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William Codjo, DG de de l’Agence du développement des arts et de la culture, invité de Sous l’arbre à palabres: « Notre ambition, c’est de libérer le potentiel créatif du Bénin »

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Invité de la Rubrique « Sous l’arbre à palabres » de l’Evènement Précis, le Directeur Général de l’Agence du développement des arts et de la culture (ADAC), William Codjo dévoile les grandes ambitions du gouvernement et de son chef, Patrice Talon, à travers la création de cette structure courant avril 2023. Cinéma, musique, théâtre, danse, tout   art de la scène, livre, etc… Ce sont autant de domaines relevant des arts et de la culture dans lesquels l’ADAC multiplie des initiatives et mène diverses actions depuis lors, en vue de leur rayonnement réel. Le DG William Codjo se dit surtout séduit et renforcé dans sa mission par  par l’engagement personnel du président Patrice Talon pour mieux éclore les talents artistiques et culturels du Bénin en les hissant sur le toit mondial. Lisez plutôt.   

Présentez-nous l’ADAC et le contexte de sa création ?

D’accord, l’ADAC, entendue Agence du développement des arts et de la culture est le bras opérationnel du ministère du tourisme, de la culture et des arts. Donc, ce que le gouvernement a mis en place pour porter la mise en œuvre de sa politique culturelle au niveau du pays. Elle est créée depuis avril 2023 en transformation d’une structure qui existait avant, qui s’appelait la Galerie Nationale, qui évoluait exclusivement dans le domaine des arts visuels. Elle a été transformée et on lui a ajouté d’autres domaines d’expression artistique tels que le cinéma, la musique, le théâtre, la danse, tout ce qui est art de la scène, le livre, etc. Tout ce qui est du domaine des artistiques et culturelles au Bénin, et sa politique est portée par l’Agence du Développement des Arts et de la Culture. Voilà un peu ce que c’est que l’ADAC et le contexte de sa création.

Qu’est-ce qui a vraiment changé par rapport à ce qui existait ?

Beaucoup de choses ont changé. Je mettrai l’accent beaucoup plus sur le domaine d’expression artistique qui est les Arts visuels. Vous connaissez les plasticiens. Cette discipline a toujours existé au Bénin. Vous allez remarquer que depuis peu, depuis l’avènement du président Talon, c’est une discipline aujourd’hui qui a pris réellement son envol. Et c’est dû à quoi ? C’est dû au fait que le gouvernement a travaillé à la restitution des trésors royaux d’Abomey. Et ces trésors royaux ont permis à l’État d’organiser une exposition diptyque au palais de la Marina, vous êtes au courant.

Diptyque pourquoi ?

Parce que ça a permis de voir les trésors royaux qui sont revenus, mais également de voir tout ce qui se fait aujourd’hui sur la scène contemporaine. Il y a donc deux volets, un volet patrimonial et un volet contemporain. Dans ce volet contemporain, les œuvres exposées sont produites par des artistes béninois. Tandis que les trésors royaux ont été produits, il y a de cela plus d’un siècle. C’est en cela que nous parlons d’une partie patrimoniale et d’une partie contemporaine. Et depuis cette exposition, il y a toute une politique qui s’est mise en branle pour porter ce domaine-là. Ça a donné lieu à une autre exposition au Maroc à Rabbat. Ensuite, nous sommes allés en Martinique, le chef de l’État lui-même était là pour inaugurer cet événement. Au moment où je vous parle, nous sommes à Paris, à la Conciergerie, où cette exposition a lieu jusqu’au 5 janvier 2025. Et les statistiques que nous avons aujourd’hui font état de plus de 100 000 visiteurs déjà au niveau de cette exposition. C’est important de le noter parce qu’un pays a trois formes de puissance. La puissance économique, la puissance militaire et la puissance culturelle. Aucune des puissances n’est à négliger. Nous avons tendance à prioriser la puissance économique et militaire. Et ça m’a même fait une petite parenthèse pour aller à la Deuxième Guerre mondiale quand on demandait à Churchill, Winston Churchill qui a été premier ministre anglais au moment de la deuxième guerre mondiale, de réduire le budget de la culture pour soutenir les efforts de guerre. Il a dit : « Pourquoi nous nous battons alors ? S’il faut réduire notre contribution à la culture, il faut aller soutenir la guerre alors que nous nous battons pour faire prédominer notre culture. » Donc, c’est vous dire qu’un peuple, ce n’est pas seulement un territoire et des gens. C’est également tout ce que ce peuple a reçu des anciens, ce qui caractérise ce peuple-là, son identité, c’est important. Sa cohésion, tout ce que ce peuple génère comme style de vie, comme art de vivre, c’est à préserver. Et c’est en cela que c’est important que les arts portent tout cela. Nous en tant que peuple béninois constitué de plusieurs aires culturelles, nous avons besoin de forger notre identité en tant que peuple unique. Ce qui nous singularise, ce qui nous distingue. Et c’est ça le rôle de la culture. Personne d’autre ne peut le faire à notre place, si ce n’est nous-mêmes. Donc nous avons senti l’envol de ce secteur-là de manière sérieuse depuis 2016. Au moment où je vous parle, nous venons de clôturer depuis le 24 novembre notre première participation à la biennale de Venise. Ce n’est pas anodin. C’est le carrefour mondial de l’art contemporain. Ça se tient tous les deux ans, depuis plus de cent ans. C’est là où les véritables professionnels vont se faire connaître des grands collectionneurs du monde pour pouvoir justement intégrer le réseau commercial de l’art contemporain, afin que les artistes que nous avons ici qui créent des œuvres puissent trouver des débouchés pour ces œuvres-là, que ça leur génère des revenus et que ces revenus-là retombent et ruissellent sur toute la nation. Donc on est allé à Venise, ce n’est pas pour faire joli, mais c’est pour faire du lobbying pour intégrer un circuit commercial pour les journalistes, c’est pour faire connaître la scène artistique, pour donner un signal fort pour dire qu’il existe un pays dans le monde en Afrique de l’Ouest dont la scène artistique est foisonnante et qui mérite le détour. C’est cela que nous sommes allés faire à Venise. Et là encore, les statistiques ont été très élogieuses. Nous avons reçu la visite de plusieurs personnalités. Le Bénin avait son pavillon propre. Contrairement à d’autres pays, le Bénin a choisi d’avoir son propre pavillon. D’autres pays ont choisi de se fondre dans le pavillon international où il n’y a que des articles anonymes qui sont présentés. Nous on y est allé. C’est la politique publique du Bénin qui porte ce sous-secteur-là. Nous avons une volonté d’accompagner ce secteur et les professionnels qui y travaillent. C’est comme ça que nous y sommes allés avec quatre artistes, deux hommes et deux femmes, des artistes résidents et des artistes de la diaspora, des artistes jeunes et des artistes beaucoup plus confirmés. Et ce pavillon pour la première participation de l’histoire, notre pavillon a été classé parmi les sept meilleurs pavillons au monde. C’est cela. Donc tout ça, ce n’est pas seulement à des fins économiques, mais également à des fins de rayonnement culturel. A des fins de soft power, nous devons attirer la sympathie du monde sur nous. Pour qu’ils aient envie de travailler avec nous, qu’ils sachent qui nous sommes, quelles valeurs nous portons, quels sont les principes qui gouvernent la société béninoise et ces principes qui sont portés par les créations des artistes qui résident au Bénin ou qui sont issus du Bénin et qui vivent ailleurs. C’est cela. Et je peux vous partager tout ce que nous avons vu comme retombées en termes de presse. Aujourd’hui, on ne peut plus parler d’art contemporain au niveau mondial sans faire référence au Bénin. Nous voulons nous positionner comme le carrefour incontournable de l’art en Afrique. Et les mesures qui sont prises dans la loi des finances de 2025 viennent confirmer cela. Appréciez-vous-même le changement dans ce domaine artistique. Notons que la politique volontariste engagée dans le domaine des arts visuels a commencé à porter ses fruits, le gouvernement demande d’élargir cela à tous les autres domaines d’expression artistique pour que ce soit un mouvement dans cle sens. Et c’est à ce travail que nous nous accordons la priorité.

Puisque vous parlez des trésors royaux que le gouvernement a fait retourner au pays, où sont ces trésors actuellement ?

Ces trésors sont là au Bénin. Ils ne sortiront plus du Bénin. Vous savez que le gouvernement est en train de construire aujourd’hui quatre musées de classe internationale. Un des musées va abriter ces trésors-là. Quiconque voudra voir ces trésors sera obligé de venir ici au Bénin pour les voir. Il va devoir séjourner dans nos hôtels, payer des nuitées, il va devoir manger dans nos restaurants, alimenter notre économie locale, il va devoir se déplacer sur les routes du Bénin, donc payer également les frais de déplacement, consommer du carburant. On peut dire que ces trésors royaux vont également contribuer à nourrir notre économie.

Monsieur le Directeur Général, dites-nous les grands chantiers sur lesquels vous avez travaillé depuis la création de l’ADAC et leurs impacts. 

 Les grands chantiers, il y en a eu beaucoup. Nous avons été créés en cours d’année dernière et déjà nous étions un peu comme un enfant né avec les dents.

Parce que vous avez un gros budget qui attendait ?

Pas forcément un gros budget, notre budget n’était pas aussi consistant, mais l’échantillon était immense. Déjà au moment où l’Agence a été créée, il y avait déjà « L’itinérance » qui avait commencé pour l’exposition d’art contemporain. Nous étions au Maroc, je suis venu, pendant que l’exposition se tenait au Maroc, et j’ai demandé aux autorités un délai de grâce pour me permettre de vraiment m’acclimater aux conditions de travail de l’administration béninoise. On m’a dit non. C’est maintenant qu’il faut enclencher le processus. En ce moment, on préparait la biennale de Venise. J’avais demandé que mon prédécesseur conduise ce processus jusqu’à son terme et que moi j’organise plutôt la biennale suivante. Le président m’a dit non, non, non. On m’a fait confectionner mon passeport en moins de 24 heures. Le visa a été obtenu en moins de 24 heures, je me suis retrouvé à Paris, à Venise en train d’organiser alors que je n’avais même pas encore une semaine de travail sur place. C’est vous dire un peu le rythme de travail qui caractérise aujourd’hui l’administration. On s’est attelé à ce chantier-là, préparer la biennale et organiser l’exposition du pavillon, conduire le processus à son terme et veiller à ce que toutes les œuvres soient produites parce que toutes ces œuvres-là ont été produites exclusivement pour la biennale. Ce n’était pas des œuvres qui existaient. Il a fallu les concevoir, les produire. Et il y avait un artiste confirmé dans le lot qui a fait un travail phénoménal. Vous le connaissez sans doute, M. Romuald Hazoumè, dont l’œuvre était au cœur de notre pavillon et les autres gravitaient autour de son œuvre. Et c’est ça qui a donné cette cohésion que la terre entière a saluée au niveau de Venise. Donc, c’est vous dire que c’est un chantier important. On a conduit ce processus à son terme. Il fallait conduire également l’organisation de l’exposition en Martinique, qui devait voir la participation effective du chef de l’État lui-même. Et si vous êtes attentif, vous devez comprendre qu’il y avait eu toute une polémique qui avait été soulevée à l’époque à une semaine de l’événement. J’ai reçu des protestations pour qu’on n’y aille pas et les protestataires ont finalement adhéré à la cause. Ils sont allés visiter l’exposition et aujourd’hui nous avons des statistiques de l’ordre de plus de 80 000 visiteurs au niveau de cette exposition. C’est pour dire que c’étaient des chantiers importants et nous avons également pour le compte de l’année 2023, tout ce qu’il y avait à organiser dans les autres domaines d’expression artistiques à savoir : la fête de la musique, le mois de la mode, le salon national du livre, le grand prix littéraire, les nuits artistiques de Cotonou, la journée internationale du souvenir et de l’abolition de la traite des noirs. Vodun days, on est tombé dedans de plein pied, on l’a conduit et ça c’était pour le début de 2024. J’étais sur le bilan de 2023 et là on a démarré l’année justement avec Vodun days. Un événement de taille phénoménale qui a connu la participation de 87 000 visiteurs sur la plage de Ouidah avec tout ce que vous avez vécu, tout ce qu’il y avait comme activité autant au niveau des Vodun qu’au niveau du concert, le village artisanal et tout ce qui a suivi, l’animation des places un peu partout dans la ville. Donc, on a porté cela au début de l’année. Après, il fallait s’occuper de toute la programmation que nous avons reçue du ministère de tutelle, qui avait cet énorme événement qui nous a été transféré et il fallait conduire tout cela à terme. Et avec une équipe que vous connaissez, une équipe réduite, mais méthodique et qui a apporté cela de manière valeureuse, avec bravoure et ça a donné le résultat que nous avons eu.

L’une des grandes avancées de cette année dans le secteur culturel est le lancement du Fonds de Développement des Arts et de la Culture (FDAC). Quels sont ses principaux objectifs et mécanismes de soutien et surtout quelle est la différence entre ce fonds et ce qui existait ?

Le Fonds de Développement des Arts et de la Culture n’est pas une nouveauté. Il a été créé même avant l’Agence. Il a été créé le 19 octobre 2022. Et nous, c’est un outil qu’on nous a confié, qu’on doit implémenter en faveur des professionnels des différents secteurs des arts et de la culture. Donc, il nous fallait du temps pour penser et mettre en œuvre le mécanisme qui doit accompagner ce fonds.

Pourquoi ?

Parce qu’il y avait un certain nombre de reproches, à tort ou à raison, qui étaient formulés à l’encontre de l’ancien mécanisme. Ce n’est pas la peine de revenir sur ces détails. Vous savez, sous nos tropiques, parfois il y a des polémiques inutiles. Mais il faut quand même reconnaître que c’est important que ce mécanisme soit le plus professionnel, le plus neutre et le plus impartial possible. Donc, il fallait trouver la formule. On s’est mis à la tâche et on a pensé le processus pour qu’il puisse garantir l’égalité des chances pour tous, tout en adressant les principaux besoins qui s’expriment dans tous les domaines d’expression artistique que nous avons. Donc le FDAC a été lancé en octobre dernier, un premier appel a été lancé dans la foulée et a été clôturé le 2 novembre. Et nous sommes actuellement en train de procéder à l’évaluation de tous les dossiers qui ont été collectés.  Pour tout vous dire, ce n’est pas nous qui évaluons directement. Nous recrutons des assesseurs qui sont partout dans le monde, qui sont spécialisés dans ces différents domaines qui nous sont confiés et qui ont l’habitude d’évaluer ces types de projets, en respectant les principes d’égalité des chances. On a recruté les assesseurs, on leur a donné le guide méthodologique, le kit qui est conçu pour l’évaluation, on les a formés, on les a organisés en binôme. Deux personnes évaluent un projet sans se connaître et les deux notations doivent converger en respectant un écart-type, sinon, l’évaluation n’est pas validée. C’est cela la méthode qui est mise en place et ils sont chapeautés par un facilitateur qui, lui, connaît les deux et qui sait s’il y a une divergence entre les notations et attire leur attention dessus pour qu’ils revoient leur copie jusqu’à ce que l’écart-type que nous avons défini soit respecté.  Pendant que tu donnes une notation de 50 à quelqu’un, et que ton binôme donne une notation de 5, sur quelle base va-t-on prendre la décision de valider ce projet ?  L’écart-type ne doit pas être supérieur à 15. Il n’y a pas de note 0 à donner à une rubrique. Donc, il y a des principes qui sont énoncés pour garantir l’efficacité et en même temps l’efficience, tout en respectant le principe d’équité, d’égalité des chances et aussi de performance.

Parlant justement de ce processus, vous avez annoncé une tournée de formation et tout cela est arrivé en quelques jours seulement et on se demande qui vous avez réellement formé.

Ça ne s’est pas passé en quelques jours. On l’a fait sur une semaine et on a parcouru tout le territoire national et on a demandé à tous ceux qui ont envie d’être formés de venir. Parce qu’il y a une méthodologie pour élaborer les projets culturels. Et c’est cette méthodologie qu’on voulait inculquer pour que ce qu’ils allaient nous présenter soit conforme à nos attentes. Donc beaucoup sont venus quand même dans tous les domaines d’expression artistique et dans tous les départements. On s’est rendu partout. Même là où il n’y a pas l’internet, on est allé à Natitingou, à Djougou, à Kandi, partout sur le territoire national. Et la formation était connue.

Monsieur le directeur, par rapport aux projets en cours, c’est quand le délai pour rendre les résultats ?

On avait prévu rendre les résultats à la fin du mois de décembre. Mais il faut dire que ce délai ne peut pas être respecté, parce que nous avons reçu beaucoup de projets. 758 projets au total que nous avons reçus. On espérait à peu près une vingtaine de projets par département, Parce qu’on nous a dit que le délai était trop court, que les gens n’avaient pas la possibilité de déposer les dossiers, qu’on n’aurait rien comme proposition. On en a récolté plus de 700 et on est étouffé de dossiers. On en a reçu beaucoup. Et la nouveauté aussi, c’est qu’on ne peut pas venir déposer un dossier physique à l’ADAC. On a voulu éliminer les contacts humains. C’est pour cela que nous avons mis en place un processus de e-services. Il y a une plateforme qui a été développée avec nos collègues de l’ASIN qui s’occupe du numérique pour le compte de l’État. Et tous les projets ont été envoyés par ce biais-là et nous les avons récupérés, nous les avons orientés vers les assesseurs. Il y en a qui sont en France, il y en a qui sont aux États-Unis, il y en a qui sont au Bénin, il y en a qui sont au Burkina, il y en a qui sont au Mali, au Sénégal, un peu partout et ils travaillent sur des projets béninois et en binôme.

Donc ce ne sont pas des évaluateurs résidents ?

 Il y a des résidents, mais pas que. Parce que nous avons une vocation internationale que nous voulons donner à nos artistes. Nous allons les préparer à faire circuler leurs œuvres dans le monde. Donc, il faut qu’ils tiennent compte également des attentes au niveau international, donc ce regard international nous est nécessaire. Sans nous écarter de notre identité propre, de notre patrimoine culturel, c’est en cela que nous avons besoin d’assesseurs résidents, béninois, qui maîtrisent le contexte béninois, mais de les associer aussi aux assesseurs qui sont un peu partout dans le monde, qui sont appelés à accueillir nos artistes ou nos œuvres.

Maintenant que le délai ne sera pas respecté, la prochaine date, c’est quand ?

Nous sommes en train d’actualiser, maintenant nous avons fini la formation des assesseurs. Puisque les assesseurs aussi, il a fallu les recruter par appel à candidatures, recueillir les candidatures, les analyser domaine par domaine. On s’est rendu compte qu’il y a des domaines où on a reçu beaucoup de projets, mais on en avait où il y avait peu d’assesseurs, des domaines où on n’avait pas du tout d’assesseurs. Il a fallu relancer un appel pour avoir des candidatures complémentaires pour pouvoir avoir une équipe complète d’assesseurs, les organiser, les former, leur donner les outils de travail, signer leur contrat et les mettre au travail. Au moment où je vous parle, ils sont en pleine session en train de travailler.

Un accent particulier est mis depuis que vous êtes là sur les industries culturelles et créatives. Dans ce cadre, il y a eu une mission économique et commerciale de l’Agence Wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (AWEX) à Cotonou du 2 au 9 novembre 2024. Quelles sont les retombées de cette visite ? 

Les retombées ont précédé même la mission, puisque nous avons entamé une collaboration avec Wallonie-Bruxelles International en amont de cette visite. Précisément en 2023, nous avons répondu à un appel à projets lancé par Wallonie-Bruxelles International pour financer des projets dans le domaine de la culture. Donc, en tant qu’ADAC, nous avons fourni un dossier qui a été évalué et retenu. Nous avons obtenu un financement de plus de 600000 euros pour soutenir les acteurs culturels en matière de renforcement des capacités, en matière de financement et en matière de mise en place d’incubateurs pour pouvoir accueillir les professionnels des arts et de la culture. Ce que j’ai omis de dire, c’est que le gouvernement Béninois a érigé le domaine du tourisme, de la culture et des arts comme deuxième pilier pour le développement économique du pays. Donc ça veut dire que ces domaines-là doivent produire des emplois et des richesses au profit des Béninois. Et quand on parle d’économie, quand on parle d’industrie, il faut des ressources humaines aguerries, il faut des ressources financières appropriées, il faut une organisation et une stratégie pour arriver à la conquête, non seulement du marché intérieur, mais également du marché international. Donc, on s’est rendu compte, en faisant le travail, qu’on a beaucoup d’artistes. Ce qu’il faut vous dire, c’est que chacun de ces domaines est constitué en filière économique. Et quand on parle de filière économique, on parle de la matière première pour aller vers un produit fini et j’ai l’habitude de dire que les industries culturelles et créatives sont les seules industries au monde qui ne tirent pas leur matière première du sol ni du sous-sol. Les autres industries soit elles tirent leur matière première des champs ou du sous-sol. Mais les industries culturelles et créatives tirent leur matière première de l’imagination et des talents humains. Ce sont les seuls, il n’y en a pas d’autres. Donc, lorsque les artistes créent, ils ont envie de s’exprimer, ils ont envie de communiquer des émotions, ils ont envie de porter des valeurs, des symboles. C’est plus fort qu’eux, il faut que ça sorte. Mais quand eux, ils ont fini de créer, il y a toute une filière qui se met en place en aval pour apporter la valeur ajoutée pour que ce qu’ils ont créé devienne un produit fini sur le marché, acheté par des consommateurs ou un public solvable. Et c’est comme ça qu’on crée l’économie. L’économie, c’est la rencontre d’une offre et d’une demande solvable. C’est ainsi également dans le domaine des ICC (industries culturelles et créatives), puisqu’il y a la matière première que nos artistes fournissent. Ensuite, immédiatement après, nous avons des producteurs qui investissent de l’argent dans le travail de l’artiste pour faire en sorte que ça devienne un produit. Ensuite, il y a des distributeurs et des diffuseurs qui prennent le relais, avant que vous et moi, qui constituons le public, ayons accès à ce produit-là. Quand je prends le domaine de la musique, quand un compositeur a fini de composer, a fini de créer sa musique, il y a une entreprise spécialisée qu’on appelle l’entreprise de production qui prend son argent et estime que le travail de cet artiste-là est digne d’intérêt et signe un contrat avec l’artiste, investit son argent pour en faire un produit qui va circuler et que le grand public va consommer. Donc c’est cette entreprise qui est une maison de production, qui prend le risque et non l’artiste. Nous avons souvent tendance à confondre cela. L’artiste, on pense que c’est l’artiste lui-même qui doit sortir son argent, investir dans son travail et aller vendre. Ce n’est pas comme ça que c’est structuré. Chacun a son rôle, chacun a son job. Pour l’artiste, son rôle se limite à créer. Il crée, il se limite à ça.  Si une maison de production estime que son travail est digne d’intérêt, elle signe un contrat avec lui pour exploiter cette œuvre-là. Ça va générer de l’argent pour la maison et pour l’artiste. Ils ont une clé de répartition entre eux. L’artiste touche une part et la maison de production aussi touche une part qui lui permet de continuer à investir dans le travail de l’artiste ou d’autres artistes. Mais quand le producteur a fini d’investir dans le travail, pour que l’œuvre soit disponible un peu partout, il y a ceux qu’on appelle les distributeurs qui font le travail de logistique pour que cette œuvre-là soit disponible sur les radios, dans les programmes télé, et autres, sur internet, partout. Et les espaces de diffusion justement, ce sont les salles de spectacles pour entrer en interaction avec un public, les chaînes de télévision qui diffusent la musique, soit les clips, soit les radios qui diffusent uniquement la bande sonore, pour que vous et moi on puisse avoir accès à l’œuvre que l’artiste a créée en amont et dans laquelle le producteur a investi de l’argent et que le distributeur a rendu disponible au niveau de tous les points de diffusion. Donc c’est une chaîne qui est structurée comme ça. Et malheureusement dans nos pays, il y a beaucoup de créations, il y a beaucoup d’artistes, mais toute l’industrie qui doit s’organiser en aval n’existe pas. On retrouve le même artiste en train d’assumer les fonctions qui sont dévolues à d’autres acteurs. Donc, le financement que nous avons obtenu justement va nous permettre de former ou de faire émerger ou de renforcer des entreprises spécialisées en matière de production, en matière de distribution, en matière d’édition et en matière de diffusion, pour qu’il y ait un écosystème qui porte le travail de l’artiste. Souvent les gens disent que ceux qui ont besoin d’argent ce sont les artistes. Quand l’artiste travaille dans un système qui fonctionne, c’est le système qui génère de l’argent pour que l’artiste soit à l’abri du besoin. Je dis souvent, lorsqu’on prend le secteur du coton, vous ne me dites pas de ne pas faire exister des usines, mais de donner des subventions directement aux paysans qui font un peu de coton pour leur permettre de vivre. Les paysans produisent du coton. Les usines rachètent ce coton-là, payent les paysans, ça permet à ces usines-là d’égrener le coton, de vendre le coton fibre qui va être transformé en fil, lequel va être transformé en tissu, et lequel va être transformé en vêtement. Donc c’est une chaîne qui est organisée comme ça. Il en est de même dans le domaine de la musique. Il en est de même dans le domaine du cinéma. Il en est de même dans le domaine du livre. Il en est de même dans le domaine du théâtre. Il en est de même dans le domaine de la danse. Il en est de même dans le domaine du cirque, etc.

Quels types de partenariats avez-vous déjà établis pour soutenir l’industrie culturelle ?

Chaque partenariat a ses spécificités. Ce que nous faisons avec les Belges, ce n’est pas la même chose que nous faisons avec les Français. Nous sommes en partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD), qui nous appuient également dans le domaine de la culture. On a tout un programme avec eux, par le biais de l’appui budgétaire, dont d’ailleurs la première tranche a été décaissée le 9 décembre dernier. Un appui qui se chiffre quand même à 60 millions d’euros. Ça a été signé par le ministre d’État en charge de l’économie et des finances lui-même. Donc ça veut dire que chaque partenariat a ses spécificités. Ce que je fais avec les Français, ce n’est pas la même chose que je fais avec les Belges. Ce que je fais avec les Chinois, ce n’est pas la même chose que je fais avec les Brésiliens. Ce que je devais faire avec les Italiens, ce n’est pas la même chose que je devais faire avec les Sud-Coréens, etc.

Donc, ce sont des partenariats diversifiés ?

Diversifiés à la dimension de la multiplicité ou de la pluralité des secteurs qui nous sont confiés.

Mais jusqu’ici, on n’entend rien sur le livre

Vous savez très bien que nous avons organisé récemment le Salon national sur le livre.

Il n’y a pas de partenariat international visant le livre ?

Le partenariat international visant le livre se trouve à l’intérieur d’un package. On n’a pas quelque chose de spécifique pour le livre. Quand je prends par exemple le partenariat avec les Belges, c’est pour former des entreprises qui donnent de la valeur ajoutée aux œuvres créées. Dans le domaine du livre, nous avons les éditeurs qui jouent un rôle central. Le rôle que les producteurs jouent dans le domaine de la musique, c’est ce rôle que les éditeurs jouent dans le domaine du livre. Mais prenez nos maisons d’édition, qu’est-ce que vous constatez ? Elles ne prennent pas de risque financier, elles ne prennent pas de risque commercial. À la limite, c’est l’auteur qui prend ces risques-là et recrute l’éditeur comme prestataire pour l’aider à façonner le livre. C’est le monde à l’envers. Le rôle de l’auteur, c’est d’écrire. Point. Le risque financier doit être pris par la maison d’édition. Puisque nous avons lancé le FDAC, à cette fin aussi pour que tous ceux qui ont des activités dans l’une quelconque des filières économiques que je vous ai exposées là, nous présentent ce projet pour être soutenu. Si vous êtes une maison d’édition aujourd’hui et que vous avez des manuscrits à publier et que vous nous démontrez qu’il y a un public qui attend ce type de publication, nous allons vous mettre des ressources à votre disposition. Vous allez produire le livre, faire tout le travail technique et pour ne pas mettre la pression sur l’auteur, on va vous amener à signer un contrat professionnel avec lui, veiller à ce que les redevances de l’auteur (ses droits) lui soient régulièrement versées et que vous en tant qu’éditeur, vous fassiez votre travail de manière professionnelle en signant des accords avec des maisons de distribution, des maisons de diffusion pour qu’elles rendent votre livre disponible au niveau des différents points de vente que sont les librairies, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Donc chacun doit pouvoir assumer son rôle de manière professionnelle. Et ça, c’est un chantier important pour nous : mettre les éditeurs au cœur des industries du livre. Ils ont un rôle crucial et se sont mis un peu en marche et ont dévolu ce rôle-là aux auteurs qui se retrouvent affublés de toutes ces charges-là.

Voulez-vous nous dire que c’est l’une des raisons pour lesquelles le livre produit au Bénin coûte cher ?

Le Bénin a souscrit des conventions internationales. Vous connaissez l’accord de Florence et son protocole de Nairobi qui exonèrent les intrants du livre de droit et de taxes. Lorsque vous voulez produire un livre et que vous importez du papier ou de l’encre, en principe, c’est exonéré de droit de douane. Ça permet de faire baisser le coût du livre. Mais, il se pose un problème. C’est que ces mêmes intrants-là permettent de fabriquer des brochures à des fins commerciales, permettent aussi de faire d’autres choses, en dehors du livre. Les spécialistes de ce domaine au niveau du cordon douanier ont du mal à savoir quelle part des intrants rentre vraiment dans la production du livre et quelle part va à des fins commerciales. Donc on applique les droits à tout. Et ça c’est un aspect. L’autre aspect c’est que nous avons un marché étroit. Et vous connaissez le principe de l’économie d’échelle. Lorsque vous avez des coûts fixes qui sont concentrés uniquement sur une petite taille de marché, le coût unitaire est élevé. Mais lorsque ce coût fixe est porté par un large marché, le coût unitaire est réduit. C’est le principe qui régit les livres. Parce que l’éditeur, quand il a fini de façonner le livre, il prend la maquette qu’il va donner à une industrie technique qu’est l’imprimerie. Il vous dit : « Monsieur l’imprimeur, je vous transmets ma maquette. Multipliez-moi cela en tel nombre d’exemplaires. » L’imprimeur fait le boulot, l’éditeur le paie, récupère le stock. Mais lorsque l’éditeur n’a pas une grande taille du marché, il est obligé de produire en quantité limitée. Vous savez, vous êtes une entreprise de presse, vous savez comment ça se passe quand la quantité est limitée. L’impression est chère. C’est exactement ce qui prévaut également dans le domaine du livre. Dans le domaine du livre également, il y a d’autres difficultés. C’est que nous avons de moins en moins de spécialistes en matière même d’impression offset, nous avons de moins en moins de spécialistes en termes de reliures. D’où la nécessité de former. Les gens m’ont dit : « Pourquoi l’État n’ouvre pas une imprimerie pour faciliter la tâche aux professionnels ? » On dit qu’on peut créer des opportunités d’affaires pour les Béninois pour qu’ils s’enrichissent. Si l’État va encore se mettre à ouvrir les imprimeries qui relèvent purement du domaine libéral, c’est vous-même qui allez courir pour dire que l’État veut vous prendre votre gagne-pain. Donc, ça, ce sont des opportunités qui existent pour que de véritables hommes d’affaires dans le domaine de l’imprimerie puissent se saisir de ce dossier-là. Nous avons aujourd’hui la technologie numérique qui permet d’imprimer juste la quantité dont on a besoin, en quantité limitée, mais de manière propre. C’est vrai que ça a son coût, mais ça existe aussi. Qu’est-ce que nous faisons au niveau de notre pays pour corriger les situations que nous constatons ? On constate que le coût du livre est cher. Si moi j’étais à votre place, j’allais me saisir du dossier, chercher à comprendre pourquoi le livre est cher, chercher à apporter une solution, créer de la valeur, et je vais devenir un businessman et faire du business avec cette problématique que j’ai identifiée. C’est comme cela qu’on crée les affaires. Et dans le domaine de la culture, il y a également des affaires, des opportunités à créer. Je vous invite vraiment à le faire, à vous saisir de ces dossiers-là. Quand vous identifiez des problèmes, il faut savoir que c’est le début d’une opportunité parce qu’il y a des gens qui éprouvent ces besoins là et qui sont prêts à payer pour avoir des solutions.

Des sanctions sont-elles prévues pour ceux dont les projets seraient financés mais qui ne les auraient pas exécutés ?

Oui, c’est extrêmement important. Je vais dire que c’est le cœur du travail de l’ADAC. Le travail de l’ADAC commence à la signature de la convention d’attribution de ces ressources qui sont des ressources publiques. Comme je vous l’ai dit, pour l’instant, l’évaluation, on l’a externalisée. Ce n’est pas nous qui faisons cela. Mais quand on aura obtenu le résultat, validé par le conseil artistique, là va commencer notre travail. On doit aller identifier les lieux d’existence physique de tous ceux qui ont soumissionné pour voir s’ils ont une existence réelle. Parce que, parfois, des gens peuvent se tapir dans les pays voisins. Dès lors que c’est par voie électronique que l’appel est fait, ils peuvent produire les papiers, donc il faut aller vérifier l’authenticité de tout ça. Nous mettons tout notre réseau à contribution, le réseau du ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts, toutes les directions départementales qui existent sur toute l’étendue du territoire vont être mises à contribution pour localiser chacun avec la géolocalisation pour dire « tel bénéficiaire réside à tel endroit. Nous nous apprêtons à lui donner des ressources publiques. » Ça c’est le premier point. Le deuxième point c’est que l’utilisation qui sera faite de ces ressources-là est définie dans la convention. Et le directeur technique au niveau de l’ADAC est instruit pour que cette convention-là soit suivie et les clauses respectées à la lettre. Et en cas de déviance, vous alertez. L’Agent judiciaire du Trésor va être mis à contribution pour que tous ceux qui auront l’idée lumineuse de vouloir s’écarter ou dévoyer l’utilisation qui est prévue, se retrouvent dans les liens de la justice.

Qu’est-ce que vous faites de ceux qui l’ont fait par le passé ?

Je ne suis pas comptable de ce qui s’est passé.

Visiblement donc, c’est subvention gendarme à l’appui ?

C’est une subvention plus que gendarme. C’est une subvention qui est destinée à créer une dynamique. Il ne faut pas que ce soit dilapidé vers d’autres fins. C’est extrêmement important. Si on veut créer des activités dans le domaine et amener ces domaines-là à créer de la richesse au profit du pays, nous devons éviter la déperdition des ressources injectées.

Est-ce que vous pouvez nous dévoiler les montants de ces fonds selon les domaines ?

 C’est rendu public dans les lignes directrices qui ont été publiées. Le plafond, c’est 30 millions. Personne ne peut obtenir plus de 30 millions pour son projet. Et ça ne peut pas financer plus de 70% du projet, puisque le porteur de projet est appelé à faire un effort ou à aller chercher des ressources complémentaires à ce que nous mettons à sa disposition.

Le FDAC aujourd’hui, c’est quelle enveloppe financière ?

Pour le fonds, l’enveloppe financière globale, c’est 1 milliard 200 millions. Ce n’est pas caché. C’est prévu dans la loi de finances. Un milliard 200 millions au titre de 2024.

Donc c’est ça qu’on peut appeler le volet culturel ?

Non, pas que ça, puisque ça c’est uniquement le mécanisme d’accompagnement financier des acteurs. En plus de cela, tout ce que nous organisons comme activités, le salon national du livre, les Vodun days, ce n’est pas dans cette enveloppe-là. Les expositions itinérantes, tout ça, ça ne suffirait pas.

Vodun days coûte combien ?

Je n’ai pas le chiffre de Vodun days en tête. Mais c’est le coût d’objectif. L’année dernière, ça a tourné autour d’un milliard. J’ai entendu parler de soixante milliards, de 40 milliards, des chiffres fantaisistes. Les gens n’ont pas idée de ce qu’on peut faire avec un milliard.

Mais pourquoi Vodun days ? Pourquoi n’utilise-t-on pas une langue nationale pour désigner cet événement ?

Vodun days a été institué afin de promouvoir la destination Bénin. Nous voulons accroître la visibilité de cet événement à l’international. Il nous faut donc une dénomination compréhensible pour tous.

Ce n’est pas pour les Béninois ?

C’est pour les Béninois d’une part, mais pas qu’eux. Les Béninois se retrouvent dans le Vodun. Quand on dit Vodun, le Béninois sait ce que c’est. Mais quand on dit Vodun days, ceux qui sont à l’extérieur et qui ne savent pas ce que c’est que le vodun, ils savent au moins ce que c’est que “days”. Donc avec plusieurs hameçons, on a plus de possibilités d’attraper le poisson qu’un seul. Dans quelques jours, on sera à Ouidah pour la deuxième édition de Vodun days. Vous serez les bienvenus.

Quelles sont les mesures qui sont en train d’être prises pour que cette année soit différente ? Est-ce qu’il y a une spécificité pour cette année ?

Je préfère vous le dire : c’est une surprise.

 L’ADAC a lancé une série de formations sur la monétisation des créations. Quel est l’objectif de cette thématique ?

Je vous ai expliqué tout à l’heure le modèle économique qui sous-tend ces filières : Création, production, distribution, diffusion. Mais depuis quelques années, ce n’est pas seulement au Bénin, c’est dans le monde entier. Ces filières-là sont soumises à ce que nous appelons la dématérialisation. Avant, pour écouter de la musique, il fallait un CD ou une cassette. Aujourd’hui, non. C’est des fichiers qui circulent de portable en portable. Donc c’est complètement dématérialisé. Ça a faussé complètement le modèle économique de la musique. Tout se passe essentiellement en ligne aujourd’hui. Donc, les nôtres ne sont pas outillés pour commercialiser leurs œuvres en ligne. Ce qui fait qu’ils n’arrivent pas à tirer profit véritablement de leur travail. Donc c’est important pour nous de leur donner les outils pour qu’ils aillent chercher des revenus aussi sur internet, tout en allant chercher les revenus complémentaires dans les concerts et autres. Donc la monétisation, c’est justement pour ça, leur donner les outils pour aller créer de la valeur en ligne, utiliser les canaux digitaux pour gagner de l’argent. C’est important aujourd’hui, la plupart d’entre nous aujourd’hui nous retrouvons aujourd’hui avec des portables. Tout se passe à partir des smartphones.  

Quelle est votre ambition pour le secteur des arts et de la culture ?

Notre ambition au niveau de l’ADAC, est de libérer le potentiel créatif. Que tous ceux qui ont envie de créer puissent créer, bénéficier d’un écosystème favorable pour porter leur création, générer des revenus pour eux-mêmes, pour les professionnels et pour la nation toute entière. C’est ça, le rêve que nous nourrissons au niveau de l’ADAC pour ces différentes filières.

Alors monsieur le Directeur, je voudrais savoir quel bilan vous faites de l’introduction des classes culturelles dans nos écoles

Je pense que des bilans, à mi-parcours, sont tirés de manière régulière, mais c’est pour vous dire qu’il n’y a pas de génération spontanée. Si nous voulons, aujourd’hui, avoir des artistes, des créateurs qui travaillent de manière intense, nous devons commencer à semer la graine. L’objectif n’est pas de faire de ces enfants-là des professionnels dès maintenant, mais leur mettre le pied à l’étrier. Leur faire comprendre que tout ne réside pas que dans les mathématiques et la physique. Qu’il y a aussi un avenir dans l’art. Je veux vous donner un exemple. Il y a des métiers dans l’art que nous n’avons pas au Bénin de manière sérieuse. Pour la biennale de Venise, nous sommes allés chercher un curateur nigérian pour notre pavillon. Oui, parce que nous n’en avons pas. Il a fallu aller chercher cela. Mais je ne peux pas vous dire combien les curateurs coûtent sur le marché. Les pavillons, les galeries qui ont porté les artistes béninois, toutes ces galeries-là sont à l’étranger. Quand les artistes vont sortir de la biennale, leur côte va monter. Leurs œuvres vont devenir plus chères. Cette plus-value est captée par leurs galeries. Les galeries ne sont pas des galeries béninoises, ce sont des galeries étrangères. Nous devons amener nos enfants très tôt à s’intéresser à ces domaines-là comme des domaines porteurs. Et travailler avec eux petit à petit pour que dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans, peut-être même dans 100 ans quand nous ne serons plus là, vous et moi, que nous ayons un écosystème solide en place pour porter l’art et que le marché de l’art s’anime au niveau du Bénin. Donc, ce qui est en train d’être fait au niveau des classes culturelles aujourd’hui, c’est juste des semences qui sont en train d’être mises en terre pour que nous puissions espérer des récoltes demain.

Comment est-ce que la recherche universitaire impacte ce que vous faites ?

Vous savez très bien que nous avons organisé un colloque récemment, lors du festival des masques à Porto-Novo. Nous sommes sur plusieurs fronts, y compris le front universitaire. Même moi, j’interviens à l’INMAC pour former nos étudiants et créer un pont entre le monde universitaire et le monde professionnel. C’est pour vous dire que les recherches sont importantes. Mais ça ne doit pas se limiter qu’à ça. Il faut qu’il y ait une vie après la recherche. Comment est-ce qu’on arrive à tirer profit de ces recherches-là pour alimenter notre travail quotidien ? Chaque fois que nous faisons des expositions, que ce soit en Martinique, que ce soit en France, que ce soit au Maroc, que ce soit à Venise, nous faisons appel aux universitaires. C’est avec les universitaires que nous travaillons le propos éditorial. C’est un peu comme la ligne éditoriale en ce qui vous concerne. Et c’est en fonction de ce propos éditorial que les œuvres sont produites pour que le message que nous voulons véhiculer ait un sens et soit évident pour tous. Donc le monde universitaire nous intéresse. Et il y a aussi un pont qui nous manque aujourd’hui au niveau du Bénin, ce sont les critiques d’art. Ce sont des prescripteurs importants dont le travail permettra à nos artistes d’améliorer ce qu’ils font. Mais ils manquent cruellement. Je ne sais pas si quelqu’un a dit par le passé que nous sommes un désert de compétences. Il y a eu un tollé général. Mais de plus en plus, lorsque sur le domaine de l’art, moi j’avance, je m’interroge.

Il y a eu des critiques d’art par le passé et ça se terminait souvent par des pugilats.

Entre qui et qui ?

Entre les critiques et les artistes. Vu qu’ils supportaient mal la critique scientifique.

Ce n’est pas censé être péjoratif, c’est censé être objectif et amener l’artiste justement à évoluer. Donc quand on n’a pas ça on a tendance à stagner, à verser dans une forme de routine et dans une forme de facilité. Et quand on va maintenant à l’extérieur se confronter aux étrangers, là on sent qu’il y a quelque chose qui manque. Ça m’amène à faire appel à la question à laquelle les députés nous ont soumis la dernière fois lorsqu’ils ont appris que nous voulons dynamiser le marché de l’art au Benin, encourager les galeries à venir pour s’installer au Benin, et faire du Benin leur base arrière pour leurs activités commerciales. Ils nous ont demandé : est-ce que cela ne va pas créer une concurrence déloyale vis-à-vis de nos artistes béninois ? Je leur ai dit : en quoi est-ce que ce serait une concurrence déloyale ? Au contraire, ça va créer de l’émulation. La concurrence fait élever la compétition, le niveau de la compétition et la qualité. Donc non seulement on met en place toute une batterie de mesures en faveur des artistes béninois, ce que les autres artistes n’ont pas dans leur pays, on amène les meilleurs à venir exposer leurs œuvres ici. Quand les galeries d’ici exposent ces œuvres-là à partir du Bénin, ça va permettre aux nôtres aussi de voir que là il y a une marge de progrès qu’il faut essayer de combler assez rapidement. Nous, on veut créer vraiment de l’émulation sur le terrain et faire en sorte que l’art nourrisse son homme et nourrisse la nation.

Un mot de la fin ?

Pour finir, je dirai que la culture doit être considérée comme un tout. C’est le fondement des êtres. J’ai l’habitude de comparer l’être humain à un ordinateur. Un ordinateur c’est du hard, c’est le matériel. Mais c’est aussi le système d’exploitation. C’est le soft. La culture c’est le soft de l’être humain. Tu peux avoir un magnifique ordinateur, si ça n’a pas de système d’exploitation, tu ne peux rien en faire. Autant, nous allons prendre soin du hard, autant nous allons prendre soin du soft aussi. Les deux vont de pair. Nous avons tendance à nous adonner à l’éducation. La lecture, le théâtre, le cinéma, la culture prennent le relais de l’éducation pour les adultes. L’essentiel de ce que je vous raconte aujourd’hui, je l’ai appris à travers la lecture. Alors, pour moi, c’est tout aussi important que l’éducation. On consacre des ressources énormes au système éducatif, mais après, on ne s’intéresse plus à ce que l’individu devient. Or, on ne finit jamais d’apprendre tant qu’on est sur cette terre. Donc, de grâce aidez-nous à dire à nos compatriotes qu’il leur faut lire, qu’il leur faut sortir pour aller au théâtre, pour aller voir des spectacles de danse. Les gens pensent que la danse est juste pour se divertir. Il y a des danses contemporaines qui transmettent des messages profonds. Vous allez suivre le spectacle. Quel caviar vous allez manger dans ce monde et couler des larmes, dites-moi ? Allez-vous déguster un plat qui sera tellement succulent que vous allez couler des larmes ? Quelle voiture, quelle qu’elle soit, même si c’est du Bentley, ou du Lamborghini, quelle Ferrari allez-vous conduire et vous extasiez en sortant de là ? Or, vous allez suivre une pièce de théâtre, vous allez pleurer. Vous allez écouter de la musique, cela va vous donner de la chair de poule. Vous allez suivre un film et votre vie ne sera plus jamais comme avant. C’est cela la magie de la culture. Ce n’est pas que du divertissement.  C’est beaucoup plus profond. C’est ce que je veux que vous nous aidiez à faire savoir à nos populations.

CARTE D’IDENTITE

Un visionnaire multidimensionnel au service de son pays

« Quand on sait faire quelque chose, on en fait d’abord profiter son pays avant d’aller ailleurs », affirme William Codjo, un homme à la croisée des chemins entre économie et culture. Originaire de Comè, dans le sud du Bénin, ce quinquagénaire incarne la richesse d’un parcours aussi atypique que captivant, marqué par une quête constante de sens et d’impact.

Né le 16 juin 1972, William Codjo n’est pas issu de la diaspora, mais bien d’un parcours ancré au Bénin. « J’ai été formé au Bénin. J’ai fait l’université d’Abomey-Calavi jusqu’à la maîtrise en sciences économiques en 1998. » Pourtant, son chemin l’a rapidement conduit au-delà des frontières, de l’île Maurice à Montréal, pour se spécialiser dans les politiques économiques et culturelles. Après avoir travaillé pendant huit ans à Ecobank, une formation sur les techniques de financement des industries culturelles à Lomé a marqué un tournant décisif. « C’est comme si la culture m’avait tendu la main. Deux semaines après mon retour, j’ai reçu une offre de l’OIF pour rejoindre une équipe d’experts internationaux. » Ce moment a été pour lui une plongée dans le vaste océan des industries créatives, qu’il compare à l’allégorie de l’éléphant et des six aveugles : « Dans la culture, chacun ne tient qu’un petit bout, qu’il croit être la totalité. Mon rôle est de prendre du recul et d’unir ces fragments pour en faire un tout cohérent. »

De consultant à expert auprès de l’UNESCO et de l’Union européenne, William Codjo a arpenté presque tous les continents pour promouvoir des politiques culturelles. Pourtant, son cœur demeure attaché au Bénin. En 2023, alors qu’il était basé à Bruxelles, le gouvernement béninois lui fait appel. « Ils avaient besoin que je vienne prêter main-forte au déploiement de la politique culturelle nationale. » Malgré les défis et les sacrifices, notamment un salaire prestigieux, Codjo a répondu présent. Pour lui, le Bénin est bien plus qu’un simple pays : c’est un symbole de potentiel inexploité. « L’Afrique est comme un berceau. Nous devons sortir de ce berceau et partir à la conquête du monde. » Grâce à son engagement, le Bénin est désormais reconnu sur la scène internationale pour ses avancées culturelles. Mais malgré son rôle central dans le développement culturel, William Codjo ne se considère pas comme un acteur culturel, mais comme un « économiste de la gouvernance culturelle. » Cette spécialisation reflète sa vision selon laquelle les industries créatives doivent devenir des moteurs économiques à part entière. Pour William Codjo, l’avenir du Bénin repose sur une ouverture stratégique au monde tout en consolidant ses bases internes. « Comme le disent les Japonais : “Nous irons partout chercher des talents pour consolider les bases de notre empire.” Le Bénin doit faire de même. »

INTIMITE

Humilité et équilibre

Marié et père de trois enfants, William Codjo trouve un équilibre entre une vie professionnelle exigeante et une vie privée simple, mais épanouie. Quand on l’interroge sur sa plus grande fierté, sa réponse est surprenante : « Je me remets en cause fréquemment. Cela ne me laisse que peu de place pour la fierté. » Cette capacité à se questionner en permanence est sans doute le secret de son succès, ainsi que de sa capacité à jongler entre ses multiples casquettes : banquier, consultant, enseignant et expert culturel. « La beauté m’a attiré vers mon épouse, mais elle a mille autres qualités. » Une phrase qui résume bien l’homme : un regard capable d’apprécier l’apparence tout en explorant la profondeur.  

Le Secrétaire Général du HCPC Olivier-Charles Bernardin Attindéhou invité de « Sous l’arbre à Palabres »:  « Le Bénin est sur une bonne voie dans la prévention de la corruption »

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Le HCPC s’unit avec les élèves et étudiants contre le fléau

Nouvel invité de la rubrique « Sous l’arbre à Palabre » de l’Evènement Précis, Olivier-Charles Bernardin Attindéhou, Secrétaire Général du Haut-Commissariat à la Prévention de la Corruption (HCPC) dévoile les grandes missions assignées par le Chef de l’Etat Patrice Talon à cette nouvelle institution qu’il a créée pour mieux combattre ce fléau. « Parvenir, humblement, à permettre à chaque béninoise, à chaque béninois d’abord de comprendre et de donner une autre définition de l’intérêt général et du bien public » est l’une desdites missions sur laquelle, Mr Olivier-Charles Bernardin Attindéhou a beaucoup insisté lors de cet entretien. Une conscience nouvelle, des acteurs nouveaux, allant dans le sens d’une croissance économique et du bonheur de chacun et de tous… Le HCPC s’emploie à déployer de grandes actions pour atteindre ses objectifs. L’une de ses cibles majeures est la jeunesse, selon l’invité de l’Evènement Précis. Lisez plutôt.

« Afficher le visage des acteurs de la corruption sur les panneaux publicitaires »

« Le Bénin est sur une bonne voie en matière de prévention de la corruption »

Depuis l’installation du Haut-Commissaire, il a entamé les rencontres avec les présidents et autres responsables d’institutions publiques. Quelles en sont les raisons ?

Le Haut-Commissariat a pensé que lorsqu’on est une institution de loi organique surtout, une institution de la République, une institution qui naît, il est de bon ton d’aller se présenter à des institutions qui existent déjà dans la République. Qu’il s’agisse d’institutions constitutionnelles, d’institutions de loi organique, ou des ministres, il faut toujours aller se présenter, et leur dire que nous existons, voilà ce que nous faisons, voilà notre direction, quels sont vos conseils, vos recommandations, vos avis sur ce que nous présentons en termes d’objectifs stratégiques. Pourquoi ? Parce que n’oublions pas, autant que nous sommes, nous sommes engagés pour l’intérêt général, le bien collectif pur. Voilà le sens de ces visites.

Le Bénin a connu des institutions en termes de lutte contre la corruption avant le Haut-Commissariat. Qu’est-ce qui différencie cette structure des autres ?

Je veux encore vous remercier parce que le sens de votre question mérite que je vous demande de m’accorder un peu de temps. Lorsqu’on parle d’OLC (Organisme de lutte contre la corruption), il y a des variantes en fonction de la stratégie choisie ou adoptée. Hier sous Kérékou, on parlait de moralisation de la vie publique, par le biais de la Cellule de moralisation de la vie publique. Après, on a eu à parler de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption. Ce n’est pas une spécificité béninoise. En Guinée, au Sénégal, ça existe parce que le mot « lutte contre la corruption » ne fait que reprendre la terminologie de la Convention des Nations Unies, des protocoles de la CEDEAO, et de l’Union africaine, de la Charte des Nations-Unies. En Côte d’Ivoire, on parle de bonne gouvernance. Donc pour la première fois au Bénin, on a choisi le mot prévention. En tant que juristes, nous faisons la différence entre l’action préemptive et l’action préventive. Nous avons dans l’action préemptive, ce qu’en droit on entend par droit déterminateur. Il y a des règles qu’il faut respecter dans la société. Un exemple concret. On dit : vous n’allez pas détourner. Lorsque vous détournez, il y a une sanction, un emprisonnement et ainsi de suite. L’idée de l’action préemptive, c’est de développer des mécanismes pour empêcher la survenance des événements. C’est un peu ça. On dit : on va mettre en place des instruments et des mécanismes contre le terrorisme. Mais ça n’a jamais empêché les « zinzin » de se livrer à ce type d’ignominie. L’action préventive, elle coûte beaucoup plus chère, elle est un peu plus dense, elle demande beaucoup plus de temps, de moyens, et donc beaucoup plus d’hommes et d’investissements. Et je vais vous expliquer pourquoi. Dans l’action préventive, il est question d’identifier clairement les causes, les moments, les situations susceptibles de constituer, de générer, de mettre en place ce que nous voulons éviter. De l’autre côté, on met des lois. Sauf qu’on constate, quand bien même le législateur a une bonne volonté, que la loi en elle-même, en tant qu’instrument, est insuffisante pour endiguer, pour éliminer le problème. Or, dans l’action préventive, si nous arrivons à détecter les causes, les sources, les situations, les moments qui génèrent le pacte corrupteur, ça va nous conduire à travailler à l’origine. Qu’est-ce qui est à l’origine, qui met en place ce que l’individu utilise pour se livrer à la corruption? Raison pour laquelle, au lieu de parler de moralisation on parle de prévention. Moraliser c’est bien. Mais si vous moralisez quelqu’un, vous pourriez parler continuellement sans résultat probant. Je dis, par exemple : tu ne voleras point, ne vole pas, ce n’est pas bien. Mais la personne va voler. Mais si vous conduisez une personne à penser qu’elle-même, dans sa conscience, est intégrité, la personne va produire de l’intégrité. Voilà le sens profond de l’action préventive. Et là, il faut remercier son géniteur en la personne du Président Patrice Talon.

Il faut le dire parce que j’ai eu la chance, peut-être qu’on en viendra, j’ai eu la chance récemment au nom de HCPC de représenter le Bénin à Vienne en Autriche, dans le cadre du mécanisme d’examen de l’application de la Convention des Nations-Unies contre la corruption. J’ai discuté avec beaucoup de délégations. J’ai discuté avec beaucoup d’acteurs, j’ai discuté même pour la première fois avec un représentant de la Suisse etc. Nous avons échangé. Ils estiment que le Bénin est sur une bonne voie. Quand bien même nous étions absents à un moment donné, ils disent aujourd’hui : les gens peuvent médire ce que vous faites, mais dans 5 ans, 10 ans, 20 ans, cela construit une société. Cela va faire des femmes, des béninoises, des hommes, des béninois nouveaux qui, au lieu qu’on vienne les moraliser, au lieu de mettre en place des instruments pour dire qu’on va lutter contre, eux-mêmes, ils sont des instruments déjà qui empêchent la chose.

Comment se décline votre mission et quels sont les résultats attendus ?

Les missions, si je veux prendre la loi 2020-09 du 23 avril 2020, en une ligne, c’est suivre la mise en œuvre au sein des institutions administratives de la République, que ce soit le secteur privé, le secteur public, des politiques de prévention de la corruption.

Quand on dit ça, on ne dit rien parce que tout le monde pense que c’est la même chose, partout dans le monde. La mission du HCPC, c’est de parvenir, humblement, à permettre à chaque béninoise, à chaque béninois d’abord de comprendre et de donner une autre définition de l’intérêt général et du bien public.

Pour le dire ainsi, on constitue un groupe, une bande, on l’appelle la morphologique sociale en sociologie. Si nous choisissons, chacun, de nous entendre sur un objectif commun et que personne n’en dévie, c’est le bonheur de la structure. En gros, je viens de schématiser la mission de l’HCPC : Parvenir à ce que chaque béninoise, chaque béninois puisse intégrer l’idéal commun. Bien sûr, quand on dit intégrer, qu’est-ce qu’ils vont intégrer? Ils vont intégrer quoi ? Une conscience nouvelle, ils vont intégrer les lois qui existent déjà, ils vont intégrer le fait de ne pas se livrer à la corruption mais ça ne va jamais exister. Quand on le dit, on dit aussi que c’est une utopie. Donc véritablement la mission du HCPC, c’est de faire des acteurs nouveaux, allant dans le sens d’une croissance économique et du bonheur de chacun d’entre nous.

Quel état des lieux peut-on faire aujourd’hui de la lutte contre la corruption au Bénin ?

Le HCPC est né d’une loi que je viens de rappeler, mais surtout il y a le décret d’application. Entre la loi et le décret d’application, il y a eu 4 ans. Ça veut dire qu’il y a eu un temps de matérialisation d’une volonté. On a pris le temps de penser véritablement à comment l’institution va fonctionner, qui va trancher de ce qu’il faisait pour ne pas commettre une erreur.

Pourquoi je dis ça ? Le Haut-commissaire a prêté serment le 22 juillet 2024. Ma pauvre personne et le directeur de cabinet, nous avons été nommés en Conseil des ministres le 25 septembre 2024. Mon analyste qui est là, a démarré le 02 septembre 2024. Mon chef de service chargé entre autres de politiques de bonne gouvernance, d’éthique et d’intégrité a commencé en octobre. Donc, c’est pour dire quoi ? Nous sommes le 05 décembre 2024, ce serait prétentieux de notre part d’affirmer que nous avons une cartographie réelle et définitive de ce qui se fait et de comment nous pouvons l’exploiter pour faire autre chose.

Vous êtes venus trouver une situation. Quelle est votre appréciation ? Est-ce qu’il y a eu des avancées par rapport à tout ce qui est fait? Qu’est-ce que vous êtes venus trouver ?

En science politique, on affirme que l’État est une continuité. L’administration, aussi, s’entend ainsi. Il ne faut pas, lorsqu’on parle véritablement de cohésion nationale, estimer que ce que les autres ont fait, est nul : « Circulez, il n’y a rien à voir. » Non ! En toute objectivité, il faut essayer, si on veut avancer, de prendre ce que l’on peut prendre de positif, quitte à l’améliorer. Je vais parler de façon concrète. Entre autres nous sommes là, nous préparons la journée nationale de lutte contre la corruption le 8 décembre et la journée internationale le 9 décembre 2024. Pourquoi j’en parle avant de revenir à votre question ? Nous avons observé dans nos discussions que le Bénin est le seul pays, en Afrique, si je m’abuse, à consacrer une journée nationale de lutte contre la corruption, avant même qu’il y ait une journée internationale de lutte contre la corruption. Le 9 décembre 2008 et le 8 décembre, au Bénin, c’était en 2006. Bon, c’est vrai que ce qu’il fallait comme instrument pour édifier l’institution, c’était en 2007. Et qu’est-ce qui s’est passé en 2007 ? Il y a eu quelque chose de très grand qu’on n’a vu nulle part ailleurs qu’au Bénin. Une marche verte, une marche citoyenne contre la corruption. Ce qu’on entendait est ce qu’on gaspille, ce qu’on perd par le pacte corrupteur ; si on l’utilisait pour nos écoles, pour les centres de santé, les infrastructures ainsi de suite, imaginez-vous où on serait , ce qu’on devrait faire depuis. La marque 229 existe désormais. Même les Camerounais qui nous riaient au nez en 2016-2017, aujourd’hui, ils font notre éloge. C’est pour dire que les choses ont démarré, même si ce n’est pas au mieux de ce que nous espérons, nous avons constaté qu’il y a un héritage. C’est au HCPC maintenant de tirer telle fibre, telle autre substance pour essayer de trouver une bonne synthèse de ce qui a été fait de pas bien, de ce qui a été fait de très bien et de dire que désormais « chères sœurs, chers frères, nous pourrons aller dans ce sens-là pour que l’État puisse percevoir ce qu’il doit percevoir pour l’investissement dans les réformes. »

Depuis 2016, il y a un Chef d’État qui est là avec les réformes, avec beaucoup de courage et on sait qu’en matière de corruption, il y a quand même de la frayeur aujourd’hui. Les gens ont peur de toucher les fonds publics. Est-ce qu’on peut dire de votre observation que depuis huit ans, la corruption a reculé au Bénin, qu’elle est devenue plus grande ou qu’elle est devenue stable ?

Quand je veux formuler ce type de réponse, une réponse sincère, les gens s’imaginent que chaque soir je dîne avec le Président. Mais non, il faut sortir, observer et apprécier. Les gens aujourd’hui ont peur. Avant, il était notoire de voir certaines personnes dans notre pays s’afficher fièrement et être contents de dévier, de détourner les recettes de l’État. Demandez à quelqu’un s’il peut s’afficher aujourd’hui. Le mot commun c’est « Missérété direct ». Le week-end dernier, par curiosité, je suis allé à Missérété et j’ai dit que je vais voir par quel chemin on prend pour aller à la prison. Je me suis arrêté à quelques mètres et j’ai dit : « Ah, je comprends. » Vous savez, il faut faire de sorte que chaque Béninois, chaque Béninoise ait peur de se livrer à la corruption et le Président Talon a réalisé ça. J’ai discuté avec la délégation ghanéenne en Autriche. Ce pays a eu des avancées, grâce à qui ? Quelle était sa méthode ? Qu’est-ce qui a été appliqué là-bas ? On dit oui, le Chef de l’État a affiché « zéro corruption », mais ça existe toujours, etc. On est arrivé à faire reculer les comportements tendant à vider les caisses de l’État. Vous regardez sur le terrain, nous avons des choses qui se passent dans le pays, en termes d’investissement qu’on n’avait jamais vues. Personnellement, j’ai eu 47 ans le 12 Juillet dernier. Je venais régulièrement en vacances au Bénin, je suis venu rester au Bénin pendant 4 ans et demi. Mais ce que je vois aujourd’hui, je ne l’ai jamais vu. Et ce n’est pas qu’à Cotonou, il faut se déplacer, il faut sortir ; et il faut le dire. Même si on est contre l’individu, il faut dire : « je suis contre lui, mais il a fait ci, il a fait ça. Ces gens-là, je suis contre eux parce qu’ils sont un peu bizarres, mais ils ont fait ci, ils ont fait ça ». Je suis un peu épicurien. Épicure dit : « un aveugle de naissance n’a pas la notion de la couleur ». Je vois, et ça me suffit.

Conformément à votre mission, vous envisagez descendre dans les écoles et universités pour la sensibilisation à la prévention et à la lutte contre la corruption. Parlez-nous un peu de votre projet.

Il y a deux aspects de ce projet. Le premier aspect revenait à profiter du lancement de l’activité du HCPC pour aller à l’École Nationale d’Administration (ENA), échanger avec les étudiants parce que ce sont eux les administrateurs de demain. C’était ça, le premier aspect de la chose. Mais actuellement, dans le cadre de la célébration de la journée du 8 et du 9 décembre, nous allons effectuer, à partir du 9, des descentes à l’ENA, au Lycée Coulibaly, et une école primaire à Ouidah. L’idée fondamentale, c’est une causerie-débat. Expliquer juste ce que c’est que le HCPC partant des différentes cibles : des étudiants, des lycéens, des élèves du secondaire, des écoliers du primaire. L’idée, c’est d’échanger et de mesurer au travers de ce qui sera reçu, ce que le HCPC peut piocher pour parfaire sa politique de sensibilisation qui comporte un gros volet en 2025. Nous avons trois différents programmes dans ce secteur-là. Il y a un premier programme consacré exclusivement à l’éducation, un autre consacré à la sensibilisation et un autre consacré à la vulgarisation des textes. Pour ce qui est du volet sensibilisation, nous avons environ 12-13 activités. L’idée fondamentale de ces activités, au-delà de partager une compréhension commune, c’est de dire qu’en République du Bénin, vu ce qui a été fait depuis 2016, ou bien si vous voulez avant 2016, il est bon pour nous tous de garder cette dynamique, d’améliorer nos comportements, mais surtout d’élever notre conscience, parce que tant que nous n’aurons pas cette conscience élevée, nous ne pourrons jamais changer nos comportements. Les anciens disent souvent que le comportement dérive du but existentiel. Le but que vous vous assignez, c’est ce qui fait que vous vous comportez de telle façon. Donc, il faut aller dire, il faut aller sensibiliser cette base-là. La couche juvénile nous intéresse énormément parce qu’il y va même de la profondeur, de l’essence du mot prévention. Pour prévenir, il faut commencer à la base, c’est encore frais, donc ça peut recevoir ce que nous entendons, au HCPC, en termes de culture d’intégrité. Nous, adultes, si on parle de culture d’intégrité, nous convenons qu’il faut être propre, qu’il faut être transparent, qu’il faut être juste, qu’il faut respecter la chose publique. On l’entend, on sait ce que cela veut dire en français, on peut même le traduire dans nos langues nationales mais nos comportements ne reflètent pas ce que nous voulons. Alors, si nous commençons par les plus jeunes, nous aurons le résultat espéré. Hélas, comme la sève même de l’action préventive, il faut attendre quelques années pour mesurer concrètement les résultats de ce que nous allons démarrer maintenant.

Alors quand on parle de Haut-Commissariat à la Prévention de la Corruption, dans l’entendement populaire, Haut-Commissariat signifie que c’est plus haut que les commissariats que nous avons d’ordinaire. Quelles sont les mesures coercitives que l’institution va utiliser pour réellement prévenir les citoyens Béninois ?

Lorsque vous dites mesures coercitives, vous parlez de politiques répressives. Effectivement, par Haut-Commissariat, le nom de l’institution peut s’entendre comme si nous étions une institution judiciaire ou même policière. Non, non, non, non, non. Le HCPC n’a absolument rien à voir avec une telle interprétation. Le HCPC, au terme de la Convention nationale contre la corruption, on peut être qualifié d’organisme de lutte contre la corruption, OLC. En ce sens que le mot corruption, je viens de le dire, n’exclut pas la répression. Au contraire, et là, vous allez me permettre de prendre un peu de temps pour expliquer comment le HCPC a organisé intellectuellement sa démarche. Il y a trois niveaux de prévention. Le niveau primaire, en fait, le niveau bas de la chose, c’est une cartographie des risques. C’est toute situation ou moment de cette vie qui permet à ce que le corrompu et le corrupteur se rencontrent ou qu’il y ait un facilitateur qu’on appelle dans le jargon technique le tiers. Le deuxième niveau dans notre démarche de prévention, c’est le niveau secondaire qui revient à produire des efforts en termes d’éducation, de sensibilisation, de vulgarisation, à agir sur le côté psychologique, le mental. Au HCPC, nous estimons qu’une infrastructure mentale nouvelle est propice au changement de comportement. Donc, là, il y aura des renforcements de capacité, des modules de cours, par exemple sur l’intégrité et un nouveau regard du biens public, etc. Et enfin, j’en reviens à votre question, le troisième niveau de la chose de la démarche de prévention, c’est le niveau tertiaire. Dans ce niveau tertiaire, nous avons aussi trois piliers. Le premier pilier, c’est l’individu. Il faut répercuter ce que nous venons de faire au niveau secondaire, sur la psychologie. Faire comprendre à l’individu que s’il se comporte bien, si nous nous comportons tous bien, nous allons faire, en grand, positivement, ceci ou cela. Pourquoi? Parce que la cohésion, l’adhésion des uns et des autres à une compréhension commune de la chose publique, de la vie publique, va agir sur tout le collectif, parce qu’on a tendance à développer des mesures, des principes préventifs individuels, qui sont consacrés à des responsables publics et puis de l’autre, on pense à des instruments, des mesures qui sont consacrées, je veux dire, à tous les autres qu’on ne voit pas tous les jours. Ceci est une mauvaise démarche. C’est le pire héritage du libéralisme économique. Parce qu’il faut rappeler quelque chose. Toute la logique républicaine, législative ou non, afférente à ce dont nous parlons, découlent de la morale imposée par le libéralisme économique. D’où le volet répressif qu’on a connu à forte dose depuis tant d’années où on pense que la loi vient tout régler. Donc, pour répondre à votre question, le HCPC estime qu’il faut actualiser ce qui existait déjà. Un exemple concret, le décret portant loi sur la transparence dans la gestion des affaires publiques, c’est le décret 2015-035 du 29 janvier 2015. Nous estimons que vu comment le pays a changé, nous devons actualiser ces textes. Nous devons même être très ambitieux sur la notion de transparence et dire clairement qu’on doit associer cela à une culture d’intégrité. Mais à côté de cela, nous devons aller encore plus loin. Quand nous voudrions comparer, nous prendrions juste la bande côtière, c’est-à-dire, le Nigeria, le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire ainsi de suite. Quel est le pays dans lequel le mot famille ou le mot collectivité est très fort ? C’est le Bénin, et par extension le Ghana. Je n’exclus pas les togolais, mais il y a une particularité qui est au Benin et au Ghana, qu’on ne retrouve pas partout.

Le HCPC estime que dans cette politique répressive, nous devons apprendre à pratiquer ce qui s’est fait ailleurs. Je le dis souvent en anglais, mais je vais le dire en français aujourd’hui. C’est une autre manière de faire de la dénonciation publique, qui existe déjà, à la cellule d’analyse et de traitement des plaintes et dénonciations. Mais nous allons faire évoluer la chose. Prenons un exemple concret. Monsieur X ou madame Y a été convaincu(e) de s’être livré(e) à des infractions de corruption. La justice a fait son travail. La collectivité doit faire son travail parce que ce monsieur ou cette dame a décidé de briser ce qui va dans le sens de l’évolution.

Il y a de l’argent détourné, des pots-de-vin, ainsi de suite. Pourquoi ne pas afficher son visage sur les panneaux publicitaires et spots, mettre le nom de famille en gras de sorte que sa propre collectivité puisse le récupérer comme ça existe dans certains villages, dans les pays comme le Malawi, le Zimbabwe et autres, où on vous met sur la place publique et on vous fouette ? Bien entendu, cette approche qui paraît extrême, doit se comprendre par l’exigence d’une justice sociale.

Si nous faisons ça, petit à petit, ça va changer. C’est dissuasif. Lorsque vous arrivez à imprimer un rythme à l’esprit, le corps change. Mais si vous voulez imprimer un rythme au corps, l’esprit ne va pas changer. Voilà à mon sens, ce que nous pouvons apporter.

Sinon à côté de ça, il y aura l’actualisation de manuels de procédures et autres. La rédaction de procédures de signalement. Nous allons commencer à discuter de sorte que les agents de la fonction publique puissent disposer de code de conduite. Il y aura le code des usagers en 10 points, de sorte que même nos parents, ne sachant ni lire, ni écrire, puissent désormais savoir (nous allons le faire dans nos langues) que si un policier vous réclame ne serait-ce que 300 francs pour non port de casque, vous dites donne-moi l’amende je vais payer. C’est une manière de contribuer à la dynamique qui est en cours.

D’aucuns estiment qu’en s’investissant dans la dématérialisation de l’administration publique, le gouvernement pose de grands pas dans la lutte contre la corruption. Qu’en dites-vous ?

C’est purement vrai. C’est une réalité aujourd’hui vais-je dire, même une loi universelle. Beaucoup d’États partie à la Convention des Nations Unies contre la corruption sont en train de le faire. Le Koweït n’est pas béninois. Mais le Koweït a un programme très ambitieux. La République Dominicaine non plus, ni le Brésil. Je peux vous en citer plein. J’y étais et on a discuté. C’est quoi l’idée ? C’est d’éliminer ou de réduire l’intervention humaine. Parce que nous avons constaté qu’avec la machine, tu ne peux pas voler. Tu cliques ! Quand c’est oui, c’est oui. Quand c’est non, c’est non.

Vous savez, en réalité, le contact humain installe l’envie ou l’ambition ou la justification de la corruption ou de l’acte corruptif. Si nous éliminons ou réduisons ce contact humain, on a gagné. Donc, personnellement, j’encourage, je félicite même notre gouvernement pour cette politique publique. C’est fort, ce que nous avons fait.

Avez-vous aujourd’hui la possibilité de chercher à voir clair dans les nombreuses passations de marché qui ont lieu sous le régime Talon ?

Oui. Mais mieux, il existe déjà l’ARMP. L’Autorité de régulation des marchés publics, c’est son travail. Et elle fait partie des institutions avec laquelle on n’a pas encore eu une séance de travail directe.

Nous avons le temps, ça va se mettre en place. Et vous allez apprendre beaucoup de choses très bientôt. Le Haut-Commissariat à la prévention de la corruption a la capacité juridique, parce que nous sommes dans un État de droit, de s’autosaisir si nous estimons que dans cette structure, dans cette institution, quelque chose ne va pas bien. C’est largement possible. Il faut lire l’AOF, le décret n° 2024-1004 du 26 juin 2024.

La CRIET, son impact dans la lutte contre la corruption. Votre appréciation ?

Énorme. Personnellement, j’apprécie. Parce que je fais partie de ces personnes qui estiment que si vous ne mettez pas en place des instruments et des mécanismes susceptibles de dissuader et de ne pas briser la dynamique nationale, vous n’arriverez à rien du tout. La preuve on voit la différence aujourd’hui. Certaines personnes parlent de rigueur, d’autres parlent de sévérité, mais on voit que le changement de méthode a produit des fruits. Et tout le monde en bénéficie.

Et à l’extérieur, tout le monde applaudit. Quand je suis revenu de mission en Autriche, je racontais à mes collaborateurs ce qui s’est passé avec le chef de la délégation du Royaume du Maroc, qui a dit être venu en 2010 au Bénin, mais qu’il a vu, parce que c’est un ancien diplomate, des images, des photos, des vidéos, et que le pays est en chantier mais c’est devenu beau, magnifique.

Et que, est-ce que nous pouvons nous arranger pour notre première collaboration, pour la première visite, pour que lui il vienne au Bénin. Je dis, bon, ça, s’il me demande comme ça, c’est de la corruption. Moi, je préfère faire un retour, on verra qui va voyager en premier. Ça veut dire qu’il apprécie tout ce qui est fait. Voilà.

Quels sont vos rapports avec la structure le FONAC ? Est-ce que vous collaborez avec cette structure, parce que c’est le même domaine ?

Bien, c’est le même domaine en parlant de corruption. Il me sied de nous rappeler que dans Fonac, je ne vois pas le mot prévention. Donc la méthode, la démarche méthodologique, c’est tout autre chose.

Dans le HCPC, je vois le mot prévention. Les objectifs sont assez clairs, la stratégie est nette, connue. Je veux parler comme la chef de la délégation du Brésil. Aujourd’hui, beaucoup d’organismes de lutte contre la corruption ont une défiance vis-à-vis de certains acteurs de la société civile. Et cette défiance se justifie. En disant ça, je ne parle de rien. Je réponds à votre question. Notre ambition, c’est de collaborer avec tous les acteurs de la société civile. D’ailleurs, nous le faisons. Nous recevons plusieurs personnes de la société civile. Oui, par exemple, Social Watch. En interaction, en échange, mais aussi en réunion, téléphone, ils participent à beaucoup de choses. Tout le reste aussi, on peut le mettre en place.

Vu les priorités, nous n’avons pas encore eu le temps de recevoir et d’échanger avec les autres acteurs de la société civile. Mais là il faut le dire, qui parle d’acteurs de la société civile, doit automatiquement chercher à être précis. Précis sur ce que nous voulons combattre ensemble et est-ce que nous avons plus ou moins la même intention de faire la même chose. Pourquoi je dis ça ? Parce qu’en droit, il y a intention et intentionnalité. Voilà, je vais m’arrêter là si vous me le permettez.

Alors dans un pays comme le Bénin, un pays qui n’est pas assez développé, est ce que selon vous il est possible d’éradiquer la corruption ?

En 2022, le Parlement européen, c’est une enquête qui avait commencé en 2021, sorti de ce qu’on peut appeler pandémie mondiale, le Parlement européen a fait une grosse enquête, qui a eu des suspicions sur certaines activités du Qatar en Europe. Et le Parlement européen a estimé qu’il faut analyser, checker, sonder les pays. Et parmi ces pays, il y a eu la France. Le chiffre de la corruption en 2022 dans l’Europe, c’est en ligne, c’est plus 900 milliards d’euros. En France, ce fut plus de 127 milliards d’euros.

Allez voir sur le site d’Anticor et vous saurez. Qu’est-ce que je veux dire par là ? Tant qu’il existera l’humain, dans sa bassesse et dans sa grandeur, nous devons nous attendre à ce type de pathologie.

Jusqu’à quand vous estimez qu’on peut commencer par récolter les fruits de votre mission ?

En l’an 59 avant Jésus-Christ, il y a eu la première loi qui pénalise la corruption.

Chers messieurs, nous sommes en 2024 et on parle encore de corruption. Cela veut dire quoi ? Revenons à la nature du mot. Corrumpere, c’est altérer, briser, détruire. rumpere, c’est rompre. L’humain a cette double facette, les Chinois l’appellent le yang et le ying, il y a la lumière, il y a l’obscurité, l’obscurantisme, tout ce que vous voulez.

Il nous faut respectivement, nous donner mutuellement la part de lumière en chacun de nous. C’est ce qui manque à l’humanité. Ce n’est pas une spécificité béninoise. Au contraire, au Bénin, nous sommes sur la bonne voie. Je ne puis quantifier sur l’échelle du temps quand nous allons parvenir à faire cela. Si je vais vous donner une échelle, je dirais que les enfants qui vont naître dans 5 ans seront des béninois et béninoises nouveaux.

Carte d’identité

Un parcours entre rigueur et humanisme

Né le 12 juillet 1977 dans le quartier Sainte-Rita à Cotonou, Olivier-Charles Bernardin Attindéhou est bien plus qu’un fonctionnaire au parcours classique. Sa trajectoire, marquée par des choix audacieux et des valeurs fortes, est celle d’un homme engagé, rigoureux et attaché à des idéaux d’intégrité. Aujourd’hui, Secrétaire général du Haut-Commissariat à la Prévention de la Corruption (HCPC) au Bénin, il partage avec sincérité son itinéraire singulier et sa philosophie de vie. Au départ, c’était un enfant rebelle mais brillant. Parlant de son enfance, Olivier-Charles Attindéhou se décrit comme un enfant hyperactif, souvent perçu comme turbulent. « On m’a dérivé… de la Côte d’Ivoire vers le Bénin, » raconte-t-il avec humour, évoquant son premier contact avec l’école à Sètovi. Cependant, son potentiel ne tarde pas à émerger. De retour en Côte d’Ivoire, il obtient son BEPC au collège Saint-Jean Bosco de Treichville, un établissement canadien réputé, où l’excellence était la règle. « C’était un collège sélectif ; il fallait avoir une mention et des moyens financiers conséquents pour y accéder » se rappelle-t-il. Olivier-Charles Attindéhou ne s’arrête pas là. Bien qu’il n’ait jamais fait de terminale, il décroche son Bac A dès la classe de Première, un exploit qu’il attribue au soutien d’un professeur de philosophie, Monsieur Dossou. « Il a détecté ce qu’il appelait une fulgurance en moi, » confie-t-il, soulignant l’impact de cet enseignant visionnaire. Après le lycée, Olivier-Charles entame des études en économie, droit, science politique et sociologie. « J’ai commencé ici, au Bénin, puis j’ai fui par mes propres moyens pour me retrouver en France, » explique-t-il, témoignant de son esprit d’initiative. Parallèlement à ses études, il explore sa passion pour l’écriture, publiant des ouvrages tels que Les merveilles de l’intelligence, Et Si j’étais fou. Ces créations, dit-il, sont le reflet de sa réflexion sur l’humanité et ses paradoxes. En France, Olivier-Charles Attindéhou intègre l’Université Lyon 3, où il devient enseignant-chercheur avant même de soutenir sa thèse. Ce parcours académique solide lui ouvre les portes du HCPC. « Ce qui m’a valu ce poste, c’est la rigueur et la compétence, » affirme-t-il, insistant sur l’importance de l’éthique dans sa mission. Pour lui, travailler dans une structure de lutte contre la corruption exige de vivre en accord avec des valeurs telles que la tolérance, la fraternité, la solidarité et l’humilité. « Je lutte au quotidien, en esprit, en corps et en âme, pour ne pas dévier de ces principes. » Revenu au Bénin exclusivement pour occuper ses fonctions au HCPC, Olivier-Charles Attindéhou incarne l’exemple d’un homme prêt à relever des défis. « J’aime relever les défis, c’est mieux que de simplement les aimer, » déclare-t-il. Avec une vision claire et des principes solides, il travaille chaque jour pour un Bénin plus juste et plus intègre.

INTIMITE

Amateur de rugby

Père de trois enfants, répartis entre le Canada, la France et le Bénin, Olivier-Charles Attindéhou n’est pas marié mais accorde une grande importance à sa famille. Sur le plan personnel, il cultive une hygiène de vie stricte, notamment par un régime sans sel. Dans ses loisirs, il se distingue par son amour pour les sports authentiques comme le rugby. « Ce n’est pas comme certains footballeurs qui crient au moindre coup. Le rugby, c’est vrai et respectueux, » dit-il avec admiration. Amateur de vin qu’il qualifie de « molécules de joie », il sait également apprécier les plaisirs simples de la vie.

Gaston Zossou, DG/LNB, invité de l’émission « Sous l’arbre à Palabre » à l’Evénement Précis: « La LNB fera encore plus, à tout point de vue »

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Nouvel invité de la Rubrique « Sous l’arbre à Palabre » de l’Evènement Précis, Gaston Zossou, Directeur Général de la Loterie nationale du Bénin (LNB) livre les secrets des performances réalisées par cette société ces dernières années, au point d’avoir fait, il y a peu, son entrée à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières. Ex ministre de la communication sous Kérékou, l’homme demeure, par ailleurs, un homme politique toujours actif. Il se dit sidéré par les grandes avancées que connait le Bénin en matière de développement depuis l’arrivée du président Patrice Talon au pouvoir. Lisez plutôt.

En quelques années, vous avez fait un chiffre d’affaires impressionnant à la tête de la LNB. Quelles sont les grandes actions que vous avez menées pour atteindre ce résultat ?

Merci beaucoup.

Quand vous vous retrouvez dans un nouveau milieu, vous cherchez vos marques, en vous appuyant sur les personnes qui y étaient avant vous avec leurs compétences, leurs aptitudes et leurs tempéraments. C’est donc un apprentissage rapide pour savoir qu’est-ce que l’on a à faire. Après cet état des lieux, on finit par avoir sa propre vérité. On se dit d’accord. Quelle nouvelle destination ? Quand on se pose cette question, là encore, on sollicite l’intelligence et le dévouement des uns et des autres. En terme chiffré, voici ce qui est arrivé à la Loterie, au cours de ces huit dernières années. Elle a été créée en 1967. Elle avait donc 49 ans d’âge quand j’ai eu le privilège d’être porté à sa direction. Son chiffre d’affaires brut alors le plus élevé était de 10 milliards 800 millions de FCFA. C’était notre point culminant, notre Kilimandjaro. En cet exercice supplémentaire, c’est-à-dire de 2016 à 2023, nous sommes passés de 10 milliards et quelque à 101 milliards.

Comment est-ce arrivé ?

J’ai vraiment utilisé l’intelligence des personnes que j’ai trouvées sur place. Je les ai interrogées, je leur ai demandé « Qu’est-ce que vous faites ici ? » Ils m’ont dit ce qu’ils font. Je me rappelle un cadre de la maison qui s’est présenté à moi. Il m’a dit : « Je suis le DPP ». J’ai pensé au Directeur de la prospective et de la programmation. Il dit non : « Je suis le Directeur des Produits de Pari. » C’est pour vous dire que j’ai commencé réellement à zéro. Mais quand on va vite dans l’apprentissage, quand on se fait soutenir et alimenter par le savoir-faire des autres, leur dévouement, on peut aller très vite. Votre rôle à vous, c’est de faire en sorte que les personnes autour de vous soient heureuses de converger leurs savoir-faire sur vous, afin que vous mettiez tout ceci en musique. Je me suis rendu compte que la Loterie, me semble-t-il, capturait sa clientèle, en procédant par apitoiement. Les personnes qu’on envoyait au-devant de la clientèle étaient des personnes démunies, parfois même des personnes désavantagées. On procédait donc par apitoiement. L’idée m’est venue parce que j’ai écouté des gens, aussi bien de l’intérieur de la maison que du dehors. J’étais donc invité à procéder autrement, créer des lieux physiques que nous avons appelé des centres de jeux, mettre beaucoup de lumière, trouver des personnes avenantes pour attirer la clientèle. Mais ça ne se fait pas seulement sur les actifs humains. Il y a aussi le matériel. Je me souviens que J’ai obtenu de ma hiérarchie une autorisation spéciale pour acheter des voitures mais en grand nombre. On a eu le réflexe de mettre de belle couleur, de les brandir aux couleurs de la maison, de les aligner en fuseau devant nos locaux, les matins pendant que les personnes passent, pour leur donner une idée de retour de robuste santé de notre côté à nous. Savez-vous ce que les passants se disaient : « la maison s’est relevée, pourquoi ne pas s’accrocher à elle pour se relever avec elle ? » Il faut, me semble-t-il, envoyer un bon signal. Si vous voulez que les gens viennent vers vous, servez-leur l’idée selon laquelle vous vous portez bien. Que cela soit objectif ou pas très objectif, il faut toujours projeter l’image de sa propre santé. Pour vous dire la vérité, l’homme se fait piéger par ses yeux. Une petite anecdote. Il y a quelques années, je m’entrainais au tennis de table avec le champion du Bénin du moment. On ne jouait pas à égalité. Je jouais pour m’exercer. Ce n’était pas une personne lettrée. Mais il voyageait beaucoup en avion pour représenter notre pays à l’étranger. Un jour, je lui ai demandé : « est-ce qu’en avion, tu as peur ? » Il dit non. Je lui dis « Pourquoi tu n’as pas peur à cette hauteur-là ? » Il répond : « l’intérieur de l’avion est propre et les hôtesses sont belles. » Il y a donc dans la tête de l’homme un lien entre la propreté et la beauté des hôtesses d’une part et la fiabilité de ce moyen de transport. Alors, il semble qu’il faut user, pas abuser, de cette réalité-là que l’homme se laisse entraîner par ce qui lui parait beau. C’est en cela qu’il faut prendre soin de soi. Il faut lutter de sorte à donner aux gens l’impression que vous vous portez bien. L’homme va au secours de la victoire. Alors créez l’illusion de la victoire et les gens vous rejoindront. J’ai parlé des centres de jeux bombardés de lumière avec des personnes qui paraissent bien. J’ai parlé d’une illusion de bonne santé. Mais attention ! Ce n’est pas de la manipulation, me semble-t-il. Pour moi, c’est du marketing. C’est l’art de rentrer dans la maison de l’autre pour agir sur lui de l’intérieur de lui-même, mais avec son accord. Si vous venez étant vous-même mal portant, pourquoi voulez-vous que les gens vous suivent ? Alors pour revenir à la question de départ, ça se fait ensemble. Et si vous voulez obtenir le meilleur des autres, montrez-leur qu’ils ont de l’importance à vos yeux. Vous faites en sorte que cette démonstration de leur importance soit sincère, que ça leur paraisse sincère, que cela soit sincère en vérité. Parce que pour que ça leur paraisse sincère, il faut que ça le soit vraiment dans sa substance. Attention ! Ce ne sera jamais à 100%. Si vous vous retrouvez dans un groupe de 10 et que vous proposez une idée nouvelle, une bonne moitié se dira « de quel côté ça tombera ? » Ils seront des attentistes. L’autre moitié se divisera. Il y a les enthousiastes qui vont dire « pourquoi pas, on va se battre à ses côtés. » Et puis il y a d’autres qui vont s’opposer. C’est à vous de vous appuyer sur les premiers adhérents pour conquérir les moins résistants. Puis après, vous dégagez une synergie de groupe telle que le mal est vaincu. Ce que j’appelle le mal, ce n’est que l’inertie, le refus d’avancer, le renoncement à négocier le mouvement vers l’avant.

La digitalisation des jeux à la LNB connait un essor incroyable. Pourquoi cette option ?

Quand j’avais votre âge, quand un importateur qui est à Cotonou devait parler à un fournisseur qui est à Paris ou aux Etats-Unis, il utilisait ce qu’on appelle le Télex. Puis après, il y a eu le fax. Pour nous à l’époque, le fax qui sortait le document imprimé était déjà le summum de la communication. Et puis aujourd’hui, il y a le mail et le fax est mort. Quand il y a un nouveau niveau d’efficacité, le niveau d’efficacité précédent meurt. Le progrès n’est pas facultatif. C’est un réflexe de survie. Si vous n’embarquez pas, vous serez laissé sur les bas-côtés de la route. Tout ce qui est outil nouveau vient pour creuser l’écart entre les plus réactifs et les dormeurs. Il vaut mieux, dans tout ce que l’on fait, chercher quel est l’outil efficace, parce que vous ne serez jamais aussi performant que celui qui a l’outil efficace que vous n’avez pas. L’outil est un double prolongement. C’est le prolongement de votre corps pour faire les choses avec précision. C’est le prolongement de votre esprit pour faire les choses avec plus de précision aussi. Si vous arrivez dans un village où les gens n’avaient jamais vu une bouteille de vin fermé, et vous appelez la communauté, et vous dites : « Nous voulons avoir accès au liquide qui est à l’intérieur. Comment peut-on procéder ? » Sur 100 personnes, 80 vont dire qu’il faut casser la bouteille pour accéder au liquide, quitte à récupérer le liquide. Les plus brillants, une dizaine, vont dire qu’il faut trouver un petit bâtonnet et enfoncer le bouchon de liège dans la bouteille pour recueillir le liquide. Mais peut-être une seule personne serait capable d’inventer le tire-bouchon. Mais une fois qu’une personne est capable d’inventer le tire-bouchon, des milliards de gens vont l’utiliser. Ça s’appelle l’outil. Quand le progrès vient, il faut regarder que c’est plus d’efficacité. C’est-à-dire l’intelligence concentrée d’un génie transformée en un outil qu’on peut vulgariser. En fait, la digitalisation est un outil, si on ne le fait pas, ceux qui vont le faire, vont creuser un écart entre eux et nous. Maintenant, le réseau physique ne mourra pas. Il va simplement devenir plus exigeant. Il faudra que les vendeurs et vendeuses soient plus avenants parce que, qu’on le veuille ou pas, le digital ne vous parle pas, le digital ne vous souris pas, le digital ne demande pas des nouvelles de votre santé. Le digital ne vous charme pas. Mais, ça vous permet d’avoir les résultats. Donc, ce que l’on pourrait craindre, c’est que le digital cannibalise le réseau physique qui, lui, utilise des milliers de gens et règle un problème social de façon très efficace, de notre point de lecture. Vous savez pourquoi il ne mourra pas ? Il ne mourra pas parce qu’il peut y avoir dans le contact physique, une forme de convivialité qu’on ne peut jamais avoir sur la machine. De toute façon, nous avons la possibilité d’acheter des casiers de bouteilles de bière pour mettre au frais. Pourtant on va au bar. On va au bar, pas seulement pour la bière mais pour la musique, pour l’ambiance et pour la convivialité.

Le jeu Loto 5/90 est passé de 3 à 5 tirages par jour avec deux tirages digitaux dans la soirée. Quelles en sont les raisons ?

Je veux être simplement sincère. D’abord pour l’histoire. Quand je suis arrivé à la Loterie en juin 2016, c’était six tirages par semaine (du mardi jusqu’au dimanche). Lundi, on se repose. Nous nous sommes proposés de passer à sept tirages par semaine. On l’a fait. Quand il s’est passé quelque temps, on a dit qu’il faut passer à deux au cours de la journée, on l’a fait. Et puis, on se dit pourquoi pas trois. Ce qu’on a fait. Aujourd’hui, ce n’est plus moi qui demande de passer à quatre tirages. Ce sont mes collègues de la Loterie qui m’ont dit : « Et si on passait au tirage nocturne ? » Et puis je les regarde et je dis : « Pourquoi pas ? » Ma réponse à votre question est celle-ci. Je voudrais que cela soit compris. Si jouer est une tentation, le nombre de fois que l’on succombe à la tentation est proportionnel au nombre de fois qu’on a été tenté. Après on fera le procès des vilains mots que j’entends « qu’on escroque la population », on en parlera. Mais pour le moment, je parle des performances. Quand on est passé jusqu’à 100 et que cette année qui va finir dans quelques semaines, on passera à 120 milliards et que les consignes sont données, c’est parce qu’on pose des actes.

Qu’allez-vous répondre aux détracteurs de ce jeu qui estiment que c’est de l’arnaque ?

Moi, je dis ce que je pense. Et les autres sont autorisés à faire de même et dire ce qu’ils pensent. S’il n’y avait pas la Loterie, c’est-à-dire, s’il n’y avait pas la réglementation, l’organisation et la systématisation, les paris se feraient de façon sauvage sur les combats de coqs, sur les combats de chiens et sur les jeux de carte au quartier de façon sauvage. Pourquoi ? Parce que le jeu est une pulsion naturelle. L’homme a le goût du lucre et le goût du risque. C’est consubstantiel à la nature humaine. Je voudrais que cela soit bien compris. L’homme aime jouer au sens commun du terme, jouer au sens de « jet de dés ». L’homme aime bien aller au-devant de ce qui n’est pas encore clair. Cette pulsion naturelle, la Loterie vient l’organiser, la réglementer et donner à l’Etat sa part, à la société sa juste part. Alors, quand il y a une pulsion naturelle qui est connue de tous, il vaut mieux ne pas l’ignorer. Il vaut mieux mettre en place le cadre réglementaire et organisationnel dans lequel cette pulsion naturelle sera libérée. Alors, s’il y avait le moindre problème moral, moi je ne serai pas aussi passionné de la Loterie. Je suis convaincu que ce n’est pas la Loterie qui a inventé le goût du lucre, ce n’est pas elle qui a inventé le goût du risque. Ce sont des pulsions naturelles. Comme je le dis, elle l’organise et tire son bon bénéfice pour l’État propriétaire, en l’occurrence. Si je peux me permettre, ce goût du risque est ce qui nous a nous-mêmes « originés ». Les chances que ce soit exactement vous, personne physique, cette nuit sublime entre papa et maman, sont d’une sur plusieurs milliards au moins. Vous êtes une combinaison d’aléas, vous êtes issu d’une grande improbabilité sur près d’un milliard de gamètes mâles et femelles. Vous êtes issu d’une grande improbabilité et il se pourrait que vous ayez un souvenir subliminal de votre propre avènement qui vous attire vers le jeu.

La LNB a fait son entrée à la Bourse régionale des valeurs mobilières. Est-ce que les finances de la société sont solides à ce point ?

En étant introduits à la Bourse régionale des valeurs mobilières, ce n’est pas de notre force financière qu’il faudra donner la preuve. C’est notre efficacité au niveau nationale qui nous vaut de nous engager dans cette compétition au niveau sous régional. Donc, ce n’est pas une affaire de capacité financière. C’est notre capacité à tenir des comptes rigoureux, à fournir des informations financières fiables. C’est notre capacité à contrôler les risques juridiques et les risques judiciaires. Et c’est notre capacité, surtout, sur quelques années, à ne jamais faire le même chiffre deux années de suite. C’est-à-dire l’obligation de grandir. Parce que c’est dans la mesure où vous dites à l’investisseur « Vous voyez la vitesse à laquelle j’ai grandi jusque-là, si vous veniez avec moi, il y a des chances que je continue de grandir. » Dans le fonds, il n’est pas intéressé à vos résultats du passé. Votre historique, elle ne l’intéresse pas. Votre historique présage d’une poursuite de l’ancienne histoire. Lui, son intérêt se trouve dans vos résultats futurs. C’est ça qu’il faut lui montrer. Et là, par exemple, il aura sa part dans ce que vous allez faire à partir de maintenant, qui, semble-t-il, sera crédible sur la base de ce que vous avez l’habitude de faire, de ce que vous avez fait dans le passé et qui n’est pas encore ce que vous allez faire demain. Alors, moi, je considère notre introduction comme une idée ou une image plus partagée. Et croyez-moi, nous sommes anxieux positivement à l’idée que l’année prochaine, on doit faire plus à tout point de vue.

Avec les mêmes Béninois ?

Je réponds fièrement oui, avec eux.

Et puis, vous invitez même les Béninois à participer, à entrer dans le capital ?

Écoutez, c’est à nous de le faire.

Mais concrètement, comment cela va-t-il se passer ?

Il faut s’adresser aux SGI, aux sociétés de gestion et d’intermédiation. Il y en a cinq qui sont ici, à Cotonou : SGI Bénin, Africabourse, UCA, BIIC et AGI. Mais le chef de file se trouve en Côte d’Ivoire, à Abidjan. Et il y a des représentants ici. Allez demander. Même si c’est 10 parts, 48 000 FCFA, prenez. Ça peut devenir rapidement 80 000 FCFA, sans compter que vous êtes intéressé au résultat. En dehors de ce que vous avez comme dividende, l’action peut prendre de la valeur. Elle prendra de la valeur, comment ? Si nous faisons un très bon résultat l’année prochaine, et que des personnes disent vouloir acheter, et que les détenteurs disent « je ne suis pas prêt à acheter », et que la personne qui veut l’acheter dit « et si je te donnais plutôt 9 000 FCFA, est-ce que tu vas me les vendre ? » Donc on va jouer avec la loi de l’offre et de la demande pour faire monter la valeur. Moi, j’ai la certitude, et ça, j’aimerais que cela soit écrit. Que mes jeunes collègues de la Loterie qui ont la chance d’être au début de leur carrière verront pendant 30 ans que ce qu’ils auront de leurs actions à la LNB sera deux fois plus élevé que ce qu’ils auront pour leur retraite suite à la cotisation à la Sécurité Sociale. D’abord, je dois dire que l’État a été généreux, habile de nous faire cadeau de 100 000 parts à nous partager. Chaque employé de la LNB, aujourd’hui est un petit co-propriétaire. Si chaque mois, il sort un peu d’argent de son salaire pour acheter des parts aux nouveaux prix, dans 25 ans, quand il ira à la retraite, je suis convaincu, puisque la Loterie ne mourra pas, que ce qu’il va tirer de ses dividendes sera deux fois supérieur à ce qu’il aurait cotisé à la Sécurité Sociale. Vous n’avez pas besoin d’être dans la Loterie pour y croire. Il faut aussi venir. Il faut prendre.

Comment la LNB traduit-elle sa devise « Les gains aux gagnants, les bénéfices à toute la nation » ?

Dans le passé, on faisait des modules de classe, des maisons des jeunes et autres. Mais l’État est, me semble-t-il, bien mieux organisé aujourd’hui. On met tout ça en musique. Il vaut mieux payer les dividendes à l’État et que, dans le même programme d’action du Gouvernement, on sache ce qu’on a à faire. Il ne faut pas que l’État fasse un puits en un endroit et que la LNB fasse un autre puits à 200 mètres de là. Il vaut mieux que cela soit synchronisé.

Avec la LNB vous arrivez à atteindre des performances alors que le Bénin est déclaré être un désert de compétences ?

Vous savez, la vérité dérange. Il y a des domaines entiers où, on a vraiment besoin d’aide. Pourquoi ça ne dérange personne, chers amis, quand notre équipe nationale de football a un entraîneur étranger ? Parce que dans ça-là, si vous ne faites pas attention, vous allez avoir 8-0. Parce que dans ce domaine-là, le risque de se confronter à l’universel est constant, on prend soin de se regarder et de se demander si on peut. Comme c’est un domaine où la comparaison avec l’universel est très rapide et constante, on se regarde, on fait plus attention. On n’est pas orgueilleux de dire « c’est ma chose ». On n’a pas de mal à reconnaître ou à accepter qu’on serait à un niveau d’incompétence. Vous me comprenez ? Mais il y a des domaines où la comparaison n’est pas évidente ; où la comparaison n’est pas faite ; c’est dans ces domaines-là qu’on s’amuse à être orgueilleux. Alors, il y a beaucoup de choses que nous pouvons. Et ce que, moi, je crois, a été à la base de la relative réussite de la LNB de ces dernières années, c’est la libération des énergies. Si vous ne dites pas aux autres que vous pouvez, nous pouvons, si vous ne déclarez aucune estime pour les autres, pourquoi voulez-vous qu’ils vous servent ? Ils vont jouer avec vous. Ils seront hypocrites. Ils ne feront rien et vous allez tourner en rond. Moi, j’ai appris des choses banales, que je ne suis pas prêt à partager avec vous, en étant à la Loterie. Quand vous ne connaissez pas, vous ne connaissez pas. Il faut aller vers la personne qui connaît et l’écouter. Pour que cette personne-là partage avec vous, dites-lui au moins « tu comptes » ou « vous comptez ».

Gaston Zossou, c’est aussi un acteur politique connu par le passé. Quel regard portez-vous sur le paysage politique aujourd’hui ?

Je me rends compte que la classe politique, et je souhaiterais que cela soit bien entendu, conçoit les réformes quand elles sont appliquées aux citoyens ordinaires. Mais celles qui pourraient lui être appliquées à elle lui sont d’un très mauvais goût. Quand on va négocier avec les enseignants pour qu’ils ne fassent plus des grèves intempestives et nocives pour le système éducatif, ça ne dérange pas le politicien. Quand on va négocier avec les sage-femmes pour qu’elles ne laissent pas leurs consœurs mourir en couche, cela ne dérange pas non plus le politicien. Mais quand on leur demande aux politiciens, d’accepter des changements utiles, il crie très fort ; ça hurle même. Mais c’est à nous de faire la différence, pas au peuple. La classe politique ne veut pas que le ciseau du sculpteur soit porté sur elle, même si c’est pour le bien. C’est-à-dire, l’intégrité, la transparence, la consolidation de la nation. Elle n’entend changer en rien. Elle ne veut même pas qu’on demande à ceux qui veulent nous diriger de payer leurs impôts ; elle veut qu’on conçoive que quelqu’un soit candidat sur deux listes rivales ; elle veut qu’on conçoive que les membres d’un parti politique soient âgés de six ans à la date de la création du parti. Quand de tels efforts de réforme sont engagés, la classe politique hurle à l’exclusion.

Prenons l’exemple des 20% de voix exigés à tous les partis politiques dans chaque circonscription électorale. C’est là certainement une des réformes du code électoral qui incommode fortement la classe politique. Tu vaux 90% des voix dans ce que l’on pourrait appeler ton fief, vu que notre objectif n’est pas de disposer de fiefs agglomérés mais de bâtir une nation une et indivisible, il est exigé de toi, avant les périodes électorales, de parler avec une autre personne dans chacune des autres circonscriptions qui, elle, vaut au moins 20% pour cent. Le but est que ces dernières personnes fassent remonter à toi dans le cadre d’un mouvement partisan la préoccupation spécifique de leurs régions à elles afin que vous élaboriez ensemble un projet politique commun d’envergure nationale. On ne te demande pas de renoncer à tes 80%, mais la loi t’impose de parler à un petit qui ne vaut que 20% chez lui.

Le pays ne va pas être déposé comme un cabri pour être partagé. On demande à l’acteur politique, qui pense que nous sommes une nation qui doit se bâtir, de descendre jusqu’à parler à un bien plus petit que lui, qui est d’ailleurs, pour que cet ailleurs-là, par la voix de ce petit acteur, soit porté à son niveau. Si on fait marche-arrière de deux cents ans dans le temps, il n’y a pratiquement aucun lien entre nous qui sommes ici. Nous, on doit chercher notre consolidation dans le futur en posant des actes intelligents aujourd’hui. Admettons que ce soit difficile d’avoir les 20%. On ne demande pas d’avoir 20% à l’élection partout. Prends quelqu’un de ces nombreux ailleurs qui vaut juste 20% et mets-le avec toi, écoute-le avant qu’on ne fasse la grosse compétition. Pourquoi ne voulons-nous pas que la loi exige des personnes qui voudraient nous diriger au niveau le plus élevé d’avoir une présence minimale dans chacune des circonscriptions électorales du pays. Pour une nation dont les membres n’ont pas un passé commun substantiel, c’est le seul moyen d’œuvrer pour une consolidation future et la création d’un sentiment d’appartenance nationale.

 Ce qui est imposé à tout le monde, n’est imposé à personne. Il force le chemin de la communauté pour un meilleur devenir. Sauf à penser que les plus de deux cents partis politiques n’étaient pas une insanité, une chose illisible et nuisible. L’action politique authentique ne consiste ni à contempler le mal, ni à y demeurer complaisamment. Au contraire, elle vise à décréter en idée et en de nouvelles formes de pensées devant nous conduire vers le bien. Si je voulais l’imposer à vous, sans me l’imposer à moi-même, il y aurait un problème. Et quand une chose difficile est imposée à tous, tout le monde se met dans l’effort et on regarde. Et ça va se faire très rapidement. Si le souci de celui qui est à Malanville est que ses animaux soient vaccinés de façon plus régulière, ne vaut-il pas mieux qu’on demande à celui qui ambitionne de diriger la nation entière de l’écouter avant l’entre-deux tours ? Ou bien, n’est-il pas évident, dans la tête de tous qu’un parti politique est un emballage juridique, mais qui doit avoir un contenu idéologique politique opérationnel, c’est-à-dire un mode opératoire distinctif par lequel il entend bâtir la nation ? Pensez-vous que les offres politiques de deux cents partis politiques sont lisibles ? Ou même que ces partis politiques existent vraiment ? Ne sont-ce pas plutôt des enflures d’égo d’individus n’ayant rien à faire en politique ?

La différence entre les partis politiques à l’universel, c’est le dosage entre le dirigisme et le libéralisme. Quand c’est très dirigé, on dit que c’est la gauche. Quand c’est très libéral, on dit que c’est la droite. Quand c’est un peu trop dirigé, on dit que c’est la gauche radicale. Quand c’est trop libéral, on dit que c’est l’extrême droite. On vient d’en compter quatre. D’autres estiment qu’il y a quelques places à prendre au milieu et se disent centristes ; d’autres encore disent qu’ils existent des valeurs particulières dont elles font le cœur de leur pensée et de leurs actions politiques : la nature, la famille, la religion. Dites-moi, de quoi va-t-on compléter cette liste-là, pour que cela atteigne 50, 100, 200 et plus ? Notre histoire récente est la suivante. Pendant presque 20 ans, on a eu un parti unique. Quand on sort de la prison de parti unique, on fait une chevauchée folle. On va à 200 et plus. C’est le pendule du physicien. Si vous le déportez trop loin à gauche, il revient trop loin à droite. Cependant que la raison et l’efficacité se situent quelque part au milieu, peut-être bien une demi-douzaine de partis politiques lisibles.

 Lisibles, parce que les offres idéologiques et opérationnelles seront différentes ou nuancées. Mais lisibles aussi, parce qu’on aura demandé à chacun, avant d’avoir la prétention de nous diriger au niveau national, de nous montrer qu’il peut rassembler.

Alors huit ans du Président Talon déjà, qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans sa gouvernance ?

Une chose en guise d’exemplaire ? Une action emblématique ? Alors ce ne sont pas les infrastructures grandes en nombre et en qualité. Mais une chose qui agit sur les personnes elles-mêmes, sur l’esprit des personnes lui-même. Une idée de raffinement, d’humanisation. Ce qui me parle le plus, vu que, comme vous le dites, et comme vous le rappelez, j’ai été du passé. Quand nous étions au gouvernement, il arrivait trop souvent que les riverains de la voie expresse Cotonou-Porto-Novo bloquent le passage. Pourquoi ? Parce qu’une voiture a tué un enfant sur la route de l’école. Délégation ministérielle, petit cercueil, deuil absolutoire et on s’en retournait. Maintenant, sur ce même parcours aux carrefours cruciaux, nous voyons des policiers en bon nombre sous les ordres de leurs officiers.

Ils regroupent les enfants des revendeuses de canne-à-sucre d’un côté et ils arrêtent les voitures des ‘’grands’’ et les enfants traversent la route, autrefois tueuse, en chantant, en rigolant. Vous pensez que c’est leurs petits corps et leurs jeunes vies que nous préservons ce faisant ? Non. Bien plus. Nous implantons la semence du sentiment d’appartenance dans leur cœur d’enfant, nous fabriquons des citoyens au plein sens du therme. Ils se disent : « Je suis important, l’Etat existe. C’est de la magie, c’est de la civilisation en marche. Tout le monde doit collaborer à ça. Tout le monde, sans exception. Parce que c’est une chose de constater le drame, c’est autre chose d’aller chercher les moyens et les énergies pour trouver la solution. C’est merveilleux. Vous ne voyez pas que les policiers aident les mamans à traverser désormais ? Ce n’est pas spontané. Ce sont des gens qui ont réfléchi à ça, qui se sont donné les moyens financiers, les moyens d’ingénierie, les expertises qu’il faut pour atteindre ce résultat. Si ça continuait dix ans encore, ce serait insoutenable pour un policier de ne pas avoir le même réflexe. Pour que quelque chose devienne culturel et entre dans nos gènes, les gènes de l’esprit, il faut que ça dure plus longtemps. Pour moi, c’est ce qu’il y a de plus beau, de plus séduisant : la préservation de la vie des enfants, une police bienveillante et l’éducation citoyenne des enfants par des actes. Le résultat sera surprenant demain.

CARTE D’IDENTITE

Un parcours au service de la nation

Lorsqu’il évoque Mathieu Kérékou, Gaston Zossou a de la peine à contrôler ses émotions. Il se souvient d’un leader à la fois humble avec un sens de l’Etat élevé, capable de faire preuve de retenue face à l’adversité. Il raconte un épisode marquant où des militaires demandaient la permission de tirer sur des manifestants qui jetaient des pierres au Général. Ce à quoi Mathieu Kérékou s’opposa. « Il est difficile de ne pas reconnaître que cet homme avait quelque chose de grand », souligne l’ancien ministre.

Né le 1er octobre 1954 à Porto-Novo, Gaston Zossou est issu d’une famille modeste. Il commence son parcours scolaire à Abomey. Après des études primaires marquées par plusieurs déménagements liés aux différentes affectations de son père, il obtient son certificat d’études primaires en 1966. Son secondaire, il le fait dans sa ville natale, Porto-Novo, où il obtint un baccalauréat littéraire en 1975 au Lycée Béhanzin. Après un bref passage à l’université nationale du Bénin où il étudie l’anglais, il interrompt ses études pour effectuer son service militaire à Djougou avant de les reprendre à l’École normale supérieure de Porto-Novo. C’est là qu’il obtient son diplôme de professeur certifié d’anglais. Il débute alors sa carrière dans l’enseignement, un métier qu’il exerce avec passion mais non sans difficulté. Après neuf années, il décide de quitter l’enseignement. Ce départ n’est pas motivé par des raisons financières, mais par une quête de renouveau. Il se lance alors dans l’agriculture à Zè, où il développe une entreprise agricole spécialisée dans la production et l’exportation de l’ananas. Ce passage dans le secteur agricole marque une nouvelle étape dans sa carrière.

C’est au cours de cette période que notre invité attire l’attention de Mathieu Kérékou, alors président du Bénin. Impressionné par sa passion, le Général l’invite à le rejoindre au gouvernement d’abord en tant que Conseiller technique à la mobilisation de la société civile puis en tant que Ministre de la Culture et de la Communication et Porte-parole du gouvernement, poste qu’il occupe avec succès. Notre invité se souvient de cette nomination : « J’ai été appelé un jour au palais par le président Mathieu Kérékou qui me demande quel poste m’intéresserait dans le gouvernement. Et j’ai répondu, Ministre de la Culture et de la Communication. Il s’est levé et a ri. Il a vraiment ri. J’étais sûr de moi. » Cette expérience lui permet de développer ses compétences en communication publique, notamment lors des points de presse hebdomadaires qu’il animait.

Depuis juillet 2016, Gaston Zossou est Directeur Général de la Loterie Nationale du Bénin (LNB). Il réussit à imposer une gestion rigoureuse et transparente de cette institution. « Nos finances sont propres et validées par les différents corps de contrôle. Il n’y a aucun progrès qui se négocie sans douleur. Il faut gérer la douleur et passer le cap », affirme-t-il avec conviction. Son leadership à la LNB est guidé par le bon sens et une vision stratégique axée sur le résultat. Evoquant l’entrée en bourse de la Loterie Nationale, notre invité parle d’une initiative qu’il présente comme une avancée inédite en matière de transparence dans la gestion des entreprises publiques au Bénin.

Passionné de lettres, le DG/LNB est auteur de huit ouvrages. Son parcours exemplaire, marqué par des défis personnels et professionnels, témoigne de sa détermination à servir son pays avec intégrité et rigueur.

INTIMITE

Un sophophile

Sur le plan personnel, Gaston Zossou est un homme discret et attaché à sa famille. Marié à un médecin, il est père de trois enfants. Il mène une vie simple, appréciant la marche quotidienne sur tapis de course. « Devant ce dispositif de sport, j’ai un écran qui me défile des textes inspirants sur n’importe quel sujet. J’apprends quelque chose de nouveau, et il y a des choses qui m’intéressent », dit-il.  À table, il adore la sauce crin-crin avec les escargots. Comme boisson, il apprécie l’eau minérale. Si vous voulez être son ami,  sachez que le DG/LNB est ce qu’on appelle en bon français un sophophile, c’est-à-dire quelqu’un qui aime et recherche la sagesse ou l’intelligence chez les autres.

LA REDACTION

Idrissou Yaya, maire de la ville de Djougou invité de ”Sous l’arbre à Palabre”: « Grâce au Président Talon, Djougou va beaucoup changer »

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Idrissou Yaya fait un an de bilan en termes de réalisation

“Djougou continue de souffrir d’électricité”

Il y a un an déjà  que  s’installait Idrissou Yaya, à la tête de la ville de Djougou   dans une atmosphère de tension et d’intrigues. Aujourd’hui, tout semble redevenir calme au sein du conseil communal.  Plus soudé que jamais, les conseillers communaux de  Djougou doivent t affronter les défis liés au développement de la commune. Invité de la rubrique «Sous l’arbre à Palabre» de l’Evènement Précis, Idrissou Yaya fait le bilan à mi-parcours. A l’arrivée, beaucoup de réalisations à son actif, mais aussi de grosses difficultés liées à la fourniture d’énergie électrique au profit des habitants de la ville. Membre du bureau politique du BR,  Idrissou Yaya n’a pas manqué  d’évoquer les préoccupations du citoyen à la base quant aux réformes politiques en cours. Lisez plutôt.

Le Maire Idrissou Yaya au siège de l’Evènement Précis

Votre installation avait suscité quelques remous à l’époque. Un an après, est-ce que le Conseil communal est apaisé ?

Vous savez, le maire est comme un chef. Et chaque fois qu’il y a installation des chefs, c’est normal qu’il y ait des contestations. Donc, mon installation n’a pas fait exception à la règle. Il y a eu effectivement des remous. Mais, Dieu merci, nous avons su quand même gérer. Aujourd’hui, tout le Conseil est quand même unanime. Nous travaillons en symbiose. Il n’y a plus de problème. Il n’y a plus de vote sanction. Les décisions sont prises unanimement. On regarde l’objectivité de la gestion. Aujourd’hui, le Conseil se porte bien.

Malgré la présence d’une Secrétaire exécutive (SE) qui a pris tous les pouvoirs ?

Là, vous abordez un autre point. Le point des réformes. La Secrétaire exécutive, c’est elle qui est l’ordonnatrice du budget, ça fait que nous en tant que maire, nous sommes en marge de ces dispositions. Mais, on s’entend bien avec la Secrétaire exécutive. Chacun reste dans son couloir sans qu’il y ait entrave. Je ne me mêle pas du tout de ses prérogatives et à son tour, elle exécute. Quand je lui demande des tâches qui relèvent de mon pouvoir, elle exécute sans problème. Donc, entre la SE et le maire, il n’y a pas du tout de problème.

Le courant passe bien, bien que vous n’ayez pas la signature des chèques ?

Oui, j’aurais voulu l’avoir, mais malheureusement la réforme est passée par là. Je ne m’en plains pas. Ce n’est pas sa faute à elle. C’est la réforme qui l’a voulu ainsi.

Et quel bilan faites-vous en terme de réalisations personnelles depuis un an ?

Bon, je viens de faire un an. C’est trop peu pour qu’on puisse faire le bilan de façon digne. Mais en réalité, lorsque je suis venu et que j’ai fait le diagnostic, il y avait des priorités. La première, c’était comment faire pour booster un peu la mobilisation des ressources. Ça, on a réussi un peu quand bien même cela n’a pas atteint le niveau que je voulais. La consommation aussi de ces ressources, ça trainait. On a évolué un tout petit peu. Quand on compare sur le plan national, je crois qu’on n’est pas les mauvais élèves. On est tout juste au milieu. Sur le plan exécution même au niveau de la commune, nous avons entrepris de faire une campagne d’ouverture des voies. Ce qui nous a obligés à voter le budget. On a mis une ligne de 800 millions pour faire l’ouverture des voies. C’est le premier aspect. Le deuxième aspect, comme je suis un peu chanceux, j’ai bénéficié de plusieurs projets qui nous aident à faire ces ouvertures de voies. J’ai un projet qu’on appelle « Cohésion sociale » dont le troisième arrondissement a bénéficié, pour un montant d’un milliard pour faire de la Cohésion sociale. Pour ces 1 milliard, on a mobilisé près de 400 millions pour faire des ouvertures de voies, ne serait-ce que dans cet arrondissement. Et comme le bonheur ne vient jamais seul, nous avons plaidé auprès du Haut conseil à la sédentarisation, avec l’appui du ministre d’Etat et il nous a donné encore deux arrondissements dont les arrondissements 1 et 2 qui bénéficient aussi d’un milliard chacun. Ça fait que dans chacun de ces arrondissements, on a aussi mobilisé 400 millions pour faire l’ouverture des voies et surtout l’extension d’électricité. Par rapport à ça, je crois qu’on est en bonne voie, quand bien même des activités proprement dites n’ont pas encore commencé. Après cela, nous avons un autre projet qui est financé par MCA qui veut faire le bitumage des voies. On a plusieurs kilomètres linéaires qui sont pris en charge. On est là avec la deuxième phase du projet asphaltage. Djougou bénéficie et je crois que d’ici un an quand vous allez revenir à Djougou, vous allez méconnaitre Djougou.

Donc, le gouvernement de Talon n’a pas abandonné Djougou ?

Non, mais au départ, il faut avouer qu’on a pleuré un peu parce qu’on n’avait pas bénéficié de la première phase de l’asphaltage. Ça fait qu’avec la population, il y a eu des remous. Avec la deuxième phase où on nous a inséré, tout le monde s’est calmé. J’oubliais, nous avons la construction de la cité administrative. On a plus de 400 bureaux dont on a entamé la construction. Il y a le marché central de Djougou qui a été construit. Ils sont pratiquement à la fin à plus de 98%. Avec tout ça, je crois que Djougou va connaitre un éclat formidable.

Monsieur le Maire, Djougou connait un problème en ce qui concerne la distance entre les arrondissements. Comment vous arrivez à coordonner avec les Chefs d’arrondissement ?

Pour une anecdote, j’étais avec le président Atrokpo pour une inauguration qui a eu lieu à près de 70km de Djougou centre. Lui-même, il était surpris. Effectivement, on a un problème de distance. La mobilité, ce n’est pas là le problème qui se pose. Le problème qu’on a, c’est le contrôle effectif de nos frontières. Les autres régimes n’ont pas su implanter des infrastructures au niveau des frontières pour vraiment assurer leur responsabilité. Cela a fait que les autres communes grignotent et on a toujours ces conflits. Soit c’est avec la commune de N’Dali, soit c’est avec Copargo. Donc c’est plus dans ce sens que je trouve le problème de la grande distance qu’il y a entre le chef-lieu et les autres arrondissements. Mais en son temps, les chefs d’arrondissement avaient bénéficié de moto, ces motos sont amorties aujourd’hui et malheureusement on revient à ce que le maire n’a plus le pouvoir et les SE ne sont pas disposés à doter les chefs d’arrondissement de moto. Mais le plaidoyer continue.

Quels sont les problèmes qui demeurent encore non résolus à Djougou à la date d’aujourd’hui ?

Effectivement il y a toujours des problèmes qui demeurent. Le premier sur la ligne, c’est le problème d’électricité. Si vous connaissez Djougou, il suffit de quitter un peu le goudron et vous allez voir que ce n’est que des toiles d’araignées partout. Ce problème est récurrent. On a rencontré le haut-commissaire à l’énergie au niveau de la présidence qui nous a fait des promesses mais jusqu’ici rien n’est fait. En plus de cela, il y a que Djougou s’est trop étendu, ce qui a fait qu’il y a baisse de tension. Après les enquêtes, on a compris qu’il nous fallait des transformateurs. Nous avons fait une demande de transformateurs et ce n’est pas encore arrivé. Donc cela fait qu’au niveau de l’énergie à Djougou, on a de problème. Le second problème est que le marché central est construit mais il est étroit. Aujourd’hui, Djougou a besoin d’un marché international. Nous avons de l’espace. On a au niveau du conseil identifié deux espaces. Il y en a au niveau de la mairie sur la voie de Ouaké. Le second espace est l’aérodrome de Djougou qui est aujourd’hui au centre de la ville. On a écrit à l’ANATT pour qu’il nous autorise à utiliser cet aérodrome pour le marché. Pour le moment, on a vraiment un problème de marché. Je peux dire que ce sont les deux problèmes qui demeurent toujours à Djougou.

Le parti Br a-t-il une forte implantation à Djougou?

Djougou est le fief du BR et personne ne peut nous discuter cela. Cependant aux dernières élections, on a été un peu surpris par Les Démocrates. Mais c’est un phénomène national. Il ne faut pas se le cacher, le pouvoir central a pris certaines décisions en son temps qui ne nous ont pas été du tout favorables. C’est ce qui a fait que Les Démocrates nous ont surpris. Si non Djougou est le fief du BR et on va tout faire pour qu’aux élections prochaines, les Démocrates ne puissent même pas avoir un élu à Djougou.

Le parti a soutenu le code électoral modifié que la Cour Constitutionnelle vient de valider. Comment appréciez-vous les amendements apportés qui suscitent tant de contestations dans le rang des opposants ?

Il y a eu la relecture du code électoral avec les amendements. C’est normal que les opposants s’agitent. Mais en ce qui nous concerne, on croit que c’est une très bonne chose parce que ça va permettre aux partis de devenir très forts. Il n’y aura plus de transhumance. Aucun député ne peut laisser son parti pour aller ailleurs. Donc c’est déjà un acquis. Et aussi le fait d’augmenter le pourcentage, cela fait que ce sont les partis forts qui vont exister. Les plus faibles disparaissent au profit des plus forts. Donc c’est ce qui va se passer. On adhère à cela et on va se battre pour faire partie des plus forts pour pouvoir gagner plus.

Le parti BR n’a pas pu décrocher un nombre conséquents d’élus députés aux dernières législatives, étant frappé dans plusieurs circonscriptions par la condition des 10% pour lever un siège au plan national. La dose est corsée avec le nouveau code électoral qui porte le seuil à 20% dans chaque circonscription électorale. Le BR pourra-t-il s’en sortir?

A première vue, on dira que le Br aura des difficultés mais en réalité, ce qui s’était passé était un problème interne au Br qui a amené à cela. A Parakou par exemple, on a pratiquement rien eu. C’est parce qu’au niveau des leaders Br, il y avait un problème. La base a fait toute sorte d’appels pour que ces problèmes puissent être résolus mais au niveau de la hiérarchie cela n’a pas suivi. C’est une leçon que nous devons apprendre. C’est une leçon qu’ils ont apprise au niveau de la hiérarchie et prochainement les positionnements seront faits de manière que les vrais militants soient positionnés et vous allez voir que tout ira mieux.

D’aucuns appellent le Br à fusionner avec l’UPR pour se mettre à l’abri d’éventuels désagréments lors des élections générales de 2026. Quel est votre avis?

Je crois qu’on n’en parle même pas au niveau du code électoral. C’est à nous de nous battre pour nous imposer, comme je le dis. On n’a pas besoin d’alliance. Le Br est un parti national. Avec une bonne organisation, le Br va s’en sortir sans problème. Le problème d’alliance n’est pas à l’ordre du jour.

Le parti Br a connu des réformes à l’interne avec l’avènement de Bio Tchané. Quels sont les fruits qu’on peut déjà en tirer?

J’ai parlé tantôt des problèmes internes que le parti avait eus. La solution c’est ça qu’on a commencé par implanter. Maintenant, on a un président du parti fort qui peut s’imposer, qui connaît son électorat. Donc en son temps, il saura qui est qui, celui qu’il faut positionner et celui qu’il ne faut pas. Aujourd’hui, les maires font partie du bureau politique. C’est la base. Si le maire est à la décision, il faut vous dire que les décisions qui seront prises vont refléter les désidératas de la base. Avec ces réformes, le Br va se porter très bien. Les réformes ont apporté des solutions à nos problèmes. Si le Br n’est pas dans tous les villages, je ne pense pas qu’on aurait le nombre de conseillers dont nous disposons aujourd’hui. Au niveau du conseil communal, avec les défections et autres, on est 32. Et sur les 32 conseillers, le BR a 29. Ce qui veut dire qu’on couvre tout le territoire de la commune de Djougou. A ce niveau il n’y a pas de problème.

Quelle appréciation faites-vous de la gestion de Bio Tchané  à la tête du Br ?

Ce qu’il faut retenir, c’est comme on dit, dans la cour royale, il y a toujours des intrigues. Et les polémiques concernant la gestion du président Bio Tchané font partie des intrigues de la cour royale. Pour moi, Abdoulaye Bio Tchané tient bien la barque. Il a du vécu et est un leader qu’il faut pour mener la barque BR. Avec ABT, il avait récolté seul près de 10% des suffrages. C’est une chance de l’avoir et il importe qu’on fasse tout pour l’aider à réussir sa mission. Il peut fédérer toutes les forces si nous l’aidons vraiment.

Qu’est-ce qui a véritablement changé selon vous depuis 8 ans que Patrice Talon est au pouvoir?

En général, quand on parle de Patrice Talon, tout le monde voit la rigueur. Mais, quand on parle aussi de lui, il faut voir le changement qu’a connu Cotonou en termes d’infrastructures. Aujourd’hui, qui n’est pas fier d’être Cotonois ? Quand on quitte aujourd’hui Cotonou pour aller par exemple chez moi à Djougou, il n’y a plus de soucis à se faire en ce qui concerne l’état de la route. Ça aussi, c’est Patrice Talon. La voie est bien faite. Et ce n’est pas cette route seule. Nous avons tout cela comme acquis qu’il ne faut pas perdre de vue. Il y a aussi les réformes. Je ne suis pas sûr qu’il y aura un autre président qui mettra en cause ces réformes. Il y a des choses sur lesquelles on ne peut pas revenir. Aujourd’hui, nos enfants vont dans les écoles publiques sans inquiétude. Avant son arrivée, personne n’osait mettre son fils dans une école publique parce qu’on doutait de la qualité du travail et aussi des grèves qui s’enchaînaient. Et on s’échinait pour les frais de scolarité dans les écoles privées. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les enfants vont régulièrement dans le public. Et ceci grâce au président Talon. Nous le remercions d’ailleurs pour avoir osé. On ne pensait pas que c’était aussi possible.

Il y a beaucoup d’autres choses. Prenons par exemple les cantines scolaires. J’ai été le directeur général du programme des cantines scolaires. Quand je devenais directeur des cantines scolaires, seulement 5 écoles étaient prises en compte à Djougou. Aujourd’hui, c’est pratiquement toutes les écoles. C’est aussi un acquis qu’on ne peut pas ne pas mentionner. Grâce à ça, les enfants ont au moins un repas par jour dans les écoles et c’est important pour les maintenir dans le système éducatif.

Sur le plan de la sécurité, il y a eu beaucoup d’avancées également. Aucun policier n’arrête plus abusivement sur les voies. Avant vous pouvez être arrêtés par plusieurs postes de police quand vous quittez Djougou pour Cotonou vice-versa. Il n’y a plus rien de tout ça.

Djougou, c’est 90% de fidèles musulmans. Comment est-ce que vous gérez la crise sécuritaire liée à la présence des groupes djihadistes près des frontières avec le Burkina-Faso?

Le terrorisme c’est une réalité et Djougou est prédisposé du fait du nombre important de la population qui s’adonne à la religion musulmane. Ce qui est souvent un terreau favorable à la progression des groupes terroristes. En dehors de ça, il y a qu’à Djougou, le taux de chômage est élevé. C’est aussi une condition qui peut favoriser l’émergence des terroristes. Mais depuis qu’on est là, on a mis un système de surveillance en place. On ne va pas étaler notre stratégie ici. Mais je voudrais dire que nous faisons l’effort d’un suivi régulier du mouvement des populations. Pour le moment, ça marche et s’il plaît à Dieu, on aura gain de cause.

Il y a aujourd’hui la répression pour le non port de casque. Djougou aussi mène le combat?

Ça se passe à Djougou comme si c’est à Cotonou. Le port de casque est obligatoire à Djougou. Tous ceux qui ne le respectent pas sont systématiquement dépossédés de leur moto. Quelqu’un m’a dit d’ailleurs que sa moto a été arraisonnée parce qu’il portait un casque qui sert de protection sur les chantiers.

Vous savez, on ne peut pas manger des omelettes sans casser les œufs. Le port du casque est pour notre sécurité. Quand il y a accident, ce n’est pas agréable de voir des crânes fracassés. Souvent, les populations n’attachent pas du prix au port du casque. Mais s’il y a quelqu’un pour nous obliger à le faire je crois que c’est bien.

 Un mot sur Les Panthères Fc de Djougou?

Les Panthères, c’est une équipe de la mairie de Djougou. Le gros problème qui se pose à cette équipe est que la mairie n’a pas les moyens nécessaires pour les conduire véritablement. Heureusement il y a un opérateur économique qui a pris l’équipe comme l’a souhaité le gouvernement. Pour le moment, ça n’a pas encore pris parce que l’opérateur économique ne met pas encore les moyens comme il le faut. A Djougou, il y a les éléments. Il y a beaucoup de centres qui forment les jeunes.

Lors du vote pour ou contre la révision de la constitution, on a constaté que le député de Djougou a voté contre…

Effectivement, nous avons tous constaté qu’il y a eu défection d’un député de Djougou. C’est lui seul qui connait les raisons qui l’ont poussé à prendre cette décision.

Comment la population a accueilli cela ?

Il faut avouer que nous tous, on est surpris. On est abattu parce qu’aujourd’hui, il faut reconnaitre que tout ce qu’on doit faire pour sortir Djougou, c’est le président Talon qui a la baguette. C’est lui qui a le pouvoir et les moyens de le faire. Si on s’amuse à le fâcher, je crois qu’on risque de subir sa colère. En cela, ça a fait que toute la grande majorité de la population était vraiment déçue par ce comportement. Et comme je le dis, c’est l’acteur seul qui peut nous expliquer cela.

Donc, vous n’aviez pas encore d’explication ?

Non, pour le moment, nous n’avons pas encore d’explication par rapport à ça.

Djougou est l’une des villes du Bénin où il y a un grand nombre de transporteurs. Avec la fermeture de la frontière Bénin-Niger et autre, quelles sont les dispositions que Djougou prend ? Est-ce qu’il y a des échanges avec les transporteurs ?

Effectivement Djougou, c’est une ville de transporteurs. Avant l’avènement non seulement de la fermeture du Niger, il y avait aussi la fermeture de la frontière du Burkina qui a d’abord freiné toutes les activités économiques de la ville. Ça fait partie de ce qui a amené les Démocrates à avoir un député à Djougou. Je tiens à faire cette confidence. C’est les transporteurs qui ont voté pour eux pour manifester leur mécontentement. Donc, au niveau de la mairie, on a tout fait pour essayer de converser avec eux. Et vous voyez, il y avait eu le dépôt des pierres sur les routes du soja. Ça les a fâchés aussi. Mais avec nos actions conjuguées, on a amené quand même le président à libérer la commercialisation de soja pour les amener à avoir accès à leur activité qui est le transport. Petitement, on est en train et je suis sûr que le gouvernement va prendre davantage de mesures pour alléger leurs souffrances. Sinon, il faut avouer que ça a un impact très sérieux sur la ville.

Pour finir, nous allons parler de la réforme territoriale. Les SE sont arrivés. Ensuite, on annonce l’arrivée des SA. Est-ce que vous ne sentez pas une diminution de vos prérogatives en tant que Maire ?

Il faut dire que les Maires ont déjà leurs prérogatives diminuées. Ce n’est pas l’arrivée des SA qui va changer grand-chose. Au contraire, ça va aider à faire un bon travail. Moi, je suis pour l’arrivée des Secrétaires Administratifs parce qu’on a au niveau des arrondissements actuellement des secrétaires qui ne peuvent même pas écrire une phrase. C’est-à-dire le niveau est très très bas. Avec l’arrivée des SA, ça va relever le niveau et permettre au travail de se faire normalement. Par rapport aux Secrétaires Exécutifs, je suis sûr qu’il y aura une réforme de la réforme parce que sincèrement, ça bloque beaucoup de choses. Comme je vous l’ai dit tantôt, il n’y a pas une seule commune au Bénin où on peut dire que le taux de mobilisation a augmenté. Il n’y a pas une seule commune où on va dire que le taux de consommation des crédits a augmenté. Alors qu’on a beaucoup de crédits. Quand je prends Djougou, on a des milliards qu’on ne peut pas consommer.

Qu’est-ce qui explique cela ?

C’est la réforme. Par exemple le RAF, la PRMP, tout ceux-là, c’est des cadres. Chacun est dans son coin. Il n’y a pas synergie entre eux.

L’équipe de rédaction du journal L’Evènement Précis et l’invité

Et le maire ne peut rien ?

Tu n’as pas le droit de parler normalement. Ça, ce n’est pas ton domaine. Tu n’as pas le droit. Moi à Djougou, j’étais obligé à un moment donné de les réunir et de les réconcilier. C’est vrai, je suis passé outre mes attributions, mais ça allait dans tous les sens. Ce qui a fait qu’aujourd’hui, il y a un semblant de cohésion mais chacun est campé dans son domaine. Quand tu prends le RAF, les dossiers, c’est lui seul et il n’y a pas de personnel pour les aider. Et eux-mêmes, ils ont mis à l’écart les autres cadres qu’ils sont venus trouver. Ils ne leur font pas confiance ou quoi, je ne sais pas. Mais, de toute façon, ils collaborent très peu avec ces cadres si bien qu’eux seuls, ils ne peuvent pas. Même s’ils ont la volonté, ils ne peuvent pas. Comme la situation est générale, je suis sûr que le pouvoir central suit et ils vont trouver les moyens.

Est-ce que de ce point de vue, la décentralisation a encore de sens ?

De ce point de vue, la décentralisation est en train de faillir parce que le pouvoir n’est plus décentralisé. Le pouvoir est aux mains de certains cadres qui en réalité des fois ne connaissent pas le terrain. Ça fait que quand ils trébuchent, ils reviennent. Ça ne va pas du tout.

Votre mot de la fin ?

Une fois encore, je vous remercie pour m’avoir donné cette opportunité. Le gouvernement du président Patrice Talon fait beaucoup pour ma ville Djougou. Mais comme on le dit, tant qu’on n’a pas assez, on continue toujours à demander. Avec le PAG 2, nous avons la chance d’avoir quelques linéaires, mais cela ne nous suffit pas encore. Sur le plan de l’électrification, franchement, si le président Talon peut vraiment nous aider, ce serait bon, parce que Djougou continue de souffrir énormément par rapport à l’électrification. Il y a aussi la cité administrative qui est en construction et là, on voit que jusqu’à présent, les Chinois qui en ont la charge trainent le pas. Le dernier conseil des ministres a également annoncé le bitumage de la voie Djougou-Pehunco. Au nom de la population de Djougou, je remercie le président Patrice Talon pour tous les projets déjà réalisés dans la commune depuis qu’il dirige le Bénin. On en demande encore plus et je suis sûr que dès que tous ces projets seront exécutés, Djougou va changer énormément.

CARTE D’IDENTITE

De New-York à Kolokondé

Idrissou Yaya est d’abord un enfant de Djougou. Né un 02 novembre 1963 à Kolokondé, dans la commune de Djougou, il a fait l’école primaire de son village et l’ironie du sort a voulu qu’il soit à l’époque responsable de la cantine de son école, lui qui sera plus tard Directeur général de l’Office de gestion du Programme alimentaire mondial chargé des cantines scolaires. CEP en 1975, BEPC en 1979 et Bac scientifique en 1982, il descend à l’université nationale du Bénin. Après deux ans en Sciences juridiques, il part au Canada où il fait une licence en administration. Il décide alors de faire l’informatique, mais aux Etats-Unis. Idrissou Yaya débarque à New York où il fait des études en informatique. Devenu ingénieur en informatique, il décroche son premier travail. « C’est en ce moment que la fibre optique a commencé, se rappelle-t-il. On a fait le câblage de la fibre optique à New York centre. » Au plan politique, le maire de Djougou a commencé la vie politique même en entrant au collège. « Quand j’étais au collège, au Ceg 1 de Djougou, dit-il, Houdou Ali était préfet de l’Atacora et il avait créé ce qu’on appelait le Mouvement scolaire révolutionnaire (Msr). J’ai été président de la seconde section, de seconde jusqu’en Terminale. On était déjà à couteaux tirés avec les professeurs. » Quand il revient des Etats-Unis, il est convaincu par l’Honorable Assan Séibou de reprendre ses activités politiques dans sa commune. Mais il se fait que le député de Copargo était dans l’opposition. C’était sous le régime Yayi et toutes les manœuvres orchestrées par le camp au pouvoir pour le récupérer ont été vaines. Il suit donc son ami depuis lors, sous la férule d’Abdoulaye Bio Tchané. « Je suis resté toujours dans l’ombre de Assan. On a travaillé, il faut avouer que nous avons beaucoup travaillé, murmure-t-il. Dans le Bénin, il n’y a pas ce coin dans lequel, on n’est pas parti, du nord au sud, de l’est à l’ouest. » Avec l’avènement du régime de la Rupture, le voilà nommé Directeur général de l’Office de Gestion du PAM (2016 -2018). L’OGPAM était chargé entre autres de la gestion du programme des cantines scolaires. La présidence de la République décide de reprendre pour son compte la gestion des cantines et crée à cet effet une agence dédiée. L’OGPAM disparait. Idrissou Yaya retourne à Kolokondé son village. Plus simplement, il retourne au champ. « Je suis redevenu paysan, dit-il. J’allais régulièrement au champ. J’exploitais près de 30 hectares à Djougou. J’y cultive à ce jour le maïs, le mil et surtout le soja. » Les jeunes de Kolokondé étaient surpris de voir un ingénieur en informatique formé à New-York revenir cultiver la terre qu’ils méprisent. Sur ses conseils et grâce à son soutien, une bonne partie d’entre eux l’ont imité en retournant au champ. « Quand je regarde mon parcours, je me sens fier de moi-même, admet le maire de Djougou. J’ai fait ce que je devais faire et ce qui m’intéresse le plus aujourd’hui, c’est servir. »

INTIMITE

Toujours jeune

Idrissou Yaya a un physique inchangé depuis des décennies, alors qu’il a déjà bouclé soixante ans. Ce trait physique, il l’attribue à des caractères génétiques, lui qui n’a pas une alimentation particulière. Sport ? De temps en temps la marche, mais pas du tout régulier. Marié et père de cinq enfants, il adore son igname pilée traditionnelle. Comme boisson, jamais l’alcool, à peine le bissap et le jus de gingembre.

DR RAOUL GLESSOUGBE, CADRE DU PARTI LES DÉMOCRATES, INVITÉ DE « SOUS L’ARBRE À PALABRE »: «Président Patrice Talon ne peut pas être le seul redresseur de torts au Bénin »

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Dr Raoul GLESSOUGBE du parti LD

Invité pour une seconde fois de la rubrique «Sous l’arbre à Palabre» de l’Evènement Précis, Dr Raoul Glessougbé, juriste- consultant, expert Cedeao en gouvernance et Démocratie, a réagi sans langue de bois, sur de grands sujets d’actualité, dont le code électoral modifié qui défraye toujours la polémique. Cadre du parti de l’opposition, Les Démocrates, l’invité a démontré de long en large le caractère «exclusif» des modifications apportées dans ce code. A propos de la gouvernance du chef de l’Etat depuis 2016 qu’il est au pouvoir, il n’a pas caché non plus son amertume, estimant que « Le Président Patrice Talon ne peut pas être le seul redresseur de torts au Bénin ». Le seul élément que le Dr Raoul Glessougbé relève de positif du bilan qu’il dresse sur la gestion de Patrice Talon est la prouesse réalisée en ce qui concerne la digitalisation de la demande et du retrait des pièces administratives ainsi que tout autre service en la matière. Lisez plutôt.

Dr Raoul GLESSOUGBE du parti LD, Invité de « Sous l’arbre à Palabre »

Le code électoral a été modifié à l’Assemblée nationale. Quelles appréciations faites-vous des nouvelles dispositions apportées ?

Je pense qu’on ne peut pas isoler le vote de ce code des aspirations du président de la République, en ce qui concerne  la réforme du système partisan que nous subissons depuis 2019. Vous savez, le président Patrice Talon ne peut pas être le seul redresseur de torts au Bénin. Tout ce que notre pays a connu comme déviances ou traversdepuis les indépendances à ce jour, il ne peut pas être seul à les corriger. Il a beau être intelligent, voire un génie, il demeure  une personne humaine avec ses insuffisances, ses faiblesses et ses passions. Sa seule volonté ne peut pas toujours être érigée en loi. C’est pourquoi, il lui importe d’associer tous les acteurs de la vie publique pour s’assurer qu’il est en phase avec son peuplepour ne pas donner l’impression qu’il prêche dans le désert ou qu’il gouverne par voie dictatoriale à l’ombre de la loi. C’est vrai, nous avons connu des errements dans notre processus démocratique. Des errements critiques, de sorte que tout le monde était d’accord qu’il faut aller à une table de discussion pour engager des réformes. On a connu une période où on avait une multitude de partis politiques. Même si la charte des partis politiques qui date d’avant Patrice Talon avait bien prescrit que si vous ne participez pas à deux élections consécutives après votre récépissé, le ministère de l’intérieur devrait vous extirper de la liste des partis politiques. Même la question du financement des partis politiques était réglée. Ça date d’avant lui, mais il était question de mettre en œuvre ces dispositions de la charte des partis politiques pour assainir l’échiquier. Ce qui n’a jamais été fait avant son accession au pouvoir. Le code électoral tel que voté donne la confirmation si besoin en était, que la réforme du système partisan voulue par le régime du Président TALON vise un seul objectif : exclure par tous les moyens ceux qui peuvent valablement se prévaloir  à la compétition  politique pour se donner les coudées franches afin de faire un troisième mandat par soi-même ou un troisième mandat par procuration (le Président YAYI BONI appelle ça troisième mandat déguisé) !

Mais, concrètement, qu’est-ce que vous reprochez à ce code ?

Ce que je reproche à ce code personnellement  n’est pas le plus important. Ce qui est important, c’est ce à quoi aspire la classe politique toutes tendances confondues. On ne peut pas avoir un code électoral adopté par une partie de la classe politique contre l’autre partie. Le code doit être adopté dans une approche consensuelle. La constitution de notre pays et les lois électorales doivent être adoptées de la façon la plus consensuelle possible surtout que nous savons que la loi électorale est faite pour servir les élections auxquelles prendront part les différents partis politiques de l’opposition comme de la majorité présidentielle. C’est à croire que nous allons à un match de foot ball et nous laissons une seule équipe définir les règles du jeu qu’elle confie à l’arbitre pour appliquer. Si vous suivez bien la trajectoire de ce code, vous allez atterrir à des élections présidentielles en 2026 sans l’opposition comme ce fut le cas en 2021. Ce qui est néfaste pour la démocratie. C’est très bien planifié. Quel parti peut avoir 20 pour cent dans toutes les circonscriptions électorales au Bénin dans le contexte actuel ? Aucun des partis qui sont actuellement au parlement n’a pu obtenir aux dernières élections législatives du 08 janvier 2023,  20 pour cent dans toutes les 24 circonscriptions électorales. Pourquoi traduire alors dans une loi ce qui est déjà impossible dans les faits ?

De janvier 2026 date des élections législatives et communales à avril 2026 date des élections présidentielles, il aura un grand bouleversement politique à la surprise même de ceux qui ont voté ce code et qui n’ont aucune idée de l’agenda politique qui s’y est caché.

Depuis qu’on a voté ce code, est-ce que vous avez vu un peu l’atmosphère dans le pays? Est-ce que vous avez suivi les uns et les autres ?

Comment est l’atmosphère ?

L’atmosphère est morose. Elle est critique. Toutes les composantes du pays ont donné l’alerte et appelé au consensus.

Nous n’avons vu aucune manifestation 

Il ne faut pas attendre de voir les manifestations avant d’écouter son peuple, sinon que cela risque d’être trop tard !  Approchez-vous des gens et écoutez-les. Vous devez vous dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans le pays. Ce régime est récidiviste en matière d’exclusion politique parce qu’il est conscient de son impopularité. Et toute tentative d’exclusion politique entraine des frustrations. De frustrations en frustrations, le Bénin risque de vivre des situations cauchemardesques que personne ne souhaite. Les séquelles des crises électorales de 2019, de 2020 et de 2021 sont encore vivaces dans notre mémoire collective.

Plusieurs pays dans notre sous-région ont connu des crises mortifères à cause de l’exclusion politique. Que ce soit en Côte d’Ivoire, au Togo et plus récemment ai Sénégal qui n’est pas encore sorti du tunnel.  Donc, ce qui importe, ce n’est pas ce que chacun de nous veut. Ce qui importe, c’est que nous devons nous asseoir pour définir ce quiest recommandable pour notre pays en termes de texte électoral pour avoir des élections crédibles, pacifiques, transparentes, gage de la stabilité et de la paix.

Est-ce que vous avez l’impression que le vote de ce code est une revanche de la mouvance contre le refus de la révision de la constitution ?

Bien sûr que j’ai cette impression. Au lendemain de l’échec de la révision de la constitution, vos confrères de l’ORTB m’avaient interviewé sur la question. J’avais partagé une fierté avec eux. La fierté d’appartenir à un pays où la démocratie qui était presque en agonie, à commencer par retrouver sa bannière de noblesse. Mais, j’ai prévenu que nous devons faire attention parce que la facture de l’échec de la révision de la constitution va être salée pour l’opposition en ce qui concerne la relecture du code électoral. Et ça n’a pas raté. Donc, c’est effectivement une façon pour la majorité parlementaire de se venger de l’échec de la révision de la constitution que de voter le code électoral de cette manière-là. Mais, est-ce que la République va être un cycle infernal de vengeance ?

Mais, vous avez gagné au premier tour et ils ont gagné au second tour.

Ecoutez, est-ce que c’est un camp qui gagne contre un autre ou bien nous devons nous comporter de sorte que tous les camps gagnent ensemble pour la grandeur de notre démocratie? Là où il est utile de gagner dans un système démocratique c’est dans les urnes. Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut des règles justes et équitables.

Vous aviez gagné et vous aviez célébré la victoire. 

On a gagné quoi ?On a célébré quoi ?

Le rejet de la constitution.

Le rejet de la révision de la constitution est en définitive un gain pour tout le peuple y compris le premier d’entre nous et ses soutiens.

 J’ai même dit sur l’ORTB que si le vote était secret, la surprise aurait été plus grande pour l’échec de la révision de la constitution. Il est sans doute pertinent de relire notre constitution dans une approche consensuelle et non en catimini comme ce fut le cas en 2019. Je suis de ceux qui croient que nous n’avons pas une constitution au service du développement. Mais le régime qui nous dirige engage toujours des réformes suspectes sur fond d’exclusion, de sorte à douter de l’objectivité de son option. Le Chef de l’Etat pense que tout seul il peut conduire la destinée du peuple sans tenir compte des autres composantes de la société. Ce qui n’est pas vrai dans un système démocratique même si lui, il est le premier d’entre nous, le leader qui doit donner les bonnes orientations en bon père de famille. Pour autant, il n’a pas la science infuse. Il ne réalise pas encore que, quel que soit ce qu’il fera de bien pour ce pays il passera derrière les rideaux parce que les grands hommes sont passés derrière les rideauxà un moment donné. C’est pourquoi il faut qu’il donne la main aux uns et aux autres pour finir son mandat dans la grandeur et la paix.

La Cour constitutionnelle a validé le code dans toutes ses dispositions qu’en dites-vous ?

LE PRESIDENT PATRICE TALON NE PEUT PAS ETRE LE SEUL REDRESSEUR DE TORTS AU BENIN. Il  ne réalise pas encore que, quel que soit ce qu’il fera de bien pour ce pays il passera derrière les rideaux parce que les grands hommes sont passés derrière les rideaux à un moment donné. C’est pourquoi il faut qu’il donne la main aux uns et aux autres pour finir son mandat dans la grandeur et la paix.Si vous suivez bien la trajectoire de ce code, vous allez atterrir à des élections présidentielles en 2026 sans l’opposition comme ce fut le cas en 2021.Ce qui est néfaste pour la démocratie.Aucun des partis qui sont actuellement au parlement n’a pu obtenir aux dernières élections législatives,  20 pour cent dans toutes les 24 circonscriptions électorales. Pourquoi traduire alors dans une loi ce qui est déjà impossible dans les faits ?Toutes les fois que ce régime  n’est pas sûr de gagner les élections à travers les urnes, il met en place des mécanismes pour les usurper avec des lois injustes d’exclusion. C’est de l’imposture. En définitive, ce régime manque d’élégance démocratique !Je ne dirai pas que ce gouvernement n’a rien fait ou ne fait rien.  Gouverner un pays n’est pas chose facile. Pour autant je mesure et salue les efforts de gouvernance, pour autant je regrette et dénonce la violation des principes démocratiques.En tout état de cause, sur le chemin de compromission des principes démocratiques ou d’actes attentatoires aux droits de l’Homme, il se trouvera toujours des citoyens pour s’insurger quoi que cela coûte. C’est pourquoi, il est toujours recommandé dans les démocraties fragiles de privilégier le compromis politique, le consensus national dans certains contextes plutôt que de se prévaloir d’une majorité mécanique au parlement.

Avec ce code voté, le parti Les Démocrates craint-il de ne pas décrocher un grand nombre de sièges aux prochaines élections du fait de l’élévation du seuil de partage des sièges qui passe de 10% à 20%?

Lorsque vous posez la question de cette façon, vous allez faire croire que les convictions du parti Les Démocrates ne tiennent compte que des intérêts du parti Les Démocrates. Ça n’est pas vrai. Je ne sais pas si vous avez l’occasion de suivre le président du groupe parlementaire Les Démocrates, l’honorable NourénouAtchadé. Il l’a dit et ça a été publié. La position du parti, c’est de ramener le pourcentage électoral d’attribution de sièges à 5% pour permettre aux autres partis d’avoir aussi des représentants. 10, 15, même 20%, le parti Les Démocrates les aura. Et les autres partis ? Nous avons opté à la conférence nationale pour un multipartisme intégral. Tout ce qui va empêcher cet acquis est un mépris pour la démocratie. Je suis d’accord pour le renforcement des partis politiques mais cela n’équivaut pas à l’exclusion des partis politiques. Il faut permettre aux gens d’aller compétir. Ils peuvent compétir et échouer. Ecoutez, depuis la conférence nationale, on dénombre plus de deux cents partis dans notre pays mais la plupart du temps, combien de partis ont eu des députés au parlement ? En moyenne c’est cinq partis ou coalitions de partis sur les plus de deux cents partis. Cela veut dire que le peuple lui-même a sa manière d’exclure les partis fantaisistes. Il ne revient pas au législateur ou à un chef d’Etat de les exclure par la loi. Il faut laisser le peuple jouer sa partition. C’est cela l’expression de la souveraineté. Toutes les fois que ce régime  n’est pas sûr de gagner les élections à travers les urnes, il met en place des mécanismes pour les usurper avec des lois injustes d’exclusion.C’est de l’imposture. En définitive, ce régime manque d’élégance démocratique !

Que pensez-vous des 15% du collège électoral pour le parrainage ?

Oui on est passé de 10 à 15%, l’objectif c’est quoi ? C’est d’exclure !

 Ailleurs,  les citoyens inscrits sur une liste électorale peuvent parrainer. Au Togo, une liste de 2000 citoyens inscrits sur la liste électorale peut parrainer des candidatures indépendantes à l’élection présidentielle. C’est pareil au Sénégal. Patrice Talon a été candidat en 2016 sans avoir un seul élu reconnu ou estampillé en son nom sauf ceux qui auraient transhumé à son profit. Si cette disposition existait, est-ce qu’il aurait été candidat à l’élection de 2016 jusqu’à la remporter? Mais lorsqu’on a gagné de cette manière une élection, quand on vient, on renforce le dispositif.  Personne n’espérait son élection en 2016 face au candidat du présidentYayi Boni en exercice du pouvoir alors que les deux ne s’accordaient plus. Mais l’environnement politico-institutionnel était fiable au point où lui il a quitté l’exil à six mois des élections présidentielles et a pu les remporter. Cela veut dire que la démocratie n’était pas si mauvaise au temps des autres régimes. C’est le régime actuel qui a rendu l’environnement politique de notre pays délétère au grand dam de ceux qui ne partagent pas la même vision que le Président Patrice TALON et qui du reste ont le droit d’avoir des opinions qui le contrarient.

Selon la mouvance présidentielle, toutes ces dispositions sont de nature à renforcer l’unité nationale. Avez-vous la même impression ?

On peut leur donner raison parce qu’ils ont tout fait pour exclure tout le monde tout le temps pour couvrir seul le territoire national. A vaincre sans péril on triomphe sans gloire. EN 2019, l’UP-R et le BR étaient les seuls partis politiques candidats aux élections législatives. En 2020, ils étaient  les seuls auxquels on a ajouté FCBE, UDBN, PRD, MOELLE BENIN pour aller aux élections communales. Quand vous faites comme cela, et que vous vous moquez du taux de participation, vous allez croire que vous couvrez tout le territoire national. Quand Les Démocrates ont été aux élections passées, vous avez vu ce qui s’est passé. C’est un rêve de dire que chaque parti pourrait avoir 20%  de l’électorat dans chaque circonscription pour prétendre être un parti d’envergure nationale. Mais je pense que sa réalisation va être difficile. Le plus important, c’est ce qui est déjà prévu pour la constitution d’un parti politique. La charte des partis politiques dispose qu’il faut au moins dix par département. C’est cela le renforcement de l’unité nationale. Je pense même qu’on peut davantage corser de sorte que les dix par département soient sélectionnés dans toutes les communes du département. C’est déjà suffisant. Le reste, il revient au peuple qui détient la souveraineté à travers les urnes de dire quel est le parti qui est représentatif dans le pays. Cela ne se décrète pas. Ce n’est pas à travers .une loi, c’est à travers les urnes.

Quelle est la disposition qui tend à l’exclusion ?

Lorsque vous dites que pour le collège électoral, il faut passer de 10 à 15%, et  que c’est les élus d’aujourd’hui qui vont parrainer les candidats de 2026, cela veut dire que tous ceux qui  n’ont pas d’élus aujourd’hui, quelles que soient leurs ambitions politiques, ils ne pourront plus être candidats en 2026. Cela s’appelle de l’exclusion !

Lorsque le code dispose qu’il faut avoir 20 pour cent dans toutes les circonscriptions électorales avant d’être attributaire de sièges, la conséquence c’est qu’un parti peut être premier au plan national au regard des suffrages qui lui sont exprimés et déclaré non attributaire de sièges. C’est exactement ce qui s’est passé contre le PRD en 2020 aux élections communales à Porto Novo où il était le premier mais à cause des 10 pour cent non obtenus au plan national, il n’a pas de conseillers qui siègent à la municipalité de Porto Novo. Quelle est cette réforme ? L’objectif c’est d’exclure l’opposition à l’élection présidentielle de 2026.

Comment se fait-il que pour les élections communales par exemple, où on discute des sièges au plan local, on demande d’avoir 20% des suffrages dans la circonscription ? Cela rime à quoi ?

La loi est votée pour l’avenir

En bon juriste vous m’apportez un argument de taille. La loi dispose pour l’avenir, elle ne devrait pas rétroagir notamment en ce qui concerne les lois pénales de fond plus sévères, même si la question de rétroactivité de la loi a évolué en Allemagne et en France où la cour constitutionnelle et le conseil constitutionnel admettent que des lois non pénales pourraient rétroagir pour des motifs d’intérêt général. En l’espèce, chacun pourra apprécier si cette loi électorale qui devrait  disposer pour l’avenir et qui a pour prérequis ce qui s’est passé en 2020 (les Maires) et en 2023 (les députés) est d’intérêt général alors qu’elle met en œuvre l’exclusion d’une bonne partie de la classe politique. Au demeurant, qu’est-ce que la cour constitutionnelle a demandé de faire pour le cas d’espèce ? D’une part la correction d’une erreur matérielle entre l’article 49 dernier alinéa de la constitution qui dispose qu’en cas d’annulation, il est procédé à un nouveau tour de scrutin dans les 14  jours et l’article 142 de la loi électorale qui disposequ’en cas d’annulation, il est procédé à un nouveau tour de scrutin dans les cinq jours sans que personne n’est vu cette incohérence du bas jusqu’au sommet de la pyramide de la cour constitutionnelle qui a déclaré ce code électoral conforme à la constitution. D’autre part, la cour demande d’assurer l’égalité de parrainage des Maires pour l’élection présidentielle de 2026. L’assemblée nationale est-elle autorisée à statuer ultra petita en se référant à ce que la cour a demandé de faire ? La réponse est évidemment non.

Quand on dit qu’un élu ne peut que parrainer le candidat de son parti, c’est aussi une exclusion ?

Cette mesure permet d’éviter les transhumances politiques. Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut permettre que tous les partis aient la possibilité d’avoir d’élu. Vous n’allez pas enfermer les partis qui ont déjà des élus aujourd’hui dans une case pour demander aux autres qui n’en ont pas d’attendre le prochain tour. Ce n’est pas politiquement correct. Mieux, le parrainage des députés et Maires n’est pas le seul régime de parrainage politique.

Le président NourénouAtchadé dans sa proposition a demandé la suppression du parrainage. N’est-ce pas une manière de ramener le désordre qui existait avant?

Le Président NourénouAtchadé n’a pas demandé la suppression du parrainage par rapport au parti Les Démocrates. Il y a des ambitions qui peuvent naître chez des gens qui n’ont pas d’élus aujourd’hui. Comment régler leur cas ?Ne perdez pas aussi de vue que la constitution de notre pays prescrit l’égalité de droits pour tous les citoyens.

 Comme je le disais plus haut, ailleurs dans d’autres pays, vous pouvez être parrainé par un certain nombre d’élus. Mais lorsque vous n’avez pas d’élus, on vous donne la possibilité d’avoir des électeurs qui vous parrainent au regard de la liste électorale. Donc, le parrainage par les élus n’est pas le seul mode de parrainage dans une démocratie. Il ne faut pas dire que ce sont les élus seuls qui peuvent parrainer. Je suis en phase avec NourénouAtchadé, le président du groupe parlementaire LD. Le parrainage peut se faire en dehors des élus, parles électeurs inscrits sur la liste électorale… Il y a plusieurs paramètres qu’on pouvait mettre en place pour le parrainage pour que les gens qui ont l’ambition de diriger ce pays puissent avoir la possibilité d’être candidats.

Le parti Les Démocrates comme les autres formations politiques a encore deux ans devant lui pour bien préparer le terrain et affronter les prochaines élections avec ce code modifié. Ne vaudrait-il pas mieux pour ses membres d’engager le combat dans ce sens que de continuer à dénoncer cette loi électorale qui s’impose à tous désormais ?

Pensez-vous que le parti Les Démocrates ne travaille pas assez sur le terrain ? Si vous travaillez et que vous ne veillez pas au dispositif légal, tout le travail que vous auriez fait sera annihilé le moment venu par des lois scélérates. C’est cela qui a été fait en 2021 où l’opposition n’a pas pu avoir de candidat alors qu’un travail de mobilisation se faisait depuis 2018. Puisque le dispositif légal ne permettait pas à l’opposition d’avoir de candidat aux élections présidentielles de 2021, elle n’a pas pu avoir de candidat. La conséquence est que plusieurs de nos compatriotes croupissent en prison.Aujourd’hui la bataille de terrain est effective. Si elle n’avait pas été faite, le parti n’allait pas avoir les 28 députés qu’on lui a attribués. Moi j’ai été candidat dans la 23ème Circonscription électorale. Le parti a enlevé un siège. Je sais tout ce qui s’est passé. Si la mobilisation n’avait pas été au top, nous ne pouvions pas aller à une première élection alors qu’il y a les deux partis qui tenaient l’arène politique depuis 2019 et obtenir ce résultat.

Déjà 8 ans de gouvernance du président Patrice Talon. Quel bilan faites-vous?

Le bilan pour moi depuis 2016, c’est le déguerpissement des abords des routes des couches vulnérables qui sont mises en détresse. Certains compatriotes sont passés de vie à trépas pour cette action regrettable de déguerpissement. Je connais une dame qui avait son restaurant au carrefour 3 banques. Elle avait fait un prêt pour construire ce restaurant. Et moins de 3 mois après, sans préavis, on est venu déguerpir son maquis. Les gens l’ont appelée pour venir voir ce qui se passe. Dès qu’elle est venue, elle est tombée en syncope et mort s’en est suivie. Cette situation aurait pu dégénérer. La révolution Tunisienne a commencé le 17 décembre 2010, par l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi vendeur de fruits et légumes dont la marchandise a été confisquée par la police. L’invasion de Veracruz au Mexique par la France a commencé par Louis Philippe suite à l’injustice subie par un pâtissier français dont la pâtisserie a été détruite sans réparation par une escouade militaire du Mexique dont les soldats ont profité pour piquer plein de ses gâteaux. C’est vous dire que c’est de petites injustices qui engendrent de grandes échauffourées.

Le bilan de ce régime, ce sont les acquis au plan médical qui ont été sapés. Vous savez, les cas de dialysés dans les centres publics de santé qui depuis le régime du président Mathieu Kérékou étaient pris totalement en charge par l’État. Mais depuis l’arrivée de ce régime, les dialysés ne bénéficient plus de l’accompagnement de l’État. Tous les jours on dénombre des cas de décès dans le rang des dialysés qui n’ont pas les moyens et qui ne sont pas agents permanents de l’Etat qui eux, sont pris en charge. Les agents permanents sont combien dans le pays? Le reste des citoyens ont-ils cessé d’être Béninois parce qu’ils ne sont pas agents permanents de l’État ?Le bilan de ce régime c’est la persécution sans cesse des compatriotes pour le port de casque, l’expropriation au mépris des normes. Le bilan c’est des citoyens qui peuvent la veille rentrer chez eux comme agents de l’Etat en activité et sans préavis, se lever le lendemain matin comme retraités. Le bilan de ce régime c’est la détresse des producteurs agricoles qui ne savent plus où se donner la tête.

Le bilan c’est la caporalisation de toutes les institutions de la République sans aucun compromis en violation de tous les principes démocratiques !

Bref le bilan du régime actuel est critique et ne devrait laisser personne dans l’indifférence.

Pourquoi vous ne relevez que les choses qui n’ont pas marché ? Voulez-vous nous dire que rien de positif n’existe dans le bilan du Gouvernement du président Patrice Talon ?

J’ai l’avantage de répondre aux questions que vous me posez. Alors, laissez-moi dire le bilan que moi je fais de la gouvernance actuelle de notre pays.

On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. On a de belles routes.

Donc pour construire des routes, il faut ce bilan-là ?  On  nous vante des routes comme si les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas fait de route dans ce pays. Chaque gouvernement fait ce qu’il peut pour la construction de notre pays.Mais pour les infrastructures routières, je suis tout de même surpris que le président Patrice TALON qui avait dénoncé  au début de son premier mandat, que le régime de YAYI BONI a endetté le pays à hauteur de 1200 milliards rien que pour des routes alors qu’il y a d’autres priorités, finisse aussi par faire cette option sans pouvoir justifier son choix au peuple. En conclusion, on ne réussit toujours pas à réinventer la roue dans la gestion d’un pays.

Dites-nous en toute franchise ce qui vous a marqué positivement sous Talon depuis qu’il gouverne le Bénin ?

Pour être honnête avec vous, la chose pour laquelle je suis en phase avec le régime, c’est la digitalisation. Aujourd’hui vous pouvez en ligne avoir votre casier judiciaire, votre certificat de nationalité, beaucoup de choses en ligne. Je pense pour ma part que c’est un pas en avant que de faire cette réforme. Les infrastructures routières aussi sont à saluer dans la continuité de l’administration des gouvernements qui précédent le régime actuel.

Je ne dirai pas que ce gouvernement n’a rien fait ou ne fait rien. Gouverner un pays n’est pas chose facile. Pour autant je mesure et salue les efforts de gouvernance, pour autant je regrette et dénonce la violation des principes démocratiques.

Abomey est devenu petit Paris

Vous revenez toujours sur les infrastructures routières. Apparemment c’est le trophée en matière de gouvernance du régime du président Patrice TALON. Mais il ne vous aura pas échappé que l’assainissement de la ville d’Abomey a commencé par Agence de réhabilitation de la cité historique d’Abomey (ARCHA) sous le régime de YAYI BONI, programme dont nous avons été le concepteur par le lobby que nous avions constitué à l’époque.

Mieux, les prouesses pour moi en matière de gouvernance,  c’est que les Béninois doivent avoir les trois repas par jour, avoir accès aux soins, à l’éducation. On nous a parlé du projet assurance maladie à travers ARCH, qu’est-ce que c’est devenu ? Est-ce que vous avez expérimenté ça vous autres ? Qui de vous a expérimenté l’assurance maladie avec satisfaction ? On nous a brandi ça comme mesure sociale phare. J’ai suivi quelqu’un qui disait à la télévision que cela ne prend en charge que les maladies de routine : maux de tête, maux de ventre et quand il y a complication, ce n’est pas éligible. Je n’ai pas besoin d’être assuré pour les maux de tête ou pour les maux de ventre. Ce pour quoi j’ai besoin d’être assuré, ce sont les maladies auxquelles je ne peux pas faire face c’est-à-dire les pathologies compliquées. Mais l’assurance maladie proposée par le gouvernement ne les prend pas en charge encore que pour les maladies moins onéreuses, cette assurance peine toujours à prendre.

Quels regards portez-vous sur les réformes en cours dans le secteur de la décentralisation ?

J’avoue que pour avoir été à l’opérationnel, je peux vous dire que c’était nécessaire de revoir le socle juridique de la décentralisation dans notre pays. Mais le gouvernement est passé à côté.  La décentralisation a deux objectifs : l’exercice de la démocratie à la base et le développement local. L’exercice de la démocratie à la base c’est l’organisation des élections à tous les échelons du pouvoir local. Ils ont fait une réforme et en plein processus électoral face à des difficultés, ils sont allés au parlement pour voter une loi interprétative afin que les maires soient désignés par les chefs des partis. De sorte qu’on a des maires de deux régimes juridiquesdifférents aujourd’hui. Un régime juridique de maires élus par les conseillers communaux  et un régime juridique de Maires désignés par des chefs de partis. Ils ne se sont pas arrêtés là, ils sont allés plus loin en adoptant la loi sur l’administration territoriale qui a promu les secrétaires exécutifs qui ont désormais le pouvoir d’ordonnateur de budget et de nomination aux emplois autrefois dévolus aux Maires. Je crois que l’évaluation de cette réforme nous permettra de savoir si nous sommes sur la bonne voie.

Depuis quelque temps, grâce aux réformes sur  la décentralisation, il n’y a plus de scandales dans les mairies 

C’est trop tôt de le faire croire. Mais c’est le souhait de tous. La stabilité pour une bonne gouvernance  au service du développement local. Ce qui est sûr, il y a moins de velléités de destitution de Maires. Parce que la sécurité est désormais à triple tours pour les Maires : il faut d’abord réunir le quorum nécessaire au conseil communal (premier tour), obtenir l’approbation du préfet(second tour) et maintenant s’assurer d’être désigné par le chef du parti majoritaire quand la destitution sera faite (troisième tour). C’est dissuasif !

La cellule de suivi des réformes au niveau de la décentralisation a présenté un bilan largement positif, il y a quelque temps ?

C’est tant mieux !

Mais les cadres de la cellule de suivi ne remplacent pas dans les mairies ceux qui gouvernent. Ils sont juste des conseillers et non des opérationnels. Espérons que ce bilan dont vous parlez ne cache pas des bévues qu’on aura à découvrir plus tard.

Face à ce tableau sombre que vous venez de décrire à propos de la gouvernance Talon, qu’est-ce qui empêche l’union sacrée de l’opposition ?

Est-ce que c’est trop tard ?  Je ne le crois pas. Nous sommes encore à un peu moins de deux ans de 2026. Les bonnes choses viennent au dernier moment. A quelle échéance vous avez vu une opposition s’organiser plus tôt et gagner l’élection présidentielle. L’Union Fait la Nation s’est organisée plus tôt avant l’échéance de l’élection présidentielle de 2011 mais le candidat Adrien HOUNGBEDJI avait perdu l’élection dès le premier tour.

Ce qu’on observe est que lorsque la révision de la constitution a échoué, vous avez applaudi des deux mains. Mais quand vos propositions n’ont pas prospéré au niveau du code électoral, vous avez crié au scandale

Si vous aviez bien suivi tout ce que j’ai décrit tantôt comme des manœuvres d’exclusion à travers la relecture du code, vous auriez constaté par vous-même  que ce code électoral est un facteur d’exclusion. C’est heureux que toute la classe politique soit d’accord pour la relecture du code électoral. Mais c’est malheureux que quelques-uns se mettent ensemble pour traduire leur volonté en texte au grand dam du reste. Je vais vous donner un exemple sur le code. Aux dernières élections législatives, la CENA étant monocolore, il n’y a eu que des représentants désignés dans le camp majoritaire comme coordonnateurs d’arrondissements et agents électoraux. Le Président Patrice TALON avait promis en tenir compte quand les leaders du parti LD lui avaient posé le problème à leur rencontre. Moi, je m’attendais dans la relecture  que cela soit corrigé. Mieux, le PrésidentNourénouAtchadé a proposé qu’on mette en place une commission d’arrondissement, pour que cela ne soit plus une seule personne par arrondissement qui tienne  tous les dossiers électoraux de cet arrondissement. Mais les députés de la majorité présidentielle n’ont pas cru devoir tenir compte de ces réalités. Ce qui les intéresse, ce sont les mécanismes à mettre en place pour empêcher la compétition en 2026 et plonger le pays dans une crise électorale.

Votre mot de fin !

Je voudrais vous remercier de votre invitation et vous dire tous mes encouragements pour ce que vous faites pour la grandeur de notre démocratie et le respect de la liberté d’expression dans un contexte de séparation des pouvoirs.

Je prierais le Président Patrice TALON à prendre la mesure de sa responsabilité en ce qui concerne la préservation de la paix dans notre pays. Notre pays a vécu des périodes sombres sous son règne alors qu’on les croyait derrière nous  depuis la conférence nationale : le sang a coulé en 2019, le sang a coulé en 2021 et des morts ont été enregistrées parmi nos compatriotes qui défendaient la démocratie et les droits de l’Homme !

Sans doute que le président de la République  a une  vision pour notre pays. Mais il ne saurait la porter seul. Il a besoin de  partager cette visionavec l’ensemble du peuple avant de  l’implémenter pour le bonheur de tous. Cela ne devrait pas se faire à la force des bras.

Pour avoir été l’un des principaux bénéficiaires de la démocratie béninoise,  le Président Patrice TALON pourrait en tenir  compte pour aller à un dialogue national, gage de la paix et de la stabilité.En tout état de cause, sur le chemin de compromission des principes démocratiques ou d’actes attentatoires aux droits de l’Homme, il se trouvera toujours des citoyens pour s’insurger quoi que cela coûte. C’est pourquoi, il est toujours recommandé de nos jours dans les démocraties fragiles comme celles des pays ouest-africains, de privilégier le compromis politique, le consensus national dans certains contextes plutôt que de se prévaloir d’une majorité mécanique au parlement.

Le Président Patrice TALON peut prendre exemple sur ce qui s’est passé au Sénégal.

Dieu Inspire et Eclaire le Président de la République dans sa gouvernance !

Je vous remercie.

ETAT CIVIL :

Docteur Erasme Raoul Glessougbéjuriste et Manager des organisations, consultant et expert en gouvernance et démocratie. Il a été assistant exécutif au département des affaires politiques, paix et sécurité de la CEDEAO.Originaire d’Abomey, il a obtenu l’essentiel de ses diplômes au Bénin et en France. Ainsi, il fait son Bac série D au Lycée Houffon d’Abomey On était en 1994. Il obtient une maitrise en droit des affaires et carrières judiciaires en 1998 et soutient sa thèse de doctorat en droit privé. Entre-temps, Erasme Raoul Glessougbé est passé par le cycle 2 de l’Ecole nationale d’administration du Bénin où il a obtenu son diplôme de Management des services publics et par l’Ecole nationale d’administration de Paris en France.  Secrétaire général de la mairie d’Abomey-Calavi de 2013 à 2016, il est consultant de plusieurs organismes. De la politique, on peut retenir qu’il en a une vision bien précise et estime qu’elle doit être au service du développement et de la justice sociale. Membre du parti Les Démocrates, il a été candidat tête de liste aux législatives de janvier 2023 dans la 23ème circonscription électorale (Abomey, Bohicon, Agbangnizoun et Djidja). Même s’il ne fut pas officiellement élu, il garde de cette expérience de précieuses leçons pour la suite de sa carrière politique. 

INTIMITE

Marié et père de trois enfants, Raoul Gléssougbé garde étonnamment la ligne. Il pratique du sport tous les jours presque. Si vous l’invitez à table, il préfère les mets de chez lui : sauce légumes avec pour accompagnement la pâte ou du haricot arrosé de bon vin.

Comme distraction il aime la piscine, les petites fêtes amicales avec de bonne musique.

Expérience TEBE, président du MPL, invité de Sous l’arbre à Palabres: « Le secteur de l’éducation est une catastrophe »

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Le nouvel invité de la rubrique «Sous l’Arbre à Palabre » de l’Evènement Précis est le président du parti de l’opposition  Mouvement Populaire de Libération (MPL), Expérience TEBE.  Face aux journalistes, l’acteur politique a réagi sur plusieurs sujets d’actualité dont la proposition de loi portant révision de la constitution, récemment introduite au parlement par le l’Honorable Assan SEIBOU, président du groupe parlementaire BR. Selon lui, il faut éviter de réviser la constitution chaque saison au risque de perdre la crédibilité du Bénin. Pour l’opposant Expérience TEBE, il y a plus urgent que la révision de la constitution. « Pour nous au MPL, c’est qu’on a autre chose à faire. Il ne faut pas occuper le peuple avec des histoires qui ne valent pas la peine », dit-il. Chiffres à l’appui, il évoque, entre autres, le système éducatif béninois, qui pour lui,  est aujourd’hui dans une « situation catastrophique sur plusieurs plans », depuis le niveau supérieur jusque dans les enseignements à la base. Expérience TEBE a, par ailleurs, dévoilé « plusieurs promesses non encore tenues » par le gouvernement dans son PAG 2 et l’invite à s’y atteler plutôt que  de s’acharner sur des questions dont  la révision de la constitution.

Vous aviez probablement suivi, il y a peu,la conférence de presse du Chef de l’Etat qui a dit qu’il n’est pas pour la révision de la constitution. Quelle analyse faites-vous de cette intervention ?

A travers cette intervention, nous retenons une seule chose au niveau de l’opposition. Il a fini par rebrousser chemin de cette envie pressante de réviser la constitution. C’est ce que nous au MPL, nous retenons. Et c’est ce que le peuple également nous demande à nous tous, que ce soit de l’opposition ou de la mouvance. Ceci dit, est-ce que, ce n’est que son envie ou son vœu ? Est-ce que c’est le vœu également de ses partisans ? Comme vous l’avez suivi le long de ce feuilleton maintenant, je vais dire. Tantôt c’est une entreprise personnelle d’un député de la mouvance, tantôt c’est des signes qui montrent que le Chef de l’Etat lui-même est informé et accompagne l’initiative. Donc, est-ce que finalement, son envie personnelle de mettre fin à ce feuilleton est celle également de ses partisans. Nous attendons de voir. Comme nous l’avons dit pour attester ce vœu de mettre fin à ce feuilleton, en principe l’initiateur de cette révision, l’honorable AssanSeibou devrait simplement retirer sa proposition de loi les jours à venir. Nous attendons de voir.

Le président a clairement dit qu’il n’est demandeur de rien. Et pourquoi vous dites qu’il renonce ?

Si je devrais revenir sur les propos de l’Honorable AssanSéibou, l’initiateur de cette proposition de loi, il a dit qu’il a pris l’avis du Chef de l’Etat avant de faire sa proposition. Et que le Chef de l’Etat lui aurait également confié ses désirs ou ses amendements. C’est ce que je disais tantôt dans ma réponse. Il est difficile dans ce feuilleton de dire qui a l’initiative de cette proposition pour répondre aux corrections que la Cour constitutionnelle a demandé au niveau du code électoral. C’est pour ça que je dis l’undans l’autre, pour nous, sa position lors de cet entretien qui stipule clairement qu’il n’est demandeur de rien, qu’il ne veut plus qu’on modifie une virgule de la constitution, devrait devenir effective avec ce retrait de la proposition de l’honorable AssanSeibou.

Le président AssanSeiboua clairement réaffirmé que la proposition est son initiative personnelle et que le Chef de l’Etat lui a dit également qu’il n’est demandeur de rien. C’est en s’inspirant de ses prérogatives qu’il fait la proposition pour corriger les erreurs et pour permettre aux députés actuels d’avoir le droit de parrainage. Il dit qu’il ne va pas retirer sa proposition.

C’est un élément nouveau. Le Chef de l’Etat dit qu’il n’est pas demandeur de cette révision. Le peuple entier, les acteurs de l’opposition, la société civile ont également d’une manière oud’une autre, manifesté clairement leurs désaccords à vouloir toucher la loi fondamentale de notre pays après la révision de novembre 2019 avant que nous puissions essayer une fois les éléments contenus dans cette révision. Si aujourd’hui, si une partie de la majorité présidentielle portée par l’honorable AssanSeibou, pense que les corrections demandées par la Cour ou dumoins les dysfonctionnements et les dichotomies au niveau des chevauchements de date par rapport aux parrainages, s’il pense que c’est en allant retoucher la loi fondamentale qu’il faut apporter des corrections, nous au niveau de l’opposition, nous pensons que nous pouvons corriger ces dispositions sans aller toucher à la constitution.

Vous pensez que les raisons évoquées par AssanSéibou ne sont pas pertinentes ?

Le problème ne se situe pas au niveau de la pertinence des raisons. C’est son point de vue, c’est ce qu’il pense et ce que son groupe a apporté comme correction aux problèmes soulevés. Mais, nous compte tenu de plusieurs autres paramètres …

Quels sont ces paramètres-là ?

Les paramètres, c’est les précédents. C’est ne pas ouvrir la boîte à pandore. C’est le risque de ne pas prendre le Bénin au sérieux en allant réviser sa constitution chaque saison.

Mais le Chef de l’Etat a mis que de sa vie, plus personne ne peut faire plus de deux mandats.

En ce qui nous concerne au Mouvement Populaire de Libération, cette question est évacuée. Qu’on touche, qu’on retouche ou qu’on ne touche pas à la constitution, en l’état actuel, il n’est plus possible au Chef de l’Etat de briguer un troisième mandat. Donc, ce n’est pas nous, notre inquiétude majeure. Pas du tout. Ce n’est pas notre crainte. Ce n’est pas la crainte du troisième mandat. Ce n’est pas la première préoccupation. La première préoccupation pour nous au MPL, c’est qu’on a autre chose à faire. Il ne faut pas occuper le peuple avec des histoires qui ne valent pas la peine. Aujourd’hui, le peuple a d’autres préoccupations beaucoup plus importantes et le gouvernement également.

Qu’est-ce que vous proposez ?

Nos propositions ont été synthétisées dans le mémorandum que les députés de l’opposition, en l’occurrence les députés du parti Les Démocrates, présenteront.

En deux mots, c’est quoi votre proposition ?

Ce que nous avions proposé. D’abord, nous avions des griefs contre le code électoral qui était là, où nous avons observé que notre démocratie de plus en plus devient censitaire. C’est-à-dire, c’est le milieu où c’est uniquement ceux qui ont l’argent qui peuvent exister. Nous avons proposé de retoucher au seuil des cautions. Egalement au niveau du seuil de représentativité, la question des 10%. Nous avons estimé que c’est une manière non commode d’éliminer des gens ; surtout conduire au choix des représentants du peuple qui ne sont pas dans certaines localités, ceux voulus par le peuple. Pour être plus concret, c’est à dire pour les élections locales, on a connu la dernière fois à Porto-Novo, les citoyens porter leur vote sur une liste parce qu’ils veulent un citoyen X. Finalement, parce que cette liste n’a pas réuni 10% à l’échelle nationale, l’arsenal juridique leur impose un élu qui n’est pas celui qu’ils ont voulu. Et cela pose des problèmes au niveau de la gestion des collectivités locales. La conséquenceest qu’on retrouve des élus qui ne sont pas le vœu des citoyens de cette localité. D’où la question des 10% et nous avons proposé donc d’abaisser le taux de 10%.

Aussi, sur la question du parrainage, nous avons estimé qu’en jouant sur le délai du dépôt des candidatures pour la présidentielle, on pourrait permettre aux élus actuels comme l’a souhaité la Cour constitutionnelle de parrainer les prochains candidats à la présidentielle. Cette position nous l’avons notée au niveau de certains grands juristes de la majorité présidentielle. Il est possible de nous entendre de faire des réajustements au niveau du code électoral et aller faire les élections en toute quiétude et de façon paisible.

Comment se porte le Mpl?

Le parti MPL se porte bien. J’ai eu l’occasion de répondre à plusieurs reprises à cette préoccupation de vos collègues. Parce qu’après les dernières législatives, il y a eu une crise interne qui a secoué le parti. Mais aujourd’hui cette crise est derrière nous. Pour revenir au niveau même du parti, nous avons, comme toute organisation politique, connu de crise. Lorsque le leader tient à la rigueur, parce que sans rigueur on ne peut pas avancer,il n’est pas compris de tout le monde. Lorsqu’il y a des gens qui ne sont pas pour le respect des textes qu’on s’est librement donné, nous observons cette situation qu’a connue également le MPL comme d’autres partis de l’échiquier politique. Après ces difficultés, les choses sont revenues à la normale. Aujourd’hui le parti s’évertue à renforcer ses bases en tirant leçon de toutes les difficultés que nous avons connues de notre participation aux élections législatives. Nous nous préparons avec abnégation, pour corriger les imperfections que nous avons connues, les zones dans lesquelles nous devronsaméliorer notre assise, les difficultés d’organisation au niveau de nos structures. C’est ce à quoi nous nous attelons en ce moment pour viser 2026 qui est si loin et si proche.

Avec la division constatée au niveau de l’opposition, pensez-vous pouvoir gagner en rangs dispersés contre le régime actuel?

Pourquoi l’absence d’un parti de l’opposition vous fait penser à une division ? Non, l’opposition n’est pas divisée. Dans toutes les organisations et surtout en politique, les choses ne sont pas linéaires.

La rencontre de Golden Tulip s’est tenue dans un contexte où l’opposition est en train de mettre en place un cadre de concertation en vue d’harmoniser et de mieux s’organiser pour donner à chaque fois à l’avenir une réponse unique aux problèmes que connaît notre pays et aux problèmes de nos concitoyens. C’est l’objectif. C’est une première rencontre intervenue alors que ce cadre de concertation n’est pas encore totalement mis en place. Donc c’est ce qui certainement a fait que nous avons observé que tout le monde n’était pas présent. Au demeurant moi je ne suis pas président des Démocrates qui était à l’initiative de la rencontre et qui est aujourd’hui chef de file de l’opposition. Moi je suis le président du MPL.

Nous au MPL, compte tenu de notre relative jeunesse, nous n’avons pas a priori des problèmes de collaboration avec n’importe quel parti évoluant sur l’échiquier politique. Nous pensons que seul, nous ne pouvons pas grand-chose mais c’est ensemble qu’il faut faire le combat. Il est vrai qu’aujourd’hui beaucoup pensent que les politiques publiques doivent tenir compte de l’avis de la jeunesse parce que c’est la plus importante masse dans notre pays et également dans le monde. Donc la voix de la jeunesse est prépondérante dans l’élaboration des politiques publiques qui sont mises en œuvre. Ainsi, si nous nous représentons, d’abord nous sommes des jeunes pour la plupart dans nosinstancesdirigeantes. Si nous souhaitons nous faire entendre et grandir, nous avons le devoir d’entretenir de bonnes relations avec toutes les formations politiques. L’autre chose que vous ne savez peut être pasaussi est qu’aux débuts de l’organisation del’opposition contre le régime de la rupture dans notre pays, il y a eu des acteurs comme moi qui étions à l’initiative des prémices. Donc aujourd’hui, tous les acteurs de l’opposition qui se retrouvent au niveau des Démocrates, sont des camarades avec qui nous avons démarré cette lutte dans un autre cadre. Par la suite, il y a eu des points de vue divergents sur certaines questions. C’est pour cela que le Mpl a vu le jour avant les Démocrates. Dès lors, nous avons toujours eu de bonnes relations et à chaque fois nous avons des concertations continues sur des sujets de préoccupation communes pour notre pays.

Après plus de 8ans de gestion sous la gouvernance du président Talon, qu’avez-vousretenucommepoints positifs?

C’est ce qui nous différencie aussi. Nous nous efforçons de dire les choses telles qu’elles sont, même si cela ne va pas plaire à tout le monde. Parce que ce concept d’opposition radicale ou d’opposition modérée, est vite fait d’être collé à certains points de vue. Une gouvernance ne peut pas avoir que des points noirs. Il y a des choses positives qui sont faites dans le pays. Au nombre de celles-là, je peux dire que la capitale économique a connu un toilettage et un visage nouveau. Nous avons quelques belles routes qui sont faites. C’est le fruit des efforts de tous nos concitoyens qui sont en train d’être pressurés depuis 8 ans pour contribuer à toutes ces réalisations. La dématérialisation des services publics en cours également est à saluer.

Au niveau de la sécurité, il y a beaucoup à dire. Il y a eu un relatif progrès observé dans un sens. Mais dans l’autre, vous avez vu la montée des groupes djihadistes dans la partie septentrionale du pays et qui secoue nos populations. Tout ce que vivent les populations en termes d’insécurité n’est pas relayé. Nous, étant en contact avec les populations, nous entendons beaucoup de choses que nous ne voyons pas relayées dans les médias.

Les choses négatives, il y en a beaucoup. Je peux dire que c’est ce qui fait la balance. Et c’est pour cela qu’au lieu de nous accrocher à des problèmes comme la révision de la constitution, le gouvernement de la Rupture ferait mieux de repartir voir son PAG pour essayer de nous réaliser toutes ses promesses qui ont été faites. Et nous nous situons aujourd’hui à deux ans de la fin du mandat. Visiblement, quand on parcourt on constate qu’ils sont loin du bout du compte. Le PAG 2 qui couvre la période 2021-2026, a été organisé en trois piliers. Si je prends le premier pilier qui est renforcement de la démocratie, état de droit et gouvernance, le premier point cité est le renforcement de l’unité nationale. Pensez-vous qu’à deux ans de la fin du régime de la Rupture, le président Talon a réussi à unifier le pays? Non, nous pensons que ce n’est pas encore ça. Egalement dans ce premier pilier, il y a un certain nombre de réformes et projets qui ont été annoncés. Si je prends sur le plan des réformes, la mise en place d’un mécanisme de protection, de soutien et d’accompagnement moral psychologique et social des agents de sécurité. Alors cette réforme, pensez-vous que s’il y à quelques jours on assiste à la mise à la retraite d’office de plus de mille agents de sécurité, pensez-vous qu’on est en train de penser à l’accompagnement, au soutien moral, psychologique et social des agents de sécurité ? Pensez-vous que la prise d’une telle mesure est de nature à renforcer le moral des troupes et des agents de sécurité encore en exercice, à donner le meilleur d’eux?

C’est une question que nous nous posons aussi

En termes de projets également, ils ont parlé de la construction et équipement des infrastructures de secours. En avez-vous déjà vu, une infrastructure du genre? Nous, non. Également, on a parlé de construction-équipement de douze cités administratives départementales. On n’a pas encore vu la première démarrer. Toujours à deux ans de l’échéance. On a parlé également de la réhabilitation et équipement des préfectures. Nous attendons également le régime de la Rupture sur ces projets.

Au niveau du deuxième pilier, poursuivre la transformation structurelle de l’économie. Et c’est là notre plus grande déception parce qu’au point quatre de ce pilier, on a parlé de la reconstruction de l’école béninoise. Mes chers amis, pour nous, c’est la plus grosse tâche noire du régime de la Rupture parce que le secteur éducation est plongé, je ne dirai pas dans un coma, mais en déliquescence. L’école béninoise se meurt, et à petit feu continue de mourir et nous sommes à deux ans de la fin du mandat. Si vous voulez, je peux aller sur les statistiques.

Allez-y 

Savez-vous que le régime précédent, de 2006 à 2016, d’une manière ou d’une autre, a pratiqué une politique nataliste qui a renforcé le taux des naissances ce qui a accéléré la croissance démographique. Je peux vous citer quelques-unes des mesures : la gratuité de la césarienne, la gratuité de l’école pour les enfants,gratuité des soins contre le paludisme pour les enfants etc. Il y a eu beaucoup de mesures sociales qui ont fait que le taux de natalité a grimpé. Les enfants nés courant 2006, 2007, 2008, aujourd’hui ont dix-huit ans. Cela veut dire qu’ils sont attendus au niveau BAC tout au moins. Le nombre d’inscrits au BAC depuis 2006, avant 2006 jusqu’à 2016-2017 a été en accroissement continu chaque année. Nous sommes passés en 2006 par exemple de42.870 inscrits au BAC à 111.616 en 2016. Savez-vous qu’en dépit des promesses de la Rupture à partir de 2017, ce nombre d’inscrits au BAC a commencé par chuter. De 111.000, nous sommes descendus, à 75.949 l’année dernière.

Comment est-ce que vous expliquez cela ?

J’ai envie de vous renvoyer la question. Alors que nous avons plus de jeunes qu’on a mis à l’école et qu’on devrait attendre au niveau BAC ces années-ci, nous observons chaque année depuis 2017, une baisse du nombre d’inscrits au BAC. Cela veut dire que, le taux de décrochage scolaire a commencé par être élevé. Et ce n’est rien d’autre que le signe de la croissance continue de la pauvreté, le fait que beaucoup de familles ne sont plus en mesure de soutenir leurs enfants à l’école. Vous connaissez les charges qui vont avec. D’ailleurs, un enfant qui commence du cours primaire où on a mis au départ, gratuité, gratuité après dès qu’il vient au collège, les charges commencent par s’élever : se déplacer, se nourrir, les manuels, les TD etc. Si au même moment, les familles ont commencé par avoir plus de difficultés, si beaucoup d’entre les parents ont perdu leur job, si le taux de pauvreté s’est accru et est à plus de 40% depuis 2019, vous convenez avec moi les raisons qui justifient le décrochage scolaire. Et tous ces enfants qui ont abandonné les classes, ils se retrouvent où ? Ils sont dans la rue. C’est eux qui s’adonnent à la cybercriminalité. Le régime de la Rupture ne devrait pas s’étonner de voir plus de jeunes s’adonner à ces pratiques. Mais il devrait plutôt prendre le taureau par les cornes et apporter des solutions à ces enfants. C’est là également que j’en viens à l’une des promesses du régime de la Rupture : la transformation structurelle de l’économie, le pilier 2 du PAG2 qui parle de la construction et de l’équipement de nouveaux centres universitaires. Vous savez que lorsque le régime de la Rupture s’est installé en 2016, l’une des premières décisions était de fermer les centres universitaires qui étaient là. Ces centres universitaires, j’ai été un acteur de la mise en œuvre de ce projet par le passé. A l’époque, nous avions trouvé totalement aberrant de fermer ces centres qui comptaient déjà de milliers d’étudiants. Alors si au début du deuxième quinquennat, ils ont trouvé qu’il fallait en construire c’est une bonne chose. Mais jusqu’à ce jour, pas un seul nouveau centre encore.

Vous êtes sûr de ce que vous dites ?

Oui, je voudrais que vous puissiez me démentir. Il n’y a pas de nouveaux centres universitaires. Mais ce n’est pas que ça, ils ont promis également le renforcement des infrastructures sociales. Je suis également l’un des principaux acteurs de la construction des résidences universitaires. Depuis 2016 où le régime de la Rupture s’est installé, il n’y a pas eu un seul nouveau lit en plus de ce qu’il y avait alors que huit ans après, vous convenez avec moi que les infrastructures ont vieilli et le besoin s’est accru. On devrait remarquer que la capacité d’accueil de ces universités au niveau des résidences a diminué.

Le chef de l’Etata estimé qu’il y a de nouvelles bourses qui ont été accordées, les allocations universitaires qui ont augmenté

Non, non, non ! Je veux en venir là également. On nous a promis également la couverture des besoins en infrastructures et équipements des universités nationales du Bénin. Vous avez vu les conditions dans lesquelles nos universités publiques sont en ce moment ? La qualité de l’enseignement, la capacité d’accueil ?Également, dans la principale université, celle d’Abomey-Calavi, il n’est même pas possible d’avoir internet à tous les coins de l’université à la date d’aujourd’hui. Ça, je veux que vous puissiez me démentir, c’est des choses concrètes que je vous apporte. On ne peut pas être à ce niveau et s’autosatisfaire comme le Chef de l’Etat l’a laissé entendre dans son discours sur l’état de la nation en décembre et qu’aujourd’hui, ce soit la question de la révision qui occupe l’actualité. Je voudrais comme un autre acteur, non pas des moindres de la mouvance l’a dit la semaine dernière :« Il y a mieux à faire que de s’occuper à parler de la révision de la constitution. »Le Bénin a besoin d’être remis au travail. On doit réconcilier notre nation avec le travail, l’effort et la récompense.

Visiblement, vous êtes choqué du dédain du Chef de l’Etat pour les universités

C’est plus qu’un choc. Moi je me place simplement au niveau des promesses et au niveau des résultats à deux ans de la fin.

Vous avez probablement étudié dans les années 90-2000. Quand vous regardez un peu le nombre d’enseignants qu’il y a par rapport au nombre d’étudiants aujourd’hui sur le campus, quelle est votre réflexion à ce niveau ?

La catastrophe continue et on ne peut pas espérer aller au développement sans apporter des réponses justes ou concrètes, en adéquation avec les problèmes de l’heure au niveau des universités. Au niveau de la formation, si on n’essaye pas d’apporter une réponse juste au niveau de l’éducation en adéquation avec les besoins de notre pays et on laisse le secteur aller à vau-l’eau… Aujourd’hui, même au niveau du primaire, nous avons encore des écoles où les enfants sont assis à même le sol. A chaque rentrée, c’est des sollicitations que nous recevons de venir à leur faire des dons de tables-bancs, de venir construire des salles de classe. Nous essayons d’en faire, on ne peut pas couvrir les besoins.

Des écoles où des enfants sont encore assis par terre ?

Dans nos universités, des étudiants continuent de s’asseoir sur des briques, de rester aux portes et des fenêtres pour suivre les cours.

De nombreux docteurs demandent à être recrutés 

J’essaye de poser ainsi leur problème ici. Vous me donnez l’occasion de poser leur problème. Je dis, je répète :le secteur de l’éducation est une catastrophe à laquelle, il urge d’apporter, aujourd’hui, des réponses urgentes, au lieu de s’occuper à autre chose. C’est ce que les populations nous reprochent. On constate que les acteurs politiques à chaque saison, il est plus facile pour eux de se voir, de commencer par parler des problèmes qui les intéressent c’est-à-dire des problèmes des élections, de code, des lois. Et les préoccupations quotidiennes, la souffrance des populations, les problèmes des enfants à se scolariser, à recevoir l’enseignement sont relégués au second plan. Les problèmes quotidiens, la souffrance quotidienne de nos populations n’ont jamais été une préoccupation majeure qui puisse réunir ces acteurs politiques. Nous au niveau du MPL, ça fait pratiquement un an que nous avons saisi le chef de l’Etat aux fins de le rencontrer pour lui faire des propositions concrètes sur l’ensemble de ces thématiques dont je suis en train de vous parler mais nous n’avons pas encore pu le rencontrer. Nous espérons que d’ici a là cela se fera.C’est ce que nous regrettons. C’est ce que nous voulons qu’il soit revu dans notre pays.

Alors vous évoquiez tantôt la pauvreté, l’appauvrissement des populations comme vous le dénonciez régulièrement. Dans le même temps, on a des informations qui nous laissent croire que notre économie se porte de mieux en mieux avec les succès qui se succèdent. Au niveau des institutions internationales, on estime que tout va bien. Alors, comment expliquer ce contraste selon vous ?

Je veux vous dire d’abord ceci. L’augmentation de la croissance économique peut souvent être le résultat de politiques favorables à l’investissement et à la productivité, ce qui peut créer des emplois et générer des revenus accrus. Cependant si cette croissance n’est pas distribuée de façon équitable, cela n’entrainera pas la réduction de la pauvreté ou du moins, l’amélioration des conditions de vie des concitoyens ; si le résultat de cette croissance est concentré dans les mains d’une élite et les politiques sociales, ne tiennent pas compte d’une meilleure répartition des fruits de cette croissance, le pays va noter un accroissement de la pauvreté. Le pays va noter qu’il y a moins d’emplois qui se créent et que c’est une petite partie qui s’est enrichie.

Et même à ce niveau, je voulais attirer votre attention sur quelque chose. Dans le cadre macroéconomique, suivant les projections qui sont faites dans le PAG 2, nous sommes en 2024 et parlant de ces promesses de croissance, en 2023 nous devrions être à 7,8% et en 2024, 8,5%. A l’arrivée, en 2023, nous avons pu réaliser un taux de 5,5% de croissance. Et en 2024, le Fmi est optimiste et pense que nous devons aller à 6,3%. Ça veut dire qu’il reste beaucoup de travail à faire. Les fruits n’ont pas encore tenu la promesse des fleurs et il reste au régime de la Rupture qui est à 2 ans de la fin de son mandat, alors qu’ils nous ont promis qu’en 2026, on aurait une croissance à deux chiffres (au moins 10%). Il leur reste donc beaucoup à faire pour combler les espoirs de nos populations.

La situation sous régionale, la Guerre entre la Russie et l’Ukraine, les effets du djihadisme qui frappe à la porte. Cela n’est-il pas dû à ces contingences-là ?

Peut-être que oui. Mais est-ce que les contingences ont frappé uniquement le Bénin au point où, ce soient seuls nous qui payions le prix le plus cher de ces aléas ? Selon toujours les données du Fmi, nous ne sommes pas les derniers,certedans la Cedeao au niveau du PIB. On est au 9e rang. Il y a les pays comme le Burkina Faso, le Niger et le Togo qui nous dépassent.C’est pour dire que nous n’avons pas de raison de nous autosatisfaire. Et qu’il reste beaucoup à faire au régime de la Rupture qui en a fait la promesse dans son PAG. Ils doivent mettre les deux ans qui leur restent à profit pour travailler plutôt que de se cramponner à la politique politicienne et de s’accrocher à la question de la révision de la constitution, chose qui occupe tous les espaces en ce moment.

Bientôt la répression pour le port du casque…

Cette décision est ce que nous observons parfois à regret au niveau de l’actuel régime. Cette mesure, le régime précédent a tenté de la mettre en œuvre. Très tôt, il a constaté son inapplicabilité. Regardez le nombre de personnes qui se déplacent avec les taxis moto (les zémidjans). Aujourd’hui, on veut étendre le port du casque à celui qui est remorqué derrière. Pensez-vous qu’avec le nombre de personnes qu’un taxi moto prend, il faut un casque pour chaque client ? ou bien faut-il que chaque personne qui veut prendre le zemidjan sorte de la maison avec un casque ? Je pense que c’est un imbroglio qui est en gestation et que le régime devrait aller chercher à régler son problème ailleurs.

Mais le casque protège tout porteur en cas d’accident…

Savez-vous que le Bénin fait partie despays au monde où le transport en commun est le moins organisé ? Et que lorsque l’Etat qui doit organiser la mobilité urbaine ne fait rien,ni pour encourager,ni pour promouvoir les transports en commun, les citoyens sont obligés de se débrouiller comme ils peuvent. Ce qui fait que tout le monde va acquérir une moto pour pouvoir se déplacer. En plus avec les conditions d’extrême pauvreté pour la majorité de nos populations, pensez-vous que c’est le moment idéal      pour édicter et mettre en œuvre ces règles-là ? Nous, nous pensons que non. Si effectivement les accidents de la route créent (ce qui est regrettable) beaucoup de problèmes, pour les régler, il faut aller attaquer le mal à la racine. Combien de tous ces jeunes qui prennent les motos ont reçu une éducation en matière de sécurité routière ? Combien ont un permis de conduire pour moto ? Et que fait le CNSR dans ce sens depuis 8 ans qu’ils sont là ? Moi, à la place du Dg Cnsr, j’aurais milité pour qu’on introduise dans les programmes scolaires des cours d’éducation à la sécurité routière. Parce qu’après le BEPC, beaucoup de parents mettent des motos à la disposition de leurs enfants. Ces jeunes n’ont jamais idée de ce qu’est le règlement en termes de sécurité routière. Ils ne savent même pas qu’il faut avoir un permis pour pouvoir un engin à deux roues.

Tirant leçon du drame survenu à Dassa en janvier 2023, le gouvernement entreprend de faire une lutte féroce contre la limitation des vitesses…

Je pense que pour la sécurité routière, on doit pouvoir respecter les règles et les normes en la matière. Sauf qu’il y a des situations qui nous paraissent extraordinaires dans notre pays. Quand je prends le boulevard de la Marina qui vient d’être ouvert à la circulation, on limite la vitesse à moins de 50, c’est-à-dire au plus 49km/h.Et au lieu d’informer les citoyens, la police républicaine se transforme en djihadiste et préfère aller à la répression en allant dissimuler les radars dans les fleurs pour arrêter les usagers et appliquer des contraventions. Au lieu que le citoyen prenne cela comme une envie de faire respecter les règles, il le prendra comme un moyen d’abus de répression pour pouvoir l’arnaquer. Si la répression de la limitation d’excès de vitesse doit s’opérer dans un tel esprit, vous conviendrez avec moi que ce n’est pas bien.

Que pensez-vous qu’il faut corriger ?

Il faut communiquer. Il faut sensibiliser. Les citoyens ne sont pas des animaux. Ils sont des êtres humains qui sont sensibles lorsqu’on essaie de leur expliquer et lorsqu’ils voient leur intérêt dans l’application d’une règlementation, l’Etat fera moins d’effort pour atteindre le résultat.

Depuis quelques semaines, il y a des fonctionnaires de l’armée, de la police républicaine, des eaux et forêtet de la douane qui ont été mis à la retraite d’office. Que dites-vous de ça ?

Non pas simplement pour critiquerla mesure, mais pour demander des explications au gouvernement. Et ceci, parce que, comme les intéressés, comme nous, le peuple béninois veut savoir de quoi cela retourne. Les premières informations que nous avons reçues, pour avoir écouté certains qui étaient dans le cas, ils nous ont informé que c’est à leur arrivée au bureau un matin, qu’on leur remet une note les mettant à la retraite. A notre question de savoir qu’est ce qui justifie cette mesure, est-ce qu’il y a eu des actes posés par eux ayant conduit à cela, ils ont réponduque rien, qu’il n’y avait aucun préalable. Eux-mêmes ne sont pas informés des mobiles qui ont conduit à cela. Et c’est ce qui nous a motivés à demander des explications au gouvernement. Le Chef de l’Etat, a essayé lors de sa dernière sortie, d’apporter des explications.

Et il vous a convaincu ?

 Non. Parce que certaines questions restent posées. Si la pyramide au niveau des agents de force de sécurité et de défense aujourd’hui, telle qu’elle se présente, nécessite des corrections pour améliorer leur efficacité, quelles sont les raisons, du moins, les critères qui ont conduit au choix de ces derniers ? Etaient-ils informés de la démarche ? Comment est-ce qu’on a conduit le processus à désigner ceux-là ? Ce qui parait un peu paradoxal, si le ministre de l’intérieurcontinue de nous préciser que chaque année, on recrute 1000 à 2000 agents de police, comme nous en avons vu ces derniers mois, comment cela s’explique qu’on a beaucoup de jeunes qui viennent et qui ont besoin d’être encadrés et formés par les aînés et au même moment, on trouve qu’il y en a quine sont plus aptes et qui n’ont plus rienà faire et qu’il faut les mettre à la retraite sans préavis ? Notre problème n’est même pas encore de critiquer la loi, mais l’application de cette loi. Les lois sont adoptées pour améliorer les conditions de vie dans un pays.

Le Chef de l’Etat a informé de ce que ceux qui sont mis à la retraite d’office auront deux ans de leur salaire entier ?

 Mais écoutez, si l’Etat a les moyens de payer des fonctionnaires qui sont à la maison, c’est-à-dire, en plus de leur pension, de compléter des allocations, je pense qu’on ferait mieux de les laisser aller travailler, parce que surtout au niveau de la sécurité, nous avons besoin de renforcer les ressources humaines, pour qu’ils puissentmieux s’adonner à leur mission pour assurer la sécurité de nos concitoyens. Ce n’est pas en les traitant de la sorte, en les mettant à une retraite d’office et en améliorant leurs primes de retraite sur deux ans que nous allons doper le moral de ceux qui restent pour qu’ils puissent mieux travailler. Je pense qu’à ceniveau, des inquiétudes persistent. Nous sommes encore sceptiques parrapport à l’efficacité de cette mesure que le gouvernement est en train de mettre en place.

En 2026, leBénin connaîtra ses premières élections générales, à savoir, communales, législatives et présidentielles. Comment votre parti s’y prépare-t-il ?

Le parti MPL s’y prépare activement. Une fois encore, nous serons de la partie. Vous savez, notre population aujourd’hui est constituée à plus de 75% de jeunes de moins de 25 ans. Et on ne peut pas mettre en œuvre des politiques publiques pour régler leurs préoccupations sans tenir compte d’eux, sans les écouter, sans qu’ils ne participent à leur élaboration.C’est pour cela que nous avons, depuis que notre parti a été créé, comme objectif premier, non seulement d’animer la vie politique, mais ausside nous efforcer de nous faire représenter. C’est ainsi qu’après les premières heures de notre création, nous avons tenté de participer aux élections communales et municipales de 2020. Et quand j’ai pris la présidence du parti en juillet 2021, la première promesse que j’ai faite et également au regard des recommandations faites par le congrès, c’était de faire tout possible pour acter laparticipation du parti aux élections législativesà venir. Ainsi, avec le soutien des camarades, nous avons réussi le pari des législatives de 2023. Malheureusement, nous n’avons pas pu obtenir des résultats à la hauteur de nos espérances. Nous allons tenir compte de nos faiblesses et de nos échecs et 2026 doit pouvoir être pour nous un rendez-vous de la jeunesse avec les élections générales en vue. C’est pour cela que nous nous y préparons activement.

Aurez-vous un candidat pour l’élection présidentielle en 2026 ?

Nous sommes encore loin de cette échéance, si loin et si près à la fois. Et avant de pouvoir avoir un candidat à la présidentielle, il faut s’assurer d’obtenir les parrainages nécessaires. Et avant d’avoir les parrains, il faut participer avec succès aux élections législatives et communales. Nous sommes donc loin de ça. Toujours est-il que l’ambition d’un parti qui vit et qui se bat sur l’échiquier politique national, c’est de participer à toutes les élections.

Quels sont les acquis réalisés par le MPL depuis qu’il est dirigé par Expérience TEBE ?

Ah Oui. Nous avons eu effectivement beaucoup d’acquis au nombre desquels celui que je viens de vous parler, à savoir notre participationaux dernières législatives. Nous avons pour la première fois pu participer à une élection organisée sous la Rupture. Je peux dire que c’est un grand acquis, car cela nous a permis de mesurer nos forces et nos faiblesses. Ça nous a permis de mieux maîtriser l’appareil électoral. Je dois vous dire que participer aux élections relève de beaucoup de spécificités dans la théorie que nous savons. Avoir des électeurs acquis à sa cause n’est pas synonyme de gagner une élection. Cela veut dire que je peux être en concurrence avec vous, être le plus populaire, le plus soutenu par les citoyens et finalement perdre parce que je n’ai pasréussi à amener mes sympathisants à aller voter pour moi. Alors que vous, le peu que vous avez, vous avez l’expertise et le mécanisme qu’il faut pour les amener à aller voter.

Sous ma présidence nous sommes le premier parti à concevoir un site internet à partir duquel les militants peuvent faire également leur adhésion en ligne. Nous poursuivent dès lors la modernisation du parti dans son fonctionnement.

Votre mot de la fin ?

Je voudrais féliciter la résilience du peuple béninois en face des difficultés quotidiennes qu’il continue de traverser avec foi et espérance. Parce que lorsque je vois la réaction de nos concitoyens en face des débatspolitiques comme la révision de la constitution, je me dis que ce peuple a encore espoir que demain sera meilleur. Il faut que les dirigeants actuels et ceux qui décident à leur place, sachent que le peuple veut qu’on tienne compte de ses aspirations. Le peuple qui a confié un mandat à un pouvoir exécutif depuis 8 ans veut qu’au terme de ce mandat, il y ait alternance et qu’une nouvelle équipe vienne, chargée de plus d’espoir, surtout avec des mesures correctives pour tout ce qui est en train d’être fait pour qu’on puisse assister à un mieux-être. Je vousfélicite également, vous les hommes des médias, qui essayez de survivre au milieu de toutes ces difficultés. Je sais mieux que vous les difficultés que vous vivez. Vraiment je vous félicite et je vous encourage à continuer à garder la flamme allumée. Car, sans vous, nous allons vite sombrer. Mais avec vous, le peuple a espoir que bientôt, il y aura une nouvelle ère qui se lèvera dans notre pays.

Armand AFFOSSOGBE, membre du Bureau politique du BR, invité de l’émission Sous l’arbre à Palabre: « La proposition SEIBOU va nous éviter le blocage en 2026 » 

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  • La proposition de loi va conduire à écourter le mandat du président TALON
  • J’ai la certitude que le Chef de l’Etat va partir en 2026. Je vous le jure, il va partir
  • Je demande à la classe politique de trouver le consensus entre eux pour que nous anticipions sur ce qui peut arriver en 2026

Armand Affossogbé, leader du BR au siège de L’Evènement Précis

L’invité du nouveau  numéro de la rubrique «  Sous l’Arbre à Palabre » de l’Evènement Précis est un acteur politique bien connu. Armand AFFOSSOGBE est coordonnateur BR dans la 23ème circonscription électorale. Membre du Bureau politique du Bloc Républicain, il souligne que la proposition de loi faite par l’Honorable Assan SEIBOU, président du groupe parlementaire BR en vue de réviser la constitution,  constitue une avancée notable en vue d’une bonne organisation des élections de 2026. C’est pourquoi, face à la rédaction de L’Evénement Précis,  il a laissé entendre que la mouvance présidentielle est fortement mobilisée pour obtenir le consensus autour de cette proposition de loi qui évitera tout trouble lors des élections de 2026. Cette proposition priorise l’élection présidentielle en écourtant du coup le mandat du président Talon.

Est-ce que le Bloc Républicain soutient-il la proposition de loi sur la révision de la constitution ?

Je voudrais dire que celui qui a fait la proposition de la loi est un député du Bloc Républicain et président du groupe parlementaire Bloc Républicain. Cela voudra dire que le BR est en phase avec la proposition de loi et nous assumons. Il ne l’a pas fait sans le parti. Il ne l’a pas fait non plus sans ses collègues.

Ensuite, je voudrais souligner que l’initiative a été d’abord personnelle à lui. Vous savez très bien que l’une des prérogatives d’un député à l’Assemblée nationale est de faire des propositions des lois. Sûrement qu’il a constaté des couacs dans les textes de 2019 et qu’il a suggéré des corrections pour que nous évoluions dans le pays sans problème.

Mais il y a un militant BR, en l’occurrence Distel AMOUSSOU, qui rapporte que plusieurs responsables BR ne seraient pas en accord avec le député SEIBOU pour son initiative. Qu’en dites-vous ?

Vous savez, c’est une force pour une personne qui dit la vérité. Mais quand on prend des raccourcis comme une arme pour détruire sa propre maison, c’est très grave. A l’entame de mes propos, j’ai dit que l’une des prérogatives d’un député à l’Assemblée nationale, c’est de proposer des lois. C’est vrai que l’initiative comme je viens de le dire, a été personnelle. Mais, le président du groupe parlementaire Bloc Républicain, l’honorable Assan SEIBOU a soumis sa proposition primitive, c’est-à-dire le texte embryonnaire, aux présidents des groupes parlementaires à savoir les présidents des groupes parlementaires UP Le Renouveau et Les Démocrates. C’est ce que plusieurs personnes ne savent pas. Après leur avoir soumis cette proposition, il en a parlé à ses collègues du groupe parlementaire Bloc Républicain. C’est ce qui a fait que le chef de l’État a entamé des rencontres. Le Président de la République a reçu le groupe parlementaire Les Démocrates. Il a reçu le groupe parlementaire Union Progressiste le Renouveau. Après tout cela, il a reçu le groupe parlementaire Bloc Républicain. Juste après cela, le président du Bloc Républicain a convoqué les 28 députés du BR élargis au Vice Président et les élites du parti pour discuter avec eux. A cette rencontre, chaque député a pris l’engagement d’assumer le projet de l’honorable Assan SEIBOU. C’est cela la vérité, contrairement à ce que notre pseudo militant dit.

D’abord, qu’il me soit permis de faire une petite clarification. Un militant suivant l’article 30 de nos textes au BR, n’a pas le droit de prendre des positions publiques sur une initiative du parti ou sur une initiative d’un député du parti.

Aujourd’hui, Distel AMOUSSOU joue quel rôle au sein du parti ? Distel AMOUSSOU pour moi, n’est pas un militant réel du BR. Il est venu quand et occupe quel rôle au sein du parti ? Après notre dernier congrès, il n’est pas membre du bureau politique, il n’est pas membre du BEN, il n’est dans aucune coordination. Pour moi, c’est quelqu’un qui est en mission pour déstabiliser le BR.

Selon plusieurs sources, il s’agit d’une initiative du Chef de l’État lui-même. Voilà que vous nous dites qu’elle est plutôt du  député Assan SEIBOU…

L’initiative ne vient pas du président de la République. Elle n’est pas portée par le président de la République. Elle a été prise personnellement par l’honorable président du groupe parlementaire Bloc Républicain qui a soulevé des points clés. Lesquels points clés ont convaincu le Chef de l’État quand il a fait les rencontres. C’est quand il a été convaincu qu’il a décidé de convoquer les groupes parlementaires pour que l’initiative soit consensuelle et qu’on ne dise pas qu’il y a quelque chose qui se cache derrière. Donc c’est ça la réalité. Mais avant que cette proposition de l’honorable Assan SEIBOU ne vienne, c’est la Cour constitutionnelle qui a demandé de revoir le système de parrainage. Cela va éviter des problèmes en 2026, où nous risquons d’avoir l’ancien maire et le nouveau maire d’une commune avec les mêmes prérogatives. C’est-à-dire que le maire sortant peut parrainer un duo candidat et ne pas être réélu. Or, son remplaçant qui aura les prérogatives de parrainer à son tour, voudra exercer cette prérogative. Ainsi, au lieu d’avoir un seul parrainage par commune, nous risquons d’avoir 2 parrainages par commune. Vous ne voyez pas que c’est un problème ? Nous devons anticiper sur ces choses. Et le Bloc Républicain aujourd’hui assume sa position d’être dans l’anticipation pour ces corrections. Donc ce n’est pas le Chef de l’État qui est caché derrière la proposition de l’honorable Assan SEIBOU.

D’ailleurs le Chef de l’État n’est pas député à l’Assemblée nationale. Il est président de la République. Il peut envoyer un texte de proposition de loi à l’Assemblée nationale pour analyse.

Mais il n’a pas fait un projet de loi. Parce que c’est la prérogative d’un député à l’Assemblée nationale. Donc ce n’est pas le président de la République qui a proposé le texte à l’honorable Assan SEIBOU ou est caché derrière cela comme les gens sont en train de le dire. C’est archi faux.

Alors dites-nous. Quelle est l’urgence qu’il y a à modifier la constitution aujourd’hui ?

D’abord nous sommes dans un régime présidentiel. Je ne vous apprends rien. Vous savez ce qui se passe aujourd’hui en Argentine. L’actuel président Argentin a gagné le pouvoir par rapport à ses promesses de réformer l’Argentine. Mais ils ont aligné les élections d’une manière telle que avant que lui ne soit président, il y avait une majorité à l’Assemblée. Une majorité qui ne lui est pas favorable. C’est ce qui s’était passé dans notre pays sous le Président KEREKOU où la majorité en ce moment l’avait bloqué. Le Président Mathieu KEREKOU a dû prendre des ordonnances. Or, il y a les partenaires au développement qui ont envoyé de l’argent et sans l’avis favorable de l’Assemblée, tout cela était bloqué. Et en bloquant, ils mettent à mal la force pour développer le pays. D’où il fallait avoir la majorité à l’Assemblée nationale. Et c’est ce qui se passe en Argentine.

Donc, nous sommes dans un régime présidentiel où le président est fort. Au Bénin, c’est le Président qui est fort. Donc, aligner les élections et organiser premièrement les élections législatives et communales, est dangereux. Nous risquons de finir ces deux élections et celui qui sera président, parce que la dernière élection sera celle présidentielle, n’aura pas la majorité. C’est clair qu’il va vivre le blocage. C’est pour éviter ça qu’il faut réajuster et organiser d’abord les élections présidentielles. Parce qu’au Bénin, c’est le Chef de l’État qui organise les élections législatives et les élections communales. Donc celui qui part ne peut pas organiser les élections législatives et communales. C’est celui qui prend le pouvoir qui les organise pour lutter pour avoir une majorité au parlement.  L’un des blocages que nous sommes en train d’éviter c’est qu’il faut réajuster, amener les élections présidentielles en première position. Après, le président qui sera élu, va organiser les élections législatives et communales.

Que contient la proposition de loi ?

Oui ça fait partie de ce que je suis en train d’expliquer. Il faut réajuster l’alignement des élections. Après cela, il faut gérer le système de parrainage. Dans la constitution actuelle, ce sont les maires et les députés qui parrainent. Et la constitution dit qu’on va organiser les élections législatives et communales avant les présidentielles. Donc, nous aurons certains députés qui vont venir prochainement, d’autres ne viendront plus. Nous aurons des maires qui vont venir et d’autres qui ne reviendront pas. Donc, il faut définir clairement qui parraine. Et il a fait une proposition de loi. Cette proposition dit que si on ramène les élections présidentielles en premier lieu c’est que ce sont les maires et les députés actuels qui parrainent et là c’est clair. Ceux qui vont venir après ne vont pas parrainer.

Mais cela aura une incidence sur le mandat du président TALON !

Exactement. Cela va conduire à le mandat du président TALON.Le chef de l’Etat a accepté. Voilà un monsieur qui aujourd’hui, au-delà de tout ce qu’on peut lui reprocher,  a à cœur la paix dans notre pays. Parce que je ne peux pas être président de la République et accepter qu’on écourte mon mandat. Le mandat du président de la République est constitutionnel, c’est clair. Mais on a écourté le mandat des députés de la 8ème  législature de trois mois, alors qu’ils ont aussi un mandat constitutionnel. Si le chef de l’Etat qui part dit « Je suis prêt qu’on écourte deux mois de mon mandat », cela ne pose aucun problème. Parce que ce n’est pas la première fois qu’on écourte le mandat des élus. Le ciel n’est pas tombé au Bénin. On peut écourter le mandat du président de la République de deux mois et cela ne causera aucun problème. Puisque celui dont le mandat va être écourté a accepté. Il dit que si c’est pour régler le problème, il est d’accord.

Cela suppose qu’on prolonge le mandat des députés

Je vais vous dire quelque chose. La constitution du Bénin n’est pas la bible. Si nous avons un réel problème par rapport à notre constitution, il faut réajuster pour qu’il n’y ait pas de problème. Nous voulons la paix dans le pays et pour l’avoir il faut faire les choses de façon d’abord consensuelle et régler les problèmes éventuels qui peuvent survenir demain.

Cette situation ne serait-elle pas l’une des conséquences de la révision de 2019 ?

Écoutez, moi je ne suis pas député, je suis un acteur politique. Je ne sais pas ceux qui ont réfléchis et qui ont fait la révision de 2019. Nous sommes des humains, on n’est pas Dieu. Donc on peut faire des erreurs. Quand vous lisez la proposition de l’Honorable Assan SEIBOU, il a même tenu compte de la saison pluvieuse. Au Bénin on n’a jamais organisé une élection dans une saison pluvieuse parce qu’il y a les intempéries et autres. Donc je crois que ceux qui ont pensé la chose en 2019 ont manqué peut-être des petites données.

Pensez vous que la révision de 2019 a été un échec?

Un échec, non ! Parce que la révision de 2019 a amené beaucoup d’autres choses qui ont quand même fait progresser notre pays. Je ne dirai pas que c’est un échec parce que je suis de la mouvance. Ce sont des hommes, ils ont écrit une constitution et puis chemin faisant, on a compris qu’il y a des problèmes. C’est de la même manière qu’après nous, dans cinq ans ou dix ans, d’autres peuvent voir que notre fonctionnement dans le pays nous bloque par rapport à des données de notre constitution et ils vont réviser.

Le développement a changé. Au Bénin par le passé, c’était difficile aux partenaires au développement de venir installer des usines ici. Prenons la zone industrielle de Glo-Djigbé. Est ce que notre constitution de 1990 donne des garanties à des partenaires de venir au Bénin installer des usines? Non. C’est la réalité. Le monde évolue et tout évolue. Et chaque fois que les choses évoluent il faut qu’il y ait des réajustements. C’est comme le téléphone. Parfois il faut faire la réinstallation de notre portable pour qu’il travaille mieux. Et c’est ça la constitution. Il n’y a rien qui soit caché derrière. La constitution actuelle, le chef de l’Eta peut l’attaquer et dire qu’il peut faire un troisième mandat parce que dans la constitution on dit: « En aucun cas, nul ne peut… » Cela fait deux négations. Donc on peut faire dix mandats. C’est aussi le piège. Le peuple béninois doit féliciter le Bloc républicain à travers ce député qui a même soulevé cette subtilité dans la constitution où on va enlever « en aucun cas » pour dire : « Nul ne peut faire plus de deux mandats dans sa vie ». Donc il n’y a rien de caché derrière. Donc ce sont les trois choses qu’il faut faire. L’alignement des élections, il faut que les présidentielles soient organisées d’abord avant les deux autres, il y a le système de parrainage, qui doit parrainer et qui ne doit pas le faire et puis une partie où il y a deux négations qui peuvent donner de positif où on peut faire plusieurs mandats.

Le chef de l’Etat a dit : « Moi je veux passer la main et pour ça je suis même prêt s’il faut écourter deux mois de mon mandat pour changer ces choses là. »

Me Robert DOSSOU a affirmé que si cette proposition est adoptée on tomberait dans un régime présidentialiste.

Non . L’actuel président n’a pas un super pouvoir sur l’Assemblée nationale. Vous savez que le président Talon peut dissoudre le parlement, il peut dissoudre le gouvernement. Quel autre pouvoir dans un régime au Bénin, le président n’a pas. Les juristes ou bien les constitutionalistes sont des prêtres de Fa. Le Fa qui dit que c’est mauvais, il peut te dire aussi que si tu fais telle chose ça sera positif. Par moment, il faut accepter le débat. Nous, à la mouvance présidentielle, nous acceptons le débat. Lui Robert DOSSOU, quand il était président de la Cour constitutionnelle, il a dit qu’on ne peut jamais écourter le mandat des députés si c’est lui qui était là. Mais est-ce que c’est anti constitutionnel? Il n’a pas dit ça. Il n’a jamais dit qu’en écourtant le mandat que cela soit du président ou bien des députés de la huitième législature, qu’on a violé la constitution.

Les électeurs en votant en 2021 donnaient le pouvoir à Patrice TALON pour 5 ans. La proposition de révision raccourcit son mandat comme celle de 2019 le rallongeait. Est-ce qu’on n’est pas en train de se moquer du vote des Béninois?

Actuellement, nous voulons qu’on ne touche pas aux fondamentaux de notre constitution. Quand tu as 70ans, tu ne peux plus être candidat au Bénin. Deuxième chose, quand tu fais deux mandats tu ne reviens plus, tu passes la main. Est-ce qu’on a touché ces choses? Le reste, on va gérer parce que comme je l’ai dit qu’est-ce qui est fait par le passé qui porte atteinte à notre constitution ? Qu’est-ce qui est encore fait dans la proposition actuelle qui porte atteinte à notre constitution ?

J’ai participé à une réunion il y a de cela trois jours avec un comité du groupe parlementaire du Bloc Républicain. J’ai dû participer à cette réunion parce que je suis à la communication du parti. Je tais le nom du leader constitutionnaliste qui m’a fait parvenir en inbox l’idée que si jamais on écourte le mandat d’un président, c’est un coup d’Etat. J’ai dit « Mon cher aîné, est-ce que dans notre constitution, pour régler un problème précis qui peut engendrer des troubles au sein des Béninois, on peut écourter le mandat d’un député ou d’un président ? » Il a dit oui. J’ai dit alors : « Mais pourquoi vous parlez alors ? » Il n’a plus parlé. Si c’est une erreur, nous sommes des humains. Tout n’est pas parfait, mais tout n’est pas négatif non plus. La révision de 2019, nous a fait progresser dans beaucoup de domaines. Mais, il est arrivé qu’il y a des choses qui n’ont pas été prises en compte ou bien qui ont été mal calculées. Dans cette révision, nulle part, vous n’allez voir de date précise. On dit « deuxième dimanche du mois de janvier », « deuxième dimanche du mois de février ». Mais quelle est la date précise ? Est-ce le 20, le 14 ou le 15 ? On veut trouver le juste milieu parce qu’au Bénin, on n’a jamais eu d’année électorale. Et pourquoi le président a pensé comme ça ? Vous savez combien une élection coûte à notre pays. Si par exemple, pour organiser ces élections, il faut 14 milliards par élection, et qu’en regroupant, il faut seulement 20 milliards, est-ce qu’on n’économiserait pas pour le pays ? C’est tout. Les députés sont allés même loin en préconisant qu’on prenne une année et le Chef de l’Etat a dit non. On ne peut pas prendre tout une année pour faire des élections. Les gens ne vont pas travailler parce que quand il y a élection, l’administration est bloquée. Chaque cadre doit aller chez lui faire campagne pour son bord. Il a dit non. « Ce n’est pas possible. Arrangez-vous. » Et c’est là où, en s’arrangeant, on est tombé dans une situation où il faut écourter son mandat de 2 mois.

Vous êtes sûr que le président TALON veut partir ?

J’en suis plus que sûr. Vous savez, il y a de cela six mois si on m’avait posé cette question, j’aurais dit autre chose. Je suis de la mouvance présidentielle et je suis du Bloc Républicain, donc je suis dans le cercle. Depuis bientôt 3 mois, j’ai la certitude que le Chef de l’Etat va partir en 2026. Je vous le jure, il va partir.

Macky SALL a reporté les élections au Sénégal et ça crée de l’impasse actuellement

Les problèmes que nous avons et que l’Honorable Assan SEIDOU a proposé, si les gens font de la comédie, ce qui se passe au Sénégal peut se passer au Bénin. Ça peut se passer au Bénin. Si on ne s’entend pas pour dire qui sont ceux qui vont parrainer le duo candidat en 2026. Si on ne se regarde pas pour dire « il faut faire les élections pour mieux continuer le développement que notre pays a entrepris ». Il faut installer le président en 2026 avant d’organiser les élections législatives et communales. Et l’histoire va retenir que le Bloc Républicain a anticipé sur les faits. C’est pourquoi aujourd’hui, on est fier. Le peuple actuellement n’a pas confiance aux politiciens. Moi, je suis un politicien, mais pas dans le trempe de ceux en qui on n’a pas confiance.  

L’opposition est déjà contre cette proposition de loi. De quelle garantie dispose le Bloc Républicain puisque Les Démocrates au parlement constituent une minorité de blocage ?

Non, écoutez, nous savons dans ce pays qu’on peut dire « oui » le matin et dire « non » le soir. L’opposition est dans son rôle de dire non. Si nous convainquons l’opposition pour dire qu’il n’y a rien de caché derrière ce texte, si on parvient à expliquer ce que je suis en train de vous expliquer parce qu’ils n’ont pas encore fait le débat et que le texte est encore à l’étape embryonnaire au parlement, nous aurons gain de cause. Nous avons anticipé en expliquant à tous les Béninois d’abord via les chaînes de radio, télévision, presse écrite etc. que voilà la proposition actuelle, c’est pour anticiper sur ces pièges. Si les Démocrates trouvent que c’est convainquant, ils vont rejoindre la barque parce qu’ils ont eu le texte. Ils ont eu le texte au début. Et parmi eux, certains ont fait de confidence que ce n’est pas mal. C’est bon. Le débat va continuer parce que l’opposition a de la méfiance contre la mouvance. C’est normal. C’est une évidence. On ne peut pas dire que c’est parce qu’ils ont dit non qu’on va les laisser. Nous allons continuer le débat. Comme cette révision, il n’y a rien de caché derrière, nous allons chercher le consensus.

Que fera la mouvance face à la notion de consensus que réclame la Cour constitutionnelle ?

Nous allons chercher le consensus. Tout ce que je sais, c’est que les débats continuent entre l’opposition et la mouvance. Les trois groupes parlementaires se sont réunis plusieurs fois. Le texte n’a même pas encore commencé par être étudié. On peut soupçonner que c’est l’opposition qui a ventilé le texte dans la presse parce qu’ils l’ont reçu. Et, c’est dans cette quête de consensus que nous sommes et on a dit « prenez le texte, on va en débattre entre nous avant de l’affecter à la commission des lois. » Il y aura un consensus parce qu’il n’y a rien qui soit caché. Tous les débats seront faits et il y aura des amendements. Si l’opposition trouve qu’il y a des choses à ajouter, la mouvance aussi doit s’ouvrir. Ce n’est pas un texte qui est soumis à l’opposition. Non. C’est pour cela que le Chef de l’Etat aussi a commencé aussi par faire la démarche de consensus en invitant le groupe parlementaire Les Démocrates. Donc, le consensus, il y a en aura. Je demanderais au peuple béninois d’avoir confiance aux députés du Bloc Républicain et au parti Bloc Républicain, qui est un parti proche du peuple, de parler à l’opposition pour qu’il y ait  d’éventuels amendements. Il y a une femme députée LD qui dit que le texte n’est pas mal. Qu’elles (l’Association des femmes parlementaires qu’on appelle CAUCUS) vont faire un amendement. J’ai demandé : « Quel amendement vous voulez faire ? » Elle dit : « Dans l’actuelle constitution, on a dit que sur les listes des élections législatives, il faut trouver une place aux femmes. Elles veulent que dans cette nouvelle constitution, on amène ça pour les élections communales ». Nous allons trouver de consensus.

Que fera le Bloc Républicain si la proposition ne passe pas ?

Nous allons en prendre acte. Il n’y a pas de souci par rapport à ça. On n’a jamais dit que notre proposition va passer d’office et que si ça ne passe pas, c’est déjà la fin du monde. C’est une proposition. Ça peut passer, ça peut ne pas passer. On prendra acte. Et au moment où, on sera face à des blocages, nous allons dire «  il y a de cela telle année, nous avons anticipé sur telle chose. »

Est-ce que ce n’est pas un piège pour le Bloc Républicain  de soutenir une proposition qui va certainement faire objet de blocage ? Ce n’est pas un piège ça ?

On ne perçoit pas que c’est un piège. Chez nous au BR, il y a des problèmes dans l’actuelle constitution qu’il faut anticiper. Puisqu’il reste encore deux ans, il vaut mieux anticiper et commencer par faire le débat dès maintenant et avoir le consensus pour corriger ce qui peut poser problème en 2026. Ce n’est pas un piège pour nous. Le BR assume cette proposition.

Au sein de la mouvance, on apprend qu’il y a beaucoup de divergences entre Patrice TALON et Olivier BOKO. Est-ce que vous n’avez pas peur que ces divergences n’amènent certains députés même de la mouvance à dire non ?

Je pense que vous êtes un journaliste d’investigation. En tant que politique, je n’ai pas encore les preuves qu’il y a des problèmes entre le président Patrice Talon et son ami Olivier BOKO. Mais, si votre question est déguisée par rapport à la candidature de l’ami du Chef de l’Etat, Olivier BOKO, je peux faire ce débat. Je n’ai pas peur et je vais l’assumer. En l’assumant, je vais commencer par les propos du Chef de l’Etat : « 2026, c’est trop tôt ». Au Bloc Républicain, depuis que nous avons fait notre premier congrès pour remanier le parti, nulle part, nous n’avons fait de débat sur les élections présidentielles. Etre président de la République aujourd’hui par rapport à la réforme du système partisan, c’est les partis politiques. Au BR, nous n’avons pas encore commencé ce débat et je ne suis pas sûr que les autres aient commencé ce débat non plus. En tant que membre du Bloc Républicain, je ne peux pas susciter de candidature. Je vais attendre d’abord le patron de la mouvance présidentielle. C’est ce qu’on appelle la discipline du groupe. Le patron de la mouvance présidentielle, c’est le président Patrice Talon.  

Le BR va le soutenir jusqu’à la fin de son mandat ?

Ça, il n’y a pas de doute là-dessus. Nous le soutenons avec force et fermeté dans la loyauté et dans la sincérité. Nous allons finir le mandat avec lui.

Malgré les erreurs ?

Qui ne fait pas d’erreur ? S’il n’y a pas erreur, les textes que Les Démocrates ont combattus en ratant les élections législatives de la 8ème  législature, c’est les mêmes textes qui sont là et ils sont venus avec 28 députés. C’est eux qui devraient faire cette proposition. Ce qu’ils ont combattu, pourquoi depuis qu’ils sont là, ils n’ont pas fait de propositions ?

Qu’est-ce que TALON a fait ?

Même les aveugles sont en train de voir.

Ils ont vu quoi ?

Il y a eu le Programme d’action du gouvernement 1. Il y a maintenant le Programme d’action du gouvernement 2. En venant ici, j’ai vu le marché de Mènontin entièrement reconstruit. Ce n’était pas comme ça.  Yayi Boni n’avait pas dirigé ce pays ? Le marché n’a pas connu une telle image que tout le monde admire aujourd’hui, jusqu’à son départ.  Mais ce  ne sont que des marchés. Sur le plan économique, le Bénin est en train d’évoluer. Le Nigéria  a fermé les frontières du Bénin, croyant qu’on allait mourir de faim. Mais  le Bénin a résisté. Donc, nous avons un système économique qui fait que nous sommes aujourd’hui fiers de notre leader, le président  Patrice Talon.

 Le panier de la ménagère, vous y pensez ?

Quel président va  venir au  Bénin, et  les  Béninois vont dire qu’ils n’ont plus faim ? Au temps de Yayi, on disait aussi qu’on avait faim,  on ne vend plus. Tokpa ne vend pas. Ça, c’est le Béninois, ne revenons plus sur ça. On parle du panier de la ménagère, mais les samedis, passez dans les bars et allez aux  enterrements. Vous constaterez tout le contraire. Mes chers  journalistes, le président Patrice Talon,  je suis d’accord   c’est clair, il est le président le plus impopulaire du Bénin, parce que c’est un président réformateur. Il a dit : « Moi je ne viens pas pour être populaire. Vous pouvez me jeter de pierre, mais, je dois développer ce pays. » Et il a fait de son mieux. Il va passer la main en 2026. Et le BR croit qu’il passera la main en 2026. Maintenant, nous attendons les consignes du parti Bloc Républicain, parce qu’un parti politique doit présenter un candidat. Nous au BR, nous voulons exercer le pouvoir en 2026. Cela veut dire que le BR aura son candidat. C’est vrai que le débat n’est pas encore d’actualité, parce que nous avons assez de temps. Nous sommes en pleine réorganisation, on vient de finir un congrès extraordinaire.

L’autre actualité au niveau du parti est que le BR a connu des mutations au point où vous avez atterri au niveau du Bureau politique. Comment cela s’est passé ?

A cette question, est-ce que je peux parler de moi. Il s’est fait que pour être membre du  Bureau politique aujourd’hui au niveau du BR, il y a un certain nombre de critères. Soit tu dois être coordonnateur d’une commune comme  je le suis. Tu dois être aussi une personnalité distinguée par le parti. C’est-à-dire, on sent en toi que tu mouilles le maillot pour le parti et qu’à travers toi, le parti donne une visibilité. Ce sont les critères. Ça a été clair. Moi je ne savais pas comment je  me suis retrouvé dans le bureau politique. C’est ce que je puis vous dire.

 Votre mot de la fin ?

 Mon mot de fin est d’abord une adresse à la classe politique. Surtout à la classe politique nationale, parce que pour moi, la classe politique nationale, ce n’est pas seulement les partis politiques existant au parlement. Nous avons des partis qui animent bien la vie politique au Bénin, mais qui n’ont pas de représentants au parlement. Mon adresse d’abord va à l’endroit de la classe politique nationale et aussi de la classe politique existant au parlement. C’est-à-dire l’Union Progressiste le Renouveau, Les Démocrates et le Bloc Républicain.  Je leur demande de faire tout le  possible, en tout cas de trouver le consensus entre eux pour que nous anticipions sur ce qui peut arriver en 2026. Il est encore temps qu’on se parle entre nous. Nous sommes des frères au Bénin, que ce soit dans l’opposition ou dans la mouvance. Une autre adresse que je veux lancer aux citoyens béninois, c’est de leur dire de ne pas écouter les politiciens en perte de vitesse. Et quand je dis en perte de vitesse, c’est parce que la compétition politique se mènera en 2026. C’est sur ce  terrain-là qu’on peut avoir un certain nombre de propos. Mais ce qui relève de l’intérêt national, il faut qu’on cesse de faire du dilatoire  et mentir sur un texte. Nous au Bloc Républicain, nous allons tout faire pour faire comprendre à tous les Béninois que le texte  que le président du Groupe parlementaire BR Assan SEIBOU a  proposé, n’a rien de caché. Et ce texte bien au contraire est appelé à recadrer un certain nombre de choses en 2026. Je demande à la population   béninoise d’avoir confiance au Chef de l’Etat qui dit et répète ces derniers temps, chaque fois qu’il a l’occasion de parler, qu’il doit passer la main en 2026. Le Bloc Républicain qui est un parti du peuple béninois a confiance au Chef de l’Etat et que le président Patrice Talon passera la main en 2026.  

CARTE D’IDENTITE

Une vie de courage

Armand Mahougnon AFFOSSOGBE est un jeune leader politique né le 23 décembre 1980 à   Abomey.  Caractéristique principale : il est handicapé. A l’époque, il avait neuf ans quand il tombe gravement malade. Prescription du médecin : il lui faut six doses de Quinimas mais réparties sur neuf jours, à raison de deux doses tous les trois jours.  Mais l’infirmière lui administre les six doses le même jour, entrainant son handicap définitif. Passé par toutes les étapes de traitement, il finit par garder les deux cannes qui le maintiennent debout aujourd’hui. Il n’en veut nullement à celle qui l’a rendu ainsi. « La dame vit toujours, précise-t-il. Elle doit avoir, quatre-vingts ans et plus. Quand elle me voit, elle pleure.  Et j’ai du plaisir quand je vais à Abomey, je pars toujours la voir pour lui donner de l’argent. Je dis : « Mais, écoutez, c’est l’œuvre de Dieu. » Et c’est tout. Derrière ce sens du pardon se cache aussi un courage énorme. Sur les fronts les plus chauds de la lutte politique, il prend part à tous les combats et ne se laisse pas faire. « Mon ascension aujourd’hui en politique, je ne la dois pas à quelqu’un, dit-il.  C’est mon courage qui a été repéré. Et c’est ce courage qui me caractérise toujours à tenir tête à des ministres dans le BR, à des députés dans le BR, à des gens qui sont riches. » Et effectivement, c’est son courage qui a été repéré en 2006 lors des élections présidentielles  par Candide Azannaï et son mouvement Restaurer L’Espoir devenu plus tard un parti politique. Celui-ci lui fait appel pour travailler à l’avènement de Boni Yayi, mais c’est vers Adrien Houngbédji qu’Armand Affossogbé se tourne. Avec son groupe, il fait allégeance au président élu sans obtenir le soutien escompté, la RB ayant réaffirmé sa suprématie sur Abomey et Bohicon. Les jeunes se retournent donc vers Abdoulaye Bio Tchané dont Armand Affossogbé sera l’une des mascottes lors de la campagne présidentielle de 2011. Il le suit d’ailleurs pour la présidentielle de 2016 où il est directeur de campagne ABT dans les neuf communes du Zou. Il milite à ses côtés depuis lors au sein du BR. Il lui rend hommage à chaque occasion. « Je suis reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi, depuis qu’il m’a repéré en étant président de la BOAD, rappelle-t-il. J’ai fait son école politique et j’en suis fier, cette école qui me permet aujourd’hui d’avoir le courage, la sincérité, la loyauté. C’est un homme de rigueur et d’excellence. » Le courage aussi, c’est la décision qu’il prend de quitter l’école alors qu’il passait en terminale. Divorcé de son père dès sa plus tendre enfance, sa mère l’avait en effet placé chez ses propres parents, les Ahouandogbo à Abomey. Ce qui fait d’ailleurs qu’il n’a connu son père que très tardivement. Mais payer les frais de scolarité était très compliqué. « En seconde et en première on me chassait des compositions parce que je ne payais pas la contribution », se souvient-il. Il finit par déserter l’école, alors qu’il passait en terminale, déterminé à prendre son destin en main. Il se lance dans le petit commerce entre Parakou et Cotonou, et devient exploitant forestier avec tous les agréments nécessaires. Armand Affossogbé est aussi un ancien musicien, rappeur sans complexe au nom d’artiste Fadjo. Cette passion date de Parakou où il fait ses classes grâce à une tante qui devient sa tutrice. C’est là qu’il devient une véritable vedette adulée pour ses talents musicaux. Aujourd’hui, ce qui préoccupe le plus le leader politique, c’est d’abord l’emploi des jeunes.  Lorsqu’il voit des jeunes sans emploi, son cœur se déchire devant leur misère.  Ce qu’il constate à Abomey, ce sont des gens plus âgés que lui qui l’appellent pourtant « grand frère », juste parce qu’ils croient devoir le flatter pour bénéficier de ses dons de 5000 F.  Quand on lui demande quels conseils il pourrait donner à la jeunesse, c’est naturellement une leçon de courage qu’il sort. « Même en tombant, il faut que la jeunesse ne se croit pas tomber. Même en tombant, il faut dire : « Mais vous croyez que je suis tombé ? Mais c’est faux, on se relève rapidement. Le courage trace la voix au bonheur. » Coordonnateur communal du Bloc Républicain à Abomey, le dynamisme de Armand Affossogbé dans la quête d’une plus grande visibilité de ce parti dans la région a forcé l’admiration de ses hauts responsables  qui l’ont  intégré depuis quelques mois dans le  Bureau Politique National.

INTIMITE

Passionné de foot

Avant d’être handicapé, Armand Affossogbé était un attaquant passionné.  Il n’a jamais raté un match du Réal Madrid et ne manque aucun rendez-vous des Guépards, anciennement Ecureuils, même s’il faut y perdre un marché.  Il avoue avoir déjà perdu un gros marché pour avoir tenu à suivre d’abord un match de l’équipe nationale. Marié et père de quatre enfants, le jeune leader rappelle qu’il s’est rallié pour la vie  à celle à qui il avait promis mariage alors qu’il n’avait que onze à douze ans. L’opposition des parents de la fille n’y fit rien. Il lui fait un enfant contre vents et marrées et l’épouse en bonne et due forme. Il ne faut jamais dire non à Armand. A table, il ne résiste pas devant un plat de Yantoto, légume que chérissait sa grand-mère maternelle et que lui a vivement conseillé un vieux mort à 131 ans. « Parfois, rien que pour le trouver et l’acheter, je vais jusqu’à Lokossa. On a tenté de m’empoisonner plusieurs  fois et de  me jeter de mauvais sorts sans jamais réussir.»  Autre chose : Armand est un gros consommateur de viande. « Si la viande tuait, je serais  mort depuis », avoue-t-il.    

Recrudescence des coups d’Etat dans les pays de la CEDEAO: Edward Amoako Asante appelle à une réflexion urgente pour sauver la démocratie

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Juge Edward Amaoko Asante

Le président de la Cour de justice de la CEDEAO appelle à une réflexion urgente pour sauver la démocratie dans la sous région

Le Président de la Cour de Justice de la CEDEAO, l’Honorable Juge ghanéen, Edward Amoako Asante, a appelé à une réflexion urgente sur la démocratie naissante de la région afin de prendre des mesures pour mettre un terme aux mauvais exemples illustrés par la mauvaise gouvernance, l’incapacité à tirer les dividendes de la démocratie, les injustices liées aux élections et les quêtes de prolongation anticonstitutionnelle de mandat.
Dans un message adressé à l’ouverture de la deuxième session ordinaire de la cinquième législature du Parlement de la CEDEAO, le juge Asante a lié ces lacunes à « l’incursion rampante de l’armée dans la politique de la région », ce qui est une démonstration de la « déficience de notre politique ».
Ces manifestations, a-t-il ajouté, devraient « nous mettre au défi de réfléchir à la trajectoire de notre démocratie et de déterminer si elle est dotée de l’efficacité et de la capacité d’assurer une bonne gouvernance qui réponde aux besoins socio-économiques de notre peuple.
« Il est indéniable que, à moins que des mesures appropriées ne soient prises pour mettre un terme à l’incursion militaire rampante dans notre politique, la démocratie est menacée, avec des implications pour les institutions telles que les parlements et les cours de justice, ce qui appelle à une action collective », a-t-il souligné.
Le Président a noté que c’est en reconnaissance de la menace posée par ces incursions à la démocratie naissante de la région qui a nécessité la décision de la Cour de concentrer le thème de sa conférence de 2023, tenue en mai 2023 en Gambie, sur la tolérance zéro de la CEDEAO à l’égard des changements anticonstitutionnels de gouvernement.

Le juge Asanté, demande au parlement de la CEDEAO de prendre le leadership de cette réflexion

« Le Parlement de la CEDEAO offre un forum approprié au niveau régional pour poursuivre cette conversation en revisitant le débat sur les particularités de notre démocratie qui a été présentée avec optimisme comme la panacée pour assurer la croissance socio-économique et le développement de notre peuple afin de les équiper pour un environnement économique international compétitif » a lancé le président de la Cour de justice à l’endroit du parlement de la CEDEAO. Malgré les défis actuels liés à la progression démocratique de la région, le juge Asante a reconnu que celle-ci reste la meilleure forme de gouvernement qui nécessite l’effort collectif des dirigeants et de leurs partisans pour fonctionner.
Il a donc exhorté le parlement de la CEDEAO à fournir le leadership nécessaire pour entreprendre l’engagement nécessaire à travers les parlements nationaux afin de remettre en question la culture démocratique actuelle dans la sous région. Cela, a-t-il ajouté, « nécessitera des réformes qui occasionneront des améliorations dans nos systèmes démocratiques afin de mettre fin à cet empiètement rampant de l’armée dans notre espace démocratique ». Assurant que la Cour de la justice de la CEDEAO jouera son rôle complémentaire dans la consolidation de la démocratie de la région en tant qu’institution communautaire dont le mandat contribue à renforcer le respect des droits de l’homme, la responsabilité et la stabilité politique.
Il a donc encouragé le Parlement à prendre les mesures nécessaires, en collaboration avec les parlements nationaux, pour garantir l’application transparente des décisions de la Cour par les États membres afin de renforcer le droit communautaire et le respect des droits de l’homme, la transparence et la responsabilité.
Il a également invité le Parlement à prendre l’initiative de veiller à ce que les États membres internalisent une culture de démocratie, d’État de droit et de bonne gouvernance, à adopter des mesures préventives pour un strict respect et à aider les États à s’engager en faveur de l’établissement d’idéaux et du renforcement des protocoles internationaux convenus, qui promeuvent le respect de l’État de droit. En outre, ils devraient également renforcer les moyens de règlement des litiges électoraux.
Enfin, le juge Asante a suggéré que le Parlement aide les États à s’approprier les principes de convergence de la région tels que contenus dans le Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance.

Hugues Elphège Patinvoh

Armand Affossogbé, leader du Bloc Républicain, invité de Sous l’arbre à Palabres: « La 23ème circonscription électorale mérite d’avoir un ministre BR »

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Fort dans son invincibilité et très posé malgré ses béquilles, le nouvel invité de la rubrique ‘’Sous L’Arbre à Palabre’’, apparait avec tout son talent et son courage dominateur. Jeune leader politique et membre du parti Bloc Républicain dans la 23ème circonscription électorale, Armand Affossogbé s’installe au milieu des journalistes de l’Evénement Précis, pour se prêter aux questions actuelles en l’occurrence, les législatives de 2023. D’après ses confessions faites sans langue de bois, son parti le BR, promet un ras de marrées dans la 23ème et notamment à Abomey. Et pour cause, la métamorphose de cette ville historique grâce aux réformes du Chef de l’Etat, Patrice Talon. « Celui qui a réellement changé la physionomie du département du Zou, c’est à dire le vrai maçon, c’est le Président Patrice Talon », exprime-t-il avec fierté dans la rubrique ‘’Sous l’Arbre à Palabre’’. D’autres sujets comme la démission du Professeur Joseph Fifamè Djogbénou de la Cour Constitutionnelle, les relations UP et BR dans la 23ème circonscription électorale, et l’intronisation du Roi Dêwênondô Béhanzin à Abomey, ont animé les échanges dans une ambiance bon enfant.

Et si on en parlait!

Vous avez été candidat BR pour les communales à Abomey. Comment voyez-vous les réformes actuelles de la décentralisation ?
Nous sommes déjà à plusieurs années d’expérience de décentralisation dans notre pays. A un certain moment, il faut faire une pause pour voir si on évolue. C’est dans ce cadre que le chef de l’Etat Patrice Talon, a annoncé des réformes. Et il les a annoncées en venant au pouvoir. Un diagnostic a été donc fait dans le domaine de la décentralisation à travers la gestion des fonds Fadec, la gestion du conseil communal, et autres. Le chef de l’Etat et son gouvernement ont donc pensé à cette réforme qui consiste à séparer un certain nombre de choses. Le maire d’une commune est l’autorité politique qui décide mais l’autorité administrative qui donne l’orientation au programme d’action d’une commune ou du conseil communal, a donc été définie. Il y a eu aussi le tirage au sort des Secrétaires Exécutifs, de ceux chargés des marchés publics, des questions domaniales, tout ce qui concourt à la bonne gestion du conseil communal, pour apporter des solutions aux imperfections connues depuis 2003.

Avec ces réformes, est-ce que le maire n’est pas en opposition avec le SE ?
Non. Pour moi, le Secrétaire Exécutif est comme le ministre du développement et du plan qui ne surpasse pas le chef de l’Etat. Le chef de l’Etat est l’autorité politique, administrative et l’autorité qui apporte les réformes. Le ministre d’Etat est le chef d’orchestre. Il oriente le programme du gouvernement. Le Secrétaire exécutif et le maire ne peuvent pas jouer le même rôle. Le maire reste l’autorité communale, il est au-dessus du conseil communal et définit son programme d’action tandis que le secrétaire exécutif est là pour la réalisation de ce programme. Il doit être neutre, apolitique parce que ça fait partie des erreurs connues par la décentralisation, depuis 2003. C’est pour corriger tout ceci que le chef de l’Etat a initié ces réformes. Il ne devrait donc pas y avoir de conflits entre le maire et le secrétaire exécutif puisque les rôles sont clairs et bien définis. Le début de toute réforme pose problème mais plus les réformes évoluent, plus chacun se situe dans ses responsabilités. Le bilan sera fait et on verra si ça a marché ou pas.

Comment trouvez-vous la gestion actuelle du maire d’Abomey ?
Je suis d’Abomey, j’ai été candidat pour les élections passées et je n’ai pas été élu à cause de ma position. J’ai échoué avec plus de 1200 voix. Ma tête de liste a été élu avec 450 voix. Je peux dire que c’était le meilleur score de tous les candidats titulaires et suppléants du Bloc Républicain à Abomey. C’est ce qui m’a valu mon poste de coordonnateur BR pour les élections passées. Le parti a eu confiance en moi en me nommant à ce poste. Pour revenir à votre question, dans le conseil communal d’Abomey, j’ai 5 conseillers. Je donne de l’importance à la gestion de la mairie. Je n’ai encore rien vu mais c’est trop tôt pour le dire parce qu’ils viennent de faire un an. A part les réalisations du chef de l’Etat qui sont visibles même pour les aveugles, je ne peux pas, en un an, décrypter la gestion du maire d’Abomey. Je ne le dis pas parce que nous sommes à la veille des élections mais, pour moi, c’est trop tôt. C’est un nouveau maire qu’on ne connaissait pas, qui vient de faire son entrée en politique et il faut lui donner du temps.

Comment se passe la collaboration entre BR et UP au sein du conseil communal ?
Nous avons un nouveau maire qui ne met pas en avant la politique. En tant que coordonnateur des élections passées pour le BR et vice-président de la direction de campagne, j’ai travaillé avec lui pendant un mois. Il a des qualités. C’est pour la première fois que je vois un maire d’Abomey qui ne met pas en avant la politique. Il n’a jamais marché sur tous les conseillers BR qui sont minoritaires dans le conseil communal. Il y a une belle collaboration entre les conseillers BR et la majorité UP. Nous avons toujours été associés à la gestion de la mairie. Il ne gère pas la mairie dans la politique. Pour lui, c’est qu’Abomey puisse tirer le meilleur de lui, au terme de son mandat. C’est également le retour que j’ai des conseillers BR. Tout se passe bien.

Pouvons-nous dire que le BR a contribué à la transformation de la ville d’Abomey ?
Nous sommes de la mouvance présidentielle. Le président du BR est le ministre d’Etat du Gouvernement. Je peux dire qu’à travers lui, le BR contribue aux réformes mises en place par le chef de l’Etat et à tout ce qui se fait à Abomey. Je suis d’Abomey, j’ai grandi à Abomey et je peux dire que ce que le chef de l’Etat est en train de faire à Abomey c’est du jamais vu. Avant, pour quitter Abomey et aller à Agbangnizoun, il faut au moins deux à trois heures de temps. Mais aujourd’hui, il faut au plus dix minutes. Nous avons deux voies goudronnées qui mènent aujourd’hui à Agbangnizoun. Des présidents de la république nous avaient promis cette voie mais l’effectivité réelle de cette voie a été l’œuvre du chef de l’Etat Patrice Talon. C’est également le cas de la voie qui mène à Djidja. Auparavant, il fallait faire quatre heures de temps mais aujourd’hui en quinze minutes, on est a Djidja. Avant, Bohicon se limitait au carrefour Mokas et il était impossible d’entrer dans les petites rues de la ville avec une petite voiture. Aujourd’hui, l’accès est plus facile. Le chef de l’Etat fait un travail énorme. Beaucoup de choses se font à Bohicon. Je n’ai jamais imaginé que de mon vivant, je verrai le goudron passer dans mon quartier à Abomey, à Adandokpodji. Il y a également le contournement d’Abomey et la voie qui va dans le Couffo. Et ce n’est pas seulement à Abomey qu’il y a le goudron. C’est aussi à Parakou, Djougou, Malanville, Porto-Novo. Ce qui se fait à Abomey se fait partout. Vous connaissez le marché Houndjro qui aujourd’hui, est modernisé. C’est le cas dans les autres villes où se trouvent des marchés modernisés, ce qui est une conception du président Talon. Abomey est satisfait de tout ce que fait le Président Talon. C’est le seul président du Bénin qui a su négocier les œuvres d’Abomey, piquées par les français et qui a su assurer leur retour au pays. Il y aura un musée moderne qui sera construit à Abomey pour les abriter. Mais ces œuvres sont au palais et sont visitées par les populations béninoises et étrangères. Tout ceci est à l’actif du chef de l’Etat. C’est des choses visibles à Abomey et qui font aujourd’hui que nous nous retrouvons pleinement dans la gestion politique du président Patrice Talon.

Que pensez-vous de l’intronisation du Roi Dêwênondô Béhanzin à Abomey, il y a quelques jours ?
En tant que prince, je ne vais pas directement répondre. Avant l’avènement du président Patrice Talon, Abomey a toujours connu de petits problèmes par rapport à la succession du Roi. Mais, le constate que nous sommes en train de faire depuis que le Chef de l’Etat, Patrice Talon est au pouvoir, c’est qu’il y a l’apaisement dans notre royaume. Il s’investit de façon particulière pour gérer les choses, bien sûr, avec les 12 dynasties d’Abomey que nous appelons les ‘’Asiata’’, pour qu’il n’y ait pas de problème. Vous n’êtes pas sans savoir qu’au palais principal de Béhanzin, il y a eu un embargo depuis 11 ans. Il y a deux frères qui voulaient accéder au trône. Il a convoqué tous ceux qui sont concernés par ce problème dans le plateau d’Abomey pour en débattre et situer les uns et les autres sur le plan traditionnel, grâce à la géomancie divinatoire du Fâ, afin de désigner l’actuel Roi qui n’a été mêlé ni de près ni de loin à ces tractations. C’est mon ami personnel et il me l’a témoigné. Il n’était pas dedans. Mais le Fâ l’a choisi. Tout ceci, c’est à l’actif du Chef de l’Etat. Ce n’était pas évident. Si ce n’était pas lui, on ne réussirait pas à avoir le souverain. C’est son gouvernement à travers sa personne qui nous a donné une loi qui désormais votée va encadrer tout ce qui est chefferie traditionnelle. Par le passé, il n’y en avait pas. Il a mis de l’ordre. C’est l’homme réformateur dont je parlais ça. Tout ceci, il l’a dit en tant que candidat et il le fait en tant que président de la République. Notre royaume est en train de connaitre une paix réelle. Je suis issu du Roi Agonglo. En tant que prince, je dis qu’il a réussi à créer la paix dans notre royaume. En tant que petit fils, il a réussi à situer un certain nombre de responsabilités dans le royaume. Et nous vivons l’harmonie, la paix à Abomey. C’est pour cela que le sacre du Roi Dêwênondô a eu lieu dans la paix, dans l’harmonie. Toutes les filles, fils et petits-fils du royaume sont allés honorer de leur présence la cérémonie du sacre du nouveau Roi.

On n’entend jamais parler du Roi Adandozan qui a quand même été un grand réformateur à Abomey. Comment allez-vous aider ce Roi à changer cette conception des choses?
Vous rentrez là dans la tradition. Et en tant que prince comme je vous l’ai dit, je suis issu de deux Rois, le Roi Kpingla et le Roi Agonglo. Vous savez, chacun raconte l’histoire par rapport à ce qu’il a vécu. J’évite de trop rentrer dans ces histoires. C’est vrai que j’ai des amis qui sont des vrais historiens. Je donne un exemple et d’ailleurs, c’est lui qui est connu au plan international pour raconter l’histoire réelle d’Abomey avec précision, c’est le directeur du musée historique d’Abomey. Le Roi Adandozan a été diabolisé. Quand j’étais élève, l’histoire du Roi Adandozan que j’ai connue, m’a donné l’impression qu’il était le plus mauvais Roi. Et c’est faux. Nous avons grandi et nous avons fouillé un peu l’histoire de ce Roi qui nous donne aujourd’hui l’impression que c’est lui qui a réformé le royaume d’Abomey. Il a beaucoup fait. C’est son côté peut-être déterminé à faire les choses qui a peut-être joué contre lui.

A part tout ce qui a été réalisé, qu’est-ce qui reste à faire et qui est cher pour Abomey ?
Je donne beaucoup de crédit, d’attention à l’emploi des jeunes. Je suis un homme politique et je veux qu’à travers la création du musée international d’Abomey, la jeunesse d’Abomey trouve d’emploi. Honnêtement, c’est ce qui me tient à cœur si on doit ajouter quelque chose à tout ce que le Chef de l’Etat est en train de faire à Abomey. Je ne vais pas discourir sur ça. C’est visible. Quand tu fais 2 semaines, tu vas à Abomey, quand tu fais un (1) mois, tu vas à Bohicon, tu te perds. Il y a des endroits que tu dépasses et trois jours après, c’est peut-être le contournement, les travaux qui sont visibles. Mais l’emploi de la jeunesse d’Abomey me tient vraiment à cœur. C’est ça qui me caractérise à Abomey et qui me donne de la popularité. Aujourd’hui, le constat est très amer. Il faut que les artisans du musée historique d’Abomey soient valorisés et vivent de leur art. Il faut que la jeunesse d’Abomey qui s’implique dans le tourisme, dans la valorisation de la culture du royaume d’Abomey, jouisse de son art. Je suis très attaché à ça. Il faut que mes frères des 9 communes du Zou trouvent d’emploi. Le reste, le Chef de l’Etat est en train de le faire. Nous avons bénéficié de ses réalisations dans le PAG1 et nous en avons dans le PAG 2.

Les élections législatives s’approchent à grands pas. Au niveau du BR, quels seront les critères de positionnement sur les listes de candidature ?
Moi, j’aurais préféré que pour être candidat du Bloc Républicain, qu’on regarde le militantisme de la personne, sa popularité à la base et son engagement. Si non, il n’y a pas un critère particulier pour être candidat. Quand tu es membre d’un parti politique, tu es appelé à être candidat à tout. Dans nos textes, il n’y a pas de critères spécifiques.

Est-ce que vous-même, vous serez candidat ?
C’est le parti qui décide qui sera candidat. Je suis dans ma maison, je ne vais rien cacher ici. Je suis un des prétendants, mais pas nécessairement prétendant titulaire. Je suis un candidat sérieux pour être suppléant. Et cela va m’obliger à plus m’investir dans la campagne. Mais si le parti me prend comme candidat titulaire, je vais répondre. Mais mon ambition tout de suite, claire, nette et limpide, connue par la base et les forces politiques, c’est que je veux être un candidat suppléant et très sérieux.

Joseph Djogbénou a démissionné de la Cour Constitutionnelle pour être repositionné par le parti rapidement et donc visible pour 2026. Est-ce que cela ne vous semble pas comme un désaveu pour le BR par rapport à 2026 ?
Non. Je vais vous dire une chose. Vous n’êtes pas sans savoir que juste après que l’ex président de la Cour Constitutionnelle, mon cher aîné, Joseph Djogbénou a été désigné, le Bloc Républicain a fait un communiqué pour le féliciter et montrer la disponibilité du parti BR à continuer la même collaboration qu’il y avait avec le patriarche Bruno Amoussou. De ce fait, il n’y a aucun désaveu pour le Bloc Républicain. Nos chemins peuvent encore se croiser en 2026. L’UP et le BR, c’est deux partis qui ont un même père. J’ai du mal à faire des projections. Seul Dieu connait aujourd’hui et demain. Mais, le parti Bloc Républicain est un parti constitué et qui ambitionne aussi de gérer le pouvoir d’Etat. Et c’est sur cette base que beaucoup de partis et mouvements se sont associés pour créer le BR. Donc, nous restons ambitieux et nous travaillons pour faire grandir notre ambition. Actuellement, nous sommes en train de travailler pour être le parti le plus grand en 2023 en gagnant les élections législatives. Cela veut dire que la collaboration que nous avons avec l’UP, n’a aucun souci, quel que soit le changement à la direction du parti. Ça n’aura aucun souci. Un jour, le ministre d’Etat (Abdoulaye Bio Tchané) va aussi passer la main. La leçon que j’ai retenue, c’est celle de la responsabilité de la jeunesse. Parmi les engagements de Talon, c’est qu’il a dit qu’il faut que les ainés passent la main à la jeunesse. Et il travaille tous les jours pour cela. Nous avons le plus jeune ministre des finances de l’Afrique. Dans ce sens, il faut que les ainés commencent à nous passer la main parce que nous avons été formés. Il faut qu’on nous envoie sur le terrain pour expérimenter la formation politique qu’on nous a donnée. Je ne trouve pas le fait que le patriarche Bruno Amoussou passe la main à Djogbénou soit un problème. C’est le cours normal des choses. C’est ce que la jeunesse veut et c’est ce que le chef de l’Etat veut. Vous allez constater sur les listes de l’UP et du BR dans les jours à venir que ce sont les jeunes qui seront positionnés pour aller au parlement. Je ne trouve pas le désaveu qu’il y a dans ces changements à la tête de l’UP. Il n’y a rien de spécial.

Vous êtes un prétendant aux élections législatives de 2023 dans la 23ème circonscription électorale. Ce ne sera pas du cadeau à faire à l’UP. Est-ce que vous irez en affrontement ou bien il y aura toujours une collaboration ?
Je vais répondre à cette question en vous donnant un exemple. Quand vous prenez les clubs européens de football, il vous arrive de voir des Brésiliens. C’est le cas de Neymar et Vinicius qui jouent respectivement au PSG et au Réal de Madrid. Ils jouent tous dans l’équipe brésilienne. Mais quand ils s’affrontent, c’est un combat sans merci. Au cours des élections, qu’elles soient communales ou législatives, personne n’a de cadeau à faire à personne. Parce que notre papa qui est le Chef de l’Etat nous a envoyés à la chasse et le but c’est de tuer le gibier et de le ramener. L’enfant qui tuera plus de gibiers sera caressé par son père. Personne n’a de cadeau à se faire. Parce que notre papa nous a envoyés à la chasse et le but est de tuer le gibier et de le ramener. Et c’est l’enfant qui amènera beaucoup de gibiers qui sera caressé par son père. Dans ce combat, je risque de taper mon frère dans la brousse juste pour trouver les moyens d’être le premier à tuer le gibier. Ce combat va être donc rude. Mais, il ne nous empêchera pas d’avoir des collaborations après. Nous l’avons fait pour les élections présidentielles. Le Secrétaire Général du Bloc Républicain a été le Directeur national de campagne du duo Patrice Talon et Chabi Talata. Mais il y a une différence avec les élections municipales et législatives. Les élections législatives ici, c’est le vrai test de l’ancrage d’un parti politique. Et pour défendre son ancrage sur le plan national, on ne va pas se faire de cadeau. On va se challenger sur le terrain et ça se passe dès maintenant. Nous l’avons déjà commencé. Et quand on finit on ira chez le père pour lui présenter le nombre de gibiers que chacun des enfants a pu tuer. Et l’enfant qui est venu avec le plus de gibiers sera caressé par le papa. Au deuxième il va lui donner le cadeau qu’il mérite et là c’est terminé. On devient encore des frères.

Mais qu’est-ce que votre parti a gagné dans la 23ème en étant tout le temps derrière Talon ?
Dans la 23ème nous avons gagné beaucoup de choses. Le directeur de cabinet du ministère du développement chargé de la coordination gouvernementale, Alastaire Alinsato est d’Abomey. Le deuxième questeur de l’Assemblée nationale est de Bohicon. Il s’agit de l’honorable Nazaire Sado. Ce sont des gains ça. Le DG poste, Judith Glidja est de Bohicon. Le DG Sogema est aussi BR. Il est de Bohicon. Ce ne sont que quelques exemples, sinon la liste est longue. Donc dire aujourd’hui qu’en tant que BR dans la 23ème circonscription électorale nous n’avons rien gagné serait un abus de langage. Mais ça ne nous suffit pas. Nous travaillons aujourd’hui pour que lors du prochain remaniement, le Chef de l’État et le parti se penchent sur la 23ème circonscription dans le cadre du Bloc républicain, en nous donnant un ministre parce que nous le méritons. Nous avons gagné aujourd’hui les deux plus grandes villes de la 23ème circonscription qui sont Bohicon et Djidja.

Le BR n’a pas de ministre dans la 23ème circonscription électorale ?
Non. Le BR n’a aucun ministre dans la 23ème. C’est plutôt l’UP qui en a un. Il s’agit spécifiquement de mon aîné, le ministre de la Défense, Alain Nouatin.
Je veux lancer un appel au secrétaire général du parti Bloc Républicain et au chef de l’État. Vous savez, ce qu’on donne en politique ne se donne pas à cause de la beauté de quelqu’un. On donne par mérite. Aujourd’hui, l’UP ne contrôle pas le Zou. Sur les 9 communes que compte le département du Zou, le Bloc Républicain contrôle 5 communes. Donc on ne peut pas être au même pied d’égalité en termes de nomination aux postes de ministres. Je plaide ce cas spécialement. Quand nous allons revenir dans la 23ème circonscription électorale, le BR a gagné les deux élections de référence auxquelles les deux partis, que ce soit l’UP ou le Bloc Républicain, ont participé. Il s’agit des élections communales et législatives. Lors de ces dernières élections communales, nous avons contrôlé les deux plus grandes villes les plus peuplées de la 23ème à savoir Bohicon et Djidja. Et ça là seul suffit pour qu’on soit regardant et nous donner un poste ministériel plus que les gens de l’UP. Malgré nos scores, ils ont pratiquement tout. Ils ont un ministre, un préfet, des directeurs centraux, des directeurs départementaux. Ils ont tout. Et je fais cette plaidoirie que je suis prêt à faire devant le chef de l’État. Le Chef de l’État est le patron de la mouvance présidentielle. Et ce que je dis est mon vœu à moi. La 23ème circonscription électorale mérite d’avoir un ministre BR aujourd’hui. Ce n’est pas un cadeau que je demande. C’est du mérite. Ce que je dis, je ne le quémande pas. Nous le méritons. Et les cadres ainsi que les politiques que nous sommes travaillons pour.

Est-ce que Abomey est le fief de Talon?
Bien sûr que oui. Mais le fief de Talon, c’est tout le Zou. Il reste imperturbable. Mais on n’exclut pas le fait qu’il y a des résistances au développement, comme dans tout pays. Dans tout pays, il y a toujours une opposition. Je le dis par rapport à ce que je vois. Je suis un homme de terrain.

Voulez-vous dire que Talon a mieux travaillé que Soglo à Abomey?
Celui qui a réellement changé la physionomie du département du Zou, c’est à dire le vrai maçon, c’est le Président Patrice Talon. Je viens de donner des exemples de voies déjà goudronnées et d’autres qui sont en chantier.

Les jeunes disent est-ce que c’est la voie qu’ils vont manger…
Quand j’entends les gens dire ça, je suis chaque fois étonné. Mais le paysan qui finit de faire la récolte dans son champ, s’il n’a pas une voie d’accès, peut-il amener les produits au marché ? Si les produits ne sont pas au marché, peut-on manger? Mais il faut qu’on mange. Et pour manger, il faut un processus. Et dans ce processus, il y a l’acheminement des produits dans les lieux de vente.
Je ne dis pas que l’effort que fournit le gouvernement est déjà suffisant. C’est là que je demande que le gouvernement fasse encore plus d’effort au niveau de la jeunesse pour l’emploi des jeunes.

Il y a des leaders politiques d’Abomey, Candide Azannai par exemple, qui pensent que le développement dont on parle ne doit pas exclure les libertés politiques, d’opinion. Aujourd’hui par exemple, des opposants sont encore en prison.
Quand on parle de liberté au Bénin, souvent je ne me retrouve pas dans ce sujet. Lui Candide Azannai a été ministre sous Yayi. Il a été encore ministre sous Talon. Est-ce que Talon lui reproche quelque chose? Est-ce que lui il est allé en prison? N’est-il pas libre de dire tout ce qu’il est en train de dire? Aujourd’hui c’est la question qu’on doit se poser. Moi j’aurais aimé faire des débats contradictoires avec ceux-là et leur poser ces questions. Mais lui, il est libre de dire tout ce qu’il dit. Et pourtant il a été deux fois ministre et on ne lui reproche rien. La liberté n’est pas synonyme de refuser d’être contrôlé quand tu gères un bien public.
Il faut qu’on commence par copier vraiment les pays développés comme la Grande-Bretagne, les États-Unis, la France… Qu’est-ce qu’on reprochait au premier ministre anglais qui a démissionné l’autre fois? Si c’est au Bénin est-ce que cela peut se passer? Jacques Chirac a été convoqué et gardé à vue. Un ancien Chef d’Etat Français ! Vous pouvez placer Yayi Boni en garde à vue pendant deux jours au Bénin sans qu’il n’y ait des émeutes ? Nul n’est au-dessus de la loi. La loi est faite pour être exécutée. Donc quand tu gères un bien public, il faut accepter que l’État contrôle ta gestion. Qui est aujourd’hui en prison et à qui on ne reproche rien ?
Quand vous diffamez vous serez arrêté. Moi je dis à tous mes amis : « Allez lire le code du numérique. » Parce que les gens ne savent pas et ne cherchent pas à savoir. Si quelqu’un tombe sous le coup de la loi sur le numérique, donc on ne doit pas l’arrêter parce qu’il est un opposant au régime en place? Écoutez, nul n’est au-dessus de la loi. On doit appliquer les lois. Nous avons des opposants qui sont au Bénin et qui continuent d’animer la vie de l’opposition sans être inquiétés. M. Eugène Azatassou a été directeur de cabinet de Yayi Boni. Il parle et dit ce qu’il veut non? Il est allé en prison? Il n’ira pas en prison tant que la justice ne lui reproche rien. Mais pourquoi des gens à qui on n’a même pas adressé une convocation fuient et viennent parler de privation de liberté ? Ils sabotent leur pays.
Nous on a fait l’opposition sous Yayi Boni avec Candide Azannai qui est mon parrain politique avec qui je ne suis pas d’accord sur un certain nombre de faits. Quand on faisait la plateforme des partis d’opposition contre Yayi Boni ici, on a traité le sang humain de sang de mouton. Nous avons été bastonnés. J’ai fait ce combat.
Sous Talon avant que les grèves ne soient recadrées, les magistrats ont dormi à l’Assemblée nationale, bien gardés. On n’a jamais vu ça. Mais sous Talon, on l’a vu. Des marches ont été organisées encadrées par la police. La police a coopéré. Au temps de Yayi on nous assommait. J’étais dans la maison de Candide Azannai quand on voulait l’arrêter. J’y étais avec le président Soglo, le président Djogbénou, Ganiou Soglo et Léhady Soglo, Lazare Sèhouéto. On savait ce qui s’était passé. On a été menacé de mort le jour-là. Mais sous Talon, qu’est-ce qu’on observe? Qu’est-ce qui a été fait? Qu’on me donne des exemples. Je parle des faits que j’avais vus et que je vois maintenant.
Je ne dis pas que sous Talon, tout est parfait. C’est vrai on a connu des émeutes au lendemain des élections législatives.

Aujourd’hui, est-ce que les leaders de l’opposition peuvent battre campagne dans la 23ème circonscription ?
Le parti que moi je trouve le plus virulent aujourd’hui, Les Démocrates, est en tournée nationale. Qui les empêche de faire leur tournée ? Ils sont libres. Vous voyez avec quelle verve ils qualifient le Chef de l’État, la manière avec laquelle ils vilipendent le Chef de l’État chaque fois qu’ils sortent? Vous voyez qu’ils sont contents, fiers de se conformer et participer à l’animation de la vie politique maintenant. C’est pour vous dire que depuis l’avènement du président Patrice Talon, il n’a jamais été interdit à un parti politique qui respecte les conditions de participer aux activités politiques. Savez-vous qu’au Sénégal, pour être candidat aux élections présidentielles il faut avoir 16.000 élus communaux et locaux ? Si c’est au Bénin qu’on dit ça, c’est qu’on est en train de traquer les opposants, c’est qu’on ne veut pas les voir participer aux élections. Aux États-Unis par exemple, il y a ce qu’on appelle les grands électeurs.
Il faut recadrer les choses. Le multipartisme intégral nous a créé trop de problèmes depuis 1990, où des gens font du chantage. Ils restent dans leurs chambre et créent un parti politique avec leur femme et viennent faire du chantage même à un Chef d’État. C’est à ça que le président Patrice Talon a décidé de mettre fin.
L’animation de la vie politique est constitutionnelle. L’État doit subventionner les partis politiques comme ça se passe maintenant. Mais, on ne peut pas créer des centaines de partis qui n’ont aucune force sur l’ensemble du territoire national. Prenons l’exemple du grand PRD. Il n’a jamais eu de député à Djidja. Maintenant quand vous prenez l’Up et le BR, ils ont des députés dans les 24 circonscriptions. Un parti politique doit être à caractère national et non des partis qui sont fort à Cotonou et non à Sèmè. Si c’est cela qu’ils reprochent au président Patrice Talon, nous leur donnons rendez-vous dans six mois. Dans tous les pays, que cela soit le Sénégal, le Nigéria, la France, le Ghana, les Etats-Unis, les élections sont régies par des textes. Nous avons compéti deux fois sur la base des 10%. Eux, ils n’ont même pas encore compéti une seule fois. Ce n’est pas facile d’avoir ce pourcentage, c’est un travail. Vous allez voir qu’il n’y a pas ce weekend que le BR n’est pas en mouvement. Même nous qui sommes de la mouvance présidentielle, le chef de l’Etat ne nous fait pas de cadeau. Ce n’est pas un avantage qu’on a en étant de la mouvance présidentielle ou en étant proche du président, qu’il nous fait des faveurs. Nous avons vu lors des législatives passées, la FCBE a attaqué un élu du Bloc Républicain à la Cour Constitutionnelle. Le chef de l’Etat est là, on nous laisse aller comme cela et chacun a fourni les preuves avec la CENA. On a gagné et le député a été élu. Donc on n’a aucun avantage du président Patrice Talon. On n’a aucun avantage spécifique du chef de l’Etat sans nous gêner. On a travaillé pour cela. Moi qui suis ici, je vais au village tout le temps. Pourtant j’ai des affaires à régler ici. Demain (mercredi 20 juillet 2022, ndlr), je serai en formation à Abomey. C’est parce que l’obligation du militantisme m’amène à faire une formation. Il y a des formateurs qui viennent nous former. Mais au moment où nous on est en train de faire cela, eux ils passent d’hôtel en hôtel pour faire des conférences de presse. Avec cela, il sera difficile d’avoir les 10%. Les Démocrates sont en train de faire leur petit chemin dans la 23ème circonscription. Personne ne les a empêchés. Ils sont actuellement en tournée nationale, ils sont allés à Ouakè, à Djougou, à Natitingou. Est-ce que vous avez entendu que quelqu’un les taquine ? Le BR travaille pour être le parti le plus puissant dans 6 mois. Mais c’est à cela que nous on pense, on ne pense pas à l’opposition. L’UP aussi travaille à garder sa place. Comme je vous l’ai dit, nous on a déjà fait l’expérience deux fois pour avoir 10%. Eux ils ne l’ont jamais fait. Donc on ne peut pas penser à eux. C’est eux qui veulent faire l’expérience et on les laisse, on fera dans 6 mois le point des expériences.

Carte d’identité: Une vie de courage

Armand Mahougnon Affossogbe est un jeune leader politique né le 23 décembre 1980 à Abomey. Caractéristique principale : il est handicapé. A l’époque, il avait neuf ans quand il tombe gravement malade. Prescription du médecin : il lui faut six doses de Quinimas mais réparties sur neuf jours, à raison de deux doses tous les trois jours. Mais l’infirmière lui administre les six doses le même jour, entrainant son handicap définitif. Passé par toutes les étapes de traitement, il finit par garder les deux cannes qui le maintiennent debout aujourd’hui. Il n’en veut nullement à celle qui l’a rendu ainsi. « La dame vit toujours, précise-t-il. Elle doit avoir, quatre-vingts ans et plus. Quand elle me voit elle pleure. Et j’ai du plaisir quand je vais à Abomey, je vais la voir pour lui donner de l’argent. Je dis : « Mais, écoutez, c’est l’œuvre de Dieu. » Et c’est tout. Derrière ce sens du pardon se cache aussi un courage énorme. Sur les fronts les plus chauds de la lutte politique, il prend part à tous les combats et ne se laisse pas faire. « Mon ascension aujourd’hui en politique je ne la dois pas à quelqu’un, dit-il. C’est mon courage qui a été repéré. Et c’est ce courage qui me caractérise toujours de tenir tête à des ministres dans le BR, à des députés dans le BR, de tenir tête à des gens qui sont riches. » Et effectivement, c’est son courage qui a été repéré en 2006 lors des élections par Candide Azannaï et son mouvement Restaurer L’Espoir devenu plus tard un parti politique. Celui-ci lui fait appel pour travailler à l’avènement de Boni Yayi, mais c’est vers Adrien Houngbédji qu’Armand Affossogbé se tourne. Avec son groupe, il fait allégeance au président élu sans obtenir le soutien escompté, la RB ayant réaffirmé sa suprématie sur Abomey et Bohicon. Les jeunes se retournent donc vers Abdoulaye Bio Tchané dont Armand Affossogbé sera l’une des mascottes lors de la campagne présidentielle de 2011. Il le suit d’ailleurs pour la présidentielle de 2016 où il est directeur de campagne ABT dans les neuf communes du Zou. Il milite à ses côtés depuis lors au sein du BR. Il lui rend hommage à chaque occasion. « Je suis reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi, depuis qu’il m’a repéré en étant président de la BOAD, rappelle-t-il. J’ai fait son école politique et j’en suis fier, cette école qui me permet aujourd’hui d’avoir le courage, la sincérité, la loyauté. C’est un homme de rigueur et d’excellence. »
Le courage aussi, c’est la décision qu’il prend de quitter l’école alors qu’il passait en terminale. Divorcé de son père dès sa plus tendre enfance, sa mère l’avait en effet placé chez ses propres parents, les Ahouandogbo à Abomey. Ce qui fait d’ailleurs qu’il n’a connu son père que très tardivement. Mais payer les frais de scolarité était très compliqué. « En seconde et en première on me chassait des compositions parce que je ne payais pas la contribution », se souvient-il. Il finit par déserter l’école, alors qu’il passait en terminale, déterminé à prendre son destin en main. Il se lance dans le petit commerce entre Parakou et Cotonou, et devient exploitant forestier avec tous les agréments nécessaires. Armand Affossogbé est aussi un ancien musicien, rappeur sans complexe au nom d’artiste Fadjo. Cette passion date de Parakou où il fait ses classes grâce à une tante qui devient sa tutrice. C’est là qu’il devient une véritable vedette adulée pour ses talents musicaux. Aujourd’hui, ce qui préoccupe le plus le leader politique, c’est d’abord l’emploi des jeunes. Lorsqu’il voit des jeunes sans emploi, son cœur se déchire devant leur misère. Ce qu’il constate à Abomey, ce sont des gens plus âgés que lui qui l’appellent pourtant « grand frère », juste parce qu’ils croient devoir le flatter pour bénéficier de ses dons de 5000 F. Quand on lui demande quels conseils il pourrait donner à la jeunesse, c’est naturellement une leçon de courage qu’il sort. « Même en tombant, il faut que la jeunesse ne se croit pas tomber. Même en tombant, il faut dire : « Mais vous croyez que je suis tombé ? Mais c’est faux, on se relève rapidement. Le courage trace la voix au bonheur. »

Intimité: Passionné de foot

Avant d’être handicapé, Armand Affossogbé était un attaquant passionné. Il n’a jamais raté un match du Réal Madrid et ne manque jamais les rendez-vous des Ecureuils, même s’il faut y perdre un marché. Il avoue avoir déjà perdu un gros marché pour avoir tenu à suivre d’abord un match des Ecureuils. Marié et père de quatre enfants, le jeune leader rappelle qu’il s’est marié à celle à qui il avait promis mariage alors qu’il n’avait que onze-douze ans. L’opposition des parents de la fille n’y fit rien. Il lui fait un enfant contre vents et marrées et l’épouse en bonne et due forme. Il ne faut jamais dire non à Armand. A table, il ne résiste pas devant un plat de Yantoto, légume que chérissait sa grand-mère maternelle et que lui a vivement conseillé un vieux mort à 131 ans. « Parfois, rien que pour le trouver et l’acheter, je vais jusqu’à Lokossa. On a tenté de m’empoisonner plusieurs fois et de me jeter de mauvais sorts sans jamais réussir.» Autre chose : Armand est un gros consommateur de viande. « Si la viande tuait, je serais mort depuis », dit-il.

LA REDACTION

Magloire Dochamou, DG/ NSIA Vie Assurance ‘’Sous l’arbre à palabre’’: « Il faut rendre certaines assurances obligatoires »

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Magloire Dochamou, DG NSIA Vie Assurance, dimanche dernier au siège de l’Evènement Précis

(« NSIA VIE Bénin propose des produits d’assurances Vie adaptés à toutes les couches de la population »)

«Les sociétés d’assurance ne sont pas des structures de collecte d’argent. Bien au contraire, elles contribuent énormément au bien être de la personne, de son matériel et même de son avenir », témoigne un spécialiste des questions d’assurance au Bénin. Interrogé sur la question dans la rubrique Sous L’Arbre à Palabres de L’Evénement Précis, le Directeur Général de NSIA VIE ASSURANCE, Magloire Dochamou a donné des explications sur les missions des maisons d’assurances ainsi que leur fonctionnement. Conscient de ce que le grand public ignore leur profession, il a, dans une démarche de sensibilisation, donné l’assurance de la crédibilité du groupe NSIA. L’invité du dimanche 24 avril dernier, a présenté un large éventail des produits que propose NSIA VIE ASSURANCE et qui couvrent non seulement le secteur de la santé mais également l’éducation des enfants, l’assurance protection, la prévoyance retraite et bien d’autres. Très détendu et persuasif dans ses propos, Magloire Dochamou souhaite que les assurances soient obligatoires à tous afin de permettre à chacun de protéger sa famille, assurer les études supérieures des enfants et prévoir sa retraite. En clair, permettre aux ménages d’avoir un paquet d’assurances qui pour mieux affronter les difficultés de la vie de façon sereine. « Je pense qu’aujourd’hui, il faut rendre les assurances obligatoires. Au moins entrainer les gens pour les amener, cela peut être un choix. On n’est pas obligé de le faire subitement. Ils peuvent choisir les assurances en fonction de leurs biens », a-t-il souligné. Lisez plutôt.

Et si on en parlait

Comment est né NSIA Vie Assurances?

Je ne pourrai pas parler de NSIA Vie Assurance sans parler du Groupe NSIA. Le Groupe NSIA est un groupe panafricain d’assurance et de Banque qui dispose aujourd’hui de plus 21 filiales en Afrique de l’Ouest et du Centre. Il est présent dans 12 pays sur le continent. NSIA Vie Assurances Bénin, filiale du Groupe NSIA au Bénin a été créée en 2005 avec pour objectif d’apporter des solutions d’assurance vie à toutes les couches de la population.

Quels sont les produits que vous offrez à vos clients ?

NSIA Vie Assurances a été agréée pour proposer des produits d’Epargne et de Prévoyance aux populations. Dans la gamme des solutions d’assurances Epargne, on peut citer les plus en vue notamment NSIA Etudes, NSIA Pension et NSIA Vitalis. Avec NSIA Etudes, nous garantissons le financement dans les conditions optimales des études supérieures des enfants tandis qu’avec NSIA Pension et NSIA Retraite, les travailleurs ont l’opportunité de se constituer une retraite complémentaire et donc de vivre une retraite paisible pendant longtemps. Ce type de garantie est très important et recommandé aux travailleurs pour leur éviter de vivre des situations difficiles une fois à la retraite, étant donné que les pensions de retraite classiques sont largement insuffisantes. Comme le dit l’autre en effet, la retraite ne se prépare pas le jour de la retraite mais bien avant. L’autre produit qu’il me plaît de rappeler est NSIA Vitalis. En effet, alors qu’une fois à la retraite le travailleur perd le bénéfice de l’assurance santé qui lui est offerte en période d’activités, grâce à NSIA Vitalis, le jeune retraité va bénéficier d’une prise en charge de ses frais de santé à hauteur de 2 Millions par an pendant une période pouvant aller jusqu’à 20 ans. Je recommanderai NSIA Vitalis à tous les fonctionnaires et toutes les personnes travaillant dans le secteur privé afin d’éviter de tomber dans cette situation.

La seconde catégorie de produits concerne les solutions de prévoyance notamment tous les produits mis à la disposition des populations pour les assister en cas de décès de l’individu ou d’un membre de sa famille. En général, quand ces évènements surviennent, ils génèrent des frais et des difficultés énormes au sein des familles. Du fait du décès subit de son époux, une veuve peut être renvoyée de la maison conjugale parce que ne pouvant plus payer le loyer. Avec NSIA Prévoyance et ses variantes notamment NSIA Alodo et NSIA Assistance funérailles, nous apportons une solution financière pour soulager la famille, la veuve et même les enfants qui peuvent manquer de moyens pour poursuivre leur scolarité.

Quelles sont grandes réalisations de NSIA Vie depuis son existence….

Après quasiment Quinze année (15) d’existence NSIA Vie a eu beaucoup de réalisations au niveau de notre pays, notamment le règlement des prestations et sinistres, le paiement des impôts, le financement de l’économie et enfin les dons.

Sur le plan des prestations et sinistres, il est important de préciser qu’au cours des cinq dernières années, c’est près de 12,4 Milliards de FCFA que NSIA Vie Bénin a verssé aux assurés et bénéficiaires de contrats. S’agissant des impôts c’est plus 1,2 Milliards d’impôts qui ont été reversés dans les caisses de l’Etat. L’économie nationale et sous régionale a également bénéficié de l’apport de NSIA Vie Assurance puisque les Dépôts à Terme dans les banques locales et les souscriptions d’emprunts obligataires respectivement de 4,5 Milliards et 1,6 Milliards. Au total c’est plus de Vingt-quatre (24) milliards de FCFA d’investissements réalisés tant dans le pays que dans la sous-région.

Enfin en matière de financement d’œuvre sociale, NSIA Vie a investi près de 90 millions dans diverses actions au profit des orphelinats, des hôpitaux et autres associations contribuant ainsi à l’amélioration des conditions de vie et de travail desdites structures.

Toutes les actions et réalisations ne sont pas connues du public, ce qui peut laisser croire aux populations que les assureurs ne servent à rien. C’est pour attirer l’attention des populations sur les activités des assureurs en général et celles de NSIA Vie Assurances en particulier que j’ai décidé en ma qualité de premier responsable de la société de prendre la parole en allant vers la presse pour expliquer ce que nous faisons. En général, les populations ne comprennent pas ce pourquoi nous sommes-là. Dans leur esprit, les assurances sont juste là pour collecter les primes et ensuite ne respectent pas leurs engagements.

Quels sont les produits que NSIA Vie Assurances propose aux parents d’élèves ?

C’est une question qui me permet d’insister sur la responsabilité des parents qui va au-delà du paiement de la scolarité des enfants ou encore de la prise en charge des frais actuels liés à leur scolarité. Tout parent, à mon avis, doit se poser les questions suivantes : Dans Cinq (05) voire Dix (10) ans quand mon enfant aura le BAC, serais-je en mesure de financer ses études universitaires ? Ou encore « En mon absence par suite de rappel à Dieu, est ce que mes enfants pourront continuer sereinement leur scolarité ? N’y aurait-il pas en l’état actuel de mon organisation un risque de déscolarisation de mes enfants notamment des jeunes filles en mon absence ? Si la réponse à ces questions est non ou s’il subsiste un doute, vous devez dès maintenant et sans plus attendre vous rapprocher de NSIA Vie Bénin pour souscrire aux deux produits consacrés aux enfants ; il s’agit de NSIA Etudes et de NSIA Alodo. Alors que NSIA Etudes va permettre aux parents d’anticiper le financement des études supérieures des enfants moyennant des cotisations mensuelles, annuelles ou trimestrielles, NSIA ALODO va apporter la solution de l’immédiateté notamment en permettant à l’enfant de bénéficier en fonction de son cycle d’études jusqu’à 320 000 FCFA moyennant une cotisation payée auparavant par son parent pouvant aller de 4200 à 6200 FCFA l’année. J’invite tous les parents d’élèves à se rapprocher de NSIA Vie Assurances pour plus d’informations afin de sécuriser l’avenir de leurs enfants.

Récemment vous avez fait une action en direction d’un enfant hospitalisé….

Exactement. C’est un exemple palpable de l’implication de NSIA Vie dans le quotidien des béninois et surtout l’illustration de ce que nous sommes à l’écoute des populations. Ainsi donc, nous avons été saisis d’émotions à la découverte du cas de ce petit enfant et très rapidement, ses parents ont été contactés et des instructions ont été données pour la prise en charge totale de l’opération. Aujourd’hui, cet enfant a été opéré et il peut désormais reprendre sereinement le cours de sa vie et ainsi poursuivre sa scolarité normalement. C’est vrai que les parents de l’enfant sont en admiration pour NSIA Vie et ne cessent de nous dire merci. Mais laissez-moi vous dire ici que ces remerciements, nous les partageons avec tous nos assurés qui nous font confiance en souscrivant des contrats d’assurances auprès de notre société. C’est grâce à eux que nous sommes capables de faire ce genre d’actions de solidarité qui nous honore tous et qui donne la joie de vivre à cet enfant et à sa famille.

C’est quoi votre cœur de métier ?

Un assureur en général et un assureur vie comme NSIA Vie a pour mission d’assister les populations en les aidant à se préparer au mieux à gérer les chocs inattendus de la vie quotidienne, qu’il s’agisse d’assister financièrement pour les familles après le décès d’un parent proche, de la préparation de la retraite, de l’anticipation d’une prise en charge sanitaire en cas de départ à la retraite ou encore d’anticiper la prise en charge des frais de scolarité de sa progéniture.

NSIA Vie a vocation à être un partenaire du quotidien de chaque béninois afin que jamais les coups durs de la vie ne deviennent un fardeau.

Vous avez publié récemment un livre intitulé : « Et si on s’assurait tous ? ». Qu’est-ce qu’on peut en retenir ? Est-ce que finalement le Bénin est différent des autres pays en matière d’assurance ?

L’Afrique en général est très en retard en matière de taux de souscription en assurance ; on parle d’à peine 1% contre 8% à 10% en Europe et aux Etats Unis. Le Bénin comme la plupart des pays africains est en retard avec un taux de pénétration (Volume des primes d’assurances collectées/PIB du Bénin) de moins d’1% et malheureusement, nous ne prenons pas le chemin de l’inversion de cette tendance. Je tiens tout de même à souligner qu’en communiquant sur un taux de pénétration de moins d’1% pour notre pays, nous sommes dans l’embellissement car une analyse plus poussée du niveau de souscription des assurances par les populations béninoises induirait un taux de pénétration plus proche de Zéro que de Un pour cent ( 01%) ; c’est dire le grand retard que nous avons en la matière dans le pays. Parce que si vous enlevez les assurances des structures étatiques, des grandes entreprises et de celles à tailles moyennes qui n’ont pas d’autres choix que de s’assurer, vous verrez que le nombre de béninois qui s’assurent est très faible.

C’est fort de plus de Dix-huit (18) ans d’expériences professionnelles dans le secteur des Assurances en Afrique Zone CIMA dont douze en tant que CEO de société d’assurances et convaincu de ce qu’une amélioration du niveau de souscription des assurances peut apporter au continent africain et à mon pays en particulier notamment en terme de protection sociale et de mobilisation de l’épargne pour financer les projets structurants, j’ai décidé de saisir ma plume et d’attirer l’attention de tous sur le bien-fondé de l’assurance. J’ai décidé d’informer, de sensibiliser le public car j’ai acquis la conviction que si les habitudes ne s’inversent pas depuis la libéralisation du secteur des assurances en 1990, c’est moins par manque de volonté manifeste mais beaucoup plus par ignorance. Cette réflexion a abouti à la publication de deux ouvrages notamment « Assureur un métier mal connu », paru aux Editions du Panthéon et « ET SI ON S’ASSURAIT TOUS ? » paru aux Editions plumes Soleil en 2021. Cet ouvrage disponible en librairie, met l’accent sur le lien entre le développement de l’assurance ainsi que le développement de l’Afrique qui a un besoin énorme de ressources pour financer son développement.

Vous savez chers journalistes, imaginez un pays comme la France, Soixante Quinze millions (75 Millions) d’Habitants dans lequel les assureurs collectent depuis plusieurs années, maintenant chaque année, pas moins de 140 000 milliards de FCFA contre seulement 40 000 Milliards pour le continent africain (1, 4 Milliards d’habitants). Le Bénin réalise environ 75 Milliards de FCFA. En France, les assureurs font partie sinon sont les premiers partenaires financiers de l’Etat en termes d’apport de ressources pour financer les activités. Pourquoi on ne peut pas s’y mettre en Afrique et au Bénin ? C’est parce que je crois que cela est possible chez nous et qu’il faut qu’on y aille que depuis bientôt quatre ans, j’en parle tout le temps. C’est pour moi une obsession, non pas pour dire que nous collecterons aussi 140 000 Milliards l’année, mais en fonction du pouvoir d’achat des populations qui n’est pas si faible que ça, on est capable si on veut au Bénin de mobiliser 300 à 500 Milliards de FCFA chaque année. Cette mobilisation va non seulement permettre aux assureurs d’être plus solides financièrement et donc les rendre plus réactifs dans la prise en charge des sinistres des populations mais surtout permettre aux assureurs dans le rôle d’investisseurs institutionnels, de mettre une partie importante desdites ressources à la disposition de l’Etat via les emprunts obligataires, ce qui lui permettra de financer ses grands projets. De manière concrète sur cinq (05) ans, cela fera 5000 Milliards de FCFA dont l’essentiel pourrait permettre à l’état de financer les nombreux projets en cours ou ceux à venir réduisant au passage ce n’est pas peu de le dire, notre dépendance vis-à-vis des ressources externes.

C’est pour faire comprendre cette interaction entre le développement des routes, des hôpitaux, des écoles, la construction des forages, l’électricité pour tous et celui de l’assurance que j’ai publié cet ouvrage pour expliquer dans un langage simple avec des exemples concrets que le développement de l’Afrique par les africains est bien possible et le Bénin peut en donner le ton comme c’est déjà le cas dans bien de domaines. Mon objectif à travers cet essai et l’ensemble de ma démarche ne visent qu’une seule chose : Montrer aux acteurs ( Etat, Médias et leaders d’opinions, Assureurs ) qu’une souscription massive des assurances qu’il s’agisse de l’assurance de la moto, de la voiture, de la maison, de la boutique ou encore l’assurance Etudes au profit des enfants, l’assurance prévoyance pour se protéger et protéger sa famille contre les aléas de la vie renforcera l’industrie des assurances en même temps qu’elle permettra à nos Etats de disposer des ressources locales nécessaires pour nous ériger de belles routes, des hôpitaux et autres. Le message important qui est véhiculé dans cet ouvrage est de dire aux populations qu’en souscrivant massivement aux divers produits d’assurances :

  • Je donne les moyens à l’assureur afin de lui permettre de régler rapidement les sinistres en cas d’accidents,
  • Je donne les moyens directement (accroissement des collectes d’impôts) et indirectement (emprunts obligataires) à l’Etat pour construire de belles routes dans ma localité, des écoles, des hôpitaux pour nous soigner,

C’est pour dire qu’en s’assurant tous, on va développer le pays. C’est le sens de mon message et j’invite les hommes de médias que vous êtes à relayer cela afin que les mentalités changent car notre survie à tous en dépend.

Concrètement, est ce que NSIA Vie Assurances est une compagnie rentable ?

Je pense que votre question est de vous rassurer que NSIA Vie est solide financièrement ?

Pour une compagnie d’assurance, on parlera de solvabilité plus spécifiquement d’indicateur de solvabilité. Deux éléments permettent de mesurer cette solvabilité : il s’agit du taux de couverture des engagements de l’assureur et du taux de marge de solvabilité. La loi oblige les assureurs pour 100FCFA d’engagements de disposer d’au moins 100 FCFA d’actifs pour les couvrir. De même, elle exige que la marge minimum exigée pour suivre l’activité soit couverte à 100%. En ce qui concerne NSIA Vie Bénin, nous avons un taux de couverture des engagements réglementés de 111% et le taux de marge est de plus de 380%. C’est dire donc que les assurés et les potentiels clients n’ont aucune crainte à se faire car leur société a des indicateurs de solvabilité totalement au vert.

Monsieur Dochamou, nous avons observé que lorsque les personnes détentrices de contrats d’assurances ont des situations, il y a des contraintes liées aux pièces justificatives. Il faut aller au tribunal et autres…

Votre interrogation pose le problème récurrent des assurés qui se plaignent constamment des pièces demandées par l’assureur lorsqu’il s’agit de percevoir les capitaux ou les indemnités. En réalité, il est important de souligner aux populations que l’assureur n’a aucun intérêt à réclamer des pièces qui ne devraient pas l’être ? Il faut que les populations comprennent que les primes collectées par l’assureur ne lui appartiennent pas et que par conséquent pour en disposer, il doit faire preuve de beaucoup de prudence et surtout respecter les règles édictées par le législateur CIMA en matière de dépenses car les primes appartiennent à la mutualité des assurés. A ce niveau donc, ma recommandation aux assurés est de prendre toutes les dispositions pour transmettre à l’assureur toutes les pièces demandées et ceci dans les délais requis. C’est la seule condition pour faciliter le paiement des sinistres dans les meilleurs délais par l’assureur.

À quoi est due la disparition des compagnies d’assurance du Bénin?

En assurance, parlerait de retrait d’agrément et donc de cessation d’activités. Pour le cas de notre pays le Bénin, trente-deux ans après la libéralisation du secteur des assurances on peut dire que les compagnies d’assurances se sont plutôt bien comportées dans l’ensemble. De mémoire en effet, nous n’avons connu que trois sociétés qui ont cessé leurs activités.

En général, les sociétés font l’objet de retrait d’agrément par le législateur CIMA lorsqu’ils ne couvrent, pas et ceci de manière durable, suffisamment leurs engagements réglementés de même que la marge de solvabilité qui sont à ce jour les principaux indicateurs qui permettent à la tutelle de s’assurer qu’une entreprise d’assurance dans l’exercice de ses activités préserve les intérêts des assurés et bénéficiaires de contrats d’assurances puisqu’il s’agit de collecte de l’Epargne. De manière générale et au-delà des questions de gouvernance qui sont à mon avis marginales, la raison principale qui explique la cession de l’activité des sociétés d’assurance, c’est le défaut de chiffre d’affaires suffisant pour leur permettre d’atteindre la taille critique nécessaire pour faire jouer la mutualité entre les assurés. En effet, en assurances la prime payée par l’assuré pour bénéficier d’une garantie est sans commune mesure avec la garantie promise. Pour que l’assureur soit en mesure de respecter ses engagements, il est indispensable pour lui d’avoir le maximum de personnes qui souscrivent afin que la collecte des primes puisse lui permettre d’indemniser ceux d’entre les assurés, qui selon la loi de la probabilité, enregistrent des sinistres. Aujourd’hui dans le secteur des assurances, on a malheureusement une vraie problématique car les personnes ne s’assurent pas mais souhaitent bénéficier rapidement des indemnités en cas d’accidents. Ce n’est pas normal, car cette faible souscription des assurances par les populations qui perdure depuis des années est la base des difficultés financières des entreprises d’assurances, dont le capital social faut-il le rappeler est quand même de trois (03) milliards de FCFA. Malgré toute la bonne volonté des opérateurs économiques, vous conviendrez avec moi qu’on ne peut pas demander à des gens de mettre trois milliards FCFA dans une affaire et de les voir partir en fumée car elles ont servi à payer gracieusement des personnes qui ne s’acquittent pas de leur devoir notamment : Assurer leur véhicule, leur moto, leur habitation, leurs boutiques et magasins pour ne citer que ces assurances. Tout se passe comme si dans la République, il y a ceux qui doivent s’assurer et les autres qui ont le droit de ne pas le faire et pourtant sont les premiers à se plaindre du non-paiement des sinistres par les assureurs. C’est comme quelqu’un qui n’est pas membre d’une tontine et qui veut ramasser, est-ce possible dans la vraie vie ? C’est pourtant ce qui se passe avec ces milliers de béninois qui ne s’assurent pas mais en cas d’accidents bénéficient de l’assurance des personnes qui se sont assurées. Mieux, est-ce qu’il est normal pour le membre d’une tontine après avoir ramassé sa mise de ne plus cotiser pour les autres ? Je pense que non ! Alors que régulièrement, on a ces cas car des personnes décident de s’assurer par convenance quand ils sont contents ou qu’ils le souhaitent alors que l’assureur n’a pas le choix que de les indemniser lorsqu’ils subissent des dommages dans le cadre d’un accident causé par un assuré. Vous voyez donc mes chers journalistes, pour finir mon propos et répondre de manière simple à votre question, je dirai que la cessation d’activités des sociétés d’assurances pourrait trouver sa cause principale dans la faiblesse de la souscription par les populations. C’est pour éviter ces situations que mon message en direction des populations béninoises et de vos lecteurs en particulier c’est d’assurer vos biens et vous-mêmes auprès des assureurs. C’est non seulement un acte de responsabilité, mais c’est surtout un acte qui fait de vous un citoyen qui contribue au développement de son pays au regard de tous mes développements supra.

Avec la faiblesse du pouvoir d’achat des Béninois, pensez-vous que le marché de l’assurance vie est prometteur au Bénin ?

Chers amis journalistes, vous savez on dit souvent que lorsqu’on veut tuer son chien on l’accuse de rage ? Oui c’est cela car en effet, lorsqu’il faut consommer abusivement de l’alcool, acheter des Mo pour aller sur les réseaux sociaux sans savoir ce pour quoi on y est, on ne pose pas le problème du pouvoir d’achat. Il faut que les Béninois et les africains de manière générale arrêtent de trouver des prétextes pour ne pas assumer leur responsabilité. S’assurer est un acte avant tout de responsabilité et ensuite de respect des lois de la république dans certains cas. On ne peut pas avoir 500 FCFA par jour donc 30 000 FCFA/ Mois pour s’offrir des forfaits internet et raconter des futilités excusez-moi, les termes et ne pas avoir 4200 FCFA ou encore 12500 /an pour assurer son enfant ou sa moto. C’est très clairement de l’irresponsabilité doublée d’une mauvaise foi caractérisée et nous devons pouvoir le reconnaître et prendre la ferme résolution de changer de fusil d’épaule. En effet, aujourd’hui les assureurs en tout cas c’est le cas de NSIA Vie Assurances Bénin, conscients du niveau du pouvoir d’achat des populations africaines en général et béninoises en particulier, ont travaillé à la création des produits de qualité mais à moindre coût. Je vous ai parlé plus loin de produit à partir de 4200 FCFA par an par enfants et d’autres produits dont la prime annuelle n’excède pas 10 000 ou 25000 FCFA. Nous avons même des produits lancés en partenariat avec un opérateur mobile de la place Micro Assur vie qui ne coûte que Vingt-cinq francs/ mois pour le premier niveau. Est-ce que pour autant les abonnés de cet opérateur qui sont plus de Trois millions y ont souscrits tous, Non ? Est-ce que ces mêmes abonnés ne dépensent pas en crédit de communication, en Mo et autres des multiples de 25 FCFA par jour, Oui mes chers journalistes. Donc le vrai problème, ce n’est pas une question de pouvoir d’achat car les assureurs ont des produits accessibles de nos jours, la problématique c’est que les gens ont un problème avec les assurances certainement par ignorance et ma démarche vise aussi à les rassurer et leur redonner confiance afin que chaque parent décide de venir vers NSIA Vie Assurance, le vrai visage de l’assurance au Bénin, pour souscrire à l’assurance pour son enfant et pour lui-même ; c’est primordial. N’attendez pas la veille de la retraite pour la préparer, c’est maintenant que cela se fait et NSIA Vie Bénin a les meilleures solutions pour vous accompagner avec la garantie de la bonne tenue de nos engagements à la fin des divers contrats. C’est prouvé et c’est vérifiable.

Diriez-vous que certains produits d’assurance-vie doivent faire l’objet de loi, donc soient rendus obligatoires ?

C’est vital mes chers Journalistes. Comme je le dis très clairement dans mon précédent ouvrage ET SI ON S’ASSURAIT TOUS ? En 2019, les assureurs Français ont collecté 228 Milliards d’Euros dont 45,6 Milliards d’euros environs relève des assurances obligatoires soit 20% environ du chiffre d’affaires desdites sociétés. Là-bas, ils ont malgré une culture d’assurance plus forte au moins une bonne demi-douzaine d’assurances obligatoires. Au Bénin nous n’avons que deux notamment l’assurance automobile des quatre roues et l’assurance construction qui font l’objet d’un respect approximatif par les populations. Cette situation ne peut pas favoriser l’éclosion d’une industrie des assurances dont l’apport pour le développement économique et social a été largement expliqué dans cette interview. C’est pour changer la donne que je ne me contente pas de fustiger cette situation mais dans mon ouvrage, j’ai fait des propositions concrètes de contrats à rendre obligatoires notamment : l’assurance habitation, l’assurance incendie au profit des commerçants des marchés, l’assurance contre les accidents avec un volet prévoyance décès toutes causes, l’assurance retraite complémentaire pour les travailleurs, une prévoyance collective familiale, l’assurance automobile deux et trois roues. L’objectif n’est pas de les mettre en œuvre au même moment mais dans le cadre d’une étude structurée et sur la base d’objectifs précis, on peut envisager un déploiement progressif de ces contrats ou d’autres d’ailleurs ce qui permettra d’élargir l’assiette des assurances obligatoires au Bénin : C’est une urgence nationale et économique.

Si on vous demande par exemple de conseiller à un député de légiférer à ce propos, quel produit vous lui auriez conseillé ?

Je demanderai déjà au député de chercher à lire mes deux ouvrages pour mieux comprendre de quoi il s’agit et ensuite penser à légiférer sur l’instauration des assurances obligatoires portant sur les produits d’assurance non exhaustif évoqués ci-dessus. J’insiste sur la nécessité de lire et comprendre car j’ai le sentiment que beaucoup de personnes dans la société africaine et béninoise ne savent pas ce que l’assurance peut faire dans le développement économique et social de ce continent. S’ils le comprenaient vraiment, je pense humblement qu’on aura plus d’adhérents à la cause et c’est le sens de ma démarche de sensibilisation. Revenant au Député, il est souhaitable qu’il comprenne de manière très claire que grâce à une souscription plus massive des assurances par les populations, leur bien-être économique et social va s’améliorer de manière progressive et visible puisque les assureurs seront plus prompts dans le règlement des sinistres et l’Etat disposera de plus de moyens locaux pour financer des actions de développement au profit des populations dans le cadre d’un partenariat construit et suivi avec les assureurs du marché. Il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit mes chers journalistes, c’est clairement possible de mobiliser en interne chaque année 200 à 300, voire 500 Milliards. Et aider l’Etat central par des lois à mobiliser les ressources sauf erreur c’est aussi cela le rôle des députés. Je les invite à explorer cette solution et ils auront rendu un service inestimable au pays.

Que faut –il faire pour favoriser le développement de l’assurance au Bénin et donc d’accroître la mobilisation de l’Epargne interne de l’Etat

Primo, il faut que l’Etat pense à rendre certaines assurances obligatoires. J’ai fait quelques propositions qui peuvent être affinées. Secundo, il est important que tous les acteurs (Etat, média, populations) comprennent l’importance de s’assurer qui va au-delà de leur personne ou entité et l’intègre comme une question de développement national en souscrivant massivement pour les uns (Populations) et en sensibilisant davantage les populations à y souscrire pour les autres (Etat et média)

Enfin, s’assurer d’une part que les assurances obligatoires qui sont déjà instaurées notamment l’assurance automobile des quatre roues et l’assurance construction fassent l’objet d’une application stricte ; d’autre part s’assurer que les mécanismes de conservation des risques sur les marchés locaux édictés par l’article 308 du code CIMA qui vise à empêcher la fuite des capitaux soient rigoureusement appliqués et qu’aucune structure ne contribue à faire partir vers l’extérieur les primes d’assurances sous-prétexte que les assureurs locaux n’ont pas les capacités de couvrir les risques. Favoriser cette fuite de capitaux dans une période où nos pays ont lancé de grands chantiers, c’est les priver de ressources pour se développer, puisque dans ce cas, les primes servent à développer d’autres pays.

Je pense humblement que si ces points non exhaustifs sont traités avec attention, nous avons de grandes chances de révéler le Bénin en terme de développement du secteur de l’assurance et donc de renforcement de la mobilisation des ressources internes pour financer plus fortement notre économie comme le recommande d’ailleurs la BAD dans ses dernières notes de perspectives économiques concernant notre pays.

Un mot pour conclure cet entretien ?

Je voudrais vous remercier pour cette opportunité que vous m’offrez. J’espère que vos attentes et celles de vos lecteurs ont été comblées.

J’espère avoir apporté suffisamment d’éléments de réponses à vos lecteurs et à vous-mêmes pour vous rassurer et vous encourager à souscrire massivement aux diverses solutions de NSIA Vie Assurances Bénin.

Plus globalement, mon vœu est que ce message de sensibilisation dont le but est de lever le voile sur les nombreux avantages d’une industrie des assurances forte pour les populations et l’Etat soit entendu et que vivement le regard que les uns et les autres ont sur les assurances change pour le bien de tous.

Je pense qu’une industrie des assurances mieux managée et mieux accompagnée peut contribuer de manière abondante au développement de ce pays. Et comme je l’ai souligné supra, on peut également révéler le Bénin à travers un secteur des assurances fort et conquérant au service des populations et de l’Etat.

Je conclurai en exhortant vos lecteurs à se déporter massivement vers NSIA Vie Bénin, le vrai visage de l’assurance Vie au Bénin où des solutions adaptées aux conditions de chacun sont disponibles pour protéger leurs familles dans un environnement de plus en plus difficile.

CARTE D’IDENTITE : Cadre d’excellence

Magloire Kadjogbé Dochamou est Directeur Général de NSIA Vie Assurances Bénin depuis février 2019. La quarantaine athlétique, cet ancien footballeur des catégories d’âge de l’équipe nationale a beaucoup hésité avant de choisir les assurances. Lorsqu’il décroche sa licence en gestion à l’Université d’Abomey-Calai en 2002, lui qui rêvait de devenir footballeur professionnel et d’arpenter les gazons verts, s’est orienté finalement vers l’Institut International des Assurances de Yaoundé au Cameroun. Il avait auparavant réussi brillamment au concours d’entrée à cet établissement d’excellence. Il en sort en 2004, major de sa promotion, nanti d’une Maîtrise en Sciences et Techniques d’Assurances. Il démarre alors sa carrière d’assureur qu’il assume depuis le plus bas niveau avant d’occuper les plus hautes fonctions. Entre-temps, il n’a pas cessé d’étudier, de sorte qu’il soutiendra bientôt une thèse de Doctorat en Sciences de Gestion à l’Académie des Sciences de Management de Paris. Au plan professionnel, son évolution a été fulgurante. Depuis le statut de collaborateur du Responsable Production à la Fédérale d’Assurances du Bénin (FEDAS-Bénin SA), il gravit patiemment les échelons pour devenir Chef Département Bureaux directs et Courtage de janvier 2008 à décembre 2009. Janvier 2010, il entre à FEDAS Côte-d’Ivoire comme Directeur Technique et Commercial avant de devenir en 2011 Directeur Général de la compagnie. Magloire Kadjogbé Dochamou n’avait que 31 ans, une jeunesse qu’il assume avec dynamisme et créativité. En 2014, grâce à ses prouesses commerciales et en matière de gestion, il est repéré par les dirigeants de COLINA et devient DG COLINA-Togo qui deviendra SAHAM Togo. Sous sa houlette, SAHAM-Vie Togo obtient son agrément d’exercice et il en prend les commandes en qualité d’Administrateur Directeur Général de 2016 à 2018. En Février 2019, le groupe NSIA lui fait confiance pour diriger sa filiale du Bénin, c’est le début de sa première expérience de Manager dans son pays d’origine, lui qui l’a quitté en 2009 en tant que Chef de Département. Notre invité nous a déclaré au cours de l’entretien ceci sur ce point précis : « J’ai fait de belles choses à l’étranger, j’ambitionne mettre les expériences acquises au service de mes concitoyens et ce challenge était une formidable opportunité de faire quelque chose de grand aussi chez moi » dit-il avec modestie. Il est vrai que les chiffres d’affaires qu’il draine chaque fois parlent en faveur de sa compétence. Depuis 2019, il arpente les coins et recoins du Bénin pour permettre aux citoyens même les plus pauvres de souscrire à des contrats d’assurance afin de se protéger et de protéger leurs familles. On ne s’étonne pas donc de constater que le chiffre d’affaires de l’entreprise qu’il dirige est passé de 4, 1 Milliards en 2018 à 6,4 Milliards environ en 2021. On peut sans risque de se tromper en déduire que nous avons là, le modèle du jeune Cadre dynamique dont le pays peut être fier. Notre rédaction lui souhaite bonne chance pour la suite et surtout bonne continuation dans cette œuvre de sensibilisation des populations sur les avantages de la souscription des contrats d’assurances.

Intimité: Toujours footeux

Le DG/NSIA Vie Assurances Bénin ne le cache pas. Il reste un amoureux du football. Malgré les années loin des stades, il avoue : « J’ai encore de beaux gestes. » Il a même créé avec des amis une académie de football pour permettre aux plus petits de se perfectionner pour atteindre les sommets dont il rêvait lui aussi à leur âge. Inutile de vous dire qu’il aime lire et écrire, ces deux ouvrages publiés en moins de quatre ans en sont une illustration parfaite et attestent que c’est un cadre qui sait de quoi il parle, puisque non seulement il le pratique au quotidien, mais il décide de l’enseigner aux autres.

Marié et père de trois enfants, Magloire Kadjogbé Dochamou aime l’igname pilée, comme tous ceux qui sont originaires du département des Collines. Comme boisson, il préfère l’eau et affectionne les moments qu’il passe en famille entouré de son épouse et de ses enfants.

 LA REDACTION