous êtes à la tête du plus grand groupe au parlement, quelles sont les contraintes liées à cette responsabilité ?
Je ne gère pas un groupe pour la première fois. Pour la petite histoire, j’ai été inspecteur des douanes. J’ai été pendant trois ans, le secrétaire général du syndicat des travailleurs de l’administration des douanes. En 2008, j’étais secrétaire général et c’est nous qui avions organisé le mouvement contre Boni Yayi quand il a fait nommer un directeur général qui était déjà à la retraite. Il ne s’y attendait pas. Dans le temps, j’avais un ami qui me demandait : « Marcellin, tu n’es plus avec nous ? » Je lui ai dit : « Oui, je suis avec vous. » Et à son tour, il me demande : « mais pourquoi tu fais ça ? » Je lui ai dit : « cher ami, je vais vous demander une chose. Vous vous êtes colonel. Si on nomme demain le général à la retraite, Martin Dohou Azonyiho, chef d’État-major général des armées, dites-moi, vous allez accepter ? » Il dit non. Je dis « voilà. C’est la même chose dans notre cas. Alors, je suis bien avec vous mais je ne vais pas permettre ça. Donc, je gère. » Je sais que gérer un groupe demande à répondre et à satisfaire à des exigences. Il faut essayer de comprendre ses paires. C’est une tâche difficile mais exaltante. Quand vous avez des responsabilités comme ça, c’est que vous êtes un manager et par surcroit, vous devez manager chacun des membres afin que chacun obtienne ce qu’il veut au mérite. Il faut gérer le groupe avec rigueur, la transparence, ça s’impose et si vous ne le faites, pas, tant pis pour vous. Vous serez rejeté, et à mon niveau je sais que j’ai la facilité de le faire. Parce que, s’il y a quelque chose, vous savez, à l’Assemblée, qu’est ce qui peut diviser ? C’est le partage des rôles. Chaque député veut jouer un rôle au parlement pour se faire une place au soleil, pour se faire connaître. Quand vous êtes, par exemple, un parlementaire de la CEDEAO, vous irez représenter le Bénin à la CEDEAO. Vous avez ainsi de l’avance sur celui qui n’a pas été choisi. Vous avez des contacts. Tout le monde veut avoir de petites choses à gérer et dans ces conditions, il y a plus d’appels que d’offres. Nous essayons de jouer notre rôle. C’est difficile mais c’est des hommes, des gens compréhensifs, des gens responsables avec qui on peut travailler.

Vous êtes à la tête d’un groupe de 47 députés
C’est un ensemble de députés unis par une idéologie, conscients du travail à faire au parlement. Ils savent pertinemment qu’ils appartiennent à un groupe politique et de surcroit, géré par un bureau. Avant, pour être député et se positionner, il suffisait d’avoir un peu d’argent et de mobiliser des voix. Mais arrivé à l’hémicycle, on ne reconnait plus le parti. Est-ce que c’est le cas aujourd’hui ? On a mis de l’ordre et la discipline dans la chose au point où le nombre est si important. Mais, tout converge et se transcende dans ce creuset. D’abord, c’est un bureau que je gère. Après le bureau, il y a l’ensemble des 40 composés des députés de 5 membres.

Les deux partis politiques présents au parlement étant des soutiens inconditionnels du Chef de l’Etat, d’aucuns estiment que vous votez sans réfléchir et même que l’actuel Président de l’Assemblée nationale n’aurait pas les coudées franches pour diriger. Qu’en dites-vous ?
Aucune loi n’a été votée. Il n’y a eu que des ratifications. Il n’était même pas au pays quand on faisait les élections législatives. Rassembler le nombre de députés pour diriger un pays est très facile pour un président. On sera en train de détruire jusqu’à ce que les 5 ans passent sans qu’il n’ait rien fait. Que ceux qui disent qu’on nous appelle pour voter les lois sans réfléchir viennent le faire à notre place. Pour moi, la révision peut passer par là.

Est-ce au programme ?
C’est le gouvernement qui pourrait répondre de ça. Si c’est bien, on le fera. Ne pensez-vous pas qu’il faut réviser le texte fondamental du Bénin ? On a voulu ça mais on n’a pas eu l’adhésion des autres députés. Moi, je serais à la place de mon président que je marquerai l’histoire. Je serais Patrice Talon, je réviserais la constitution. C’est le moment propice pour le faire. Vous décriez tous ou, de quoi avez-vous peur ? Vous ne voulez pas avancer ? L’Afrique pourrait être développée si nous avions pris conscience très tôt. Si vous prenez votre loi fondamentale comme le fétiche, vous n’allez jamais avancer. C’est grave.

Certains disent que la constitution du Bénin est l’une des meilleures d’Afrique et du monde
C’est vrai mais, ce qui est meilleur ne peut pas être amélioré ? Le monde évolue. Pour nous, fondamentalement, c’est qu’il va revenir s’il révise. C’est pour cela qu’on a peur. Mais c’est absurde. Vous allez vouloir que quelqu’un révise votre constitution pour rester ? Avez-vous jamais vu un Béninois s’accrocher au pouvoir ? Le Béninois n’aime pas cela. Quand quelqu’un vient, il fait son temps et s’en va. La vie continue. Les Apithy, Maga et Ahomadégbé ne sont plus ici. Soglo est là mais il a fait son temps. C’est ça un bon pays. Avoir peur jusqu’au point de ne pas réviser la constitution, quand allez-vous le faire ? Il faut être dans la modernité. C’est impérieux qu’on révise la constitution. Je vous le dis sincèrement, personne ne peut réviser notre constitution pour s’accrocher au pouvoir. Il révise, il s’en va.

En quoi se résument vos activités politiques sur le terrain depuis votre élection au sein de la 8ème législature ?
Nous sommes toujours avec la population. Même si nous ne sommes pas en session, nous continuons toujours de travailler. J’ai même une réunion tout à l’heure avec la direction exécutive du parti. Nous préparons déjà les échéances à venir. Nous travaillons beaucoup, au sein du parti. Les prochaines élections communales sont à préparer et nous travaillons avec nos populations. Actuellement, nous sommes en train de procéder aux enregistrements au sein de l’Union Progressiste. Nous rêvons déjà grand au sein de ce parti et nous voulons déjà avoir le poste de maire. Moi, avec l’Union pour le Bénin (UB), nous avions pu conquérir dans la 5ème circonscription la mairie de Toffo et d’Allada. Nous voulons donc rééditer l’exploit au sein de l’Union progressiste. J’ai mes éléments avec moi et nous travaillons ardemment. Le politicien n’a pas de repos. Quand bien même nous ne sommes pas en session, nous travaillons dur sur le terrain

Vous n’allez-pas laisser un peu au Bloc Républicain ?
Je ne peux pas tout prendre. C’est de l’utopie. Ce n’est pas un héritage. C’est peut-être une vue d’esprit qui vous caractérise. Qui vous parle de frère à qui on peut laisser une place en politique ? On négocie. C’est une question de rapport de forces. Moi je n’ai pas de frère en politique, plutôt des rivaux et des adversaires. Je soutiens le président et je ne peux pas t’empêcher de faire pareil.

Quelle lecture faites-vous de la crise qui secoue les Fcbe alors qu’ils ont pu obtenir leur certificat de conformité ?
Tous les grands partis ont toujours traversé ces crises. La RB en a eu, pareil pour le Prd.

Ils ne sont pas contents des conditions dans lesquelles le certificat leur a été délivré.
C’est à eux d’en répondre. J’observe comme tout le monde. Les grands partis ont toujours eu de difficultés.

Il semble que le gouvernement est à la base de cette division
C’est une vue d’esprit. C’est comme ça que vous le voyez. Ceux qui ont obtenu le quitus ne sont-ils pas Fcbe ? J’étais à leur place, je ferais taire les rivalités et nous allons nous armer pour aller à la conquête du pouvoir. Ils peuvent aller au congrès et changer les textes qu’ils veulent. Il faudrait leur conseiller de se discipliner et aller à la conquête des populations. S’ils sont divisés, ils n’auront rien. Il faut leur donner de bons conseils.

Comment ferez-vous pour qu’ils soient de la compétition ?
Etre parti politique, c’est le respect des textes, c’est des conditions à remplir. Ont-ils pu remplir les conditions pour pouvoir obtenir leur accord de création ? Au lendemain du constat fait sur les partis politiques qui n’ont pas rempli les conditions, le chef de l’Etat a eu l’honnêteté de convoquer le président Houngbédji avec pour mission d’essayer que tous les partis participent aux élections. Ils sont partis en conclave et ont pu produire un document signé de tous. Au lendemain de la signature, les Fcbe sont revenus à la charge pour s’opposer à ce qui a été retenu. C’était clair. On prorogeait le délai le temps de leur permettre d’aller chercher les pièces pour être à jour. Pour cette affaire, j’ai mis 48h pour régulariser deux situations à Toffo pour avoir parrainé la liste pour la création de parti à Toffo. Il y avait un certain Ayitondji Modeste qui s’appelle Ayitondji Comlan Modeste. Son certificat de nationalité portait Ayitondji Comlan et sur son acte de naissance, Coomlan. Il a dû refaire le certificat de nationalité parce qu’il manquait un O. Avec l’arrondissement d’Allada, ils ont délivré un certificat d’individualité pour dire que Ayitondji Comlan Modeste et Ayitondji Coomlan Modeste désignent la même et unique personne. Le deuxième problème était Bèlogoun Roland Maximilien Cossi, sur son acte de naissance. Sur son casier judiciaire, il était marqué Bèlogoun Roland Maximilien C. C. qui ne désignait pas Cossi, son casier judiciaire a été rejeté. On a tout fait pour régler ce problème. Nous avons tous été confrontés à des difficultés dans la préparation des documents pour être reconnus comme parti. Ce n’est pas seulement les Fcbe. Ils savaient qu’ils planifiaient quelque chose. Quand on leur donnait un délai supplémentaire, ils pouvaient s’arranger et corriger les choses. Ils ont posé le problème de ceux qui sont en exil. Ils savaient qu’en aucun cas, on n’irait jamais aux élections sans eux et il fallait tout faire pour qu’ils rentrent. Ils l’ont ainsi mis dans la balance sans savoir qu’ils ont à faire aux institutions de la république, à qui on ne peut pas dicter des lois et des conduites à tenir. Si par hasard, on n’arrivait pas à organiser les élections législatives de mai dernier, que serait le pays ? Ingouvernable. Les institutions seraient dans un vide juridique et ces messieurs iraient jusqu’à réclamer le départ du président. Le gouvernement a pu prendre ses responsabilités. Les institutions de la république ont su prendre les leurs. S’ils viennent aujourd’hui, ils pourront aller aux élections demain. Où est le problème ? C’est la fin du monde ? Non, calmons-nous.

Comment le parti Union Progressiste prépare-t-il son congrès qui se tiendra en décembre 2019 ?
Je viens de vous dire que nous avons une réunion tout à l’heure. Hier on a fait une réunion. Pour aller au congrès, il faut se préparer, il faut toiletter les textes. Donc je crois que nous sommes à l’étape du toilettage des textes, du règlement intérieur, du statut du parti même. Toutes ces équipes sont déjà désignées et sont à la tâche pour organiser les élections.

Avez-vous des ambitions personnelles ?
Pour être quoi ? Moi je suis un fonctionnaire à la retraite. J’ai été fonctionnaire à la douane. J’ai gravi tous les échelons. Je suis allé à la retraite A1 12, Colonel des douanes, Inspecteur hors-classe. Le 1er mars prochain, ça fera 10 ans que je suis admis à la retraite. Mais je me suis dit qu’il y a quelque part où on peut faire quelque chose pour être utile et c’est comme ça que je me suis retrouvé ici par la force des choses. Qu’est-ce que je peux demander encore ? Etre président du parti ou quoi ? Non non non. Ça va, je suis bien là où je suis et je vais travailler pour le parti et pour la population. Je suis à l’aise et même au niveau du parlement, je suis à la conférence des présidents. Je crois que j’ai du boulot déjà. Au congrès, s’il y a des gens mieux que moi, on va les porter. On va aider les jeunes à grandir, on n’est pas là pour s’éterniser. On va former les jeunes, parce que c’est eux les leaders de demain.

Le Nigéria a fermé ses frontières avec le Bénin depuis plus d’un mois. Comment appréciez-vous cette mesure ?
Moi, j’ai été douanier. Donc j’en sais quelque chose. C’est vrai qu’ils ont fermé la frontière, mais vous êtes au moins d’accord que c’est récurrent. J’ai commencé la douane en 1980. Je suis allé à la retraite en 2010. Je ne peux pas compter le nombre de fois où les frontières ont été fermées. Je sais qu’à l’ère de la démocratie sous le Président Soglo, les frontières ont été fermées pendant 6 mois. A l’époque c’est le Président Abacha qui était au pouvoir. Ça, on pouvait dire que c’était politique. Mais après ça les fermetures qui se sont succédé, c’était purement et simplement économique. Vous n’êtes pas sans savoir que quand le Président Obasanjo était au pouvoir, il y a eu le Mémorandum de Badagri. Le Président Obasanjo disait en ces termes : « le Nigéria est prêt à accueillir tout ce que le Bénin produit, mais le Nigéria n’acceptera jamais que le Bénin importe pour déverser au Nigéria ». C’est ce que je vois jusqu’aujourd’hui. Notre importation du riz de l’Asie déversé sur le sol nigérian, le Nigéria ne l’accepte pas. Ce que j’ai déploré dans cette affaire, on a fermé la frontière au même moment à nos tomates, à notre gari, à nos ignames, à nos ananas et autres. C’est grave.

Et c’est justement pour ça que beaucoup évoquent plusieurs raisons. Quelle est la vraie raison selon vous ?
C’est une pression que le Nigéria est en train de faire pour que le Bénin puisse empêcher l’importation du riz. Vous vous êtes Béninois, vous êtes opérateur économique, vous importez du riz de la Thaïlande au Bénin. Moi je suis gouvernant, quel pouvoir j’ai pour vous empêcher d’importer du riz au Bénin ? Si l’importateur a son marché, où est mon problème ? Attention ! Qu’on demande de ne plus importer du riz au Bénin, parce que le riz importé est déversé au Nigéria ? Ils oublient quelque chose. Moi j’ai servi dans ces frontières. Quand vous avez ici le Bénin, ici le Nigéria. Celui qui est ici parle la même langue que l’autre qui est au Nigeria. C’est le même peuple de part et d’autre de la frontière. Moi je vais apporter du riz à mon cousin qui est au Nigéria et vice-versa. Vous n’y pouvez rien. C’est un faux problème. On peut canaliser les choses pour dire : « le riz peut aller mais nous allons taxer. » Parce que c’est déjà dédouané au Bénin. Est-ce qu’on aurait besoin de si tant de riz pour importer chez eux ? Les populations ne changent pas d’habitude du jour au lendemain en matière de nourriture. Je ne comprends pas, pourtant nous avons de grands économistes au Nigéria. Je pense que fermer les frontières n’est pas la solution. C’est eux qui en souffrent déjà. Moi je demanderais aux populations de résister et que demain sera meilleur. Ça ne tuera personne, parce que c’est un défi que le Nigéria nous lance. Nous sommes petits mais attention !

Vous êtes ancien douanier et député, mais depuis vous avez croisé les bras sans interpeler le Gouvernement à ce sujet ?
Cette fermeture de frontières ne concerne pas le Bénin seul. Ça concerne aussi avec le Niger, le Cameroun, le Tchad, etc. Donc quand c’est ça, nous devons comprendre que ce n’est pas seulement une affaire du Bénin. Vous savez, le Nigéria et le Bénin se trouvent dans une même zone économique. Nous sommes dans un même espace économique, la CEDEAO. Et dans cet espace, il y a des directives, des protocoles d’accords. Nous avons des parlementaires qui sont à la Cedeao. La semaine dernière au Libéria, nos parlementaires ont rencontré 32 parlementaires nigérians et ils ont évoqué cette question, et les autres ont promis quelque chose. Donc, nous nous rencontrons et entre parlementaires, nous travaillons.

Mais le Président Houngbédji vous accuse de n’avoir pas réagi !
Houngbédji politique a parlé. Il a dit ce qu’un politicien pourrait dire. Il est dans son rôle. Ça suffit pour qu’on commence par jaser pour dire « on a fait ci, on a fait ça » ? Non, calmons-nous. A l’heure où je vous parle, nous sommes en train d’étudier s’il faut interpeler le gouvernement sur ce problème. Mais il faut savoir tous les contours avant de poser le problème. Quand nous aurons posé le problème, le peuple serait à l’écoute. Le Gouvernement est-il différent du peuple ? Les députés sont-ils différents du peuple ? Ne souffrons-nous pas au même titre que le peuple ? Nous sommes un même peuple dans une même zone économique et dans ces conditions, ce n’est pas un sujet sur lequel il faut aller se hasarder, à jeter le discrédit, à dire ce qu’on ne doit pas dire. Il faut un dossier bien étudié, bien conçu, réfléchi, élaboré, travaillé et posé.

Quelle analyse faites-vous du dernier remaniement du gouvernement avec une forte présence des membres des partis Br et Up ?
C’est les partis qui gouvernent le pays. Quand vous créez votre parti, c’est pour prendre le pouvoir d’Etat. C’est justement ce qui se passe et rien que ça. Donc est-ce que le Président Talon peut aller chercher des gens en dehors des partis pour gérer le pays ? Il ne peut pas, puisque c’est eux qui jouent le rôle-là. On crée un parti pour gérer le pouvoir d’Etat. Donc si vous acceptez gouverner le pays avec moi, exercez le pouvoir d’Etat avec moi. Les partis sont dans leur rôle et je ne vois rien de mauvais là. Puisque en dehors de ça, il doit y avoir encore des techniciens. Si un technicien est nommé ministre et s’il voit qu’il peut adhérer à un parti, c’est son affaire.

Honorable, le Président Talon fait une lutte sélective contre la corruption. Qu’en dites-vous ?
C’est faux ! J’ai réagi à ça depuis longtemps. Ça ne date pas d’aujourd’hui. Vous n’avez pas vu des gens qui ont fait campagne avec lui qui sont jetés en prison ? Vous n’avez pas vu Dayori ? Quand Dassigli a été relevé du gouvernement, vous n’avez rien dit. Il était avec le Président Talon et il a fait campagne avec lui. Quand quelqu’un fait quelque chose de bien, il faut le dire.

Mais c’est ce que l’opposition dit !
Si vous voyez un opposant dire ça, dites-lui que c’est faux, parce que Dassigli, pour une affaire de parcelle, il l’a éjecté du gouvernement. Si l’ancien préfet Toboula a été éjecté comme ça et vous ne dites pas qu’il n’aime pas ça, c’est grave. Pourtant ce sont ses partisans proches. Ça veut dire que c’est un signal fort. On va dire pourquoi tel est encore là, alors que le dossier est déjà devant la justice, qu’est-ce qu’il va dire là encore ? Si la justice interpelle aujourd’hui un ministre du gouvernement et que le Président n’a pas lâché, là vous pouvez parler. Mais tel n’est pas le cas.

De plus en plus le taux de croissance économique grimpe, mais sans incidence sur le panier de la ménagère ?
Si le trou était si béant, pour que le bas peuple puisse sentir, il faut beaucoup d’efforts. Les économistes sont mieux placés pour vous le dire. Peut-être que ce mandat serait fini et un autre mandat arrivera. Si on a le même rythme, c’est en ce moment qu’on va commencer par le sentir. Quand le peuple a été trop affamé, c’est normal. Notre souffrance ne date pas d’aujourd’hui. Vous n’êtes pas sans savoir qu’on injecte maintenant de l’argent dans les grandes réalisations, les grands travaux. Puisque quand on commence les grands travaux, c’est des milliards qui seront consommés par les Béninois. Le menuisier va trouver son compte, la vendeuse de haricot va trouver son compte et tout le monde, parce que c’est réparti. Sans ces grands travaux, quel argent pourrait être injecté dans le pays pour que les gens participent au pays pour gagner ?

Et depuis bientôt quatre ans les populations ne font que se plaindre !
La plainte des populations, c’est toute notre vie. Aujourd’hui sera meilleur que demain, demain sera meilleur qu’après demain. C’est comme ça la vie. On se plaint toujours. Même si je vous donne du pain tous les jours, vous allez vous plaindre. Même si on dit tout le monde s’asseye et mange, on va se plaindre toujours. Et cela n’existe nulle part, les grands pays qui ont le pétrole, le Venezuela, la Lybie où on distribuait les camions pour aller donner à manger. Donc ce n’est même pas une bonne chose. Levons-nous et travaillons.

Qu’est-ce que la 5ème circonscription électorale a gagné en termes de réalisations depuis 2016 ?
Beaucoup de choses. Notre ancien Président Boni Yayi, j’ai demandé à voter pour lui toutes les fois, il nous a promis l’hôpital de zone d’Allada-Zê-Toffo. Il est allé lancer les travaux deux fois, on n’a rien eu. Talon est arrivé en deux ans, ça a été construit. Si les gens sont en bonne santé, ils iront au champ pour produire. Quant à la route Houègbo-Toffo, Yayi Boni avait effectivement amené les camions, une nuit seulement, tout a disparu. Talon est arrivé, il a fait ça. Maintenant la promesse, lors de ma bataille pour aller au parlement, c’était l’ouverture de Toffo sur les deux autres départements à savoir le Zou et le Couffo. Aujourd’hui, c’est une réalité. Toffo va désormais s’ouvrir sur Lalo, Agbangnizoun, et vous allez constater que Toffo, c’est un grand carrefour. Vous allez venir acheter des terres à Toffo. Le trop-plein de Cotonou, ça se déverse à Toffo. Il y aura l’eau et l’électricité. En 45 minutes, vous êtes à l’Université. Allada aura son université. Pour les jeunes, le stade de Toffo est en construction à l’heure où je vous parle. Le marché de Toffo, le dossier est fin prêt et les travaux vont démarrer très prochainement. Quand vous allez dans le marché, vous allez constater que c’est délabré. Maintenant Talon veut reconstruire le marché de Toffo. Dans son programme de construction de 30 marchés modernes, Toffo figure avec la construction du marché de Houègbo.

Mais là, ce n’est pas l’avis de certains de vos anciens collègues qui disent que Talon n’a rien fait
Moi je n’ai plus rien à ajouter, parce que les aveugles voient. Je viens d’énumérer des choses. Regardez, le pont de Womey, Yayi Boni est allé lancer ça trois fois. Talon est resté dans quatre murs, il ne s’est jamais déplacé et c’est fait. Maintenant l’électrification dans les zones, attendez pour voir tout ça là. Sinon regardez Cotonou. En quatre ans, cinq ans vous allez voir.

Nous ne voyons pas
Oh là-là. Vous ne voyez pas l’asphaltage à Cotonou ? Vous passez dans les rues de Cotonou, vous aurez le temps de le constater. Allez à la Haie-Vive voir. Contournez derrière l’aéroport, vous allez voir. Mais c’est splendide, c’est merveilleux. Cotonou présente un caractère de ville moderne grâce aux efforts du gouvernement. Je ne suis pas là pour défendre un gouvernement, mais quand quelqu’un fait bien, il faut le dire.

C’est ça que nous allons manger ?
Si on ne fait pas ça, qu’est-ce que vous allez manger ? Qu’on distribue de l’argent aux gens ? Dans quel argent, il faut distribuer ? Je vais vous rappeler la crise économique de 1928. Qu’est-ce que Roosevelt a fait ? Le Président américain avait lancé les grands travaux duNew deal. Et c’est ça qui a permis aux Américains de surmonter la crise. Vous savez que l’économie a un problème, mais c’est dans les grands travaux qu’on dépense l’argent. Ce qu’on est en train de faire à Cotonou, on injecte de l’argent. Celle qui vend du haricot le matin avec du riz préparé, elle va vendre. Parce que le soudeur qui est venu travailler, le menuisier qui est venu travailler, ils auront de l’argent et ils iront payer des choses au marché. Mais c’est cela les agents économiques. Sans cela, si tout était plat, quel argent on aurait injecté ? Et quand on aura fini ça, il faut l’entretenir. C’est cela du travail. Et on dit qu’est-ce qu’on a fait. Non si quelqu’un dit ça, vous êtes des journalistes, vous êtes des formateurs, vous éduquez la population. Vous jouez de grands rôles. Je ne sais pas si vous-même vous ne le savez pas. Vous êtes là pour former, pour éduquer. Donc, sachez leur servir ce qu’il faut servir pour dire ne cassez pas la nation (Mimangbato ooh), non. Ils peuvent tout dire, mais quand tu as ton ennemi qui s’habille bien, dites-lui :« oui, ton pagne est beau ».

Le Président Talon a commencé le dialogue politique qu’il s’était engagé à faire avec la classe politique. Pensez-vous que ce dialogue parviendra à juguler toute la crise qui a régné depuis les dernières élections législatives ?
Pourquoi pas ? Cela dépend de la volonté des hommes. Talon aura beau faire, il va jeter les bases, il va créer les conditions, si les gens le veulent bien. Regardez, pour les élections législatives, il a demandé aux parlementaires d’aller s’entendre et de remplir les conditions. On a mis de n’importe quoi pour dire que nous voulons ceci, nous voulons cela. C’est des arguments qui ne tiennent pas. Si on rassemble tout le monde, ce qui est sûr, on aura des dirigeants de partis responsables qui vont s’asseoir pour réfléchir sur l’avenir de la politique au Bénin. Cela veut dire quoi ? C’est des textes à corriger. La charte des partis, le code électoral, les textes qui ont été problématiques. Maintenant dans quelle mesure on peut voir comment faire ceci et cela pour ne pas dépouiller tout le texte même de sa substance. Parce que cela a été fait pour cause. Ou bien, nous jetons tout pour reprendre. Là on aura péché.

Quels sont les éléments à revoir ?
Les éléments querellés. Je ne peux rien dire maintenant. Je ne vais pas devancer les choses. Je ne suis pas délégué. Donc vous savez, les choses qui ont été querellés dans le temps. Si on met ça dans un plateau et on réfléchit pour apporter des solutions. C’est sûr que le moment venu, vous aurez peut-être à déplorer ou à accepter certains. Vous aurez vos mots à placer.

Les douaniers se plaignent suffisamment aujourd’hui. Ils n’ont plus les entrées comme avant.
C’est bon non ? Vous avez apprécié non. Au moins, ils seront moins décriés. Mon garçon dit : « je vais à la douane » et j’ai dit : « Non. Tu n’iras pas. Le douanier n’a pas bonne presse. J’ai été douanier pendant trente ans. C’est pour cela que j’ai dit à mon fils « je te préfère homme d’affaires. Tu te mets dans l’entrepreneuriat. » Aujourd’hui, il est au Canada. L’autre a voulu, il a tenté, je dis non. Aujourd’hui, il a fait transport et logistique. Aujourd’hui, je suis encore vivant je suis là. Sinon c’est grave hein ? Vous croyez que le douanier est le plus riche, le plus nanti ? Ils se trompent. C’est qu’ils ne savent pas se comporter et tout le monde croit qu’ils sont heureux. Dans le quartier c’est eux qui se montrent et tout le monde croit que ça va, c’est grave. Il faut vivre caché. Il est vrai, le douanier est à l’abri au moins de ce qu’il faut pour manger et cela s’arrête là. Moi en 2008, j’étais le secrétaire général de la douane et j’ai dit : « Rien ne sera plus comme avant et nul n’a le droit d’être heureux tout seul. » J’ai donné deux phrases. Quand je rentre aujourd’hui à la douane, c’est tout le monde qui m’accepte. J’ai été un bon douanier. Je n’ai jamais travaillé avec de remords dans le cœur. Je vais vous donner un exemple, quand vous dites que les douaniers sont riches. Je donne l’exemple de Djougou. J’ai fait Djougou de 1992 à 1994. Quand je suis arrivé, les six premiers mois, j’ai fait beaucoup de saisies. Quand tu loues chez quelqu’un, il vient taper à ta porte le soir : « Chef, c’est nous qui sommes là, c’est nous qui faisons pour vous, il faut nous connaître. » Demain, il dit : « Je vais encore aller hein, il faut nous comprendre. » Si vous étiez à ma place, qu’est-ce que vous allez faire ? Vous pouvez arrêter la même personne quatre fois ? Mais il va vous tuer. Vous l’avez arrêté une première fois. Il est un trafiquant d’essence kpayo. Il a payé cinq millions. Trois mois plus tard, vous l’arrêtez encore. Voilà que lui ne cesse de faire ses activités. Il vous supplie en disant : « C’est ce que nous faisons ici, il n’y a pas d’autres choses à faire. » Tu le prends encore. Il paie trois millions. Trois mois encore, tu le prends, il perd cinq millions. Mais il va te tuer. Tu es venu à Djougou, tu as loué peut-être la maison du fraudeur. C’est lui qui t’a loué sa maison et tu es là, tu dors là. Ta femme va dans le même marché que la femme du fraudeur. Ton enfant va à la même école que l’enfant du fraudeur. Toi-même, tu vas boire à la même buvette que le fraudeur. Dis-moi qu’est-ce que tu peux ? Qui est fou ? Il dit : « chef, tiens ! C’est ce qu’on a l’habitude de faire. Ah c’est ce qu’on fait. » Il te donne de l’argent. Dis-moi, tu ne vas pas prendre ? Non, c’est une réalité. C’est comme ça que le douanier a de l’argent. Dis-moi si tu ne vas pas prendre. D’accord, reste là comme tu es arrivé et ordonne chaque fois de passer, tout le monde passe et c’est fini. Ou bien tu dis : « personne ne passe » et tu seras tué. C’est comme ça, le douanier. Mais aujourd’hui, on est en train de verrouiller les choses pour que l’Etat seul ait droit à la richesse. Qui peut être riche dans les pays développés ? C’est des gens qui ont des inventions. Un fonctionnaire ne peut pas être riche dans les pays développés. Ce que tu gagnes, on connait. Qui va travailler et dire : « je suis riche » ? Est-ce que le douanier peut être riche ? Moi je l’ai dit, si j’arrive à construire une maison au village, ça veut dire que j’ai volé. C’est l’argent que nous avons volé à l’Etat. Parce qu’on a interdit de prendre et nous avons pris. Moi je les invite à la retenue et à bien travailler pour l’Etat et c’est tout.

Hier ardent défenseur de Yayi, aujourd’hui ardent défenseur de Talon. Si on vous disait que vous avez changé de veste, vous répondez quoi ?
Je n’ai pas changé de veste. J’ai aidé Yayi, aujourd’hui j’aide Talon. Que je supporte Yayi aujourd’hui contre Talon apporterait quoi ? Nous allons faire la comptabilité demain à Talon et non à Yayi. Yayi est fini. J’irai chercher quoi avec lui ?

Que mettez-vous dans « Yayi est fini » ?
Yayi est fini. C’est Yayi qui veut créer de difficulté à celui qui est là. Il est conjugué au passé. Il doit être sage, prêt à être consulté demain pour faire avancer le pays. Quand lui se lève et prend parti dans la gestion des affaires de l’Etat en tant qu’ancien président dans un pays où la sagesse est de mise, ce n’est pas bien. Il doit être à l’écart et attendre qu’on aille le voir. Nous allons nous entretuer pour gérer le pays avec qui demain ? N’est-ce pas des Béninois qui sont en train de gérer le pays ? Yayi veut quoi encore ? Moi je veux voir demain ce que Talon a pu faire. Mais si on l’empêche et qu’il n’arrive pas à faire quelque chose, c’est bon pour le pays ?Toi tu viens tu fais pour toi. L’autre vient et fait pour lui, ainsi de suite. C’est comme ça que le pays va avancer. Est-ce qu’une seule personne peut construire un pays ? Pendant cent ans, il n’y arriverait pas. Donc ne gêner personne. Quand vous respectez celui qui est élu président, vous respectez Dieu. Il va répondre devant Dieu s’il gère mal. C’est écrit. Donc inutile d’empêcher l’autre. Yayi empêche Talon vous ne voyez pas ?Moi j’ai soutenu Yayi. Le pays est tellement pauvre que, quand quelqu’un vient nous n’allons pas faire comme les grandes puissances où ce sont des schémas tactiques où tout est tracé pour être opposant. On n’est pas opposant pour opposant. Tu dois dire ce qu’il faut dire. Ici tout le monde veut être opposant et on s’oppose parce que lui ne doit pas être là.

S’il fallait conclure cet entretien, que diriez-vous ?

Ma conclusion s’adressera à la jeunesse surtout. Notre population est jeune. Si notre jeunesse n’est pas mise au travail, c’est un danger pour le pays. Qu’est-ce qu’il faut faire pour que notre jeunesse soit au travail ? Nous le savons tous. Si l’argent de ce pays doit servir ce pays, la jeunesse sera au travail. Ce qui a caractérisé ce pays pendant longtemps, c’est la gabegie, le détournement, la corruption. Si cela cesse, chacun trouvera son travail. Et on aura une répartition judicieuse des biens de ce pays. Donc les jeunes vont gagner de ce pays au mérite.

Carte d’identité: Un sac au dos

Marcellin Ahonoukoun est un battant. Pour avoir perdu son père très tôt, il a appris à se prendre en charge sans demander de l’aide à quelqu’un. Né en 1955 à Toffo, il commence l’école à l’âge de neuf ans et décide d’aller aussi loin que possible. Seulement, à 15 ans, son père Tossou Ahonounkoun meurt. Riche propriétaire terrien et commerçant, il faisait partie à l’époque de ceux qui avaient pu s’acheter de voitures dans la région de Toffo-Allada : il avait les fameux T45 et T23. Quand il meurt alors qu’il était géniteur de 42 enfants, Marcellin son fils décide pourtant de ne jamais aller au champ. Ecole primaire à Colli Ahito à Toffo, Collège à Houègbo en 1971, dans la même commune de Toffo, BEPC à Abomey, il se retrouve au Lycée Béhanzin à Porto-Novo où il passe son Bac. Problème, il échoue et doit retenter. Entre-temps, en 1979, un concours de recrutement a été lancé à la douane, niveau CEP. Il postule et réussit. Le Bac, il ne l’aura jamais. Mais il passera plutôt sa Capacité en droit en 1985, équivalent du Bac, une fois déjà dans le corps de la douane. « Cela m’a permis d’obtenir un stage de contrôleur en douane. Ce que j’ai fait avec un retard de 8 ans », dit-il. Avec son statut de contrôleur, il pouvait passer des tests. Il obtient alors en 1999 une bourse marocaine qui lui a permis de faire un stage d’inspecteur de douane à l’Université Hassan II. Nommé inspecteur des douanes (rang de colonel), il finit au sommet du tableau de la fonction publique, A1-12, deux ans avant sa retraite, en 2010. Il est donc parti du bas de l’échelle, préposé, pour atteindre le sommet de la hiérarchie. « J’ai été un vrai sac au dos », confirme le douanier. Mais pour y parvenir, il a fallu se soumettre à une certaine discipline, comme quand il a fallu solliciter un professeur de français pour préparer son stage d’inspecteur en 1997. « Donc je demande aux jeunes de savoir qu’il faut commencer petit pour grandir au lieu de chercher à commencer tout grand », dit-il. Syndicaliste à la douane, il était habitué à la gestion des hommes avant de commencer à s’intéresser à la chose politique en bonne et due forme une fois à la retraite. Candidat aux législatives de 2011, il ne passe pas. Il a fallu 2015 pour que, sous la bannière UB (Union pour le Bénin) de l’honorable Lucien Houngnibo, il puisse enlever un siège. Quand on lui demande les raisons de son engagement politique, il affirme sans détour : c’est Toffo. La localité, il est vrai, est bien enclavé, alors que le député estime qu’elle a de réelles potentialités agricoles. « Alors, confesse-t-il, j’ai pensé qu’il faut ouvrir Toffo. Qu’il faut que je sois quelque part où je puisse porter le problème. Et c’est ce que j’ai fait au parlement. Aujourd’hui Toffo est pris en compte par le PAG et sera désenclavé et j’en suis vraiment fier. »

Intimité: Il faut épargner

L’honorable Marcellin Ahonoukoun est marié, père de six enfants. A table, il préfère la pâte de maïs avec la sauce légume. Mais ce n’est pas un fin gourmet. Opéré par deux fois au niveau de la cage thoracique, il préfère rester très sobre. Il en a tiré une leçon de vie : il vaut mieux épargner pour les périodes de coup dur. Pour garder sa forme, il fréquente régulièrement les cours de tennis. Musique ? Alèkpéhanhou, naturellement, et du matin au soir, comme tout bon connaisseur.

La Rédaction

Honorable Abdel Kader GBADAMASSI, invité de « Sous L’Arbre à Palabres » au siège de L’Évènement Précis: « Nous ne lâcherons rien aux prochaines élections »

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Le Député du parti Bloc Républicain, Abdel-Kader Gbadamassi a été reçu dans la rubrique « Sous l’arbre à palabres » au siège du quotidien L’Evénement Précis, le jeudi 26 septembre 2019. Face à l’équipe de la rédaction du journal, l’invité a abordé plusieurs sujets de l’actualité sociopolitique nationale dont entre autres, le bien-fondé de la réforme du système partisan, les défis de la 8ème législature, ainsi que la crise au sein du parti Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe).

Et si on en parlait

Qu’est-ce que ça fait lorsqu’on est jeune député comme ça, qu’est-ce que l’on ressent ?
Je vais vous dire une chose. Devenir député, pour un homme politique en fait, est l’aboutissement de toute vie de militantisme. « On ne va pas à la politique pour devenir riche ». Si nous n’enlevons pas ça de la tête des gens, ils vont croire que c’est la politique qui vous rend riche. Donc, je ne suis pas du tout ému, moi, d’être devenu député mais très heureux de voir que mon travail et ma persévérance ont fini par payer. J’ai milité pour ça pendant un quart de siècle. J’ai milité dans l’un des partis les plus grands, sinon le plus grand que le Bénin ait connu avant la réforme du système partisan. C’est le Parti du Renouveau Démocratique (PRD). J’ai été fidèle. Fidèle, je l’ai été à tous les niveaux. Malgré que mon père fût co-fondateur du parti, j’ai commencé par le bas de l’échelle et j’ai voulu apprendre les manœuvres, les rouages, tout ce qui se passe dans un parti à la base. Donc, c’est une école et il faut aller à cette école. Je le dis parce que ceux qui pensent qu’ont vient en politique pour s’enrichir se leurrent. C’est un faux problème, un faux calcul et une fausse mentalité.Intégrez un parti politique, c’est se battre, mouiller le maillot et être actif à tous les points de vue pour conquérir le pouvoir d’Etat. Mais ce que je constate malheureusement au Bénin depuis l’avènement de la démocratie n’est autre chose que du nomadisme politique.

Qu’est-ce que vous appelez nomadisme politique ?
Quand vous n’avez pas d’idéal, pas d’ambition ni de vision et que vous y allez parce que vous pensez maîtriser quelques personnes dans votre quartier, dans votre arrondissement ou dans votre département, cela ne fait pas de vous un leader politique. Il s’agit là, d’une prostitution politique. Cinq années en arrière, tu étais avec tel président, mais à la fin de son mandat, tu le traites de tous les noms d’oiseaux et tu le quittes. Et comme l’élu indépendant a besoin de ton soutien il t’accepte. C’est ce qui fait que les gens, depuis plus d’un quart de siècle, sont passés de parti politique en parti politique, de Chef d’Etat en Chef d’Etat. Donc, pour moi, ce ne sont pas des politiques. Tu es politique si et seulement si tu te bats pour que ton parti originel gagne le pouvoir et ensemble avec les membres, les militants et sympathisants de ce parti, vous allez gérer le pouvoir. Vous gérez en ce moment le pouvoir d’Etat. Mais après, c’est sur les résultats que le peuple vous juge car seul le peuple est souverain. S’il juge que cette équipe a honoré ses engagements, le peuple est en droit de lui renouveler sa confiance. Dans le cas échéant, il renouvelle sa confiance à une autre équipe et vous vous retrouvez forcément dans l’opposition. Mais une opposition pure et dure car une opposition constructive n’existe pas. Pourquoi ? Parce que le pouvoir d’Etat s’arrache. L’opposition n’est pas là pour détruire le pays ni pour nuire. Parce que détruire, c’est s’autodétruire. Parce que quand vous détruisez, vous détruisez la nation. Alors que vous vivez dans la nation. Mais par contre l’opposition a le devoir d’apporter des solutions aux problèmes de l’heure parce que le peuple, que vous le vouliez ou pas, est le maître de tout ce que nous faisons.

Vous arrivez à l’Assemblée Nationale à un moment de crise.Qu’est- ce que ça vous fait de venir dans une Assemblée monocolore ?
J’aime bien ce vocable de monocolore mais c’est un manque de sincérité quand nous parlons de monocolore. Monocolore pourquoi ? Il y a un nouveau système et ce nouveau système vous bloque quelque part, vous empêche d’être un transhumant, de ne pas vous vendre. Sans ce système, vous auriez déjà entendu au sein de l’hémicycle, qu’il y a des députés non-inscrits qui ont été élus sous la bannière d’un parti politique mais parce qu’ils n’y trouvent plus leur gain, ou bien parce qu’ils veulent aller ailleurs, désertent leurs partis originels. C’est pourquoi les partis majoritaires au bout de quelque temps deviennent minoritaires. Vous ne construisez rien dans une telle atmosphère.

Oui mais vous soutenez tous Talon !
Je soutiens Talon ne veut pas dire que le parti appartient à Patrice Talon. Mon parti, le Bloc Républicain n’appartient pas à Patrice Talon. Vous savez, au sein de l’hémicycle, ça marche comment ? Il faut une majorité et une minorité. Toujours et partout, c’est comme ça. Mais nous soutenons la vision et le programme d’action du gouvernement. Nous ne soutenons pas l’homme mais plutôt ce qu’il propose au peuple béninois.

Vous parlez de majorité et minorité mais nous on parle d’opposition et de mouvance !
Ce que je vais vous dire, vous ne pouvez pas avoir 300 partis politiques au sein de l’hémicycle et ne pas parler d’opposition. S’il vous plait. Nous venons d’horizons divers avec nos cultures, avec nos idéaux, nos visions. Ce n’est pas facile. C’est ce que nous allons bâtir ensemble pour les générations à venir qui est important pour nous. Je vous le dis, il n’y a aucune fierté à être béninois quand il y a plus de 300 partis politiques pour 12 millions d’habitants. Au même moment, vous avez des Etats du Nord, développé, qui ont 200, 300 millions d’habitants et qui ont à peine trois partis politiques. C’est ce que nous refusons à travers la réforme du système partisan. Nous sommes passés de 300 partis, sinon plus, à une dizaine de partis politiques. Mais, notre souhait et certainement celui du chef de l’Etat, c’est que ces dix partis, d’ici une dizaine années, se retrouvent à cinq et peut-être moins.
Qu’il y ait de grands blocs, gauche, droite et peut-être centre.

Comment appréciez-vous la méthode Vlavonou à la tête du parlement ?
Sa méthode me plait parce qu’il a mis Dieu au cœur de sa gestion. Dieu, c’est ce qui nous manque. Ce n’est pas le politique qui vous parle, mais je suis venu vous parler du fond du cœur. Tout ce que je pose comme acte, Dieu est au cœur. Le politique a besoin du Saint Esprit pour le guider. Le politique a besoin de la présence de Dieu dans toutes les prises de décisions. En tant que spectateur, je connaissais le président Vlavonou. Mais en tant qu’acteur, je le découvre mieux. L’Union Progressiste étant majoritaire, la présidence du bureau de l’Assemblée Nationale leur revenait de droit et ils ont choisi Vlavonou. Mais, je me suis rendu compte qu’il a joué un grand rôle dans l’élaboration de la réforme du système partisan. Il a joué non seulement un grand rôle, mais il maitrise également les textes au niveau de l’Assemblée. Il est très humble, il est resté égal à lui-même et il donne la parole à qui le veut. Donc, moi, ce Président-là me plait. Qu’il soit de l’Union Progressiste ou pas, quand quelqu’un fait bien, il faut avoir le courage de le dire. Il fait du bon travail au sein de l’hémicycle mais nous espérons davantage de lui, plus d’équité et de justice au sein des membres du parlement. Il totalise plus d’une vingtaine d’années d’expérience parlementaire. Ce n’est pas rien en politique.

Quels sont selon vous, les vrais défis de cette 8ème législature ?
J’avoue que nous sommes arrivés à la 8ème législature à un moment où il y avait beaucoup de tensions. Une tension créée par la mise en application du code électoral et de la nouvelle charte des partis politiques. L’application de ces différentes lois pouvait demander d’énormes sacrifices pour les acteurs politiques. Nous au sein du Bloc Républicain, nous avions eu notre lot de problèmes que nous avons corrigés en temps et en heure pour respecter les textes librement consentis.Après tout ceci, notre défi est de vraiment contrôler les actions du gouvernement, de voter des lois qui améliorent le quotidien de nos populations et de préserver les acquis démocratiques.

Vous êtes membre du Bloc Républicain, comment se porte le parti ?
Le parti se porte très bien. Je ne suis pas socialiste, je suis de droite et le monde évolue. Vous venez à l’heure, vous prenez le train mais si vous êtes en retard, le train ne vous attend pas. Le Bénin doit aller de l’avant. Notre parti se porte à merveille avec à sa tête un secrétaire général national en la personne du Ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané, un 1er secrétaire général adjoint le Ministre Jean Michel Abimbola et un 2ème secrétaire général Général Robert Gbian. Contrairement à une coordination à trois, l’organigramme du bureau a été revu.Il est donc normal que le Ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané conduise les affaires courantes du parti jusqu’au prochain congrès avec un Bureau Exécutif National de 17 membres congrès. Tout va bien au Bloc Républicain. On se prépare pour les universités de vacances et l’installation des structures décentralisées du parti.

Avez-vous l’impression que la pratique du militantisme est vraiment ancrée au sein du Bloc Républicain ?
C’est un bébé qui est né et s’il commence par parler dès sa naissance, vous aurez peur. Tout n’est pas parfait et nous travaillons pour le rendre parfait. C’est un parti qui n’appartient plus à un individu. C’est un parti national et on a banni le régionalisme au sein du Bloc Républicain

Mais il y a eu plusieurs candidatures du Bloc Républicain au Cos Lépi ?
C’est un droit le plus absolu pour toute personne de se déclarer candidat. C’est la démocratie et c’est le jeu politique. Si c’était dans l’ancien système, étant donné que c’est à un individu qu’appartient le parti, il allait donner des instructions. Nous avons laissé chacun membre du BR désigné au sein du COS LEPI se porter candidat mais cela ne signifie pas qu’il a mésentente. C’est de bonne guerre. La vie continue.

D’aucuns parlent d’une guerre froide entre le Bloc Républicain et l’Union Progressiste. Que répondez-vous ?
On a lu et entendu sur les réseaux sociaux que les deux partis sont amis et qu’on allait s’entendre pour les élections. Mais, vous avez constaté avec le temps que ce n’était pas vrai. Nous sommes des adversaires politiques et non des ennemis.

Vous vous êtes battus contre qui, dans votre circonscription électorale ?
Il y avait Délonys Kogblevi, Sèdami Fagla Medegan , Dr Badirou Aguemon et Robert Cakpo.

Vous êtes-vous sentis dans une adversité comme auparavant ?
C’était plus dur. Nous avons vécu beaucoup de choses sur le terrain, et c’est parce que nous avons été naïf. Cela nous a joué des tours. Au début, nous pensions que nous étions des frères siamois, mais ils nous ont vite rappelés à l’ordre. Nous avons dépensé plus que l’UP. Auparavant, je connaissais mes adversaires, mais cette fois-ci, j’ai baissé ma garde. Nous avons été naïfs et ça ne se répètera plus. Nous ne laisserons rien aux membres de l’UP ni aux autres partis pour les élections à venir. Nous avons un candidat pour 2021. Nous avons près de 7.000 membres fondateurs. Pourquoi voulez-vous que les partis politiques soutiennent chaque fois des candidats indépendants ? Nous avons de la matière au sein du parti. En son temps, nous allons désigner le candidat suite au primaire que nous allons soutenir afin qu’il remporte les élections. Je respecte l’UP où il y a tous les anciens ténors. Ils sont plus expérimentés et plus vigilants. Dès les premiers jours de la campagne pour les législatives, l’UP nous a montré qu’il était venu pour nous écraser en prenant les quatre sièges dans la 15ème circonscription. Nous sommes des adversaires politiques comme je l’avais dit, même si nous soutenons tous les actions du Chef de l’Etat, Patrice Talon.

Nous avons vu l’entrée de Jean Michel Abimbola dans le gouvernement !
Ce que nous avons constaté n’est que l’émanation de la volonté des militants à la base. Il y a des députés qui trouvent qu’il n’y a pas de parité entre les deux blocs, même si nous soutenons tous deux les actions du Chef de l’Etat. Il était alors temps que nous demandions au Chef de l’État de rééquilibrer un peu la balance. Ce que nous voulions, nous l’avons obtenu même si ce n’est pas au même nombre. Nous avons voulu qu’on augmente le nombre de postes ministériels au sein du Gouvernement. Nous étions à 5 ou 6 ministres et maintenant nous passons à 10. Nous disons merci à son Excellence le Président de la République Patrice. C’est une manière pour lui aussi de nous démontrer qu’il n’est pas avec un parti contre un autre. L’essentiel, ce sont les résultats. C’est de porter le plus loin possible ses idéaux et ses actions. Donc c’est de bonne guerre, mais attention ! Ce n’est pas le nombre de ministres dans un gouvernement qui vous fait gagner une élection.

Comment le parti Bloc Républicain se prépare-t-il pour rafler le plus grand nombre de communes ?
Ce qui est urgent pour nous, c’est l’organigramme du parti. D’abord, la première chose, c’est l’université de vacances, parce que nous savons qu’il y a une autre élection. Nous y pensons, mais ce n’est pas le plus urgent. Quand nous allons mettre en place tous les outils, vous aurez les résultats. Donc, l’université de vacances nous permettra d’échanger, parce que nous ne nous connaissons pas tous car nous venons d’horizons divers. Ce sera l’occasion de faire le bilan. D’ailleurs, ça nous aidera à mieux resserrer les rangs. Après l’université de vacances, nous allons commencer par installer les structures prévues par les textes. Nous allons étonner les gens. Nous n’allons rien laisser. C’est-à-dire que nous allons nous battre, mouiller le maillot et au niveau du Bloc Républicain, nous sommes en train d’éduquer ou de reformater l’esprit de nos militants. Si tu es militant dans un parti, que tu sois pauvre ou plus au-delà du pauvre, tu peux émerger. Donc, nous essayons de leur expliquer comment être un militant moderne, discipliné, actif, loyal, respectueux des textes et de l’Autorité sans forcément attendre des billets de banque que les hommes politiques viennent donner pour acheter vos consciences. Le jour où nous allons transcender cela, le Bloc Républicain deviendra le premier parti politique du Bénin.

Que pensez-vous de la crise qui prévaut actuellement au sein du parti Fcbe au sujet de la délivrance du récépissé à ce parti ?
D’abord, leur problème à eux, c’est qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent. Vous ne pouvez pas vous battre, crier, aller salir même le Bénin à l’extérieur pour ce certificat de conformité et maintenant que vous l’avez eu, vous dites que vous n’en voulez plus. Vous ne pouvez pas vouloir d’une chose et son contraire. Maintenant qui sont ceux qui se battent ? Qui sont ceux qui ne veulent pas de ça ? Ce n’est que quelques personnes. Moi j’en appelle à la sagesse des dirigeants de ce parti. Je demande à ces dirigeants de descendre dans l’arène et de prendre les avis de leurs militants à la base. Ils seront surpris d’entendre que militants à l’unanimité veulent de ce certificat pour aller aux élections. Ce ne sont pas les responsables qui font un parti mais leurs militants à la base. Pour des intérêts égoïstes et inavoués ces quelques responsables ne doivent pas laisser disparaître le parti FCBE. Je félicite les responsables tels que Paul Hounkpè, Théophile Yarouet Issifou Amadou pour avoir sauvé ce grand parti. Je n’en dirai pas plus car c’est un problème interne au parti FCBE.

Mais il y a certains qui soupçonnent le pouvoir d’être derrière cette division au sein des Fcbe. Qu’en dites-vous ?
Ce sont des inepties. Toutes les fois qu’on cherche un bouc émissaire pour un problème interne, c’est le nom du Chef de l’Etat qu’on appelle or la réalité se trouve ailleurs.

N’est-ce pas Talon qui veut diviser pour régner ?
Diviser pour régner pourquoi ? Il règne déjà! Qu’on arrête de voir le mal partout. On colle au Chef de l’Etat des choses que l’homme même n’y a pas pensé. Tout ce qu’on dit là, c’est des « si ». Les gars ont crié, ils se sont battus à cause de ce certificat.Maintenant, qu’ils l’ont eu, au lieu de dire merci à Dieu, ils disent encore que la main de Talon est dedans pour diviser. Il y a division parce que les responsables ne sont pas descendus dans l’arène. Le jour où ils vont s’imprégner des réelles aspirations des militants à la base, ils n’auront plus de problème, parce que c’est le militant qui détient le pouvoir.

Ne craignez-vous pas leur retour en force pour les élections à venir ?
Qu’ils reviennent ! C’est normal. On est en politique. Que chacun mette son arsenal en place, que chacun se batte. Qu’ils reviennent. Ne sont-ils pas des Béninois ? On a besoin de tout le monde pour bâtir cette nation. C’est normal qu’il y ait des mouvanciers et des opposants. Savez-vous pourquoi l’opposition n’est pas allée aux législatives ? Ils ne se sont pas pris à temps. Ils ne se sont pas pris au sérieux. Voilà maintenant la preuve. Ce n’est pas entre deux partis qu’il y a la crise. C’est en leur propre sein qu’il y a déjà deux camps.

Finalement avec la crise économique, la faim aujourd’hui, le bras de fer avec l’opposition, à quand le desserrage des ceintures ?
(Rire) Le Bénin est formidable. Je vais vous dire une chose. Après le départ du Président Talon, nous allons l’applaudir pour tout ce qu’il a fait pour notre pays. J’invite les béninois à la patience car le chantier est vaste.

Mais ça c’est la faute à Talon qui a serré partout, même les petites choses que vous trouvez de temps à autres….
Talon n’a rien fait. Talon fait qu’aujourd’hui toutes les institutions de Bretton Woods nous sont ouvertes. Ai-je menti ? Tout est au vert grâce au chef de l’Etat. Le Président Patrice Talon fait un travail formidable. Je suis d’accord que c’est difficile. Je suis d’accord que les béninois ne sont pas habitués aux réformes et d’ailleurs toute réforme partout dans le monde s’oppose à des résistances. Mais il faut passer par là avant le réel développement. Vous ne pouvez pas bâtir une nation qui est décimée depuis plus de cinquante ans en quatre ou cinq ans. Nous souffrons depuis l’indépendance. Quand vous prenez certains pays de l’Asie du Sud-Est, comme Taiwan et autres, ils étaient au même niveau que nous au moment de l’indépendance. Mais grâce aux réformes, ce sont des pays en plein essor.

Est-ce qu’aujourd’hui dans Akpakpa, Talon a tenu promesse ?
D’abord, il n’y a plus une voie aujourd’hui au niveau d’Akpakpa qui ne soit pas en chantier. Il y a un projet de 33 marchés à construire et 22 à rénover. L’électrification, même si ce n’est pas de l’électricité conventionnelle, vous avez des panneaux solaires qui permettent d’avoir certaines voies éclairées aujourd’hui. Les voies sont plus propres. Vous voyez la police municipale est un peu partout. La police républicaine faire un travail sécuritaire formidable. Le Bénin est en marche. Le Président Talon, est celui qu’il faut pour bâtir une nation prospère profitable pour nous et à la postérité.

Fermeture des frontières entre le Bénin et le Nigéria, l’économie béninoise en souffre
C’est un problème d’ordre général. Pour cette fermeture de frontière Bénin-Nigéria j’invite les uns et les autres au calme, à la patience et à la sérénité. Parce que ce problème est devenu la priorité des priorités pour le Chef de l’Etat et pour toute la diplomatie béninoise. Et nous allons beaucoup prier pour que dans les jours et les semaines à venir ce problème soit définitivement résolu. Mais en tant que politique et en tant que béninois, cette fermeture que je trouve injuste m’interpelle et m’amène à me poser beaucoup de questions. Sommes-nous réellement économiquement libres et indépendants vis-à-vis du géant de l’Est ? Alors face à cette question, nous proposons une assise des filles et fils de ce pays pour débattre autour de cette situation et de trouver les voies et moyens pour ne plus subir de tels préjudices à l’avenir.Nous nous devons également travailler. Si on avait l’habitude de travailler deux fois, il va falloir travailler maintenant peut être dix fois. Mais l’Exécutif met tout en œuvre pour décanter cette situation. Nous parlementaires jouerons également notre partition.

Mais les gens disent que c’est à cause de Talon que cela a été fermé, que c’est le PVI qui est à la base…
J’ai trop de respect pour votre corporation. Si vous invitez un député, un élu du peuple, ne lui dites plus, « ils ont dit », qui a dit ça ? Avez-vous les preuves de qui a dit ça ? Mais si vous n’avez pas ces preuves, je vous répète encore que c’est des supputations. PVI vient chercher quoi avec la fermeture de la frontière entre le Bénin et le Nigéria ? C’est toujours le PVI qui a occasionné la fermeture des frontières Niger- Nigéria et Cameroun-Nigéria. Que les gens arrêtent l’intoxication. Donc ce n’est pas un problème lié au Bénin seul.

Où est ce que vous avez jeté votre veste arc-en-ciel ?
Ma veste arc-en-ciel, je ne peux jamais jeter cette veste-là.

C’est la veste que vous avez portée de naissance
Je l’ai rangée. Je l’ai rangée pour plusieurs raisons. Je suis PRD dans l’âme. C’est le plus important. Et je m’entends très bien avec le leader charismatique du parti, le Président Adrien Houngbédji, il est mon père comme je l’ai dit et je continuerai de le dire. Vous n’entendrez jamais l’honorable Gbadamassi dire du mal de lui parce que le béninois est souvent amnésique. On oublie très vite. A César ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu. Grâce à Houngbédji il n’y a pas eu effusion de sang en 2011. Même pour l’installation des députés à l’Assemblée nationale.

Pourquoi avez-vous quitté Prd?
Ecoutez, ce n’est pas parce que vos parents ont une société familiale que vous allez forcement travailler dedans. J’ai ma destinée que j’ai prise en main. Et je pense que la réforme du système partisan, l’un des tous premiers à l’avoir annoncée à l’université de vacance, c’est le Président Adrien Houngbédji.

Et pourquoi ne pas rester avec lui ?
D’abord, je vous apprends que suis toujours avec lui. Le fait d’avoir quitté le parti ne veut pas dire que j’ai quitté mon père. Après un quart de siècle en politique lorsque votre conviction ne cadre plus avec l’idéologie, les valeurs qui vont ont amenées à militer pendant bien des années, il est normal que vous changez de cap. Quand une porte se ferme, il y a forcément une autre qui s’ouvre.

On vous connait comme l’un de ceux qui appelaient à des réformes au sein du parti et ne l’ayant pas obtenu, vous avez décidé de fermer la page.

Je suis parti du Prd depuis 2016. Je suis même parti avant les élections de 2016 où j’ai fait ma déclaration publique de soutenir le candidat Patrice Talon parce que son projet de société me plaisait et continue de me plaire. Et je sais que c’est un projet qui sera bénéfique à long terme pour le peuple béninois. Donc je n’ai fait que ranger ma veste. Je souhaite bon vent au Président Adrien Houngbédji et à son parti le Prd. Mais je vous dis une chose : je n’irai jamais tromper le Prd. Je ne dirai pas du mal du Prd, parce que je ne pense aucun mal du Prd et je m’entends très bien avec le président Adrien Houngbédji pour tout ce qu’il a fait et ce qu’il m’a appris. C’est un homme qui a beaucoup apporté aux béninois.

Carte d’identité : Un rêve de modèle

Le député Abdel Kader Gbadamassi est le fils cadet de Moucharafou Gbadamassi, co-fondateur du Parti du renouveau démocratique (Prd), ancien Procureur général du Bénin, ancien Président des Dragons de l’Ouémé et ancien Président de la Fédération Béninoise de Football. Deuxième d’une lignée de cinq enfants, il est né en 1971. Après son Cep, il entre au Collège de Dassa-Zoumè en 1981. Ensuite en 1982, il s’envole pour la France pour poursuivre ses études. Après son échec au Bac série G3, il s’est inscrit dans une école privée de Commerce international où il obtient après deux années d’études son Brevet de technicien supérieur en commerce international. Après la naissance de son premier fils, il décide de rentrer au bercail en novembre 1993 et il adhère au parti PRD le 7 décembre de la même année. Il travaille pendant quelques années avec son feu père au collège Victor Ballot de Porto Novo pour se mettre par la suite à son propre compte. Actuellement, en plus de sa passion pour la politique, l’homme est un opérateur économique.
Abdel Kader Gbadamassi a été élu deux fois sur la liste du Prd en tant que Conseiller municipal et élu député sur la liste du Bloc Républicain dans la 15ème circonscription électorale au scrutin d’avril dernier. Il espère de par sa position, être un exemple pour tous ceux et celles qui veulent embrasser la carrière politique « Un député doit être un exemple. »

Intimité: Ancien footballeur professionnel

Marié et père de 5 enfants, le député est musulman de naissance, même s’il affiche une foi plutôt chrétienne. A table, il aime manger tout ce qui est purement africain. En termes de boisson, il ne prend que de l’eau. Ses sports préférés sont le tennis et le football. Si vous voulez être son ami, soyez simplement humble. Ce qu’il admire avant tout chez l’homme, c’est l’humilité.

La REDACTION

Honorable Eustache Akpovi, invité de « Sous L’arbre A Palabres » au siège de L’Événement Précis: « Avec Talon, il y a des changements positifs pour un avenir meilleur »

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Le député Eustache Akpovi est le 129e invité de la rubrique « Sous l’arbre à palabres » de L’Evénement Précis. De retour au Parlement 12 années après y avoir siégé et occupé le poste de vice-président de l’Assemblée nationale, Eustache Akpovi a échangé avec les journalistes sur plusieurs sujets de l’actualité nationale, en commençant par les 100 premiers jours de la 8e législature. Le député s’est prononcé sur les dernières législatives et les violences qu’elles ont entraînées. Il s’est aussi exprimé sur les activités du Parlement, notamment sur l’élection des membres du Cos Lépi. La gouvernance de Patrice Talon était aussi au nombre des sujets abordés à travers la lutte contre la corruption, la formation du dernier gouvernement. Les démêlés de certains membres de l’opposition avec la justice, de même que la fermeture des frontières, un sujet brûlant de l’heure, ont été évoqués au cours des échanges.

Et si on en parlait

Quel a été votre sentiment en revenant à l’hémicycle après plus de dix ans d’absence ?
C’est un sentiment de joie qui m’a vraiment animé en posant les premiers pas de nouveau à l’Assemblée nationale. Ça fait pratiquement douze ans que j’ai cessé d’aller au Parlement et par la force des choses, j’ai opéré un retour à l’hémicycle. J’ai été très heureux de retrouver des amis qui sont restés députés depuis ce temps jusqu’aujourd’hui. J’ai été également content de retrouver des agents parlementaires avec qui nous avons beaucoup collaboré quand j’étais 2ème Vice-président de l’Assemblée. Des événements nous avaient mis ensemble, ce qui a fait que j’ai fait une sorte de réminiscence en revisitant notre passé.

Depuis lors, qu’avez-vous fait de majeur dans l’activité parlementaire ?
Dès que nous avons repris, nous avons procédé d’abord à la mise en place du bureau de l’Assemblée Nationale. Comme vous le savez, c’est des intrigues politiques qu’il faut vivre. C’est un événement majeur et a priori, d’aucuns pensaient qu’on allait choisir un président forcément originaire du septentrion. Mais la politique étant ce qu’elle est, nous sommes arrivés à élire un président qui est du Sud, de l’Ouémé plus précisément. En dehors de cet événement majeur que constitue la mise en place du bureau de l’Assemblée Nationale, nous avons procédé à la ratification de certains accords, nous avions désigné certains membres de la HAAC et dernièrement, nous avons désigné les membres du Conseil d’orientation et de supervision de la Lépi (Cos Lépi).

Évidement à ce niveau, on ne vous a pas vu ; pourquoi n’êtes-vous pas parmi les membres du Cos Lépi ?
Vous savez, j’ai déjà vécu ce que c’est que l’Assemblée Nationale. J’ai vu beaucoup de choses et je reste purement politique. Je respecte les consignes du parti. Lorsque vous êtes dans un parti politique, il faut respecter les consignes. Si vous êtes vraiment partisan, respectez les consignes pour ne pas présenter une mauvaise image devant tout le monde. Aussi, tout le monde ne peut pas être responsable. Le parti a voulu que certaines personnes aillent le représenter au sein du Cos Lépi, il va de soi que nous fassions l’effort pour que ce soit effectivement ces personnes-là.

Entre votre expérience passée et ce que vous vivez maintenant, quelle est la différence ?
Nous étions beaucoup plus expérimentés. L’expérience que nous avions faite est beaucoup plus grande que ce que nous faisons aujourd’hui. D’abord parce qu’il y a assez de députés inexpérimentés. Beaucoup ont assez d’ambition mais ils ne sont pas préparés pour ces ambitions ; ils ne sont pas préparés pour ces ambitions mais veulent occuper des postes de responsabilité importante. En tant qu’ancien député et ancien vice-président de l’Assemblée Nationale, j’ai eu l’expérience et c’est ça qui me permet de ne pas m’agiter comme certains. Ils sont en train de faire leurs expériences et ils auront le temps de s’assagir aussi.

On entend dire que cette 8ème législature procédera à la révision de la Constitution, vous le confirmez ?
La conception que j’ai de la Constitution est que toute Constitution est faite pour être revisitée. Même dans les plus grandes démocraties, on revoie toujours la Constitution. Dans notre pays, nous avons cette appréhension que les gens vont réviser la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Ce qui n’est pas vrai. Chaque fois qu’on soulève la question, les Béninois ont peur. Je voudrais simplement vous dire que faire la politique c’est avoir de l’audace. Si vous n’avez pas l’audace, vous ne pourrez rien construire. Ce n’est pas parce que la population ou la plupart des Béninois ont une appréhension de la révision que nous n’allons pas, à un moment donné, prendre cette décision. Le développement du pays dépend du toilettage positif que nous allons faire de la Constitution. Selon moi, réviser la Constitution est une chose normale. Mais quelles seront les conditions dans lesquelles la Constitution sera révisée ? C’est la grande question. Et quelles seront les réponses que les politiques auront à donner à ces lacunes que nous avons constatées aujourd’hui au niveau de la Constitution ? Donc, c’est après avoir obtenu une certaine appréciation de tous ces éléments que nous pourrons dire que la 8ème législature pourra réviser la Constitution ou pas.

Il est vrai que vous êtes encore en début de législature mais est-ce que cette révision va intervenir avant la fin de cette année ?
Sachez une chose, on ne peut pas faire de révision de la Constitution lors de ce quinquennat du président Talon. Pour moi, il n’y aura pas de révision. C’est-à-dire que cette 8ème législature peut procéder à la révision de la Constitution, mais pas avant la fin de ce quinquennat.

Trois mois déjà dans la nouvelle législature, est-ce que vous êtes resté en contact avec vos militants à la base ?
Aujourd’hui, les médias sont beaucoup plus développés. Si vous suivez bien à travers les médias, vous constaterez que moi, je ne m’agite pas. Je ne crie pas sur les antennes, je ne fais pas du bruit et c’est ça qui m’a même permis de réussir. Je pose des actes dans ma circonscription électorale, particulièrement dans la commune de Savalou. Je fais comme je peux. J’ai fait construire des salles de classe dans les collèges de la commune avant les élections. Après les élections, au lieu de prendre l’argent pour aller faire des remerciements, jouer de la musique ou faire la fête avec les populations, j’ai préféré continuer dans la même lancée qui est de construire des salles de classe dans un autre CEG de la commune. Notre objectif est de construire dans chacun des collèges de la commune, un module de trois classes puisque c’est ce qui manque de façon criarde dans cette commune. Politiquement aussi, sur le terrain, nous avons l’habitude de prendre langue avec nos militants, dans le but de leur expliquer ce que nous sommes allés voir à l’Assemblée, comment le débat politique se fait. Nous avons repris ce contact, quitte à bien parler avec la base et lui montrer que dans quelques mois, nous serons encore dans les tranchées électorales où le débat politique va s’enflammer. A ce niveau, c’est une élection de proximité, les combats seront beaucoup plus durs, surtout que les acteurs politiques que nous sommes, seront dans un cadre politique plus restreint, de l’arrondissement au quartier de ville puis au niveau de nos communes. Par conséquent, nous gardons le contact avec la base pour permettre à nos militants de mieux s’organiser afin que nous soyons victorieux une seconde fois dans la commune de Savalou.

Votre parti le Bloc républicain a procédé il y a quelques jours à la restructuration de son bureau en confiant les rênes au président Abdoulaye Bio Tchané. Pourquoi cette restructuration ?
Nous avons opéré cette restructuration parce que c’était nécessaire. Lorsque vous confiez la responsabilité d’une chose à trois personnes, voyez vous-même ce que ça peut donner. Un parti dirigé par trois personnes et un parti dirigé par une seule personne, vous imaginez déjà les résultats. Donc, pour avoir plus de visibilité dans la gestion, il va de soi que le bureau du parti soit restructuré.

Vous auriez pu attendre le congrès du parti pour faire cette restructuration
Dans nos textes, il est dit que le bureau politique a la responsabilité et le devoir, la prérogative même je dirai, de l’organisation. Le bureau directeur a la latitude, selon les textes, de s’organiser, de se restructurer. Alors, ce qui est fait, est conforme aux textes du parti.

Vu votre parcours politique, pour avoir été 2ème Vice-président de l’Assemblée nationale, puis président de votre parti avant d’être membre fondateur du Bloc républicain, comment vivez-vous le fait que les partis de l’opposition n’aient toujours pas d’existence légale ?
Ce n’est pas l’opposition dans son entièreté, mais une partie de l’opposition. Je le dis parce que la DUD de Houdé dit qu’elle est de la mouvance à priori, mais pose des actes ou fait des déclarations qui ressemblent à ceux de l’opposition.

Comment et pourquoi certains partis n’ont pas reçu le certificat de conformité à ce jour ?
Moi je parle en termes de mise en application des textes qui ont été votés. Certains disent que c’est une élection au cours de laquelle l’opposition a été exclue. Je n’ai pas eu la chance de m’exprimer sur cette question, sinon j’aurais fait part de mon appréciation. L’opposition n’a pas été exclue. Je ne peux pas être député, participer au vote d’une loi (81 députés ont voté la charte des partis politiques, 74 députés sur 83 ont voté le code électoral), et dire après que j’ai été exclu. Si nous arrivons à voter ces lois, cela veut dire que nous avons une idée des formalités exigées par elles. Par conséquent, on ne peut plus me dire qu’on a des difficultés pour faire ces formalités qui ont été énoncées dans ces différentes lois votées. Ils se sont exclus eux-mêmes. Dès les négociations pour voter ces lois, ils devraient déjà comprendre qu’ils seraient contraints à de sérieuses difficultés pour faire les formalités. Ils ont voté et la loi doit être appliquée. Même si on doit revoir les choses, comme ils le disent, chacun doit pouvoir jouer sa partition. Il s’agissait d’ouvrir la Constitution pour qu’on puisse y faire des aménagements qui vont permettre une certaine refonte concernant les législatives. L’opposition ne veut pas prendre la responsabilité de dire au peuple que la révision de la Constitution, ne serait-ce qu’à ce seul niveau, est une nécessité et qu’elle l’approuve et la porte. Ils veulent que ceux de la mouvance prennent cette responsabilité pour se faire griller par la population, à leur profit. Ils se sont exclus eux-mêmes. Je suis formel, ils n’ont pas été exclus et je l’ai toujours dit dans mon environnement. Si j’étais à leur place, j’aurais pris mes dispositions depuis le vote des lois. On ne peut pas imaginer que sur 83 députés, 81 ont voté une loi et quelques mois plus tard, une bonne partie de ces députés décide de renoncer à ces lois.

Mais Fcbe, Restaurer l’espoir et Usl n’ont pas obtenu leur certificat de conformité
Les Fcbe par exemple savent ce qu’ils doivent faire pour obtenir leur certificat de conformité. Dans ce pays, on a toujours dit que celui qui a des démêlées avec la justice ne peut pas aller aux élections. Le législateur qui a fait la loi a aussi, en dehors de ce que nous lisons, donné une interprétation de la loi. La loi est ce qu’elle est et son interprétation l’est aussi. Quelqu’un qui a fui ce pays parce qu’on l’interpelle pour qu’il vienne se justifier sur la gestion d’une affaire d’Etat, ne doit plus être dirigeant d’un parti politique. Qu’est-ce que ça leur coûte de mettre de côté ces gens et de faire les formalités ? Ceux qui sont à l’extérieur veulent juste les utiliser comme boucliers humains. C’est à eux de prendre leur destin politique en mains. Même si ce sont ces gens qui ont l’habitude de financer les activités politiques, ceux qui sont sur le territoire et qui ont la légitimité de pouvoir organiser les activités politiques, doivent pouvoir prendre leurs responsabilités.

Ils estiment qu’il n’appartient pas au ministère de l’Intérieur de fixer les membres de leur bureau
Le ministère de l’Intérieur ne peut pas fixer les membres de leur bureau mais a l’obligation de regarder la finalité des formalités entrant dans le cadre de la constitution de leur parti politique. C’est dans ce cadre que le ministère a eu l’esprit de leur dire que ceux qui ont eu des difficultés avec la justice ne peuvent pas figurer dans leurs documents. Est-ce des immortels et sont-ils irremplaçables ? Je ne crois pas. C’est à ce niveau que vous devez constater que la logique de l’opposition n’était pas d’aller aux élections, puisqu’elle connaissait déjà leur issue. Ceux de l’opposition savaient qu‘ils n’allaient pas gagner ces élections. Les comportements que j’ai notés ne montrent pas qu’ils étaient dans une logique d’aller aux élections. Dans quelques mois, il y aura les municipales. Il est important que l’opposition puisse se réorganiser en mettant de côté ceux qui ont des difficultés avec la justice. De dehors, ils peuvent continuer à financer ces partis politiques pour les rendre forts et leur baliser le terrain pour leur retour. Mais s’ils estiment qu’ils doivent figurer encore en lettres d’or dans la conscience de ces partis politiques, ça ne sera pas possible. Sans le certificat de conformité, ils ne pourront pas aller aux élections.

Face à une telle situation, ne craignez-vous pas une résurgence de la violence ?
Nous avons vu les gens faire de la violence dans Cotonou et dans beaucoup d’autres villes. Mais, ce que j’ai vu après les élections, dans la ville de Cotonou, c’est que personne n’a le monopole de la violence. On ne peut pas dire qu’une seule personne est violente. Nous réfléchissons au développement de notre pays et c’est ce qui explique pourquoi tout le monde ne rentre pas dans ce réseau de violence. Sinon, on sait comment ça se passe. Nous allons demander à l’Etat d’être à présent ferme. On ne peut plus permettre à certains individus de fouler aux pieds les lois de la République. L’Etat doit prendre ses responsabilités à tous égards. C’est parce que les responsables de la sécurité et les autorités au haut niveau n’ont pas voulu utiliser la violence légitime à temps, qu’il y avait eu ce qu’on a tous constaté.

Pensez-vous que les morts qu’on a enregistrés étaient légitimes ?
On ne fait pas d’omelette sans casser les œufs. Ceux qui ont organisé ces émeutes doivent comprendre que la réplique entraine toujours des casses, dans tous les pays du monde. Chez nous, je dirai qu’on a paré au plus pressé pour qu’il n’y ait pas trop de dégâts et de morts. On a connu malheureusement 5 morts. Ceux qui ont organisé ces émeutes doivent savoir que ça peut aller loin et je ne trouve même pas une faute à l’administration publique.

Vous parlez comme si les émeutes n’étaient pas spontanées
Les informations que nous avons nous démontrent que ces émeutes ont été savamment organisées. La preuve, ceux qui ont été arrêtés ont pris le temps de tracer l’itinéraire de l’organisation de ces émeutes. Les acteurs principaux de ces émeutes ont été indexés. Lorsqu’on donne de l’argent et qu’on drogue des jeunes pour faire de la violence, vous imaginez ce que ça peut donner. N’eût été l’intervention énergique de l’armée, à un moment donné, les gens auraient brûlé la présidence de la République, brûlé le Parquet et tous les ministères. D’ailleurs, on a vu qu’ils ont commencé par mettre le feu au ministère de la Fonction publique. Est-ce que ce sont des comportements qui peuvent entrer dans le cadre de la construction d’une République ?

Mais pour les élections à venir, nous risquons d’avoir les communales sans l’opposition
L’opposition peut aller aux élections si elle le veut. Pourquoi veulent-ils, par exemple, que Djènontin fasse à nouveau partie des cadres du parti Fcbe ? N’y a-t-il pas d’autres personnes dans ce parti avec les mêmes capacités intellectuelles et physiques que Djènontin ? Cela voudra simplement dire que les décideurs politiques ne pensent pas aux autres leaders de ce parti politique. Ils ne se rendent pas encore compte du danger qui les guette. Et ce danger, c’est de s’exclure continuellement de tous les jeux politiques. Ce n’est pas intelligent de leur part. Qu’est-ce qui empêche Candide Azannai de se mettre à jour, d’aller aux élections, de se présenter comme candidat de Cotonou pour démontrer sa capacité de mobilisation des masses, gagner les élections communales et attendre les présidentielles ?

Mais il dit que son certificat de conformité a été confisqué
Il n’a pas fait les formalités. Si c’était le cas, il irait aux élections

Donc l’opposition joue mal ?
Oui. A leur place, je ne fonctionnerais jamais comme ça. L’Udbn, Dud ont eu leurs documents. Personne ne peut empêcher Fcbe d’avoir son certificat de conformité.

Un porte-parole des Fcbe a dit que vous avez peur de leur popularité
Le département des Collines était le fief des Fcbe. J’ai dirigé les élections de 2016 à Savalou. Moi je les ai battus dans des arrondissements Manhi dès le départ, c’est-à-dire qu’au premier tour, je les ai battus dans beaucoup d’arrondissements. J’aurai peur de qui ? Quand ils étaient tout puissants, ministre des Finances présent sur le terrain, je les ai battus dans certains arrondissements. J’ai dirigé la campagne pour le candidat Patrice Talon et j’ai gagné dans des arrondissements déjà dès le premier tour. C’est maintenant qu’ils ne sont plus au pouvoir qu’ils vont me battre ? Je pense que celui qui a parlé n’a pas la maîtrise de tous les terrains politiques.

Que faire pour que le pouvoir puisse associer l’opposition pour les prochaines élections ?
Il n’y a pas d’autre voie de dialogue que le respect des textes. Nous votons les lois pour les respecter. Je ne fais pas preuve de rigorisme ; je dis tout simplement qu’il faut respecter les lois.

Mais le professeur Joël Aivo, par exemple, dit que c’est des lois-drones destinées à exclure des gens. Qu’en pensez-vous ?
Quand certaines personnes disent certaines choses ça me fait rire. Le professeur Aivo, il sait à quoi il joue. C’est un acteur public. C’est un grand professeur d’université et sa parole ne peut pas tomber dans les oreilles de sourd. Il fait partie de l’élite du pays et quand il parle, les gens l’écoutent. D’une manière ou d’une autre, il a une position politique dans le pays. Il a sa vision de la politique, une idée de ce qui s’y fait politiquement. Donc, il émet ses idées à des moments donnés pour montrer son camp politique. J’estime qu’il travaille pour l’opposition et il est en droit de raisonner de la sorte.

Qu’a fait le gouvernement de bien à Savalou ?
A l’heure où nous sommes, la route inter-Etats Savalou-Dassa-Djougou est en pleine construction.

Ça c’est une œuvre de Boni Yayi !
Quel Boni Yayi ? Vous pouvez avoir le projet, mais si vous n’arrivez pas à mobiliser les fonds pour son exécution, on ne peut pas dire que c’est vous qui l’avez fait. C’est la recherche de financement qui est le gros lot du problème. Donc, nous devons louer ce gouvernement qui est en train de faire des efforts pour mettre en exécution beaucoup de projets.

Et en dehors de ça ?
En dehors de ça, à Savalou, l’Etat est en train de faire construire un stade moderne qui va regrouper pratiquement tous les sports. C’est une construction totalement moderne.

Mais les populations continuent de serrer les ceintures, n’est-ce pas ?
Dans ce pays depuis 1959 que nous avons commencé par parler de Parlement et autres, où la politique est devenue la chose des populations, on n’a jamais vu un président de la République qui s’est occupé de ses citoyens à titre individuel, de maison en maison. C’est toujours ce que les gens font qui détermine leur existence. C’est toujours les activités que les gens mènent qui déterminent leur existence. Il est bien vrai que la gestion politique de l’Etat donne des orientations au développement du pays, et cela affecte aussi les activités quotidiennes des populations. Aujourd’hui, vous devez constater avec moi que les différentes gestions antérieures de notre Etat ont démontré qu’il y a eu trop de laisser-aller dans ce pays. C’est ce qui a consacré la nécessité de ces différentes réformes qui sont d’ailleurs un peu plus dures pour nous aujourd’hui.

Est-ce que le problème d’eau a été réglé à Savalou ?
Il y a un projet d’adduction d’eau qui englobe les communes de Savalou et Bantè. Ça, c’est un projet d’envergure. Avant ça, le gouvernement avait initié, par exemple, dans la commune de Savalou, la construction de 15 forages à haut débit pour renforcer le système de la Soneb. Les études ont été faites et les travaux liés aux forages ont été faits, les forages ont été identifiés. Maintenant nous sommes dans la phase de construction des différentes canalisations et la connexion au réseau de la Soneb. Là, ça va renforcer le débit et permettre aux populations de Savalou, au moins en réseau urbain, d’avoir de l’eau 24h/24 et sur toute une année.

Savalou faisait face à un immense déficit d’eau
Oui, puisque c’était même la promesse la plus forte du candidat Patrice Talon lors des campagnes. Il a été clair, il a dit : « j’ai vécu moi-même ici à Savalou et je connais les problèmes dont vous parlez. Le problème le plus récurrent est celui de l’eau. Quand je serai président de la République, je ferai tous les efforts pour que vous ayez de l’eau dans vos robinets 7 jrs/7 ». Donc, en dehors des 15 forages à haut débit, il y aura le grand projet qui concerne Savalou et Bantè qui viendra régler ce problème définitivement.

Est-ce que le gouvernement a fait quelque chose pour les jeunes ?
Aujourd’hui, vous allez constater que le gouvernement est en train de vouloir réorienter l’éducation. Le problème du chômage est lié à la formation que nous recevons dans nos écoles. Le gouvernement est en train de réfléchir pour transformer les collèges en des établissements techniques, et les moyens conséquents viendront pour que ces CEG soient transformés en collèges polytechniques, quitte à permettre à ceux qui vont sortir de ces centres de formation d’avoir la possibilité de s’auto-employer.

Que pensez-vous du 4ème gouvernement de Talon?
Je vous ai dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Ça veut dire que le travail que fait ce gouvernement commence par porter ses fruits. Donc, il ne s’agit pas d’un gouvernement de combat politique. Il s’agit plutôt d’un gouvernement de développement du Bénin.

Et pourtant Marie-Odile Attanasso qui est de votre commune, a été sortie du gouvernement !
Oui, la politique a ses raisons que la raison même ne connait pas. J’ai vu cette dame qui a été efficace, prompte et même perspicace dans son travail quotidien. C’est une dame de rigueur. Je ne sais pas si c’est à cause de sa rigueur qu’elle a eu beaucoup de démêlées avec certains de ses collègues qui sont les patrons de l’université. Peut-être que c’est à cause de sa rigueur, mais je pense que lorsque vous êtes nommé à un poste de ministre, le jour où on vous a nommé, vous devez commencer par penser au jour où vous allez le quitter. Et généralement dans la chose politique, lorsqu’on vous nomme ministre, on prépare aussi le décret de votre départ que vous signez. Et le jour où le président décide de vous faire partir, il vous fait partir tout simplement. Lorsque vous entrez, vous devez savoir que du jour au lendemain vous pouvez être viré. Si la ministre Attanasso est sortie du gouvernement, ce n’est pas la fin du monde. Elle est efficace et Dieu fera, le chef de l’Etat essayera de la mettre quelque part où elle sera utile pour le développement du pays.

Parlons à présent de la fermeture des frontières entre le Nigéria et le Bénin. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
C’était d’abord une surprise pour moi. J’ai été surpris de constater que le Nigéria a fermé ses frontières avec le Bénin. Je n’ai pas été d’accord avec les appréciations de nos camarades de l’opposition disant que c’est à cause de la mauvaise gouvernance commerciale du Bénin que les Nigérians ont fermé leurs frontières. Les Nigérians ont fermé toutes leurs frontières, certes, pas avec le Bénin seul, et c’est pour l’enracinement d’un dispositif sécuritaire interne au Nigéria, pour y faire des scénarii de système de sécurité. Donc ce n’est pas pour une question fondamentalement béninoise. Ce qui s’est passé concerne la sécurité du Nigéria.

Cela a beaucoup de répercussions sur le Bénin
Ça a des répercussions sur beaucoup d’affaires ici. Même lorsque vous prenez la tomate fraiche qui est produite un peu partout sur notre territoire, vous devez constater que les prix ont chuté et que les tomates pourrissent dans les champs actuellement. Les prix sont maintenant pratiquement à moins de 50%, parce que tous ces produits étaient acheminés vers le Nigéria. Ce sont des choses qui sont produites au Bénin, pas des produits de contrebande. Et voilà, à cause de la fermeture des frontières, tout ce qui est produit au Bénin pour être acheminé au Nigéria aura des problèmes. C’est ce qui entraîne aujourd’hui, les faibles recettes de ces producteurs.

Que vous disent les populations de la gouvernance Talon ?
Les populations aujourd’hui pensent qu’avec le président Talon il y a des changements positifs pour un avenir meilleur dans ce pays. Mais le présent est durement vécu à cause des réformes dont nous parlons. C’est des habitudes que nous avons pour la plupart entre temps, que nous devons abandonner. Ce n’est pas facile d’abandonner des habitudes. Par exemple, lorsqu’ils ont fermé les frontières, on a l’habitude d’acheter l’essence frelatée ici à moindre coût. Lorsque les frontières ont été fermées, avez-vous vu le coût de l’essence ? Supposons que Talon arrive à bloquer l’introduction de l’essence dans le pays. Les populations vont en souffrir. Mais les caisses de l’Etat seront renflouées. Et l’Etat aura plus de moyens pour le développement de notre nation.

Les Béninois continuent de croire à une lutte sélective contre la corruption. Que leur répondez-vous ?
Ça c’est les tintamarres de l’opposition. C’est l’opposition qui estime en accusation de la gouvernance Talon, qu’on fait une lutte sélective. Il y a des gens dans nos rangs qui sont corrompus mais qui ne sont pas touchés. Mais ce que nous voulons dans ce pays pour cette opposition qui parle de lutte sélective, qu’ils montent au créneau pour désigner des acteurs politiques tapis dans la mouvance qui ont été des faussaires dans ce pays, qui sont corrompus. Ils n’ont qu’à monter au créneau et dénoncer et voir si on ne va pas les prendre. Le président Talon n’a pas d’ami. Il le dit toujours.

Ce sont des opposants qui sont en exil
Non, moi je n’ai pas vu de politiques en exil.

Ah bon ?
Non

Et Komi Koutché ?
Non, il n’est pas en exil à cause de la politique.

Pourquoi est-il en exil alors ?
C’est une affaire privée. Ce n’est pas de la politique. Il est en exil, Ajavon aussi est en exil, ce n’est pas à cause de la politique. Je ne veux pas parler du cas Ajavon. Je ne veux pas polémiquer sur ces choses-là. Mais je crois que nous n’avons pas d’adversaire politique digne du nom qui soit à l’extérieur à cause de son obédience politique. Ce sont des questions de corruption pour la plupart du temps qui ont obligé ces gens-là à prendre la clé des champs, pour se retrouver de l’autre côté.

Aujourd’hui sur les médias internationaux, ils disent que Talon a asphyxié l’opposition et qu’ils risqueraient de se retrouver en prison s’ils rentraient…
C’est faux. Ils ne peuvent pas se retrouver en prison. Si eux-mêmes n’estiment pas qu’ils ont fait une gestion peu orthodoxe de l’argent public pourquoi vont-ils avoir peur de venir dans leur propre pays ?

Mais pourquoi est-ce sous Talon que cela se passe ? Sous Yayi ce n’était pas le cas
Yayi avait commencé une lutte contre la corruption. Il n’a pas continué parce qu’à un moment donné ils l’ont ceinturé totalement. Lui-même a donné le feu vert inconsciemment et les gens ont continué. Le président Talon dit : « Je ne permettrai plus ça. Nous avons fait ça tout le temps dans ce pays, il va de soi que nous cessions et que le pays décolle. » Regardez le ‘’petit’’ Rwanda, 26.000 km2, mais avec une ligne d’émergence économique qu’on dirait même qu’ils sont cinq fois le Bénin en matière de superficie. Cela veut dire qu’il y a une dynamique qui a été inculquée à tous les actes de développement dans ce pays. Il va de soi que nous aussi nous fassions cela parce qu’on ne peut pas le faire sans qu’il y ait grincement de dents.

Comment vous vous êtes retrouvé à soutenir le président Talon ? On ne vous avait pas vu…

Vous ne m’aviez pas vu ? Je vous l’explique. Nous avons soutenu en 2006, le président Yayi Boni au deuxième tour sous l’impulsion de Patrice Talon. Moi particulièrement, c’est lui qui m’a conduit dans ça. Après, les crocs-en-jambe ont commencé. Yayi a commencé par nous frapper. Il nous a décimés totalement. Je ne parlais pas beaucoup, mais j’avais l’habitude d’aller au tribunal. Et j’ai toujours gagné tous les dossiers. Parce que c’était de l’injustice pratiquement. Même là où nous sommes, c’est parce que le chef de l’Etat avait refusé, sinon l’Etat me doit beaucoup d’argent ; mais il a dit que lui ne paye rien de tout cela, sinon, l’Etat va en souffrir, parce que ces cas d’injustice sont légion. Ce que nous avons vécu sous Yayi ne nous a pas fait fuir le pays. Mon portable était tout le temps sur écoute. Tu vas à l’extérieur, on te montre combien de fois tu as été écouté. Ce que Yayi et ses gens nous ont fait, si aujourd’hui nous on se met à leur rendre cela, ils auraient chaud.
Donc, vous n’avez pas commencé à leur faire ça ?
Non. Rien n’est fait contre eux. Ce qui est sûr, c’est que nous ne ferons pas comme eux. Mais on ne peut plus permettre à la corruption de continuer à gangréner ce pays, parce que les gens doivent changer. Il y a des gens honnêtes dans le pays qui travaillent, qui souffrent et c’est ceux-là qui ne font rien qui amassent de l’argent. Vous imaginez que des Béninois travaillent durement et n’arrivent pas à régler leurs besoins primaires tandis que d’autres sont tapis dans l’ombre de l’administration et volent ? Et on va continuer à laisser ces gens-là ? Il y a eu des gens de ce pays qui perçoivent eux seuls des centaines de salaires. Et vous voulez qu’on laisse tous ces gens-là ?

Qu’est-ce que vous aimez chez Talon ?
Moi, particulièrement, j’aime en ce monsieur le sens de l’organisation et sa rigueur au travail. Si vous n’avez pas ces qualités là, vous ne pouvez pas rester dans son entourage. Vous allez fuir de vous-mêmes. Il a de l’ambition pour le pays. Si nous le suivons, je pense que ce ne sera pas comme ce que nous avons eu par le passé.

Parler nous de la particularité de la fête du 15 août cette année à Savalou.
Vous savez, cette fête est dans une phase critique. Les acteurs principaux sont en train de décider de ne plus venir juste faire les festivités, manger et rentrer. Ils pensent qu’à chaque édition il faudrait que nous puissions consacrer quelque chose pour le développement effectif de la commune. A l’avenir ça risque de bouger beaucoup plus. J’ai vu qu’il y a une prise de conscience généralisée par rapport à cette fête-là qui a été toujours organisée rien que dans les festivités. Il faut que cette fête puisse constituer un tremplin pour le développement.

Le roi n’était pas à la fête. Un boycott?
Non. Le roi était indisposé. Dieu merci, il est en train de connaitre un rétablissement ces derniers jours.

Carte d’identité: Un leader à l’origine

Né le 20 septembre 1967 à Cotonou, Eustache Akpovi a fait ses études primaires à Savalou et à Cotonou. Ses études secondaires se sont déroulées à Cotonou où il obtient avec mention ‘’Assez-bien’’ un baccalauréat série A1 en 1991, au Ceg Dantokpa où le pourcentage de réussite au bac cette année était de 11%. Il fait des études de droit au bout desquelles il décroche une maîtrise en droit et relations internationales en 1996. Parallèlement, il s’est inscrit dans d’autres départements pour avoir plusieurs cordes à son arc. Ce qui lui a permis d’enseigner l’anglais et le français pendant 7 ans en tant qu’enseignant vacataire. Il fait une incursion dans les affaires avant de se retrouver en politique. Déjà en classe de terminale, Eustache Akpovi était leader des groupes d’anglais ; à l’université, il a été tout le temps directeur de campagne des responsables d’amphithéâtre. D’ailleurs, ses camarades l’appelaient « monsieur le député » à cette époque. De l’amphithéâtre à la scène politique, il a d’abord été membre des cellules universitaires des partis politiques. En 2002, il a été élu député et vice-président de l’Assemblée nationale. Depuis mai 2019, il a opéré son retour au Parlement en tant que député mais, cette fois-ci, pour le compte de la neuvième circonscription électorale (Dassa, Savalou, Bantè). C’est que Eustache Akpovi a d’abord été élu conseiller communal à Cotonou, en 2002, au moment même où les Soglo faisaient leur loi dans la ville. Parce que l’opposition maitrisait alors la ville, même les services des renseignements avaient assuré à Mathieu Kérékou, président de la République, qu’Eustache Akpovi ne pouvait rien. « Mais, dit-il, moi je les ai défiés pour dire que je vais réussir. » Elu conseiller municipal avec 5000 voix environs dans son arrondissement (Sikècodji-St Michel), il réussit également à s’imposer toujours à Cotonou aux législatives qui ont lieu en 2003. Moulé dans les jeux politiques depuis le collège, le député de la neuvième circonscription électorale est de ces leaders qui ont appris à vaincre, malgré les manœuvres souterraines.

Intimité: Amoureux de l’igname pilée

Digne fils de Savalou, Eustache Akpovi adore l’igname pilée communément appelée « agoun », avec la sauce d’arachide ‘’auréolée’’ de crincrin. A table, il prend de l’eau ou du vin. Son sport préféré est le football, mais il ne le pratique plus comme avant. L’honnêteté est la plus grande qualité qu’il recherche chez l’être humain. Pour ce politicien avéré, l’on n’a pas besoin de mentir avant de faire la politique. Il a donc horreur de la trahison.

Par la Rédaction

Le député Jérémie Adomahou, invité de « Sous l’arbre à palabres » de l’Evènement Précis: « L’Union Progressiste va peser dans la majorité des décisions à l’Assemblée »

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Membre fondateur et membre du bureau politique du parti Union Progressiste (UP), l’honorable Jérémie Adomahou était l’invité de la rubrique « Sous l’arbre à palabre » du quotidien L’Evénement Précis, le jeudi 9 mai dernier. Dans cet entretien à bâtons rompus qui a eu pour cadre les locaux dudit organe de presse, l’élu de la 12ème circonscription électorale a apprécié le déroulement du scrutin législatif du 28 avril dernier au terme duquel, il a été réélu député pour le compte de la 8è législature. De ses explications, il ressort que ces législatives se sont globalement bien déroulées sur toute l’étendue du territoire national, en dépit de quelques actes de violence et de vandalisme enregistrés à certains endroits. A l’en croire, l’absence de violence dans sa circonscription électorale est due à la tournée effectuée par la délégation de l’UP conduite par son Président Bruno Amoussou pour rassurer les populations de la tenue effective des élections à bonne date. Sur la question des deux listes de la mouvance ayant pris part à ces élections, le député Jérémie Adomahou a fait savoir que contrairement à ce que croyaient certains comme quoi, ce serait un match amical, la campagne électorale a été rude entre les deux formations politiques en lice. « Ça a été dur. Les langages que nous avons tenus de part et d’autre ont été plus durs que ce que nous avions l’habitude de dire entre mouvance et opposition », a-t-il martelé. Tout comme ses pairs, Jérémie Adomahou ne partage pas du tout la perception selon laquelle, les partis de l’opposition ont été exclus du processus électoral ayant conduit à l’élection des 83 nouveaux députés. Pour lui, « l’opposition s’est refusée elle-même de remplir les conditions nécessaires pour aller aux élections ». Appréciant le caractère monocolore que certaines personnes attribuent à la 8ème législature dont l’installation est prévue pour ce jeudi 16 mai, il rappelle qu’au lendemain de l’élection du Président Patrice Talon en 2016, il n’y avait pas d’opposition au Parlement jusqu’à l’échec de la première tentative de la révision de la Constitution. Ce qui l’amène à affirmer qu’il n’a aucun doute que dans les quatre prochaines années, une opposition se forme à l’Assemblée nationale. « Ce n’est pas parce que nous réclamons tous, le soutien du Chef de l’Etat que cela va continuer sur les quatre ans », avertit Jérémie Adomahou. Plusieurs autres sujets d’intérêt dont entre autres, les violences post-électorales, les activités à court et à long terme du parti Union Progressiste et les défis de la 8ème législature, ont été également abordés au cours de cet entretien.

Et si on en parlait

Le taux de participation dans votre circonscription a-t-il dépassé les 50% ?
Le Couffo a été spécial et particulièrement la 12ème circonscription électorale. Quand vous regardez déjà les résultats, où l’Union progressiste s’en est sortie dans la 12ème circonscription électorale avec 41.000 voix contre 27.000 pour les Républicains, ça fait près de 68.000 pour un peu moins de 136.000 électeurs. Donc, vous voyez que nous avons dépassé les 50% de taux de participation. Lorsqu’on aborde la 11ème circonscription, le taux est un peu plus élevé. Ce qui fait que dans le Couffo en général, nous avons dépassé le taux de 60% de participation. Si vous observez bien les chiffres, c’est le seul département qui a fait ce taux au niveau national.

Vous avez tout raflé…
Non, est-ce qu’on peut dire ça ? Nous avons bataillé et nous avons laissé une portion aux autres. Notre souhait aurait été d’enlever les six sièges, mais nous n’avons pas atteint ce niveau pour arracher les trois de la 12ème. Nous-nous sommes limités à deux sur trois, c’est un résultat qui n’est pas trop satisfaisant pour nous même, compte tenu des objectifs qu’on s’est fixés.

A Savè, Tchaourou, Glazoué, Parakou, il y a eu des violences mais chez vous, pourquoi il n’y en n’a pas eu ?
Je peux dire qu’il y a aussi la communication autour de ces élections parce que quand on a commencé la campagne, les menaces venaient aussi dans le Couffo. Dans un premier temps, nous avons reçu la visite de notre président [Bruno Amoussou, Ndrl] qui a fait le tour des six communes, ce qui a été un atout pour nous, parce que partout où il est passé dans le département, son langage a été de rassurer les populations de ce qu’il y aura élection le 28 avril. Il n’est pas allé seulement demander aux populations de voter pour l’Union progressiste ; il a plutôt demandé à toute la population de sortir pour voter parce que les élections auront lieu. Ça a été un atout pour nous et vous allez vous rendre compte que nous n’avons pas fait le tapage habituel. Nous avons fait une campagne de proximité, nous avons échangé avec les militants et ils nous ont dit leurs préoccupations. Certains doutaient de la tenue des élections, certains craignaient les violences, d’autres craignaient les menaces et autres, mais on leur a expliqué que tout ira bien et ils ont compris. L’autre chose, c’est le déploiement des forces de la police républicaine ou des forces militaires par le gouvernement. C’est vrai que c’est pour anticiper la situation mais chez moi, les populations ne sont pas habituées à ça. Ça a créé une psychose au sein de nos communautés. En pleine campagne, j’ai dû demander à ces hommes-là de rebrousser chemin à un moment donné où ils voulaient me suivre. C’est tout cela conjugué qui a donné ce résultat ; peut-être que ça ne s’est pas fait de la même manière de l’autre côté où il y a eu beaucoup de dégâts le jour des élections. Peut-être aussi que les forces politiques qui se sont manifestées là-bas négativement sont plus puissantes que chez nous. Tout compte fait, il y a plusieurs paramètres qui sont en jeu à ce niveau-là.

Soyons sincères honorable, vous-vous étiez senti en compétition électorale ?
Ça a été même beaucoup plus dur que ce que beaucoup croyaient, que ça serait un match amical ou bien que ce sont des frères jumeaux. Ça a été dur. Le langage que nous avons tenu de part et d’autre a été plus dur que ce que nous avons l’habitude de dire entre mouvance et opposition. Personne ne voulait laisser la place à l’autre. Quand bien même nous soutenons tous les actions du chef de l’Etat, personne ne veut être du reste et laisser l’autre lui prendre sa place.

Est-ce que vous-vous êtes déployé autant qu’avant, lorsque vous avez été élu pour la première fois ?
Pas autant, je l’avoue, mais ce n’était pas comme les gens avaient imaginé, que ce serait un match amical ou bien que les élus sont connus d’avance. Ça n’a pas été le cas.

Vous étiez déjà de la 7ème législature. Comment se sent-on lorsqu’on est positionné et qu’on est réélu de cette manière, est-ce qu’on se sent légitime ?
Oui. On se sent légitime sur plusieurs plans. D’abord, lorsque vous avez déjà exercé un mandat et que le parti vous porte et vous positionne comme tête de liste, c’est déjà une marque de confiance. Ensuite, si lors du vote, ça se confirme et que les populations votent massivement pour vous, vous ne pouvez plus douter de votre légitimité. Moi, j’ai eu 12.000 voix à Lalo en 2015 et cette fois-ci, près de 19000 voix actuellement dans le même Lalo. Il est vrai qu’en 2015, j’étais parti sous le manteau des FDU, ce qui est différent de la situation actuelle où il y a eu convergence et fusion de beaucoup de forces. Mais, si on doit comparer le taux de participation de 2015 à maintenant, on peut dire qu’on a progressé parce que, bien que le taux soit plus bas qu’en 2015, nous avons eu plus de voix.

Qu’est-ce que vous avez vendu aux populations pendant la campagne ?
Justement, nous ne sommes pas membre du gouvernement pour n’aller vendre que le PAG. Nous sommes député à l’Assemblée nationale et pendant notre mandat, nous avons fait au moins quatre fois, la reddition de comptes et chaque fois, nous rendons compte au village, peut-être chaque six mois ou dans un intervalle d’un an et les lois majeures votées, nous les expliquons aux populations et on fait beaucoup de débats autour. Il arrive que les populations nous reprochent beaucoup de choses mais on essaie d’expliquer. Donc, on est revenu sur tous ces aspects tout en leur précisant que c’est meilleur pour eux de suivre l’Union progressiste. Nous qui avions fait déjà l’expérience avec eux, ils nous connaissent mieux que d’autres qui sont nouveaux dans le système. Nous avons partagé avec eux beaucoup de lois que nous avons votées et nous leur avons expliqué les lois sur lesquelles ils n’ont pas été du tout d’accord et ceci, par rapport à notre position. Ça a toujours été un langage fraternel et c’est ça qui a payé, c’est ça qui a donné ce résultat.

Vous avez expliqué tout à l’heure que votre élection est légitime mais beaucoup estiment que votre mandat est taché de sang, qu’est-ce que vous leur dites ?
Taché de sang, c’est trop dire, mais dire qu’il y a eu des difficultés, je peux l’accepter. De plus, ce n’est pas la première fois que des élections sont contestées au Bénin. En 1996 et en 2011, les élections ont été contestées.

Y a-t-il eu des violences jusqu’à des morts ?
Justement les conditions et les situations ne sont pas les mêmes. Les contestations que nous avons connues par le passé ne sont pas les mêmes que ce que nous vivons, où certains candidats n’ont pas pu participer.

Oui mais comment se fait-il que l’opposition ait été écartée de ces élections ?
L’opposition n’a pas été écartée mais l’opposition s’est refusée elle-même de remplir les conditions pour aller aux élections.
D’abord, les deux textes qui font objet de polémique sont la charte des partis politiques et le code électoral. Voyez les conditions dans lesquelles nous les avons votées. Il n’y a eu qu’un seul député qui est resté constant depuis les commissions jusqu’à la plénière. C’est l’honorable Guy Mitokpè qui a voté contre. Beaucoup de députés dont des députés Fcbe ont fait des amendements et lorsqu’on a pris en compte leurs amendements, ils ont voté. C’est-à-dire que c’est depuis l’élection du président Houngbédji au perchoir que nous-nous sommes tous fixés comme projet de faire cette réforme du système partisan et de revoir le code électoral, bien avant l’élection du chef de l’Etat, le président Patrice Talon. Personne, aucun député de la 7ème législature ne peut contester aujourd’hui ce projet qu’on avait au départ ; nous avons tous pris la décision de travailler sur ces deux textes. Maintenant que les textes ont été votés et promulgués depuis septembre, demandez-leur pourquoi ils ont attendu janvier pour commencer par se mettre en règle pour la mise en conformité alors que la clôture à la Céna était pour fin février.

Oui mais vous convenez avec nous que la rigueur instaurée au ministère de l’Intérieur a été telle que même pour des signatures on rejetait les dossiers ?
Ecoutez, ce n’est pas au niveau du ministère de l’Intérieur seulement. Mais il faut constater avec moi que depuis l’avènement de la Rupture en avril 2016, il y a eu beaucoup de changements, même dans notre administration. Nous n’allons pas toujours continuer avec la même médiocrité. Non ! J’ai été surpris quand le président Houngbédji, dans le cadre de la recherche du consensus, nous a soumis une proposition de loi dans laquelle il était dit de délivrer le certificat de conformité à n’importe quel parti qui avait son récépissé d’enregistrement quand il se présentera au ministère de l’Intérieur. Mais écoutez, nous sommes dans quel pays pour laisser les choses se passer de cette manière-là ? On ne peut pas voter une loi comme ça, puisque ça va faire jurisprudence plus tard. Lorsque vous observez les partis qui ont eu des difficultés et qui n’ont pas pu participer aux élections, ce sont des partis qui ne sont pas dans le contexte de la nouvelle charte. Nous partons d’abord d’un diagnostic et en prenant la nouvelle charte, vous verrez que cela exige de grands regroupements. On ne veut plus être fort quelque part et aller chercher des remplissages ailleurs. On veut que le parti présente de véritables candidats. Nous l’avons fait mais les autres ont préféré aller seuls aux élections. Restaurer l’espoir (Re), le Prd les Fcbe, l’Udbn ont choisi d’y aller seuls. Peut-être qu’ils n’ont pas réussi à s’entendre pour fusionner et former un grand parti comme nous l’avons fait. Ils estiment qu’ils ont la capacité de couvrir toute l’étendue du territoire. Ce qui s’est passé par la suite montre qu’ils n’ont pas la capacité de couvrir tout le territoire, surtout quand le Prd prend les gens d’un autre département et les positionne dans d’autres circonscriptions électorales.

Vous avez eu des cas du genre ?
Nous avons vu la liste du Prd qui a son certificat de conformité et a déposé ses dossiers à la Céna avant d’avoir des candidats en commun avec Moele Bénin. Le Prd a présenté des gens de Porto-Novo dans la 8ème, la 2ème et la 3ème circonscription électorale. Ce qui veut dire qu’ils n’ont pas de véritables candidats dans ces circonscriptions. Ce qui est contraire au sens que nous avons voulu donner au nouveau code électoral et à la nouvelle charte des partis politiques. Si je prends le parti Restaurer l’espoir, même s’il est écrit qu’il n’a pas pu avoir le certificat de conformité, ce n’est qu’à Cotonou et environs qu’ils ont de véritables candidats. Ils vont faire du remplissage sur toute l’étendue du territoire, comme on le faisait avec l’ancienne charte des partis politiques. Si tu es sûr d’être élu, tu peux constituer ta liste et chercher 82 dossiers pour être un parti politique pour compétir. Notre démocratie est vieille de 30 ans et nous ne pouvons plus continuer avec cette stratégie. Si vous jetez un coup d’œil sur les partis qui ont fusionné pour donner les deux partis de la mouvance, vous verrez une vingtaine de partis qu’on avait en compétition pour les autres élections. Cela n’a pas été facile pour nous de retenir nos candidats dans cette multitude de partis qui ont fusionné pour donner naissance à ces nouveaux partis, car il y a beaucoup qui nourrissaient l’ambition d’être députés mais les postes sont limités. L’arbitrage pour désigner les candidats n’a pas été facile et c’est ce que nous voulons. Nous voulons avoir des candidats crédibles pour que notre démocratie aille de l’avant.

Comment vivez-vous les critiques qui accablent la démocratie béninoise depuis le 28 avril dernier?
Pour moi, il y a des critiques qui sont fondées et d’autres qui ne le sont pas. Celles qui ne sont pas fondées sont celles politiciennes. Je veux citer l’exemple de certaines presses internationales qui cherchent à discréditer la démocratie béninoise. On ne peut pas dire que ces critiques sont fondées. On peut reconnaitre que c’est pour la première fois qu’on a un taux de participation assez bas pour les élections. On ne peut pas se sentir très heureux et très fier de ce taux.

Est-ce qu’on peut être fier de cette démocratie ?
Ah oui. La démocratie, c’est le pluralisme politique. Et le pluralisme, c’est au moins deux partis, le pluralisme ne veut pas dire mouvance et opposition. Et à l’intérieur de chacun des deux partis, on observe un pluralisme de courant. C’est une bonne et très belle démocratie que nous allons continuer à rendre davantage plus grande et plus belle. Vous avez vu comment la campagne s’est menée. On ne s’est pas caressés sur le terrain et ça va continuer, même dans la mise en place de toutes les instances de l’Assemblée nationale.

Quelle sensation avez-vous de siéger dans un parlement monocolore ?
Au lendemain de l’élection du président Patrice Talon, il n’y avait pas d’opposition à l’Assemblée nationale. Nous l’avons tous soutenu jusqu’à l’échec de la première tentative de révision de la Constitution pour qu’une minorité se dégage pour se faire appeler aujourd’hui opposition. En 2016, à l’Assemblée nationale, il n’y avait pas d’opposition. On travaillait sur les lois comme si on était tous de la même famille. En consultant les archives, vous verrez qu’aucune contestation n’a été faite par les Fcbe en ce qui concerne le vote des lois. C’est 8 à 9 mois après, quand nous avons commencé les démarches pour réviser la Constitution que les problèmes ont commencé. Un camp qui s’est fait appeler minorité s’est dégagé pour tout rejeter, sans fondement. Pour moi, ce n’est pas une opposition. Une opposition n’est pas la force politique qui dit non à tout ce qui se fait.
Dites-nous si vous êtes prêts pour les quatre prochaines années ?
Il n’y a pas de risques et je n’ai aucun doute que dans les prochaines années, une opposition naisse à l’Assemblée nationale. Pour l’expérience que j’ai eue là-bas, ce n’est pas parce que nous-nous réclamons tous du soutien du chef de l’Etat qu’il n’y aura aucune contestation avec le gouvernement sur les quatre ans.

De ceux qui incitent à cette violence, qui soupçonnez-vous ?
Il y a certaines personnalités que je ne conseillerais plus de suivre aujourd’hui. Quand ceux qui ont eu à assumer des responsabilités descendent trop bas, pour une raison quelconque, c’est vraiment difficile de les suivre. Je fais allusion aux anciens chefs de l’Etat. C’est seulement dans notre pays qu’on peut remarquer ce genre de choses. Nulle part au monde, vous ne verrez un ancien chef de l’Etat aller dans un marché international pour lancer une insurrection. C’est seulement au Bénin que cela se passe.

Est-ce qu’il n’y a pas eu des situations qui les ont amenés à agir de la sorte ?
Aucune situation ne peut pousser un ancien chef de l’Etat à cela. Aucune situation ne peut amener à cela et vous avez vu que la majorité des Béninois n’a pas suivi. Ça ne suivra pas, puisque ce n’est pas fondé. Si c’était fondé et réaliste, le peuple va suivre le mouvement de façon spontanée.

Mais il y a aussi le fait que les gens ont peur de voir les forces de l’ordre se retourner contre eux ?
Vous faites allusion aux badauds qu’on a envoyés dans les rues pour commettre des actes de vandalisme ? Ce n’est pas le peuple. Dans une vidéo, j’ai vu des gens drogués qui étaient prêts à affronter les militaires armés. Il ne s’agit pas du peuple. Le peuple ne fonctionne pas comme ça. Le peuple peut manifester parce qu’il y a une situation. Nous avons vu des manifestations au Bénin mais il faut faire selon la loi. Si les marches sont interdites, vous ne pouvez pas aller dans les rues. Vous allez affronter les forces de l’ordre.

Comment ça se fait qu’on ait un nombre insuffisant de femmes pour cette législature alors qu’une révision de la Constitution a été proposée pour améliorer leur présence ?
C’est une question qui revient toujours. Je n’ai jamais été d’accord, même lors des séminaires, sur la proposition qu’on crée une loi pour les femmes. Les femmes ne sont pas les seules lésées de la République.

Mais elles font plus de la moitié de la population
Cela ne veut rien dire. Les femmes ne sont pas les seules lésées de la République. Quand vous regardez la 7ème législature qui est en train de finir, combien de jeunes avez-vous entre 30 et 40 ans ? Les femmes qui ont réussi à se faire élire dans la minorité, elles n’ont reçu aucune faveur. Elles se sont battues et ont gagné face à des hommes.

Sûrement parce qu’elles étaient bien positionnées
Non, pas toujours. Si vous prenez les derniers résultats, il y a des femmes qui ont été élues députés sans être têtes de liste. Ce qu’il faut, c’est encourager nos mamans et nos sœurs à s’engager.

Est-ce que c’est le défaut d’engagement qui en est la base ?
Mais oui, très peu s’engagent. Dans un parti politique où vous avez dix femmes engagées contre cent à deux cent hommes, si on ne leur fait pas une faveur, les rapports de force vont s’imposer. En politique, personne ne veut céder la place à l’autre, même si vous êtes des frères du même père et de la même mère.

Dans une circonscription où vous avez quatre députés et où vous positionnez la femme troisième ou quatrième, quelle chance lui donnez-vous pour être élue ?
Non, ce n’est pas parce qu’elle est femme qu’il faut la mettre tête de liste. Cela dépend. Vous venez de dire que les femmes font 52%, ce n’est pas une raison pour que, lorsque vous mettez une femme en tête de liste, toutes les femmes votent directement pour cette liste.

Visiblement vous êtes contre les femmes
Non, ce n’est pas ça. Les positionnements se font comment ? Chaque parti se donne la chance de prendre le maximum de places possible. Si j’ai une femme parmi les candidats et que je vois qu’elle ne peut pas porter chance à la liste pour que cette liste ait le maximum de députés, je ne vais pas la mettre tête de liste tout simplement parce que je veux la faire élire. Donc on évalue les chances de chaque candidat du groupe, homme comme femme, avant de faire les positionnements. C’est vrai que compte tenu des raisons de temps, on n’a pas pu mettre en œuvre les dispositions de nos textes, nos statuts et règlement intérieur. Sinon, au sein de l’Union progressiste, nous avons opté dans nos textes de laisser toujours une part de 30% dans les instances et même dans la désignation des candidats, aux femmes.

L’Union progressiste aujourd’hui, c’est combien de partis ?
L’Union progressiste, c’est des partis et mouvements et nous dépassons 150. Et c’est ça qui fait qu’il faut à chaque fois aller de concertation en concertation avant de faire les choix. Vous imaginez, si moi je ne devais prendre que les grands partis, les gros morceaux de l’Union progressiste dans ma circonscription électorale, cela pouvait donner naissance à quatre ou cinq listes parallèles, si on doit se référer à ce qu’on faisait par le passé.

Combien avez-vous déboursé pour être candidat?
Chacun de nous a payé d’abord sa caution, et chacun a financé sa campagne. Pour la caution, chacun a payé les 249 millions divisés par 83, soit 3 millions. Il y a des circonscriptions où, si le suppléant a les moyens, il accompagne son titulaire. Moi, c’est le maire de Lalo qui a été mon suppléant. Nous avons payé.

Voulez-vous dire que c’est votre financement qui permet au parti de fonctionner ?
Non, le parti est né seulement en décembre. On n’a pas pu cotiser jusqu’à ce que le parti paye 249 millions pour toute la liste et finance partiellement ou totalement la campagne des candidats. Un parti né en décembre pour une élection en avril, l’intervalle de cinq mois, c’est trop juste.

Il y a des bonnes volontés qui ont aidé le parti ?

C’est possible.

Que répondez-vous à ceux qui disent que c’est Patrice Talon le vrai président de l’Union progressiste ?
Vous savez, nous sommes en politique et ceux qui ne sont pas de votre bord sont prêts à jeter du discrédit sur vous. C’est depuis le vote de la loi que cette question-là s’est posée. Les gens se posaient la question de savoir comment la caution serait donnée, parce que c’est élevé par rapport à ce qu’on payait. Mais lorsqu’on voit ce qu’on dépense dans la campagne électorale, lorsqu’on voit le montant même qui est prévu par la loi, le maximum qui est prévu par député, et qu’on voit la caution, on ne peut pas dire que c’est trop élevé et qu’on ne peut pas payer. Lorsque vous devez mobiliser x franc pour votre campagne au maximum et qu’on vous demande de payer le dixième de ça à titre de caution, et qui vous sera retourné si vous arrivez à vous faire élire, vous voyez, ce n’est pas trop demander.

Certains estiment que trois millions par candidat c’est trop, que c’est une démocratie censitaire, une démocratie de bourgeois…
Mais celui qui dit ça, est-ce qu’il est capable de mobiliser au moins la trentaine de millions qui est le maximum exigé par les textes pour sa campagne ? S’il est capable de mobiliser trente millions pour sa campagne, il ne peut pas dire que sortir trois millions, qui font le dixième pour payer sa caution, c’est trop.

L’Union progressiste est sortie des élections avec 47 députés. C’est une bonne majorité.
C’est une majorité confortable pour nous. On aurait souhaité faire mieux. Cela veut dire que nous sommes le groupe majoritaire à l’Assemblée nationale et nous allons peser de notre poids dans la majorité des décisions qui seront prises désormais. A commencer déjà par la mise en place du bureau et des commissions à l’Assemblée nationale. Nous allons peser de notre poids. On n’est pas majoritaire pour rien.

Vous voyez le président de l’Assemblée nationale venir de quel camp ?
Inévitablement, c’est l’Union progressiste qui va le donner. Vous ne pouvez pas vous battre et avoir le maximum de députés et laisser le camp qui est en minorité vous prendre la tête du Parlement.

Cela ne va pas créer de frustrations dans le camp du Bloc républicain ?
Quelle frustration ? Si vous avez fait peu, vous récoltez le peu. Si vous avez fait beaucoup, vous récoltez assez. C’est la loi de la nature.

Vous nourrissez quelle ambition au niveau de ce bureau?
Je ne saurais vous le dire maintenant. Mais ce qui est sûr, je ne souhaiterais plus être un député lambda cette fois-ci. Ce n’est pas forcément le bureau de l’Assemblée, il y a beaucoup d’autres postes.

Votre réélection, vous pensez que vous la devez à quoi ? A votre mandat, à vos résultats ?
Dans un premier temps, je la dois au parti, parce qu’à voir la multitude de candidatures dans ma zone, parmi lesquelles j’ai été choisi d’abord comme candidat et après tête de liste de la douzième circonscription électorale, c’est pour moi une marque de confiance du parti. Si le parti, à travers tout ce que nous avons fait pendant notre premier mandat, ne nous faisait pas confiance, je ne serais pas positionné à ce niveau-là. Et deuxièmement, cela a suivi au niveau de la base. On peut te choisir, on peut choisir de faire ta promotion en te positionnant tête de liste et pourtant cela ne va rien donner, la population ne va pas voter. Mais vous voyez les résultats. C’est vrai, comme je vous l’ai dit, on aurait souhaité faire mieux et prendre les trois sièges. Mais avec ce taux de participation-là, prendre dix-huit mille voix, ce n’est pas peu et je pense que la population aussi a adhéré et a accepté notre parcours, le temps que nous avons fait. Et nous devons cette réélection à notre parti et à notre base.

En revenant à l’Assemblée, quels sont les défis que vous pensez relever ?
Les défis sont nombreux à l’Assemblée. D’abord, il faut poursuivre les réformes. Les réformes touchent beaucoup de domaines et on ne doit pas être fatigué. C’est vrai que toutes les réformes engagées jusqu’ici n’ont pas encore porté leurs fruits. Mais il faut savoir aussi que toutes les réformes ne produisent pas de fruits dans l’immédiat. Il y a des réformes qui vont produire des fruits à moyen terme, il y en a d’autres qui vont produire des fruits à long terme. Donc il faut poursuivre les réformes. Et les lois qui font l’objet de beaucoup de critiques, s’il y en a dedans dont les critiques sont pertinentes, nous n’hésiterons pas à nous saisir nous-même de ces lois là et à faire une relecture pour apporter des amendements, des corrections.

Et quels sont les défis que les populations vous donnent ?
Pour les populations dans la grande majorité, c’est des défis de développement. C’est normal. Les populations veulent voir beaucoup d’infrastructures construites. Les populations veulent voir le panier de la ménagère s’améliorer, les populations veulent voir beaucoup d’emplois pour les jeunes et ces défis aussi, nous essayerons de les gérer à notre manière dans notre accompagnement au gouvernement dans les ratifications, dans le vote de certaines lois. Nous verrons dans la mesure du possible, comment accompagner le gouvernement pour qu’il y ait une grande amélioration dans la gouvernance pour que ces défis que les populations attendent de nous soient relevés.

En reconduisant les députés du Bmp sur les listes de sa majorité Patrice Talon a-t-il eu raison ?
D’abord, ce n’est pas Patrice Talon qui a positionné, c’est nos différents partis. Et moi, je peux parler seulement de ce qui s’est passé au niveau de l’Union progressiste. Mais en reconduisant la majorité des anciens députés, c’est d’abord dans la vision de continuer avec les réformes, parce que comme moi je l’ai toujours martelé dans mes communications, tout le monde ne perçoit pas le bien-fondé des réformes que nous voulons toujours immédiates. Mais lorsqu’un diagnostic est bien posé comme le cas de l’ancienne charte des partis et du nouveau code électoral, la réforme porte toujours ses fruits. A mon avis, c’est dans la continuité de ces réformes que beaucoup de députés ont été reconduits, mais pas tous les députés. Il y en a qui n’ont même pas été candidats, ou qui n’ont pas été positionnés. Il y en a qui ont été positionnés, mais mal positionnés au point où eux-mêmes, d’entrée de jeu, étaient presque sûrs de leur échec.

Honorable Adomahou, les élections sont maintenant du passé. A quand le congrès de restructuration de l’Union progressiste ?
Comme cela a été déjà retenu à la naissance du parti, lors du congrès constitutif le 1er décembre 2018, nous-nous sommes donnés un an pour la phase transitoire. Tous les organes que nous avons jusque là sont des organes de transition. Et c’est après les élections législatives que nous allons démarrer la mise en place des structures de base du parti que sont les cellules, les sous-sections, les sections et les fédérations. Lorsque nous allons finir de mettre en place ces structures, nous allons commencer la préparation de notre congrès qui est pour décembre 2019. La date n’est pas encore retenue. Mais c’est au plus tard dans le mois de décembre. Et c’est à ce congrès que nous allons mettre les instances en place pour le mandat prévu par nos textes. C’est-à-dire quatre ans et tous nos congrès ordinaires auront une périodicité de quatre ans à partir de décembre.

Quelle est votre appréciation des trois ans de gestion du président Talon ?
On ne peut pas dire que tout est parfait, mais nous sommes contre ceux qui peignent en noir tout ce qui se fait. Il y a eu beaucoup d’avancées et de progrès. Même si sur certains plans, ce n’est pas encore totalement visible, on a connu beaucoup d’avancées. C’est pour ça que nous, on encourage le président de la République à continuer avec les réformes, à continuer avec l’assainissement que nous observons dans tous les secteurs que ce soit le secteur économique, politique, institutionnel. Nous l’encourageons à poursuivre toutes ces réformes dont les fruits porteront même après lui. C’est vrai qu’au niveau socioéconomique, il y a la morosité et donc, nous allons continuer à l’encourager dans nos soutiens, à travailler pour l’amélioration du panier de la ménagère.

Quelle a été selon vous, la réforme la plus douloureuse ?
C’est discutable. Mais pour nous, la réforme dont certains, dans la classe politique (une minorité), ont refusé de reconnaître la pertinence ou d’accepter la responsabilité, c’est la réforme du système partisan et le nouveau code électoral. Il y a eu beaucoup de réformes qui ont fait beaucoup de grincements de dents. On a supprimé la grève, pratiquement. Dans notre encadrement, on a limité la grève. Mais les syndicalistes ne sont pas entrés dans les rues pour casser les infrastructures publiques comme privées. Pourtant, cette réforme a été dure pour les syndicalistes. Mais la première réforme politique qui a touché les politiques mêmes, vous voyez ce que ça fait comme grincements de dents et réactions.

Quand aurons-nous les résultats de ces réformes ?

C’est presque déjà fini. Depuis que le chef de l’Etat a commencé et a fait les réformes, c’est maintenant que les projets ont commencé par porter. Il a parlé au départ de l’asphaltage. C’est maintenant que c’est visible. C’est créateur d’emplois. Les projets d’eau potable, c’est maintenant que c’est visible. C’est maintenant que les premiers appels d’offres ont commencé. Donc, tout ce temps pour préparer, c’est normal qu’on sente une morosité au sein de la population. Mais dès que tout cela commence par prendre, il y aura redistribution de l’économie au sein de la population et, forcément, amélioration du panier de la ménagère. On peut dire que les conditions de vie aujourd’hui pour la plupart ne sont pas meilleures que celles d’hier. Mais lorsqu’on voit la pertinence des réformes qui amènent à cette morosité, à cette difficulté apparente que nous observons, on peut être fier et heureux que demain sera meilleur qu’hier. C’est notre souhait et c’est pour ça d’ailleurs que nous, on continue de croire en ces réformes du chef de l’Etat et on continue de l’accompagner.

Carte d’identité: Un élu au cœur du vrai peuple

Jérémie Adomahou, député de la douzième circonscription électorale, a été élu pour la première fois en 2015 pour le compte de la septième législature. Ingénieur de l’équipement rural, il a été formé à ce qu’on appelle aujourd’hui Institut international de l’eau et de l’environnement de Ouagadougou. Né à Klouékanmè en 1970, il est originaire de la commune de Lalo. Son parcours l’a mené du Ceg de Lalo au Ceg 2 d’Abomey où il a eu son Bepc en 1984. Il fait des études scientifiques (série C) au lycée Houffon de la même ville et décroche son Bac en 1990, après les perturbations de l’année blanche. Il s’inscrit en Physique-Chimie à l’Université nationale du Bénin et a fait sa maîtrise en 1995, avant d’aller à l’Ecole d’ingénieur de l’hydraulique et de l’équipement rural à Ouagadougou en 1996. Ingénieur de l’équipement rural depuis 1999, il a travaillé d’abord en tant que contractuel à la Direction générale de l’hydraulique puis à l’entreprise Adéoti Sarl où il est employé pendant quatre ans comme directeur des travaux dans le secteur de l’hydraulique et des routes. « Ça m’a permis de connaître le Bénin profond, notamment les quatre départements du nord où je suis resté pendant les quatre ans », dit-il. Mais en 2004, il démissionne pour aller en consultation libre dans un cabinet d’étude Cowi, puis en 2006 à Igip Afrique, un cabinet allemand intervenant dans le domaine de l’eau potable. Il y est resté jusqu’en 2014, à la fin du projet. C’est précisément à ce poste qu’il a été identifié par feu l’Honorable Bani Samari, alors Directeur général de l’Eau au ministère de l’Hydraulique. Son parti cherchant des candidats pour les législatives de 2011 dans la 12ème circonscription électorale, il a été aux élections avec l’Alliance force dans l’unité (Afu), sans succès. Mais cette première expérience lui permet de se rendre visible dans la circonscription, puisqu’il mobilise plus de 4000 voix dans la commune de Lalo. Aux élections de 2015, son mentor l’aide à se positionner au niveau des Forces démocratiques unies (Fdu) dirigées à l’époque par Professeur Mathurin Coffi Nago. Ce qui lui permet d’être élu. « Moi je me bats pour le développement, confie-t-il. C’est pour cela que je ne conseille pas aux jeunes aujourd’hui de prendre la politique comme un métier. Je leur conseille de ne pas entrer dans la politique sans avoir un job. Cela n’amène nulle part. » Et d’ajouter : « Je suis farouchement contre ceux qui ne veulent pas céder la place. Cela a été mon combat tout le temps. »

Intimité: Un homme sans protocole

Marié et père de deux garçons jumeaux, Jérémie Adomahou est chrétien évangéliste de l’église des Assemblées de Dieu. C’est un homme qui se définit comme un citoyen ordinaire. « Les week-ends, dit-il, j’aime vivre sans protocole. Et là, je me débarrasse de tout, même du garde du corps. » Quand on lui demande pourquoi il n’est pas polygame comme la plupart des hommes de son milieu, il sourit : « Je suis issu d’une famille monogame. Mon papa a une femme et nous sommes 5 enfants dont 4 garçons. » A table, il mange la pâte de maïs et tous les mets traditionnels. Boisson ? Il prend de temps en temps un verre de vin et de champagne. Et comme loisir, le député adore le football.

La Rédaction

Charles Janvier Sossou invité de « Sous l’arbre à palabres » de l’Evénement Précis: « Aucun traitement de faveur n’a été fait lors de la délivrance du quitus fiscal »

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Charles Janvier Sossou, Membre fondateur du parti Bloc Républicain

Membre fondateur du parti Bloc Républicain et Agent au Centre des impôts des petites et moyennes entreprises (Cipme) à Abomey-Calavi, Charles Janvier Sossou était l’invité de l’émission « Sous l’arbre à palabres » de ce 18 avril. Face aux journalistes du quotidien L’Evénement Précis, il a exposé le bien-fondé de la réforme du système partisan opérée sous le régime de la Rupture. A en croire ses propos, cette réforme est venue limiter la pléthore de partis qui participaient aux élections législatives et qui est toujours décriée par la classe politique. « Nous allons aux législatives avec deux partis politiques et non vingt ou trente comme par le passé. Ce qui devrait permettre aux électeurs de savoir qui voter et limiter l’achat de conscience », s’est-il réjoui. Pour lui, le projet de société du Bloc Républicain marie avec celui de son mouvement politique « L’Eveil Béninois » créé en 2015. C’est ce qui justifie son adhésion au parti Bloc Républicain dès les premières heures de sa création. Il explique par ailleurs, que son nom ne figure pas sur la liste de candidatures du parti pour défaut de certificat d’individualité, mais cela ne l’empêche pas de militer aux côtés des candidats du Bloc Républicain qui ont mis le « cheval gagnant » en branle dans les 77 communes depuis quelques jours. Appréciant le déroulement de la campagne électorale, l’invité de « Sous l’arbre à palabres » a déclaré qu’elle se passe dans de très bonnes conditions. Quant à la non-participation des partis de l’opposition au prochain scrutin législatif, Charles Janvier Sossou estime que cela ne lui dit rien dans le contexte actuel. A le croire, aucune de ces formations dites de l’opposition n’a le statut de parti de l’opposition. « Ces partis ne vont pas aux élections parce qu’ils ne sont pas en règle », a-t-il confié avant d’inviter les responsables desdits « partis »à se prendre au sérieux afin de permettre aux populations de se rendre aux urnes le 28 avril prochain pour élire les députés de la 8è législature dans la sérénité.« Je tiens à ce que les législatives de 2019 aient lieu le 28 avril 2019 », a martelé Charles Janvier Sossou.

De la délivrance du quitus fiscal et de la sortie du Chef de l’Etat
Se prêtant aux questions des journalistes Charles Janvier Sossou a confirmé que l’institution du quitus fiscal dans le dossier de candidatures a permis à la Direction générale des impôts de renflouer les caisses de l’Etat à hauteur de trois milliards. Selon lui, le quitus fiscal n’est pas un document spécial ou extraordinaire et aucun traitement de faveur n’a été fait lors de sa délivrance comme le clament certains membres de l’opposition. « Il faut payer régulièrement ses impôts pour être à l’aise », a-t-il souligné tout en précisant que certains n’ont pas encore reçu leur quitus fiscal parce qu’ils ne sont pas allés le chercher ou ils ne sont pas à jour vis-à-vis du fisc. Saluant la sortie médiatique du Président Patrice Talon du 11 avril dernier, Charles Janvier Sossou pense que si « Patrice Talon n’était pas né, il fallait le créer. « Il est venu en bon père de famille et cette sortie a permis au peuple béninois de bien comprendre ce qui se passe dans le pays », a-t-il ajouté.

Laurent D. Kossouho (Coll)

Anique Djimadja, membre de l’Union Progressiste, invitée de «Sous l’arbre à palabres»: «Le Président Talon n’a fait que poser des actes forts depuis 2016»

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  Membre du parti Union progressiste, Anique Djimadja, la directrice de l’agence Oracle communication est l’invitée N°117 de  « Sous l’arbre à palabres » du quotidien l’Evénement Précis. Au cours de cet entretien réalisé dans les locaux du journal, plusieurs sujets brûlants de l’actualité nationale ont été débattus au nombre desquels la question du positionnement sur la liste du parti. Sur la question, elle a d’abord rassuré ses interlocuteurs que la relation entre les membres du parti est au beau fixe avant de faire observer qu’elle est consciente du problème évoqué. « Nous sommes conscients du problème de positionnement. C’est inhérent à toute campagne électorale et cela fait partie du jeu électoral », a-t-elle expliqué. Quant au sujet relatif au rejet du dossier du parti, l’invitée de « Sous l’arbre à palabres » a souligné qu’il s’agit d’observations faites relativement à quelques pièces fournies par certains membres fondateurs du parti. Il ressort de ses explications que les concernés sont à pied d’œuvre pour corriger cet état de chose. Elle a par ailleurs, levé toute équivoque sur la polémique autour du trio dirigeant le parti dont elle est membre. «  Il n’y a personne qui gère le parti l’Union progressiste. Le parti appartient d’abord aux militants », a-t-elle martelé, ajoutant qu’au niveau de l’Union, il y a deux instances dirigeantes à savoir le bureau politique et la direction exécutive nationale. La représentativité des femmes sur la liste des prochaines législatives, l’état des lieux de la lutte contre la corruption sous le régime du président Patrice Talon et les nombreuses réformes engagées par celui-ci depuis son accession à la tête du pays ont également fait objet de discussion entre les journalistes et l’invitée. Auteure du livre «Pascal I. Koupaki, l’énigme » sorti le mois dernier, Anique Djimadja est également revenue sur les raisons qui ont motivé la publication de cet ouvrage qu’elle a écrit pour lever un coin de voile sur l’expérience électorale vécue aux côtés du ministre Pascal I. Koupaki lors de la présidentielle de 2016.

Et si on en parlait

Vous êtes membre de l’Union Progressiste, un grand parti né il y a à peine deux mois. Dites-nous comment se porte-t-il aujourd’hui ?

Merci de reconnaître que c’est un grand parti, en tout cas, c’est notre ambition, d’être le plus grand parti du Bénin. Comme  vous le savez, l’Union Progressiste depuis sa création poursuit sereinement son calendrier d’activités. En bon observateur, vous devez avoir constaté notre forte présence sur le terrain à des rencontres avec les populations à la base. Tout ceci s’inscrit dans le planning des activités retenues par le Bureau Politique pour une meilleure appropriation non seulement des actes du congrès constitutif mais aussi des textes fondamentaux et des attributs du parti.  Vous savez très bien qu’avec la réforme du système partisan, l’Union Progressiste même si elle est composée d’anciens partis et mouvements politiques est un nouveau parti et en tant que tel, il devient nécessaire que les populations, les militants et les adhérents puissent  s’habituer à ses attributs.  C’est pour ça qu’au lendemain du congrès constitutif, nous avons entamé une vaste campagne de restitution et de vulgarisation des actes fondamentaux du congrès, des textes qui régissent le parti. Actuellement, nous sommes en train de faire une campagne d’adhésion puisque c’est un nouveau parti, il faut des militants, il faut des adhérents, il faut des sympathisants. Donc, pour ça, nous allons à la rencontre des populations à la base, leur expliquer qui nous sommes, quelles sont nos valeurs, quels sont nos idéaux ? C’est un bel exercice et je puis vous assurer que l’Union Progressiste se porte très bien.

 

Alors, on constate que sur le terrain, aux côtés de l’Union Progressiste, il y a son frère jumeau, le Bloc Républicain. La question de positionnement se pose et ça bouillonne dans les deux camps. Dites-nous comment l’Union Progressiste se prépare pour les positionnements ?

Ben, écoutez, il est vrai que les élections sont prévues pour le mois d’avril, mais ce n’est pas une surprise. Donc, c’est tout à fait normal que chacune des chapelles commence par affûter ses armes. Au niveau de l’Union Progressiste, nous faisons pareil. La question de positionnement, est inhérente à toute campagne électorale et cela fait partie du jeu.  Il reviendra à chaque parti de gérer cette question-là en fonction des critères ou des paramètres déterminants d’accord ? Mais une chose est fondamentale, c’est la mobilisation à la base qui va déterminer les positionnements.

 

Beaucoup prévoient une guerre farouche entre les deux partis frères, après les positionnements. On se demande comment vous pensez gérer ce défi ?

Est-ce qu’entre frères, il est nécessaire de se faire la guerre ? Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en arriver à une guerre farouche et notre pays n’a pas besoin de ça. Vous le savez, l’Union Progressiste et le Bloc Républicain sont deux grands partis de la mouvance qui soutiennent les actions du chef de l’Etat. De ce fait, ils n’ont aucun intérêt à se combattre. L’ennemi n’est pas dans la famille. Il est vrai que sur le terrain ce sont des adversaires mais le combat sera beaucoup plus un combat d’idées, une démonstration de force sur le terrain. Chacun va devoir montrer sa capacité à ratisser large, de sorte qu’au soir du 28 avril le chef de famille, le Président Patrice Talon puisse apprécier les efforts consentis de part et d’autre.

 

Vous parlez de mobilisation de la base alors que les amis d’en face dénoncent une  campagne électorale précoce. Qu’en dites-vous ?

Non et non. Nous aimons trouver des problèmes là où il n’y en a pas. Ce n’est pas une campagne électorale précoce. Il ne faut pas oublier le contexte dans lequel les deux blocs sont nés. Quand est-ce qu’on a voté la charte des partis politiques ? Quand je prends l’exemple de l’Union Progressiste, vous convenez avec moi qu’elle a été créée le 1er décembre 2018, donc pratiquement à la veille des élections. C’est un nouveau parti avec de nouveaux textes et de nouveaux attributs ; quoi qu’on dise, il me paraît normal et judicieux que les populations, les militants et sympathisants, s’approprient les attributs de ce nouveau parti. Et ceci ne peut se faire qu’à travers des séances de vulgarisation, de restitution et d’explication de ces textes et attributs du parti.

 

Mais est-ce que pour cela, on a besoin des tee-shirts à l’effigie du parti, des casquettes, et autres gadgets. On a franchement l’impression que c’est une campagne précoce.

Non il ne faut pas prendre quelques cas d’exception pour en faire une règle générale. Vous avez déjà assisté à un meeting UP où tout le monde était en T-shirt brandé ? Non, nous savons bien que la loi l’interdit. Toutefois, certains supports de visibilité et non de propagande ont été conçus à titre pédagogique pour montrer le logo, les éléments qui le composent, les couleurs dominantes, le slogan etc., et ceci est tout à fait normal. Si les populations n’identifient pas clairement leur parti il pourrait y avoir confusion le 28 avril prochain. Donc c’est un préalable indispensable.

 

Que dites-vous du ministère de l’Intérieur qui a exigé des compléments de dossier à tous les partis?

Le ministère de l’Intérieur est dans son rôle. Il revient aux partis de reprendre les dossiers et de s’assurer de leur conformité afin de les transmettre à nouveau.

 

On sait que le ministre de l’Intérieur est le responsable à la communication de l’Union Progressiste. Alors pourquoi n’a-t-il pas aidé le parti  pour éviter un tel rejet ?

Ce n’est pas son rôle. C’est d’abord la responsabilité des responsables des différents mouvements et partis membres qui composent l’Union progressiste. Mais je crois que les dispositions pour régulariser tout ceci sont en train d’être prises.

 

A cette heure précise du rejet, vous pensez que vous pouvez régulariser  avant l’échéance?

Rassurez-vous, il n’y a pas d’inquiétude à se faire de ce point de vue

 

Pour qui le chef de l’État penchera selon vous entre l’Union Progressiste et le parti Républicain ?

Sourire…Je pense que c’est une question qui mérite d’être posée au chef de l’Etat. Il est le seul capable d’y répondre convenablement. Sérieusement… Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de vous abstenir de faire un choix entre deux de vos enfants qui ambitionnent la même chose en tant que père de famille ?

 

C’est souvent difficile….

Oui mais en bon père de famille, c’est à vous de trouver l’attitude idéale qu’il faut n’est-ce pas ?  Etant progressiste, je souhaiterais que le chef de l’État soit progressiste. Si vous posez la même question à un Républicain, il vous dira la même chose. Donc il n’est pas nécessaire de savoir s’il est Progressiste ou Républicain. Le plus important, c’est qu’au soir du 28 avril, il puisse avoir une majorité confortable pouvant lui permettre de bien réaliser son programme d’action.

 

Mais ce qui est paradoxal, c’est le même chef de l’État qui prône un nouveau système partisan et qui souhaite que les gens soient identifiables à un seul parti ?

Ce n’est pas nécessaire que le chef de l’État soit membre d’un parti. C’est le Président de tous les béninois qu’ils soient de la mouvance ou de l’opposition. Il a sa vision, il a son programme d’action qu’il met en œuvre. Il n’a pas eu besoin d’un parti avant de venir au pouvoir. Pourquoi veut-on maintenant qu’il affiche sa position ou qu’il devienne membre d’un parti ? Qu’il soit membre d’un parti ou pas, il exécutera son  Programme d’action. Je pense que ce qui est important et sur lequel il faut mettre l’accent, c’est que les blocs qui sont constitués aujourd’hui autour de lui travaillent effectivement à lui assurer une majorité confortable.

 

Avec une impopularité sur le terrain?

L’impopularité sur le terrain: c’est de quel point de vue? Avez-vous fait un sondage d’opinion ? Il ne faut pas se baser sur des rumeurs ou les manœuvres d’intoxication organisées ça et là par des gens qui n’ont pas pu faire grand-chose en leur temps et qui ont laissé suffisamment de casseroles. Le Gouvernement a son bilan à mi-parcours qui parle de lui-même. Nous sommes sur le terrain et les retours que nous avons sont plutôt encourageants. Si  vous voulez parler des réformes qui sont engagées, on ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs. Mais, in fine, ce qui compte c’est le bien-être de la population. Et je pense qu’il faut alors encourager le chef de l’État dans ce sens.

 

Êtes-vous sereine  à propos des résultats du 28 avril prochain?

Sereine et optimiste. Parce que comme je vous l’ai dit, nous sommes tout le temps sur le terrain, contrairement à ce qui est vilipendé sur les réseaux sociaux. Nous sommes en contact permanent avec les populations et nous défendons le bilan du chef de l’État qui est un bilan positif, quoi qu’on dise. Il y a beaucoup de projets qui sont mis en œuvre. Vous allez voir au soir du 28 avril, la tendance qui sera dégagée. Je peux vous assurer que ce sera favorable au chef de l’État.

 

Vous êtes sereine alors que vos rivaux s’échinent pour aller chercher leur quitus fiscal?

C’est tout à fait normal. Le quitus fiscal fait partie des pièces à fournir. Il faut s’assurer de remplir tous les critères avant de se lancer dans cette aventure.

 

Pourquoi un faible taux de femmes engagées dans l’Union Progressiste ?

Pourquoi dans l’Union Progressiste ? D’abord c’est un fait général. La question de la représentativité des femmes dans les instances politiques n’est pas spécifique au Bénin.  C’est dans la sous-région, c’est en Afrique, et cela est lié à nos pesanteurs sociologiques. Un exemple. Combien de femmes y a-t-il dans l’effectif du personnel de votre journal? Et pourtant c’est un journal. Ce n’est pas un parti politique. C’est pour vous dire que c’est une préoccupation majeure à laquelle nous devons trouver des solutions.  Pour revenir à votre question, au niveau de l’Union Progressiste, il y a deux instances provisoires de décision. Nous avons le Bureau politique et la Direction exécutive nationale. Au niveau du BP, il y a 5 femmes contre 02 au niveau de la Direction exécutive nationale. Mais je dis que ce sont des instances provisoires. Il reviendra aux femmes de travailler et de bousculer les choses pour inverser la tendance au congrès prochain. Parce que c’est au congrès prochain que les vrais responsables qui vont diriger le parti seront élus par les militants. Donc, il revient aux femmes de commencer par travailler dès  maintenant pour inverser la tendance.

 

Est-ce qu’à l’occasion des prochaines législatives, des femmes seront  massivement positionnées?

Je pense que c’est la qualité qu’il faut viser d’abord. Il ne sert à rien d’amener des femmes sur une liste qui à terme ne sera pas productive. C’est la qualité qu’il faut rechercher et je sais qu’au niveau de l’Union Progressiste, il y a des femmes qui méritent d’être sur les listes. Quand les listes seront disponibles, on avisera.

 

Serez-vous sur une liste pour les prochaines législatives ?

Au moment opportun, vous le saurez.

 

Comment arrivez-vous à camarader au sein de l’UP avec autant de ministres ?

Dans l’Union Progressiste, on est tous membre. Chacun vient avec son titre mais quand on entre dans le parti, nous sommes tous des militants. Que vous soyez ministre, directeur ou préfet, quand vous arrivez au sein de l’Union, vous êtes tous membres. Vous êtes traité au même pied d’égalité. Vous ne pouvez pas vous prévaloir de votre titre et imposer votre point de vue. Les débats d’idées se font en toute camaraderie et dans le respect mutuel. C’est vrai que nous sommes de partis et mouvements différents, et nous expérimentons le  vivre ensemble. Mais l’objectif que nous visons c’est d’arriver à mettre en place le plus grand parti. Et pour cela, l’entente et la fraternité sont indispensables.

 

Comment vivez-vous la disparition des anciennes formations politiques auquel nous assistons ?

Nous nous sommes tous conformés aux exigences de la réforme du système partisan. Nous avons décidé de faire ce choix et nous l’assumons. Il faut regarder de l’avant. Aujourd’hui, il n’y a plus de RB, ni de RNC. J’ai été membre du RNC. J’ai porté pendant longtemps les valeurs du RNC. Je suis fière d’avoir été membre du RNC, mais aujourd’hui, j’ai apporté les valeurs du RNC à l’Union Progressiste autant que d’autres partis ont apporté leur savoir-faire, leurs valeurs et nous mettons tout cela ensemble pour construire quelque chose de durable. C’est le plus important.

 

Qui gère concrètement l’UP ou c’est un monstre à trois têtes ?

Il n’y a personne qui gère l’Union Progressiste. Le parti appartient d’abord aux militants. Maintenant, dans toute organisation, il faut une instance qui dirige et qui impulse la dynamique au grand groupe. Au niveau de l’Union Progressiste, je l’ai dit tantôt, il y a deux instances dirigeantes. Donc, il n’y a pas de monstre à trois têtes et chacun joue son rôle avec son cahier de charge. Pourquoi voir alors derrière ce trio dirigeant, un monstre à trois têtes ? Non, pas du tout. Ce sont des expériences qui sont mises ensemble pour construire quelque chose de durable.

 

Parlez-nous un peu de l’ouvrage  Pascal I. Koupaki. L’énigme, que vous avez récemment lancé.

C’est d’abord le partage d’une expérience vécue qui m’a motivée. J’ai vécu aux côtés de Pascal I. Koupaki, une expérience électorale extraordinaire et j’ai estimé qu’il était nécessaire de partager cette expérience-là. La deuxième raison est que l’homme m’a intéressée à plus d’un titre justement pour les mêmes raisons qu’il intéresse l’opinion publique. Aujourd’hui, quoi qu’on dise, la seule évocation du nom de Pascal Irénée Koupaki suscite beaucoup de polémiques. Donc, en tant que citoyenne et militante, j’ai voulu cerner un peu la personnalité de l’homme. Je pense que le titre que j’ai donné à cet ouvrage correspond bien à la personnalité du personnage principal.

 

Quelle image retenez-vous alors de cet homme ?

Je retiens l’image d’un homme de silence, de grande écoute et de résultat, rigoureux et exigeant vis-à-vis de lui-même et des autres.

 

Comment expliquez-vous alors son échec à la présidentielle de 2016, en dépit de toutes ses qualités ?

Une élection présidentielle n’est pas un concours où ce sont les plus brillants qui tirent leur épingle du jeu. C’est plus compliqué et plus délicat. Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en ligne de compte quand il s’agit d’une campagne électorale de cette envergure. Mais le constat est général est que les béninois n’ont pas un modèle d’homme politique comme repère pouvant déterminer leur choix.  Aujourd’hui et pour longtemps encore peut être l’argent restera le seul repère. Ce qui est dommage parce que rien de vraiment durable ne peut se faire sans vision. Je pense tout simplement que PIK était en avance sur son temps.

 

Quel enseignement tirez-vous du procès ICC Services qui vient de donner son verdict ?

C’est d’abord un ouf de soulagement pour les victimes, pour les coupables parce qu’ils sont désormais fixés sur leur sort et aussi pour l’opinion publique. La médiatisation de ce procès est pédagogique de mon point de vue. Au moins cela a permis aux citoyens de mieux comprendre et d’avoir assez d’éléments sur cette affaire qui a trop duré. Au-delà de tout, ce procès nous interpelle tous autant que nous sommes et confirme que l’enfer est pavé de bonnes intentions. J’ai fait aussi la lecture d’une volonté manifeste à maints égards que certains qui se noient voudraient bien l’être avec d’autres. Je tire la conclusion qu’il est important de célébrer les hommes valeurs qui ont résisté à la grande tentation. Si des magistrats de haut rang en arrivent à trébucher malgré leur maitrise du Droit, la sensibilisation et la conscientisation doivent être une tâche quotidienne de tout le monde.

 

Quelle appréciation faites-vous à propos de comment le président Talon mène la lutte contre la corruption ? 

Le gouvernement de Patrice Talon joue son rôle parce que la corruption est un fléau qu’il faut combattre. Et tout gouvernement doit mettre en place une politique de lutte contre la corruption. Il faut qu’on évite dans ce pays de voir derrière les actes de répression des crimes économiques, une sorte de chasse aux sorcières. Nous ne pouvons pas continuer à nous plaindre de l’impunité.

 

D’aucuns estiment qu’il y a des acteurs dans la mouvance qui ont géré des dossiers sous l’ancien régime, des dossiers qui ne sont pas très clairs… ? 

Ceux qui le disent n’ont qu’à le prouver. Parce que cela ne sert à rien de colporter des ragots. Je veux bien m’en tenir aux faits. Je ne suis pas là pour confirmer ou infirmer les rumeurs. Ce que je sais, c’est que le Gouvernement attache du prix à la lutte contre la corruption et nous devons l’encourager dans ce sens.

 

Quels sont à vos yeux, les actes forts posés par le régime actuel depuis son avènement ?

Je pense que depuis son accession au pouvoir le président Patrice Talon n’a fait que poser des actes forts puisque c’est un homme de réforme. De façon générale, je peux citer l’effort dans l’assainissement des finances publiques avec déjà la réduction du train de vie de l’État, l’effectivité de la réforme du système partisan, la désignation des chefs-lieux de départements, la création de la police républicaine, le rapatriement de nos objets culturels qui étaient bien gardés dans les musées du Nord, la réforme dans le système éducatif, la généralisation des cantines scolaires, la séparation entre l’exercice en clientèle privée et public par les médecins, la lutte contre les faux médicaments… Je peux en citer d’autres. Il faut reconnaître que le chef de l’État n’a fait que poser des actes forts depuis son avènement au pouvoir.  C’est un homme de vision et de résultats.

 

Il n’y a rien que vous reprochez à Talon depuis qu’il est là ?   

Je suis de l’Union Progressiste, parti de la mouvance et en tant que telle je soutiens les actions du chef de l’État. Les réformes ont toujours un goût un peu amer au démarrage ou dans leur mise en œuvre parce qu’elles induisent un changement, elles bousculent des habitudes. Mais on ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs. Le développement à un prix que tout le monde doit payer. Nous avons la chance d’avoir un homme qui a de l’ambition pour ce pays, et il est de notre devoir de l’accompagner et de le soutenir.

 

Cela fait trois ans déjà que nous serrons les ceintures. A quand le bonheur ?

Le bonheur se construit au quotidien et sur la durée. Nous allons laisser le temps au chef de l’État. De toutes les façons, le Programme d’actions du Gouvernement est en train d’être mis en œuvre et dans deux ans, puisque nous sommes en 2019, nous allons faire le bilan.

 

CARTE D’IDENTITÉ: Communicatrice dans l’âme

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Anique Djimadja est faite pour la communication. « Quand j’étais petite, se souvient-elle, je me plaisais bien à m’amuser devant le miroir pour présenter le journal télévisé.   Michelle Badarou, Marie-Constance Egbo Glèlè, Annick Balley, sont des figures qui ont développé en moi, l’envie de faire la presse audiovisuelle. » Ce n’est donc pas étonnant qu’à la fin de ses études universitaires, qu’elle atterrisse dans les médias.    Elle commence donc par le quotidien « Le Journal » où elle a été respectivement chef desk culture-société, secrétaire de rédaction et rédactrice en chef adjointe. Ensuite, ce fut le tour de « Vérité Hebdo », hebdomadaire dans lequel elle faisait ses armes lorsqu’elle est recrutée comme chargée de communication par le Programme d’actions pour la Promotion de la Bonne Gouvernance, un Programme triennal du PNUD.  A la fin du programme, c’est l’Organisation Néerlandaise de Développement, SNV qui la recrute. Elle se tourne plus tard vers une agence de communication, AG Partners, où elle fait dix ans. « Après toutes ces expériences, j’ai estimé que j’avais les armes qu’il fallait pour me prendre en charge. C’est là que j’ai créé mon agence en 2013 », affirme-t-elle. Anique Djimadja sera membre de la cellule de communication du candidat Pascal Irénée Koupaki en 2016. Elle sera d’ailleurs auteur d’une biographie de l’actuel ministre d’État secrétaire général du gouvernement, biographie parue le 24 janvier 2019 aux Éditions Plurielles. Mais qui donc est-elle ?

Née à Angaradebou, commune de Kandi en 1977, Anique Djimadja fait l’essentiel de sa scolarité à Cotonou. Elle décroche son CEFEB en 1987 à l’EPP Gbégamey Sud, puis le BEPC et le BAC série A2 au Collège Notre Dame en 1996.  A l’université, elle fait une maitrise en Sociologie-Anthropologie qu’elle complètera plus tard  par un Master 2 en Communication International et Relations Publiques et un autre en Management de Projets.  « De tout ce parcours, je n’ai pas eu de souvenir malheureux. Mais plutôt des expériences ». Même si elle garde au fond d’elle une douleur profonde du décès d’un être cher  il y a à peine un an, elle regarde l’avenir avec l’optimisme d’une femme battante, en vraie Nan d’Abomey.

 

INTIMITÉ: « Je n’abuse de rien »

Mère de deux filles et d’un garçon, Anique Djimadja reste attachée au modèle de vie inculqué par son père. « Il nous a inculqués très tôt l’indépendance et le goût de l’application au travail », dit-elle. Mère poule, elle consacre la plupart de son temps à ses enfants. Femme de rigueur, elle a réussi à bâtir une réputation solide sur le plan professionnel dans le milieu très difficile des agences de communication.  Son crédo, « derrière chaque obstacle, se trouve une opportunité ». Si vous l’invitez à table, elle adorera la pâte noire avec la sauce légume bien faite, pas forcément le « man tindjan ». « Je peux manger ça du 1er jusqu’au 31 », avoue-t-elle. Elle ne déteste pas non plus les pommes de terre sautées avec le filet de poissons. Boissons ? Plutôt de l’eau, mais parfois du Coca quand il fait chaud, ou accessoirement les dimanches, un verre de vin pour se faire plaisir. Elle ne refuse jamais une petite part de la crème caramel communément appelée gâteau flanc.  Côté sport, elle préfère la gymnastique, même si elle ne la pratique pas souvent.  Comment maintient-elle sa ligne ? Sans grand effort « je n’abuse de rien du tout » confie-t-elle. Et pour ses loisirs, elle adore faire le shopping, chanter, danser, pour se défouler.  Elle a été d’ailleurs chanteuse principale dans l’orchestre  des étudiants les Kasseurs.

La Rédaction

 

Anique Djimadja, membre de l’Up, invitée de «Sous l’arbre à palabres»: «C’est le travail de mobilisation qui va confirmer les positionnements»

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Membre du parti l’Union progressiste, Anique Djimadja.

Membre de l’Union progressiste, Anique Djimadja est l’invitée du numéro 117 de la rubrique ‘’Sous l’arbre à palabres’’ de votre journal l’Evénement Précis. Elle a été reçue ce mardi 12 février 2019 dans les locaux du journal à Mènontin. A cœur ouvert, elle s’est entretenue une heure environ avec les journalistes sur la vie et les activités de l’Union progressiste depuis sa création, les questions de positionnement sur les listes électorales, le rejet du dossier de création des deux blocs de la mouvance, la lutte contre la corruption sous Talon, les grandes réformes amorcées par ce dernier etc. A la question de savoir comment l’Union progressiste se prépare en ce qui concerne les positionnements pour les prochaines législatives, Anique Djimadja déclare : « Nous sommes conscients des problèmes de positionnement, c’est inhérent à toute campagne électorale. C’est le travail de mobilisation qui va confirmer la question de positionnement. Et nous en sommes conscients au niveau de l’Union progressiste ; c’est pour cela que nous mettons un point d’honneur sur la mobilisation au niveau de nos bases. » Il faut souligner que depuis sa création, les activités menées par l’Union progressiste sont définies par un chronogramme. Comme activités, le parti « Baobab » a organisé des campagnes de restitution et de vulgarisation des actes fondamentaux du congrès et les textes qui le régissent, puis des campagnes d’adhésion. L’invitée justifie la nécessité de cette dernière activité par le fait que c’est un nouveau parti et qu’il leur faut des adhérents et des sympathisants. Répondant à l’inquiétude d’une frange de la population au sujet de ce qui est considéré comme une précampagne électorale précoce avec l’utilisation de tee-shirts et casquettes, Anique Djimadja va déclarer qu’il s’agit d’un « langage communicationnel » utilisé pour permettre aux populations de mémoriser les attributs et couleurs du parti.
Par ailleurs, elle invite à ne pas voir les actes de lutte contre la corruption sous la Rupture comme une chasse aux sorcières. Pour elle, le gouvernement joue son rôle. Elle s’est aussi prononcée sur les grandes réformes conduites par le régime en place. A titre d’exemple, elle a évoqué la désignation des douze chefs-lieux de département, les réformes dans le secteur de la santé, l’assainissement des finances publiques. Considérant que toute réforme est douloureuse, elle a invité à voir les résultats plutôt que la douleur.

Fidèle KENOU