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Membre du Bureau Politique du parti Union Progressiste le Renouveau et Président de la Fondation Conscience Citoyenne, Moukaram A.M. BADAROU est le nouvel invité de la rubrique « Sous l’arbre à palabre » de l’Evènement Précis. La qualité de gouvernance sous le président Patrice Talon, les nombreuses réalisations et diverses réformes entreprises depuis 2016, le code électoral modifié et les réactions qu’il suscite toujours, le parti UP-R et son évolution dans le gotha politique béninois… Ce sont autant de sujets abordés au cours de l’entretien avec l’ancien préfet de l’Ouémé-Plateau qui sans langue de bois, préfère dire blanc quand c’est blanc et noir quand c’est noir. Actuellement directeur adjoint du cabinet du président de l’Assemblée nationale, Moukaram Badarou qui se nourrit de la vie parlementaire dans la deuxième institution de l’état se prépare à sortir très prochainement deux ouvrages dont l’un s’intitule : « Le Talonisme ». Pour l’invité de « Sous l’arbre à palabre, « ‘’Le Talonisme’’ est comme un modèle économique qui peut être adopté sur le continent africain au regard de ce qui est fait et de ce que nous avons vu longtemps ». Lisez plutôt.
Vous vous apprêtez à sortir un livre intitulé Le Talonisme. Pourquoi un tel titre ?
Je voudrais vous dire tous mes remerciements pour cette invitation. « Sous l’arbre à palabre », je crois que je suis déjà de passage ici trois fois parce que j’aime bien cette émission qui prend le rythme de ce que faisaient nos anciens, ce que faisaient nos illustres anciens pour trancher souvent des problèmes, face à certains problèmes, pour trouver des solutions, et ça a toujours guidé nos anciens à être dans la paix et à avancer. Nous sommes héritiers de tout ce qu’ils avaient fait. Et je voudrais rendre à tous ceux qui ont travaillé pour qu’aujourd’hui nous soyons là. Tous ceux qui ont œuvré avant le 1er août 1960 et aussi depuis le 1er août 1960 jusqu’aujourd’hui. Et à ce jour, tous ceux qui ont œuvré pour que le Bénin joue sa partition dans le concert des nations. Nous sommes héritiers de ce qu’ils ont fait et nous allons leur emboiter le pas, afin que la génération qui va nous suivre puisse aussi bénéficier de quelque chose de mieux.
Cela dit pourquoi un tel ouvrage. Je dirai deux ouvrages. Effectivement, un qui porte le titre ‘’Le Talonisme’’ comme modèle économique qui peut être adopté sur le continent africain au regard de ce qui est fait et de ce que nous avons vu longtemps. Et un second ouvrage qui porte sur ‘’L’échec des partis politiques’’ notamment au Bénin. C’est les deux ouvrages que j’ai sous la main et qui doivent être sur la place publique d’ici là.
Sur le premier, comme vous l’aviez dit, c’est consacré au président Talon. Ce n’est peut-être pas ça, mais c’est consacré à la personne intrinsèque du président Talon. C’est consacré à la gouvernance qui rompt avec ce qu’on a l’habitude d’avoir, que ce soit ici au Bénin et quand on tourne un peu sur le continent africain. Ce qui fait que depuis un moment, le développement du Bénin aujourd’hui prend de l’envol pour la simple raison qu’il suffit d’aller fouiller dans les années 60 ce qu’était la Chine, ce qu’était Hong Kong, et ce qu’est la Chine et ce qu’est Hong Kong aujourd’hui. Ça permet de voir qu’effectivement nous marquons le pas, qu’effectivement il y a plein de choses qu’on devrait faire et qu’on n’a pas faites. En huit ans d’exercice de pouvoir, quand on prend le coefficient du rythme du changement que nous aurions pu avoir dans le pays et qu’on essaie une certaine extrapolation, on peut comprendre que si un tel modèle d’exercice de pouvoir avait été adopté longtemps, on aurait quitté cette étape.
Ce modèle parle d’abord de la personne de Talon lui-même, à la rigueur qu’il a vis-à-vis de lui-même. Il suffit de le voir dans son habillement, dans la ponctualité qu’il a. Un de mes enseignants dans les années 90, nous avait dit que le jour où les Africains maitriseront le temps, ils démarreront le développement. Je le constate avec le Président Patrice Talon. Que ce soit à la campagne électorale, que ce soit ses passages à l’Assemblée nationale, que ce soit des rendez-vous que vous devez avoir avec lui, que ce soit à l’occasion des fêtes du 1er août, on constate que la ponctualité est une exigence à son niveau.
Quand il donne une heure, c’est l’heure. Quand il donne le temps du rendez-vous qu’il doit prendre, le temps que la rencontre doit prendre, ça n’excède pas le temps dit dès le départ.
On comprend que celui qui gère bien son temps, il n’y a rien à faire, il va avoir les résultats. Quand on prend la restauration de l’autorité de l’État que nous avons eue depuis que Patrice Talon est aux affaires, nous constatons que les citoyens disent qu’ils ne veulent pas le problème de Talon. Quand vous entendez ça, prenez ça comme la réussite de la gestion parce que la peur du gendarme est le début de la sagesse. Cela démontre l’autorité de l’État, pas l’autoritarisme. L’autorité de l’État qui s’affirme et quand l’autorité de l’État s’affirme, ça permet à ce que tout se passe bien.
Qu’il vous souvienne que le président Adrien Houngbédji avait parlé d’un État fragilisé, fragmenté, banalisé, descendu de son piédestal. Je crois qu’un an après la prise de pouvoir du président Talon, je disais que l’Etat qu’il a hérité était un Etat banalisé et que dans cette foulée où l’Etat n’est plus respecté, le chef n’est plus respecté, où la chose publique n’est plus respectée tant qu’on reste comme ça, il n’y a aucune raison… Quand vous prenez au niveau des préfectures, il y a longtemps qu’on tournait en rond pour que les chefs-lieux connaissent des préfectures à chaque département. Il n’y a rien à cacher. Compte tenu des difficultés qu’il y avait, Kérékou s’est méfié. C’était pareil pour le Président Boni Yayi. Aujourd’hui, les préfets sont désignés. Ce qui rapproche l’administration des populations. Quand vous prenez à l’avènement du président Patrice Talon, l’école à un moment donné était un problème. Le président Mandela disait que quand tu veux tuer un peuple, ça ne sert à rien d’amener les canons là-bas. Retirez-leur l’éducation, ils vont s’entretuer eux-mêmes.
Je ne peux pas dire qu’il ne reste pas encore un problème, mais on a désormais des avancées. Qu’il vous souvienne que sur les neuf mois de cours, nos enfants pouvaient passer trois mois voire quatre pour des mouvements de grève, et chaque année, c’est après beaucoup de tractations qu’on a le ouf, et qu’on dit que l’année est sauvée. Et chaque année, on sauvait l’année. Et finalement, nos enfants ont des diplômes sauvés.
Il faut constater que depuis 5 ans, 6 ans ou 7 ans, l’école est redevenue relativement stable. Nos enfants vont à l’école à temps réel. Les examens s’organisent à temps réel. On a un moment pour le CEP, le BEPC et le BAC. Et ça se passe à temps prévu. On a les résultats à temps prévu. Cela dénote d’un apaisement pour le développement de l’école. Et il est allé plus loin pour introduire la réforme du CNE qui s’occupe aujourd’hui de tout ce qui a trait à l’éducation.
Donc, l’école revient petit à petit. Je ne veux pas dire que l’excellence est déjà là. Je suis allé à l’école des anciens, c’est pourquoi j’affectionne « Sous l’arbre à Palabres ». Il y a encore à faire, mais il y a une avancée qui dénote de sa façon de gouverner. Il y a plusieurs points sur lesquels je peux vous parler de ce que c’est que le modèle de gouvernance du président Patrice Talon où on fait avant de venir en parler. Donc, une gouvernance axée sur le vrai, axée sur des exigences, axée pas sur les salamalecs, mais sur du concret, sur du travail vrai, mais en comptant sur nos propres forces. Ce qui fait qu’aujourd’hui au Bénin, avant l’arrivée de Patrice Talon, on mobilisait 700 milliards par an, aujourd’hui, nous sommes à plus de 1700 milliards. Ce qui permet à ce qu’on ait la possibilité de s’occuper du développement. L’État peut produire. Aujourd’hui, notre agriculture se porte mieux. Ce qui fait que sur le coton, nous sommes premiers dans la sous-région. Au niveau de l’ananas, nous sommes troisièmes. Au niveau du maïs, ça se porte bien. On a le besoin d’environ 1 million et quelques, mais on a produit, en 2023, 2 millions de tonnes. Donc, notre agriculture se porte relativement bien. Nos chiffres macroéconomiques se sont retrouvés en bonne santé. Malgré toutes les difficultés de la sous-région : le terrorisme, à l’international la guerre en Ukraine et la COVID-19. Notre économie est restée résiliente, malgré la frontière du Nigeria fermée. Chaque Béninois pensait, comme on le dit souvent, parce que ça vient parfois des plus hautes autorités, que : « Quand le Nigeria tousse, le Bénin s’enrhume ». C’est ce qu’on est allé vendre au Président Buhari. Si tu fermes la frontière, le peuple va se retourner contre lui. Certaines choses auraient pu se passer.
Le modèle qu’il a mis en place aussi, c’est la dématérialisation qui a amené un support réel et non des incantations à la lutte contre la corruption, puisque désormais, dans beaucoup de choses que vous pouvez faire, vous payez de plus en plus, vous avez un numéro de vos paiements, vous amenez devant l’ordinateur et vous avez ce que vous voulez. La liste des réalisations et des prouesses sous la gouvernance Talon est bien longue.
Au niveau sanitaire, par exemple, ceux qui, peut-être, n’ont pas perdu des gens d’une manière fatale, ne comprennent pas ce qui se passe. Aujourd’hui, faites un tour au CNHU et même dans les centres de santé de zone : il n’y a rien à faire, vous allez constater une certaine amélioration parce que, là aussi, la rigueur y a fait son entrée. Il avait pris une grave décision et les médecins en étaient fâchés, mais il fallait prendre une telle décision. Vous êtes médecin, vous êtes payé par l’État, mais nos bonnes dames vont à l’hôpital, nos parents vont à l’hôpital, mais le médecin qui est payé par l’État, il a son cabinet privé et ils ont même des clébés, c’est-à-dire, c’est à peine que vous êtes arrivés à l’hôpital que son clébé vous dit : « Vous feriez mieux d’aller le voir dans son cabinet, non ? Parce qu’il ne tarde pas ici » alors que la dame n’a pas beaucoup d’argent. Donc, si l’État vous paye, vous restez à l’hôpital et, si vous ne voulez pas rester à l’hôpital, vous démissionnez de là pour aller vous occuper de votre cabinet. Celui qui a les moyens viendra dans votre cabinet privé, mais le citoyen lambda, il vient à l’hôpital que l’État accompagne. Je voudrais inviter l’Événement Précis à faire le tour dans quelques hôpitaux de zone, notamment au CNHU. Il n’y a rien à faire, vous reviendrez avec un certain changement et il est allé plus loin. Le plus loin, c’est la construction de ce qu’on a appelé CHIC, Centre hospitalier international de Calavi. C’est avec beaucoup de saignement dans les veines quand j’ai des cousins, des parents, des amis qui sont malades et qui doivent aller à Lomé pour se faire soigner. Pour ceux qui en ont un peu plus, ils vont en Afrique du Sud, dans les pays arabes (le Maghreb) ou alors en Europe. Quand j’entends l’Europe, je sais qu’au moins chez eux, ils ont des avances par rapport à nous, il n’y a pas de soucis, mais quand j’entends Lomé, la Côte-d’Ivoire ou le Ghana, quand j’entends l’Afrique du Sud, j’ai le saignement dans les veines. À partir de quoi, pour nous soigner, on doit aller à Lomé alors que nous sommes en mesure de nous soigner chez nous. Et pourquoi ? Puisque pour nous, chaque fois que cela veut se passer, il n’y a rien à faire que les gens comme Ahomadegbé, même Kérékou retournent plusieurs fois dans leur tombe, c’est-à-dire tout ce qu’ils ont fait a servi à quoi ? Les gens comme Béhanzin peuvent se retourner mille fois dans leur tombe, toute la lutte faite, tout le sacrifice consacré a servi à quoi si après tant d’années, en 2024, pour que le citoyen béninois se soigne, il faut qu’il aille à Lomé. Aujourd’hui, le CHIC, je crois à mon humble avis, de ce que j’apprends, il n’y a rien qu’on doit soigner qui doit forcément nous amener à Lomé, si ça ne peut pas se faire ici au niveau de cet hôpital. Comme vous le constaterez, c’est presque dans tous les domaines que Talon a visé. Je parlais de l’ouvrage « L’échec des partis politiques », mais avant d’y arriver, je veux dire que Patrice Talon, dans son travail efficace, honnêtement, je n’avais jamais pensé qu’il pouvait faire un tel job. Je parlais aussi de la sécurité. Il ne vous a pas échappé que j’ai été préfet, et donc j’ai une idée de ce qui était notre sécurité, notamment au niveau de ce qui se passait au niveau de la police et de la gendarmerie. Talon a le courage et aujourd’hui, au niveau de la sécurité intérieure, nous avons des résultats. Donc, au niveau de la sécurité publique, où non seulement il y a une vision qui s’est installée et les moyens appropriés parce que le gars est militaire ou policier, il n’y a pas de formations de recyclage, de renforcement, mais aujourd’hui, ils ont des formations de renforcement. Et mieux, faites un tour au niveau du nouveau camp qui est construit. À un moment donné, j’ai un militaire qui m’a demandé, entre eux, ils se posent des questions pour savoir si c’est vraiment un camp qui est construit pour eux. Je ne veux pas parler de sa beauté, mais de tout ce qu’il y a à l’intérieur. Mais aujourd’hui, quand vous arrivez dans les camps, vous vous croirez dans les salles de formation où c’est avec une modernité de notre temps que c’est fait. C’est presque tous les domaines qui ont été visités et avec efficacité. Je parlais des partis politiques, on était à presque 300 partis politiques.
Les Béninois se plaignent aujourd’hui des difficultés existentielles, ne serait-ce que pour assurer trois repas quotidiens. Il y a un contraste avec tout ce que vous venez d’énumérer comme prouesse. Comment expliquez-vous cela ?
J’entends ça souvent. Tout ce que nous avons dit qui est vérifiable est vérifié maintenant. Il y a plusieurs aspects qu’il faut voir dedans, sur le maïs. On va expliquer les raisons parce qu’à un moment donné, quand le chef de l’État a pris une décision d’empêcher d’aller vendre les produits à l’extérieur, ce sont les mêmes Béninois qui ont crié : « Le gars, il a son truc, il peut aller vendre là où ça l’arrange, pourquoi on va l’empêcher ? » Or, si on vide le terrain de maïs, le peu qui va rester sera cher. C’est-à-dire que je veux aller vendre mon affaire au Nigéria, ce que je vends à 200 à 350 F, je peux le vendre à 800 F là-bas, j’aurai l’envie d’emmener ça là-bas, donc c’est le gouvernement qui aurait pris sa décision, mais quand ça a été pris ici, ce sont les mêmes Béninois qui ont crié. Je pense qu’il faut qu’on soit honnête. Mathieu Kérékou, paix éternelle à son âme, a dit : « Les cadres béninois sont comme des mercenaires ». Je ne suis pas loin de lui, je le pense. Les prix ont relativement grimpé et ça, c’est partout. Prenez le cas de la France pour ce que je sais. Par exemple, le pain qui était à 0,80 euro est passé à 1,1 euro, parce qu’on produit souvent ce qu’on ne mange pas et on aime manger ce qu’on ne produit pas, et donc ça fait une dépendance avec l’extérieur. Je vais avouer que c’est avec la guerre en Ukraine que j’ai compris l’apport dans ce qu’on mange par jour, et du coup, quand il y a eu guerre là-bas, ça a causé un problème. C’était presque jumelé à la crise du Covid-19, donc il y a assez d’éléments qui parlent de ce qui a permis de conquérir, il suffit dans les autres pays d’Afrique de faire la comparaison avec ce que nous faisons ici pour se rendre compte que le gouvernement n’a pas laissé le pays. C’est bien le contraire, l’essentiel est fait pour aider. La preuve, nous avons dans la sous-région un taux d’inflation en moyenne de 1,4 %, complètement loin du seuil fixé par l’UEMOA qui est de 3%. Mais il y a autre chose, par contre, et moi, je veux vous le dire. Vous savez qu’au Bénin avant 2016, le pouvoir d’achat qu’on avait en main était du leurre, ce n’était pas en phase avec les réalités vraies que nous savons avec notre économie et je m’explique. Le monsieur gagne 100.000F par mois. Il a la possibilité d’avoir 1 million en poche avant la fin du mois. Il gagne 500.000F, mais il a la possibilité d’avoir 2.000.000F avant la fin du mois. Vous comprenez qu’à force d’avoir ce qui n’a rien à voir avec son salaire en main, les dépenses vont être affectées positivement, c’est-à-dire qu’il peut dépenser sans compter puisqu’il sait que le lendemain il aura encore ça et, d’une personne à une autre, ça s‘est presque généralisé. Et ça, on va trimballer ça longtemps, même après le mandat de Talon. Je veux défier quiconque sera en mesure de me dire que les Béninois ne font pas une grande différence avec les Dahoméens ou les Béninois d’il y a 30 ans qui organisaient leur vie autour de leur salaire et de leur revenu. C’est-à-dire, s’il gagne 100.000 F, sa vie est organisée autour de ça, il travaille à ce que les 100.000 F soient plus, mais sa vie est d’abord organisée autour de ce qu’il gagne. Au Bénin aujourd’hui, rares sont ceux qui organisent leur vie autour de ce qu’ils gagnent. Et notre difficulté ambiante est beaucoup due à cela et nous allons trimballer ça pendant longtemps. C’est-à-dire que le gars est mécanicien. Il n’est plus prêt à vivre rien qu’avec les frais de réparation que vous lui devez. Si la pièce défectueuse est à 1000F il va vous dire 2000F. Il est maçon. Quand vous lui confiez un chantier, il n’est plus prêt à vivre rien qu’avec ce que vous voulez lui payer. Ses yeux sont sur la tonne de ciment que vous mettez à sa disposition. Si vous lui remettez deux tonnes, ce n’est pas évident qu’il utilise les deux tonnes. Et ça à plusieurs endroits, au niveau des hommes de métiers, au niveau des commerçants, c’est la même chose, parce qu’au niveau des différents endroits où la marchandise doit passer pour être sur son étalage, le monsieur est en mesure de lui dire si tu me donnes tant, tu passes et c’est ça. Conséquence, j’ai parlé tantôt de la mobilisation des ressources au niveau de l’État. Pourquoi ça a flambé ? C’est le fait de ce que désormais on contrôle à partir de la dématérialisation, et donc, le commerçant qui, en lieu et place de payer ce qu’il faut avant que la marchandise ne soit sur le marché et qu’il a payé complètement plus bas du fait du faux, forcément vous serez impacté positivement puisqu’il va vous rendre relativement moins cher. Mais désormais, où il faut payer ce qu’il doit payer à coup sûr, vous, client, vous allez subir aussi. Donc nous sommes dans un piège où chaque Béninois doit y travailler. Parce qu’aujourd’hui, lorsqu’on prend la Chine quand Mao avait démarré, les Chinois criaient, mais aujourd’hui, la Chine, comme vous pouvez le constater, tient tête à la France, aux États-Unis. Et pourtant, quand moi j’ai été en Chine, on m’a montré plusieurs zones où, il y a 50 ans, ce n’est pas mieux que Cotonou, et quand vous le voyez aujourd’hui, ça n’a rien à voir. C’est pour dire que tant que le pouvoir d’achat ne va pas être relativement en phase avec la réalité économique, c’est-à-dire que je gagne tant et c’est avec ça que je veux vivre, je pourrai me plaindre. Ce n’est pas pour dire que tout va bien. Ce n’est pas pour dire qu’il n’y a rien à revoir. Il y a forcément par endroit des angles à arrondir à coup sûr. Mais véritablement, nous devons avoir le courage de faire savoir que chaque citoyen béninois soit en mesure de dire : « Non, moi je ne vis pas comme ça », et parce qu’il est d’accord que c’est comme ça qu’il vit, il comprendra que le problème, c’est lui-même. Je veux en appeler à la nécessité de chaque Béninois d’être en mesure de vivre en phase avec son réel revenu.
Alors parlons très rapidement de votre second livre intitulé L’échec des partis politiques. Qu’en dites-vous ?
L’idée de ce livre est partie d’un thème de mémoire de master que j’ai fait en science politique après avoir quitté la préfecture. Et vous le savez, je suis acteur dans les partis et l’échec est palpable. Depuis 1990 que le pouvoir est donné aux partis politiques, ce sont les partis qui devraient produire les présidents. Et quand un parti politique produit un président, le jour où il prête serment, il sait là où il doit commencer. C’est l’équipe qui a tout le temps travaillé à travers le bureau politique, à travers les sections départementales, à travers les cellules, qui se trouve tout de suite aux affaires.
Donc, ils se connaissent. Le parti a une mission. Il a un projet. Ils ont travaillé longtemps ensemble. On vient seulement mettre en œuvre. Au niveau d’un grand parti politique, vous avez celui qui se charge des affaires de l’économie, celui qui se charge des affaires de sécurité, celui qui se charge des affaires de la communication, ainsi de suite. Le jour où vous arrivez aux affaires, vous avez dans votre back-office ceux avec qui vous voulez travailler. Depuis 1990, aucun parti n’a produit un Président de la République. Soglo est venu à partir de la Conférence nationale. Après, il a mis en place un parti politique. Après, Kérékou est venu et est resté pendant dix ans. Au lieu que ce soit le président Bruno Amoussou du Parti social-démocrate (PSD), à l’époque, ou le président Adrien Houngbédji du Parti du Renouveau démocratique (Prd), c’est Yayi Boni qui est arrivé. Je me rappelle comme si c’était hier, le jour où Yayi Boni se déclarait vraiment pour être candidat. Il dit, alors qu’il était président de la BOAD, « si la Cour constitutionnelle valide ma candidature ». Donc, si la Cour avait dit non, ça veut dire qu’il nous laisse dans notre affaire politique. La Cour a validé et c’est lui qui a été élu. Rapidement, il y a eu des regroupements de partis politiques qui se sont mis à son service. Il a fait dix ans.
En lieu de place d’un homme politique, c’est un homme d’affaires qui est venu, le Président Talon. Alors, si ce n’est pas un échec, je ne sais pas comment on peut appeler ça. C’est pour cela que j’ai mené une réflexion sur le sujet. Quand on dit le Parti socialiste en France, nous savons que c’est la gauche, nous savons que c’est la promotion des enjeux sociaux, et quand on dit un parti comme l’UMP en France, on sait que c’est de la droite… Quand on parle du PDS, chacun sait que c’est le libéralisme, et de même en Côte d’Ivoire, quand on parle du FPI, chacun sait que c’est la gauche. Ici, dans le pays, il y a deux partis qui ont souvent retenu fondamentalement mon attention sur cette question d’idéologie : c’est d’abord le Parti communiste, dont chacun sait que c’est bien le communisme politique là-bas, et le PSD du président Amoussou, qui appartenait même à l’international socialiste.
En dehors des deux, je peux commencer par réfléchir : nous, au PRD, à l’époque, nous étions proches du libéralisme, mais sans pourtant franchir forcément le pas. La preuve, c’est qu’on n’appartenait pas à l’instance internationale libérale. Donc j’ai le grand souhait qu’à la suite de la réforme réussie par le président Patrice Talon, où aujourd’hui, on est passé quand même de près de 300 partis politiques à une quinzaine, qu’il nous en faut moins, pour la simple raison que, au moins aujourd’hui, ce qui est là ressemble un peu à ce qu’on souhaite avoir. Quand vous prenez l’Union progressiste Le Renouveau dont je suis membre du bureau politique, on est assis dans les 746 arrondissements du pays. Ce qui est une bonne chose. C’est-à-dire que si nous avons quelque chose à faire à Djougou, à Bembèrèkè, à Kétou et autres, on n’a pas besoin de mercenaires politiques. On a des médecins avérés déjà.
C’est pareil pour le BR. Je crois savoir que c’est pareil pour les Démocrates. Il est bon que les autres formations politiques aussi, je veux parler de celles qui n’ont pas la puissance électorale que je viens de vous expliquer, travaillent à rejoindre ce mouvement. De sorte que, dans le pays, on ait des partis politiques qui soient capables de dire réellement ce qu’ils veulent, qui soient capables de se battre pour prendre réellement le pouvoir, et qui soient capables d’exercer le pouvoir. Et quand un prend, il faut qu’il y ait la possibilité pour l’autre de le charger comme il le faut ; d’organiser une certaine opposition pour préparer au mieux. C’est dans cette concurrence-là que le peuple tire son compte. C’est pour ça que, parlant de cet échec en filigrane, l’idée est de souhaiter que les partis reviennent réellement à la charge, qu’ils soient des partis politiques dignes de ce nom. Et mieux, que le militantisme ne soit pas un militantisme économique.
Le Bénin organise dans moins de deux ans des élections générales avec de nouvelles réformes à polémique, dont le code électoral modifié. Quelle est votre appréciation de ce Code ?
Vous savez, on ne peut pas être démocrate à moitié. Soit on est démocrate ou on ne l’est pas. Et je comprends, nous sommes en train de faire le pas, mais nous n’y sommes pas encore. Pour les Africains, c’est quand ça marche qu’il y a démocratie. Quand ça ne marche pas, c’est que non, il n’y a pas eu de démocratie. Mais la démocratie, c’est les deux mis ensemble. La démocratie, c’est que vous pouvez gagner. Et le charme de la démocratie, c’est que vous pouvez aussi perdre. Quand on perd, on assume. Je veux attirer votre attention par rapport à ce code. Qu’il vous souvienne que quand on votait ce code-là à l’Assemblée nationale, un mois et demi avant, il y avait aussi eu un autre projet de loi qui est la révision de la constitution, notre constitution qui est souvent considérée comme notre Bible. Là aussi, parce que nous sommes des démocrates, à moitié. Car, si on est démocrate à part entière, vu que la constitution a prévu les conditions de la révision, on peut réviser si les conditions sont réunies. Et donc, quand le projet là avait été rejeté, y compris avec les députés de la mouvance présidentielle, je n’ai pas entendu ça. C’est contre ça que nous devons nous battre, si nous voulons aider notre pays. Dans le pays, personne n’a le monopole, personne n’a la santé sociale. Même l’enfant béninois qui n’est pas encore né a des droits sur le pays. Cela dit, ce code a été voté dans la même condition que le non-vote de l’autre, le rejet de l’autre. Quelqu’un fait une proposition, si je ne me trompe pas, c’était Aké Natondé. Mais au même moment, il y avait eu l’autre. Les deux mis ensemble ont fait le tour, le circuit normal à l’Assemblée nationale. Les deux ont fait le tour qu’il faut, et on en est arrivé à la situation où le code a été voté. Il n’est même pas encore expérimenté. Quand on l’avait fait la fois passée, c’était comme ça qu’il y avait eu un peu de bruits, et pourtant aujourd’hui, à l’Assemblée nationale, nous avons 24 femmes désormais qui siègent systématiquement. Puisqu’à partir d’une élection législative, on va avoir les femmes désormais. Ce qui crédibilise notre pays aujourd’hui au niveau de la sous-région et à l’international.
Aujourd’hui, avec ce nouveau code, qui n’invite qu’au renforcement des partis politiques sur le terrain, qui n’invite qu’à mettre fin aux partis politiques en pièces détachées, aux petits partis politiques, on se rend compte que nous avons une cohérence dans nos idées. Comme on en avait appelé, ici, en 2008, le PRD, le PSD, le MADEP, Force Clé, qu’on avait appelé les G et F, si vous vous souvenez, et qui, après, est devenu l’Union fait la Nation. Et c’est sur les cendres de l’Union fait la nation avec les forces politiques que l’UP Le Renouveau aujourd’hui est là.
Donc, il y a une cohérence dans ce que nous sommes en train de faire, parce qu’on emprunte tout de suite très souvent des raccourcis. On dit : « Non, non, c’est ce que les talents politiques font ». C’est une cohérence politique. On dit que si vous voulez être candidat à l’élection présidentielle, par exemple, il faut que vous ayez au moins 15% des députés. Ça fait 28. Ça empêche quoi ? Ça empêche d’avoir des candidats aventuriers, pour avoir des candidats dignes de ce nom. On dit que ces parrains-là doivent provenir d’au moins trois cinquième des circonscriptions. Ça ne fait que renforcer. Qu’est-ce que cela appelle ? Je suis aujourd’hui Union progressiste. Vous voulez avoir un candidat. Ah, il faut bien gérer mon militant. Si je le perds, je suis en train de perdre du terrain. Il faut que je le gère au mieux.
Il faut qu’en plus de lui, j’aille chercher l’autre. Et même s’il gère l’autre, il faut que j’aille chercher encore l’autre en plus. Et mieux, le BR va être en train de faire la même chose. Les Démocrates vont être en train de faire la même chose. Moele Bénin et d’autres vont être en train de faire aussi la même chose. Dans cette guéguerre de concurrence positive, le gagnant, c’est le peuple.
Parce que chaque fois que c’est l’aventurier qui gagne, chaque fois que c’est une bonne partie du peuple qui vient aux affaires, celui qui gagne, c’est le peuple. Mais dans le cas contraire, parce que, je vous parle la main sur le cœur, pour le peu que moi je sais de l’activité politique et de l’actualité politique, pour peu que je sois acteur politique, nous sommes perdants si nous serons en train de nous consacrer à la chose politique, parce qu’il n’y a pas d’homme dont la profession est presque politique. Écrire par ici, venir « Sous l’arbre à Palabres » par là-bas, dans le parti politique tous les jours, et qu’à l’arrivée, c’est un quidam qui vient être porté, vous trouvez ça normal ? Moi, je le dis avec beaucoup de colère. Je me rappelle, quand Yayi Boni a pris le pouvoir en 2006, à notre corps défendant, on était au PRD, ça nous a ébranlés. Ça a été un échec politique. Je me retrouvais à Accra avec l’ancien Premier ministre ivoirien, AffiNguessan, qu’il repose en paix. Et nos députés devaient élire le président de l’Assemblée nationale ici. Et à l’arrivée, c’est Mathurin Nago qui a été élu président de l’Assemblée nationale.
Donc, j’étais avec lui quand on parlait. Quand j’ai reçu le message, quand j’ai été élu président, j’ai dit que le nouveau président de l’Assemblée nationale vient d’être connu. Il vient du camp de Yayi Boni. AffiNgessan me dit qu’il se passe quelque chose qui n’est pas bien chez vous. Il dit que créer, ne serait-ce qu’une association n’est pas facile. Encore plus qu’un parti politique et que vous soyez là, c’est un autre qui vient prendre le pouvoir, et même l’Assemblée nationale qui devait être le contre-pouvoir, c’est encore lui qui contrôle ça… Donc, il y a un problème.
Mais les Démocrates disent que c’est un code qui est vraiment limité, taillé sur mesure…
C’est ça que je vous dis. Dans “taillé sur mesure” qu’ils disent là, si les amis de l’UP-R dorment, on sera surpris. Si le BR dort, il sera surpris. Si les Démocrates dorment, ils seront surpris. Parce que si, en lieu et place, c’est Moele Bénin qui travaille beaucoup sur le terrain et que les Béninois adhèrent beaucoup plus aux idéaux de ce que prône Moele, ce sont les urnes qui finiront par les départager. Bon, vous dites code taillé sur mesure, on a fait des élections législatives ici à Cotonou, là où le gouvernement de Talon avait beaucoup plus de résultats. Quand les Béninois ne sont pas d’accord sur un certain nombre de choses, sur les 9 députés de Cotonou, on en a eu 6. Ça nous a interpellés sur le travail à faire pour corriger le tir et nous y sommes. Donc, c’est pour vous dire qu’il faut quitter le bavardage politique pour en arriver aux vrais problèmes. La vision, elle est là, c’est la mutualisation des forces politiques, c’est d’éviter la balkanisation des partis politiques, de redonner de la force aux partis politiques. Faites un tour aujourd’hui au siège du BR, de l’UP-R, et vous allez vous rendre compte que ce sont des machines politiques qui travaillent là. Et aujourd’hui, l’État finance une bonne partie de nos activités, et c’est un mieux pour chaque formation politique. Et cela doit continuer. Si cela s’arrête, à moyen terme, c’est qu’on est perdu.
Votre camarade Iréné Agossa dit que le Code ne sera pas voté avant 2026. Vous le croyez ?
Vous savez très bien que nous avons une majorité à l’Assemblée nationale au niveau de la mouvance présidentielle. Si quelque chose bouge, c’est qu’il faut venir nous convaincre, c’est-à-dire qu’il faut venir convaincre les députés de la mouvance présidentielle. Si vous n’arrivez pas à les convaincre, c’est que ça ne marche pas. Rappelez à chaque homme politique qui passe devant vous de ne pas être démocrate à moitié, d’être réellement démocrate, d’être complètement et définitivement démocrate. Si vous jouez et que vous gagnez, vous assumez. Je vais vous donner l’exemple de ce que nous jouons aux démocrates tropicaux. Et moi, c’est avec beaucoup de regret. À l’élection de Donald Trump, même le Président Hollande avait déjà envoyé un télégramme à madame Hilary Clinton. Moi, en allant dormir avec RFI, c’est elle qui sera élue. Je mets la radio à 6 heures, j’apprends que c’est Donald Trump. Je tombais des nues. Et il n’y a pas beaucoup d’observateurs qui n’étaient pas surpris et qui n’avaient pas compris que quelque chose s’est passé. Mais le camp Hilary, qui avait tout préparé pour aller fêter la victoire, était obligé de plier les bâches et de rentrer à la maison, bien qu’ils étaient convaincus que quelque chose s’était passé. Mais puisque nous sommes en démocratie et que la Cour suprême avait proclamé l’autre élu, vous rentrez à la maison. Vous allez travailler pour changer l’ordre des choses. Donc, en temps normal, et ça, je le souhaite que les journalistes, de toute façon, vous savez, on est tous embarqués. Si c’est bon, c’est bon pour nous tous.
Si c’est mauvais, on va tous subir, certains moins que d’autres. Que cela soit bien compris. Par conséquent, si un aventurier politique de la mouvance ou de l’opposition passe ici devant vous, rappelez-lui de ne pas être démocrate à moitié, d’être réellement démocrate, d’être complètement et définitivement démocrate. Si vous jouez et que vous perdez, vous assumez. Je vais vous donner un exemple de ce que nous jouons aux démocrates tropicaux. Et moi, c’est avec beaucoup de regret. À l’élection de Donald Trump, même le Président Hollande avait déjà envoyé un télégramme de félicitation à madame Hilary Clinton. Moi, en allant dormir avec RFI, je mets la radio à six heures et j’apprends que c’est Donald Trump et je tombais des nues. Et, il n’y a pas beaucoup d’observateurs qui n’étaient pas surpris et qui n’avaient pas compris que quelque chose s’est passé. Mais le camp Hilary qui s’était préparé pour aller fêter la victoire était obligé de plier les bâches et de rentrer à la maison, bien qu’ils étaient convaincus que quelque chose s’est passé. Quelque chose s’était passé, mais puisque nous sommes en démocratie et que la Cour Suprême avait proclamé l’autre élu, vous rentrez à la maison et vous allez travailler pour changer l’ordre des choses. En temps normal, et ça vous savez, on est tous embarqués. Si c’est bon, c’est bon pour nous tous. Si c’est mauvais, on va tous en souffrir, et certains moins que d’autres, que cela soit bien compris aussi. Par conséquent, si un aventurier politique de la mouvance ou de l’opposition passe ici, s’il est dans le bavardage, je vous invite à nous arrêter dans le bavardage. C’est-à-dire, dire à chacun qu’il est dans le bavardage. Je vous le dis parce que quand la Cour constitutionnelle a fini de proclamer les résultats et que vous vous dites non, qu’est-ce qu’on fait ? Puisqu’on a dit que les décisions de la Cour ne sont susceptibles d’aucun recours. Cela veut dire que c’est le dernier recours. Si nous voulons être en paix quand la Cour, et c’est pour ça que j’ai pris l’exemple de ce qui s’est passé aux États-Unis, quand la Cour a proclamé Donald Trump, bien que les gars avaient quand même quelques éléments probants indiquant qu’il y a eu de souci, mais puisque c’est la Cour qui proclame en dernier ressort, ils se sont pliés. Ils sont allés se battre et tout faire pour les dégager de là et ils y sont arrivés. Donc, si nous voulons être de vrais démocrates, de réels démocrates, nous devons savoir que dès que c’est proclamé, s’il y a un combat à mener, un peu comme vous venez de le dire, je peux aller me battre sur le terrain, je peux chercher à convaincre x ou y nombre de députés, si j’arrive à mobiliser, j’enclenche le processus. Si j’arrive à faire jouer en ma faveur, c’est tant mieux, comme ce qui s’est passé avec la révision de la constitution. Il ne faut pas penser que quand la constitution avait été rejetée, les hommes de la mouvance sont allés prendre du yaourt le soir-là ou du champagne, c’est avec beaucoup de chagrin. Mais vous assumez si vous voulez faire avancer le pays. Parce que si la Cour dit que c’est Gérard AGOGNON qui a gagné et que moi, je suis prêt à contester et à bouder, donc ça veut dire que le jour où la Cour va dire que c’est moi, Gérard aussi aurait raison de bouder et c’est un bordel.
Donc ce n’est pas le peuple qu’il faut convaincre, ce sont les députés ?
C’est les représentants du peuple. Ah oui, qui peut réguler le peuple qui est là maintenant ? Ce n’est pas le peuple. Les peuples ont déjà délégué au député leur autorité. Sauf s’ils travaillent à ce qu’il y ait un référendum, et là aussi, selon notre constitution, il faut toujours passer par les députés. Et ça, je sais qu’au niveau de mes amis les Démocrates, ils le savent. Et c’est pour ça que moi, je me libère quand je suis devant la presse. J’aime la presse, je suis un homme de la presse, mais j’aime la plume courageuse. J’aime la plume qui indique le chemin. J’aime le micro qui indique le chemin, j’aime le micro courageux de dire : « Ce que vous faites là, vous allez brûler le pays, parce que quand le pays va brûler, tout le monde est perdu ». Cela veut dire quoi ? Chacun sait qu’après la Cour il n’y a plus rien. Donc, s’il y a quelque chose à faire, ce n’est pas par les incantations. Il faut absolument prendre le chemin qu’il faut. Et ça, ça ne se demande pas seulement au micro. C’est-à-dire que je veux mobiliser des députés pour aller dans mon sens, ça ne se demande pas seulement au micro. Et je sais que ceux qui le disent le savent. Ça, c’est un. D’autres structures morales qui veulent prendre le chemin, devraient le faire sans micro. Parce qu’on n’en a déjà pas eu dans le pays. Des gens de vénérable mémoire et je profite pour très rapidement ouvrir la brèche. Ce qui me chagrine aussi, on ne sait pas rendre hommage aux gens. C’est des gens comme De Souza qui nous ont permis d’avoir une conférence nationale apaisée. C’est grâce à lui que peut-être que l’Evénement Précis est là aujourd’hui. Mais quel hommage on rend à De Souza aujourd’hui dans le pays ? Rien. En dehors de mettre son nom quelque part. Il faut qu’on sache rendre hommage aux gens pour dire ceci : Quand vous n’êtes pas d’accord, vous prenez le chemin qu’il faut pour vous plaindre. Mais quand vous avez fini de vous plaindre, de faire le recours, l’institution devant laquelle vous vous êtes plaint, tranche. Mais si vous vous refusez, cela veut dire que moi-même, je peux ne pas être d’accord avec vous. Donc du coup, on revient dans la même chose.
La question de la succession du Président Talon se pose. Au niveau de votre Parti, comment préparez-vous cette succession ?
Au niveau de l’UP-R, nous travaillons comme parti politique d’abord. Nous faisons ce que nous avons à faire pour mieux nous installer. Kérékou nous a enseigné que c’est le terrain qui commande. Donc nous travaillons à une meilleure installation de notre parti politique sur le terrain. Nous savons que nous aurons les élections générales en 2026 et donc forcément l’élection du prochain Président de la République. Le moment venu et en son temps, le Parti, à partir de ses instances, prendra la décision de qui doit porter notre étendard. Ce qui est sûr, c’est qu’on sera présent à ces élections.
Cela veut dire que l’UP-R aura son candidat qui viendra de son sein ?
L’UP-R aura le candidat qui portera notre vision.
Donc pas un candidat qui viendra forcément de votre sein ?
Ce qui compte pour l’UP-R, c’est d’avoir un candidat qui est complètement ancré dans ce que nous faisons. Un candidat qui est complètement ancré dans notre vision et, le moment venu, c’est l’UP-R qui va choisir celui-là. Et en le choisissant, nous le choisissons en âme et conscience et en fonction de la vision qui est la nôtre, en fonction de notre crédo. Qui ça va être ? Ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est que la personne soit celle qui porte notre vision, celle qui porte nos idéaux, celle qui est en mesure de faire traduire dans les faits ce que nous avons dans nos papiers.
Vous êtes Directeur Adjoint de cabinet du Président de l’Assemblée nationale sous la neuvième législature, dites-nous un peu les grandes avancées qu’il y a eu sous cette législature.
Je dois le dire, j’ai la chance de l’être depuis la huitième législature. Je veux profiter de votre micro pour remercier le Président Vlavonou pour la confiance faite à ma modeste personne de travailler à ses côtés. Je dois dire que c’est un homme formidable, beaucoup cultivé, un homme politique averti. Et quand un homme politique est cultivé et, mieux, doublé d’un grand sens de la moralité, ça fait une bonne cuisine administrative. Donc, que ce soit de la huitième législature à celle-ci dont il a la chance de bénéficier de la confiance de ses pairs pour diriger l’Assemblée nationale, ça se passe bien. Il a fait de l’administration parlementaire une meilleure gouvernance, l’administration parlementaire, il en a fait un crédo et nous y sommes. Il veille à ce que les choses se passent mieux à l’Assemblée nationale. Désormais, au niveau de l’Assemblée nationale, nous nous contrôlons nous-mêmes. On a une structure chargée de faire des contrôles internes, de faire les audits. Nous avons un certain nombre de dispositifs dans ce sens. Et deux, au niveau de la gouvernance même des députés, il est chargé de gouverner ce qui se passe au niveau de l’Assemblée nationale. Et quand on y arrive, on voit comment cela se passe. Que ça soit avec les députés de la mouvance présidentielle ou ceux de l’opposition, ça se passe très bien. Que ce soient les projets de loi ou des propositions de lois, ça fait le tour que ça doit faire, ça se passe bien. L’Assemblée nationale joue sa partition sur ce point-là qui concerne le vote des lois, c’est pareil aussi pour le contrôle de l’action gouvernementale. Là aussi, l’Assemblée joue son rôle. J’entends très souvent dire : « Non, à l’Assemblée nationale sous la neuvième législature, les gens votent les yeux fermés. » Ceux qui votent les yeux fermés, ce sont eux qui ont rejeté la proposition de loi sur la révision de la constitution qui est un des éléments emblématiques de ce que nous faisons au plan politique dans le pays. Ça a été rejeté par les députés de la mouvance et de l’opposition. C’est un champ démocratique. C’est-à-dire que si c’était seulement les députés de l’opposition qui avaient voté contre, cela va sans dire. On va dire : « Il y a eu même des députés de la mouvance et pourtant le ciel n’est pas tombé. » C’est dire que des efforts sont faits. Ce n’est pas seulement quand c’est fait comme on prend le sirop, et on est content, non. Mais c’est cela la règle du jeu, on la respecte. Donc ça prend le contrepied de ceux qui s’amusent à dire qu’on vote les yeux fermés. Deuxième chose, j’entends souvent les gens dire qu’on vote de façon nocturne. Quand on a eu des députés de l’opposition maintenant, il y a des fois qu’on va jusqu’à une heure ou deux heures la nuit ou même trois heures, et nous on s’amuse parfois à blaguer avec les députés de l’opposition pour dire : « Mais, avant, quand vous n’étiez pas ici, vous disiez qu’on vote de manière nocturne, mais les nuits là, maintenant, tu es là ? » Parce que parfois il y a des choses quand ça commence, il faut qu’on finisse selon un certain nombre de règlement. Et donc, quand il fait nuit, il vaut mieux continuer. Donc on dit qu’on prend des raccourcis et je voudrais en appeler à ce que ce soit des hommes de presse ou des citoyens lambda, chaque fois que l’homme politique veut prendre ces raccourcis-là, parce que si on ne sait pas nous arrêter sur des raccourcis avec le temps, nos enfants vont penser que ces raccourcis là, ce sont des normes. Et c’est ça qui explique fondamentalement que nous avons des problèmes avec un certain nombre de repères dans notre pays. Et c’est ça qui explique nos problèmes. Ça je le dis et je vais le dire n’importe où. Quand les gens disent, j’en ai entendu même d’une bouche noble : « Talon aime le pays, mais il n’aime pas les Béninois », c’est un contraste, une contradiction majeure. Moi, dans ma langue, on dit : « C’est quand l’arbre se porte bien que l’oiseau s’y porte mieux ». Si l’État est en déconfiture, allez en Haïti voir, les Béninois s’amusent. Il est arrivé même un moment ici, on n’en était pas loin. Si vous devez avoir autant de gyrophares dans le pays, même avec des hommes qui sont des structures privées. Des gyrophares, c’est-à-dire qu’il peut sortir avec une quinzaine de véhicules avec un certain nombre de gyrophares. Vous le savez, c’est vrai ou faux ? Lui, c’est qui ? Mais c’est vrai, si un homme est du privé, il peut sortir avec une quinzaine de véhicules avec sirènes et gyrophares, le tout peut arriver avec le temps. Vous voyez un État qui était parterre, qu’il faut restaurer. Dieu merci, je ne sais pas dans quelle source Talon a réussi à trouver des moyens pour y arriver.
Vous avez récemment organisé une cérémonie d’hommage aux personnalités yoruba. Pourquoi une telle initiative ?
Il faut savoir rendre ce qu’on a pris C’est ce que nous a enseigné le professeur Albert Tévoèdjrè, paix à son âme. C’est-à-dire qu’il faut savoir aussi rendre hommage. Il faut savoir dire Merci. Nous avons pris la décision de remercier ceux avant nous qui avaient travaillé, qui s’étaient battus pour la communauté, pour le pays, de jour et de nuit. Moi, j’avais publié une tribune en son temps pour dire qu’il faut savoir dire merci à ceux qui ont contribué à ci et ça. Et donc, c’est pour ça qu’à partir de critères précis, on a finalement identifié une vingtaine de personnalités que nous avons rétribuées avec un prix que nous avons appelé « Le prix des reconnaissances », afin que, tout en leur disant à eux merci, cela ait une vision pédagogique, à savoir inviter d’autres à ce que, quand vous avez un peu de moyens, ne fermez pas portes et fenêtres, donnez la possibilité à ceux qui n’ont rien à côté, soient en mesure de bénéficier du peu que Dieu a donné à d’autres. Parce qu’après, si vous arrivez à avoir 20 maisons, ça disparaît. Plus personne n’apprendra rien. Il reste ceux qui ont vécu et qui se sont mis à la disposition des autres. L’histoire ne retient pas les noms de ceux qui ont beaucoup amassé. L’Histoire retient les noms de ceux qui ont réussi à se battre pour les autres. Et donc, c’est dans ce souhait que, non seulement ce que nous avons fait le 31 août, c’est pour remercier ces illustres personnalités, c’est aussi une invitation à nous-mêmes d’être en mesure d’un peu de solidarité.
On va parler du dossier « Frère Hounvi » ou Steve Amoussou. Qu’en dites-vous ?
Vous avez vu, vous avez dit Steve Amoussou ou Frère Hounvi. Vous avez déjà créé une sorte d’amalgame. Mais cela dit, c’est un sujet qui est pendant devant la justice. Je ne dirai pas grand-chose. Mais je peux dire avec force que la lutte politique, il faut la faire à visage découvert. Je ne sais pas si vous vous rappelez, moi j’ai été un opposant de premier plan contre le régime de Boni Yayi. C’était à visage découvert. C’est-à-dire que, je peux ne pas être d’accord avec vous. Vous qui êtes les gens du pays, si vous êtes le directeur de votre entreprise, le Dr Gérard Agognon de l’Evènement Précis ici, vous pouvez gérer à vos convenances, mais le jour où il devient président de la République, s’il fait mal, on peut s’en prendre à lui. Donc, c’est comme ça. C’est-à-dire que si vous êtes président de la République, vous avez un gouvernement, il peut y avoir d’autres qui ne seront pas d’accord avec vous. Comme le dit le président Robert Dossou, celui qui n’est pas d’accord avec ça, ne doit pas prendre des charges publiques. Mais celui qui veut aller contre moi, il faut que je sache qui c’est. Et c’est parce que moi-même, je peux savoir, qu’on sait que c’est moi, que je peux faire attention en prenant des dossiers. Si je sais que ce que j’ai pris a quelques limites, et qu’on peut savoir que ça porte mon nom, je peux faire attention. Mais si je suis cagoulé, je ne fais même plus attention à ce que j’ai eu. C’est ce que je peux dire pour le moment sur ce dossier. Parce que c’est pendant devant la justice, je ne veux pas aller plus loin. Mais je le dis et je le redis à chacun de nous, à nos frères et à nos jeunes frères, si vous voulez faire la lutte politique, il faut être honnête. La lutte politique doit être claire. Si je veux m’opposer à un régime, je le ferai à visage découvert parce qu’il s’agit de notre pays. Si tu diriges ton entreprise privée, je n’ai rien à dire, c’est pour toi. Mais si tu diriges une chose publique, si ce n’est pas bon, moi, je peux me plaindre. Si je ne suis pas d’accord avec celui qui est là, je le fais à visage découvert. C’est une question de conviction.
Badarou, que dites-vous à propos de la crise entre le Bénin et le Niger qui perdure, malgré les avancées notées pour sa résolution ?
Je dois avouer que c’est un dossier qui me chagrine, moi, personnellement, sur plusieurs plans. C’est un dossier qui a révélé les limites de la CEDEAO. Le Bénin n’a jamais été un État voyou. La plupart des dirigeants que nous avons eus ont souvent réussi à mieux porter notre pays. Jamais on n’a été un État voyou. Donc, une décision a été prise à la CEDEAO. Nous, on a démarré son application ici, cela nous a créé des ennuis avec nos amis du Niger, qui estiment qu’au vu de nos relations, tout le monde peut mettre un pas à gauche. Voilà un peu le résultat. On a géré ça il y a quelques mois. Et puis, c’est devenu un problème direct entre nos deux pays. Et la CEDEAO ne pipe plus mot désormais. Ça a révélé un certain nombre de limites à ce niveau. Parce que quand la mort ne tue que le bienfaiteur, il va arriver un moment où le bienfaiteur devient un problème. Mais il faut être heureux de l’initiative de médiations entreprise par les deux anciens présidents béninois. Leur initiative, aujourd’hui, a porté quand même ses fruits. Et au résultat, on a vu qu’eux-mêmes sont allés là-bas, les deux anciens chefs de l’État. On a vu qu’à la suite, il y a une délégation du gouvernement du Niger qui est descendue aussi au Bénin et a rencontré nos autorités au haut sommet, dont le chef de l’Etat Patrice Talon. Ça s’est tellement bien passé que vous avez eu la suite. La suite, c’est que notre nouvel ambassadeur là-bas a présenté ses lettres de créances au niveau du gouvernement du Niger. Et la dernière nouvelle en date, c’est la rencontre entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays en Chine. Et ça, c’est quelque chose de vrai. Il faut souhaiter qu’il y ait encore beaucoup plus. Vous avez aussi appris que le pétrole nigérien a commencé à circuler de nouveau à travers le Bénin. Il faut souhaiter maintenant que la frontière entre les deux pays du côté du Niger soit ouverte. Et je pense que, Inch’Allah, ça nous permettra d’y aller. Vous savez, toutes les fois où on peut se parler, on peut régler le problème. Quel problème le Bénin et le Niger ont et qu’ils ne pourront pas régler ? Il y a plein de Nigériens ici. Il y a plein de Béninois au Niger. Nous avons deux peuples qui sont ensemble, deux peuples qui travaillent. Dieu merci, cette crise a commencé à passer derrière nous.
Vous avez suivi récemment le président Soglo, qui, à la suite d’une visite à la GDIZ, a fait une déclaration très agréable en direction de Patrice Talon. Votre appréciation ?
Vous étiez surpris ? Moi non, je ne suis pas surpris. Vous savez, le Président Soglo, pour ceux qui ne le savent pas, est un grand monsieur. Le Président Soglo si vous vous en souvenez, à la conférence nationale, c’était une compétence rare que l’on cherchait. À l’époque, le taux d’investissement au Bénin était en dessous de zéro. Le taux de croissance était moyen. On avait près de dix mois d’arriérés de salaires. L’État était par terre. L’oiseau rare était trouvé et, en l’espace d’un an, le pays avait pris une nouvelle direction. Le peuple lui avait fait confiance. Il a géré le pouvoir pendant cinq ans. On s’est retrouvé en 1996 avec un taux d’investissement de 17%. Le taux de croissance s’est retrouvé à 16%. Les salaires des fonctionnaires étaient régulièrement payés et tous étaient au travail. Et à un moment, c’était un pays frais. Le Bénin avait repris ses investissements. Parce qu’en 1990, si le pays était une entreprise, c’est qu’on devait faire le dépôt de bilan. Donc, c’est un grand Monsieur. Deuxième chose, on ne peut pas être un énarque et être réfractaire au développement. Ce n’est pas possible. Parce qu’ils sont formés au niveau de l’État en France. Ils sont formés pour gérer l’État. Ils sont formés pour diriger le Pouvoir. Chaque fois qu’il y a un problème qui crée le sous-développement, ils doivent être mal à l’aise. Si vous n’avez pas été encore à Glo-Djigbé, je vous invite à y faire un tour. Il s’agit d’un vaste domaine de 1640 hectares. C’est beaucoup. Et c’est des entreprises qui fonctionnent à plein régime, qui font des transformations sur place. Et donc, bien que le président Soglo ait eu des positions contre Talon, ça va être difficile pour lui de voir un tel exploit et de ne pas le dire. C’est clair que c’est du développement. Parce qu’avant, c’était du vide là-bas. Et puis en l’espace de 2-3 ans, est-ce que vous voyez là où il y a déjà plus de 10 000 emplois ! Et Il est envisagé d’aller à 300 000 d’ici 2030.
Je vous dis au passage que j’ai travaillé avec le Président Soglo pendant près de 6 ans à la mairie de Cotonou. Je le connais très bien. Très bien, j’ai peut-être tout dit. Et moi, j’aime les grands messieurs. Et c’en est un au Bénin. Un intellectuel est une référence. Pour un intellectuel, il faut y aspirer. Toutes les fois où tu vois, il faut dire au moins ce que tu as vu.
Il faut souhaiter qu’il y ait beaucoup d’autres personnalités comme le président Soglo dans le pays, capables de faire des appréciations justes. Mais je peux vous assurer, ce n’est pas pour dire que c’est bon quand c’est mauvais. Non, ce n’est pas ce que je dis.
Un mot pour conclure ?
Je voudrais vous dire un sincère merci et vous féliciter pour ce que vous faites ici. Je voudrais vous prier, vous implorer même à la limite, au-delà de vous, l’ensemble de notre presse d’être aussi critique vis-à-vis des décideurs politiques. Je paraphrase ce que Soni Labou Tansy, un ancien poète congolais, qui disait : « quand vous parlez, il faut avoir pitié de celui qui vous écoute. » Et donc, comme vous êtes de la presse écrite, quand vous écrivez aussi, il faut avoir pitié de celui qui vous lit. Je sais que ce n’est pas facile de gérer une entreprise de presse aujourd’hui. Je voudrais bien féliciter mon frère le Dr Agognon pour son engagement et toute son équipe. Je sais que ce n’est pas facile. Je veux bien que cela soit bien compris. Je vous félicite beaucoup.
Carte d’Identité Moukaram Badarou
Attaché aux valeurs
Parler de Moukaram Badarou, c’est parler d’une vie de militantisme permanent. Déjà en 1987, alors qu’il était élève en classe de 1ère, il a été élu secrétaire à l’information de l’Association des élèves et étudiants au Congo (AEEBC), association que le jeune garçon intègre moins d’un an après son arrivée au Congo Brazzaville. Né en 1969, Moukaram Badarou fait ses études primaires et une partie du secondaire à Porto-Novo. Il débarque à Brazzaville sur l’instigation de ses parents qui voulaient lui assurer un meilleur destin. Mais le jeune se bat seul. 1991, Moukaram devient président de l’Association des Élèves et Étudiants Béninois au Zaïre (AEEBZ) et membre de la section PRD du Congo. Il est même le représentant du parti à la Commission électorale lors des élections présidentielles du Bénin au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo). De là date son appartenance au Parti de maitre Adrien Houngbédji. Quand il rentre au pays en 1997 nanti d’une maîtrise en Science économique de l’Université Marien N’GOUABI de Brazzaville, il est déjà membre à part entière du parti. En 2005, il obtient un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) à l’Université d’Abomey-Calavi, Option Finances et Contrôle de Gestion. En 2017, il décroche un master en communication et relation internationale l’IUP. De la section PRD de son quartier Sadognon à Porto-Novo puis à Cotonou, il est propulsé secrétaire à la communication de 2004 à 2006. Secrétaire général du parti dès 2006, il fait partie de la vague des jeunes qui bénéficient de la confiance du président Houngbédji. A la création de l’Union Fait la Nation, il est fait Directeur exécutif chargé de l’image et de la communication de ce regroupement d’opposition. Mais, un an plus tard, en juin 2011, patatra, il jette l’éponge. Moukaram Badarou quitte le navire PRD. Interrogé sur cet épisode obscur de son parcours, il affirme : « Un secrétaire général du parti ne peut pas être suppléant sur une liste électorale. Et pourtant, je l’ai été en 2007 et j’ai dit au président du parti que je ne partage pas cela. Mais quand il a récidivé, quatre ans plus tard, il faut que moi je sois un enfant bâtard pour l’accepter de nouveau. Mon père, de là où il pourrait se retrouver dans sa tombe, ne devrait pas être content de moi. Même dans une bande dessinée politique, vous ne lirez pas ça. » Dans la foulée de sa démission, il réactive le mouvement Conscience citoyenne créé en 2005 et le transforme en parti politique en mai 2013. Ce parti lutte pour l’enracinement des valeurs dans la vie politique béninoise. « Je suis resté un homme attaché à son pays et à des valeurs. J’ai très mal aujourd’hui de ce que nous sommes devenus », dit-il pour regretter le règne de l’argent au sein de la société et de la politique en particulier. En Août 2013, Moukaram Badarou est nommé préfet de l’Ouémé-Plateau, poste qu’il occupe jusqu’au mois de mai 2013. Aujourd’hui membre de l’Union Progressiste le Renouveau et par ailleurs Directeur adjoint de cabinet du Président de l’Assemblée Nationale, Louis Vlavonou, il entend poursuivre cette lutte pour les valeurs. Car, à l’entendre, un pays qui perd ses valeurs morales a presque tout perdu.
Intimité
Monogame pour toujours
Bien qu‛étant issu d‛une famille polygame, Moukaram Badarou est resté monogame depuis toujours et compte le demeurer. Marié et père de quatre enfants, il a connu son épouse alors qu’il était encore étudiant. « Il n’y a rien en termes de promotion et d’argent qui fera qu’une autre aura plus de valeur que ma femme », dit-il. Pour compter parmi ses amis, il faudra être sincère et loyal comme lui. A table, l’homme adore le riz accompagné d‛une sauce simple au poisson. Sa boisson préférée reste l‛eau. Car, depuis qu‛il a effectué son pèlerinage en terre sainte, il ne touche plus du tout à l‛alcool.
LA REDACTION