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Député de la 8e législature,
l’honorable Adam Bagoudou était l’invité d’Arzèkè Fm dans l’émission spéciale
du dimanche 14 juin 2020. Avec les confrères de ladite radio, l’élu de la 8e
circonscription électorale a donné ses appréciations sur les dernières
élections municipales et communales, surtout sur la modification de la loi
électorale intervenue alors que le processus de mise en place des conseils communaux était déjà
enclenché. Lire dans cet entretien ses explications.
L’Evénement Précis:
Quel est le regard du parlementaire que vous êtes sur les dernières élections
communales et municipales ?
Adam Bagoudou:
C’est vrai que le 17 mai, le peuple
béninois a été convié aux urnes et c’était pour le choix des conseillers
communaux et municipaux. C’est l’occasion pour moi de nous féliciter
globalement; de féliciter le peuple béninois qui a, par cette occasion, célébré
la démocratie béninoise ; de féliciter le peuple qui, en dépit de la pandémie
du coronavirus, a pu vaincre la peur et la panique pour se déplacer; de
féliciter le gouvernement qui a pris les mesures et qui a rassuré par sa
démarche au tour de l’organisation; de féliciter la CENA qui a été la chaîne
ouvrière et enfin, de remercier le peuple béninois, les électeurs qui ont porté
leur choix sur les candidats du Bloc Républicain.
C’est aussi l’occasion de dire mes félicitations à
l’ensemble des conseillers élus, les maires qui ont été installés, les membres
de l’exécutif; de féliciter donc chacun, et leur dire que la page des élections est
tournée. Et place maintenant au développement de nos communes.
On a vu que trois
blocs ont participé à ces élections. Quelle est votre analyse sur la force de
chaque formation politique ? On sait que
vous êtes du Bloc Républicain. Est-ce que vous reconnaissez aujourd’hui la
suprématie de l’UP sur vous ?
Il faut déjà saluer la vitalité de la démocratie béninoise.
Saluer les acteurs politiques des 5 partis qui étaient annoncés au départ. Et
dire que nous aurions aimé que la liste soit beaucoup plus large. Hélas ! C’était 5 au départ et puis à l’arrivée, suivant le code, trois se sont partagés les suffrages. C’est
l’occasion pour moi de nous féliciter et féliciter les 3 partis, donc les
compétiteurs.
Parlant du Bloc Républicain, notez que nous avons 746 élus
communaux à la fin. Nous avons collecté 921 257 suffrages (39,20%) contre 994 652 (42,31%) pour l’Union
Progressiste et 372 000 suffrages (16%) pour FCBE. Donc, le débat ne se pose pas en thème de suprématie.
C’est une élection. L’occasion a été donnée au peuple d’apprécier les offres
démocratiques des uns et des autres. Et
le peuple a fait le choix pour dire, nous pensons que cette offre est meilleure
par rapport à celle-ci. En bon démocrates, nous prenons acte et on s’organise
pour la suite. Ceux dont les offres n’ont pas pu être retenues, rendez-vous est
donc pris pour une autre occasion pour montrer qu’ils ont tiré leçon et qu’ils
vont pouvoir faire mieux prochainement. Le BR est donc satisfait de ces
résultats parce que ça participe de la vitalité de notre démocratie.
Dites-nous c’est quoi
votre appréciation du taux de participation globale à ces élections ?
49,50%! C’est quand même important. C’est déjà un très grand
pas en thème d’indicateurs démocratiques. Ce taux de participation montre que
le peuple béninois est attaché à sa démocratie. Il montre que nous sommes les
uns et les autres accrochés à cet idéal. Nous avons célébré donc cette
démocratie le 17 mai en sortant pour aller voter. 49 électeurs sur 100 ont pu
donc ménager leur agenda pour aller en dépit de la crise du coronavirus. Ça
veut dire que c’est déjà important. Ailleurs, les élections ont été
complètement différées rien qu’à cause de cette pandémie. Le gouvernement du
président Talon a dit, malgré cela, on prend des mesures, on rassure les gens
et allons-y. Ça s’est passé. C’est déjà une très grande satisfaction.
Parlant des textes
qui ont régi l’organisation de ces élections, on est revenu toucher un article
(l’art 189) pendant que le processus a été déjà lancé. Alors, quand vous êtes député à l’assemblée
nationale et que vous prenez une décision pour dire en procédure d’urgence
qu’il faut toucher à tel article pour permettre d’évoluer, dites-nous ce qui
n’a pas fonctionné entre temps? Qu’est-ce qui urgeait de se précipiter sur cet
article-là pour qu’à l’arrivée, on constate qu’on n’a faussé ?
Merci de me redonner l’occasion d’aborder cette question. Il
y a eu déjà beaucoup de débats autour. Et, il y en a d’avantage parce que nous
avons besoin de cette pédagogie pour continuer à expliquer aux gens, le bien fondé. Le législateur est d’abord un
homme du peuple. Il est dans le peuple. Il écoute et il sait apprécier. Quand
on vote une loi, on voit l’application, la compréhension que les uns et les
autres ont, les failles que les uns et
les autres tentent de trouver dans cette application. Souvenez-vous que dans le
processus de décentralisation tel qu’on a commencé en 2002, au départ on a dit
le maire doit être élu par l’ensemble des conseillers. Puis, vous avez vu en
2002, les kidnappings de conseillers. Chacun cherche sa majorité pour se faire
élire. On a dit attention, cette loi comporte des failles. Chemin faisant, on a
dit le parti majoritaire propose le maire.
Là encore, des gens ont trouvé
des passerelles pour dire, si ce n’est que ça, je peux trouver, démarcher une
majorité et imposer un candidat. Cette liberté que les uns et les autres se
donnent par rapport aux textes, crée un nid de corruption. Ça génère un certain
nombre de déviances que le peuple n’apprécie pas. Vous et moi sommes d’accord
pour dire, ça, ce n’est pas bon. Que des gens, une fois élus, aillent chercher des faiblesses de la loi
pour dire on a qu’à faire comme ça ; sachant bien qu’en faisant comme ça, on
dénature complètement le choix du peuple. Le peuple confie la majorité à un
parti. Si à l’intérieur, le parti dit,
c’est telle personne qui va être notre candidat et des citoyens, des
militants, de ce même parti disent que le choix du parti n’est pas bon, cela pose
un problème. Le choix du parti était bon
quand on a fait la liste. Le choix du parti était bon quand on l’a positionné
sur la liste. Le choix du parti était également bon quand les moyens du parti
étaient mis à disposition pour faire campagne. Et subitement, le choix du parti
n’est plus bon rien que parce qu’on veut se voire choisir. Le législateur dit
que c’est le parti majoritaire qui propose. Alors, si c’est le parti
majoritaire qui propose, on doit s’attendre à ce que ce choix recueille la
majorité des voix de ce parti au moins.
Mais, il se trouve que le parti majoritaire propose et que son choix
soit mis en difficulté. C’est cela qui a fait réfléchir à que faire. Deux
options se posaient à nous. Nous qui
avions dit est-ce qu’il faut les observer pour dire de toute façon, ils vont
finir par s’entendre ou qu’il faut retoucher la loi, sommes encore vivant.
Est-ce que c’est
autorisé ?
C’est une façon de faire.
On peut dire qu’ils vont finir par s’entendre. Mais ce faisant, prenons
l’hypothèse où ils ne s’entendent pas.
On change complètement la nature du choix du peuple. C’est-à-dire que le parti
majoritaire a été complètement zappé. Le maire n’est plus issu de son rang ou
le maire seul est issu de son rang, mais tous les autres postes de l’exécutif
lui échappent. Ce faisant le peuple qui a confié la majorité à ce parti est
encore en droit de dire, les conseillers nous ont trahis. Et la faute à qui ?
Au législateur qui a laissé de faille. À supposer même que c’est un seul cas
sur les 77 communes qui se produisait comme ça. La responsabilité est sur la
conscience des législateurs. C’est vous qui n’avez pas été suffisamment clairs.
D’où l’urgence de dire, il ne faut pas laisser la situation s’éternisée parce
qu’elle est potentiellement porteuse de germe
de déstabilisation, de dénaturation de la volonté du peuple. D’où la correction qui a été faite.
Ce vous avez
expliqué, nous l’avons compris. Mais comment il se fait qu’à votre niveau, vous ne l’ayez pas compris et que vous
laissiez couler jusqu’au démarrage du processus pour vous en rendre compte?
Qu’est-ce qui a pu se passer ?
Ce n’est pas qu’on n’a pas compris. On a fait foi à la bonne foi des uns et des autres. On s’est
dit qu’en français facile, lorsqu’on dit que le parti majoritaire propose, ça
doit passer. Le parti majoritaire a proposé, la majorité du parti doit pouvoir
l’emporter. Qu’est-ce qui a de plus difficile à comprendre là?
On a dit si ce français facile n’est pas compris, on va
encore le réécrire pour dire: le choix du parti s’impose aux militants et non
le militant s’impose au parti. C’est tout.
Donc ce n’est pas qu’on n’a pas vu. On s’est dit alors que cette
formulation se suffit à elle-même. Hélas !
Ça n’a pas suffi. Et alors se taire pour dire de toute façon ça va
s’améliorer, c’est jeté les bases d’une instabilisation et de la
déstabilisation de notre démocratie.
Ne pensez-vous pas
que c’est plutôt le fait d’avoir touché les textes en plein processus qui crée
la porte ouverte à tous les autres processus ?
Par exemple en 2021, on peut être amené alors qu’on est en plein
processus, à toucher aux textes pour dire voilà ce qu’il faut. Avons-nous les
garanties que nos textes sont solides ?
Je peux vous assurer que ce qui s’est passé concerne les 77
communes, 1815 citoyens communaux. Ça a concerné tout le peuple béninois. Il
s’agit de l’installation des conseils communaux. En 2021, il s’agira peut-être
de deux personnes ou trois personnes. C’est différent. Et les textes concernant
l’élection présidentielle ne souffrent d’aucune ambiguïté pour qu’on dise qu’il
y a problème d’interprétation. Le candidat arrivé premier et le suivant vont au
second tour.
Mais dans le cas d’espèce, on dit le parti majoritaire
propose. On peut être à l’intérieur de la majorité et chercher à recomposer la
majorité. C’est cela la nuance. C’est
pour cela que je veux vous rassurer qu’il n’y a aucune ambiguïté. En tout cas,
l’Assemblée nationale n’est pas disposée à faire des retouches, parce qu’ici
l’urgence était de clarifier, d’interpréter et de bien dire ce que le «parti
majoritaire» veut dire.
Est-ce que cela n’a
pas conduit à deux types de maires : ceux qui sont élus avec le code réajusté
et ceux qui sont élus avec l’ancien code ?
Heureusement que vous avez dit que les maires sont élus avec
un code. Donc, une loi. Ça veut dire qu’on ne peut pas dire qu’il y a des
maires qui n’ont pas été élus avec un code. Les deux types de maires dont vous
parlez sont légalement installés. Le législateur a dit : dans la première
formule où le parti propose, vous avez vu comme c’est passé comme une lettre à
la poste ? C’est-à-dire quand on prend le cas de Bembèrèkè. On dit le parti
Fcbe a proposé Garba Yaya, mais ailleurs quand on a dit le parti propose
Pierre, on dit non et puis à l’intérieur, il y a recomposition. Le parti a
désigné Garba Yaya ça veut dire que les 14 conseillers Fcbe de Bembèrèkè ont
choisi Garba Yaya. Ça va de soit puis qu’on a dit : le parti l’a désigné. C’est
la même chose dans la deuxième formule où on dit que le parti a désigné et
c’est validé par l’ensemble des 14 conseillers. Donc, dans un cas comme dans
l’autre, c’est légalement fait, c’est propre et c’est mieux comme ça pour la
vitalité de notre système partisan. C’est la nouvelle éthique qui doit régner.
Que les uns et les autres se comprennent. Par le passé, il y a des pratiques
que vous et moi, avions dénoncé. Aujourd’hui, il faut commencer par corriger.
Certes, ce n’est pas encore la perfection mais elle n’est pas de ce monde. On
va y arriver progressivement.
Comment
appréciez-vous la percée des Fcbe dans certaines localités, notamment dans la
ville de Parakou ?
Vous devez savoir que deux élections ne se ressemblent
jamais. Quand on quitte une élection à une autre, il y a toujours des facteurs
qui interagissent. Dans le cas général pour les élections, il faut d’abord
savoir qu’il y a des électeurs très conservateurs. Il y a aussi des électeurs
qui prennent en compte la dynamique. Le parti auquel ils ont été habitués par
le passé. Ils affichent une certaine réserve par rapport aux nouveaux partis et
enfin, lorsque vous êtes un élu en exercice et vous voulez renouveler votre
mandat, ça change encore. Tout élu en exercice, pour sa réélection, son bilan
compte très peu. A peine 30%. Ce qui fonde le choix des électeurs, ce n’est pas
ce que vous avez fait, mais ce que vous comptez faire et que vous allez faire.
Les nouveaux rêves dont vous êtes porteurs. Et les électeurs vous apprécient pour
dire : les nouveaux rêves dont vous parlez là, ce n’est pas évident que vous
les portiez. C’est pour ça que la réélection d’un élu qui est en exercice est
souvent très difficile. Vous avez vu le cas de Parakou. Je voudrais d’abord
dire que Parakou a un électorat conservateur. Observez en 2015 que lors des
élections de proximité, il y a eu 16
conseillers Fcbe, 1 conseiller ABT et 7 ou 8 de l’alliance Soleil si ma mémoire
est bonne. Donc, Soleil et ABT sont entrés dans le conseil communal en 2015.
2020 maintenant, observez qu’à côté des Fcbe les nouveaux partis sont BR et UP.
Mais FCBE qui était de la majorité qui sortait avec 16 conseillers, aujourd’hui
a 17. Regardez la variation. On peut dire qu’il y a une constance, une
conservation. On peut dire que le peu de pénétration des nouveaux partis n’a
pas été plus fort et plus vite qu’on espère. On peut dire aussi que les
nouveaux leaders qui portent les nouveaux rêves n’ont pas été compris.
On peut dire aussi que la réélection des acteurs a été un
facteur, parce que la réélection, c’est : qu’est-ce que vous promettez de
nouveau ? Ce que vous avez déjà fait est un acquis. Le peuple oublie ça très
vite. C’est ça qui fait que souvent pour le Président de la République, vous
n’allez pas oublier la présidentielle de 2016. Si Lionel Zinzou n’a pas pu
franchir, c’est que la continuité d’un pouvoir n’est pas une chose facile en
matière d’élection.
Est-ce à dire qu’à
Parakou l’UP et le BR jettent l’éponge et laissent l’électorat aux FCBE ?
Pas du tout. La dynamique est en marche. Je vous ai dit
chaque facteur. La réélection d’un leader qui peut être un élément du fait que
les nouveaux rêves, le peuple ne les a pas encore bien cernés, parce que ce que
vous avez déjà fait, c’est bon. Ce que vous comptez faire, c’est ça qui importe
pour l’électeur. Deuxième facteur, l’électorat globalement a un instant de
conservation. Et troisièmement le contexte sociopolitique. Donc les nouveaux
partis BR et UP doivent continuer à travailler. Les leçons essentielles à
tirer, c’est de ça que je parlais. Comment faire pour qu’on puisse prendre
conscience de ce que les nouveaux partis doivent poursuivre. Observez sur
l’ensemble du département, vous avez vu le cas à N’Dali, à Bembèrèkè, à Nikki.
Les nouveaux partis doivent continuer à travailler pour améliorer leur
visibilité et rentrer davantage à la base pour montrer qu’ils sont porteurs
d’un nouveau rêve.
A Tcharourou, les
Fcbe n’ont pas percées alors que d’aucuns estiment que les gens ont voté pour
ce parti à cause de l’ex Chef de l’Etat Boni Yayi. Qu’en pensez-vous ?
On parle de l’instinct conservateur et de l’Etat d’esprit.
Je répète encore que vous avez trois facteurs : la dynamique de réélection des
acteurs, qu’est-ce que vous promettez ? Deuxième facteur, vous avez les
nouveaux leaders qui portent les rêves et troisième facteur, vous avez la
capacité de pénétration des nouveaux partis. Vous avez pris le cas de
Tchaourou. Bien entendu que ces trois facteurs mis ensemble montrent que l’un a
dû jouer plus que l’autre. D’où les résultats que vous avez observés.
Est-ce à dire qu’à
Tcharourou, l’UP et le BR ont réussi à faire encrer les partis dans la mémoire
des populations de Tchaourou, et qu’à Parakou cela a manqué ?
C’est pour ça que je répète que les trois facteurs, il faut
les mettre ensemble : état d’esprit, instinct de conservatisme, la nécessité de
nouveaux rêves et le taux de pénétration des nouveaux partis.
A chaque étape,
qu’est-ce qu’il faut faire ?
Il faut travailler à renforcer le taux de pénétration. Il
faut travailler à ce que les acteurs qui portent les rêves fassent preuve
davantage de pédagogie, parce que le peuple, lorsque vous dites, bouge d’un
point A à un point B, il vous écoute et il dit : ce que vous avez dit est vrai,
mais je ne suis pas prêt. Attendons demain. C’est de ça qu’il s’agit. Les gens
vont de report en report. Ils estiment que ce que vous leur proposez n’est pas
suffisamment mûr. C’est humain. C’est normal que le taux de pénétration ne soit
pas encore suffisamment assez fort. Vous allez à Cotonou, il y a l’UP
naturellement. En 2015, l’UN et la RB
ensemble ont eu la majorité absolue. L’UP qui regroupe ces deux forces, a gardé
globalement cet électorat avec une petite nuance. Ça veut dire que ces facteurs
de taux de pénétration, l’antécédent électoral, l’état d’esprit et l’instinct
de conservatisme ont joué. Donc ailleurs, le travail a été plus accéléré, plus
élaboré. Ça a certainement donné plus de résultat. Mais quand vous prenez le
cas de Tchaourou, le BR est parti avec 15 conseillers sortants de l’ancienne
équipe. Observez déjà que le simple fait que ça soit des conseillers sortants,
la réélection des conseillers sortants, a effrité par endroit. Pour dire que
les nouveaux rêves qu’ils portent ne sont pas suffisamment perceptibles. C’est
ça le danger de la réélection d’un élu en exercice.
Une leçon forte à
tirer ?
Bien sûr ! C’est pour cela que le Chef de l’Etat a dit que
la réélection d’un Président en exercice, ce n’était pas une question de bien
travailler. C’est une question de coût d’opportunité, d’état d’esprit et des
nouveaux rêves que vous portez. Votre bilan, vous pouvez mettre du goudron même
jusque dans le salon de chacun, il dira : merci beaucoup, c’est déjà un acquis.
L’électeur est imprévisible. Il a la mémoire très courte. C’est pour ça qu’il
faut toujours garder la sérénité. Pour un scrutin de liste comme c’est le cas,
vous allez toujours découvrir. Il y a 15 personnes sur la liste dont 7
personnes qui sont des conseillers sortants par exemple. Pourquoi on va
regarder pour dire : lui, il n’a pas suffisamment fait ceci. Et on oublie très
rapidement ce que les 8 autres nouveaux peuvent apporter. Non pas que les 7
conseillers sortants ont démérité, mais simplement l’électeur s’est accroché à
un détail et dit : moi je pense que lui il n’est pas porteur d’un nouveau rêve
pour nous.
A Bohicon, Luc
Atrokpo s’est fait suffisamment réélire jusqu’à avoir de bonus sur Cotonou.
Comment expliquez-vous cette prouesse ?
J’ai dit tantôt les trois facteurs qui jouent. Luc Atrokpo,
s’il restait à Bohicon, il serait certainement réélu. Vous avez parlez de
bonus. L’UP a décidé que Luc Atrokpo vienne à Cotonou. C’est une option. Quand
un parti s’engage dans une compétition électorale, il se donne les moyens de
gagner. Il se dit : est-ce qu’il y a un citoyen ici qui peut porter un nouveau
rêve ? A Cotonou, Luc Atrokpo, on ne lui a pas opposé sa réélection. On a vu en
lui qu’il porte un nouveau rêve. Alors qu’à Bohicon, il ferait trois fois
d’efforts pour se faire comprendre.
Quel est l’impact de
la communication dans les enjeux politiques ?
La communication est très importante. Et vous avez vu la
communication depuis l’annonce jusqu’à la fin. Ça a donné. Ça a présenté un
nouveau produit qui a fait oublier qu’il est un ancien maire. Un nouveau
produit. C’est ça le nouveau rêve qui n’a rien à avoir avec : qu’est-ce que tu
nous as fait ? Le nouveau rêve, c’est : qu’est-ce que tu vas nous faire ? Et
c’est ça que l’électeur apprécie en général.
Il a donc fallu une
rencontre du Tandem He Chabi Sika et He Adam Bagoudou que vous constituez pour
décider du sort de la commune de Tchaourou…
Après les élections, nous nous sommes tous retrouvés au sein
d’un même parti, le parti pour le développement de la commune de Tchaourou.
C’est la devise, lorsque vous êtes un acteur politique. Vous devez aussi avoir
pour objectif de contribuer au développement de la commune et comme ses dires
ont été appréciés des populations, je lui ai dit de prendre alors les devants.
La loi a aussi dit que c’est le parti majoritaire qui propose. Dans le
protocole d’accord UP-BR à Tchaourou, UP a 14, BR a 11 et Fcbe a 8. Vous
observez deja que 8+3 donne 11 et 11+3 donne 14. Donc, BR est au milieu et tend
la main aux deux autres pour construire la commune. J’ai donc tendu la main et
l’ordre politique de l’UP a été accepté. J’ai souhaité plein succès à cette
mandature et nous allons nous donner la main pour construire cette mandature.
Nous nous sommes dits à la séance que vous avez vu, que c’est Tchaourou
d’abord.
Il y a donc une
entente parfaite?
Non. Mais un compromis pour avancer.
On sait dans un passé
récent que votre entrée sur scène pour aller au parlement n’a pas été facile,
que cela a failli diviser les fils de Tchaourou et fâché l’honorable Chabi
Sika…
Il n’y a personne qui désire moins le pouvoir. Chacun
cherche plus de pouvoir. Il n’y a pas ce citoyen qui souhaite qu’on lui donne
moins de pouvoir. C’est pourquoi quand quelqu’un doit perdre un millimètre
carré de pouvoir, il est un peu soucieux. C’est humain et ça passe avec le
temps.
Pendant la campagne
électorale, nous avions constaté des déviances du côté du BR comme de l’UP.
Vous vous êtes tirés sur les jambes alors qu’on a rappelé tout à l’heure que
vous êtes du même père. Cela n’a pas fragilisé certains partis?
Vous vous trompez de matière. En politique, ne vous attendez
pas à autre chose. Ce n’est pas un club d’amis où on se voit pour prendre
ensemble le café. Chacun a proposé une liste et veut que sa liste sorte
gagnante. Chacun s’est mis en campagne pour démontrer qu’il a la meilleure
liste. Avez-vous jamais entendu quelqu’un dire que son pain est froid? Il est
toujours chaud. Il va vous montrer que c’est chaud et c’est une fois à la
maison que vous remarquerez le contraire. Laissez donc tomber les questions de
frères jumeaux. C’est deux partis distincts qui sont dans l’animation politique
nationale et qui travaillent chacun de son côté à être meilleur. Et pour cela,
chacun s’y est mis de son côté pour montrer qu’il est le meilleur
Mais ça a été fatale
pour la mouvance, à Parakou
Bien entendu. Lorsque chacun se met en compétition, ça va
heurter à la fois l’excès de changement, et de continuité. Ce sont les facteurs
des partis qui détiennent le germe de changement, de continuité ce qui va aider
l’excès de conservation. Tout ceci, mis ensemble, donne le résultat que vous
avez.
Si je prends le cas
de bohicon, le BR est venu majoritaire mais le choix a été difficile. Il a
fallu un arbitrage avant de désigner celui qui va gérer…
Quand vous finissez de gérer l’ambition des partis, vous
avez l’ambition des militants. Mais quand le parti tranche, les militants
s’effacent. Mais vous n’allez pas pouvoir interdire l’ambition du militant à l’intérieur.
Personne ne réclame moins le pouvoir. Si quelqu’un en trouve, il prend
davantage. Quand nous n’avons pas assez de pouvoir, cela rend un peu triste.
Une fois que le parti choisi, tout est fait. C’est ce à quoi on doit
s’attendre. Le parti doit leur permettre de s’exprimer et de faire part de
leurs ambitions. Quand le parti décide, vous oubliez. Dieu a envoyé un message
très fort à Tchaourou. 8, 11, 14. Le BR a été
distant des deux. C’est un message qu’il faut décrypter pour dire qu’il
faut se mettre ensemble. La loi a dit que c’est le parti majoritaire qui
désigne et les autres pour apporter leur soutien. C’est ce que nous avons fait.
Nous avons rencontré tous les conseillers BR pour leur dire de se mettre à la
disposition du conseil communal.
Que devient le projet
de la route Bétérou- Tchaourou- Kassouala?
L’homme propose et Dieu dispose. C’est un projet qui a suffisamment
trainé et qui est dans sa phase active. En effet, c’est en février que le
projet devrait démarrer quand l’entreprise qui a gagné le chantier a été confrontée
à la fermeture des frontières. Tous les techniciens qui doivent débarquer sur
Cotonou n’ont pas pu le faire. C’est maintenant que tout commence par se
dégeler. Ce projet nous tient beaucoup à cœur et je peux vous rassurer que ce
n’est qu’une question de jours.
Le Chef de l’Etat a
parlé «d’alliance contre nature». Comment vont se gérer les conseils puisqu’on
n’a pas eu d’élection au regard du code revu, principalement lorsque le maire
de Parakou aura lors d’un vote, 16 contre et 15 pour?
Je félicite encore le Ministre Maire, Aboubacar Yaya. Il n’y
a pas de soucis à se faire. Le chef de l’Etat n’a pas parlé d’alliance contre
nature. Il a dit que Fcbe BR ou Fcbe UP, ce n’est pas bon. Fcbe a fait campagne
en disant qu’il est un parti de l’opposition, UP et BR de la mouvance. A
l’arrivée, des conseillers vont quitter BR pour aller dans Fcbe mais la loi a
dit de garder la majorité. Il n’y a aucun souci à se faire dans la gestion du
conseil communal. Le Parti pour le développement de Parakou est déjà né. Qu’ils
soient UP, BR ou Fcbe, ils vont se mettre ensemble pour y arriver. Dans son
message, le maire Charles Toko a expliqué tout ce qui est fait et a indiqué des
pistes. Tout ce qu’il a cité participe au développement de Parakou et, au maire
Aboubacar Yaya de rassurer avoir pris bonne note de ces chantiers ouverts.
Imagine que lors du prochain conseil communal, l’un des points suggérés par le
maire Charle Toko, vienne à l’ordre du jour. Ce sera fait. Et si un autre point
non inscrit par le parti BR est aussi suggéré, ce sera également fait. C’est
ainsi que le développement de Parakou va fonctionner et vous verrez que
progressivement, ils vont se mettre ensemble.
Dans les communes de
Banikoara et autres, certains ont boycotté la séance de désignation du maire.
Quels sont les risques et quel conseil auriez-vous à leur donner?
Le risque est grand et ce n’est que le début. Donnez le
temps aux gens de gérer les émotions et tout ce qui découle de cette
installation. Personne ne demande moins le pouvoir. Celui qui en a, va en
demander davantage. Il n’y a aucun souci pour le cas de Banikoara qui a été
cité.
La majorité qui est installée va démarrer le processus. Il y
a à coup sûr des préoccupations particulières entre les deux camps. Les
préoccupations qui viendront en conseil en fin d’unanimité entre les deux,
minorités et majorités, puisqu’elles feront objet de débat inbox pour discuter
progressivement des choses à déchiffrer. C’est comme ça que ça fonctionne dans
tous les assemblées élus.
Vous ne comptez pas
avec les intrigues politiques ?
Je compte avec ça. Mais, il faut parler de Parakou,
Banikoara d’abord et vous verrez qu’ils sont des gens de bonne foi. Ils savent
qu’ils ont été élus non pas pour eux même, mais pour apporter le développement
dans les communes. Les élus du Bloc Républicain, à travers dix engagements, ont
parlé lors de la campagne. Nous avons parlé d’exemplarité. Nous avons parlé de
disponibilité, d’engagement au service du développement de la Nation. Donc, peu
importe les réactions, dans ce protocole que nous avons avec l’UP, nous
travaillons à ce que notre cellule soit dans l’exemplarité absolue pour
apporter leur touche au développement locale.
Pour la formation de
ses élus, on a vu l’UP qui a démarré des séances de formation des élus des 41
communes…
Nous avons élaboré un agenda électoral qu’on a déroulé au
niveau du Bloc Républicain. Cet agenda comporte en son point numéro 27, la télé
évaluation de tous le processus des 546 membres que nous avons. Quand on va
finir de faire ce décryptage, globalement dans tout le pays, nous allons voir
si c’était une élection présidentielle, ce que ça donnerait. Quand on va finir
de faire ce tableau, on passera maintenant au devoir technique qu’est la
formation donc l’immersion des élus. Aux Maires, Adjoints, CA et tout le
reste, on a dit qu’ils sont désormais en
mission pour le Bloc Républicain, mais surtout pour la Nation.
Nous allons nous entretenir pour retenir le format de la
date, du lieu et du thème à développer. Tous d’abord l’atelier d’évaluation et
ensuite lancer la formation donc c’est tout une série d’activités.
Et la question du
parrainage ?
Pour la question du parrainage, pour bien la comprendre, il
faut donc relire le texte. On dit que vous pouvez être candidat aux élections
présidentielles. La loi vous donne droit. Mais on dit attention, il faut être
parrainé par 10% des élus ou députés. Toute la nuance est là. Il faut être
parrainé par 10% des élus maires ou députés. Même si vous n’appartenez pas à un
parti politique, la loi vous dit que
vous pouvez être candidat. Donc vous avez à chercher le parrainage des 10% des
élus de votre parti. Cette œuvre se réalisera pour que vous puissiez comprendre
l’engagement du Président Patrice Talon.
Le gouvernement a
décidé d’accompagner le peuple en thème de mesures sociales. D’abord dites-nous
comment vous appréciez cela. Ensuite, en vous mettant dans la peau de quelqu’un
qui a géré le palais pendant des années dites-nous s’il est facile de mobiliser
74 milliards pour des mesures sociales ?
Lorsque vous êtes un homme d’État, vous êtes appelé à servir
les autres ; à apporter des réponses à leurs attentes ; à tendre les oreilles
pour dire quelles sont les préoccupations majeures. Il faut voir comment le
gouvernement de Patrice Talon utilise des mesures contre cette pandémie
planétaire. Il a gardé sa sérénité. Et malgré tout ce qui se passe autour de
lui, tout se fait dans la patience. Il a invité les acteurs de la CNP pour
qu’ils lui fassent le point de l’impact de la pandémie dans chaque secteur et
chacun d’eux a dit les points qui ont été attaqués. Après il a visé la
faiblesse générale du pays qui est l’eau et l’électricité et c’est là qu’il a
déchiffré. Cette famine-là, est ce qu’elle prendra fin dans 6 mois ou dans un
an ? Personne ne sait. Aucun scientifique n’a pu dire à ce jour ce qui peut se
passé d’où la prudence dans l’évaluation. L’une de ces préoccupations est
comment faire pour impacter les pauvres, les artisans et c’est tout ça qui a été mis ensemble.
Alors, l’étude sommaire a fait sortir 74 milliards pour dire, n’attendons pas
que tout soit abîmé parce que ce projet est pour la relance des activités
économiques. C’est là qu’on a levé le cordon sanitaire, les vols vont bientôt
reprendre. Il y a même les transports en commun qui ont déjà repris ainsi que
les hôtels qui reprendront bientôt. Donc il faut des mesures de relance des
activités d’où la subvention des 74 milliards. Raison pour laquelle il faut
féliciter le président de la République. Ces 74 milliards font plus de 300000
modules de classes qui auraient pu être construites. C’est aussi près de 24000
forages. 74 milliards, c’est près de 2400 centres de santé, plus de 90km de
routes bitumées. Mais pourtant, il a décidé de servir le peuple pour relancer
les activités économiques en raison de cette pandémie du Coronavirus. Voilà
pourquoi il est difficile à comprendre ce qui se passe. Alors, il est
nécessaire d’encourager le Président Patrice Talon
On va demander à
l’honorable de conclure cette émission
Merci pour cette occasion que vous nous donnez et je m’en vais vous dire que la démocratie béninoise va très bien et il y a des progrès en cours également.
Entretien réalisé par Arzèkè Fm, transcrit par Anselme HOUENOUKPO, Edwige TOTIN, Rastel DAN et Laurent D. KOSSOUHO