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Idrissou Yaya, maire de la ville de Djougou invité de ”Sous l’arbre à Palabre”: « Grâce au Président Talon, Djougou va beaucoup changer »

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Idrissou Yaya fait un an de bilan en termes de réalisation

“Djougou continue de souffrir d’électricité”

Il y a un an déjà  que  s’installait Idrissou Yaya, à la tête de la ville de Djougou   dans une atmosphère de tension et d’intrigues. Aujourd’hui, tout semble redevenir calme au sein du conseil communal.  Plus soudé que jamais, les conseillers communaux de  Djougou doivent t affronter les défis liés au développement de la commune. Invité de la rubrique «Sous l’arbre à Palabre» de l’Evènement Précis, Idrissou Yaya fait le bilan à mi-parcours. A l’arrivée, beaucoup de réalisations à son actif, mais aussi de grosses difficultés liées à la fourniture d’énergie électrique au profit des habitants de la ville. Membre du bureau politique du BR,  Idrissou Yaya n’a pas manqué  d’évoquer les préoccupations du citoyen à la base quant aux réformes politiques en cours. Lisez plutôt.

Le Maire Idrissou Yaya au siège de l’Evènement Précis

Votre installation avait suscité quelques remous à l’époque. Un an après, est-ce que le Conseil communal est apaisé ?

Vous savez, le maire est comme un chef. Et chaque fois qu’il y a installation des chefs, c’est normal qu’il y ait des contestations. Donc, mon installation n’a pas fait exception à la règle. Il y a eu effectivement des remous. Mais, Dieu merci, nous avons su quand même gérer. Aujourd’hui, tout le Conseil est quand même unanime. Nous travaillons en symbiose. Il n’y a plus de problème. Il n’y a plus de vote sanction. Les décisions sont prises unanimement. On regarde l’objectivité de la gestion. Aujourd’hui, le Conseil se porte bien.

Malgré la présence d’une Secrétaire exécutive (SE) qui a pris tous les pouvoirs ?

Là, vous abordez un autre point. Le point des réformes. La Secrétaire exécutive, c’est elle qui est l’ordonnatrice du budget, ça fait que nous en tant que maire, nous sommes en marge de ces dispositions. Mais, on s’entend bien avec la Secrétaire exécutive. Chacun reste dans son couloir sans qu’il y ait entrave. Je ne me mêle pas du tout de ses prérogatives et à son tour, elle exécute. Quand je lui demande des tâches qui relèvent de mon pouvoir, elle exécute sans problème. Donc, entre la SE et le maire, il n’y a pas du tout de problème.

Le courant passe bien, bien que vous n’ayez pas la signature des chèques ?

Oui, j’aurais voulu l’avoir, mais malheureusement la réforme est passée par là. Je ne m’en plains pas. Ce n’est pas sa faute à elle. C’est la réforme qui l’a voulu ainsi.

Et quel bilan faites-vous en terme de réalisations personnelles depuis un an ?

Bon, je viens de faire un an. C’est trop peu pour qu’on puisse faire le bilan de façon digne. Mais en réalité, lorsque je suis venu et que j’ai fait le diagnostic, il y avait des priorités. La première, c’était comment faire pour booster un peu la mobilisation des ressources. Ça, on a réussi un peu quand bien même cela n’a pas atteint le niveau que je voulais. La consommation aussi de ces ressources, ça trainait. On a évolué un tout petit peu. Quand on compare sur le plan national, je crois qu’on n’est pas les mauvais élèves. On est tout juste au milieu. Sur le plan exécution même au niveau de la commune, nous avons entrepris de faire une campagne d’ouverture des voies. Ce qui nous a obligés à voter le budget. On a mis une ligne de 800 millions pour faire l’ouverture des voies. C’est le premier aspect. Le deuxième aspect, comme je suis un peu chanceux, j’ai bénéficié de plusieurs projets qui nous aident à faire ces ouvertures de voies. J’ai un projet qu’on appelle « Cohésion sociale » dont le troisième arrondissement a bénéficié, pour un montant d’un milliard pour faire de la Cohésion sociale. Pour ces 1 milliard, on a mobilisé près de 400 millions pour faire des ouvertures de voies, ne serait-ce que dans cet arrondissement. Et comme le bonheur ne vient jamais seul, nous avons plaidé auprès du Haut conseil à la sédentarisation, avec l’appui du ministre d’Etat et il nous a donné encore deux arrondissements dont les arrondissements 1 et 2 qui bénéficient aussi d’un milliard chacun. Ça fait que dans chacun de ces arrondissements, on a aussi mobilisé 400 millions pour faire l’ouverture des voies et surtout l’extension d’électricité. Par rapport à ça, je crois qu’on est en bonne voie, quand bien même des activités proprement dites n’ont pas encore commencé. Après cela, nous avons un autre projet qui est financé par MCA qui veut faire le bitumage des voies. On a plusieurs kilomètres linéaires qui sont pris en charge. On est là avec la deuxième phase du projet asphaltage. Djougou bénéficie et je crois que d’ici un an quand vous allez revenir à Djougou, vous allez méconnaitre Djougou.

Donc, le gouvernement de Talon n’a pas abandonné Djougou ?

Non, mais au départ, il faut avouer qu’on a pleuré un peu parce qu’on n’avait pas bénéficié de la première phase de l’asphaltage. Ça fait qu’avec la population, il y a eu des remous. Avec la deuxième phase où on nous a inséré, tout le monde s’est calmé. J’oubliais, nous avons la construction de la cité administrative. On a plus de 400 bureaux dont on a entamé la construction. Il y a le marché central de Djougou qui a été construit. Ils sont pratiquement à la fin à plus de 98%. Avec tout ça, je crois que Djougou va connaitre un éclat formidable.

Monsieur le Maire, Djougou connait un problème en ce qui concerne la distance entre les arrondissements. Comment vous arrivez à coordonner avec les Chefs d’arrondissement ?

Pour une anecdote, j’étais avec le président Atrokpo pour une inauguration qui a eu lieu à près de 70km de Djougou centre. Lui-même, il était surpris. Effectivement, on a un problème de distance. La mobilité, ce n’est pas là le problème qui se pose. Le problème qu’on a, c’est le contrôle effectif de nos frontières. Les autres régimes n’ont pas su implanter des infrastructures au niveau des frontières pour vraiment assurer leur responsabilité. Cela a fait que les autres communes grignotent et on a toujours ces conflits. Soit c’est avec la commune de N’Dali, soit c’est avec Copargo. Donc c’est plus dans ce sens que je trouve le problème de la grande distance qu’il y a entre le chef-lieu et les autres arrondissements. Mais en son temps, les chefs d’arrondissement avaient bénéficié de moto, ces motos sont amorties aujourd’hui et malheureusement on revient à ce que le maire n’a plus le pouvoir et les SE ne sont pas disposés à doter les chefs d’arrondissement de moto. Mais le plaidoyer continue.

Quels sont les problèmes qui demeurent encore non résolus à Djougou à la date d’aujourd’hui ?

Effectivement il y a toujours des problèmes qui demeurent. Le premier sur la ligne, c’est le problème d’électricité. Si vous connaissez Djougou, il suffit de quitter un peu le goudron et vous allez voir que ce n’est que des toiles d’araignées partout. Ce problème est récurrent. On a rencontré le haut-commissaire à l’énergie au niveau de la présidence qui nous a fait des promesses mais jusqu’ici rien n’est fait. En plus de cela, il y a que Djougou s’est trop étendu, ce qui a fait qu’il y a baisse de tension. Après les enquêtes, on a compris qu’il nous fallait des transformateurs. Nous avons fait une demande de transformateurs et ce n’est pas encore arrivé. Donc cela fait qu’au niveau de l’énergie à Djougou, on a de problème. Le second problème est que le marché central est construit mais il est étroit. Aujourd’hui, Djougou a besoin d’un marché international. Nous avons de l’espace. On a au niveau du conseil identifié deux espaces. Il y en a au niveau de la mairie sur la voie de Ouaké. Le second espace est l’aérodrome de Djougou qui est aujourd’hui au centre de la ville. On a écrit à l’ANATT pour qu’il nous autorise à utiliser cet aérodrome pour le marché. Pour le moment, on a vraiment un problème de marché. Je peux dire que ce sont les deux problèmes qui demeurent toujours à Djougou.

Le parti Br a-t-il une forte implantation à Djougou?

Djougou est le fief du BR et personne ne peut nous discuter cela. Cependant aux dernières élections, on a été un peu surpris par Les Démocrates. Mais c’est un phénomène national. Il ne faut pas se le cacher, le pouvoir central a pris certaines décisions en son temps qui ne nous ont pas été du tout favorables. C’est ce qui a fait que Les Démocrates nous ont surpris. Si non Djougou est le fief du BR et on va tout faire pour qu’aux élections prochaines, les Démocrates ne puissent même pas avoir un élu à Djougou.

Le parti a soutenu le code électoral modifié que la Cour Constitutionnelle vient de valider. Comment appréciez-vous les amendements apportés qui suscitent tant de contestations dans le rang des opposants ?

Il y a eu la relecture du code électoral avec les amendements. C’est normal que les opposants s’agitent. Mais en ce qui nous concerne, on croit que c’est une très bonne chose parce que ça va permettre aux partis de devenir très forts. Il n’y aura plus de transhumance. Aucun député ne peut laisser son parti pour aller ailleurs. Donc c’est déjà un acquis. Et aussi le fait d’augmenter le pourcentage, cela fait que ce sont les partis forts qui vont exister. Les plus faibles disparaissent au profit des plus forts. Donc c’est ce qui va se passer. On adhère à cela et on va se battre pour faire partie des plus forts pour pouvoir gagner plus.

Le parti BR n’a pas pu décrocher un nombre conséquents d’élus députés aux dernières législatives, étant frappé dans plusieurs circonscriptions par la condition des 10% pour lever un siège au plan national. La dose est corsée avec le nouveau code électoral qui porte le seuil à 20% dans chaque circonscription électorale. Le BR pourra-t-il s’en sortir?

A première vue, on dira que le Br aura des difficultés mais en réalité, ce qui s’était passé était un problème interne au Br qui a amené à cela. A Parakou par exemple, on a pratiquement rien eu. C’est parce qu’au niveau des leaders Br, il y avait un problème. La base a fait toute sorte d’appels pour que ces problèmes puissent être résolus mais au niveau de la hiérarchie cela n’a pas suivi. C’est une leçon que nous devons apprendre. C’est une leçon qu’ils ont apprise au niveau de la hiérarchie et prochainement les positionnements seront faits de manière que les vrais militants soient positionnés et vous allez voir que tout ira mieux.

D’aucuns appellent le Br à fusionner avec l’UPR pour se mettre à l’abri d’éventuels désagréments lors des élections générales de 2026. Quel est votre avis?

Je crois qu’on n’en parle même pas au niveau du code électoral. C’est à nous de nous battre pour nous imposer, comme je le dis. On n’a pas besoin d’alliance. Le Br est un parti national. Avec une bonne organisation, le Br va s’en sortir sans problème. Le problème d’alliance n’est pas à l’ordre du jour.

Le parti Br a connu des réformes à l’interne avec l’avènement de Bio Tchané. Quels sont les fruits qu’on peut déjà en tirer?

J’ai parlé tantôt des problèmes internes que le parti avait eus. La solution c’est ça qu’on a commencé par implanter. Maintenant, on a un président du parti fort qui peut s’imposer, qui connaît son électorat. Donc en son temps, il saura qui est qui, celui qu’il faut positionner et celui qu’il ne faut pas. Aujourd’hui, les maires font partie du bureau politique. C’est la base. Si le maire est à la décision, il faut vous dire que les décisions qui seront prises vont refléter les désidératas de la base. Avec ces réformes, le Br va se porter très bien. Les réformes ont apporté des solutions à nos problèmes. Si le Br n’est pas dans tous les villages, je ne pense pas qu’on aurait le nombre de conseillers dont nous disposons aujourd’hui. Au niveau du conseil communal, avec les défections et autres, on est 32. Et sur les 32 conseillers, le BR a 29. Ce qui veut dire qu’on couvre tout le territoire de la commune de Djougou. A ce niveau il n’y a pas de problème.

Quelle appréciation faites-vous de la gestion de Bio Tchané  à la tête du Br ?

Ce qu’il faut retenir, c’est comme on dit, dans la cour royale, il y a toujours des intrigues. Et les polémiques concernant la gestion du président Bio Tchané font partie des intrigues de la cour royale. Pour moi, Abdoulaye Bio Tchané tient bien la barque. Il a du vécu et est un leader qu’il faut pour mener la barque BR. Avec ABT, il avait récolté seul près de 10% des suffrages. C’est une chance de l’avoir et il importe qu’on fasse tout pour l’aider à réussir sa mission. Il peut fédérer toutes les forces si nous l’aidons vraiment.

Qu’est-ce qui a véritablement changé selon vous depuis 8 ans que Patrice Talon est au pouvoir?

En général, quand on parle de Patrice Talon, tout le monde voit la rigueur. Mais, quand on parle aussi de lui, il faut voir le changement qu’a connu Cotonou en termes d’infrastructures. Aujourd’hui, qui n’est pas fier d’être Cotonois ? Quand on quitte aujourd’hui Cotonou pour aller par exemple chez moi à Djougou, il n’y a plus de soucis à se faire en ce qui concerne l’état de la route. Ça aussi, c’est Patrice Talon. La voie est bien faite. Et ce n’est pas cette route seule. Nous avons tout cela comme acquis qu’il ne faut pas perdre de vue. Il y a aussi les réformes. Je ne suis pas sûr qu’il y aura un autre président qui mettra en cause ces réformes. Il y a des choses sur lesquelles on ne peut pas revenir. Aujourd’hui, nos enfants vont dans les écoles publiques sans inquiétude. Avant son arrivée, personne n’osait mettre son fils dans une école publique parce qu’on doutait de la qualité du travail et aussi des grèves qui s’enchaînaient. Et on s’échinait pour les frais de scolarité dans les écoles privées. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les enfants vont régulièrement dans le public. Et ceci grâce au président Talon. Nous le remercions d’ailleurs pour avoir osé. On ne pensait pas que c’était aussi possible.

Il y a beaucoup d’autres choses. Prenons par exemple les cantines scolaires. J’ai été le directeur général du programme des cantines scolaires. Quand je devenais directeur des cantines scolaires, seulement 5 écoles étaient prises en compte à Djougou. Aujourd’hui, c’est pratiquement toutes les écoles. C’est aussi un acquis qu’on ne peut pas ne pas mentionner. Grâce à ça, les enfants ont au moins un repas par jour dans les écoles et c’est important pour les maintenir dans le système éducatif.

Sur le plan de la sécurité, il y a eu beaucoup d’avancées également. Aucun policier n’arrête plus abusivement sur les voies. Avant vous pouvez être arrêtés par plusieurs postes de police quand vous quittez Djougou pour Cotonou vice-versa. Il n’y a plus rien de tout ça.

Djougou, c’est 90% de fidèles musulmans. Comment est-ce que vous gérez la crise sécuritaire liée à la présence des groupes djihadistes près des frontières avec le Burkina-Faso?

Le terrorisme c’est une réalité et Djougou est prédisposé du fait du nombre important de la population qui s’adonne à la religion musulmane. Ce qui est souvent un terreau favorable à la progression des groupes terroristes. En dehors de ça, il y a qu’à Djougou, le taux de chômage est élevé. C’est aussi une condition qui peut favoriser l’émergence des terroristes. Mais depuis qu’on est là, on a mis un système de surveillance en place. On ne va pas étaler notre stratégie ici. Mais je voudrais dire que nous faisons l’effort d’un suivi régulier du mouvement des populations. Pour le moment, ça marche et s’il plaît à Dieu, on aura gain de cause.

Il y a aujourd’hui la répression pour le non port de casque. Djougou aussi mène le combat?

Ça se passe à Djougou comme si c’est à Cotonou. Le port de casque est obligatoire à Djougou. Tous ceux qui ne le respectent pas sont systématiquement dépossédés de leur moto. Quelqu’un m’a dit d’ailleurs que sa moto a été arraisonnée parce qu’il portait un casque qui sert de protection sur les chantiers.

Vous savez, on ne peut pas manger des omelettes sans casser les œufs. Le port du casque est pour notre sécurité. Quand il y a accident, ce n’est pas agréable de voir des crânes fracassés. Souvent, les populations n’attachent pas du prix au port du casque. Mais s’il y a quelqu’un pour nous obliger à le faire je crois que c’est bien.

 Un mot sur Les Panthères Fc de Djougou?

Les Panthères, c’est une équipe de la mairie de Djougou. Le gros problème qui se pose à cette équipe est que la mairie n’a pas les moyens nécessaires pour les conduire véritablement. Heureusement il y a un opérateur économique qui a pris l’équipe comme l’a souhaité le gouvernement. Pour le moment, ça n’a pas encore pris parce que l’opérateur économique ne met pas encore les moyens comme il le faut. A Djougou, il y a les éléments. Il y a beaucoup de centres qui forment les jeunes.

Lors du vote pour ou contre la révision de la constitution, on a constaté que le député de Djougou a voté contre…

Effectivement, nous avons tous constaté qu’il y a eu défection d’un député de Djougou. C’est lui seul qui connait les raisons qui l’ont poussé à prendre cette décision.

Comment la population a accueilli cela ?

Il faut avouer que nous tous, on est surpris. On est abattu parce qu’aujourd’hui, il faut reconnaitre que tout ce qu’on doit faire pour sortir Djougou, c’est le président Talon qui a la baguette. C’est lui qui a le pouvoir et les moyens de le faire. Si on s’amuse à le fâcher, je crois qu’on risque de subir sa colère. En cela, ça a fait que toute la grande majorité de la population était vraiment déçue par ce comportement. Et comme je le dis, c’est l’acteur seul qui peut nous expliquer cela.

Donc, vous n’aviez pas encore d’explication ?

Non, pour le moment, nous n’avons pas encore d’explication par rapport à ça.

Djougou est l’une des villes du Bénin où il y a un grand nombre de transporteurs. Avec la fermeture de la frontière Bénin-Niger et autre, quelles sont les dispositions que Djougou prend ? Est-ce qu’il y a des échanges avec les transporteurs ?

Effectivement Djougou, c’est une ville de transporteurs. Avant l’avènement non seulement de la fermeture du Niger, il y avait aussi la fermeture de la frontière du Burkina qui a d’abord freiné toutes les activités économiques de la ville. Ça fait partie de ce qui a amené les Démocrates à avoir un député à Djougou. Je tiens à faire cette confidence. C’est les transporteurs qui ont voté pour eux pour manifester leur mécontentement. Donc, au niveau de la mairie, on a tout fait pour essayer de converser avec eux. Et vous voyez, il y avait eu le dépôt des pierres sur les routes du soja. Ça les a fâchés aussi. Mais avec nos actions conjuguées, on a amené quand même le président à libérer la commercialisation de soja pour les amener à avoir accès à leur activité qui est le transport. Petitement, on est en train et je suis sûr que le gouvernement va prendre davantage de mesures pour alléger leurs souffrances. Sinon, il faut avouer que ça a un impact très sérieux sur la ville.

Pour finir, nous allons parler de la réforme territoriale. Les SE sont arrivés. Ensuite, on annonce l’arrivée des SA. Est-ce que vous ne sentez pas une diminution de vos prérogatives en tant que Maire ?

Il faut dire que les Maires ont déjà leurs prérogatives diminuées. Ce n’est pas l’arrivée des SA qui va changer grand-chose. Au contraire, ça va aider à faire un bon travail. Moi, je suis pour l’arrivée des Secrétaires Administratifs parce qu’on a au niveau des arrondissements actuellement des secrétaires qui ne peuvent même pas écrire une phrase. C’est-à-dire le niveau est très très bas. Avec l’arrivée des SA, ça va relever le niveau et permettre au travail de se faire normalement. Par rapport aux Secrétaires Exécutifs, je suis sûr qu’il y aura une réforme de la réforme parce que sincèrement, ça bloque beaucoup de choses. Comme je vous l’ai dit tantôt, il n’y a pas une seule commune au Bénin où on peut dire que le taux de mobilisation a augmenté. Il n’y a pas une seule commune où on va dire que le taux de consommation des crédits a augmenté. Alors qu’on a beaucoup de crédits. Quand je prends Djougou, on a des milliards qu’on ne peut pas consommer.

Qu’est-ce qui explique cela ?

C’est la réforme. Par exemple le RAF, la PRMP, tout ceux-là, c’est des cadres. Chacun est dans son coin. Il n’y a pas synergie entre eux.

L’équipe de rédaction du journal L’Evènement Précis et l’invité

Et le maire ne peut rien ?

Tu n’as pas le droit de parler normalement. Ça, ce n’est pas ton domaine. Tu n’as pas le droit. Moi à Djougou, j’étais obligé à un moment donné de les réunir et de les réconcilier. C’est vrai, je suis passé outre mes attributions, mais ça allait dans tous les sens. Ce qui a fait qu’aujourd’hui, il y a un semblant de cohésion mais chacun est campé dans son domaine. Quand tu prends le RAF, les dossiers, c’est lui seul et il n’y a pas de personnel pour les aider. Et eux-mêmes, ils ont mis à l’écart les autres cadres qu’ils sont venus trouver. Ils ne leur font pas confiance ou quoi, je ne sais pas. Mais, de toute façon, ils collaborent très peu avec ces cadres si bien qu’eux seuls, ils ne peuvent pas. Même s’ils ont la volonté, ils ne peuvent pas. Comme la situation est générale, je suis sûr que le pouvoir central suit et ils vont trouver les moyens.

Est-ce que de ce point de vue, la décentralisation a encore de sens ?

De ce point de vue, la décentralisation est en train de faillir parce que le pouvoir n’est plus décentralisé. Le pouvoir est aux mains de certains cadres qui en réalité des fois ne connaissent pas le terrain. Ça fait que quand ils trébuchent, ils reviennent. Ça ne va pas du tout.

Votre mot de la fin ?

Une fois encore, je vous remercie pour m’avoir donné cette opportunité. Le gouvernement du président Patrice Talon fait beaucoup pour ma ville Djougou. Mais comme on le dit, tant qu’on n’a pas assez, on continue toujours à demander. Avec le PAG 2, nous avons la chance d’avoir quelques linéaires, mais cela ne nous suffit pas encore. Sur le plan de l’électrification, franchement, si le président Talon peut vraiment nous aider, ce serait bon, parce que Djougou continue de souffrir énormément par rapport à l’électrification. Il y a aussi la cité administrative qui est en construction et là, on voit que jusqu’à présent, les Chinois qui en ont la charge trainent le pas. Le dernier conseil des ministres a également annoncé le bitumage de la voie Djougou-Pehunco. Au nom de la population de Djougou, je remercie le président Patrice Talon pour tous les projets déjà réalisés dans la commune depuis qu’il dirige le Bénin. On en demande encore plus et je suis sûr que dès que tous ces projets seront exécutés, Djougou va changer énormément.

CARTE D’IDENTITE

De New-York à Kolokondé

Idrissou Yaya est d’abord un enfant de Djougou. Né un 02 novembre 1963 à Kolokondé, dans la commune de Djougou, il a fait l’école primaire de son village et l’ironie du sort a voulu qu’il soit à l’époque responsable de la cantine de son école, lui qui sera plus tard Directeur général de l’Office de gestion du Programme alimentaire mondial chargé des cantines scolaires. CEP en 1975, BEPC en 1979 et Bac scientifique en 1982, il descend à l’université nationale du Bénin. Après deux ans en Sciences juridiques, il part au Canada où il fait une licence en administration. Il décide alors de faire l’informatique, mais aux Etats-Unis. Idrissou Yaya débarque à New York où il fait des études en informatique. Devenu ingénieur en informatique, il décroche son premier travail. « C’est en ce moment que la fibre optique a commencé, se rappelle-t-il. On a fait le câblage de la fibre optique à New York centre. » Au plan politique, le maire de Djougou a commencé la vie politique même en entrant au collège. « Quand j’étais au collège, au Ceg 1 de Djougou, dit-il, Houdou Ali était préfet de l’Atacora et il avait créé ce qu’on appelait le Mouvement scolaire révolutionnaire (Msr). J’ai été président de la seconde section, de seconde jusqu’en Terminale. On était déjà à couteaux tirés avec les professeurs. » Quand il revient des Etats-Unis, il est convaincu par l’Honorable Assan Séibou de reprendre ses activités politiques dans sa commune. Mais il se fait que le député de Copargo était dans l’opposition. C’était sous le régime Yayi et toutes les manœuvres orchestrées par le camp au pouvoir pour le récupérer ont été vaines. Il suit donc son ami depuis lors, sous la férule d’Abdoulaye Bio Tchané. « Je suis resté toujours dans l’ombre de Assan. On a travaillé, il faut avouer que nous avons beaucoup travaillé, murmure-t-il. Dans le Bénin, il n’y a pas ce coin dans lequel, on n’est pas parti, du nord au sud, de l’est à l’ouest. » Avec l’avènement du régime de la Rupture, le voilà nommé Directeur général de l’Office de Gestion du PAM (2016 -2018). L’OGPAM était chargé entre autres de la gestion du programme des cantines scolaires. La présidence de la République décide de reprendre pour son compte la gestion des cantines et crée à cet effet une agence dédiée. L’OGPAM disparait. Idrissou Yaya retourne à Kolokondé son village. Plus simplement, il retourne au champ. « Je suis redevenu paysan, dit-il. J’allais régulièrement au champ. J’exploitais près de 30 hectares à Djougou. J’y cultive à ce jour le maïs, le mil et surtout le soja. » Les jeunes de Kolokondé étaient surpris de voir un ingénieur en informatique formé à New-York revenir cultiver la terre qu’ils méprisent. Sur ses conseils et grâce à son soutien, une bonne partie d’entre eux l’ont imité en retournant au champ. « Quand je regarde mon parcours, je me sens fier de moi-même, admet le maire de Djougou. J’ai fait ce que je devais faire et ce qui m’intéresse le plus aujourd’hui, c’est servir. »

INTIMITE

Toujours jeune

Idrissou Yaya a un physique inchangé depuis des décennies, alors qu’il a déjà bouclé soixante ans. Ce trait physique, il l’attribue à des caractères génétiques, lui qui n’a pas une alimentation particulière. Sport ? De temps en temps la marche, mais pas du tout régulier. Marié et père de cinq enfants, il adore son igname pilée traditionnelle. Comme boisson, jamais l’alcool, à peine le bissap et le jus de gingembre.

DR RAOUL GLESSOUGBE, CADRE DU PARTI LES DÉMOCRATES, INVITÉ DE « SOUS L’ARBRE À PALABRE »: «Président Patrice Talon ne peut pas être le seul redresseur de torts au Bénin »

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Dr Raoul GLESSOUGBE du parti LD

Invité pour une seconde fois de la rubrique «Sous l’arbre à Palabre» de l’Evènement Précis, Dr Raoul Glessougbé, juriste- consultant, expert Cedeao en gouvernance et Démocratie, a réagi sans langue de bois, sur de grands sujets d’actualité, dont le code électoral modifié qui défraye toujours la polémique. Cadre du parti de l’opposition, Les Démocrates, l’invité a démontré de long en large le caractère «exclusif» des modifications apportées dans ce code. A propos de la gouvernance du chef de l’Etat depuis 2016 qu’il est au pouvoir, il n’a pas caché non plus son amertume, estimant que « Le Président Patrice Talon ne peut pas être le seul redresseur de torts au Bénin ». Le seul élément que le Dr Raoul Glessougbé relève de positif du bilan qu’il dresse sur la gestion de Patrice Talon est la prouesse réalisée en ce qui concerne la digitalisation de la demande et du retrait des pièces administratives ainsi que tout autre service en la matière. Lisez plutôt.

Dr Raoul GLESSOUGBE du parti LD, Invité de « Sous l’arbre à Palabre »

Le code électoral a été modifié à l’Assemblée nationale. Quelles appréciations faites-vous des nouvelles dispositions apportées ?

Je pense qu’on ne peut pas isoler le vote de ce code des aspirations du président de la République, en ce qui concerne  la réforme du système partisan que nous subissons depuis 2019. Vous savez, le président Patrice Talon ne peut pas être le seul redresseur de torts au Bénin. Tout ce que notre pays a connu comme déviances ou traversdepuis les indépendances à ce jour, il ne peut pas être seul à les corriger. Il a beau être intelligent, voire un génie, il demeure  une personne humaine avec ses insuffisances, ses faiblesses et ses passions. Sa seule volonté ne peut pas toujours être érigée en loi. C’est pourquoi, il lui importe d’associer tous les acteurs de la vie publique pour s’assurer qu’il est en phase avec son peuplepour ne pas donner l’impression qu’il prêche dans le désert ou qu’il gouverne par voie dictatoriale à l’ombre de la loi. C’est vrai, nous avons connu des errements dans notre processus démocratique. Des errements critiques, de sorte que tout le monde était d’accord qu’il faut aller à une table de discussion pour engager des réformes. On a connu une période où on avait une multitude de partis politiques. Même si la charte des partis politiques qui date d’avant Patrice Talon avait bien prescrit que si vous ne participez pas à deux élections consécutives après votre récépissé, le ministère de l’intérieur devrait vous extirper de la liste des partis politiques. Même la question du financement des partis politiques était réglée. Ça date d’avant lui, mais il était question de mettre en œuvre ces dispositions de la charte des partis politiques pour assainir l’échiquier. Ce qui n’a jamais été fait avant son accession au pouvoir. Le code électoral tel que voté donne la confirmation si besoin en était, que la réforme du système partisan voulue par le régime du Président TALON vise un seul objectif : exclure par tous les moyens ceux qui peuvent valablement se prévaloir  à la compétition  politique pour se donner les coudées franches afin de faire un troisième mandat par soi-même ou un troisième mandat par procuration (le Président YAYI BONI appelle ça troisième mandat déguisé) !

Mais, concrètement, qu’est-ce que vous reprochez à ce code ?

Ce que je reproche à ce code personnellement  n’est pas le plus important. Ce qui est important, c’est ce à quoi aspire la classe politique toutes tendances confondues. On ne peut pas avoir un code électoral adopté par une partie de la classe politique contre l’autre partie. Le code doit être adopté dans une approche consensuelle. La constitution de notre pays et les lois électorales doivent être adoptées de la façon la plus consensuelle possible surtout que nous savons que la loi électorale est faite pour servir les élections auxquelles prendront part les différents partis politiques de l’opposition comme de la majorité présidentielle. C’est à croire que nous allons à un match de foot ball et nous laissons une seule équipe définir les règles du jeu qu’elle confie à l’arbitre pour appliquer. Si vous suivez bien la trajectoire de ce code, vous allez atterrir à des élections présidentielles en 2026 sans l’opposition comme ce fut le cas en 2021. Ce qui est néfaste pour la démocratie. C’est très bien planifié. Quel parti peut avoir 20 pour cent dans toutes les circonscriptions électorales au Bénin dans le contexte actuel ? Aucun des partis qui sont actuellement au parlement n’a pu obtenir aux dernières élections législatives du 08 janvier 2023,  20 pour cent dans toutes les 24 circonscriptions électorales. Pourquoi traduire alors dans une loi ce qui est déjà impossible dans les faits ?

De janvier 2026 date des élections législatives et communales à avril 2026 date des élections présidentielles, il aura un grand bouleversement politique à la surprise même de ceux qui ont voté ce code et qui n’ont aucune idée de l’agenda politique qui s’y est caché.

Depuis qu’on a voté ce code, est-ce que vous avez vu un peu l’atmosphère dans le pays? Est-ce que vous avez suivi les uns et les autres ?

Comment est l’atmosphère ?

L’atmosphère est morose. Elle est critique. Toutes les composantes du pays ont donné l’alerte et appelé au consensus.

Nous n’avons vu aucune manifestation 

Il ne faut pas attendre de voir les manifestations avant d’écouter son peuple, sinon que cela risque d’être trop tard !  Approchez-vous des gens et écoutez-les. Vous devez vous dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans le pays. Ce régime est récidiviste en matière d’exclusion politique parce qu’il est conscient de son impopularité. Et toute tentative d’exclusion politique entraine des frustrations. De frustrations en frustrations, le Bénin risque de vivre des situations cauchemardesques que personne ne souhaite. Les séquelles des crises électorales de 2019, de 2020 et de 2021 sont encore vivaces dans notre mémoire collective.

Plusieurs pays dans notre sous-région ont connu des crises mortifères à cause de l’exclusion politique. Que ce soit en Côte d’Ivoire, au Togo et plus récemment ai Sénégal qui n’est pas encore sorti du tunnel.  Donc, ce qui importe, ce n’est pas ce que chacun de nous veut. Ce qui importe, c’est que nous devons nous asseoir pour définir ce quiest recommandable pour notre pays en termes de texte électoral pour avoir des élections crédibles, pacifiques, transparentes, gage de la stabilité et de la paix.

Est-ce que vous avez l’impression que le vote de ce code est une revanche de la mouvance contre le refus de la révision de la constitution ?

Bien sûr que j’ai cette impression. Au lendemain de l’échec de la révision de la constitution, vos confrères de l’ORTB m’avaient interviewé sur la question. J’avais partagé une fierté avec eux. La fierté d’appartenir à un pays où la démocratie qui était presque en agonie, à commencer par retrouver sa bannière de noblesse. Mais, j’ai prévenu que nous devons faire attention parce que la facture de l’échec de la révision de la constitution va être salée pour l’opposition en ce qui concerne la relecture du code électoral. Et ça n’a pas raté. Donc, c’est effectivement une façon pour la majorité parlementaire de se venger de l’échec de la révision de la constitution que de voter le code électoral de cette manière-là. Mais, est-ce que la République va être un cycle infernal de vengeance ?

Mais, vous avez gagné au premier tour et ils ont gagné au second tour.

Ecoutez, est-ce que c’est un camp qui gagne contre un autre ou bien nous devons nous comporter de sorte que tous les camps gagnent ensemble pour la grandeur de notre démocratie? Là où il est utile de gagner dans un système démocratique c’est dans les urnes. Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut des règles justes et équitables.

Vous aviez gagné et vous aviez célébré la victoire. 

On a gagné quoi ?On a célébré quoi ?

Le rejet de la constitution.

Le rejet de la révision de la constitution est en définitive un gain pour tout le peuple y compris le premier d’entre nous et ses soutiens.

 J’ai même dit sur l’ORTB que si le vote était secret, la surprise aurait été plus grande pour l’échec de la révision de la constitution. Il est sans doute pertinent de relire notre constitution dans une approche consensuelle et non en catimini comme ce fut le cas en 2019. Je suis de ceux qui croient que nous n’avons pas une constitution au service du développement. Mais le régime qui nous dirige engage toujours des réformes suspectes sur fond d’exclusion, de sorte à douter de l’objectivité de son option. Le Chef de l’Etat pense que tout seul il peut conduire la destinée du peuple sans tenir compte des autres composantes de la société. Ce qui n’est pas vrai dans un système démocratique même si lui, il est le premier d’entre nous, le leader qui doit donner les bonnes orientations en bon père de famille. Pour autant, il n’a pas la science infuse. Il ne réalise pas encore que, quel que soit ce qu’il fera de bien pour ce pays il passera derrière les rideaux parce que les grands hommes sont passés derrière les rideauxà un moment donné. C’est pourquoi il faut qu’il donne la main aux uns et aux autres pour finir son mandat dans la grandeur et la paix.

La Cour constitutionnelle a validé le code dans toutes ses dispositions qu’en dites-vous ?

LE PRESIDENT PATRICE TALON NE PEUT PAS ETRE LE SEUL REDRESSEUR DE TORTS AU BENIN. Il  ne réalise pas encore que, quel que soit ce qu’il fera de bien pour ce pays il passera derrière les rideaux parce que les grands hommes sont passés derrière les rideaux à un moment donné. C’est pourquoi il faut qu’il donne la main aux uns et aux autres pour finir son mandat dans la grandeur et la paix.Si vous suivez bien la trajectoire de ce code, vous allez atterrir à des élections présidentielles en 2026 sans l’opposition comme ce fut le cas en 2021.Ce qui est néfaste pour la démocratie.Aucun des partis qui sont actuellement au parlement n’a pu obtenir aux dernières élections législatives,  20 pour cent dans toutes les 24 circonscriptions électorales. Pourquoi traduire alors dans une loi ce qui est déjà impossible dans les faits ?Toutes les fois que ce régime  n’est pas sûr de gagner les élections à travers les urnes, il met en place des mécanismes pour les usurper avec des lois injustes d’exclusion. C’est de l’imposture. En définitive, ce régime manque d’élégance démocratique !Je ne dirai pas que ce gouvernement n’a rien fait ou ne fait rien.  Gouverner un pays n’est pas chose facile. Pour autant je mesure et salue les efforts de gouvernance, pour autant je regrette et dénonce la violation des principes démocratiques.En tout état de cause, sur le chemin de compromission des principes démocratiques ou d’actes attentatoires aux droits de l’Homme, il se trouvera toujours des citoyens pour s’insurger quoi que cela coûte. C’est pourquoi, il est toujours recommandé dans les démocraties fragiles de privilégier le compromis politique, le consensus national dans certains contextes plutôt que de se prévaloir d’une majorité mécanique au parlement.

Avec ce code voté, le parti Les Démocrates craint-il de ne pas décrocher un grand nombre de sièges aux prochaines élections du fait de l’élévation du seuil de partage des sièges qui passe de 10% à 20%?

Lorsque vous posez la question de cette façon, vous allez faire croire que les convictions du parti Les Démocrates ne tiennent compte que des intérêts du parti Les Démocrates. Ça n’est pas vrai. Je ne sais pas si vous avez l’occasion de suivre le président du groupe parlementaire Les Démocrates, l’honorable NourénouAtchadé. Il l’a dit et ça a été publié. La position du parti, c’est de ramener le pourcentage électoral d’attribution de sièges à 5% pour permettre aux autres partis d’avoir aussi des représentants. 10, 15, même 20%, le parti Les Démocrates les aura. Et les autres partis ? Nous avons opté à la conférence nationale pour un multipartisme intégral. Tout ce qui va empêcher cet acquis est un mépris pour la démocratie. Je suis d’accord pour le renforcement des partis politiques mais cela n’équivaut pas à l’exclusion des partis politiques. Il faut permettre aux gens d’aller compétir. Ils peuvent compétir et échouer. Ecoutez, depuis la conférence nationale, on dénombre plus de deux cents partis dans notre pays mais la plupart du temps, combien de partis ont eu des députés au parlement ? En moyenne c’est cinq partis ou coalitions de partis sur les plus de deux cents partis. Cela veut dire que le peuple lui-même a sa manière d’exclure les partis fantaisistes. Il ne revient pas au législateur ou à un chef d’Etat de les exclure par la loi. Il faut laisser le peuple jouer sa partition. C’est cela l’expression de la souveraineté. Toutes les fois que ce régime  n’est pas sûr de gagner les élections à travers les urnes, il met en place des mécanismes pour les usurper avec des lois injustes d’exclusion.C’est de l’imposture. En définitive, ce régime manque d’élégance démocratique !

Que pensez-vous des 15% du collège électoral pour le parrainage ?

Oui on est passé de 10 à 15%, l’objectif c’est quoi ? C’est d’exclure !

 Ailleurs,  les citoyens inscrits sur une liste électorale peuvent parrainer. Au Togo, une liste de 2000 citoyens inscrits sur la liste électorale peut parrainer des candidatures indépendantes à l’élection présidentielle. C’est pareil au Sénégal. Patrice Talon a été candidat en 2016 sans avoir un seul élu reconnu ou estampillé en son nom sauf ceux qui auraient transhumé à son profit. Si cette disposition existait, est-ce qu’il aurait été candidat à l’élection de 2016 jusqu’à la remporter? Mais lorsqu’on a gagné de cette manière une élection, quand on vient, on renforce le dispositif.  Personne n’espérait son élection en 2016 face au candidat du présidentYayi Boni en exercice du pouvoir alors que les deux ne s’accordaient plus. Mais l’environnement politico-institutionnel était fiable au point où lui il a quitté l’exil à six mois des élections présidentielles et a pu les remporter. Cela veut dire que la démocratie n’était pas si mauvaise au temps des autres régimes. C’est le régime actuel qui a rendu l’environnement politique de notre pays délétère au grand dam de ceux qui ne partagent pas la même vision que le Président Patrice TALON et qui du reste ont le droit d’avoir des opinions qui le contrarient.

Selon la mouvance présidentielle, toutes ces dispositions sont de nature à renforcer l’unité nationale. Avez-vous la même impression ?

On peut leur donner raison parce qu’ils ont tout fait pour exclure tout le monde tout le temps pour couvrir seul le territoire national. A vaincre sans péril on triomphe sans gloire. EN 2019, l’UP-R et le BR étaient les seuls partis politiques candidats aux élections législatives. En 2020, ils étaient  les seuls auxquels on a ajouté FCBE, UDBN, PRD, MOELLE BENIN pour aller aux élections communales. Quand vous faites comme cela, et que vous vous moquez du taux de participation, vous allez croire que vous couvrez tout le territoire national. Quand Les Démocrates ont été aux élections passées, vous avez vu ce qui s’est passé. C’est un rêve de dire que chaque parti pourrait avoir 20%  de l’électorat dans chaque circonscription pour prétendre être un parti d’envergure nationale. Mais je pense que sa réalisation va être difficile. Le plus important, c’est ce qui est déjà prévu pour la constitution d’un parti politique. La charte des partis politiques dispose qu’il faut au moins dix par département. C’est cela le renforcement de l’unité nationale. Je pense même qu’on peut davantage corser de sorte que les dix par département soient sélectionnés dans toutes les communes du département. C’est déjà suffisant. Le reste, il revient au peuple qui détient la souveraineté à travers les urnes de dire quel est le parti qui est représentatif dans le pays. Cela ne se décrète pas. Ce n’est pas à travers .une loi, c’est à travers les urnes.

Quelle est la disposition qui tend à l’exclusion ?

Lorsque vous dites que pour le collège électoral, il faut passer de 10 à 15%, et  que c’est les élus d’aujourd’hui qui vont parrainer les candidats de 2026, cela veut dire que tous ceux qui  n’ont pas d’élus aujourd’hui, quelles que soient leurs ambitions politiques, ils ne pourront plus être candidats en 2026. Cela s’appelle de l’exclusion !

Lorsque le code dispose qu’il faut avoir 20 pour cent dans toutes les circonscriptions électorales avant d’être attributaire de sièges, la conséquence c’est qu’un parti peut être premier au plan national au regard des suffrages qui lui sont exprimés et déclaré non attributaire de sièges. C’est exactement ce qui s’est passé contre le PRD en 2020 aux élections communales à Porto Novo où il était le premier mais à cause des 10 pour cent non obtenus au plan national, il n’a pas de conseillers qui siègent à la municipalité de Porto Novo. Quelle est cette réforme ? L’objectif c’est d’exclure l’opposition à l’élection présidentielle de 2026.

Comment se fait-il que pour les élections communales par exemple, où on discute des sièges au plan local, on demande d’avoir 20% des suffrages dans la circonscription ? Cela rime à quoi ?

La loi est votée pour l’avenir

En bon juriste vous m’apportez un argument de taille. La loi dispose pour l’avenir, elle ne devrait pas rétroagir notamment en ce qui concerne les lois pénales de fond plus sévères, même si la question de rétroactivité de la loi a évolué en Allemagne et en France où la cour constitutionnelle et le conseil constitutionnel admettent que des lois non pénales pourraient rétroagir pour des motifs d’intérêt général. En l’espèce, chacun pourra apprécier si cette loi électorale qui devrait  disposer pour l’avenir et qui a pour prérequis ce qui s’est passé en 2020 (les Maires) et en 2023 (les députés) est d’intérêt général alors qu’elle met en œuvre l’exclusion d’une bonne partie de la classe politique. Au demeurant, qu’est-ce que la cour constitutionnelle a demandé de faire pour le cas d’espèce ? D’une part la correction d’une erreur matérielle entre l’article 49 dernier alinéa de la constitution qui dispose qu’en cas d’annulation, il est procédé à un nouveau tour de scrutin dans les 14  jours et l’article 142 de la loi électorale qui disposequ’en cas d’annulation, il est procédé à un nouveau tour de scrutin dans les cinq jours sans que personne n’est vu cette incohérence du bas jusqu’au sommet de la pyramide de la cour constitutionnelle qui a déclaré ce code électoral conforme à la constitution. D’autre part, la cour demande d’assurer l’égalité de parrainage des Maires pour l’élection présidentielle de 2026. L’assemblée nationale est-elle autorisée à statuer ultra petita en se référant à ce que la cour a demandé de faire ? La réponse est évidemment non.

Quand on dit qu’un élu ne peut que parrainer le candidat de son parti, c’est aussi une exclusion ?

Cette mesure permet d’éviter les transhumances politiques. Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut permettre que tous les partis aient la possibilité d’avoir d’élu. Vous n’allez pas enfermer les partis qui ont déjà des élus aujourd’hui dans une case pour demander aux autres qui n’en ont pas d’attendre le prochain tour. Ce n’est pas politiquement correct. Mieux, le parrainage des députés et Maires n’est pas le seul régime de parrainage politique.

Le président NourénouAtchadé dans sa proposition a demandé la suppression du parrainage. N’est-ce pas une manière de ramener le désordre qui existait avant?

Le Président NourénouAtchadé n’a pas demandé la suppression du parrainage par rapport au parti Les Démocrates. Il y a des ambitions qui peuvent naître chez des gens qui n’ont pas d’élus aujourd’hui. Comment régler leur cas ?Ne perdez pas aussi de vue que la constitution de notre pays prescrit l’égalité de droits pour tous les citoyens.

 Comme je le disais plus haut, ailleurs dans d’autres pays, vous pouvez être parrainé par un certain nombre d’élus. Mais lorsque vous n’avez pas d’élus, on vous donne la possibilité d’avoir des électeurs qui vous parrainent au regard de la liste électorale. Donc, le parrainage par les élus n’est pas le seul mode de parrainage dans une démocratie. Il ne faut pas dire que ce sont les élus seuls qui peuvent parrainer. Je suis en phase avec NourénouAtchadé, le président du groupe parlementaire LD. Le parrainage peut se faire en dehors des élus, parles électeurs inscrits sur la liste électorale… Il y a plusieurs paramètres qu’on pouvait mettre en place pour le parrainage pour que les gens qui ont l’ambition de diriger ce pays puissent avoir la possibilité d’être candidats.

Le parti Les Démocrates comme les autres formations politiques a encore deux ans devant lui pour bien préparer le terrain et affronter les prochaines élections avec ce code modifié. Ne vaudrait-il pas mieux pour ses membres d’engager le combat dans ce sens que de continuer à dénoncer cette loi électorale qui s’impose à tous désormais ?

Pensez-vous que le parti Les Démocrates ne travaille pas assez sur le terrain ? Si vous travaillez et que vous ne veillez pas au dispositif légal, tout le travail que vous auriez fait sera annihilé le moment venu par des lois scélérates. C’est cela qui a été fait en 2021 où l’opposition n’a pas pu avoir de candidat alors qu’un travail de mobilisation se faisait depuis 2018. Puisque le dispositif légal ne permettait pas à l’opposition d’avoir de candidat aux élections présidentielles de 2021, elle n’a pas pu avoir de candidat. La conséquence est que plusieurs de nos compatriotes croupissent en prison.Aujourd’hui la bataille de terrain est effective. Si elle n’avait pas été faite, le parti n’allait pas avoir les 28 députés qu’on lui a attribués. Moi j’ai été candidat dans la 23ème Circonscription électorale. Le parti a enlevé un siège. Je sais tout ce qui s’est passé. Si la mobilisation n’avait pas été au top, nous ne pouvions pas aller à une première élection alors qu’il y a les deux partis qui tenaient l’arène politique depuis 2019 et obtenir ce résultat.

Déjà 8 ans de gouvernance du président Patrice Talon. Quel bilan faites-vous?

Le bilan pour moi depuis 2016, c’est le déguerpissement des abords des routes des couches vulnérables qui sont mises en détresse. Certains compatriotes sont passés de vie à trépas pour cette action regrettable de déguerpissement. Je connais une dame qui avait son restaurant au carrefour 3 banques. Elle avait fait un prêt pour construire ce restaurant. Et moins de 3 mois après, sans préavis, on est venu déguerpir son maquis. Les gens l’ont appelée pour venir voir ce qui se passe. Dès qu’elle est venue, elle est tombée en syncope et mort s’en est suivie. Cette situation aurait pu dégénérer. La révolution Tunisienne a commencé le 17 décembre 2010, par l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi vendeur de fruits et légumes dont la marchandise a été confisquée par la police. L’invasion de Veracruz au Mexique par la France a commencé par Louis Philippe suite à l’injustice subie par un pâtissier français dont la pâtisserie a été détruite sans réparation par une escouade militaire du Mexique dont les soldats ont profité pour piquer plein de ses gâteaux. C’est vous dire que c’est de petites injustices qui engendrent de grandes échauffourées.

Le bilan de ce régime, ce sont les acquis au plan médical qui ont été sapés. Vous savez, les cas de dialysés dans les centres publics de santé qui depuis le régime du président Mathieu Kérékou étaient pris totalement en charge par l’État. Mais depuis l’arrivée de ce régime, les dialysés ne bénéficient plus de l’accompagnement de l’État. Tous les jours on dénombre des cas de décès dans le rang des dialysés qui n’ont pas les moyens et qui ne sont pas agents permanents de l’Etat qui eux, sont pris en charge. Les agents permanents sont combien dans le pays? Le reste des citoyens ont-ils cessé d’être Béninois parce qu’ils ne sont pas agents permanents de l’État ?Le bilan de ce régime c’est la persécution sans cesse des compatriotes pour le port de casque, l’expropriation au mépris des normes. Le bilan c’est des citoyens qui peuvent la veille rentrer chez eux comme agents de l’Etat en activité et sans préavis, se lever le lendemain matin comme retraités. Le bilan de ce régime c’est la détresse des producteurs agricoles qui ne savent plus où se donner la tête.

Le bilan c’est la caporalisation de toutes les institutions de la République sans aucun compromis en violation de tous les principes démocratiques !

Bref le bilan du régime actuel est critique et ne devrait laisser personne dans l’indifférence.

Pourquoi vous ne relevez que les choses qui n’ont pas marché ? Voulez-vous nous dire que rien de positif n’existe dans le bilan du Gouvernement du président Patrice Talon ?

J’ai l’avantage de répondre aux questions que vous me posez. Alors, laissez-moi dire le bilan que moi je fais de la gouvernance actuelle de notre pays.

On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. On a de belles routes.

Donc pour construire des routes, il faut ce bilan-là ?  On  nous vante des routes comme si les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas fait de route dans ce pays. Chaque gouvernement fait ce qu’il peut pour la construction de notre pays.Mais pour les infrastructures routières, je suis tout de même surpris que le président Patrice TALON qui avait dénoncé  au début de son premier mandat, que le régime de YAYI BONI a endetté le pays à hauteur de 1200 milliards rien que pour des routes alors qu’il y a d’autres priorités, finisse aussi par faire cette option sans pouvoir justifier son choix au peuple. En conclusion, on ne réussit toujours pas à réinventer la roue dans la gestion d’un pays.

Dites-nous en toute franchise ce qui vous a marqué positivement sous Talon depuis qu’il gouverne le Bénin ?

Pour être honnête avec vous, la chose pour laquelle je suis en phase avec le régime, c’est la digitalisation. Aujourd’hui vous pouvez en ligne avoir votre casier judiciaire, votre certificat de nationalité, beaucoup de choses en ligne. Je pense pour ma part que c’est un pas en avant que de faire cette réforme. Les infrastructures routières aussi sont à saluer dans la continuité de l’administration des gouvernements qui précédent le régime actuel.

Je ne dirai pas que ce gouvernement n’a rien fait ou ne fait rien. Gouverner un pays n’est pas chose facile. Pour autant je mesure et salue les efforts de gouvernance, pour autant je regrette et dénonce la violation des principes démocratiques.

Abomey est devenu petit Paris

Vous revenez toujours sur les infrastructures routières. Apparemment c’est le trophée en matière de gouvernance du régime du président Patrice TALON. Mais il ne vous aura pas échappé que l’assainissement de la ville d’Abomey a commencé par Agence de réhabilitation de la cité historique d’Abomey (ARCHA) sous le régime de YAYI BONI, programme dont nous avons été le concepteur par le lobby que nous avions constitué à l’époque.

Mieux, les prouesses pour moi en matière de gouvernance,  c’est que les Béninois doivent avoir les trois repas par jour, avoir accès aux soins, à l’éducation. On nous a parlé du projet assurance maladie à travers ARCH, qu’est-ce que c’est devenu ? Est-ce que vous avez expérimenté ça vous autres ? Qui de vous a expérimenté l’assurance maladie avec satisfaction ? On nous a brandi ça comme mesure sociale phare. J’ai suivi quelqu’un qui disait à la télévision que cela ne prend en charge que les maladies de routine : maux de tête, maux de ventre et quand il y a complication, ce n’est pas éligible. Je n’ai pas besoin d’être assuré pour les maux de tête ou pour les maux de ventre. Ce pour quoi j’ai besoin d’être assuré, ce sont les maladies auxquelles je ne peux pas faire face c’est-à-dire les pathologies compliquées. Mais l’assurance maladie proposée par le gouvernement ne les prend pas en charge encore que pour les maladies moins onéreuses, cette assurance peine toujours à prendre.

Quels regards portez-vous sur les réformes en cours dans le secteur de la décentralisation ?

J’avoue que pour avoir été à l’opérationnel, je peux vous dire que c’était nécessaire de revoir le socle juridique de la décentralisation dans notre pays. Mais le gouvernement est passé à côté.  La décentralisation a deux objectifs : l’exercice de la démocratie à la base et le développement local. L’exercice de la démocratie à la base c’est l’organisation des élections à tous les échelons du pouvoir local. Ils ont fait une réforme et en plein processus électoral face à des difficultés, ils sont allés au parlement pour voter une loi interprétative afin que les maires soient désignés par les chefs des partis. De sorte qu’on a des maires de deux régimes juridiquesdifférents aujourd’hui. Un régime juridique de maires élus par les conseillers communaux  et un régime juridique de Maires désignés par des chefs de partis. Ils ne se sont pas arrêtés là, ils sont allés plus loin en adoptant la loi sur l’administration territoriale qui a promu les secrétaires exécutifs qui ont désormais le pouvoir d’ordonnateur de budget et de nomination aux emplois autrefois dévolus aux Maires. Je crois que l’évaluation de cette réforme nous permettra de savoir si nous sommes sur la bonne voie.

Depuis quelque temps, grâce aux réformes sur  la décentralisation, il n’y a plus de scandales dans les mairies 

C’est trop tôt de le faire croire. Mais c’est le souhait de tous. La stabilité pour une bonne gouvernance  au service du développement local. Ce qui est sûr, il y a moins de velléités de destitution de Maires. Parce que la sécurité est désormais à triple tours pour les Maires : il faut d’abord réunir le quorum nécessaire au conseil communal (premier tour), obtenir l’approbation du préfet(second tour) et maintenant s’assurer d’être désigné par le chef du parti majoritaire quand la destitution sera faite (troisième tour). C’est dissuasif !

La cellule de suivi des réformes au niveau de la décentralisation a présenté un bilan largement positif, il y a quelque temps ?

C’est tant mieux !

Mais les cadres de la cellule de suivi ne remplacent pas dans les mairies ceux qui gouvernent. Ils sont juste des conseillers et non des opérationnels. Espérons que ce bilan dont vous parlez ne cache pas des bévues qu’on aura à découvrir plus tard.

Face à ce tableau sombre que vous venez de décrire à propos de la gouvernance Talon, qu’est-ce qui empêche l’union sacrée de l’opposition ?

Est-ce que c’est trop tard ?  Je ne le crois pas. Nous sommes encore à un peu moins de deux ans de 2026. Les bonnes choses viennent au dernier moment. A quelle échéance vous avez vu une opposition s’organiser plus tôt et gagner l’élection présidentielle. L’Union Fait la Nation s’est organisée plus tôt avant l’échéance de l’élection présidentielle de 2011 mais le candidat Adrien HOUNGBEDJI avait perdu l’élection dès le premier tour.

Ce qu’on observe est que lorsque la révision de la constitution a échoué, vous avez applaudi des deux mains. Mais quand vos propositions n’ont pas prospéré au niveau du code électoral, vous avez crié au scandale

Si vous aviez bien suivi tout ce que j’ai décrit tantôt comme des manœuvres d’exclusion à travers la relecture du code, vous auriez constaté par vous-même  que ce code électoral est un facteur d’exclusion. C’est heureux que toute la classe politique soit d’accord pour la relecture du code électoral. Mais c’est malheureux que quelques-uns se mettent ensemble pour traduire leur volonté en texte au grand dam du reste. Je vais vous donner un exemple sur le code. Aux dernières élections législatives, la CENA étant monocolore, il n’y a eu que des représentants désignés dans le camp majoritaire comme coordonnateurs d’arrondissements et agents électoraux. Le Président Patrice TALON avait promis en tenir compte quand les leaders du parti LD lui avaient posé le problème à leur rencontre. Moi, je m’attendais dans la relecture  que cela soit corrigé. Mieux, le PrésidentNourénouAtchadé a proposé qu’on mette en place une commission d’arrondissement, pour que cela ne soit plus une seule personne par arrondissement qui tienne  tous les dossiers électoraux de cet arrondissement. Mais les députés de la majorité présidentielle n’ont pas cru devoir tenir compte de ces réalités. Ce qui les intéresse, ce sont les mécanismes à mettre en place pour empêcher la compétition en 2026 et plonger le pays dans une crise électorale.

Votre mot de fin !

Je voudrais vous remercier de votre invitation et vous dire tous mes encouragements pour ce que vous faites pour la grandeur de notre démocratie et le respect de la liberté d’expression dans un contexte de séparation des pouvoirs.

Je prierais le Président Patrice TALON à prendre la mesure de sa responsabilité en ce qui concerne la préservation de la paix dans notre pays. Notre pays a vécu des périodes sombres sous son règne alors qu’on les croyait derrière nous  depuis la conférence nationale : le sang a coulé en 2019, le sang a coulé en 2021 et des morts ont été enregistrées parmi nos compatriotes qui défendaient la démocratie et les droits de l’Homme !

Sans doute que le président de la République  a une  vision pour notre pays. Mais il ne saurait la porter seul. Il a besoin de  partager cette visionavec l’ensemble du peuple avant de  l’implémenter pour le bonheur de tous. Cela ne devrait pas se faire à la force des bras.

Pour avoir été l’un des principaux bénéficiaires de la démocratie béninoise,  le Président Patrice TALON pourrait en tenir  compte pour aller à un dialogue national, gage de la paix et de la stabilité.En tout état de cause, sur le chemin de compromission des principes démocratiques ou d’actes attentatoires aux droits de l’Homme, il se trouvera toujours des citoyens pour s’insurger quoi que cela coûte. C’est pourquoi, il est toujours recommandé de nos jours dans les démocraties fragiles comme celles des pays ouest-africains, de privilégier le compromis politique, le consensus national dans certains contextes plutôt que de se prévaloir d’une majorité mécanique au parlement.

Le Président Patrice TALON peut prendre exemple sur ce qui s’est passé au Sénégal.

Dieu Inspire et Eclaire le Président de la République dans sa gouvernance !

Je vous remercie.

ETAT CIVIL :

Docteur Erasme Raoul Glessougbéjuriste et Manager des organisations, consultant et expert en gouvernance et démocratie. Il a été assistant exécutif au département des affaires politiques, paix et sécurité de la CEDEAO.Originaire d’Abomey, il a obtenu l’essentiel de ses diplômes au Bénin et en France. Ainsi, il fait son Bac série D au Lycée Houffon d’Abomey On était en 1994. Il obtient une maitrise en droit des affaires et carrières judiciaires en 1998 et soutient sa thèse de doctorat en droit privé. Entre-temps, Erasme Raoul Glessougbé est passé par le cycle 2 de l’Ecole nationale d’administration du Bénin où il a obtenu son diplôme de Management des services publics et par l’Ecole nationale d’administration de Paris en France.  Secrétaire général de la mairie d’Abomey-Calavi de 2013 à 2016, il est consultant de plusieurs organismes. De la politique, on peut retenir qu’il en a une vision bien précise et estime qu’elle doit être au service du développement et de la justice sociale. Membre du parti Les Démocrates, il a été candidat tête de liste aux législatives de janvier 2023 dans la 23ème circonscription électorale (Abomey, Bohicon, Agbangnizoun et Djidja). Même s’il ne fut pas officiellement élu, il garde de cette expérience de précieuses leçons pour la suite de sa carrière politique. 

INTIMITE

Marié et père de trois enfants, Raoul Gléssougbé garde étonnamment la ligne. Il pratique du sport tous les jours presque. Si vous l’invitez à table, il préfère les mets de chez lui : sauce légumes avec pour accompagnement la pâte ou du haricot arrosé de bon vin.

Comme distraction il aime la piscine, les petites fêtes amicales avec de bonne musique.

Expérience TEBE, président du MPL, invité de Sous l’arbre à Palabres: « Le secteur de l’éducation est une catastrophe »

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Le nouvel invité de la rubrique «Sous l’Arbre à Palabre » de l’Evènement Précis est le président du parti de l’opposition  Mouvement Populaire de Libération (MPL), Expérience TEBE.  Face aux journalistes, l’acteur politique a réagi sur plusieurs sujets d’actualité dont la proposition de loi portant révision de la constitution, récemment introduite au parlement par le l’Honorable Assan SEIBOU, président du groupe parlementaire BR. Selon lui, il faut éviter de réviser la constitution chaque saison au risque de perdre la crédibilité du Bénin. Pour l’opposant Expérience TEBE, il y a plus urgent que la révision de la constitution. « Pour nous au MPL, c’est qu’on a autre chose à faire. Il ne faut pas occuper le peuple avec des histoires qui ne valent pas la peine », dit-il. Chiffres à l’appui, il évoque, entre autres, le système éducatif béninois, qui pour lui,  est aujourd’hui dans une « situation catastrophique sur plusieurs plans », depuis le niveau supérieur jusque dans les enseignements à la base. Expérience TEBE a, par ailleurs, dévoilé « plusieurs promesses non encore tenues » par le gouvernement dans son PAG 2 et l’invite à s’y atteler plutôt que  de s’acharner sur des questions dont  la révision de la constitution.

Vous aviez probablement suivi, il y a peu,la conférence de presse du Chef de l’Etat qui a dit qu’il n’est pas pour la révision de la constitution. Quelle analyse faites-vous de cette intervention ?

A travers cette intervention, nous retenons une seule chose au niveau de l’opposition. Il a fini par rebrousser chemin de cette envie pressante de réviser la constitution. C’est ce que nous au MPL, nous retenons. Et c’est ce que le peuple également nous demande à nous tous, que ce soit de l’opposition ou de la mouvance. Ceci dit, est-ce que, ce n’est que son envie ou son vœu ? Est-ce que c’est le vœu également de ses partisans ? Comme vous l’avez suivi le long de ce feuilleton maintenant, je vais dire. Tantôt c’est une entreprise personnelle d’un député de la mouvance, tantôt c’est des signes qui montrent que le Chef de l’Etat lui-même est informé et accompagne l’initiative. Donc, est-ce que finalement, son envie personnelle de mettre fin à ce feuilleton est celle également de ses partisans. Nous attendons de voir. Comme nous l’avons dit pour attester ce vœu de mettre fin à ce feuilleton, en principe l’initiateur de cette révision, l’honorable AssanSeibou devrait simplement retirer sa proposition de loi les jours à venir. Nous attendons de voir.

Le président a clairement dit qu’il n’est demandeur de rien. Et pourquoi vous dites qu’il renonce ?

Si je devrais revenir sur les propos de l’Honorable AssanSéibou, l’initiateur de cette proposition de loi, il a dit qu’il a pris l’avis du Chef de l’Etat avant de faire sa proposition. Et que le Chef de l’Etat lui aurait également confié ses désirs ou ses amendements. C’est ce que je disais tantôt dans ma réponse. Il est difficile dans ce feuilleton de dire qui a l’initiative de cette proposition pour répondre aux corrections que la Cour constitutionnelle a demandé au niveau du code électoral. C’est pour ça que je dis l’undans l’autre, pour nous, sa position lors de cet entretien qui stipule clairement qu’il n’est demandeur de rien, qu’il ne veut plus qu’on modifie une virgule de la constitution, devrait devenir effective avec ce retrait de la proposition de l’honorable AssanSeibou.

Le président AssanSeiboua clairement réaffirmé que la proposition est son initiative personnelle et que le Chef de l’Etat lui a dit également qu’il n’est demandeur de rien. C’est en s’inspirant de ses prérogatives qu’il fait la proposition pour corriger les erreurs et pour permettre aux députés actuels d’avoir le droit de parrainage. Il dit qu’il ne va pas retirer sa proposition.

C’est un élément nouveau. Le Chef de l’Etat dit qu’il n’est pas demandeur de cette révision. Le peuple entier, les acteurs de l’opposition, la société civile ont également d’une manière oud’une autre, manifesté clairement leurs désaccords à vouloir toucher la loi fondamentale de notre pays après la révision de novembre 2019 avant que nous puissions essayer une fois les éléments contenus dans cette révision. Si aujourd’hui, si une partie de la majorité présidentielle portée par l’honorable AssanSeibou, pense que les corrections demandées par la Cour ou dumoins les dysfonctionnements et les dichotomies au niveau des chevauchements de date par rapport aux parrainages, s’il pense que c’est en allant retoucher la loi fondamentale qu’il faut apporter des corrections, nous au niveau de l’opposition, nous pensons que nous pouvons corriger ces dispositions sans aller toucher à la constitution.

Vous pensez que les raisons évoquées par AssanSéibou ne sont pas pertinentes ?

Le problème ne se situe pas au niveau de la pertinence des raisons. C’est son point de vue, c’est ce qu’il pense et ce que son groupe a apporté comme correction aux problèmes soulevés. Mais, nous compte tenu de plusieurs autres paramètres …

Quels sont ces paramètres-là ?

Les paramètres, c’est les précédents. C’est ne pas ouvrir la boîte à pandore. C’est le risque de ne pas prendre le Bénin au sérieux en allant réviser sa constitution chaque saison.

Mais le Chef de l’Etat a mis que de sa vie, plus personne ne peut faire plus de deux mandats.

En ce qui nous concerne au Mouvement Populaire de Libération, cette question est évacuée. Qu’on touche, qu’on retouche ou qu’on ne touche pas à la constitution, en l’état actuel, il n’est plus possible au Chef de l’Etat de briguer un troisième mandat. Donc, ce n’est pas nous, notre inquiétude majeure. Pas du tout. Ce n’est pas notre crainte. Ce n’est pas la crainte du troisième mandat. Ce n’est pas la première préoccupation. La première préoccupation pour nous au MPL, c’est qu’on a autre chose à faire. Il ne faut pas occuper le peuple avec des histoires qui ne valent pas la peine. Aujourd’hui, le peuple a d’autres préoccupations beaucoup plus importantes et le gouvernement également.

Qu’est-ce que vous proposez ?

Nos propositions ont été synthétisées dans le mémorandum que les députés de l’opposition, en l’occurrence les députés du parti Les Démocrates, présenteront.

En deux mots, c’est quoi votre proposition ?

Ce que nous avions proposé. D’abord, nous avions des griefs contre le code électoral qui était là, où nous avons observé que notre démocratie de plus en plus devient censitaire. C’est-à-dire, c’est le milieu où c’est uniquement ceux qui ont l’argent qui peuvent exister. Nous avons proposé de retoucher au seuil des cautions. Egalement au niveau du seuil de représentativité, la question des 10%. Nous avons estimé que c’est une manière non commode d’éliminer des gens ; surtout conduire au choix des représentants du peuple qui ne sont pas dans certaines localités, ceux voulus par le peuple. Pour être plus concret, c’est à dire pour les élections locales, on a connu la dernière fois à Porto-Novo, les citoyens porter leur vote sur une liste parce qu’ils veulent un citoyen X. Finalement, parce que cette liste n’a pas réuni 10% à l’échelle nationale, l’arsenal juridique leur impose un élu qui n’est pas celui qu’ils ont voulu. Et cela pose des problèmes au niveau de la gestion des collectivités locales. La conséquenceest qu’on retrouve des élus qui ne sont pas le vœu des citoyens de cette localité. D’où la question des 10% et nous avons proposé donc d’abaisser le taux de 10%.

Aussi, sur la question du parrainage, nous avons estimé qu’en jouant sur le délai du dépôt des candidatures pour la présidentielle, on pourrait permettre aux élus actuels comme l’a souhaité la Cour constitutionnelle de parrainer les prochains candidats à la présidentielle. Cette position nous l’avons notée au niveau de certains grands juristes de la majorité présidentielle. Il est possible de nous entendre de faire des réajustements au niveau du code électoral et aller faire les élections en toute quiétude et de façon paisible.

Comment se porte le Mpl?

Le parti MPL se porte bien. J’ai eu l’occasion de répondre à plusieurs reprises à cette préoccupation de vos collègues. Parce qu’après les dernières législatives, il y a eu une crise interne qui a secoué le parti. Mais aujourd’hui cette crise est derrière nous. Pour revenir au niveau même du parti, nous avons, comme toute organisation politique, connu de crise. Lorsque le leader tient à la rigueur, parce que sans rigueur on ne peut pas avancer,il n’est pas compris de tout le monde. Lorsqu’il y a des gens qui ne sont pas pour le respect des textes qu’on s’est librement donné, nous observons cette situation qu’a connue également le MPL comme d’autres partis de l’échiquier politique. Après ces difficultés, les choses sont revenues à la normale. Aujourd’hui le parti s’évertue à renforcer ses bases en tirant leçon de toutes les difficultés que nous avons connues de notre participation aux élections législatives. Nous nous préparons avec abnégation, pour corriger les imperfections que nous avons connues, les zones dans lesquelles nous devronsaméliorer notre assise, les difficultés d’organisation au niveau de nos structures. C’est ce à quoi nous nous attelons en ce moment pour viser 2026 qui est si loin et si proche.

Avec la division constatée au niveau de l’opposition, pensez-vous pouvoir gagner en rangs dispersés contre le régime actuel?

Pourquoi l’absence d’un parti de l’opposition vous fait penser à une division ? Non, l’opposition n’est pas divisée. Dans toutes les organisations et surtout en politique, les choses ne sont pas linéaires.

La rencontre de Golden Tulip s’est tenue dans un contexte où l’opposition est en train de mettre en place un cadre de concertation en vue d’harmoniser et de mieux s’organiser pour donner à chaque fois à l’avenir une réponse unique aux problèmes que connaît notre pays et aux problèmes de nos concitoyens. C’est l’objectif. C’est une première rencontre intervenue alors que ce cadre de concertation n’est pas encore totalement mis en place. Donc c’est ce qui certainement a fait que nous avons observé que tout le monde n’était pas présent. Au demeurant moi je ne suis pas président des Démocrates qui était à l’initiative de la rencontre et qui est aujourd’hui chef de file de l’opposition. Moi je suis le président du MPL.

Nous au MPL, compte tenu de notre relative jeunesse, nous n’avons pas a priori des problèmes de collaboration avec n’importe quel parti évoluant sur l’échiquier politique. Nous pensons que seul, nous ne pouvons pas grand-chose mais c’est ensemble qu’il faut faire le combat. Il est vrai qu’aujourd’hui beaucoup pensent que les politiques publiques doivent tenir compte de l’avis de la jeunesse parce que c’est la plus importante masse dans notre pays et également dans le monde. Donc la voix de la jeunesse est prépondérante dans l’élaboration des politiques publiques qui sont mises en œuvre. Ainsi, si nous nous représentons, d’abord nous sommes des jeunes pour la plupart dans nosinstancesdirigeantes. Si nous souhaitons nous faire entendre et grandir, nous avons le devoir d’entretenir de bonnes relations avec toutes les formations politiques. L’autre chose que vous ne savez peut être pasaussi est qu’aux débuts de l’organisation del’opposition contre le régime de la rupture dans notre pays, il y a eu des acteurs comme moi qui étions à l’initiative des prémices. Donc aujourd’hui, tous les acteurs de l’opposition qui se retrouvent au niveau des Démocrates, sont des camarades avec qui nous avons démarré cette lutte dans un autre cadre. Par la suite, il y a eu des points de vue divergents sur certaines questions. C’est pour cela que le Mpl a vu le jour avant les Démocrates. Dès lors, nous avons toujours eu de bonnes relations et à chaque fois nous avons des concertations continues sur des sujets de préoccupation communes pour notre pays.

Après plus de 8ans de gestion sous la gouvernance du président Talon, qu’avez-vousretenucommepoints positifs?

C’est ce qui nous différencie aussi. Nous nous efforçons de dire les choses telles qu’elles sont, même si cela ne va pas plaire à tout le monde. Parce que ce concept d’opposition radicale ou d’opposition modérée, est vite fait d’être collé à certains points de vue. Une gouvernance ne peut pas avoir que des points noirs. Il y a des choses positives qui sont faites dans le pays. Au nombre de celles-là, je peux dire que la capitale économique a connu un toilettage et un visage nouveau. Nous avons quelques belles routes qui sont faites. C’est le fruit des efforts de tous nos concitoyens qui sont en train d’être pressurés depuis 8 ans pour contribuer à toutes ces réalisations. La dématérialisation des services publics en cours également est à saluer.

Au niveau de la sécurité, il y a beaucoup à dire. Il y a eu un relatif progrès observé dans un sens. Mais dans l’autre, vous avez vu la montée des groupes djihadistes dans la partie septentrionale du pays et qui secoue nos populations. Tout ce que vivent les populations en termes d’insécurité n’est pas relayé. Nous, étant en contact avec les populations, nous entendons beaucoup de choses que nous ne voyons pas relayées dans les médias.

Les choses négatives, il y en a beaucoup. Je peux dire que c’est ce qui fait la balance. Et c’est pour cela qu’au lieu de nous accrocher à des problèmes comme la révision de la constitution, le gouvernement de la Rupture ferait mieux de repartir voir son PAG pour essayer de nous réaliser toutes ses promesses qui ont été faites. Et nous nous situons aujourd’hui à deux ans de la fin du mandat. Visiblement, quand on parcourt on constate qu’ils sont loin du bout du compte. Le PAG 2 qui couvre la période 2021-2026, a été organisé en trois piliers. Si je prends le premier pilier qui est renforcement de la démocratie, état de droit et gouvernance, le premier point cité est le renforcement de l’unité nationale. Pensez-vous qu’à deux ans de la fin du régime de la Rupture, le président Talon a réussi à unifier le pays? Non, nous pensons que ce n’est pas encore ça. Egalement dans ce premier pilier, il y a un certain nombre de réformes et projets qui ont été annoncés. Si je prends sur le plan des réformes, la mise en place d’un mécanisme de protection, de soutien et d’accompagnement moral psychologique et social des agents de sécurité. Alors cette réforme, pensez-vous que s’il y à quelques jours on assiste à la mise à la retraite d’office de plus de mille agents de sécurité, pensez-vous qu’on est en train de penser à l’accompagnement, au soutien moral, psychologique et social des agents de sécurité ? Pensez-vous que la prise d’une telle mesure est de nature à renforcer le moral des troupes et des agents de sécurité encore en exercice, à donner le meilleur d’eux?

C’est une question que nous nous posons aussi

En termes de projets également, ils ont parlé de la construction et équipement des infrastructures de secours. En avez-vous déjà vu, une infrastructure du genre? Nous, non. Également, on a parlé de construction-équipement de douze cités administratives départementales. On n’a pas encore vu la première démarrer. Toujours à deux ans de l’échéance. On a parlé également de la réhabilitation et équipement des préfectures. Nous attendons également le régime de la Rupture sur ces projets.

Au niveau du deuxième pilier, poursuivre la transformation structurelle de l’économie. Et c’est là notre plus grande déception parce qu’au point quatre de ce pilier, on a parlé de la reconstruction de l’école béninoise. Mes chers amis, pour nous, c’est la plus grosse tâche noire du régime de la Rupture parce que le secteur éducation est plongé, je ne dirai pas dans un coma, mais en déliquescence. L’école béninoise se meurt, et à petit feu continue de mourir et nous sommes à deux ans de la fin du mandat. Si vous voulez, je peux aller sur les statistiques.

Allez-y 

Savez-vous que le régime précédent, de 2006 à 2016, d’une manière ou d’une autre, a pratiqué une politique nataliste qui a renforcé le taux des naissances ce qui a accéléré la croissance démographique. Je peux vous citer quelques-unes des mesures : la gratuité de la césarienne, la gratuité de l’école pour les enfants,gratuité des soins contre le paludisme pour les enfants etc. Il y a eu beaucoup de mesures sociales qui ont fait que le taux de natalité a grimpé. Les enfants nés courant 2006, 2007, 2008, aujourd’hui ont dix-huit ans. Cela veut dire qu’ils sont attendus au niveau BAC tout au moins. Le nombre d’inscrits au BAC depuis 2006, avant 2006 jusqu’à 2016-2017 a été en accroissement continu chaque année. Nous sommes passés en 2006 par exemple de42.870 inscrits au BAC à 111.616 en 2016. Savez-vous qu’en dépit des promesses de la Rupture à partir de 2017, ce nombre d’inscrits au BAC a commencé par chuter. De 111.000, nous sommes descendus, à 75.949 l’année dernière.

Comment est-ce que vous expliquez cela ?

J’ai envie de vous renvoyer la question. Alors que nous avons plus de jeunes qu’on a mis à l’école et qu’on devrait attendre au niveau BAC ces années-ci, nous observons chaque année depuis 2017, une baisse du nombre d’inscrits au BAC. Cela veut dire que, le taux de décrochage scolaire a commencé par être élevé. Et ce n’est rien d’autre que le signe de la croissance continue de la pauvreté, le fait que beaucoup de familles ne sont plus en mesure de soutenir leurs enfants à l’école. Vous connaissez les charges qui vont avec. D’ailleurs, un enfant qui commence du cours primaire où on a mis au départ, gratuité, gratuité après dès qu’il vient au collège, les charges commencent par s’élever : se déplacer, se nourrir, les manuels, les TD etc. Si au même moment, les familles ont commencé par avoir plus de difficultés, si beaucoup d’entre les parents ont perdu leur job, si le taux de pauvreté s’est accru et est à plus de 40% depuis 2019, vous convenez avec moi les raisons qui justifient le décrochage scolaire. Et tous ces enfants qui ont abandonné les classes, ils se retrouvent où ? Ils sont dans la rue. C’est eux qui s’adonnent à la cybercriminalité. Le régime de la Rupture ne devrait pas s’étonner de voir plus de jeunes s’adonner à ces pratiques. Mais il devrait plutôt prendre le taureau par les cornes et apporter des solutions à ces enfants. C’est là également que j’en viens à l’une des promesses du régime de la Rupture : la transformation structurelle de l’économie, le pilier 2 du PAG2 qui parle de la construction et de l’équipement de nouveaux centres universitaires. Vous savez que lorsque le régime de la Rupture s’est installé en 2016, l’une des premières décisions était de fermer les centres universitaires qui étaient là. Ces centres universitaires, j’ai été un acteur de la mise en œuvre de ce projet par le passé. A l’époque, nous avions trouvé totalement aberrant de fermer ces centres qui comptaient déjà de milliers d’étudiants. Alors si au début du deuxième quinquennat, ils ont trouvé qu’il fallait en construire c’est une bonne chose. Mais jusqu’à ce jour, pas un seul nouveau centre encore.

Vous êtes sûr de ce que vous dites ?

Oui, je voudrais que vous puissiez me démentir. Il n’y a pas de nouveaux centres universitaires. Mais ce n’est pas que ça, ils ont promis également le renforcement des infrastructures sociales. Je suis également l’un des principaux acteurs de la construction des résidences universitaires. Depuis 2016 où le régime de la Rupture s’est installé, il n’y a pas eu un seul nouveau lit en plus de ce qu’il y avait alors que huit ans après, vous convenez avec moi que les infrastructures ont vieilli et le besoin s’est accru. On devrait remarquer que la capacité d’accueil de ces universités au niveau des résidences a diminué.

Le chef de l’Etata estimé qu’il y a de nouvelles bourses qui ont été accordées, les allocations universitaires qui ont augmenté

Non, non, non ! Je veux en venir là également. On nous a promis également la couverture des besoins en infrastructures et équipements des universités nationales du Bénin. Vous avez vu les conditions dans lesquelles nos universités publiques sont en ce moment ? La qualité de l’enseignement, la capacité d’accueil ?Également, dans la principale université, celle d’Abomey-Calavi, il n’est même pas possible d’avoir internet à tous les coins de l’université à la date d’aujourd’hui. Ça, je veux que vous puissiez me démentir, c’est des choses concrètes que je vous apporte. On ne peut pas être à ce niveau et s’autosatisfaire comme le Chef de l’Etat l’a laissé entendre dans son discours sur l’état de la nation en décembre et qu’aujourd’hui, ce soit la question de la révision qui occupe l’actualité. Je voudrais comme un autre acteur, non pas des moindres de la mouvance l’a dit la semaine dernière :« Il y a mieux à faire que de s’occuper à parler de la révision de la constitution. »Le Bénin a besoin d’être remis au travail. On doit réconcilier notre nation avec le travail, l’effort et la récompense.

Visiblement, vous êtes choqué du dédain du Chef de l’Etat pour les universités

C’est plus qu’un choc. Moi je me place simplement au niveau des promesses et au niveau des résultats à deux ans de la fin.

Vous avez probablement étudié dans les années 90-2000. Quand vous regardez un peu le nombre d’enseignants qu’il y a par rapport au nombre d’étudiants aujourd’hui sur le campus, quelle est votre réflexion à ce niveau ?

La catastrophe continue et on ne peut pas espérer aller au développement sans apporter des réponses justes ou concrètes, en adéquation avec les problèmes de l’heure au niveau des universités. Au niveau de la formation, si on n’essaye pas d’apporter une réponse juste au niveau de l’éducation en adéquation avec les besoins de notre pays et on laisse le secteur aller à vau-l’eau… Aujourd’hui, même au niveau du primaire, nous avons encore des écoles où les enfants sont assis à même le sol. A chaque rentrée, c’est des sollicitations que nous recevons de venir à leur faire des dons de tables-bancs, de venir construire des salles de classe. Nous essayons d’en faire, on ne peut pas couvrir les besoins.

Des écoles où des enfants sont encore assis par terre ?

Dans nos universités, des étudiants continuent de s’asseoir sur des briques, de rester aux portes et des fenêtres pour suivre les cours.

De nombreux docteurs demandent à être recrutés 

J’essaye de poser ainsi leur problème ici. Vous me donnez l’occasion de poser leur problème. Je dis, je répète :le secteur de l’éducation est une catastrophe à laquelle, il urge d’apporter, aujourd’hui, des réponses urgentes, au lieu de s’occuper à autre chose. C’est ce que les populations nous reprochent. On constate que les acteurs politiques à chaque saison, il est plus facile pour eux de se voir, de commencer par parler des problèmes qui les intéressent c’est-à-dire des problèmes des élections, de code, des lois. Et les préoccupations quotidiennes, la souffrance des populations, les problèmes des enfants à se scolariser, à recevoir l’enseignement sont relégués au second plan. Les problèmes quotidiens, la souffrance quotidienne de nos populations n’ont jamais été une préoccupation majeure qui puisse réunir ces acteurs politiques. Nous au niveau du MPL, ça fait pratiquement un an que nous avons saisi le chef de l’Etat aux fins de le rencontrer pour lui faire des propositions concrètes sur l’ensemble de ces thématiques dont je suis en train de vous parler mais nous n’avons pas encore pu le rencontrer. Nous espérons que d’ici a là cela se fera.C’est ce que nous regrettons. C’est ce que nous voulons qu’il soit revu dans notre pays.

Alors vous évoquiez tantôt la pauvreté, l’appauvrissement des populations comme vous le dénonciez régulièrement. Dans le même temps, on a des informations qui nous laissent croire que notre économie se porte de mieux en mieux avec les succès qui se succèdent. Au niveau des institutions internationales, on estime que tout va bien. Alors, comment expliquer ce contraste selon vous ?

Je veux vous dire d’abord ceci. L’augmentation de la croissance économique peut souvent être le résultat de politiques favorables à l’investissement et à la productivité, ce qui peut créer des emplois et générer des revenus accrus. Cependant si cette croissance n’est pas distribuée de façon équitable, cela n’entrainera pas la réduction de la pauvreté ou du moins, l’amélioration des conditions de vie des concitoyens ; si le résultat de cette croissance est concentré dans les mains d’une élite et les politiques sociales, ne tiennent pas compte d’une meilleure répartition des fruits de cette croissance, le pays va noter un accroissement de la pauvreté. Le pays va noter qu’il y a moins d’emplois qui se créent et que c’est une petite partie qui s’est enrichie.

Et même à ce niveau, je voulais attirer votre attention sur quelque chose. Dans le cadre macroéconomique, suivant les projections qui sont faites dans le PAG 2, nous sommes en 2024 et parlant de ces promesses de croissance, en 2023 nous devrions être à 7,8% et en 2024, 8,5%. A l’arrivée, en 2023, nous avons pu réaliser un taux de 5,5% de croissance. Et en 2024, le Fmi est optimiste et pense que nous devons aller à 6,3%. Ça veut dire qu’il reste beaucoup de travail à faire. Les fruits n’ont pas encore tenu la promesse des fleurs et il reste au régime de la Rupture qui est à 2 ans de la fin de son mandat, alors qu’ils nous ont promis qu’en 2026, on aurait une croissance à deux chiffres (au moins 10%). Il leur reste donc beaucoup à faire pour combler les espoirs de nos populations.

La situation sous régionale, la Guerre entre la Russie et l’Ukraine, les effets du djihadisme qui frappe à la porte. Cela n’est-il pas dû à ces contingences-là ?

Peut-être que oui. Mais est-ce que les contingences ont frappé uniquement le Bénin au point où, ce soient seuls nous qui payions le prix le plus cher de ces aléas ? Selon toujours les données du Fmi, nous ne sommes pas les derniers,certedans la Cedeao au niveau du PIB. On est au 9e rang. Il y a les pays comme le Burkina Faso, le Niger et le Togo qui nous dépassent.C’est pour dire que nous n’avons pas de raison de nous autosatisfaire. Et qu’il reste beaucoup à faire au régime de la Rupture qui en a fait la promesse dans son PAG. Ils doivent mettre les deux ans qui leur restent à profit pour travailler plutôt que de se cramponner à la politique politicienne et de s’accrocher à la question de la révision de la constitution, chose qui occupe tous les espaces en ce moment.

Bientôt la répression pour le port du casque…

Cette décision est ce que nous observons parfois à regret au niveau de l’actuel régime. Cette mesure, le régime précédent a tenté de la mettre en œuvre. Très tôt, il a constaté son inapplicabilité. Regardez le nombre de personnes qui se déplacent avec les taxis moto (les zémidjans). Aujourd’hui, on veut étendre le port du casque à celui qui est remorqué derrière. Pensez-vous qu’avec le nombre de personnes qu’un taxi moto prend, il faut un casque pour chaque client ? ou bien faut-il que chaque personne qui veut prendre le zemidjan sorte de la maison avec un casque ? Je pense que c’est un imbroglio qui est en gestation et que le régime devrait aller chercher à régler son problème ailleurs.

Mais le casque protège tout porteur en cas d’accident…

Savez-vous que le Bénin fait partie despays au monde où le transport en commun est le moins organisé ? Et que lorsque l’Etat qui doit organiser la mobilité urbaine ne fait rien,ni pour encourager,ni pour promouvoir les transports en commun, les citoyens sont obligés de se débrouiller comme ils peuvent. Ce qui fait que tout le monde va acquérir une moto pour pouvoir se déplacer. En plus avec les conditions d’extrême pauvreté pour la majorité de nos populations, pensez-vous que c’est le moment idéal      pour édicter et mettre en œuvre ces règles-là ? Nous, nous pensons que non. Si effectivement les accidents de la route créent (ce qui est regrettable) beaucoup de problèmes, pour les régler, il faut aller attaquer le mal à la racine. Combien de tous ces jeunes qui prennent les motos ont reçu une éducation en matière de sécurité routière ? Combien ont un permis de conduire pour moto ? Et que fait le CNSR dans ce sens depuis 8 ans qu’ils sont là ? Moi, à la place du Dg Cnsr, j’aurais milité pour qu’on introduise dans les programmes scolaires des cours d’éducation à la sécurité routière. Parce qu’après le BEPC, beaucoup de parents mettent des motos à la disposition de leurs enfants. Ces jeunes n’ont jamais idée de ce qu’est le règlement en termes de sécurité routière. Ils ne savent même pas qu’il faut avoir un permis pour pouvoir un engin à deux roues.

Tirant leçon du drame survenu à Dassa en janvier 2023, le gouvernement entreprend de faire une lutte féroce contre la limitation des vitesses…

Je pense que pour la sécurité routière, on doit pouvoir respecter les règles et les normes en la matière. Sauf qu’il y a des situations qui nous paraissent extraordinaires dans notre pays. Quand je prends le boulevard de la Marina qui vient d’être ouvert à la circulation, on limite la vitesse à moins de 50, c’est-à-dire au plus 49km/h.Et au lieu d’informer les citoyens, la police républicaine se transforme en djihadiste et préfère aller à la répression en allant dissimuler les radars dans les fleurs pour arrêter les usagers et appliquer des contraventions. Au lieu que le citoyen prenne cela comme une envie de faire respecter les règles, il le prendra comme un moyen d’abus de répression pour pouvoir l’arnaquer. Si la répression de la limitation d’excès de vitesse doit s’opérer dans un tel esprit, vous conviendrez avec moi que ce n’est pas bien.

Que pensez-vous qu’il faut corriger ?

Il faut communiquer. Il faut sensibiliser. Les citoyens ne sont pas des animaux. Ils sont des êtres humains qui sont sensibles lorsqu’on essaie de leur expliquer et lorsqu’ils voient leur intérêt dans l’application d’une règlementation, l’Etat fera moins d’effort pour atteindre le résultat.

Depuis quelques semaines, il y a des fonctionnaires de l’armée, de la police républicaine, des eaux et forêtet de la douane qui ont été mis à la retraite d’office. Que dites-vous de ça ?

Non pas simplement pour critiquerla mesure, mais pour demander des explications au gouvernement. Et ceci, parce que, comme les intéressés, comme nous, le peuple béninois veut savoir de quoi cela retourne. Les premières informations que nous avons reçues, pour avoir écouté certains qui étaient dans le cas, ils nous ont informé que c’est à leur arrivée au bureau un matin, qu’on leur remet une note les mettant à la retraite. A notre question de savoir qu’est ce qui justifie cette mesure, est-ce qu’il y a eu des actes posés par eux ayant conduit à cela, ils ont réponduque rien, qu’il n’y avait aucun préalable. Eux-mêmes ne sont pas informés des mobiles qui ont conduit à cela. Et c’est ce qui nous a motivés à demander des explications au gouvernement. Le Chef de l’Etat, a essayé lors de sa dernière sortie, d’apporter des explications.

Et il vous a convaincu ?

 Non. Parce que certaines questions restent posées. Si la pyramide au niveau des agents de force de sécurité et de défense aujourd’hui, telle qu’elle se présente, nécessite des corrections pour améliorer leur efficacité, quelles sont les raisons, du moins, les critères qui ont conduit au choix de ces derniers ? Etaient-ils informés de la démarche ? Comment est-ce qu’on a conduit le processus à désigner ceux-là ? Ce qui parait un peu paradoxal, si le ministre de l’intérieurcontinue de nous préciser que chaque année, on recrute 1000 à 2000 agents de police, comme nous en avons vu ces derniers mois, comment cela s’explique qu’on a beaucoup de jeunes qui viennent et qui ont besoin d’être encadrés et formés par les aînés et au même moment, on trouve qu’il y en a quine sont plus aptes et qui n’ont plus rienà faire et qu’il faut les mettre à la retraite sans préavis ? Notre problème n’est même pas encore de critiquer la loi, mais l’application de cette loi. Les lois sont adoptées pour améliorer les conditions de vie dans un pays.

Le Chef de l’Etat a informé de ce que ceux qui sont mis à la retraite d’office auront deux ans de leur salaire entier ?

 Mais écoutez, si l’Etat a les moyens de payer des fonctionnaires qui sont à la maison, c’est-à-dire, en plus de leur pension, de compléter des allocations, je pense qu’on ferait mieux de les laisser aller travailler, parce que surtout au niveau de la sécurité, nous avons besoin de renforcer les ressources humaines, pour qu’ils puissentmieux s’adonner à leur mission pour assurer la sécurité de nos concitoyens. Ce n’est pas en les traitant de la sorte, en les mettant à une retraite d’office et en améliorant leurs primes de retraite sur deux ans que nous allons doper le moral de ceux qui restent pour qu’ils puissent mieux travailler. Je pense qu’à ceniveau, des inquiétudes persistent. Nous sommes encore sceptiques parrapport à l’efficacité de cette mesure que le gouvernement est en train de mettre en place.

En 2026, leBénin connaîtra ses premières élections générales, à savoir, communales, législatives et présidentielles. Comment votre parti s’y prépare-t-il ?

Le parti MPL s’y prépare activement. Une fois encore, nous serons de la partie. Vous savez, notre population aujourd’hui est constituée à plus de 75% de jeunes de moins de 25 ans. Et on ne peut pas mettre en œuvre des politiques publiques pour régler leurs préoccupations sans tenir compte d’eux, sans les écouter, sans qu’ils ne participent à leur élaboration.C’est pour cela que nous avons, depuis que notre parti a été créé, comme objectif premier, non seulement d’animer la vie politique, mais ausside nous efforcer de nous faire représenter. C’est ainsi qu’après les premières heures de notre création, nous avons tenté de participer aux élections communales et municipales de 2020. Et quand j’ai pris la présidence du parti en juillet 2021, la première promesse que j’ai faite et également au regard des recommandations faites par le congrès, c’était de faire tout possible pour acter laparticipation du parti aux élections législativesà venir. Ainsi, avec le soutien des camarades, nous avons réussi le pari des législatives de 2023. Malheureusement, nous n’avons pas pu obtenir des résultats à la hauteur de nos espérances. Nous allons tenir compte de nos faiblesses et de nos échecs et 2026 doit pouvoir être pour nous un rendez-vous de la jeunesse avec les élections générales en vue. C’est pour cela que nous nous y préparons activement.

Aurez-vous un candidat pour l’élection présidentielle en 2026 ?

Nous sommes encore loin de cette échéance, si loin et si près à la fois. Et avant de pouvoir avoir un candidat à la présidentielle, il faut s’assurer d’obtenir les parrainages nécessaires. Et avant d’avoir les parrains, il faut participer avec succès aux élections législatives et communales. Nous sommes donc loin de ça. Toujours est-il que l’ambition d’un parti qui vit et qui se bat sur l’échiquier politique national, c’est de participer à toutes les élections.

Quels sont les acquis réalisés par le MPL depuis qu’il est dirigé par Expérience TEBE ?

Ah Oui. Nous avons eu effectivement beaucoup d’acquis au nombre desquels celui que je viens de vous parler, à savoir notre participationaux dernières législatives. Nous avons pour la première fois pu participer à une élection organisée sous la Rupture. Je peux dire que c’est un grand acquis, car cela nous a permis de mesurer nos forces et nos faiblesses. Ça nous a permis de mieux maîtriser l’appareil électoral. Je dois vous dire que participer aux élections relève de beaucoup de spécificités dans la théorie que nous savons. Avoir des électeurs acquis à sa cause n’est pas synonyme de gagner une élection. Cela veut dire que je peux être en concurrence avec vous, être le plus populaire, le plus soutenu par les citoyens et finalement perdre parce que je n’ai pasréussi à amener mes sympathisants à aller voter pour moi. Alors que vous, le peu que vous avez, vous avez l’expertise et le mécanisme qu’il faut pour les amener à aller voter.

Sous ma présidence nous sommes le premier parti à concevoir un site internet à partir duquel les militants peuvent faire également leur adhésion en ligne. Nous poursuivent dès lors la modernisation du parti dans son fonctionnement.

Votre mot de la fin ?

Je voudrais féliciter la résilience du peuple béninois en face des difficultés quotidiennes qu’il continue de traverser avec foi et espérance. Parce que lorsque je vois la réaction de nos concitoyens en face des débatspolitiques comme la révision de la constitution, je me dis que ce peuple a encore espoir que demain sera meilleur. Il faut que les dirigeants actuels et ceux qui décident à leur place, sachent que le peuple veut qu’on tienne compte de ses aspirations. Le peuple qui a confié un mandat à un pouvoir exécutif depuis 8 ans veut qu’au terme de ce mandat, il y ait alternance et qu’une nouvelle équipe vienne, chargée de plus d’espoir, surtout avec des mesures correctives pour tout ce qui est en train d’être fait pour qu’on puisse assister à un mieux-être. Je vousfélicite également, vous les hommes des médias, qui essayez de survivre au milieu de toutes ces difficultés. Je sais mieux que vous les difficultés que vous vivez. Vraiment je vous félicite et je vous encourage à continuer à garder la flamme allumée. Car, sans vous, nous allons vite sombrer. Mais avec vous, le peuple a espoir que bientôt, il y aura une nouvelle ère qui se lèvera dans notre pays.

Armand AFFOSSOGBE, membre du Bureau politique du BR, invité de l’émission Sous l’arbre à Palabre: « La proposition SEIBOU va nous éviter le blocage en 2026 » 

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  • La proposition de loi va conduire à écourter le mandat du président TALON
  • J’ai la certitude que le Chef de l’Etat va partir en 2026. Je vous le jure, il va partir
  • Je demande à la classe politique de trouver le consensus entre eux pour que nous anticipions sur ce qui peut arriver en 2026

Armand Affossogbé, leader du BR au siège de L’Evènement Précis

L’invité du nouveau  numéro de la rubrique «  Sous l’Arbre à Palabre » de l’Evènement Précis est un acteur politique bien connu. Armand AFFOSSOGBE est coordonnateur BR dans la 23ème circonscription électorale. Membre du Bureau politique du Bloc Républicain, il souligne que la proposition de loi faite par l’Honorable Assan SEIBOU, président du groupe parlementaire BR en vue de réviser la constitution,  constitue une avancée notable en vue d’une bonne organisation des élections de 2026. C’est pourquoi, face à la rédaction de L’Evénement Précis,  il a laissé entendre que la mouvance présidentielle est fortement mobilisée pour obtenir le consensus autour de cette proposition de loi qui évitera tout trouble lors des élections de 2026. Cette proposition priorise l’élection présidentielle en écourtant du coup le mandat du président Talon.

Est-ce que le Bloc Républicain soutient-il la proposition de loi sur la révision de la constitution ?

Je voudrais dire que celui qui a fait la proposition de la loi est un député du Bloc Républicain et président du groupe parlementaire Bloc Républicain. Cela voudra dire que le BR est en phase avec la proposition de loi et nous assumons. Il ne l’a pas fait sans le parti. Il ne l’a pas fait non plus sans ses collègues.

Ensuite, je voudrais souligner que l’initiative a été d’abord personnelle à lui. Vous savez très bien que l’une des prérogatives d’un député à l’Assemblée nationale est de faire des propositions des lois. Sûrement qu’il a constaté des couacs dans les textes de 2019 et qu’il a suggéré des corrections pour que nous évoluions dans le pays sans problème.

Mais il y a un militant BR, en l’occurrence Distel AMOUSSOU, qui rapporte que plusieurs responsables BR ne seraient pas en accord avec le député SEIBOU pour son initiative. Qu’en dites-vous ?

Vous savez, c’est une force pour une personne qui dit la vérité. Mais quand on prend des raccourcis comme une arme pour détruire sa propre maison, c’est très grave. A l’entame de mes propos, j’ai dit que l’une des prérogatives d’un député à l’Assemblée nationale, c’est de proposer des lois. C’est vrai que l’initiative comme je viens de le dire, a été personnelle. Mais, le président du groupe parlementaire Bloc Républicain, l’honorable Assan SEIBOU a soumis sa proposition primitive, c’est-à-dire le texte embryonnaire, aux présidents des groupes parlementaires à savoir les présidents des groupes parlementaires UP Le Renouveau et Les Démocrates. C’est ce que plusieurs personnes ne savent pas. Après leur avoir soumis cette proposition, il en a parlé à ses collègues du groupe parlementaire Bloc Républicain. C’est ce qui a fait que le chef de l’État a entamé des rencontres. Le Président de la République a reçu le groupe parlementaire Les Démocrates. Il a reçu le groupe parlementaire Union Progressiste le Renouveau. Après tout cela, il a reçu le groupe parlementaire Bloc Républicain. Juste après cela, le président du Bloc Républicain a convoqué les 28 députés du BR élargis au Vice Président et les élites du parti pour discuter avec eux. A cette rencontre, chaque député a pris l’engagement d’assumer le projet de l’honorable Assan SEIBOU. C’est cela la vérité, contrairement à ce que notre pseudo militant dit.

D’abord, qu’il me soit permis de faire une petite clarification. Un militant suivant l’article 30 de nos textes au BR, n’a pas le droit de prendre des positions publiques sur une initiative du parti ou sur une initiative d’un député du parti.

Aujourd’hui, Distel AMOUSSOU joue quel rôle au sein du parti ? Distel AMOUSSOU pour moi, n’est pas un militant réel du BR. Il est venu quand et occupe quel rôle au sein du parti ? Après notre dernier congrès, il n’est pas membre du bureau politique, il n’est pas membre du BEN, il n’est dans aucune coordination. Pour moi, c’est quelqu’un qui est en mission pour déstabiliser le BR.

Selon plusieurs sources, il s’agit d’une initiative du Chef de l’État lui-même. Voilà que vous nous dites qu’elle est plutôt du  député Assan SEIBOU…

L’initiative ne vient pas du président de la République. Elle n’est pas portée par le président de la République. Elle a été prise personnellement par l’honorable président du groupe parlementaire Bloc Républicain qui a soulevé des points clés. Lesquels points clés ont convaincu le Chef de l’État quand il a fait les rencontres. C’est quand il a été convaincu qu’il a décidé de convoquer les groupes parlementaires pour que l’initiative soit consensuelle et qu’on ne dise pas qu’il y a quelque chose qui se cache derrière. Donc c’est ça la réalité. Mais avant que cette proposition de l’honorable Assan SEIBOU ne vienne, c’est la Cour constitutionnelle qui a demandé de revoir le système de parrainage. Cela va éviter des problèmes en 2026, où nous risquons d’avoir l’ancien maire et le nouveau maire d’une commune avec les mêmes prérogatives. C’est-à-dire que le maire sortant peut parrainer un duo candidat et ne pas être réélu. Or, son remplaçant qui aura les prérogatives de parrainer à son tour, voudra exercer cette prérogative. Ainsi, au lieu d’avoir un seul parrainage par commune, nous risquons d’avoir 2 parrainages par commune. Vous ne voyez pas que c’est un problème ? Nous devons anticiper sur ces choses. Et le Bloc Républicain aujourd’hui assume sa position d’être dans l’anticipation pour ces corrections. Donc ce n’est pas le Chef de l’État qui est caché derrière la proposition de l’honorable Assan SEIBOU.

D’ailleurs le Chef de l’État n’est pas député à l’Assemblée nationale. Il est président de la République. Il peut envoyer un texte de proposition de loi à l’Assemblée nationale pour analyse.

Mais il n’a pas fait un projet de loi. Parce que c’est la prérogative d’un député à l’Assemblée nationale. Donc ce n’est pas le président de la République qui a proposé le texte à l’honorable Assan SEIBOU ou est caché derrière cela comme les gens sont en train de le dire. C’est archi faux.

Alors dites-nous. Quelle est l’urgence qu’il y a à modifier la constitution aujourd’hui ?

D’abord nous sommes dans un régime présidentiel. Je ne vous apprends rien. Vous savez ce qui se passe aujourd’hui en Argentine. L’actuel président Argentin a gagné le pouvoir par rapport à ses promesses de réformer l’Argentine. Mais ils ont aligné les élections d’une manière telle que avant que lui ne soit président, il y avait une majorité à l’Assemblée. Une majorité qui ne lui est pas favorable. C’est ce qui s’était passé dans notre pays sous le Président KEREKOU où la majorité en ce moment l’avait bloqué. Le Président Mathieu KEREKOU a dû prendre des ordonnances. Or, il y a les partenaires au développement qui ont envoyé de l’argent et sans l’avis favorable de l’Assemblée, tout cela était bloqué. Et en bloquant, ils mettent à mal la force pour développer le pays. D’où il fallait avoir la majorité à l’Assemblée nationale. Et c’est ce qui se passe en Argentine.

Donc, nous sommes dans un régime présidentiel où le président est fort. Au Bénin, c’est le Président qui est fort. Donc, aligner les élections et organiser premièrement les élections législatives et communales, est dangereux. Nous risquons de finir ces deux élections et celui qui sera président, parce que la dernière élection sera celle présidentielle, n’aura pas la majorité. C’est clair qu’il va vivre le blocage. C’est pour éviter ça qu’il faut réajuster et organiser d’abord les élections présidentielles. Parce qu’au Bénin, c’est le Chef de l’État qui organise les élections législatives et les élections communales. Donc celui qui part ne peut pas organiser les élections législatives et communales. C’est celui qui prend le pouvoir qui les organise pour lutter pour avoir une majorité au parlement.  L’un des blocages que nous sommes en train d’éviter c’est qu’il faut réajuster, amener les élections présidentielles en première position. Après, le président qui sera élu, va organiser les élections législatives et communales.

Que contient la proposition de loi ?

Oui ça fait partie de ce que je suis en train d’expliquer. Il faut réajuster l’alignement des élections. Après cela, il faut gérer le système de parrainage. Dans la constitution actuelle, ce sont les maires et les députés qui parrainent. Et la constitution dit qu’on va organiser les élections législatives et communales avant les présidentielles. Donc, nous aurons certains députés qui vont venir prochainement, d’autres ne viendront plus. Nous aurons des maires qui vont venir et d’autres qui ne reviendront pas. Donc, il faut définir clairement qui parraine. Et il a fait une proposition de loi. Cette proposition dit que si on ramène les élections présidentielles en premier lieu c’est que ce sont les maires et les députés actuels qui parrainent et là c’est clair. Ceux qui vont venir après ne vont pas parrainer.

Mais cela aura une incidence sur le mandat du président TALON !

Exactement. Cela va conduire à le mandat du président TALON.Le chef de l’Etat a accepté. Voilà un monsieur qui aujourd’hui, au-delà de tout ce qu’on peut lui reprocher,  a à cœur la paix dans notre pays. Parce que je ne peux pas être président de la République et accepter qu’on écourte mon mandat. Le mandat du président de la République est constitutionnel, c’est clair. Mais on a écourté le mandat des députés de la 8ème  législature de trois mois, alors qu’ils ont aussi un mandat constitutionnel. Si le chef de l’Etat qui part dit « Je suis prêt qu’on écourte deux mois de mon mandat », cela ne pose aucun problème. Parce que ce n’est pas la première fois qu’on écourte le mandat des élus. Le ciel n’est pas tombé au Bénin. On peut écourter le mandat du président de la République de deux mois et cela ne causera aucun problème. Puisque celui dont le mandat va être écourté a accepté. Il dit que si c’est pour régler le problème, il est d’accord.

Cela suppose qu’on prolonge le mandat des députés

Je vais vous dire quelque chose. La constitution du Bénin n’est pas la bible. Si nous avons un réel problème par rapport à notre constitution, il faut réajuster pour qu’il n’y ait pas de problème. Nous voulons la paix dans le pays et pour l’avoir il faut faire les choses de façon d’abord consensuelle et régler les problèmes éventuels qui peuvent survenir demain.

Cette situation ne serait-elle pas l’une des conséquences de la révision de 2019 ?

Écoutez, moi je ne suis pas député, je suis un acteur politique. Je ne sais pas ceux qui ont réfléchis et qui ont fait la révision de 2019. Nous sommes des humains, on n’est pas Dieu. Donc on peut faire des erreurs. Quand vous lisez la proposition de l’Honorable Assan SEIBOU, il a même tenu compte de la saison pluvieuse. Au Bénin on n’a jamais organisé une élection dans une saison pluvieuse parce qu’il y a les intempéries et autres. Donc je crois que ceux qui ont pensé la chose en 2019 ont manqué peut-être des petites données.

Pensez vous que la révision de 2019 a été un échec?

Un échec, non ! Parce que la révision de 2019 a amené beaucoup d’autres choses qui ont quand même fait progresser notre pays. Je ne dirai pas que c’est un échec parce que je suis de la mouvance. Ce sont des hommes, ils ont écrit une constitution et puis chemin faisant, on a compris qu’il y a des problèmes. C’est de la même manière qu’après nous, dans cinq ans ou dix ans, d’autres peuvent voir que notre fonctionnement dans le pays nous bloque par rapport à des données de notre constitution et ils vont réviser.

Le développement a changé. Au Bénin par le passé, c’était difficile aux partenaires au développement de venir installer des usines ici. Prenons la zone industrielle de Glo-Djigbé. Est ce que notre constitution de 1990 donne des garanties à des partenaires de venir au Bénin installer des usines? Non. C’est la réalité. Le monde évolue et tout évolue. Et chaque fois que les choses évoluent il faut qu’il y ait des réajustements. C’est comme le téléphone. Parfois il faut faire la réinstallation de notre portable pour qu’il travaille mieux. Et c’est ça la constitution. Il n’y a rien qui soit caché derrière. La constitution actuelle, le chef de l’Eta peut l’attaquer et dire qu’il peut faire un troisième mandat parce que dans la constitution on dit: « En aucun cas, nul ne peut… » Cela fait deux négations. Donc on peut faire dix mandats. C’est aussi le piège. Le peuple béninois doit féliciter le Bloc républicain à travers ce député qui a même soulevé cette subtilité dans la constitution où on va enlever « en aucun cas » pour dire : « Nul ne peut faire plus de deux mandats dans sa vie ». Donc il n’y a rien de caché derrière. Donc ce sont les trois choses qu’il faut faire. L’alignement des élections, il faut que les présidentielles soient organisées d’abord avant les deux autres, il y a le système de parrainage, qui doit parrainer et qui ne doit pas le faire et puis une partie où il y a deux négations qui peuvent donner de positif où on peut faire plusieurs mandats.

Le chef de l’Etat a dit : « Moi je veux passer la main et pour ça je suis même prêt s’il faut écourter deux mois de mon mandat pour changer ces choses là. »

Me Robert DOSSOU a affirmé que si cette proposition est adoptée on tomberait dans un régime présidentialiste.

Non . L’actuel président n’a pas un super pouvoir sur l’Assemblée nationale. Vous savez que le président Talon peut dissoudre le parlement, il peut dissoudre le gouvernement. Quel autre pouvoir dans un régime au Bénin, le président n’a pas. Les juristes ou bien les constitutionalistes sont des prêtres de Fa. Le Fa qui dit que c’est mauvais, il peut te dire aussi que si tu fais telle chose ça sera positif. Par moment, il faut accepter le débat. Nous, à la mouvance présidentielle, nous acceptons le débat. Lui Robert DOSSOU, quand il était président de la Cour constitutionnelle, il a dit qu’on ne peut jamais écourter le mandat des députés si c’est lui qui était là. Mais est-ce que c’est anti constitutionnel? Il n’a pas dit ça. Il n’a jamais dit qu’en écourtant le mandat que cela soit du président ou bien des députés de la huitième législature, qu’on a violé la constitution.

Les électeurs en votant en 2021 donnaient le pouvoir à Patrice TALON pour 5 ans. La proposition de révision raccourcit son mandat comme celle de 2019 le rallongeait. Est-ce qu’on n’est pas en train de se moquer du vote des Béninois?

Actuellement, nous voulons qu’on ne touche pas aux fondamentaux de notre constitution. Quand tu as 70ans, tu ne peux plus être candidat au Bénin. Deuxième chose, quand tu fais deux mandats tu ne reviens plus, tu passes la main. Est-ce qu’on a touché ces choses? Le reste, on va gérer parce que comme je l’ai dit qu’est-ce qui est fait par le passé qui porte atteinte à notre constitution ? Qu’est-ce qui est encore fait dans la proposition actuelle qui porte atteinte à notre constitution ?

J’ai participé à une réunion il y a de cela trois jours avec un comité du groupe parlementaire du Bloc Républicain. J’ai dû participer à cette réunion parce que je suis à la communication du parti. Je tais le nom du leader constitutionnaliste qui m’a fait parvenir en inbox l’idée que si jamais on écourte le mandat d’un président, c’est un coup d’Etat. J’ai dit « Mon cher aîné, est-ce que dans notre constitution, pour régler un problème précis qui peut engendrer des troubles au sein des Béninois, on peut écourter le mandat d’un député ou d’un président ? » Il a dit oui. J’ai dit alors : « Mais pourquoi vous parlez alors ? » Il n’a plus parlé. Si c’est une erreur, nous sommes des humains. Tout n’est pas parfait, mais tout n’est pas négatif non plus. La révision de 2019, nous a fait progresser dans beaucoup de domaines. Mais, il est arrivé qu’il y a des choses qui n’ont pas été prises en compte ou bien qui ont été mal calculées. Dans cette révision, nulle part, vous n’allez voir de date précise. On dit « deuxième dimanche du mois de janvier », « deuxième dimanche du mois de février ». Mais quelle est la date précise ? Est-ce le 20, le 14 ou le 15 ? On veut trouver le juste milieu parce qu’au Bénin, on n’a jamais eu d’année électorale. Et pourquoi le président a pensé comme ça ? Vous savez combien une élection coûte à notre pays. Si par exemple, pour organiser ces élections, il faut 14 milliards par élection, et qu’en regroupant, il faut seulement 20 milliards, est-ce qu’on n’économiserait pas pour le pays ? C’est tout. Les députés sont allés même loin en préconisant qu’on prenne une année et le Chef de l’Etat a dit non. On ne peut pas prendre tout une année pour faire des élections. Les gens ne vont pas travailler parce que quand il y a élection, l’administration est bloquée. Chaque cadre doit aller chez lui faire campagne pour son bord. Il a dit non. « Ce n’est pas possible. Arrangez-vous. » Et c’est là où, en s’arrangeant, on est tombé dans une situation où il faut écourter son mandat de 2 mois.

Vous êtes sûr que le président TALON veut partir ?

J’en suis plus que sûr. Vous savez, il y a de cela six mois si on m’avait posé cette question, j’aurais dit autre chose. Je suis de la mouvance présidentielle et je suis du Bloc Républicain, donc je suis dans le cercle. Depuis bientôt 3 mois, j’ai la certitude que le Chef de l’Etat va partir en 2026. Je vous le jure, il va partir.

Macky SALL a reporté les élections au Sénégal et ça crée de l’impasse actuellement

Les problèmes que nous avons et que l’Honorable Assan SEIDOU a proposé, si les gens font de la comédie, ce qui se passe au Sénégal peut se passer au Bénin. Ça peut se passer au Bénin. Si on ne s’entend pas pour dire qui sont ceux qui vont parrainer le duo candidat en 2026. Si on ne se regarde pas pour dire « il faut faire les élections pour mieux continuer le développement que notre pays a entrepris ». Il faut installer le président en 2026 avant d’organiser les élections législatives et communales. Et l’histoire va retenir que le Bloc Républicain a anticipé sur les faits. C’est pourquoi aujourd’hui, on est fier. Le peuple actuellement n’a pas confiance aux politiciens. Moi, je suis un politicien, mais pas dans le trempe de ceux en qui on n’a pas confiance.  

L’opposition est déjà contre cette proposition de loi. De quelle garantie dispose le Bloc Républicain puisque Les Démocrates au parlement constituent une minorité de blocage ?

Non, écoutez, nous savons dans ce pays qu’on peut dire « oui » le matin et dire « non » le soir. L’opposition est dans son rôle de dire non. Si nous convainquons l’opposition pour dire qu’il n’y a rien de caché derrière ce texte, si on parvient à expliquer ce que je suis en train de vous expliquer parce qu’ils n’ont pas encore fait le débat et que le texte est encore à l’étape embryonnaire au parlement, nous aurons gain de cause. Nous avons anticipé en expliquant à tous les Béninois d’abord via les chaînes de radio, télévision, presse écrite etc. que voilà la proposition actuelle, c’est pour anticiper sur ces pièges. Si les Démocrates trouvent que c’est convainquant, ils vont rejoindre la barque parce qu’ils ont eu le texte. Ils ont eu le texte au début. Et parmi eux, certains ont fait de confidence que ce n’est pas mal. C’est bon. Le débat va continuer parce que l’opposition a de la méfiance contre la mouvance. C’est normal. C’est une évidence. On ne peut pas dire que c’est parce qu’ils ont dit non qu’on va les laisser. Nous allons continuer le débat. Comme cette révision, il n’y a rien de caché derrière, nous allons chercher le consensus.

Que fera la mouvance face à la notion de consensus que réclame la Cour constitutionnelle ?

Nous allons chercher le consensus. Tout ce que je sais, c’est que les débats continuent entre l’opposition et la mouvance. Les trois groupes parlementaires se sont réunis plusieurs fois. Le texte n’a même pas encore commencé par être étudié. On peut soupçonner que c’est l’opposition qui a ventilé le texte dans la presse parce qu’ils l’ont reçu. Et, c’est dans cette quête de consensus que nous sommes et on a dit « prenez le texte, on va en débattre entre nous avant de l’affecter à la commission des lois. » Il y aura un consensus parce qu’il n’y a rien qui soit caché. Tous les débats seront faits et il y aura des amendements. Si l’opposition trouve qu’il y a des choses à ajouter, la mouvance aussi doit s’ouvrir. Ce n’est pas un texte qui est soumis à l’opposition. Non. C’est pour cela que le Chef de l’Etat aussi a commencé aussi par faire la démarche de consensus en invitant le groupe parlementaire Les Démocrates. Donc, le consensus, il y a en aura. Je demanderais au peuple béninois d’avoir confiance aux députés du Bloc Républicain et au parti Bloc Républicain, qui est un parti proche du peuple, de parler à l’opposition pour qu’il y ait  d’éventuels amendements. Il y a une femme députée LD qui dit que le texte n’est pas mal. Qu’elles (l’Association des femmes parlementaires qu’on appelle CAUCUS) vont faire un amendement. J’ai demandé : « Quel amendement vous voulez faire ? » Elle dit : « Dans l’actuelle constitution, on a dit que sur les listes des élections législatives, il faut trouver une place aux femmes. Elles veulent que dans cette nouvelle constitution, on amène ça pour les élections communales ». Nous allons trouver de consensus.

Que fera le Bloc Républicain si la proposition ne passe pas ?

Nous allons en prendre acte. Il n’y a pas de souci par rapport à ça. On n’a jamais dit que notre proposition va passer d’office et que si ça ne passe pas, c’est déjà la fin du monde. C’est une proposition. Ça peut passer, ça peut ne pas passer. On prendra acte. Et au moment où, on sera face à des blocages, nous allons dire «  il y a de cela telle année, nous avons anticipé sur telle chose. »

Est-ce que ce n’est pas un piège pour le Bloc Républicain  de soutenir une proposition qui va certainement faire objet de blocage ? Ce n’est pas un piège ça ?

On ne perçoit pas que c’est un piège. Chez nous au BR, il y a des problèmes dans l’actuelle constitution qu’il faut anticiper. Puisqu’il reste encore deux ans, il vaut mieux anticiper et commencer par faire le débat dès maintenant et avoir le consensus pour corriger ce qui peut poser problème en 2026. Ce n’est pas un piège pour nous. Le BR assume cette proposition.

Au sein de la mouvance, on apprend qu’il y a beaucoup de divergences entre Patrice TALON et Olivier BOKO. Est-ce que vous n’avez pas peur que ces divergences n’amènent certains députés même de la mouvance à dire non ?

Je pense que vous êtes un journaliste d’investigation. En tant que politique, je n’ai pas encore les preuves qu’il y a des problèmes entre le président Patrice Talon et son ami Olivier BOKO. Mais, si votre question est déguisée par rapport à la candidature de l’ami du Chef de l’Etat, Olivier BOKO, je peux faire ce débat. Je n’ai pas peur et je vais l’assumer. En l’assumant, je vais commencer par les propos du Chef de l’Etat : « 2026, c’est trop tôt ». Au Bloc Républicain, depuis que nous avons fait notre premier congrès pour remanier le parti, nulle part, nous n’avons fait de débat sur les élections présidentielles. Etre président de la République aujourd’hui par rapport à la réforme du système partisan, c’est les partis politiques. Au BR, nous n’avons pas encore commencé ce débat et je ne suis pas sûr que les autres aient commencé ce débat non plus. En tant que membre du Bloc Républicain, je ne peux pas susciter de candidature. Je vais attendre d’abord le patron de la mouvance présidentielle. C’est ce qu’on appelle la discipline du groupe. Le patron de la mouvance présidentielle, c’est le président Patrice Talon.  

Le BR va le soutenir jusqu’à la fin de son mandat ?

Ça, il n’y a pas de doute là-dessus. Nous le soutenons avec force et fermeté dans la loyauté et dans la sincérité. Nous allons finir le mandat avec lui.

Malgré les erreurs ?

Qui ne fait pas d’erreur ? S’il n’y a pas erreur, les textes que Les Démocrates ont combattus en ratant les élections législatives de la 8ème  législature, c’est les mêmes textes qui sont là et ils sont venus avec 28 députés. C’est eux qui devraient faire cette proposition. Ce qu’ils ont combattu, pourquoi depuis qu’ils sont là, ils n’ont pas fait de propositions ?

Qu’est-ce que TALON a fait ?

Même les aveugles sont en train de voir.

Ils ont vu quoi ?

Il y a eu le Programme d’action du gouvernement 1. Il y a maintenant le Programme d’action du gouvernement 2. En venant ici, j’ai vu le marché de Mènontin entièrement reconstruit. Ce n’était pas comme ça.  Yayi Boni n’avait pas dirigé ce pays ? Le marché n’a pas connu une telle image que tout le monde admire aujourd’hui, jusqu’à son départ.  Mais ce  ne sont que des marchés. Sur le plan économique, le Bénin est en train d’évoluer. Le Nigéria  a fermé les frontières du Bénin, croyant qu’on allait mourir de faim. Mais  le Bénin a résisté. Donc, nous avons un système économique qui fait que nous sommes aujourd’hui fiers de notre leader, le président  Patrice Talon.

 Le panier de la ménagère, vous y pensez ?

Quel président va  venir au  Bénin, et  les  Béninois vont dire qu’ils n’ont plus faim ? Au temps de Yayi, on disait aussi qu’on avait faim,  on ne vend plus. Tokpa ne vend pas. Ça, c’est le Béninois, ne revenons plus sur ça. On parle du panier de la ménagère, mais les samedis, passez dans les bars et allez aux  enterrements. Vous constaterez tout le contraire. Mes chers  journalistes, le président Patrice Talon,  je suis d’accord   c’est clair, il est le président le plus impopulaire du Bénin, parce que c’est un président réformateur. Il a dit : « Moi je ne viens pas pour être populaire. Vous pouvez me jeter de pierre, mais, je dois développer ce pays. » Et il a fait de son mieux. Il va passer la main en 2026. Et le BR croit qu’il passera la main en 2026. Maintenant, nous attendons les consignes du parti Bloc Républicain, parce qu’un parti politique doit présenter un candidat. Nous au BR, nous voulons exercer le pouvoir en 2026. Cela veut dire que le BR aura son candidat. C’est vrai que le débat n’est pas encore d’actualité, parce que nous avons assez de temps. Nous sommes en pleine réorganisation, on vient de finir un congrès extraordinaire.

L’autre actualité au niveau du parti est que le BR a connu des mutations au point où vous avez atterri au niveau du Bureau politique. Comment cela s’est passé ?

A cette question, est-ce que je peux parler de moi. Il s’est fait que pour être membre du  Bureau politique aujourd’hui au niveau du BR, il y a un certain nombre de critères. Soit tu dois être coordonnateur d’une commune comme  je le suis. Tu dois être aussi une personnalité distinguée par le parti. C’est-à-dire, on sent en toi que tu mouilles le maillot pour le parti et qu’à travers toi, le parti donne une visibilité. Ce sont les critères. Ça a été clair. Moi je ne savais pas comment je  me suis retrouvé dans le bureau politique. C’est ce que je puis vous dire.

 Votre mot de la fin ?

 Mon mot de fin est d’abord une adresse à la classe politique. Surtout à la classe politique nationale, parce que pour moi, la classe politique nationale, ce n’est pas seulement les partis politiques existant au parlement. Nous avons des partis qui animent bien la vie politique au Bénin, mais qui n’ont pas de représentants au parlement. Mon adresse d’abord va à l’endroit de la classe politique nationale et aussi de la classe politique existant au parlement. C’est-à-dire l’Union Progressiste le Renouveau, Les Démocrates et le Bloc Républicain.  Je leur demande de faire tout le  possible, en tout cas de trouver le consensus entre eux pour que nous anticipions sur ce qui peut arriver en 2026. Il est encore temps qu’on se parle entre nous. Nous sommes des frères au Bénin, que ce soit dans l’opposition ou dans la mouvance. Une autre adresse que je veux lancer aux citoyens béninois, c’est de leur dire de ne pas écouter les politiciens en perte de vitesse. Et quand je dis en perte de vitesse, c’est parce que la compétition politique se mènera en 2026. C’est sur ce  terrain-là qu’on peut avoir un certain nombre de propos. Mais ce qui relève de l’intérêt national, il faut qu’on cesse de faire du dilatoire  et mentir sur un texte. Nous au Bloc Républicain, nous allons tout faire pour faire comprendre à tous les Béninois que le texte  que le président du Groupe parlementaire BR Assan SEIBOU a  proposé, n’a rien de caché. Et ce texte bien au contraire est appelé à recadrer un certain nombre de choses en 2026. Je demande à la population   béninoise d’avoir confiance au Chef de l’Etat qui dit et répète ces derniers temps, chaque fois qu’il a l’occasion de parler, qu’il doit passer la main en 2026. Le Bloc Républicain qui est un parti du peuple béninois a confiance au Chef de l’Etat et que le président Patrice Talon passera la main en 2026.  

CARTE D’IDENTITE

Une vie de courage

Armand Mahougnon AFFOSSOGBE est un jeune leader politique né le 23 décembre 1980 à   Abomey.  Caractéristique principale : il est handicapé. A l’époque, il avait neuf ans quand il tombe gravement malade. Prescription du médecin : il lui faut six doses de Quinimas mais réparties sur neuf jours, à raison de deux doses tous les trois jours.  Mais l’infirmière lui administre les six doses le même jour, entrainant son handicap définitif. Passé par toutes les étapes de traitement, il finit par garder les deux cannes qui le maintiennent debout aujourd’hui. Il n’en veut nullement à celle qui l’a rendu ainsi. « La dame vit toujours, précise-t-il. Elle doit avoir, quatre-vingts ans et plus. Quand elle me voit, elle pleure.  Et j’ai du plaisir quand je vais à Abomey, je pars toujours la voir pour lui donner de l’argent. Je dis : « Mais, écoutez, c’est l’œuvre de Dieu. » Et c’est tout. Derrière ce sens du pardon se cache aussi un courage énorme. Sur les fronts les plus chauds de la lutte politique, il prend part à tous les combats et ne se laisse pas faire. « Mon ascension aujourd’hui en politique, je ne la dois pas à quelqu’un, dit-il.  C’est mon courage qui a été repéré. Et c’est ce courage qui me caractérise toujours à tenir tête à des ministres dans le BR, à des députés dans le BR, à des gens qui sont riches. » Et effectivement, c’est son courage qui a été repéré en 2006 lors des élections présidentielles  par Candide Azannaï et son mouvement Restaurer L’Espoir devenu plus tard un parti politique. Celui-ci lui fait appel pour travailler à l’avènement de Boni Yayi, mais c’est vers Adrien Houngbédji qu’Armand Affossogbé se tourne. Avec son groupe, il fait allégeance au président élu sans obtenir le soutien escompté, la RB ayant réaffirmé sa suprématie sur Abomey et Bohicon. Les jeunes se retournent donc vers Abdoulaye Bio Tchané dont Armand Affossogbé sera l’une des mascottes lors de la campagne présidentielle de 2011. Il le suit d’ailleurs pour la présidentielle de 2016 où il est directeur de campagne ABT dans les neuf communes du Zou. Il milite à ses côtés depuis lors au sein du BR. Il lui rend hommage à chaque occasion. « Je suis reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi, depuis qu’il m’a repéré en étant président de la BOAD, rappelle-t-il. J’ai fait son école politique et j’en suis fier, cette école qui me permet aujourd’hui d’avoir le courage, la sincérité, la loyauté. C’est un homme de rigueur et d’excellence. » Le courage aussi, c’est la décision qu’il prend de quitter l’école alors qu’il passait en terminale. Divorcé de son père dès sa plus tendre enfance, sa mère l’avait en effet placé chez ses propres parents, les Ahouandogbo à Abomey. Ce qui fait d’ailleurs qu’il n’a connu son père que très tardivement. Mais payer les frais de scolarité était très compliqué. « En seconde et en première on me chassait des compositions parce que je ne payais pas la contribution », se souvient-il. Il finit par déserter l’école, alors qu’il passait en terminale, déterminé à prendre son destin en main. Il se lance dans le petit commerce entre Parakou et Cotonou, et devient exploitant forestier avec tous les agréments nécessaires. Armand Affossogbé est aussi un ancien musicien, rappeur sans complexe au nom d’artiste Fadjo. Cette passion date de Parakou où il fait ses classes grâce à une tante qui devient sa tutrice. C’est là qu’il devient une véritable vedette adulée pour ses talents musicaux. Aujourd’hui, ce qui préoccupe le plus le leader politique, c’est d’abord l’emploi des jeunes.  Lorsqu’il voit des jeunes sans emploi, son cœur se déchire devant leur misère.  Ce qu’il constate à Abomey, ce sont des gens plus âgés que lui qui l’appellent pourtant « grand frère », juste parce qu’ils croient devoir le flatter pour bénéficier de ses dons de 5000 F.  Quand on lui demande quels conseils il pourrait donner à la jeunesse, c’est naturellement une leçon de courage qu’il sort. « Même en tombant, il faut que la jeunesse ne se croit pas tomber. Même en tombant, il faut dire : « Mais vous croyez que je suis tombé ? Mais c’est faux, on se relève rapidement. Le courage trace la voix au bonheur. » Coordonnateur communal du Bloc Républicain à Abomey, le dynamisme de Armand Affossogbé dans la quête d’une plus grande visibilité de ce parti dans la région a forcé l’admiration de ses hauts responsables  qui l’ont  intégré depuis quelques mois dans le  Bureau Politique National.

INTIMITE

Passionné de foot

Avant d’être handicapé, Armand Affossogbé était un attaquant passionné.  Il n’a jamais raté un match du Réal Madrid et ne manque aucun rendez-vous des Guépards, anciennement Ecureuils, même s’il faut y perdre un marché.  Il avoue avoir déjà perdu un gros marché pour avoir tenu à suivre d’abord un match de l’équipe nationale. Marié et père de quatre enfants, le jeune leader rappelle qu’il s’est rallié pour la vie  à celle à qui il avait promis mariage alors qu’il n’avait que onze à douze ans. L’opposition des parents de la fille n’y fit rien. Il lui fait un enfant contre vents et marrées et l’épouse en bonne et due forme. Il ne faut jamais dire non à Armand. A table, il ne résiste pas devant un plat de Yantoto, légume que chérissait sa grand-mère maternelle et que lui a vivement conseillé un vieux mort à 131 ans. « Parfois, rien que pour le trouver et l’acheter, je vais jusqu’à Lokossa. On a tenté de m’empoisonner plusieurs  fois et de  me jeter de mauvais sorts sans jamais réussir.»  Autre chose : Armand est un gros consommateur de viande. « Si la viande tuait, je serais  mort depuis », avoue-t-il.    

Recrudescence des coups d’Etat dans les pays de la CEDEAO: Edward Amoako Asante appelle à une réflexion urgente pour sauver la démocratie

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Juge Edward Amaoko Asante

Le président de la Cour de justice de la CEDEAO appelle à une réflexion urgente pour sauver la démocratie dans la sous région

Le Président de la Cour de Justice de la CEDEAO, l’Honorable Juge ghanéen, Edward Amoako Asante, a appelé à une réflexion urgente sur la démocratie naissante de la région afin de prendre des mesures pour mettre un terme aux mauvais exemples illustrés par la mauvaise gouvernance, l’incapacité à tirer les dividendes de la démocratie, les injustices liées aux élections et les quêtes de prolongation anticonstitutionnelle de mandat.
Dans un message adressé à l’ouverture de la deuxième session ordinaire de la cinquième législature du Parlement de la CEDEAO, le juge Asante a lié ces lacunes à « l’incursion rampante de l’armée dans la politique de la région », ce qui est une démonstration de la « déficience de notre politique ».
Ces manifestations, a-t-il ajouté, devraient « nous mettre au défi de réfléchir à la trajectoire de notre démocratie et de déterminer si elle est dotée de l’efficacité et de la capacité d’assurer une bonne gouvernance qui réponde aux besoins socio-économiques de notre peuple.
« Il est indéniable que, à moins que des mesures appropriées ne soient prises pour mettre un terme à l’incursion militaire rampante dans notre politique, la démocratie est menacée, avec des implications pour les institutions telles que les parlements et les cours de justice, ce qui appelle à une action collective », a-t-il souligné.
Le Président a noté que c’est en reconnaissance de la menace posée par ces incursions à la démocratie naissante de la région qui a nécessité la décision de la Cour de concentrer le thème de sa conférence de 2023, tenue en mai 2023 en Gambie, sur la tolérance zéro de la CEDEAO à l’égard des changements anticonstitutionnels de gouvernement.

Le juge Asanté, demande au parlement de la CEDEAO de prendre le leadership de cette réflexion

« Le Parlement de la CEDEAO offre un forum approprié au niveau régional pour poursuivre cette conversation en revisitant le débat sur les particularités de notre démocratie qui a été présentée avec optimisme comme la panacée pour assurer la croissance socio-économique et le développement de notre peuple afin de les équiper pour un environnement économique international compétitif » a lancé le président de la Cour de justice à l’endroit du parlement de la CEDEAO. Malgré les défis actuels liés à la progression démocratique de la région, le juge Asante a reconnu que celle-ci reste la meilleure forme de gouvernement qui nécessite l’effort collectif des dirigeants et de leurs partisans pour fonctionner.
Il a donc exhorté le parlement de la CEDEAO à fournir le leadership nécessaire pour entreprendre l’engagement nécessaire à travers les parlements nationaux afin de remettre en question la culture démocratique actuelle dans la sous région. Cela, a-t-il ajouté, « nécessitera des réformes qui occasionneront des améliorations dans nos systèmes démocratiques afin de mettre fin à cet empiètement rampant de l’armée dans notre espace démocratique ». Assurant que la Cour de la justice de la CEDEAO jouera son rôle complémentaire dans la consolidation de la démocratie de la région en tant qu’institution communautaire dont le mandat contribue à renforcer le respect des droits de l’homme, la responsabilité et la stabilité politique.
Il a donc encouragé le Parlement à prendre les mesures nécessaires, en collaboration avec les parlements nationaux, pour garantir l’application transparente des décisions de la Cour par les États membres afin de renforcer le droit communautaire et le respect des droits de l’homme, la transparence et la responsabilité.
Il a également invité le Parlement à prendre l’initiative de veiller à ce que les États membres internalisent une culture de démocratie, d’État de droit et de bonne gouvernance, à adopter des mesures préventives pour un strict respect et à aider les États à s’engager en faveur de l’établissement d’idéaux et du renforcement des protocoles internationaux convenus, qui promeuvent le respect de l’État de droit. En outre, ils devraient également renforcer les moyens de règlement des litiges électoraux.
Enfin, le juge Asante a suggéré que le Parlement aide les États à s’approprier les principes de convergence de la région tels que contenus dans le Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance.

Hugues Elphège Patinvoh

Armand Affossogbé, leader du Bloc Républicain, invité de Sous l’arbre à Palabres: « La 23ème circonscription électorale mérite d’avoir un ministre BR »

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Fort dans son invincibilité et très posé malgré ses béquilles, le nouvel invité de la rubrique ‘’Sous L’Arbre à Palabre’’, apparait avec tout son talent et son courage dominateur. Jeune leader politique et membre du parti Bloc Républicain dans la 23ème circonscription électorale, Armand Affossogbé s’installe au milieu des journalistes de l’Evénement Précis, pour se prêter aux questions actuelles en l’occurrence, les législatives de 2023. D’après ses confessions faites sans langue de bois, son parti le BR, promet un ras de marrées dans la 23ème et notamment à Abomey. Et pour cause, la métamorphose de cette ville historique grâce aux réformes du Chef de l’Etat, Patrice Talon. « Celui qui a réellement changé la physionomie du département du Zou, c’est à dire le vrai maçon, c’est le Président Patrice Talon », exprime-t-il avec fierté dans la rubrique ‘’Sous l’Arbre à Palabre’’. D’autres sujets comme la démission du Professeur Joseph Fifamè Djogbénou de la Cour Constitutionnelle, les relations UP et BR dans la 23ème circonscription électorale, et l’intronisation du Roi Dêwênondô Béhanzin à Abomey, ont animé les échanges dans une ambiance bon enfant.

Et si on en parlait!

Vous avez été candidat BR pour les communales à Abomey. Comment voyez-vous les réformes actuelles de la décentralisation ?
Nous sommes déjà à plusieurs années d’expérience de décentralisation dans notre pays. A un certain moment, il faut faire une pause pour voir si on évolue. C’est dans ce cadre que le chef de l’Etat Patrice Talon, a annoncé des réformes. Et il les a annoncées en venant au pouvoir. Un diagnostic a été donc fait dans le domaine de la décentralisation à travers la gestion des fonds Fadec, la gestion du conseil communal, et autres. Le chef de l’Etat et son gouvernement ont donc pensé à cette réforme qui consiste à séparer un certain nombre de choses. Le maire d’une commune est l’autorité politique qui décide mais l’autorité administrative qui donne l’orientation au programme d’action d’une commune ou du conseil communal, a donc été définie. Il y a eu aussi le tirage au sort des Secrétaires Exécutifs, de ceux chargés des marchés publics, des questions domaniales, tout ce qui concourt à la bonne gestion du conseil communal, pour apporter des solutions aux imperfections connues depuis 2003.

Avec ces réformes, est-ce que le maire n’est pas en opposition avec le SE ?
Non. Pour moi, le Secrétaire Exécutif est comme le ministre du développement et du plan qui ne surpasse pas le chef de l’Etat. Le chef de l’Etat est l’autorité politique, administrative et l’autorité qui apporte les réformes. Le ministre d’Etat est le chef d’orchestre. Il oriente le programme du gouvernement. Le Secrétaire exécutif et le maire ne peuvent pas jouer le même rôle. Le maire reste l’autorité communale, il est au-dessus du conseil communal et définit son programme d’action tandis que le secrétaire exécutif est là pour la réalisation de ce programme. Il doit être neutre, apolitique parce que ça fait partie des erreurs connues par la décentralisation, depuis 2003. C’est pour corriger tout ceci que le chef de l’Etat a initié ces réformes. Il ne devrait donc pas y avoir de conflits entre le maire et le secrétaire exécutif puisque les rôles sont clairs et bien définis. Le début de toute réforme pose problème mais plus les réformes évoluent, plus chacun se situe dans ses responsabilités. Le bilan sera fait et on verra si ça a marché ou pas.

Comment trouvez-vous la gestion actuelle du maire d’Abomey ?
Je suis d’Abomey, j’ai été candidat pour les élections passées et je n’ai pas été élu à cause de ma position. J’ai échoué avec plus de 1200 voix. Ma tête de liste a été élu avec 450 voix. Je peux dire que c’était le meilleur score de tous les candidats titulaires et suppléants du Bloc Républicain à Abomey. C’est ce qui m’a valu mon poste de coordonnateur BR pour les élections passées. Le parti a eu confiance en moi en me nommant à ce poste. Pour revenir à votre question, dans le conseil communal d’Abomey, j’ai 5 conseillers. Je donne de l’importance à la gestion de la mairie. Je n’ai encore rien vu mais c’est trop tôt pour le dire parce qu’ils viennent de faire un an. A part les réalisations du chef de l’Etat qui sont visibles même pour les aveugles, je ne peux pas, en un an, décrypter la gestion du maire d’Abomey. Je ne le dis pas parce que nous sommes à la veille des élections mais, pour moi, c’est trop tôt. C’est un nouveau maire qu’on ne connaissait pas, qui vient de faire son entrée en politique et il faut lui donner du temps.

Comment se passe la collaboration entre BR et UP au sein du conseil communal ?
Nous avons un nouveau maire qui ne met pas en avant la politique. En tant que coordonnateur des élections passées pour le BR et vice-président de la direction de campagne, j’ai travaillé avec lui pendant un mois. Il a des qualités. C’est pour la première fois que je vois un maire d’Abomey qui ne met pas en avant la politique. Il n’a jamais marché sur tous les conseillers BR qui sont minoritaires dans le conseil communal. Il y a une belle collaboration entre les conseillers BR et la majorité UP. Nous avons toujours été associés à la gestion de la mairie. Il ne gère pas la mairie dans la politique. Pour lui, c’est qu’Abomey puisse tirer le meilleur de lui, au terme de son mandat. C’est également le retour que j’ai des conseillers BR. Tout se passe bien.

Pouvons-nous dire que le BR a contribué à la transformation de la ville d’Abomey ?
Nous sommes de la mouvance présidentielle. Le président du BR est le ministre d’Etat du Gouvernement. Je peux dire qu’à travers lui, le BR contribue aux réformes mises en place par le chef de l’Etat et à tout ce qui se fait à Abomey. Je suis d’Abomey, j’ai grandi à Abomey et je peux dire que ce que le chef de l’Etat est en train de faire à Abomey c’est du jamais vu. Avant, pour quitter Abomey et aller à Agbangnizoun, il faut au moins deux à trois heures de temps. Mais aujourd’hui, il faut au plus dix minutes. Nous avons deux voies goudronnées qui mènent aujourd’hui à Agbangnizoun. Des présidents de la république nous avaient promis cette voie mais l’effectivité réelle de cette voie a été l’œuvre du chef de l’Etat Patrice Talon. C’est également le cas de la voie qui mène à Djidja. Auparavant, il fallait faire quatre heures de temps mais aujourd’hui en quinze minutes, on est a Djidja. Avant, Bohicon se limitait au carrefour Mokas et il était impossible d’entrer dans les petites rues de la ville avec une petite voiture. Aujourd’hui, l’accès est plus facile. Le chef de l’Etat fait un travail énorme. Beaucoup de choses se font à Bohicon. Je n’ai jamais imaginé que de mon vivant, je verrai le goudron passer dans mon quartier à Abomey, à Adandokpodji. Il y a également le contournement d’Abomey et la voie qui va dans le Couffo. Et ce n’est pas seulement à Abomey qu’il y a le goudron. C’est aussi à Parakou, Djougou, Malanville, Porto-Novo. Ce qui se fait à Abomey se fait partout. Vous connaissez le marché Houndjro qui aujourd’hui, est modernisé. C’est le cas dans les autres villes où se trouvent des marchés modernisés, ce qui est une conception du président Talon. Abomey est satisfait de tout ce que fait le Président Talon. C’est le seul président du Bénin qui a su négocier les œuvres d’Abomey, piquées par les français et qui a su assurer leur retour au pays. Il y aura un musée moderne qui sera construit à Abomey pour les abriter. Mais ces œuvres sont au palais et sont visitées par les populations béninoises et étrangères. Tout ceci est à l’actif du chef de l’Etat. C’est des choses visibles à Abomey et qui font aujourd’hui que nous nous retrouvons pleinement dans la gestion politique du président Patrice Talon.

Que pensez-vous de l’intronisation du Roi Dêwênondô Béhanzin à Abomey, il y a quelques jours ?
En tant que prince, je ne vais pas directement répondre. Avant l’avènement du président Patrice Talon, Abomey a toujours connu de petits problèmes par rapport à la succession du Roi. Mais, le constate que nous sommes en train de faire depuis que le Chef de l’Etat, Patrice Talon est au pouvoir, c’est qu’il y a l’apaisement dans notre royaume. Il s’investit de façon particulière pour gérer les choses, bien sûr, avec les 12 dynasties d’Abomey que nous appelons les ‘’Asiata’’, pour qu’il n’y ait pas de problème. Vous n’êtes pas sans savoir qu’au palais principal de Béhanzin, il y a eu un embargo depuis 11 ans. Il y a deux frères qui voulaient accéder au trône. Il a convoqué tous ceux qui sont concernés par ce problème dans le plateau d’Abomey pour en débattre et situer les uns et les autres sur le plan traditionnel, grâce à la géomancie divinatoire du Fâ, afin de désigner l’actuel Roi qui n’a été mêlé ni de près ni de loin à ces tractations. C’est mon ami personnel et il me l’a témoigné. Il n’était pas dedans. Mais le Fâ l’a choisi. Tout ceci, c’est à l’actif du Chef de l’Etat. Ce n’était pas évident. Si ce n’était pas lui, on ne réussirait pas à avoir le souverain. C’est son gouvernement à travers sa personne qui nous a donné une loi qui désormais votée va encadrer tout ce qui est chefferie traditionnelle. Par le passé, il n’y en avait pas. Il a mis de l’ordre. C’est l’homme réformateur dont je parlais ça. Tout ceci, il l’a dit en tant que candidat et il le fait en tant que président de la République. Notre royaume est en train de connaitre une paix réelle. Je suis issu du Roi Agonglo. En tant que prince, je dis qu’il a réussi à créer la paix dans notre royaume. En tant que petit fils, il a réussi à situer un certain nombre de responsabilités dans le royaume. Et nous vivons l’harmonie, la paix à Abomey. C’est pour cela que le sacre du Roi Dêwênondô a eu lieu dans la paix, dans l’harmonie. Toutes les filles, fils et petits-fils du royaume sont allés honorer de leur présence la cérémonie du sacre du nouveau Roi.

On n’entend jamais parler du Roi Adandozan qui a quand même été un grand réformateur à Abomey. Comment allez-vous aider ce Roi à changer cette conception des choses?
Vous rentrez là dans la tradition. Et en tant que prince comme je vous l’ai dit, je suis issu de deux Rois, le Roi Kpingla et le Roi Agonglo. Vous savez, chacun raconte l’histoire par rapport à ce qu’il a vécu. J’évite de trop rentrer dans ces histoires. C’est vrai que j’ai des amis qui sont des vrais historiens. Je donne un exemple et d’ailleurs, c’est lui qui est connu au plan international pour raconter l’histoire réelle d’Abomey avec précision, c’est le directeur du musée historique d’Abomey. Le Roi Adandozan a été diabolisé. Quand j’étais élève, l’histoire du Roi Adandozan que j’ai connue, m’a donné l’impression qu’il était le plus mauvais Roi. Et c’est faux. Nous avons grandi et nous avons fouillé un peu l’histoire de ce Roi qui nous donne aujourd’hui l’impression que c’est lui qui a réformé le royaume d’Abomey. Il a beaucoup fait. C’est son côté peut-être déterminé à faire les choses qui a peut-être joué contre lui.

A part tout ce qui a été réalisé, qu’est-ce qui reste à faire et qui est cher pour Abomey ?
Je donne beaucoup de crédit, d’attention à l’emploi des jeunes. Je suis un homme politique et je veux qu’à travers la création du musée international d’Abomey, la jeunesse d’Abomey trouve d’emploi. Honnêtement, c’est ce qui me tient à cœur si on doit ajouter quelque chose à tout ce que le Chef de l’Etat est en train de faire à Abomey. Je ne vais pas discourir sur ça. C’est visible. Quand tu fais 2 semaines, tu vas à Abomey, quand tu fais un (1) mois, tu vas à Bohicon, tu te perds. Il y a des endroits que tu dépasses et trois jours après, c’est peut-être le contournement, les travaux qui sont visibles. Mais l’emploi de la jeunesse d’Abomey me tient vraiment à cœur. C’est ça qui me caractérise à Abomey et qui me donne de la popularité. Aujourd’hui, le constat est très amer. Il faut que les artisans du musée historique d’Abomey soient valorisés et vivent de leur art. Il faut que la jeunesse d’Abomey qui s’implique dans le tourisme, dans la valorisation de la culture du royaume d’Abomey, jouisse de son art. Je suis très attaché à ça. Il faut que mes frères des 9 communes du Zou trouvent d’emploi. Le reste, le Chef de l’Etat est en train de le faire. Nous avons bénéficié de ses réalisations dans le PAG1 et nous en avons dans le PAG 2.

Les élections législatives s’approchent à grands pas. Au niveau du BR, quels seront les critères de positionnement sur les listes de candidature ?
Moi, j’aurais préféré que pour être candidat du Bloc Républicain, qu’on regarde le militantisme de la personne, sa popularité à la base et son engagement. Si non, il n’y a pas un critère particulier pour être candidat. Quand tu es membre d’un parti politique, tu es appelé à être candidat à tout. Dans nos textes, il n’y a pas de critères spécifiques.

Est-ce que vous-même, vous serez candidat ?
C’est le parti qui décide qui sera candidat. Je suis dans ma maison, je ne vais rien cacher ici. Je suis un des prétendants, mais pas nécessairement prétendant titulaire. Je suis un candidat sérieux pour être suppléant. Et cela va m’obliger à plus m’investir dans la campagne. Mais si le parti me prend comme candidat titulaire, je vais répondre. Mais mon ambition tout de suite, claire, nette et limpide, connue par la base et les forces politiques, c’est que je veux être un candidat suppléant et très sérieux.

Joseph Djogbénou a démissionné de la Cour Constitutionnelle pour être repositionné par le parti rapidement et donc visible pour 2026. Est-ce que cela ne vous semble pas comme un désaveu pour le BR par rapport à 2026 ?
Non. Je vais vous dire une chose. Vous n’êtes pas sans savoir que juste après que l’ex président de la Cour Constitutionnelle, mon cher aîné, Joseph Djogbénou a été désigné, le Bloc Républicain a fait un communiqué pour le féliciter et montrer la disponibilité du parti BR à continuer la même collaboration qu’il y avait avec le patriarche Bruno Amoussou. De ce fait, il n’y a aucun désaveu pour le Bloc Républicain. Nos chemins peuvent encore se croiser en 2026. L’UP et le BR, c’est deux partis qui ont un même père. J’ai du mal à faire des projections. Seul Dieu connait aujourd’hui et demain. Mais, le parti Bloc Républicain est un parti constitué et qui ambitionne aussi de gérer le pouvoir d’Etat. Et c’est sur cette base que beaucoup de partis et mouvements se sont associés pour créer le BR. Donc, nous restons ambitieux et nous travaillons pour faire grandir notre ambition. Actuellement, nous sommes en train de travailler pour être le parti le plus grand en 2023 en gagnant les élections législatives. Cela veut dire que la collaboration que nous avons avec l’UP, n’a aucun souci, quel que soit le changement à la direction du parti. Ça n’aura aucun souci. Un jour, le ministre d’Etat (Abdoulaye Bio Tchané) va aussi passer la main. La leçon que j’ai retenue, c’est celle de la responsabilité de la jeunesse. Parmi les engagements de Talon, c’est qu’il a dit qu’il faut que les ainés passent la main à la jeunesse. Et il travaille tous les jours pour cela. Nous avons le plus jeune ministre des finances de l’Afrique. Dans ce sens, il faut que les ainés commencent à nous passer la main parce que nous avons été formés. Il faut qu’on nous envoie sur le terrain pour expérimenter la formation politique qu’on nous a donnée. Je ne trouve pas le fait que le patriarche Bruno Amoussou passe la main à Djogbénou soit un problème. C’est le cours normal des choses. C’est ce que la jeunesse veut et c’est ce que le chef de l’Etat veut. Vous allez constater sur les listes de l’UP et du BR dans les jours à venir que ce sont les jeunes qui seront positionnés pour aller au parlement. Je ne trouve pas le désaveu qu’il y a dans ces changements à la tête de l’UP. Il n’y a rien de spécial.

Vous êtes un prétendant aux élections législatives de 2023 dans la 23ème circonscription électorale. Ce ne sera pas du cadeau à faire à l’UP. Est-ce que vous irez en affrontement ou bien il y aura toujours une collaboration ?
Je vais répondre à cette question en vous donnant un exemple. Quand vous prenez les clubs européens de football, il vous arrive de voir des Brésiliens. C’est le cas de Neymar et Vinicius qui jouent respectivement au PSG et au Réal de Madrid. Ils jouent tous dans l’équipe brésilienne. Mais quand ils s’affrontent, c’est un combat sans merci. Au cours des élections, qu’elles soient communales ou législatives, personne n’a de cadeau à faire à personne. Parce que notre papa qui est le Chef de l’Etat nous a envoyés à la chasse et le but c’est de tuer le gibier et de le ramener. L’enfant qui tuera plus de gibiers sera caressé par son père. Personne n’a de cadeau à se faire. Parce que notre papa nous a envoyés à la chasse et le but est de tuer le gibier et de le ramener. Et c’est l’enfant qui amènera beaucoup de gibiers qui sera caressé par son père. Dans ce combat, je risque de taper mon frère dans la brousse juste pour trouver les moyens d’être le premier à tuer le gibier. Ce combat va être donc rude. Mais, il ne nous empêchera pas d’avoir des collaborations après. Nous l’avons fait pour les élections présidentielles. Le Secrétaire Général du Bloc Républicain a été le Directeur national de campagne du duo Patrice Talon et Chabi Talata. Mais il y a une différence avec les élections municipales et législatives. Les élections législatives ici, c’est le vrai test de l’ancrage d’un parti politique. Et pour défendre son ancrage sur le plan national, on ne va pas se faire de cadeau. On va se challenger sur le terrain et ça se passe dès maintenant. Nous l’avons déjà commencé. Et quand on finit on ira chez le père pour lui présenter le nombre de gibiers que chacun des enfants a pu tuer. Et l’enfant qui est venu avec le plus de gibiers sera caressé par le papa. Au deuxième il va lui donner le cadeau qu’il mérite et là c’est terminé. On devient encore des frères.

Mais qu’est-ce que votre parti a gagné dans la 23ème en étant tout le temps derrière Talon ?
Dans la 23ème nous avons gagné beaucoup de choses. Le directeur de cabinet du ministère du développement chargé de la coordination gouvernementale, Alastaire Alinsato est d’Abomey. Le deuxième questeur de l’Assemblée nationale est de Bohicon. Il s’agit de l’honorable Nazaire Sado. Ce sont des gains ça. Le DG poste, Judith Glidja est de Bohicon. Le DG Sogema est aussi BR. Il est de Bohicon. Ce ne sont que quelques exemples, sinon la liste est longue. Donc dire aujourd’hui qu’en tant que BR dans la 23ème circonscription électorale nous n’avons rien gagné serait un abus de langage. Mais ça ne nous suffit pas. Nous travaillons aujourd’hui pour que lors du prochain remaniement, le Chef de l’État et le parti se penchent sur la 23ème circonscription dans le cadre du Bloc républicain, en nous donnant un ministre parce que nous le méritons. Nous avons gagné aujourd’hui les deux plus grandes villes de la 23ème circonscription qui sont Bohicon et Djidja.

Le BR n’a pas de ministre dans la 23ème circonscription électorale ?
Non. Le BR n’a aucun ministre dans la 23ème. C’est plutôt l’UP qui en a un. Il s’agit spécifiquement de mon aîné, le ministre de la Défense, Alain Nouatin.
Je veux lancer un appel au secrétaire général du parti Bloc Républicain et au chef de l’État. Vous savez, ce qu’on donne en politique ne se donne pas à cause de la beauté de quelqu’un. On donne par mérite. Aujourd’hui, l’UP ne contrôle pas le Zou. Sur les 9 communes que compte le département du Zou, le Bloc Républicain contrôle 5 communes. Donc on ne peut pas être au même pied d’égalité en termes de nomination aux postes de ministres. Je plaide ce cas spécialement. Quand nous allons revenir dans la 23ème circonscription électorale, le BR a gagné les deux élections de référence auxquelles les deux partis, que ce soit l’UP ou le Bloc Républicain, ont participé. Il s’agit des élections communales et législatives. Lors de ces dernières élections communales, nous avons contrôlé les deux plus grandes villes les plus peuplées de la 23ème à savoir Bohicon et Djidja. Et ça là seul suffit pour qu’on soit regardant et nous donner un poste ministériel plus que les gens de l’UP. Malgré nos scores, ils ont pratiquement tout. Ils ont un ministre, un préfet, des directeurs centraux, des directeurs départementaux. Ils ont tout. Et je fais cette plaidoirie que je suis prêt à faire devant le chef de l’État. Le Chef de l’État est le patron de la mouvance présidentielle. Et ce que je dis est mon vœu à moi. La 23ème circonscription électorale mérite d’avoir un ministre BR aujourd’hui. Ce n’est pas un cadeau que je demande. C’est du mérite. Ce que je dis, je ne le quémande pas. Nous le méritons. Et les cadres ainsi que les politiques que nous sommes travaillons pour.

Est-ce que Abomey est le fief de Talon?
Bien sûr que oui. Mais le fief de Talon, c’est tout le Zou. Il reste imperturbable. Mais on n’exclut pas le fait qu’il y a des résistances au développement, comme dans tout pays. Dans tout pays, il y a toujours une opposition. Je le dis par rapport à ce que je vois. Je suis un homme de terrain.

Voulez-vous dire que Talon a mieux travaillé que Soglo à Abomey?
Celui qui a réellement changé la physionomie du département du Zou, c’est à dire le vrai maçon, c’est le Président Patrice Talon. Je viens de donner des exemples de voies déjà goudronnées et d’autres qui sont en chantier.

Les jeunes disent est-ce que c’est la voie qu’ils vont manger…
Quand j’entends les gens dire ça, je suis chaque fois étonné. Mais le paysan qui finit de faire la récolte dans son champ, s’il n’a pas une voie d’accès, peut-il amener les produits au marché ? Si les produits ne sont pas au marché, peut-on manger? Mais il faut qu’on mange. Et pour manger, il faut un processus. Et dans ce processus, il y a l’acheminement des produits dans les lieux de vente.
Je ne dis pas que l’effort que fournit le gouvernement est déjà suffisant. C’est là que je demande que le gouvernement fasse encore plus d’effort au niveau de la jeunesse pour l’emploi des jeunes.

Il y a des leaders politiques d’Abomey, Candide Azannai par exemple, qui pensent que le développement dont on parle ne doit pas exclure les libertés politiques, d’opinion. Aujourd’hui par exemple, des opposants sont encore en prison.
Quand on parle de liberté au Bénin, souvent je ne me retrouve pas dans ce sujet. Lui Candide Azannai a été ministre sous Yayi. Il a été encore ministre sous Talon. Est-ce que Talon lui reproche quelque chose? Est-ce que lui il est allé en prison? N’est-il pas libre de dire tout ce qu’il est en train de dire? Aujourd’hui c’est la question qu’on doit se poser. Moi j’aurais aimé faire des débats contradictoires avec ceux-là et leur poser ces questions. Mais lui, il est libre de dire tout ce qu’il dit. Et pourtant il a été deux fois ministre et on ne lui reproche rien. La liberté n’est pas synonyme de refuser d’être contrôlé quand tu gères un bien public.
Il faut qu’on commence par copier vraiment les pays développés comme la Grande-Bretagne, les États-Unis, la France… Qu’est-ce qu’on reprochait au premier ministre anglais qui a démissionné l’autre fois? Si c’est au Bénin est-ce que cela peut se passer? Jacques Chirac a été convoqué et gardé à vue. Un ancien Chef d’Etat Français ! Vous pouvez placer Yayi Boni en garde à vue pendant deux jours au Bénin sans qu’il n’y ait des émeutes ? Nul n’est au-dessus de la loi. La loi est faite pour être exécutée. Donc quand tu gères un bien public, il faut accepter que l’État contrôle ta gestion. Qui est aujourd’hui en prison et à qui on ne reproche rien ?
Quand vous diffamez vous serez arrêté. Moi je dis à tous mes amis : « Allez lire le code du numérique. » Parce que les gens ne savent pas et ne cherchent pas à savoir. Si quelqu’un tombe sous le coup de la loi sur le numérique, donc on ne doit pas l’arrêter parce qu’il est un opposant au régime en place? Écoutez, nul n’est au-dessus de la loi. On doit appliquer les lois. Nous avons des opposants qui sont au Bénin et qui continuent d’animer la vie de l’opposition sans être inquiétés. M. Eugène Azatassou a été directeur de cabinet de Yayi Boni. Il parle et dit ce qu’il veut non? Il est allé en prison? Il n’ira pas en prison tant que la justice ne lui reproche rien. Mais pourquoi des gens à qui on n’a même pas adressé une convocation fuient et viennent parler de privation de liberté ? Ils sabotent leur pays.
Nous on a fait l’opposition sous Yayi Boni avec Candide Azannai qui est mon parrain politique avec qui je ne suis pas d’accord sur un certain nombre de faits. Quand on faisait la plateforme des partis d’opposition contre Yayi Boni ici, on a traité le sang humain de sang de mouton. Nous avons été bastonnés. J’ai fait ce combat.
Sous Talon avant que les grèves ne soient recadrées, les magistrats ont dormi à l’Assemblée nationale, bien gardés. On n’a jamais vu ça. Mais sous Talon, on l’a vu. Des marches ont été organisées encadrées par la police. La police a coopéré. Au temps de Yayi on nous assommait. J’étais dans la maison de Candide Azannai quand on voulait l’arrêter. J’y étais avec le président Soglo, le président Djogbénou, Ganiou Soglo et Léhady Soglo, Lazare Sèhouéto. On savait ce qui s’était passé. On a été menacé de mort le jour-là. Mais sous Talon, qu’est-ce qu’on observe? Qu’est-ce qui a été fait? Qu’on me donne des exemples. Je parle des faits que j’avais vus et que je vois maintenant.
Je ne dis pas que sous Talon, tout est parfait. C’est vrai on a connu des émeutes au lendemain des élections législatives.

Aujourd’hui, est-ce que les leaders de l’opposition peuvent battre campagne dans la 23ème circonscription ?
Le parti que moi je trouve le plus virulent aujourd’hui, Les Démocrates, est en tournée nationale. Qui les empêche de faire leur tournée ? Ils sont libres. Vous voyez avec quelle verve ils qualifient le Chef de l’État, la manière avec laquelle ils vilipendent le Chef de l’État chaque fois qu’ils sortent? Vous voyez qu’ils sont contents, fiers de se conformer et participer à l’animation de la vie politique maintenant. C’est pour vous dire que depuis l’avènement du président Patrice Talon, il n’a jamais été interdit à un parti politique qui respecte les conditions de participer aux activités politiques. Savez-vous qu’au Sénégal, pour être candidat aux élections présidentielles il faut avoir 16.000 élus communaux et locaux ? Si c’est au Bénin qu’on dit ça, c’est qu’on est en train de traquer les opposants, c’est qu’on ne veut pas les voir participer aux élections. Aux États-Unis par exemple, il y a ce qu’on appelle les grands électeurs.
Il faut recadrer les choses. Le multipartisme intégral nous a créé trop de problèmes depuis 1990, où des gens font du chantage. Ils restent dans leurs chambre et créent un parti politique avec leur femme et viennent faire du chantage même à un Chef d’État. C’est à ça que le président Patrice Talon a décidé de mettre fin.
L’animation de la vie politique est constitutionnelle. L’État doit subventionner les partis politiques comme ça se passe maintenant. Mais, on ne peut pas créer des centaines de partis qui n’ont aucune force sur l’ensemble du territoire national. Prenons l’exemple du grand PRD. Il n’a jamais eu de député à Djidja. Maintenant quand vous prenez l’Up et le BR, ils ont des députés dans les 24 circonscriptions. Un parti politique doit être à caractère national et non des partis qui sont fort à Cotonou et non à Sèmè. Si c’est cela qu’ils reprochent au président Patrice Talon, nous leur donnons rendez-vous dans six mois. Dans tous les pays, que cela soit le Sénégal, le Nigéria, la France, le Ghana, les Etats-Unis, les élections sont régies par des textes. Nous avons compéti deux fois sur la base des 10%. Eux, ils n’ont même pas encore compéti une seule fois. Ce n’est pas facile d’avoir ce pourcentage, c’est un travail. Vous allez voir qu’il n’y a pas ce weekend que le BR n’est pas en mouvement. Même nous qui sommes de la mouvance présidentielle, le chef de l’Etat ne nous fait pas de cadeau. Ce n’est pas un avantage qu’on a en étant de la mouvance présidentielle ou en étant proche du président, qu’il nous fait des faveurs. Nous avons vu lors des législatives passées, la FCBE a attaqué un élu du Bloc Républicain à la Cour Constitutionnelle. Le chef de l’Etat est là, on nous laisse aller comme cela et chacun a fourni les preuves avec la CENA. On a gagné et le député a été élu. Donc on n’a aucun avantage du président Patrice Talon. On n’a aucun avantage spécifique du chef de l’Etat sans nous gêner. On a travaillé pour cela. Moi qui suis ici, je vais au village tout le temps. Pourtant j’ai des affaires à régler ici. Demain (mercredi 20 juillet 2022, ndlr), je serai en formation à Abomey. C’est parce que l’obligation du militantisme m’amène à faire une formation. Il y a des formateurs qui viennent nous former. Mais au moment où nous on est en train de faire cela, eux ils passent d’hôtel en hôtel pour faire des conférences de presse. Avec cela, il sera difficile d’avoir les 10%. Les Démocrates sont en train de faire leur petit chemin dans la 23ème circonscription. Personne ne les a empêchés. Ils sont actuellement en tournée nationale, ils sont allés à Ouakè, à Djougou, à Natitingou. Est-ce que vous avez entendu que quelqu’un les taquine ? Le BR travaille pour être le parti le plus puissant dans 6 mois. Mais c’est à cela que nous on pense, on ne pense pas à l’opposition. L’UP aussi travaille à garder sa place. Comme je vous l’ai dit, nous on a déjà fait l’expérience deux fois pour avoir 10%. Eux ils ne l’ont jamais fait. Donc on ne peut pas penser à eux. C’est eux qui veulent faire l’expérience et on les laisse, on fera dans 6 mois le point des expériences.

Carte d’identité: Une vie de courage

Armand Mahougnon Affossogbe est un jeune leader politique né le 23 décembre 1980 à Abomey. Caractéristique principale : il est handicapé. A l’époque, il avait neuf ans quand il tombe gravement malade. Prescription du médecin : il lui faut six doses de Quinimas mais réparties sur neuf jours, à raison de deux doses tous les trois jours. Mais l’infirmière lui administre les six doses le même jour, entrainant son handicap définitif. Passé par toutes les étapes de traitement, il finit par garder les deux cannes qui le maintiennent debout aujourd’hui. Il n’en veut nullement à celle qui l’a rendu ainsi. « La dame vit toujours, précise-t-il. Elle doit avoir, quatre-vingts ans et plus. Quand elle me voit elle pleure. Et j’ai du plaisir quand je vais à Abomey, je vais la voir pour lui donner de l’argent. Je dis : « Mais, écoutez, c’est l’œuvre de Dieu. » Et c’est tout. Derrière ce sens du pardon se cache aussi un courage énorme. Sur les fronts les plus chauds de la lutte politique, il prend part à tous les combats et ne se laisse pas faire. « Mon ascension aujourd’hui en politique je ne la dois pas à quelqu’un, dit-il. C’est mon courage qui a été repéré. Et c’est ce courage qui me caractérise toujours de tenir tête à des ministres dans le BR, à des députés dans le BR, de tenir tête à des gens qui sont riches. » Et effectivement, c’est son courage qui a été repéré en 2006 lors des élections par Candide Azannaï et son mouvement Restaurer L’Espoir devenu plus tard un parti politique. Celui-ci lui fait appel pour travailler à l’avènement de Boni Yayi, mais c’est vers Adrien Houngbédji qu’Armand Affossogbé se tourne. Avec son groupe, il fait allégeance au président élu sans obtenir le soutien escompté, la RB ayant réaffirmé sa suprématie sur Abomey et Bohicon. Les jeunes se retournent donc vers Abdoulaye Bio Tchané dont Armand Affossogbé sera l’une des mascottes lors de la campagne présidentielle de 2011. Il le suit d’ailleurs pour la présidentielle de 2016 où il est directeur de campagne ABT dans les neuf communes du Zou. Il milite à ses côtés depuis lors au sein du BR. Il lui rend hommage à chaque occasion. « Je suis reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi, depuis qu’il m’a repéré en étant président de la BOAD, rappelle-t-il. J’ai fait son école politique et j’en suis fier, cette école qui me permet aujourd’hui d’avoir le courage, la sincérité, la loyauté. C’est un homme de rigueur et d’excellence. »
Le courage aussi, c’est la décision qu’il prend de quitter l’école alors qu’il passait en terminale. Divorcé de son père dès sa plus tendre enfance, sa mère l’avait en effet placé chez ses propres parents, les Ahouandogbo à Abomey. Ce qui fait d’ailleurs qu’il n’a connu son père que très tardivement. Mais payer les frais de scolarité était très compliqué. « En seconde et en première on me chassait des compositions parce que je ne payais pas la contribution », se souvient-il. Il finit par déserter l’école, alors qu’il passait en terminale, déterminé à prendre son destin en main. Il se lance dans le petit commerce entre Parakou et Cotonou, et devient exploitant forestier avec tous les agréments nécessaires. Armand Affossogbé est aussi un ancien musicien, rappeur sans complexe au nom d’artiste Fadjo. Cette passion date de Parakou où il fait ses classes grâce à une tante qui devient sa tutrice. C’est là qu’il devient une véritable vedette adulée pour ses talents musicaux. Aujourd’hui, ce qui préoccupe le plus le leader politique, c’est d’abord l’emploi des jeunes. Lorsqu’il voit des jeunes sans emploi, son cœur se déchire devant leur misère. Ce qu’il constate à Abomey, ce sont des gens plus âgés que lui qui l’appellent pourtant « grand frère », juste parce qu’ils croient devoir le flatter pour bénéficier de ses dons de 5000 F. Quand on lui demande quels conseils il pourrait donner à la jeunesse, c’est naturellement une leçon de courage qu’il sort. « Même en tombant, il faut que la jeunesse ne se croit pas tomber. Même en tombant, il faut dire : « Mais vous croyez que je suis tombé ? Mais c’est faux, on se relève rapidement. Le courage trace la voix au bonheur. »

Intimité: Passionné de foot

Avant d’être handicapé, Armand Affossogbé était un attaquant passionné. Il n’a jamais raté un match du Réal Madrid et ne manque jamais les rendez-vous des Ecureuils, même s’il faut y perdre un marché. Il avoue avoir déjà perdu un gros marché pour avoir tenu à suivre d’abord un match des Ecureuils. Marié et père de quatre enfants, le jeune leader rappelle qu’il s’est marié à celle à qui il avait promis mariage alors qu’il n’avait que onze-douze ans. L’opposition des parents de la fille n’y fit rien. Il lui fait un enfant contre vents et marrées et l’épouse en bonne et due forme. Il ne faut jamais dire non à Armand. A table, il ne résiste pas devant un plat de Yantoto, légume que chérissait sa grand-mère maternelle et que lui a vivement conseillé un vieux mort à 131 ans. « Parfois, rien que pour le trouver et l’acheter, je vais jusqu’à Lokossa. On a tenté de m’empoisonner plusieurs fois et de me jeter de mauvais sorts sans jamais réussir.» Autre chose : Armand est un gros consommateur de viande. « Si la viande tuait, je serais mort depuis », dit-il.

LA REDACTION

Magloire Dochamou, DG/ NSIA Vie Assurance ‘’Sous l’arbre à palabre’’: « Il faut rendre certaines assurances obligatoires »

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Magloire Dochamou, DG NSIA Vie Assurance, dimanche dernier au siège de l’Evènement Précis

(« NSIA VIE Bénin propose des produits d’assurances Vie adaptés à toutes les couches de la population »)

«Les sociétés d’assurance ne sont pas des structures de collecte d’argent. Bien au contraire, elles contribuent énormément au bien être de la personne, de son matériel et même de son avenir », témoigne un spécialiste des questions d’assurance au Bénin. Interrogé sur la question dans la rubrique Sous L’Arbre à Palabres de L’Evénement Précis, le Directeur Général de NSIA VIE ASSURANCE, Magloire Dochamou a donné des explications sur les missions des maisons d’assurances ainsi que leur fonctionnement. Conscient de ce que le grand public ignore leur profession, il a, dans une démarche de sensibilisation, donné l’assurance de la crédibilité du groupe NSIA. L’invité du dimanche 24 avril dernier, a présenté un large éventail des produits que propose NSIA VIE ASSURANCE et qui couvrent non seulement le secteur de la santé mais également l’éducation des enfants, l’assurance protection, la prévoyance retraite et bien d’autres. Très détendu et persuasif dans ses propos, Magloire Dochamou souhaite que les assurances soient obligatoires à tous afin de permettre à chacun de protéger sa famille, assurer les études supérieures des enfants et prévoir sa retraite. En clair, permettre aux ménages d’avoir un paquet d’assurances qui pour mieux affronter les difficultés de la vie de façon sereine. « Je pense qu’aujourd’hui, il faut rendre les assurances obligatoires. Au moins entrainer les gens pour les amener, cela peut être un choix. On n’est pas obligé de le faire subitement. Ils peuvent choisir les assurances en fonction de leurs biens », a-t-il souligné. Lisez plutôt.

Et si on en parlait

Comment est né NSIA Vie Assurances?

Je ne pourrai pas parler de NSIA Vie Assurance sans parler du Groupe NSIA. Le Groupe NSIA est un groupe panafricain d’assurance et de Banque qui dispose aujourd’hui de plus 21 filiales en Afrique de l’Ouest et du Centre. Il est présent dans 12 pays sur le continent. NSIA Vie Assurances Bénin, filiale du Groupe NSIA au Bénin a été créée en 2005 avec pour objectif d’apporter des solutions d’assurance vie à toutes les couches de la population.

Quels sont les produits que vous offrez à vos clients ?

NSIA Vie Assurances a été agréée pour proposer des produits d’Epargne et de Prévoyance aux populations. Dans la gamme des solutions d’assurances Epargne, on peut citer les plus en vue notamment NSIA Etudes, NSIA Pension et NSIA Vitalis. Avec NSIA Etudes, nous garantissons le financement dans les conditions optimales des études supérieures des enfants tandis qu’avec NSIA Pension et NSIA Retraite, les travailleurs ont l’opportunité de se constituer une retraite complémentaire et donc de vivre une retraite paisible pendant longtemps. Ce type de garantie est très important et recommandé aux travailleurs pour leur éviter de vivre des situations difficiles une fois à la retraite, étant donné que les pensions de retraite classiques sont largement insuffisantes. Comme le dit l’autre en effet, la retraite ne se prépare pas le jour de la retraite mais bien avant. L’autre produit qu’il me plaît de rappeler est NSIA Vitalis. En effet, alors qu’une fois à la retraite le travailleur perd le bénéfice de l’assurance santé qui lui est offerte en période d’activités, grâce à NSIA Vitalis, le jeune retraité va bénéficier d’une prise en charge de ses frais de santé à hauteur de 2 Millions par an pendant une période pouvant aller jusqu’à 20 ans. Je recommanderai NSIA Vitalis à tous les fonctionnaires et toutes les personnes travaillant dans le secteur privé afin d’éviter de tomber dans cette situation.

La seconde catégorie de produits concerne les solutions de prévoyance notamment tous les produits mis à la disposition des populations pour les assister en cas de décès de l’individu ou d’un membre de sa famille. En général, quand ces évènements surviennent, ils génèrent des frais et des difficultés énormes au sein des familles. Du fait du décès subit de son époux, une veuve peut être renvoyée de la maison conjugale parce que ne pouvant plus payer le loyer. Avec NSIA Prévoyance et ses variantes notamment NSIA Alodo et NSIA Assistance funérailles, nous apportons une solution financière pour soulager la famille, la veuve et même les enfants qui peuvent manquer de moyens pour poursuivre leur scolarité.

Quelles sont grandes réalisations de NSIA Vie depuis son existence….

Après quasiment Quinze année (15) d’existence NSIA Vie a eu beaucoup de réalisations au niveau de notre pays, notamment le règlement des prestations et sinistres, le paiement des impôts, le financement de l’économie et enfin les dons.

Sur le plan des prestations et sinistres, il est important de préciser qu’au cours des cinq dernières années, c’est près de 12,4 Milliards de FCFA que NSIA Vie Bénin a verssé aux assurés et bénéficiaires de contrats. S’agissant des impôts c’est plus 1,2 Milliards d’impôts qui ont été reversés dans les caisses de l’Etat. L’économie nationale et sous régionale a également bénéficié de l’apport de NSIA Vie Assurance puisque les Dépôts à Terme dans les banques locales et les souscriptions d’emprunts obligataires respectivement de 4,5 Milliards et 1,6 Milliards. Au total c’est plus de Vingt-quatre (24) milliards de FCFA d’investissements réalisés tant dans le pays que dans la sous-région.

Enfin en matière de financement d’œuvre sociale, NSIA Vie a investi près de 90 millions dans diverses actions au profit des orphelinats, des hôpitaux et autres associations contribuant ainsi à l’amélioration des conditions de vie et de travail desdites structures.

Toutes les actions et réalisations ne sont pas connues du public, ce qui peut laisser croire aux populations que les assureurs ne servent à rien. C’est pour attirer l’attention des populations sur les activités des assureurs en général et celles de NSIA Vie Assurances en particulier que j’ai décidé en ma qualité de premier responsable de la société de prendre la parole en allant vers la presse pour expliquer ce que nous faisons. En général, les populations ne comprennent pas ce pourquoi nous sommes-là. Dans leur esprit, les assurances sont juste là pour collecter les primes et ensuite ne respectent pas leurs engagements.

Quels sont les produits que NSIA Vie Assurances propose aux parents d’élèves ?

C’est une question qui me permet d’insister sur la responsabilité des parents qui va au-delà du paiement de la scolarité des enfants ou encore de la prise en charge des frais actuels liés à leur scolarité. Tout parent, à mon avis, doit se poser les questions suivantes : Dans Cinq (05) voire Dix (10) ans quand mon enfant aura le BAC, serais-je en mesure de financer ses études universitaires ? Ou encore « En mon absence par suite de rappel à Dieu, est ce que mes enfants pourront continuer sereinement leur scolarité ? N’y aurait-il pas en l’état actuel de mon organisation un risque de déscolarisation de mes enfants notamment des jeunes filles en mon absence ? Si la réponse à ces questions est non ou s’il subsiste un doute, vous devez dès maintenant et sans plus attendre vous rapprocher de NSIA Vie Bénin pour souscrire aux deux produits consacrés aux enfants ; il s’agit de NSIA Etudes et de NSIA Alodo. Alors que NSIA Etudes va permettre aux parents d’anticiper le financement des études supérieures des enfants moyennant des cotisations mensuelles, annuelles ou trimestrielles, NSIA ALODO va apporter la solution de l’immédiateté notamment en permettant à l’enfant de bénéficier en fonction de son cycle d’études jusqu’à 320 000 FCFA moyennant une cotisation payée auparavant par son parent pouvant aller de 4200 à 6200 FCFA l’année. J’invite tous les parents d’élèves à se rapprocher de NSIA Vie Assurances pour plus d’informations afin de sécuriser l’avenir de leurs enfants.

Récemment vous avez fait une action en direction d’un enfant hospitalisé….

Exactement. C’est un exemple palpable de l’implication de NSIA Vie dans le quotidien des béninois et surtout l’illustration de ce que nous sommes à l’écoute des populations. Ainsi donc, nous avons été saisis d’émotions à la découverte du cas de ce petit enfant et très rapidement, ses parents ont été contactés et des instructions ont été données pour la prise en charge totale de l’opération. Aujourd’hui, cet enfant a été opéré et il peut désormais reprendre sereinement le cours de sa vie et ainsi poursuivre sa scolarité normalement. C’est vrai que les parents de l’enfant sont en admiration pour NSIA Vie et ne cessent de nous dire merci. Mais laissez-moi vous dire ici que ces remerciements, nous les partageons avec tous nos assurés qui nous font confiance en souscrivant des contrats d’assurances auprès de notre société. C’est grâce à eux que nous sommes capables de faire ce genre d’actions de solidarité qui nous honore tous et qui donne la joie de vivre à cet enfant et à sa famille.

C’est quoi votre cœur de métier ?

Un assureur en général et un assureur vie comme NSIA Vie a pour mission d’assister les populations en les aidant à se préparer au mieux à gérer les chocs inattendus de la vie quotidienne, qu’il s’agisse d’assister financièrement pour les familles après le décès d’un parent proche, de la préparation de la retraite, de l’anticipation d’une prise en charge sanitaire en cas de départ à la retraite ou encore d’anticiper la prise en charge des frais de scolarité de sa progéniture.

NSIA Vie a vocation à être un partenaire du quotidien de chaque béninois afin que jamais les coups durs de la vie ne deviennent un fardeau.

Vous avez publié récemment un livre intitulé : « Et si on s’assurait tous ? ». Qu’est-ce qu’on peut en retenir ? Est-ce que finalement le Bénin est différent des autres pays en matière d’assurance ?

L’Afrique en général est très en retard en matière de taux de souscription en assurance ; on parle d’à peine 1% contre 8% à 10% en Europe et aux Etats Unis. Le Bénin comme la plupart des pays africains est en retard avec un taux de pénétration (Volume des primes d’assurances collectées/PIB du Bénin) de moins d’1% et malheureusement, nous ne prenons pas le chemin de l’inversion de cette tendance. Je tiens tout de même à souligner qu’en communiquant sur un taux de pénétration de moins d’1% pour notre pays, nous sommes dans l’embellissement car une analyse plus poussée du niveau de souscription des assurances par les populations béninoises induirait un taux de pénétration plus proche de Zéro que de Un pour cent ( 01%) ; c’est dire le grand retard que nous avons en la matière dans le pays. Parce que si vous enlevez les assurances des structures étatiques, des grandes entreprises et de celles à tailles moyennes qui n’ont pas d’autres choix que de s’assurer, vous verrez que le nombre de béninois qui s’assurent est très faible.

C’est fort de plus de Dix-huit (18) ans d’expériences professionnelles dans le secteur des Assurances en Afrique Zone CIMA dont douze en tant que CEO de société d’assurances et convaincu de ce qu’une amélioration du niveau de souscription des assurances peut apporter au continent africain et à mon pays en particulier notamment en terme de protection sociale et de mobilisation de l’épargne pour financer les projets structurants, j’ai décidé de saisir ma plume et d’attirer l’attention de tous sur le bien-fondé de l’assurance. J’ai décidé d’informer, de sensibiliser le public car j’ai acquis la conviction que si les habitudes ne s’inversent pas depuis la libéralisation du secteur des assurances en 1990, c’est moins par manque de volonté manifeste mais beaucoup plus par ignorance. Cette réflexion a abouti à la publication de deux ouvrages notamment « Assureur un métier mal connu », paru aux Editions du Panthéon et « ET SI ON S’ASSURAIT TOUS ? » paru aux Editions plumes Soleil en 2021. Cet ouvrage disponible en librairie, met l’accent sur le lien entre le développement de l’assurance ainsi que le développement de l’Afrique qui a un besoin énorme de ressources pour financer son développement.

Vous savez chers journalistes, imaginez un pays comme la France, Soixante Quinze millions (75 Millions) d’Habitants dans lequel les assureurs collectent depuis plusieurs années, maintenant chaque année, pas moins de 140 000 milliards de FCFA contre seulement 40 000 Milliards pour le continent africain (1, 4 Milliards d’habitants). Le Bénin réalise environ 75 Milliards de FCFA. En France, les assureurs font partie sinon sont les premiers partenaires financiers de l’Etat en termes d’apport de ressources pour financer les activités. Pourquoi on ne peut pas s’y mettre en Afrique et au Bénin ? C’est parce que je crois que cela est possible chez nous et qu’il faut qu’on y aille que depuis bientôt quatre ans, j’en parle tout le temps. C’est pour moi une obsession, non pas pour dire que nous collecterons aussi 140 000 Milliards l’année, mais en fonction du pouvoir d’achat des populations qui n’est pas si faible que ça, on est capable si on veut au Bénin de mobiliser 300 à 500 Milliards de FCFA chaque année. Cette mobilisation va non seulement permettre aux assureurs d’être plus solides financièrement et donc les rendre plus réactifs dans la prise en charge des sinistres des populations mais surtout permettre aux assureurs dans le rôle d’investisseurs institutionnels, de mettre une partie importante desdites ressources à la disposition de l’Etat via les emprunts obligataires, ce qui lui permettra de financer ses grands projets. De manière concrète sur cinq (05) ans, cela fera 5000 Milliards de FCFA dont l’essentiel pourrait permettre à l’état de financer les nombreux projets en cours ou ceux à venir réduisant au passage ce n’est pas peu de le dire, notre dépendance vis-à-vis des ressources externes.

C’est pour faire comprendre cette interaction entre le développement des routes, des hôpitaux, des écoles, la construction des forages, l’électricité pour tous et celui de l’assurance que j’ai publié cet ouvrage pour expliquer dans un langage simple avec des exemples concrets que le développement de l’Afrique par les africains est bien possible et le Bénin peut en donner le ton comme c’est déjà le cas dans bien de domaines. Mon objectif à travers cet essai et l’ensemble de ma démarche ne visent qu’une seule chose : Montrer aux acteurs ( Etat, Médias et leaders d’opinions, Assureurs ) qu’une souscription massive des assurances qu’il s’agisse de l’assurance de la moto, de la voiture, de la maison, de la boutique ou encore l’assurance Etudes au profit des enfants, l’assurance prévoyance pour se protéger et protéger sa famille contre les aléas de la vie renforcera l’industrie des assurances en même temps qu’elle permettra à nos Etats de disposer des ressources locales nécessaires pour nous ériger de belles routes, des hôpitaux et autres. Le message important qui est véhiculé dans cet ouvrage est de dire aux populations qu’en souscrivant massivement aux divers produits d’assurances :

  • Je donne les moyens à l’assureur afin de lui permettre de régler rapidement les sinistres en cas d’accidents,
  • Je donne les moyens directement (accroissement des collectes d’impôts) et indirectement (emprunts obligataires) à l’Etat pour construire de belles routes dans ma localité, des écoles, des hôpitaux pour nous soigner,

C’est pour dire qu’en s’assurant tous, on va développer le pays. C’est le sens de mon message et j’invite les hommes de médias que vous êtes à relayer cela afin que les mentalités changent car notre survie à tous en dépend.

Concrètement, est ce que NSIA Vie Assurances est une compagnie rentable ?

Je pense que votre question est de vous rassurer que NSIA Vie est solide financièrement ?

Pour une compagnie d’assurance, on parlera de solvabilité plus spécifiquement d’indicateur de solvabilité. Deux éléments permettent de mesurer cette solvabilité : il s’agit du taux de couverture des engagements de l’assureur et du taux de marge de solvabilité. La loi oblige les assureurs pour 100FCFA d’engagements de disposer d’au moins 100 FCFA d’actifs pour les couvrir. De même, elle exige que la marge minimum exigée pour suivre l’activité soit couverte à 100%. En ce qui concerne NSIA Vie Bénin, nous avons un taux de couverture des engagements réglementés de 111% et le taux de marge est de plus de 380%. C’est dire donc que les assurés et les potentiels clients n’ont aucune crainte à se faire car leur société a des indicateurs de solvabilité totalement au vert.

Monsieur Dochamou, nous avons observé que lorsque les personnes détentrices de contrats d’assurances ont des situations, il y a des contraintes liées aux pièces justificatives. Il faut aller au tribunal et autres…

Votre interrogation pose le problème récurrent des assurés qui se plaignent constamment des pièces demandées par l’assureur lorsqu’il s’agit de percevoir les capitaux ou les indemnités. En réalité, il est important de souligner aux populations que l’assureur n’a aucun intérêt à réclamer des pièces qui ne devraient pas l’être ? Il faut que les populations comprennent que les primes collectées par l’assureur ne lui appartiennent pas et que par conséquent pour en disposer, il doit faire preuve de beaucoup de prudence et surtout respecter les règles édictées par le législateur CIMA en matière de dépenses car les primes appartiennent à la mutualité des assurés. A ce niveau donc, ma recommandation aux assurés est de prendre toutes les dispositions pour transmettre à l’assureur toutes les pièces demandées et ceci dans les délais requis. C’est la seule condition pour faciliter le paiement des sinistres dans les meilleurs délais par l’assureur.

À quoi est due la disparition des compagnies d’assurance du Bénin?

En assurance, parlerait de retrait d’agrément et donc de cessation d’activités. Pour le cas de notre pays le Bénin, trente-deux ans après la libéralisation du secteur des assurances on peut dire que les compagnies d’assurances se sont plutôt bien comportées dans l’ensemble. De mémoire en effet, nous n’avons connu que trois sociétés qui ont cessé leurs activités.

En général, les sociétés font l’objet de retrait d’agrément par le législateur CIMA lorsqu’ils ne couvrent, pas et ceci de manière durable, suffisamment leurs engagements réglementés de même que la marge de solvabilité qui sont à ce jour les principaux indicateurs qui permettent à la tutelle de s’assurer qu’une entreprise d’assurance dans l’exercice de ses activités préserve les intérêts des assurés et bénéficiaires de contrats d’assurances puisqu’il s’agit de collecte de l’Epargne. De manière générale et au-delà des questions de gouvernance qui sont à mon avis marginales, la raison principale qui explique la cession de l’activité des sociétés d’assurance, c’est le défaut de chiffre d’affaires suffisant pour leur permettre d’atteindre la taille critique nécessaire pour faire jouer la mutualité entre les assurés. En effet, en assurances la prime payée par l’assuré pour bénéficier d’une garantie est sans commune mesure avec la garantie promise. Pour que l’assureur soit en mesure de respecter ses engagements, il est indispensable pour lui d’avoir le maximum de personnes qui souscrivent afin que la collecte des primes puisse lui permettre d’indemniser ceux d’entre les assurés, qui selon la loi de la probabilité, enregistrent des sinistres. Aujourd’hui dans le secteur des assurances, on a malheureusement une vraie problématique car les personnes ne s’assurent pas mais souhaitent bénéficier rapidement des indemnités en cas d’accidents. Ce n’est pas normal, car cette faible souscription des assurances par les populations qui perdure depuis des années est la base des difficultés financières des entreprises d’assurances, dont le capital social faut-il le rappeler est quand même de trois (03) milliards de FCFA. Malgré toute la bonne volonté des opérateurs économiques, vous conviendrez avec moi qu’on ne peut pas demander à des gens de mettre trois milliards FCFA dans une affaire et de les voir partir en fumée car elles ont servi à payer gracieusement des personnes qui ne s’acquittent pas de leur devoir notamment : Assurer leur véhicule, leur moto, leur habitation, leurs boutiques et magasins pour ne citer que ces assurances. Tout se passe comme si dans la République, il y a ceux qui doivent s’assurer et les autres qui ont le droit de ne pas le faire et pourtant sont les premiers à se plaindre du non-paiement des sinistres par les assureurs. C’est comme quelqu’un qui n’est pas membre d’une tontine et qui veut ramasser, est-ce possible dans la vraie vie ? C’est pourtant ce qui se passe avec ces milliers de béninois qui ne s’assurent pas mais en cas d’accidents bénéficient de l’assurance des personnes qui se sont assurées. Mieux, est-ce qu’il est normal pour le membre d’une tontine après avoir ramassé sa mise de ne plus cotiser pour les autres ? Je pense que non ! Alors que régulièrement, on a ces cas car des personnes décident de s’assurer par convenance quand ils sont contents ou qu’ils le souhaitent alors que l’assureur n’a pas le choix que de les indemniser lorsqu’ils subissent des dommages dans le cadre d’un accident causé par un assuré. Vous voyez donc mes chers journalistes, pour finir mon propos et répondre de manière simple à votre question, je dirai que la cessation d’activités des sociétés d’assurances pourrait trouver sa cause principale dans la faiblesse de la souscription par les populations. C’est pour éviter ces situations que mon message en direction des populations béninoises et de vos lecteurs en particulier c’est d’assurer vos biens et vous-mêmes auprès des assureurs. C’est non seulement un acte de responsabilité, mais c’est surtout un acte qui fait de vous un citoyen qui contribue au développement de son pays au regard de tous mes développements supra.

Avec la faiblesse du pouvoir d’achat des Béninois, pensez-vous que le marché de l’assurance vie est prometteur au Bénin ?

Chers amis journalistes, vous savez on dit souvent que lorsqu’on veut tuer son chien on l’accuse de rage ? Oui c’est cela car en effet, lorsqu’il faut consommer abusivement de l’alcool, acheter des Mo pour aller sur les réseaux sociaux sans savoir ce pour quoi on y est, on ne pose pas le problème du pouvoir d’achat. Il faut que les Béninois et les africains de manière générale arrêtent de trouver des prétextes pour ne pas assumer leur responsabilité. S’assurer est un acte avant tout de responsabilité et ensuite de respect des lois de la république dans certains cas. On ne peut pas avoir 500 FCFA par jour donc 30 000 FCFA/ Mois pour s’offrir des forfaits internet et raconter des futilités excusez-moi, les termes et ne pas avoir 4200 FCFA ou encore 12500 /an pour assurer son enfant ou sa moto. C’est très clairement de l’irresponsabilité doublée d’une mauvaise foi caractérisée et nous devons pouvoir le reconnaître et prendre la ferme résolution de changer de fusil d’épaule. En effet, aujourd’hui les assureurs en tout cas c’est le cas de NSIA Vie Assurances Bénin, conscients du niveau du pouvoir d’achat des populations africaines en général et béninoises en particulier, ont travaillé à la création des produits de qualité mais à moindre coût. Je vous ai parlé plus loin de produit à partir de 4200 FCFA par an par enfants et d’autres produits dont la prime annuelle n’excède pas 10 000 ou 25000 FCFA. Nous avons même des produits lancés en partenariat avec un opérateur mobile de la place Micro Assur vie qui ne coûte que Vingt-cinq francs/ mois pour le premier niveau. Est-ce que pour autant les abonnés de cet opérateur qui sont plus de Trois millions y ont souscrits tous, Non ? Est-ce que ces mêmes abonnés ne dépensent pas en crédit de communication, en Mo et autres des multiples de 25 FCFA par jour, Oui mes chers journalistes. Donc le vrai problème, ce n’est pas une question de pouvoir d’achat car les assureurs ont des produits accessibles de nos jours, la problématique c’est que les gens ont un problème avec les assurances certainement par ignorance et ma démarche vise aussi à les rassurer et leur redonner confiance afin que chaque parent décide de venir vers NSIA Vie Assurance, le vrai visage de l’assurance au Bénin, pour souscrire à l’assurance pour son enfant et pour lui-même ; c’est primordial. N’attendez pas la veille de la retraite pour la préparer, c’est maintenant que cela se fait et NSIA Vie Bénin a les meilleures solutions pour vous accompagner avec la garantie de la bonne tenue de nos engagements à la fin des divers contrats. C’est prouvé et c’est vérifiable.

Diriez-vous que certains produits d’assurance-vie doivent faire l’objet de loi, donc soient rendus obligatoires ?

C’est vital mes chers Journalistes. Comme je le dis très clairement dans mon précédent ouvrage ET SI ON S’ASSURAIT TOUS ? En 2019, les assureurs Français ont collecté 228 Milliards d’Euros dont 45,6 Milliards d’euros environs relève des assurances obligatoires soit 20% environ du chiffre d’affaires desdites sociétés. Là-bas, ils ont malgré une culture d’assurance plus forte au moins une bonne demi-douzaine d’assurances obligatoires. Au Bénin nous n’avons que deux notamment l’assurance automobile des quatre roues et l’assurance construction qui font l’objet d’un respect approximatif par les populations. Cette situation ne peut pas favoriser l’éclosion d’une industrie des assurances dont l’apport pour le développement économique et social a été largement expliqué dans cette interview. C’est pour changer la donne que je ne me contente pas de fustiger cette situation mais dans mon ouvrage, j’ai fait des propositions concrètes de contrats à rendre obligatoires notamment : l’assurance habitation, l’assurance incendie au profit des commerçants des marchés, l’assurance contre les accidents avec un volet prévoyance décès toutes causes, l’assurance retraite complémentaire pour les travailleurs, une prévoyance collective familiale, l’assurance automobile deux et trois roues. L’objectif n’est pas de les mettre en œuvre au même moment mais dans le cadre d’une étude structurée et sur la base d’objectifs précis, on peut envisager un déploiement progressif de ces contrats ou d’autres d’ailleurs ce qui permettra d’élargir l’assiette des assurances obligatoires au Bénin : C’est une urgence nationale et économique.

Si on vous demande par exemple de conseiller à un député de légiférer à ce propos, quel produit vous lui auriez conseillé ?

Je demanderai déjà au député de chercher à lire mes deux ouvrages pour mieux comprendre de quoi il s’agit et ensuite penser à légiférer sur l’instauration des assurances obligatoires portant sur les produits d’assurance non exhaustif évoqués ci-dessus. J’insiste sur la nécessité de lire et comprendre car j’ai le sentiment que beaucoup de personnes dans la société africaine et béninoise ne savent pas ce que l’assurance peut faire dans le développement économique et social de ce continent. S’ils le comprenaient vraiment, je pense humblement qu’on aura plus d’adhérents à la cause et c’est le sens de ma démarche de sensibilisation. Revenant au Député, il est souhaitable qu’il comprenne de manière très claire que grâce à une souscription plus massive des assurances par les populations, leur bien-être économique et social va s’améliorer de manière progressive et visible puisque les assureurs seront plus prompts dans le règlement des sinistres et l’Etat disposera de plus de moyens locaux pour financer des actions de développement au profit des populations dans le cadre d’un partenariat construit et suivi avec les assureurs du marché. Il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit mes chers journalistes, c’est clairement possible de mobiliser en interne chaque année 200 à 300, voire 500 Milliards. Et aider l’Etat central par des lois à mobiliser les ressources sauf erreur c’est aussi cela le rôle des députés. Je les invite à explorer cette solution et ils auront rendu un service inestimable au pays.

Que faut –il faire pour favoriser le développement de l’assurance au Bénin et donc d’accroître la mobilisation de l’Epargne interne de l’Etat

Primo, il faut que l’Etat pense à rendre certaines assurances obligatoires. J’ai fait quelques propositions qui peuvent être affinées. Secundo, il est important que tous les acteurs (Etat, média, populations) comprennent l’importance de s’assurer qui va au-delà de leur personne ou entité et l’intègre comme une question de développement national en souscrivant massivement pour les uns (Populations) et en sensibilisant davantage les populations à y souscrire pour les autres (Etat et média)

Enfin, s’assurer d’une part que les assurances obligatoires qui sont déjà instaurées notamment l’assurance automobile des quatre roues et l’assurance construction fassent l’objet d’une application stricte ; d’autre part s’assurer que les mécanismes de conservation des risques sur les marchés locaux édictés par l’article 308 du code CIMA qui vise à empêcher la fuite des capitaux soient rigoureusement appliqués et qu’aucune structure ne contribue à faire partir vers l’extérieur les primes d’assurances sous-prétexte que les assureurs locaux n’ont pas les capacités de couvrir les risques. Favoriser cette fuite de capitaux dans une période où nos pays ont lancé de grands chantiers, c’est les priver de ressources pour se développer, puisque dans ce cas, les primes servent à développer d’autres pays.

Je pense humblement que si ces points non exhaustifs sont traités avec attention, nous avons de grandes chances de révéler le Bénin en terme de développement du secteur de l’assurance et donc de renforcement de la mobilisation des ressources internes pour financer plus fortement notre économie comme le recommande d’ailleurs la BAD dans ses dernières notes de perspectives économiques concernant notre pays.

Un mot pour conclure cet entretien ?

Je voudrais vous remercier pour cette opportunité que vous m’offrez. J’espère que vos attentes et celles de vos lecteurs ont été comblées.

J’espère avoir apporté suffisamment d’éléments de réponses à vos lecteurs et à vous-mêmes pour vous rassurer et vous encourager à souscrire massivement aux diverses solutions de NSIA Vie Assurances Bénin.

Plus globalement, mon vœu est que ce message de sensibilisation dont le but est de lever le voile sur les nombreux avantages d’une industrie des assurances forte pour les populations et l’Etat soit entendu et que vivement le regard que les uns et les autres ont sur les assurances change pour le bien de tous.

Je pense qu’une industrie des assurances mieux managée et mieux accompagnée peut contribuer de manière abondante au développement de ce pays. Et comme je l’ai souligné supra, on peut également révéler le Bénin à travers un secteur des assurances fort et conquérant au service des populations et de l’Etat.

Je conclurai en exhortant vos lecteurs à se déporter massivement vers NSIA Vie Bénin, le vrai visage de l’assurance Vie au Bénin où des solutions adaptées aux conditions de chacun sont disponibles pour protéger leurs familles dans un environnement de plus en plus difficile.

CARTE D’IDENTITE : Cadre d’excellence

Magloire Kadjogbé Dochamou est Directeur Général de NSIA Vie Assurances Bénin depuis février 2019. La quarantaine athlétique, cet ancien footballeur des catégories d’âge de l’équipe nationale a beaucoup hésité avant de choisir les assurances. Lorsqu’il décroche sa licence en gestion à l’Université d’Abomey-Calai en 2002, lui qui rêvait de devenir footballeur professionnel et d’arpenter les gazons verts, s’est orienté finalement vers l’Institut International des Assurances de Yaoundé au Cameroun. Il avait auparavant réussi brillamment au concours d’entrée à cet établissement d’excellence. Il en sort en 2004, major de sa promotion, nanti d’une Maîtrise en Sciences et Techniques d’Assurances. Il démarre alors sa carrière d’assureur qu’il assume depuis le plus bas niveau avant d’occuper les plus hautes fonctions. Entre-temps, il n’a pas cessé d’étudier, de sorte qu’il soutiendra bientôt une thèse de Doctorat en Sciences de Gestion à l’Académie des Sciences de Management de Paris. Au plan professionnel, son évolution a été fulgurante. Depuis le statut de collaborateur du Responsable Production à la Fédérale d’Assurances du Bénin (FEDAS-Bénin SA), il gravit patiemment les échelons pour devenir Chef Département Bureaux directs et Courtage de janvier 2008 à décembre 2009. Janvier 2010, il entre à FEDAS Côte-d’Ivoire comme Directeur Technique et Commercial avant de devenir en 2011 Directeur Général de la compagnie. Magloire Kadjogbé Dochamou n’avait que 31 ans, une jeunesse qu’il assume avec dynamisme et créativité. En 2014, grâce à ses prouesses commerciales et en matière de gestion, il est repéré par les dirigeants de COLINA et devient DG COLINA-Togo qui deviendra SAHAM Togo. Sous sa houlette, SAHAM-Vie Togo obtient son agrément d’exercice et il en prend les commandes en qualité d’Administrateur Directeur Général de 2016 à 2018. En Février 2019, le groupe NSIA lui fait confiance pour diriger sa filiale du Bénin, c’est le début de sa première expérience de Manager dans son pays d’origine, lui qui l’a quitté en 2009 en tant que Chef de Département. Notre invité nous a déclaré au cours de l’entretien ceci sur ce point précis : « J’ai fait de belles choses à l’étranger, j’ambitionne mettre les expériences acquises au service de mes concitoyens et ce challenge était une formidable opportunité de faire quelque chose de grand aussi chez moi » dit-il avec modestie. Il est vrai que les chiffres d’affaires qu’il draine chaque fois parlent en faveur de sa compétence. Depuis 2019, il arpente les coins et recoins du Bénin pour permettre aux citoyens même les plus pauvres de souscrire à des contrats d’assurance afin de se protéger et de protéger leurs familles. On ne s’étonne pas donc de constater que le chiffre d’affaires de l’entreprise qu’il dirige est passé de 4, 1 Milliards en 2018 à 6,4 Milliards environ en 2021. On peut sans risque de se tromper en déduire que nous avons là, le modèle du jeune Cadre dynamique dont le pays peut être fier. Notre rédaction lui souhaite bonne chance pour la suite et surtout bonne continuation dans cette œuvre de sensibilisation des populations sur les avantages de la souscription des contrats d’assurances.

Intimité: Toujours footeux

Le DG/NSIA Vie Assurances Bénin ne le cache pas. Il reste un amoureux du football. Malgré les années loin des stades, il avoue : « J’ai encore de beaux gestes. » Il a même créé avec des amis une académie de football pour permettre aux plus petits de se perfectionner pour atteindre les sommets dont il rêvait lui aussi à leur âge. Inutile de vous dire qu’il aime lire et écrire, ces deux ouvrages publiés en moins de quatre ans en sont une illustration parfaite et attestent que c’est un cadre qui sait de quoi il parle, puisque non seulement il le pratique au quotidien, mais il décide de l’enseigner aux autres.

Marié et père de trois enfants, Magloire Kadjogbé Dochamou aime l’igname pilée, comme tous ceux qui sont originaires du département des Collines. Comme boisson, il préfère l’eau et affectionne les moments qu’il passe en famille entouré de son épouse et de ses enfants.

 LA REDACTION

Théophile YAROU, Président du parti LNA, invité de « Sous l’arbre à Palabre » de l’Événement Précis : « Patrice Talon s’est beaucoup amélioré »

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Théophile YAROU, Président du parti LNA

Nouvel invité de la rubrique phare ‘’Sous l’Arbre à Palabre’’ du journal L’Événement Précis pour le compte de cette année 2022, l’ancien Secrétaire exécutif national adjoint  du parti FCBE et ex ministre de la Défense de Boni Yayi, Théophile YAROU,  fait le point du parcours ayant conduit à la formalisation  de l’existence légale du parti La Nouvelle Alliance dont il assume la présidence. Il se dit déjà avec les siens, partants pour les prochaines législatives 2023 sous les couleurs de cette nouvelle formation politique.  Au cours des échanges avec les journalistes, le président de  LNA n’a pas manqué de souligner la particularité de son parti qui   ne se réclame ni de l’opposition, ni de la mouvance, encore moins du centre. Ce parti prône plutôt le Social-Libéralisme et se positionne comme une « alternative crédible à l’écoute du peuple béninoise ». Réagissant à propos de la gouvernance de Patrice Talon, l’invité de l’Événement Précis avoue que le Chef de l’Etat s’est beaucoup amélioré, faisant allusion aux différences mesures sociales et autres initiatives qu’il entreprend depuis quelques temps pour soulager les peines des populations. Lisez plutôt.  

Et si on en parlait !

Votre parti LNA a récemment obtenu son récépissé définitif. Quels sont vos sentiments ?

Avant de répondre à votre question, il est important de faire remarquer qu’après une période très agitée de la vie politique de notre pays, j’ai, ensemble avec certains camarades, pris du recul pour mieux apprécier la situation afin de mieux nous repositionner sur l’échiquier politique national. En effet, le parti LNA est né à la suite d’un certain nombre d’événements au sein des FCBE. Ces événements ont été provoqués par les différences de vues liées essentiellement à la conviction, à l’éthique à la morale et la façon des uns et des autres de faire la politique. Ainsi, ne partageant et convaincus de la noblesse de la cause que nous défendons, nous avons décidé de créer un autre cadre politique totalement indépendant en vue de promouvoir les valeurs qui nous sont chères, à savoir la justice sociale, la

morale, l’éthique, l’égalité devant la loi et l’égalité sociale, la répartition des richesses et le panafricanisme.

A la création du parti, nous avons proclamé que nous sommes un parti social libéralisme qui en l’état actuel des choses n’est ni de l’opposition ni de la mouvance.

Nous sommes nés pour pouvoir trouver des hommes et des femmes partageant les valeurs du social libéralisme et le panafricaniste. Nous sommes heureux de pouvoir accomplir toutes les formalités requises par la loi régissant les partis politiques dans notre pays et d’obtenir ce fameux récépissé. Et il normal de s’en réjouir lorsqu’on connait le contexte politique de notre pays.

Le contexte politique actuel de notre pays nous amène à pousser un ouf de soulagement à l’obtention du récépissé.

De quel contexte parlez-vous ?

Je ne voudrais pas rappeler les événements malheureux qui ont conduit à l’exclusion de l’opposition aux élections législatives de 2019. Je veux parler de ce fameux certificat de conformité a fait couler beaucoup d’encre et de salive.

L’obtention du récépissé définitif du parti LNA n’a pas été du tout facile. En plus du contexte socio-politique caractérisé par la peur, l’incertitude et la méfiance, il faut également braver les obstacles liés à la loi sur la charte des partis politiques en République du Bénin. En effet la loi a rendu difficile la création des partis politiques afin de réduire considérablement le nombre de partis politiques. C’est une réforme du gouvernement que nous approuvons en partie dans la mesure où elle vise à créer de grands ensembles politiques dans notre pays. Pour moi, cela ne devrait pas constitué un prétexte pour interdire la création des partis politiques. La réduction viendra à l’épreuve des réalités du terrain. Nous sommes donc pour la création de grands ensembles politiques qui s’imposent dans la durée en tant que formations politiques hégémoniques et non pas décréter des grands ensembles politiques.

Vous comprenez maintenant pourquoi l’obtention du récépissé définitif du parti LNA est une grande joie pour moi et pour tous les camarades du parti. J’en profite pour remercier tous ceux qui ont fait ce parcours avec nous. Ce fut un parcours de combattant.

Visiblement, vous soupçonnez quelque chose ?

Non. Je dis simplement que cela a été difficile et exagérément dispendieux. Le législateur a certainement voulu que ce soit ainsi. Je crois personnellement que l’esprit de la loi ne devrait pas être de rendre difficile et coûteux la création des partis politiques. Si l’objectif est de limiter le nombre des partis, les dispositions relatives à la question des 10%, à l’interdiction des alliances de partis politiques ainsi que celles relatives à l’obligation qui leur est faite de participer à deux élections législatives consécutives sont largement suffisantes. Par principe j’ai toujours été légaliste. Autrement dit, sans être entièrement d’accord avec une loi, je peux de m’y conformer en attendant d’être en position de pouvoir la modifier ou la remplacer. C’est pour cela qu’hier, nous n’avons pas soupçonné les formalités de mise en conformité mise en place par le gouvernement. Au sein du parti FCBE, nous étions d’accord pour le certificat de conformité mais, nous soupçonnions une volonté d’exclure. Nous sommes au Bénin et en politique, on ne se fait pas de cadeau.

C’est grâce à vous que le FCBE a eu son récépissé et que le LNA a également son récépissé, selon nos informations…

Oui c’est j’y ai contribué pour beaucoup. Mais je n’étais passe seul ! Il y avait les autres anciens amis. En effet, au regard de la loi, le parti FCBE avait perdu son existence juridique le 17 mars 2019 et j’avais compris qu’avec le régime en place il était très risqué d’animer la vie politique dans l’illégalité. Malheureusement, tout le monde ne l’entendait pas de cette manière. C’est leur point de vue ; et je le respecte. Mais, il y avait la réalité du moment doit-il fallait tenir compte. Ainsi, il fallait tout simplement satisfaire aux exigences de l’administration chargée de délivrer le récépissé afin de pouvoir recouvrer notre légalité et nous protéger ainsi des risques liés à l’exercice de l’activité politique à un moment où les portes de Missérété étaient grandement ouvertes. Il n’y avait pas d’autres alternatives que de se plier à la volonté du ministère. Malheureusement, la méfiance, la suspension et les conflits de leadership ont vicié l’ambiance au sein du parti. Nos émotions ont eu le dessus sur notre capacité à apprécier objectivement la réalité des choses. Finalement, arriva ce qui ne devrait pas arriver : « la division et la cassure du parti ». Ce que je n’ai pas compris par la suite, est pourquoi les mêmes qui nous ont taxé de traîtres pour avoir accepté de nous plier aux « injonctions » du ministère de l’intérieur ce sont eux-mêmes conformés aux mêmes injonctions afin d’obtenir leur récépissé ?

LNA ne se réclame ni de l’opposition, ni de la mouvance et même pas centriste. N’est-ce pas une position ambigüe, voire suspecte ?

Elle peut être ambigüe ; mais pas suspecte. La coutume politique du Bénin a réparti l’environnement politique en deux blocs antagonistes : le bloc de l’opposition et celui de la mouvance. La déclaration à l’appartenance à l’un de ces blocs est facultative. Elle ne s’impose pas aux partis ! Une telle classification à mon sens est trop simpliste et ne clarifie pas totalement l’environnement politique dans notre pays. La preuve en est que les deux blocs de la mouvance actuelle, à y voir de près, sont pratiquement opposés du point de vue idéologique. Et l’avenir nous le confirmera.

Nous pensons que ce n’est pas un bon référentiel dans la mesure où lorsqu’on parle d’opposition et de mouvance, dans le concept béninois et africain en général, cela traduit un état de conflit. Autrement dit, cette manière de simplifier l’organisation politique du pays occulte les vrais débats et ne permet pas de percevoir les propositions alternatives des uns et des autres. Nous pensons qu’être dans la mouvance, c’est approuvé le projet de société du parti au pouvoir et que de faites votre parti n’a pas d’autres solutions à proposer en dehors de celles du gouvernement en place. En un mot, votre parti ne constitue pas une alternative par rapport au pouvoir. De l’autre côté, l’opposition, c’est ne pas se retrouver dans le projet de société du parti au pouvoir. Vous comprenez par là qu’un parti peut être opposé à un autre sans que ce dernier ne soit au pouvoir. Par exemple, de par notre idéologie ; le social-libéral, nous sommes opposés au parti communiste. Ainsi pour nous, la véritable classification, celle qui permettra de distinguer les partis politiques, doit se fonder sur leur approches et sur leurs idéologies et non pas par rapport à la marmite nationale.

Au Bénin par exemple, les défis à relever ont un nom. Ils s’appellent, la pauvreté, le changement climatique, le retard technologique, le manque d’infrastructures, un tissu industriel quasi inexistant, une éducation et une formation inadaptées, etc. Les débats autour de ces questions devraient permettre aux citoyens électeurs, de faire le choix du parti qui propose les meilleures solutions. Il n’existe quasiment pas d’espace public qui permet aux différents partis politiques de confronter leurs idées face aux différentes situations. C’est pour cette raison que notre parti a fait le choix de n’être ni de la mouvance ni de l’opposition. S’il y a donc ambigüité, cela est forcément due au fait qu’il n’y pas de débats politiques. En revanche, il n’y rien de suspect dans notre déclaration dans la mesure où nous avons dit que nous ne sommes pas de la mouvance. Cela voudra dire que nous ne nous reconnaissons pas à travers le projet de société de ceux qui sont au pouvoir. Pour faire simple, on pourrait dire que nous sommes opposés à ceux qui sont au pouvoir. Nous avons dit également que nous ne sommes pas de l’opposition. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous ne voulons pas être un parti opposé à un homme. L’enjeu n’est pour nous, n’est de s’accrocher à nos égos mais, de défendre la cause des populations. Sur ce point nous avons des difficultés à distinguer au sein de l’opposition actuelle ceux qui servent les intérêts d’individus de ceux qui défendent la cause de nos braves populations.

Qu’est-ce qui se pratique aujourd’hui ?

Par exemple quand j’étais encore FCBE, j’ai déclaré officiellement que je ne suis pas de la résistance. Pourquoi ? Parce que pour moi, la résistance voudrait dire le déni total du système qui est en place. Il faut tout rejeter, tout peindre en noir, insulter sans ménagement pour mériter d’être appelé opposant. Par ailleurs la résistance voulait dire également ne participer à aucune élection sur la base des lois votées et promulguées par le parlement en place. Nous n’étions pas d’accord avec cette façon de voir les choses ; ce qui a fait de nous l’ennemi public numéro 1. La résistance pour nous, c’est lorsqu’on est en état d’occupation ou lorsque la forme républicaine du pays est menacée. Nous disions en son temps que, nous serions prêts à résister à tout système politique qui voudra remettre en cause la forme républicaine du Bénin même si ce régime était élu démocratiquement.

Nous avons fait l’option d’une opposition raisonnable, disposée à envoyer des représentants au parlement pour y porter de la contradiction et éviter ainsi les lois opportunistes. C’était plus stratégique à notre avis surtout lorsque nous avons en face régime de la rage et de la ruse.

Malheureusement, nous été incompris par beaucoup qui pensaient certainement que la solution à la crise se trouverait dans le chaos. Gloire et louange à Dieu ! tout ceci est désormais derrière nous et le Bénin peut se donner la chance de redorer son blason grâce à l’effort de tous.

J’en appelle ainsi au sens de patriotisme des uns et des autres afin que les prochaines élections législatives soient l’occasion pour les béninois de fumer le calumet de la paix et de la réconciliation. C’est donc pour réaffirmer cette conviction que notre parti a fait le choix de n’être ni de l’opposition ni de la mouvance. Nous avons voulu nous mettre au-dessus de la mêlé, au-dessus du clivage opposition/mouvance afin que nos critiques et nos analyses soient les plus objectives possibles. Et comme vous le savez vous-même, au Bénin, lorsque vous vous déclarez de l’opposition ou de la mouvance, du coup, la population vous regarde d’un autre œil. Que vous disiez la vérité ou pas, la population vous juge en fonction de votre position tranchée. Je comprends que ce soit encore difficile au Bénin, de faire le choix n’appartenir ni à la mouvance ni à l’opposition. Ce qu’il faut comprendre, pour rester dans le carcan habituel, nous sommes un parti de l’opposition par rapport au pouvoir actuel et ce, jusqu’à nouvel ordre. D’un autre côté, nous voulons faire autrement l’opposition sans tomber dans le radicalisme ni céder aux compromissions.

Quelle manière ?

Il y a deux manières. Il y a l’extrémisme et la compromission. Nous sommes prêts nous à faire des compromis lorsqu’il s’agit de faire avancer le pays sans céder aux compromissions.

Quand vous parlez de l’extrémisme, est-ce que vous avez des cas que vous pouvez partager avec nous ?

Les propos du genre « on ne discute pas avec le dictateur ». Regardez ce qui s’est passé en 1990 dans notre pays. Pourtant, pour beaucoup, KÉRÉKOU était un dictateur.

Un exemple de compromission ?

Je ne peux vous donner des cas ni citer de auteurs. Vous devez vous-même connaître ces comportements de discours de compromission.

Est-ce que vous connaissez un parti qui ne soit ni de l’opposition ni de la mouvance ?

J’ai appris que comme nous, le parti La Nouvelle Force Nationale a dit, bien avant nous, qu’il n’est ni de l’opposition ni de la mouvance.

Concernant LNA, cette position sera évolutive ou elle est actée définitivement ?

Justement c’est parce qu’elle sera évolutive que nous nous sommes mis dans cette posture. Nous faire évoluer les critères de clarification vers paramètres plus significatifs. D’un autre point de vue, nous sommes prêts à nous mettre ensemble avec un parti au pouvoir ou avec un parti de l’opposition qui partage les mêmes valeurs que nous. Notre seule préoccupation est d’être en phase avec les valeurs morales et éthiques que nous défendons.

Si par exemple, le gouvernement du président Talon entre dans les champs du social-libéralisme que sont la solidarité, la justice sociale, la répartition équitable de la richesse nationale, l’égalité, bref en mettant l’accent sur l’humain, la pauvreté, alors il se pourrait que notre parti révise sa position et décide d’examiner les possibilités de travailler le gouvernement. Puisque nous sommes là pour le développement. Nous ne sommes pas là seulement pour servir d’instrument de la division.

Vous parliez tantôt des contradictions internes au parti FCBE, des contradictions que vous n’acceptiez pas à l’époque. Dites-nous aujourd’hui qu’est-ce qui a suscité votre départ ?

Malheureusement, j’ai dit que je ne ferai pas de tabou sur les sujets que vous allez aborder dans ce débat. Mais je ne voudrais personnellement pas évoquer les raisons. Je voudrais rappeler ici que nous sommes des légalistes. Nous sommes prêts à faire des compromis, pas des compromissions. Le parti FCBE dans la douleur est allé aux élections de 2020. Et j’avais la ferme conviction que malgré les difficultés avec lesquelles nous avions participé à ces élections, nous étions en mesure de pouvoir réunir au moins 16 maires sur les 77 que compte notre pays. Malheureusement à la fin, nous n’avons eu que 6 et demi. Puisque le septième était parti très tôt. La question qu’il faut se poser est de savoir si FCBE est fondé présenter un candidat à l’élection présidentielle. Les juristes nous aiderons à répondre à cette question. Ce débat, tous les partis politiques de l’opposition l’ont connu. Malheureusement tous, ou presque tous ont succombé à la tentation, que dis-je à la naïveté. Ce n’est donc pas une situation qui est propre au FCBE. Je suis donc parti pour des raisons de convenance personnelle.

C’est vous seul qui êtes parti. Personne ne vous a suivi en dehors d’une ou deux têtes.

Ah bon ? Donc le secrétaire général de LNA, le Premier et le Deuxième Vice-président de LNA, madame la ministre GBEDJI et tous les élus locaux et communaux qui sont partis après moi ne sont personne ? Vous avez raison puisque c’est de cette manière que nous avons traité. Vous savez, j’ai pitié de ceux qui traitent leurs semblables d’inutiles. C’est encore plus grave en politique.

Qu’est-ce qui a suivi ?

Eh bien ils sont allés vers des partis qui connaîtront leurs valeurs en l’occurrence, les partis au pouvoir qui malgré leur position de force vont à la recherche d’autres militants. Cela s’appelle de l’expérience. Dire à gens qui sont faits élire une fois dans leur vie qu’ils ne sont des menu-fretins, ne relève pas d’une bonne communication. La preuve, les grands bateaux que sont l’UP et le BR se sont empressés d’aller pêcher ces menu-fretins. En politique, il faut faire très attention. En politique, c’est de l’addition et de la multiplication ; jamais la soustraction. Dès qu’on commence par enregistrer des soustractions, il faut vite réagir et accourir vers ses menu-fretins au lieu de les laisser partir pour devenir plus grands ailleurs. Même le fou est important en politique. Parce que le fou peut guérir un jour. Même dans son état de folie il peut être utile. Un fou peut par exemple ramasser le logo d’un et commencer par faire de la publicité autour de ce logo de manière totalement inconsciente. Cela pourrait amener certaines personnes à croire à une prémonition et les amener pour ce parti. C’est pourquoi je dis que je ne comprends pas que des leaders politiques minimisent des citoyens qui ont une expérience politique. Ceux qui se comportent ainsi sont généralement des gens qui n’ont jamais été élus quelque part. Vous comprenez ça ? Je ne voulais même pas aborder ces questions avec vous parce que la posture que nous avons aujourd’hui, ne nous autorise pas à retourner dans le passé. Nous voulons aller de l’avant.

Vous voulez dire que vous n’aviez pas été victime d’un gangstérisme politique, vous qui aviez été téméraire au point de lutter contre l’ancien président d’honneur du parti jusqu’à faire obtenir le récépissé ?

Je n’ai jamais lutté contre l’ancien président d’honneur du parti FCBE. Ce que nous avons fait n’était dirigé contre personne encore moins contre l’ancien président d’honneur. Vous savez, il y avait beaucoup de conflits d’intérêts autour de l’ancien président d’honneur. Des conflits de leadership, de recherche de privilège, de bonne grâce, de pain et de recherche d’aura. Chacun y allait à sa manière en fonction de son éducation, de sa position et surtout en fonction des concurrents en présence. Tous savaient ce qu’il faut dire pour susciter la colère du président d’honneur contre x ou y. Tout le monde a été victime de ce méli-mélo autour de l’ancien président d’honneur, YAROU y compris. C’est tout ce que je peux dire. Comme je vous l’ai dit, nous sommes partis de quelque chose. Le président Boni Yayi est un Chef d’Etat que nous respectons, c’est notre père, c’est notre grand-frère et fut surtout président de tous les béninois. Il sait quel rôle chacun a joué dans la création, l’organisation et le fonctionnement du parti FCBE.

Je n’ai jamais voulu de la cassure du parti comme vous sembler l’insinuer, sinon pourquoi dès son retour, j’aurais obligé tous les collègues de l’ail HOUNKPE (comme on nous appelait à cette époque) à aller vers la réconciliation ? Par simple question de problème de conscience ? Certainement pas ! Au point où nous en étions. Le plus simple pour moi, après la façon dont nous avions été traités, était d’aller faire allégeance à la mouvance pour en finir définitivement avec la polémique.

Malheureusement, le processus de réconciliation a été plombé par ceux qui de chaque côté n’y avaient pas intérêt. La suite vous la connaissez. Encore une fois, je rappelle que la réconciliation, c’est nous qui l’avions demandé. C’est dire que notre combat n’était dirigé contre personne. C’était juste pour que nous puissions être reconnus légalement et continuer le combat sans prendre le risque de se retrouver en prison ou en exil. Notre combat, plus particulièrement mon combat était dirigé contre l’être extrémisme en notre sein, l’utilisation de certaines méthodes révolues de luttes politiques. Beaucoup pensaient qu’il fallait adopter une position de non négociation. Je ne sais pas s’il y a des crises dans le monde qui se sont résolues sans un dialogue avec l’adversaire. Vous voyez ce qui se passe entre l’Ukraine et la Russie ? Pendant qu’ils sont en guerre, d’autres discutent afin de trouver un terrain d’entente autour d’une table. C’est ça, le monde moderne. C’est un problème de communication et surtout de confiance entre les membres du parti qui a malheureusement conduit le parti à la cassure. L’adversaire a tout simplement profité et exploité cette faille. Mais aujourd’hui tout ça est passé et chacun de nous doit avoir fait sa propre autocritique. Chacun a certainement tiré leçon de cette expérience. Sans prétendre avoir une quelconque raison, j’ai la ferme conviction que les combats politiques sont plus efficaces lorsqu’ils se mènent au sein des instances de décision à travers des débats constructifs que lorsqu’ils se font par médias interposés ou dans les rues…

En réussissant à écarter l’opposition du parlement, celle-ci devrait changer sa changer sa stratégie. C’est pourquoi nous avions décidé d’aller aux élections communales afin de nous éviter la mort politique. Voyez-vous ce qui se passe actuellement sur le terrain ? Les deux blocs prennent allègrement de l’avance. Qui l’aurait cru il y a deux ans ? C’est la nature qui est ainsi faite.

Certains ont pensé qu’on pouvait faire autrement. Je ne dis pas qu’ils n’ont pas raison ! Peut-être même que cela aurait pu réussi. Mais je doute fort que l’échec de l’opposition puisse s’expliquer par le départ de Yarou de la résistance. Ce n’est pas mon départ qui peut avoir comme conséquence l’échec de l’opposition entre 2019 et 2021.

A l’ère de la réforme du système partisan qui prône le regroupement des partis, pensez-vous qu’il était utile de créer votre propre parti ou vous aurez pu intégrer un parti ?

Oui, il était véritablement utile de créer notre propre parti politique parce que je vous ai dit que nous avons pris suffisamment de recul lors de notre vacance politique afin de réfléchir et de prendre une option en vue de notre repositionnement. Savez-vous pourquoi nous nous sommes chamaillés au sein des autres partis ? Simplement parce nous n’avions pas atteint la phase de brassages et de symbiose nécessaire pour s’entendre sur une cause. Chacun avait sa conviction, ses valeurs et ses certitudes. Le parti n’étant pas créé sur la base d’une idéologie, nous avions manqué d’idéal autour duquel s’accorder.. Il y avait parmi nous, des anciens communistes, des anciens républicains, démocrates, marxistes, socialistes, etc. Donc ce qui nous unissait, c’était la conquête et la jouissance du pouvoir. On était un groupe hétérogène qui cherchait à conquérir le pouvoir par le jeu de la majorité démocratique sans idéologie consensuelle. C’est ça le problème. D’où nous avons dit, qu’il faut faire les choses autrement. Cela veut dire qu’il faut des repères. Le Bénin doit revenir sur les partis qui ont des offres politiques concrètes à proposer au peuple. C’est pour ça que nous avons créé ce parti. Le seul parti créé sur la base d’une idéologie reste le parti communiste du Bénin. Voilà que nos convictions contrastent avec l’idéologie du parti communiste. C’est pourquoi nous ne sommes pas allés dans le parti communiste. Nous avons lu les projets de société de presque tous les partis politiques : l’UP, le BR, Les démocrates, etc. Nous avons lu tous ces projets et nous nous sommes dit qu’il fallait créer notre propre parti.

On vous assimilait au parti PCB

Je n’ai jamais été militant du PCB. Toutefois, dans les années 1988-1989, nous avons aidé ce parti à ventiler les tracts. C’était une époque où toutes les masses populaires en avaient marre du gouvernement révolutionnaire du Général Mathieu KÉRÉKOU. Tout le peuple béninois s’était levé comme un seul homme contre le PRPB. Le parti communiste a joué un important dans cette lutte du peuple. C’est dans ce cadre que, en ma qualité de responsable d’association d’élèves au Lycée, que le parti communiste m’a sollicité pour ventiler des tracts. Cela ne fait pas de moi un militant du Parti communiste. En revanche, je n’ai jamais regretté d’avoir participé à cette lutte aux côtés du parti communiste du Bénin que je respecte beaucoup. Il faut que cela soit clair. Le premier parti politique auquel j’ai appartenu fut le Fard-Alafia.

D’autres estiment que Yarou a créé le parti LNA pour confirmer son leadership dans son électorat de référence, le Borgou ou bien est-ce par revanche ?

Non ce n’est pas une revanche ; Yarou n’a pas créé le parti LNA. C’est un ensemble de personnes qui ont créé le Parti. Savez-vous? Quand vous êtes animé par une force intérieure, une idée ou une forte conviction, rien ne vous arrête. Nous pensons que le Bénin peut être dirigé autrement. Nous pensons que le Bénin doit être gouverné autrement sur la base des repères politiques bien définies. Ces repères doivent intégrer la spécificité de son histoire, de la diversité des nations qui le compose et de la répartition géographique de ses potentialités. Les fondateurs du parti LNA veulent d’u Bénin prospère, solidaire où règne une justice au service de tous. C’est ce qui justifie le social libéralisme comme idéologie du Parti.

Et aujourd’hui avec l’existence des partis d’envergure nationale au Bénin, est-ce que le parti LNA peut faire vraiment le combat sur le terrain?

Excusez-moi, je vais demander pardon pour ce que je vais dire. Il est un peu trop de dire que ces partis ont une envergure nationale. C’est circonstanciel. Ces partis ne peuvent pas dire qu’ils sont d’envergure nationale s’ils ne confirment pas cette tendance après la fin du 2ème mandat du Président Talon. S’ils ne confirment pas cette tendance et n’étendent leur hégémonie après le régime qui les a vu naître, on pourra pas dire qu’ils sont d’envergure nationale. Donc, un parti né en cours de mandat, ne peut pas se proclamer le plus grand parti politique. Cependant, je souhaite vivement qu’il en soit ainsi.

Vous pensez qu’ils sont éphémères ?

Non, je n’ai pas dit qu’ils sont éphémères. Je dis qu’ils doivent confirmer cette tendance pendant des années encore pour que moi je puisse les appeler partis d’envergure nationale. Je considère que LNA a les mêmes chances aujourd’hui que n’importe quel autre parti politique pour devenir un parti d’envergure nationale.

LNA doit avoir beaucoup d’adversaires, Démocrates, Républicains, Progressistes, Fcbe ?

Ce que nous souhaitons est que les élections soient démocratiques et ouvertes. Qu’on n’assiste plus à ce que nous avons pu voir dernièrement. Si le pouvoir ou les partis politiques actuels laissent le jeu démocratique se jouer dans les urnes, on verra bien le résultat.

Comment le parti LNA se prépare-t-il pour les législatives de 2023 ?

Nous avons dit que nous irons aux législatives effectivement. Mais comment ? Le bureau politique se réunira pour en décider. Pour l’instant, je ne peux rien vous dire, car le bureau politique peut décider autrement si les conditions ne sont pas réunies pour assurer notre participation. Il peut aussi décider d’y participer si les conditions nécessaires sont réunies.

Qui finance votre parti ?

Les militants à travers les cotisations, les souscriptions volontaires. C’est ce qui est légalement et statutairement prévu. Le parti ne dispose d’aucune autre source de financement occulte. Pour l’instant, le parti n’a reçu de dons d’aucune bonne volonté pas plus qu’il ne bénéficie de financement public. Sur cette dernière possibilité de financement, nous pensons que tout parti régulièrement inscrit devrait bénéficier d’un minimum de financement public pour lui permettre d’animer la vie politique à travers un accès égalitaire aux médias.

Il me semble que c’est ce qui était retenu au dialogue politique. L’animation de la vie politique est une mission constitutionnelle dévolue aux partis politiques. Le financement public des partis politiques tel qu’il est accordé en ce moment devrait essentiellement servir à financer la participation aux différentes élections des partis ayant déjà des élus aux niveaux local et national.

Maintenant, à la question de savoir qui finance le parti, j’ai répondu que personne ne finance le parti en dehors des cotisations de ses militants. Vous pouvez vous renseigner. Le Parti LNA est en train de restaurer le militantisme au sein des formations politiques.

Nous sommes sous l’arbre à palabre…

Tout à fait. Je réaffirme que le parti est financé par ses propres membres. C’est pour la première fois depuis plus de 20 ans que j’ai réussi à faire comprendre aux militants que les sources principales et légales du financement des partis politiques restent les cotisations et les souscriptions de leurs membres. Une opération de souscription volontaire est actuellement en cours au sein du parti et nous serions heureux de recevoir la vôtre.

C’était la coutume à FCBE ?

Je ne suis pas de FCBE

Vous y étiez ?

Je ne le suis plus. Mais en ce qui concerne mon parti LNA, c’est la règle.

Bientôt le parti lancera des demandes de dons et legs de toute nature. C’est une opération légale et statutaire. Avis donc aux personnes physiques et morales de bonne volonté. Ils n’auront pas à craindre des représailles parce l’opération garantira l’anonymat à tous.

Mais avant de naître, vous avez franchi des étapes, établi des dossiers, légalisé des actes de naissances et autres pour plus de 1000 personnes. C’est un budget important aussi ?

Oui, 1555 personnes pour être précis. Mais, je dois dire que j’ai toujours été vexé par ces genres de questions. Comment peut-on croire que des personnalités comme nous ne soyons pas en mesure de mobiliser des ressources pour financer nos projets fussent-ils politiques. Même si vous croyez qu’à priori nous n’avons autant de moyens, comment pouvez-vous douter de notre capacité à mobiliser les ressources nécessaires à nos projets ? Pourquoi les Béninois sont ainsi ? Vous pensez que Théophile Yarou et ses camarades ne trouvent peut-être même pas à manger au point de trouver de l’argent pour financer la constitution des dossiers de leur parti ? Vous pensez cela vraiment ? De toute façon, il n’est interdit à personne de faire recours aux amis et autres donateurs sous forme de prêts ou de dons pour financer un projet politique. Encore une fois, ce qu’il faut éviter ici, c’est la compromission et les deals qui ont pour but de tromper le peuple et abuser de sa confiance.

Avec quels partis vous pourriez vous amener à vous allier si cela vous paraissait nécessaire ?

Les alliances sont prescrites par la loi. Mais nous sommes disposés à travailler avec n’importe quel parti au pouvoir.

Même le PCB ?

Non. Nous ne pouvons pas appartenir à un gouvernement formé le PCB au pouvoir. Nos idéologiques ne sont pas les mêmes. Mais, je vais souligner que j’ai de très bons amis communistes.

Pouvez mener la résistance contre le pouvoir en place ?

Non, pas du tout. Je refuse la résistance, parce que je refuse la politique de la chaise vide. En revanche lorsqu’un pouvoir voudra remettre en cause la forme républicaine du pays, alors oui.

Mais aujourd’hui, FCBE, la nouvelle équipe qui est là, se réclame d’une opposition constructive. Certainement dans la même logique que vous ?

Je ne sais pas quelle est leur logique. En tout cas nous avons la nôtre.

Il faut dire que si la loi n’autorise plus les alliances elle n’interdit pas les fusions.

Vous avez vu le cas de l’UDBN qui récemment s’est fondu au BR. Si les militants de LNA décident que le parti se fondre au BR ou à l’UP, FCBE et autres, on le fera sans souci.

Il y a les 10 % qui inquiètent aussi des partis. Vous avez vu ce qui est arrivé au PRD par exemple aux dernières élections ?

Je ne veux pas comparer notre parti à un autre, mais je sais que si on nous laisse librement aller aux élections, nous aurons les 10%.

C’est parce que c’est libre que vous avez pu avoir le récépissé ?

Oui, et j’ai salué cela. Je n’ai pas cessé de dire que cette fois-ci le ministère de l’intérieur a joué pleinement sa partition.

Aviez-vous espéré qu’avec le second mandat, le président Talon allait changer un peu les donnes en ce qui concerne sa gouvernance ?

Je l’aurais bien voulu. Il faut dire que les choses commencent par s’améliorer même s’il reste beaucoup à faire sur plusieurs plans. Paris ne s’est pas construit en un jour, dit-on. Il a certainement un objectif à atteindre.

C’est quoi son objectif, selon vous ?

Son objectif sur le plan de la gouvernance politique est de réduire considérablement le nombre de partis politiques au Bénin. Il l’a bien dit ; et il s’est engagé à faire en sorte que nous ayons moins d’une dizaine, d’envergure nationale. C’est un objectif tout à fait louable, mais qu’il ne faut chercher à atteindre par la brutalité.

Il y a un an que Patrice Talon a entamé son second mandat. Pensez-vous que sa nouvelle gouvernance a changé par rapport à celle du premier mandat ?

En tout cas, pour ces trois ou quatre derniers mois, nous avons commencé par avoir des signes d’espoir, surtout du point de vue de la gouvernance économique. On ne change pas du jour au lendemain, on peut s’améliorer. C’est pourquoi, nous voulons être indépendants et libres dans nos opinions. Il y a eu beaucoup d’améliorations tant sur le plan économique que sur le plan politique.

Sur le plan politique notamment, nous observons une certaine accalmie après la tempête de mai 2021. Le ministère de l’intérieur a délivré les récépissés à tous les partis qui ont rempli les formalités nécessaires à son obtention. Ce n’était pas évident il y a quelques mois. Espérons que cela dure dans le temps.

Sur le plan social, nous avons appris que le gouvernement a l’intention de relever les salaires des travailleurs. Au cours du premier mandat, on n’avait pas entendu ces genres de propos. Cela voudrait dire que le gouvernement commence par penser au social et aux conditions de vie des travailleurs. Récemment encore, par rapport à la flambée des prix sur le marché, le gouvernement a pris des mesures d’atténuation et de régulation.

Même si personnellement, je pense que ces mesures ne sont ni suffisantes ni opérationnelles sur le terrain, elles constituent néanmoins des bons signes. Il faudra que le gouvernement puisse aller plus loin afin de soulager les consommateurs. En tout cas, nous saluons ce qui est déjà fait.

Mais il y a eu emprunt obligataire encore aujourd’hui ?

L’emprunt obligataire fait partie des mécanismes de mobilisation des ressources de l’État sous forme de prêts remboursables. Il est régi par des directives communautaires et des standards internationaux. Recourir à l’emprunt obligataire n’est pas un problème en soi. Le plus important pour nous, est de pouvoir mettre en place des réformes structurelles permettant d’assurer la bonne affectation et la bonne utilisation des ressources ainsi mobilisées. Ces ressources devraient prioritairement être affectées aux investissements productifs afin de garantir leur remboursement. Si le gouvernement reste dans les normes et autres standards internationaux, nous allons accompagner.

Sur le plan économique, vous notez avec satisfaction un certain progrès. Au plan politique, il y a aussi eu des arrestations et des emprisonnements ?

Il faut regretter cela. Je pense que même le président lui-même doit pouvoir regretter cela. Si ce n’est pas le cas aujourd’hui, ce sera le cas demain. En effet, l’histoire retiendra qu’au cours de son mandat il y a eu beaucoup d’arrestations politiques.

Moi, ce que je préconise, est que les différents protagonistes enterrent la hache de guerre et qu’un mécanisme de règlement du conflit soit trouver en vue de parvenir à un règlement à l’amiable du différend. Je suggère vivement au Président de la République de régler ce problème avant la fin de son mandat 2ème mandat. Il est le père de la nation. Les filles et les fils de ce pays doivent se pardonner mutuellement à commencer par celui qui est le père de la nation. Ceux qui se sont sentis brimer également doivent pardonner. C’est cette capacité du béninois à pardonner qui a été appelé « le génie béninois ». C’est ce génie qui a conduit à la conférence des forces vives de la nation de février 1990 où d’anciens ennemis se sont assis sur la même table au nom de la paix et de la réconciliation pour décider de la destinée du Bénin. Le Bénin n’a pas connu de commission vérité réconciliation à cause de ce génie béninois, à cause de notre capacité à pardonner sans passer par un règlement de compte. Un proverbe juif dit : « Dans l’amitié, ménage une petite place pour la brouille ; et dans la brouille, une autre pour la réconciliation ».

Est-ce que vous préconisez une loi d’amnistie pour certains cas d’acteurs politiques en prison?

Une loi d’amnistie serait la bienvenue à mon sens. La loi d’amnistie relève de l’initiative des députés. Il serait quasiment impossible au parlement actuel de prendre une loi d’amnistie compte tenu de sa spécificité sans l’accord du gouvernement. Sinon, prendre une loi d’amnistie pour effacer les charges et les sanctions retenues contre ceux que l’on peut appeler détenus politiques seraient une très bonne chose. A défaut, le Chef de l’Etat peut user de ses prérogatives constitutionnelles pour gracier les intéressés. Cela leur permettra tout au moins de recouvrer leur liberté. Tout ceci ne peut se faire sans un minimum de dialogue ou de compromis. Dans une situation comme celle-ci, il faut éviter que l’une des parties ne perde la face surtout celle qui accorde la grâce présidentielle ou l’amnistie. C’est très important. Je sais que les militants et autres soutiens ne sont pas de bons conseillers en pareille circonstance.

Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le président Yayi que vous aviez servi au poste de ministre de la défense ?

Je suis fier d’avoir servir le Président Boni YAYI. Fier de l’avoir soutenu de 2003 à 2016 sans jamais décevoir pendant qu’il avait besoin de moi.

Aujourd’hui, ça fait longtemps que je n’ai plus de ses nouvelles. Je ne suis plus en contact avec lui. Je pense qu’il vaudrait mieux laisser le président Boni YAYI se reposer comme il le fait en ce moment plutôt que de toujours vouloir l’instrumentaliser à des fins inavouées. Je m’adresse surtout à vous, les journalistes qui ne cessent de vouloir titiller la sensibilité des gens. Le président Boni Yayi, tout comme le président Nicéphore SOGLO, mérite respect et reconnaissance pour les bons et loyaux services rendus à la nation. Quand on a été président de tous les béninois, on l’est également en tant qu’ancien président.

Depuis qu’il était allé voir le président Patrice Talon, comment vous l’aviez pris ?

Je vous ai dit que je suis toujours très heureux de voir des belligérants se parler. Donc quel que soit la raison pour laquelle il s’est présenté là-bas, pour moi, c’est un point positif. On devrait le voir très souvent là-bas. Le fait d’aller voir son adversaire politique ne fait pas de lui un adepte de ce dernier. C’est ce que beaucoup de Béninois doivent comprendre. Le Président Patrice Talon comme le Président Yayi, sont de grandes personnalités politiques de notre pays. Quand on a la chance d’exercer la plus haute fonction de l’Etat, on devient utile ad vitam æternam pour son pays. Si un jour, les béninois nous accordaient la chance d’exercer cette haute fonction, l’une des réformes politiques et institutionnelles à mettre en œuvre sera la création d’un haut conseil consultatif composé d’anciens Chefs d’Etat, d’anciens présidents d’institutions (assemblée nationale, Cours constitutionnelle, Cours Suprême, etc) afin de profiter de leurs expériences.

En conseil des ministres le 30 mars dernier, le gouvernement a nommé trois anciens militaires aux grades de généraux. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Vous savez, la nomination au grade de général relève du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’État ; sauf que le candidat au poste de général doit remplir les conditions d’expérience, de grade, et d’ancienneté. Donc si ces conditions sont remplies, le président peut nommer n’importe qui parmi ceux qui remplissent ces conditions. J’ai tout simplement à féliciter les heureux récipiendaires. Personnellement, pour avoir été ministre d’Etat au département de la défense, j’estime que le Bénin doit de plus en plus élevé ses cadres aux grades les plus élevés. Très rarement, les candidats remplissent les conditions de nomination au grade de Général de Division. Cette situation fait perdre des positions au Bénin dans les instances de commandement au niveau régional et international.

Comment vous avez vécu ces nominations ?

J’ai été très heureux pour eux. Mais ils doivent savoir que cette nomination implique des responsabilités. Le Chef de l’Etat, Chef Suprême des armées nomme au nom du peuple. Je me permets de rappeler à leur mémoire cette fameuse phrase du Général Mathieu KÉRÉKOU, je cite : « Ce n’est pas mon armée, c’est l’armée du peuple béninois ».

Certains parmi eux ont esquivé les élections de 2019 ?

Écoutez, je ne veux pas faire de commentaire en ce moment où j’appelle à la réconciliation. J’essaie d’expliquer que la nomination au grade de général relève de la discrétion du Chef de l’État.

En tant qu’ancien ministre de la défense, vous avez suivi un peu la montée de l’extrémisme islamique violent à nos frontières. Comment appréciez-vous la réaction de nos forces armées?

D’abord, je voudrais dire que l’extrémisme islamique ou le terrorisme international constituent des phénomènes difficiles à combattre en raison de leur caractère asymétrique. La sous-région ouest africaine connaît ces phénomènes depuis fort longtemps, ils se sont complexifiés avec la chute de Kadhafi, le changement climatique et les changements intervenus dans la géopolitique internationale. Le Bénin semblait être épargné jusqu’ici. Toutefois, l’armée béninoise participait déjà aux opérations de lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier. Le Bénin est présent dans la force régionale de lutte contre Boko Haram et dans MINUSMA.

La question du terrorisme est une question sérieuse parce que cela concerne une forme de guerre à laquelle les militaires ne sont pas habitués. L’ennemi peut vivre avec vous et frapper au cœur de votre dispositif. Ce n’est pas une guerre conventionnelle ou vous avez l’ennemi à vue. Pour répondre à votre question, je dirai que l’armée béninoise a fait des exploits. Et vous savez pourquoi ? Quand vous ne pouvez identifier l’ennemi que lorsqu’il a fini de frapper alors, il devient difficile de faire des exploits. Malgré les moyens limités, l’armée béninoise est parvenue quand même malgré tout à mettre hors d’état de nuire un certain nombre de djihadistes. Cela est à saluer. Il faut déplorer les pertes en vies humaines. A ce propos je demande au gouvernement de mettre immédiatement à la disposition de l’armée les moyens techniques et logistiques nécessaires tels que décidés lors d’un conseil des ministres. Le gouvernement devra mettre l’accent sur le renseignement et les échanges d’informations avec les autres partenaires. Il faut mettre également l’accent sur une bonne coordination des forces en jeu. J’espère bien qu’il le fera parce que ce qui manque aux soldats béninois ce sont les moyens.

Est-ce que vous êtes pour une installation d’une base militaire française au Bénin ?

C’est une question délicate à laquelle je ne souhaiterais pas répondre de suite. J’aime la France, mais elle devra revoir sa politique extérieure surtout vis-à-vis de ceux qu’elle appelle ses anciennes colonies. Je regrette les difficultés rencontrées par l’armée française au Burkina et au Mali.

En tant qu’ancien ministre de la défense. Pensez-vous que l’ennemi peut dormir avec vous en donnant suffisamment de moyens pour financer cette guerre-là ?

Ecoutez, c’est très complexe tout ce qui se passe là. Je ne veux pas y revenir en détail. Ce qu’il faut savoir, est que l’ennemi n’est jamais loin dans ses genres de situations. L’ennemi peut effectivement dormir avec vous sans laisser d’indice. Les réseaux de terroristes recrutent parmi les jeunes désœuvrés qui vivent avec nous. C’est pourquoi il faut établir une parfaite collaboration entre les forces de sécurité et de défense et les populations.

Talon a été désigné à la tête de la conférence des chefs d’Etat de l’UEMOA et a placé son mandat sous le signe des réformes. Qu’en pensez-vous?

Je pense plutôt que c’est une très bonne chose pour le Bénin. Le président Talon étant un homme d’affaire, il connaît les déterminants sur lesquels il pourra s’appuyer pour faire des réformes salvatrices au sein de l’institution. Ce que je lui souhaite, c’est de pouvoir mettre en œuvre ses réformes telles qu’il le souhaitera pour faire avancer l’institution. Il y a plusieurs domaines de réformes. Vous avez le secteur de l’agriculture. Depuis toujours, tout le monde s’accorde pour dire que l’agriculture constitue la base de l’économie de l’espace UEMOA. Paradoxalement, c’est le secteur qui le plus exclu des systèmes financiers traditionnels. Les institutions n’ont pas de produits adaptés à l’activité agricole. Voilà quelques exemples de pistes de réformes.

D’autre part, il faut mettre l’accent sur le secteur privé. Comment encourager et soutenir les entreprises privées dans leur rôle principal de créateur de richesses et d’emplois ? Il y a beaucoup de pistes de réformes. Je sais que le président Talon a toutes les capacités mieux que quiconque pour faire des réformes au sein de cette institution. Bonne chance au Président dans ses nouvelles fonctions.

Un mot pour conclure cet entretien

Je remercie tous les journalistes de l’Evènement Précis et son directeur, le peuple béninois et tous militants du parti LNA. Je présente d’ores et déjà mes excuses à tous ceux à qui mes propos auraient causé de tort. La diversité de nos opinions n’implique pas une adversité des uns envers les autres. Le Bénin a besoin de la diversité des opinions pour faire progresser sa pensée philosophique. Le débat politique dans une démocratie est ce qu’est le sang dans l’organisme humain.

Les opinions exprimés dans cette émission « arbre à palabres » s’inscrivent strictement dans le cadre des conditions d’organisation de cette émission qui ne prévoit pas une préparation préalable. Je ne prétends pas avoir la science infuse ni même avoir dit toute la vérité et rien que la vérité sur toutes les questions qui m’ont été posées, mais les réponses sont sincères.

Enfin, je voudrais appeler les militants à la sérénité, à faire confiance à leur parti et à nous soutenir dans tous les combats.

Le militantisme béninois qui jusqu’ici exclut la participation financière des militants doit être réinventé.

Carte d’identité: Dire la vérité en politique

Théophile Yarou a un parcours tout à fait atypique. Inscrit en Physique-chimie à l’Université après son Bac série C, il était déjà en deuxième année lorsqu’une bonne volonté lui conseille de s’inscrire à l’Ecole nationale d’administration (Ena) pour faire trois ans et aller vite travailler. Il passe donc le test de recrutement et sort major de la promotion Administration générale des finances et du Trésor en 1997. Après un peu moins d’un an de chômage, il est recruté comme animateur de projet par le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), alors même que l’on recherchait un profil de sociologue. Animateur pour le compte du Pnud à Nikki sur le Projet d’appui au développement local, il commence sa carrière professionnelle en 1998, une carrière qui l’amènera ensuite à servir dans un projet financé par la Banque mondiale. Celle-ci avait en effet lancé un concours pour son Projet pilote d’appui au monde rural. Ses cours de comptabilité lui ont permis d’être retenu comme comptable du projet, où il a fait quatre bonnes années. Durant cette période, la Banque mondiale, dans le souci d’avoir des spécialistes en la matière sur le terrain, avait formé des cadres béninois en matière de passation de marchés. Devenu comptable spécialiste en passation de marchés, il gagnait un salaire équivalent à deux fois ce que pourrait gagner un député béninois de l’époque. Mais le 31 décembre 2002, son contrat étant terminé, il devait envisager d’autres horizons. L’Union européenne cherchait un spécialiste en finances locales. Il fut recruté et mit son expertise au service des communes du Bénin. « Dans ce projet, dit-il, j’ai formé tous les maires, tous les préfets, tous les chefs des services Administration et finances des préfectures de l’époque, sur la comptabilité communale, la gestion budgétaire communale, la fiscalité communale etc. ». Durant la période, le Pnud le rappelle pour servir au Programme d’appui au développement des communes de l’Alibori, en tant qu’expert en finances. De ce poste hautement technique, il est nommé en mai 2009, comme directeur des ressources financières et du matériel au ministère de la Décentralisation. Après trois ans au poste, il passe ensuite au poste de directeur général du Centre de formation pour l’administration locale. Ce fut le premier directeur de cette école d’où il a été nommé ministre d’Etat en charge de la Défense le 22 août 2014.

Mais qui donc est cet homme ?

Théophile Yarou naît officiellement en 1969 d’un père et d’une mère originaires de la commune de Bembèrèkè. Mais c’est à l’âge de 10 ans qu’il commence l’école primaire, à Béroubouay. Il obtient son Cep à Kandi, en 1984, le Bepc à Bembèrèkè quatre ans plus tard et le Bac, série ST (ou C) au Lycée Mathieu Bouké de Parakou et entre à l’Université nationale du Bénin, à Abomey-Calavi où une autre aventure l’attend.

Politiquement, ce cadre du Fard Alafia était de toutes les luttes de ce parti à la création duquel il a pris part en 1994. Même s’il dut observer plus tard une trêve pour respecter les clauses des institutions internationales pour lesquelles il travaillait, Théophile Yarou est resté fidèle à son parti par lequel il fait son retour à la politique en 2006 pour faire élire Boni Yayi. Les remous internes ont conduit à la cassure du parti, mais son engagement politique est resté intact. Elu en 2015 aux élections législatives, c’est un homme qui vient de loin. Ancien  collaborateur clandestin du Parti communiste du Bénin, il fit aussi partie des effectifs du parti Notre cause commune (Ncc) d’Albert Tévoédjrè. « Le communisme n’était pas ma conviction parce que je n’y comprenais pas grand-chose. Ma conviction c’était plutôt la liberté, la justice sociale et l’égalité puisque j’étais réfractaire à tout ce qui est répression », soutient-il. « Je suis en fait un socio- libéral  de profondeur » avoue-t-il. Cette idéologie,  il a essayé de la faire adopter par son ancien parti, Fcbe qui a  préféré adopter plutôt la sociale démocratie. Malgré cela,  il ne s’en formalise pas outre mesure : « Je me sens à l’aise par rapport à cela et je me dis qu’au-delà de tout, ma conviction, c’est l’importance de l’homme. C’est-à-dire qu’il faut mettre l’homme au centre de tout et laisser l’homme s’exprimer », explique l’ancien ministre de Boni Yayi. Théophile YAROU a en fait décidé de faire la politique autrement, en son âme et conscience. « C’est pour cela que dans tout ce que je fais, je refuse de mentir et si on me demande de mentir, je refuse. Si je sais et que c’est établi, quelle que soit la personne, je refuse. Je pense qu’on peut faire la politique en disant la vérité », selon lui. Après la mise en conformité du parti  en septembre 2019, il  maintient son poste de Secrétaire exécutif national Adjoint du parti  FCBE alors que le poste de Secrétaire Exécutif National lui revenait d’office. Mais en juillet  2021, suite à des divergences sérieuses avec  certains de ses anciens camarades, il démissionne du  parti pour créer sa propre formation politique.  Ce sera  La Nouvelle Alliance (LNA), un parti dont il devient le président et  qui a obtenu son récépissé définitif de  reconnaissance  officielle le mois dernier. 

Intimité: Attaché à l’honnêteté

Théophile Yarou est marié et père de sept enfants dont l’ainé aura bientôt 22 ans. « Je reste très attaché à des hommes qui sont sincères. Je n’aime pas du tout le mensonge et je n’aime pas la trahison » confie-t-il. En bon Bariba, il adore l’igname pilée à la sauce sésame et à l’aubergine. Son sport favori reste la marche, et sa boisson de toujours l’eau.

LA RÉDACTION

Le Président du FONAC et ancien président de l’Anlc, Jean-Baptiste Elias, « Sous L’Arbre à Palabres » à L’Evénement Précis: « La lutte contre la corruption a reculé »

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Lean-Baptiste ELIAS

Très connu dans la dénonciation des gros scandales financiers au Bénin, le président du Front national de la lutte contre la corruption (FONAC) et ancien président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (ANLC), Jean-Baptiste Elias a saisi l’occasion de son entretien avec les journalistes de L’Evénement Précis pour revenir sur la lutte contre la corruption au Bénin. Selon lui, le Bénin ne dispose encore d’aucune structure officielle de lutte contre la corruption. « On a une cellule qui ne fait ni la prévention, ni la lutte contre la corruption. Elle ne fait que recevoir les dénonciations, or, la dénonciation, ne fait pas le travail ni de la prévention, ni de la sensibilisation », explique-t-il. La création de la Cellule d’analyse et de traitement des plaintes et dénonciations puis du Haut Commissariat à la prévention de la corruption, la lutte contre l’impunité sous le régime Talon, rien n’a échappé aux échanges du mercredi 23 mars 2022 dans la rubrique ‘’Sous L’Arbre à Palabres’’.

Et si on en parlait?

Le gouvernement a mis en place une Cellule d’analyses et de traitement des plaintes et dénonciations. Que pensez-vous de cette initiative ?
Je voudrais vous rappeler que le problème de la corruption a fait l’objet de préoccupation du monde entier. D’abord, les Chefs d’Etats de la CEDEAO ont pris ce sujet à bras le corps. Ils se sont réunis le 21 décembre 2001 à Dakar pour signer le protocole de la CEDEAO sur la lutte contre la corruption. Les Chefs d’Etats et de gouvernements de toute l’Afrique se sont réunis le 11 juillet 2003 à Maputo au Mozambique pour signer la convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption. Enfin, les Chefs d’Etats et de gouvernements du monde entier se sont réunis à MERIDA au Mexique en octobre 2003 pour signer la convention des Nations Unies contre la corruption. C’est dire que le problème de la corruption constitue une préoccupation majeure du monde entier. A la date du 23 mars 2022, 189 Etats sont parties à la convention des Nations Unies contre la corruption, sur les 193 pays membres des Nations Unies. Les 189 Etats ont pris à bras le corps le sujet. La convention des Nations Unies contre la corruption, tout comme les autres textes, à savoir la convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, le protocole de la CEDEAO, ont demandé à ce que chaque Etat puisse prendre les dispositions pour la mise en place des structures devant permettre à ce que l’on puisse s’occuper de la prévention et de la répression de la corruption. Le Bénin, en prenant ces textes, a mis en place des structures de lutte contre la corruption. C’est ainsi que vous avez entendu parler de l’Observatoire de lutte contre la corruption en 2004 puis renouvelé en 2008, l’Autorité nationale de lutte contre la corruption en 2012 après le vote de la loi 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin et, le 23 avril 2020, l’Etat béninois a mis en place le Haut-commissariat à la prévention de la corruption. Mais, la même convention dispose expressément que chaque Etat peut créer des structures pour lutter efficacement contre la corruption. C’est ainsi que le 19 janvier 2022, il a été décidé de la mise en place de la cellule dont vous parlez. La mise en place de cette cellule est une bonne chose puisque la convention permet à chaque Etat de créer des structures. La seule chose que nous avons évoquée à l’époque quand le communiqué du conseil des ministres du 19 janvier 2022 a été rendu public, était le risque d’un conflit d’attributions entre cette cellule et le Haut-commissariat à la prévention de la corruption. Quand le décret 2022-40 du 19 janvier 2022 portant création à la Présidence de la République de la cellule de traitement des plaintes et dénonciation est sorti, les attributions ont été recadrées. Aujourd’hui, en prenant le Haut-commissariat à la prévention de la corruption créée par la loi 2020-09 du 23 avril 2020 et la cellule de traitement des plaintes créée par le décret 2022-040 du 19 janvier 2022, en principe, il ne doit plus y avoir de conflit d’attributions. Donc, c’est une bonne chose. Il est à souhaiter que cette structure puisse travailler pour le bonheur de la population de notre pays et surtout que les objectifs fixés pour cette institution soient atteints.

Voulez-vous dire que vos craintes se sont dissipées ?
Aujourd’hui, les craintes de conflit d’attributions n’existent plus. Le communiqué du conseil des ministres du 19 janvier avait donné des attributions qui s’apparentaient à celles de la loi 2020-09 du 23 avril 2020 portant création du Haut-commissariat. Il fallait donc attirer l’attention des autorités sur le fait qu’il faudrait éviter les conflits d’attributions entre les deux structures. Il est toutefois à regretter que les dénonciateurs n’ont plus la protection légale avec l’abrogation de la loi 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin.

Mais le Haut-commissariat n’est pas encore installé ?
Oui. Nous espérons qu’un jour le Chef de l’Etat et son gouvernement prendront la mesure de cette structure et vont l’installer. Je n’ai pas applaudi à l’annonce de la création du Haut-commissariat puisqu’en regardant la convention des Nations Unies contre la corruption, la convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, le protocole de la CEDEAO et en voyant la responsabilité du Haut-commissaire, son encrage avec le Président de la République, sa nomination directe par le Président de la République, je ne peux pas applaudir pour la simple raison que son indépendance posera problème. Que vous le vouliez ou non, on regardera toujours derrière pour faire attention à celui qui a nommé. La convention des Nations Unies contre la corruption et surtout le protocole de Jakarta ont prévu que les structures de lutte contre la corruption doivent être totalement indépendantes. Rien ne me prouve que la corruption ne se retrouvera pas dans les sillages ou les couloirs de la Présidence de la République. De ce point de vue, je ne peux pas applaudir puisque le Haut-commissaire est nommé directement par le Président de la République. Il prête serment devant le Président de la République, il est obligé de faire ce qu’on lui dira de faire, le Haut-commissaire ne peut pas faire un appel à candidature pour le recrutement de ses collaborateurs. Il est bien inscrit que c’est le gouvernement qui nommera ceux avec qui il va travailler. Donc, son indépendance est limitée. Je vais souhaiter bonne chance au Haut-Commissaire qui sera nommé pour que son travail puisse être bénéfique pour le Bénin.

On a connu l’ANLC et aujourd’hui, la cellule. Est-ce à dire que les précédentes structures ont échoué ?
A priori, on ne peut pas répondre dans le vide puisque comme vous le savez, une structure mise en place qui a travaillé pendant longtemps, nécessite une évaluation. On n’a jamais évalué les activités menées par l’Observatoire de lutte contre la corruption, ni celles de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption, encore moins celles de la Cellule de moralisation de la vie publique au Bénin. De ce point de vue, c’est difficile de dire que les autres structures ont échoué ou pas.

Pour vous qui avez été président de l’ANLC, pensez-vous avoir échoué ?
Non, pas du tout. Je peux vous remettre le rapport des trois années de mandat de président que j’ai eu à faire à la tête de l’ANLC. Il n’y a pas échec. La corruption est un phénomène qui existe depuis la nuit des temps. Quand vous prenez la Bible, la Tora, le coran, vous verrez qu’on a parlé de la corruption bien avant même l’avènement de toutes ces religions. Le FONAC a eu, à l’époque, à réunir tous les chefs religieux même des religions endogènes pour leur demander de regarder dans les préceptes de leur religion pour sortir les éléments nécessaires devant sensibiliser la population sur la lutte contre la corruption. Les vodunons, les chrétiens, les musulmans ont sorti de leurs textes les éléments pour parler de la corruption et dire ce qu’il faut faire pour la réduire sensiblement dans notre pays. C’est difficile pour quelqu’un de dire qu’il a vaincu la corruption en trois ans, en cinq ans ou en dix ans. Ce n’est pas vrai.

Quelle comparaison peut-on faire de la lutte contre la corruption de Yayi et à Talon ?
Chaque personnalité choisit sa méthode de lutte pour atteindre les objectifs à savoir : réduire sensiblement la corruption. Certains ont choisi de mettre en place les textes conformément aux dispositions des accords, des protocoles et conventions que le Bénin a signés et ratifiés. Ainsi, l’Observatoire de lutte contre la corruption a été le fruit de la convention des Nations Unies contre la corruption, la convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption et le protocole de la CEDEAO sur la lutte contre la corruption. Même chose pour l’Autorité nationale de lutte contre la corruption et le Haut-commissariat à la prévention de la corruption. Tous les régimes depuis 2000 ont respecté les textes signés par le Bénin. Maintenant, certains ont mis en place des structures à savoir : l’Observatoire de lutte contre la corruption et l’Autorité nationale de lutte contre la corruption. Le régime Talon a laissé, pour son premier mandat, courir l’ANLC jusqu’au 19 mars 2020 qui a cédé la place au Haut-commissariat créé le 23 avril 2020. De cette date à ce jour, le Haut-commissariat n’a pas encore été installé. Aujourd’hui, 23 mars 2022, si les Nations Unies demandent au Bénin, de lui montrer sa commission ou structure officielle de lutte contre la corruption, le Bénin ne pourra pas le faire. Parce que le Haut-commissariat créé n’est pas encore opérationnel. On a une cellule qui ne fait ni la prévention, ni la lutte contre la corruption. Elle ne fait que recevoir les dénonciations, or, la dénonciation, ne fait pas le travail ni de la prévention, ni de la sensibilisation. Souhaitons que la méthode utilisée par le Président Talon puisse donner de bons résultats. A l’évaluation, on verra si cette méthode est meilleure que celle que les autres ont utilisée. Tant qu’on n’aura pas fait la mise en œuvre et évalué, on ne pourra pas dire laquelle des méthodes est la meilleure.

Avez-vous l’impression que le régime actuel a mis fin à l’impunité ?
Non, pas du tout. Je voudrais prier tous les ‘’Klébés’’ du régime de faire attention et de ne plus dire que le régime actuel a mis fin à l’impunité. Ce n’est pas vrai. Si on a mis fin à l’impunité, on n’aurait plus connu de scandales. Je prends pour exemple le scandale ANaTT qui est actuellement devant les tribunaux. Si le régime actuel avait mis fin à l’impunité, sachant bien qu’il y a une structure de lutte contre la corruption, structure créée avant la mise en place de l’ANaTT, le rapport qui est fait sur eux n’est pas blanc comme neige. A partir de ce moment, il y a problème. Si je donne cet exemple, c’est que le FONAC a fait des investigations au niveau de l’ANATT. Et nous avons rencontré le directeur général de l’ANaTT qui est aujourd’hui gardé en prison à Missérété. On a fait une séance de travail avec eux pendant des heures. Des dossiers ont été traités où des agents de l’ANaTT ont empoché l’argent de l’immatriculation des véhicules à deux roues. Ça c’est connu. Les agents ont reconnu les faits. Ça fait des millions. On nous a dit que les agents indélicats ont remboursé. Même s’ils ont remboursé, la faute est commise. Donc, nous avons proposé un certain nombre de recommandations que les gens doivent mettre en œuvre. Malheureusement toutes ces recommandations n’ont pas été suivies quand le Bureau d’analyse et d’investigation est passé par là. Vous connaissez la suite. Quelqu’un qui vous dit aujourd’hui qu’avec l’arrivée du président Talon, on a mis fin à l’impunité, je dis modestement, ce n’est pas vrai. Parce que si nous disons que c’est vrai, on va endormir les responsables au haut niveau. Il faut continuer à travailler. Il faut continuer à sensibiliser. Il faut continuer à prendre des mesures de prévention et de répression pour qu’à défaut de cesser la corruption puisse diminuer sensiblement.

Vous avez estimé que si les institutions internationales demandaient au Bénin de présenter une commission, qu’on a zéro commission de lutte contre la corruption. On ne peut présenter parce que le Haut-commissariat à la prévention de la corruption n’est pas installé. Donc, on ne pourra pas le faire. Mais aujourd’hui, le régime actuel fait de la répression. On a beaucoup d’acteurs politiques qui sont jugés et jetés en prison. Est-ce qu’un jour on ne doit pas en arriver là que de passer tout le temps à sensibiliser ?
Très bien, vous voulez faire allusion à la CRIET. Est-ce que c’est de ça qu’il s’agit ? Oui, la CRIET et tout le reste. D’abord la création de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) n’est pas une invention du Bénin. La convention des Nations Unies contre la corruption a prévu que les Etats peuvent créer des structures spécialisées. La CRIET est donc une cour spécialisée. Ne dites plus une cour spéciale. Si on a le temps, je vous donnerai l’exemple de 40 pays qui l’ont fait avant le Bénin. Je vous donne tout simplement le cas de Madagascar. N’oubliez pas que j’ai été pendant plusieurs années président du conseil de l’Union Africaine pour la lutte contre la corruption. Les 54 Etats, je les ai maitrisés et je sais ce qui se passe dans ces 54 Etats en matière de corruption et de lutte contre la mauvaise gouvernance. J’ai été à Madagascar et j’ai vu. Ils ont créé leur cour avant nous et le même problème qui s’est posé à notre CRIET première formule s’était posé également. Ils ont corrigé comme le Bénin a aussi corrigé. Par ailleurs, savez-vous que la CRIET ne peut pas juger le Président de la République ? Aucun ministre n’est justiciable devant la CRIET. Les députés non plus. Faut-il faire comprendre à vos lecteurs que le fait d’avoir la CRIET suffit pour qu’on dise que la lutte contre la corruption a pris de l’essor ? Ce n’est pas vrai. Rien ne prouve aujourd’hui que la corruption ne se trouve pas dans les couloirs de la présidence de la République, dans les allées de tous les ministères, dans les environs des 83 députés. Et voilà que ni les députés ni les ministres et ni le Président de la République ne peuvent passer devant la CRIET pour être jugés. Et donc, la CRIET ne constitue pas l’étape qui permet de dire que la lutte contre la corruption a pris de l’essor. Deuxième élément important, nous disons que la CRIET est là pour juger rapidement les cas de corruption.

Mais de par ses actions, la CRIET a semé une psychose dans la tête des Béninois.
Pas du tout. S’il y avait une psychose dans la tête des acteurs qui s’adonnent à la corruption, il n’y aurait pas le cas de l’ANaTT. Le directeur général et les agents de l’ANaTT ne vont pas commettre tout ce qui leur est reproché. Mieux, le dossier du régisseur des impôts Adohouannou, est là. Il y a beaucoup d’autres dossiers qui sortent aujourd’hui. On dit que la CRIET va juger les cas de terrorisme. Bien, depuis qu’on a mis la CRIET en place, regardez vous-même beaucoup de dossiers de trafic de drogue qui sortent. Depuis ma naissance jusqu’à ce jour, c’est la première fois que j’ai entendu qu’au Bénin, on a pu faire un trafic de drogue de plus de 2 tonnes à la fois. Je n’ai jamais entendu ça. Et pourtant la CRIET existait avant la découverte de ce trafic. Cette affaire de 2 tonnes montre que ça ne fait pas peur. Les gens allaient avec 10 kilo, 20 kilo, 100 kilo etc. Mais la CRIET est là en place. On sait très bien que si on te prend tu iras devant la CRIET et pourtant les gens ont osé mettre 2 tonnes et demi dans le circuit. Si ça faisait peur, on n’allait pas prendre ce risque-là. Les gens sont prudents aujourd’hui dans l’administration publique. Il y a les réformes sur la décentralisation qui sont en cours. Avec les secrétaires exécutifs, le maire n’est plus ordonnateur du budget. Prenons l’exemple des mairies. Ce sont des réformes qui seront mises en place. A ce jour, on n’a pas encore mis en place cette réforme-là. Essayons la réforme et nous saurons si ça a pu donner les résultats escomptés ou pas. Quand vous mettez en place une structure, vous la laissez fonctionner pendant un temps, vous l’évaluez et si l’évaluation ne donne pas les résultats escomptés, vous corrigez pour continuer. Donc, personne ne sait comment ça va se passer.

Certains soupçonnent que la mission de la CRIET consiste à régler des comptes politiques aux adversaires du pouvoir. Est-ce votre avis ?
Tant que je n’ai pas de preuve matérielle, j’ai du mal à me prononcer. J’entends les gens le dire. J’écoute ceux qui en parlent et disent que c’est ceci. Mais moi je n’ai pas les preuves. Et nous au FONAC, quand on n’a pas les preuves de quelque chose, il ne faut pas le dire. Si je n’ai pas les preuves c’est difficile de me prononcer. Ce que moi je vais dire c’est qu’il y a des juges, des magistrats de haut rang qui sont nommés à la CRIET. Je veux croire que ces juges ont une conscience. Je veux croire que ces juges bien formés s’adonnent à ce que dit la loi pour juger. Une fois que ces juges ont leur conscience, leur conviction et s’appuient sur la loi pour juger, ils vont se sentir à l’aise pour dire : « j’ai jugé en mon âme et conscience conformément à la loi. »

Le dernier classement de Transparency International met le Bénin à la 78ème place mondiale, une nette avancée par rapport aux classements précédents.
Il faut toujours faire des comparaisons scientifiques. Je vais vous donner le classement du Bénin sur les 10 dernières années. Je ne prends pas seulement les 5 ans ou 6 ans du président Talon pour que vous ayez une comparaison. En 2012, le Bénin a eu 36 points sur 100 et était classé 94ème sur 180 pays. En 2013, il est resté statique avec 36 points sur 100 et est resté 94ème sur 180. En 2014, il a eu 39 points donc 3 points gagnés sur 100 et classé 80ème sur 180. Vous avez vu 3 points gagnés et 14 places du point de vue classement. De la 94ème place, on est arrivé à 80ème place. En 2015, le Bénin a chuté, il a eu 37 points sur 100. Il a perdu 3 places au lieu de 80ème place, il est venu 83ème . En 2016, le Bénin a chuté encore (36 points sur 100) et est devenu 95ème. On a perdu 12 places. En 2017, il a eu 39 points. Donc, on a gagné 3 points encore et on a gagné 10 places. De la 95ème place, on est arrivé à la 85ème place. En 2018, 40 points. Donc, 1 point de plus sur 100. Et on est resté toujours 85ème . En 2019, le pays a 41 points sur 100 et progressé de 5 places. On est venu à la 80ème place. En 2020, il est resté statique avec 41 points et a perdu 3 places. 83ème place sur 180 et enfin en 2021, 42 points sur 100 et classé 78ème sur 180. Ça veut dire qu’entre 2020 et 2021, le Bénin a gagné 1 point. Je vais profiter pour vous dire ce que beaucoup de gens ne savent pas. Transparency International est de notoriété publique. Cette structure mondiale fait le classement qui est pris en compte par les partenaires techniques et financiers. Que vous le vouliez ou pas, c’est ça. 180 pays sont évalués, mais quand je parle souvent de ça, les gens ne comprennent pas et disent qu’il y a souvent quelque chose qui ne va pas. Je vais vous dire sur la base de quoi Transparency International évalue. Il y a six indicateurs sur la base desquels on attribue les notes à tous les 180 Etats. Le premier indicateur, c’est la représentation et la responsabilité. Le deuxième indicateur c’est la stabilité et l’absence de violence ou de terrorisme dans le pays. Le troisième indicateur, c’est l’efficacité du gouvernement. Le quatrième indicateur, c’est la qualité de la réglementation. Le cinquième indicateur, c’est l’état de droit. Le sixième et dernier indicateur, c’est le contrôle de la corruption. Donc pour évaluer les 180 pays dont le Bénin sur la perception de la corruption, voilà les 6 indicateurs que l’on prend en compte.

Aujourd’hui, est-ce que ce classement est conforme à la réalité?
Absolument, oui. Le premier indicateur (représentation et responsabilité), est la mesure dans laquelle les citoyens du pays peuvent participer aux choix du gouvernement. Niveau de liberté d’expression. Niveau de liberté d’association et niveau de liberté des médias. C’est cela qu’on apprécie pour donner les points. 2ème indicateur c’est la possibilité que le gouvernement soit déstabilisé ou non par des moyens anticonstitutionnels ou violents. Si on retrouve dans un pays qu’il y a des possibilités de déstabiliser le gouvernement par des moyens anticonstitutionnels violents, on note un point négatif pour ce pays. Troisième chose, l’efficacité du gouvernement. On regarde l’excellence des services publics et civiques, la qualité de la formulation et de la mise en œuvre des politiques, l’engagement du gouvernement en faveur des politiques déclarées. Quatrième chose, la qualité des réglementations: capacité du gouvernement à formuler et à mettre en œuvre des politiques judicieuses qui permettent et favorisent le développement du secteur privé. L’État de droit est la mesure dans laquelle les agents se fient aux règles de la société et s’y conforment notamment la qualité de l’exécution des contrats, les droits de propriété, la police, les tribunaux, ainsi que le risque de criminalité et de violence. Enfin, le sixième qui est le contrôle de la corruption est la mesure dans laquelle le pouvoir public est exercé à des fins privées ainsi que les captures de l’État par les élites et les intérêts privés. Exemple : on dit Etat de droit. Respect des juridictions.

Aujourd’hui, est-ce qu’il y a une loi de lutte contre la corruption au Bénin?
Il n’y en a plus malheureusement. Que personne ne me dise que les dispositions de la loi 2011-20 du 12 octobre 2011, portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin sont contenues dans un autre texte ailleurs. Ce n’est pas vrai. C’est faux. J’ai des preuves de ce que je dis. Aujourd’hui nous sommes à reculons. Nous avons comparé ce qui est dit dans le code pénal avec ce que la loi 2011 prévoyait : c’est du recul total. Exemple, aujourd’hui, il n’y a plus rien du tout, concernant les conflits d’intérêt. Aujourd’hui, le délit de corruption, je dis bien, le délit de corruption qui dans la loi 2011 -20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption était prescrit à 20 ans et les 20 ans commencent le jour où on a constaté le délit. Aujourd’hui il est prescrit à 6 ans dans le code pénal. Autrement dit, en avril 2016, le président de la République Patrice Talon est arrivé au pouvoir, si dans son entourage, quelqu’un commet un délit de corruption le 30 avril 2016, et qu’on ne l’a pas pris au 30 avril 2022 prochain, c’est terminé. Si on découvre cela après, on ne peut même plus le poursuivre. C’est cela que vous appelez avancée ? Moi je l’appelle recul. On a fait une étude comparative de ce que dit la loi 2011-20 du 12 octobre 2011 et ce qui se trouve aujourd’hui dans le code pénal, il y a recul.

Mais il n’y a pas de loi contre la corruption en France par exemple ?
Non, vous faites erreur, outre les conventions, Protocoles et accords bilatéraux qui lient la France avec d’autres Etats, outre le code Pénal Français qui inflige la :
Sanction Pénale de la corruption passive et du trafic d’influence commis par des personnes exerçant une fonction publique (art 432-11).
Sanction pénale de la corruption active et du trafic d’influence commis par les particuliers (art 433- 1).
Sanction pénale de la corruption active et passive de fonctionnaires communautaire ou appartenant aux Etats membres de l’Union Européenne et d’agents publics étrangers (art 431-1 et suivants) la France s’est dotée de plusieurs loi de lutte contre la corruption notamment.
La loi 88 – 227 du 11 mars 1988 relative à la transparence financière de la vie politique.
La loi 90-55 du 15 janvier 1990 relative à la limitation des dépenses électorales et à la clarification du financement des activités politiques.
La loi 91-3 du 3 juin 1991 relative à la soumission des procédures de passation de certains contrats à des obligations de publicité de mise en concurrence.
La loi 93-122 du 29 janvier 1993 relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques.
La loi SAPIN 2 du 09 décembre 2016 relative à la transparence, l’action contre la corruption et la modernisation de la vie économique.
Cette loi a créé l’Agence Française Anti-corruption.
Il y a certainement d’autres lois que je n’ai pas citées. C’est dire que contrairement à ce que vous avez dit, la France a bien des lois contre la corruption.

Est-ce qu’au Bénin on respecte les décisions de justice ?
Je vais vous apporter la preuve contraire. Sur les papiers en-tête utilisés dans les ministères, vous trouverez qu’on a mis les couleurs du drapeau du Bénin (vert-jaune-rouge) de travers. Comment ces couleurs sont-elles disposées? De façon verticale. Un citoyen a saisi la Cour constitutionnelle pour dire que cette façon de disposer ces couleurs n’est pas bonne. La Cour constitutionnelle par décision Dcc 17-057 du 9 mars 2017 a jugé contraire à la constitution cette façon de disposer les couleurs sur les papiers en-tête, sur les cartes de visite des ministres, sur les enseignes… A ce jour, on continue de faire la même disposition. Vous le savez non? Mieux, en quittant ici tout de suite, allez devant la Cour constitutionnelle elle-même qui a pris cette décision-là et regardez l’enseigne. Les couleurs sont disposées exactement comme sur les papiers en-tête, et autres. Et ça, c’est le drapeau du Mali. Quand c’est comme ça, n’attendez pas qu’on vous donne les points. Parce qu’il y a non-respect de décision de justice. Je ne vais pas loin pour parler de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples dont on connaît tous les sentences qui ont été prononcées et que le Bénin a refusé d’appliquer. État de droit et vous ne respectez pas les décisions de justice ? Maintenant, allez au tribunal de Cotonou. Vous trouverez qu’ils ont bien disposé comme il faut les couleurs sur l’enseigne du tribunal. C’est pour vous dire que d’autres ont bien disposé. Donc ce n’est pas une affaire de design. Voilà la situation. C’est sur les six indicateurs avec des sous indicateurs que je viens de vous citer qu’on donne des points. Et c’est le total de ces points qui donne ce que vous avez. C’est comme cela que le travail se fait par Transparency International.

Faudrait-il désespérer quand on suit comment se passe le contrôle de l’action du gouvernement par l’Assemblée nationale?
Je dis qu’il ne faut pas désespérer. D’abord, l’Assemblée nationale a pour rôle de voter les lois et de contrôler l’action du gouvernement. C’est le principe. Même avant et dans beaucoup de pays, le contrôle de l’action du gouvernement le plus souvent se solde par des recommandations. Lesquelles recommandations ne sont pas d’application obligatoire. Et donc, on a fait le contrôle de l’action du gouvernement. On a mis en place une commission d’enquête. On a mis en place un groupe parlementaire pour aller voir telle ou telle chose que le gouvernement a eu à faire. Nous concluons que le gouvernement a mal fait. Mais vous ne pouvez que faire des recommandations au gouvernement. Ces recommandations n’ont aucun caractère contraignant. Depuis le 1er août 1960 à ce jour, tous les gouvernements qui se sont succédés avec les parlements et autres avaient seulement des parlements multipartites pour faire les recommandations au gouvernement. Et la constitution et les autres textes disent que c’est des recommandations qui n’ont aucun pouvoir contraignant. C’est d’abord le principe. Dans le cadre précis où nous avons un parlement qui est totalement monopartite, puisque c’est un parti à deux têtes, vous comprenez que c’est encore plus simple. Effectivement on voit de moins en moins l’interpellation du gouvernement sur tel ou tel sujet de grandes préoccupations des populations. Peut-être que la méthode leur a permis de dire nous rencontrons périodiquement les dirigeants, nous discutons avec eux périodiquement, ils nous expliquent telle ou telle action périodiquement, donc ce n’est plus nécessaire de faire officiellement l’interpellation du gouvernement sur tel ou tel sujet. C’est possible. Si non, normalement, c’est ce qui devrait se faire. Ça ne se fait pas. Et quand bien même cela se faisait avant, c’est toujours soldé par des recommandations qui n’ont aucun pouvoir contraignant. Il y a lieu de voir dans quelle mesure on pourra réellement faire le contrôle de l’action du gouvernement avec des décisions contraignantes. Pour que quand on constate quelque chose qui aurait été mal conduit, au niveau du gouvernement, que le gouvernement accepte de corriger.

Pensez-vous vraiment que sous Talon l’argent sale ne circule plus, comme il le dit lui-même ?
Qu’appelez-vous «l’argent sale»? L’argent volé, détourné?…Si c’est cela que vous appelez argent sale, il est à souhaiter que les gens ne volent plus l’argent. C’est cela non? Est-ce que c’est vrai que les gens ne volent plus l’argent de l’État ? C’est difficile de le dire. Je n’ai pas les preuves matérielles de ça. Le FONAC non plus n’a pas les preuves matérielles de ça. Seulement voilà, nous constatons un certain nombre de choses qui se font, hélas, et qui font des doutes dans l’esprit de chacun de nous. Exemple concret: la convention des Nations Unies contre la corruption à son article 10, dispose que le gouvernement de chaque État doit mettre la transparence dans ce qu’il fait. Le Bénin a pris une loi en 2015 portant transparence. Pour voir clair dans la situation, les organisations de la société civile ont écrit au ministre des Finances pour dire : « donnez-nous les informations concernant le leasing. » Vous connaissez le problème du leasing non? C’est quoi le leasing? Le leasing, c’est le fait pour le gouvernement béninois de ne plus acheter de voiture, mais de faire un contrat avec les concessionnaires de véhicules pour qu’ils mettent à la disposition de l’État (des véhicules loués en quelque sorte), moyennant un coût journalier de tel montant par véhicule. On a écrit au gouvernement pour dire de nous donner les contrats qu’ils ont signés avec Bénin Contrôl pour s’occuper des problèmes de douanes à l’aéroport, au port et au niveau des frontières. On a écrit pour demander au ministre du cadre de vie de nous donner les informations sur les contrats qu’ils ont signés avec les groupes qui font l’asphaltage. On a écrit au ministre des infrastructures et des transports pour demander les contenus du contrat signé avec les Belges pour venir gérer le port autonome de Cotonou. Tout cela s’est fait en 2018. La convention dont je viens de vous parler et surtout la loi du Bénin de 2015 dispose expressément que l’État doit donner l’information demandée dans les 5 jours qui suivent. Si dans les 5 jours, l’agent ou le cadre qui est censé donner l’information ne dispose pas de temps nécessaire pour le faire, il a encore 3 jours francs pour donner satisfaction à la demande qui est faite. Au total, en 8 jours francs, on doit donner l’information qui est demandée. Ces demandes ont eu lieu en 2018. A ce jour 2022, on n’a eu aucune réponse pour tout cela. La loi prévoit qu’en cas de non réponse aux demandes, il faut s’adresser à la HAAC. La requête a été faite au niveau de la HAAC toujours en 2018. A ce jour, il n’y a pas de réponse. Ça veut tout dire. Vous laissez libre cours à la spéculation et aux rumeurs. Les rumeurs disent que l’asphaltage c’est ceci…leasing c’est cela. Ces rumeurs disent que le problème de Bénin Contrôl c’est cela. Il en est de même pour la venue des Belges pour gérer le Port. Qu’est-ce qu’il faut prendre pour vérité maintenant ? C’est cela la situation.

Vous voulez dire qu’il y a une sorte d’opacité ?
C’est très clair. Il n’y a pas un autre mot pour le dire. Je peux vous apporter les preuves de ce que je viens de vous dire.

C’est à dire que Talon gère dans l’opacité ? C’est ce que vous voulez dire?
Je veux dire tout simplement que les demandes qui ont été faites n’ont pas eu satisfaction. Et nous attendons jusque-là.

Vous avez relancé ?
.Je vous ai dit que la loi a dit 5 jours. 5 jours après, si vous ne le faites pas vous avez encore 3 autres jours. Cela vous fait 8 jours. Et la loi dit de s’adresser à la HAAC s’il n’y a toujours pas satisfaction. On s’est adressé à la HAAC. J’ai tout avec moi.

Vous avez une réponse sur les salaires des ministres ?
Voilà encore un autre problème. Nous avons aujourd’hui un décret qui fixe le traitement des Directeurs de cabinet, Directeurs adjoints de cabinet, Secrétaires généraux des Ministères, Secrétaires généraux adjoints des Ministères. Nous avons un décret qui fixe le traitement des Préfets, des Chargés de mission des préfets, des Secrétaires Généraux des Préfectures. Nous n’avons pas à ce jour un texte qui dit « voici ce que gagne un ministre ». Nous n’avons pas non plus un texte qui dit ce que gagne un président d’institution constitutionnelle. Nous n’avons pas un texte qui nous dit ce que gagne le président de la république. C’est discrétionnaire et là également les rumeurs vont bon train. Les spéculations, le ministre est à ceci, le ministre est à cela, le président de la république gagne ceci, le président de telle institution gagne cela. Et donc, quand les textes disent pour la bonne gouvernance qu’il faut la transparence et que nous n’avons pas la transparence dans les éléments que je viens de vous dire tout à l’heure, qui ne peuvent pas être des éléments cachés, ce ne sont pas des éléments de secret défense pour qu’on puisse dire que c’est des problèmes qui concernent la défense nationale. Ce n’est pas une affaire de défense, ce n’est pas une affaire de police pour qu’on dise que si on le laisse sur la place publique, les ennemis vont venir nous envahir, ce n’est pas ça. Le commun des mortels doit le savoir et dans les cours de gouvernance que nous donnons, c’est bien expliqué pourquoi le citoyen a droit à ça puisque quelque part c’est notre argent, notre impôt à nous tous que nous avons confié à quelqu’un pour le gérer en notre nom et là également je parle de l’évaluation. Il doit nous donner l’information. C’est pourquoi c’est obligatoire qu’on donne l’information aux citoyens. Je veux savoir ceci, je dois le savoir parce que j’apporte ma modeste part dans la caisse commune, la marmite commune que je vous remets pour gérer. Donc je dois demander l’information.

Est-ce que les présidents de chambre de la Cour des comptes récemment nommés sont crédibles ?
Je rappelle au passage que la mise en place de la Cour des comptes fait partie des directives de l’UEMOA. L’UEMOA a donné des directives à tous les huit Etats membres pour créer la Cour des comptes. Jusqu’ à une époque récente, six des huit Etats ont créé la Cour des comptes sauf deux. Les deux étaient le Bénin et le Mali. Maintenant le Bénin a mis en place sa Cour des comptes, il reste le Mali qui ne l’a pas encore fait. Revenons au Bénin, la Cour des comptes est créée, la présidente de la Cour des comptes est nommée. On vient de nommer les présidents de trois chambres. Là également il y a eu beaucoup de polémiques sur la toile. «Eh ils sont ci, ils sont ça». C’est difficile de le dire. Ce qui est certain, c’est que nous au FONAC, nous avons, regardé ce que prévoient les textes. Premièrement, les textes prévoient que la nomination en conseil des ministres pour ces présidents de chambre puisse se faire sur proposition du président de la Cour des comptes. En regardant le profil apparent de ces présidents de chambre, certains ont commencé par dire : ils sont ci, ils sont ça, etc. Nous au FONAC, nous souhaitons bonne chance et bon travail à ces présidents de chambre. Vous savez, nous ne sommes pas en mesure d’apporter des preuves de la non qualification de qui que ce soit. Je vous donne un exemple. On connaît leur formation de base sur la base de laquelle, ils sont dans l’administration. Nous ne connaissons pas les formations complémentaires qu’ils ont eu à faire. Il y en a parmi eux qui ont dû faire des formations pointues pour mériter le poste qu’on leur a donné. Mais comme ils étaient classés dans telle catégorie avant, on ignore qu’ils ont reçu une formation complémentaire qui puisse leur permettre de faire ce travail – là. Nous FONAC, nous avions eu déjà à faire cette expérience Et je prends mon cas. Malheureusement, beaucoup d’entre vous jusqu’à présent et pendant longtemps beaucoup d’autres journalistes disent que Jean Baptiste Elias n’est qu’un simple infirmier. Je suis infirmier, je le revendique et je suis fier d’être infirmier, l’infirmier n’est d’ailleurs pas simple. Pour ma petite histoire, un ministre de la République ici, qui devrait apprécier le choix d’un consultant pour s’occuper des problèmes de développement et de lutte contre la corruption fait par les partenaires techniques et financiers. Parmi les nombreux candidats, ils ont sélectionné celui qui vous parle, Elias Jean-Baptiste. Ils ont préparé tout le dossier et ils ont envoyé au ministre pour approbation. Ce n’est pas sous ce régime. Le ministre a vu le nom et il dit « NON ! On veut un spécialiste de développement, économiste et vous prenez un simple infirmier ? Ce n’est pas vrai je ne vais pas signer ce papier. Il dit non. Elias Jean-Baptiste est un infirmier et on est resté ensemble dans le quartier, il est un infirmier ». Les partenaires sont venus au FONAC et ils ont dit : « Monsieur nous ne savons pas ce que vous avez avec le ministre mais il a refusé. » Le FONAC a écrit au ministre pour dire que les partenaires techniques et financiers ont rejeté la candidature de ELIAS Jean-Baptiste au poste parce que vous auriez dit qu’il n’est pas qualifié pour le faire. « Nous demandons à vous rencontrer. » Le ministre a accordé l’audience et nous sommes allés le voir avec tous les originaux des diplômes. Quand il a tout vu, il a présenté les excuses aux membres du FONAC et à Monsieur Jean Baptiste Elias. Donc, je reviens à vous. Il se pourrait que ceux-là que tout le monde vilipende aujourd’hui et crie qu’ils ne sont pas qualifiés, il se pourrait qu’ils aient d’autres qualifications que nous ne connaissons pas. Nous au FONAC et moi personnellement Jean Baptiste ELIAS, je ne peux que leur souhaiter bonne chance.

Parmi les professeurs nommés, il y en a un qui a été condamné pour faux et usage de faux par le CAMES
Mais condamné par le CAMES, l’intéressé est resté toujours en poste depuis. La preuve, l’intéressé dont vous parlez est à la Cour suprême. Bien qu’elle soit condamnée par le CAMES pour plagiat on ne l’a pas renvoyée de la fonction publique béninoise. Ça n’a pas joué sur sa carrière, elle est toujours restée enseignante à l’université d’Abomey-Calavi et elle est conseiller à la cour suprême jusqu’à sa nomination. Donc, cette condamnation académique n’a peut-être pas d’incidence sur le plan administratif. Je dis bien peut être. C’est possible que ça soit comme ça. Donc, de ce point de vue, quand vous dites ça, il y a un préfet qui a été condamné par les juridictions béninoises et pourtant on a rappelé au Président Talon que celui-là est condamné voici les preuves. Ça n’a pas fait reculer le président Talon pour le nommer préfet à l’époque, jusqu’à ce qu’il commette une autre faute pour qu’on puisse encore le mettre de côté. Alors pour nous, nous allons souhaiter bonne chance à ces présidents-là, qu’ils travaillent pour le bien de la nation et que nous ayons les résultats que nous souhaitons pour qu’à défaut de cesser la corruption puisse régresser sensiblement.

Comment entrevoyez-vous la lutte contre la corruption au Bénin ?
Nous devons être patients et ambitieux. Nous devons espérer que les choses se passent bien. Je rappelle au passage que la lutte contre la corruption est un investissement. Ceux qui demandent que la corruption à défaut de cesser puisse diminuer sensiblement, ceux-là aident le gouvernement à renflouer les caisses de l’Etat et une fois que les caisses de l’Etat sont renflouées le gouvernement peut se saisir de cet argent pour faire des programmes de développement pour le bien-être de la Nation. Aujourd’hui il y a beaucoup de cas de chômage. S’il y avait assez d’argent on créerait des structures, on créerait des facilités qui puissent permettre que l’emploi soit au rendez-vous pour les jeunes. Aujourd’hui nous avons des jeunes qui ont appris un métier, qui ont le diplôme, qui ont la formation mais qui continuent d’être sous la responsabilité de leurs parents. Il a une copine qui est enceinte, l’enfant arrive sous la responsabilité de papa, la femme et l’intéressé sont tous sous la coupe de papa. De jour en jour, ce jeune qui a appris un métier, qui a son diplôme qui sait faire quelque chose, il est frustré. Et nous disons au FONAC : frustration plus frustration égale détonation. Ça va détonner ! La situation des jeunes sans emploi est une bombe à retardement. Il faut que chaque gouvernement puisse prendre la mesure de cette situation et qu’on corrige très rapidement. Il est à souhaiter que la lutte contre la corruption puisse continuer de bien se faire et que la corruption, à défaut de cesser, puisse diminuer sensiblement.

Quels sont les dossiers sur lesquels vous travaillez actuellement?
Les dossiers sur lesquels nous travaillons actuellement pour la lutte contre la corruption, nous avons des dossiers au niveau du port, nous avons des dossiers au niveau de l’enseignement supérieur, nous avons des dossiers au niveau de la mairie de Cotonou. Nous avons 87 dossiers aujourd’hui qui sont en instance. Vous n’entendez pas parce que nous faisons toujours ce que nous faisons avant. Quand les dossiers arrivent, on les instruit, on va rencontrer les responsables, les ministres et autres pour dire voici la situation. Pour nous, c’est celui qui ne fait rien dans la vie qui ne peut jamais se tromper. Tant que vous faites quelque chose, vous pouvez vous tromper de bonne foi. Nous on veut mesurer la bonne foi du fait que vous vous êtes trompés. On vous dit il y a ci, il y a ça. Vous acceptez de corriger et on continue. Ce n’est que 2 ou 3% de ceux qui refusent de corriger que vous entendez à la télévision. Il y a des dossiers que nous classons après règlement. 87% des dossiers sont classés après règlement. Si je ne vous disais pas dans cette salle ce matin que nous avons eu affaire avec l’ANaTT, vous n’auriez jamais su cela. Puisqu’au moment où nous avons fait le travail, nous avons demandé au directeur général et à ses collaborateurs de corriger. Ils nous ont promis et les gens ont remboursé. Et on leur a dit de prendre les dispositions pour que ça ne se répète plus. Ils étaient en train de prendre les dispositions quand le Bureau d’analyse et d’investigation les a surpris.

Que devient le FONAC à l’ère des nombreuses réformes ?
D’abord c’est une erreur de croire que je ne suis que seul à être vu au FONAC. Je vous ai amené le journal officiel qui a enregistré le FONAC. Je vous ai dit que tout ce que je dirai ici, je vous en amènerai la preuve. Dans le journal officiel qui a enregistré la création du FONAC, il est mis président du FONAC, Sossougloh Maximilien Grégoire. Ce n’est pas Elias Jean-Baptiste. La plupart d’entre vous ignorent ça. Tout le monde croit que c’est Elias Jean-Baptiste le Président. Je n’étais pas Président du FONAC de 1998 jusqu’en 2013. Je peux vous laisser le journal. Elias Jean-Baptiste est devenu Président du FONAC à l’Assemblée générale de 2016. Et pour le deuxième mandat qui est en cours maintenant, j’ai été élu le 22 février 2020. Donc je suis en train de faire deux (2) ans. Et qu’est-ce qui fait que tout le monde croit que je suis le Président du FONAC depuis longtemps ? Tout simplement parce que j’étais le premier vice-président et porte-parole du FONAC. C‘est ce qui s’est passé. Et chaque fois qu’on sollicite le FONAC on dit porte-parole. Il faut y aller. Je n’étais pas le Président. Donc voilà les preuves. Le 22 février 2020, j’ai été réélu pour faire mon deuxième mandat en tant que président du FONAC. Donc tout le temps avant, ce n’était pas moi. Maintenant, indépendamment de ça, ce que vous ne savez pas aussi, c’est que les autres membres du FONAC vont également sur les antennes.

C’est qui les autres membres ?
Très bien. Il y a Madame DARBOUX Pierrette qui est Première Vice-Présidente. Il y a Monsieur HONVOU Toussaint qui est le Deuxième Vice-Président, il y a Monsieur Adam SEIBOU qui est le Troisième Vice-Président. Il y a Monsieur HOUNDODE Aristide, qui est le Secrétaire Général. Il y a la Trésorière Générale, Madame Régina GANSE ; poste de Trésorière Générale Adjointe, Madame Odette ATEYIHO ; poste de Conseiller Juridique, Monsieur Désiré NOUATCHI. Voilà donc, c’est de ça qu’il s’agit.

Laurent Mètongnon était membre de l’Observatoire de lutte contre la corruption. Mais vous n’avez rien fait pour dénoncer son cas?
On ne dénonce pas pour dénoncer.
Donc vous êtes convaincu de ce qu’on lui reproche?
Non, ce n’est pas ça. On ne dénonce pas pour dénoncer. Quand la chose s’est passée, celui qui vous parle est allé jusque-là où il était gardé pour l’écouter. Quand la chose s’est passée, celui qui vous parle s’est rapproché d’un certain nombre de personnalités pour demander quelles sont les preuves que vous avez pour condamner Laurent Mètongnon ? J’ai eu des réponses. N’oubliez pas que même si je ne suis pas convaincu des réponses qui me sont données, hélas la loi dit « l’intime conviction du juge peut permettre de condamner ou non un prévenu. » Nous sommes des légalistes, le jugement est donné. Ni la modeste personne de celui qui vous parle encore moins le FONAC, aucun de nous n’a le droit de dire autre chose une fois que le jugement est fait. La convention des Nations-Unies contre la corruption, tout comme les lois de la République interdisent à tout citoyen d’aller à l’encontre des décisions de justice. Même si je pense autre chose, je n’ai pas le droit de dire autre chose que ce que la justice a dit.
Vous avez dit tout à l’heure que personne ne connaît le traitement salarial du Président de la République, est ce que selon vous cela semble être un signe de bonne gouvernance *?
Malheureusement non. Vous allez sur le net aujourd’hui, vous tapez le salaire du Président de la République française, vous aurez ça. Vous allez sur Google et vous demandez le salaire du Président des Etats-Unis, vous l’aurez ainsi de suite. Sauf erreur de ma part.

Est-ce que le FONAC a mis en place des dispositifs pour que le public ait une idée de ce salaire ?
Nous-mêmes nous ne connaissons pas. Si nous ne connaissons pas, comment voulez-vous qu’on le fasse connaître aux autres ? C’est ce que je vous ai dit, nous ne le connaissons pas. Voilà le problème.

Oui, mais Président, par le passé on vous savait beaucoup offensif dans les dénonciations. Mais depuis bientôt cinq ans on ne vous sent plus.
Ah, c’est grave ce que vous dites cher collègue. C’est très grave. Etes-vous au courant des dénonciations que j’ai eu à faire sur le concours organisé à la Caisse nationale de sécurité sociale ? Bien sûr, il y a trois ans. Alors, donc ne me dites pas depuis cinq ans. Je vous prends au mot. Ce n’est pas fini. Etes-vous au courant des dénonciations que j’ai eu à faire au niveau du ministère du cadre de vie pour la surfacturation des motos ? Oui vous êtes au courant non Etes-vous au courant du dossier sur l’acquisition des ambulances, il y a deux ans et bien d’autres dossiers hélas ? Et vous dites que je ne dénonce pas.

Donc depuis deux ans il n’y a plus de dossier ?
Je répète, s’il y en a que nous avons, que l’investigation est faite et que nous avons rencontré entre autres les fautifs qui sont de bonne foi et qui corrigent, on ne met pas ça sur la place publique. C’est quand les gens résistent pour dire « ah non je suis ceci, je suis cela… » qu’on met sur la place publique. Prenez l’exemple qu’on a eu à faire avec le ministre des Mines, de l’énergie et de l’hydraulique de 2014 à l’époque sur la SONEB. Il y a d’abord eu PPEA1, un milliard 400 millions. Quand la SONEB a fait le travail avec ce qui est mauvais là, le FONAC a fait les investigations, pour dire « c’est mauvais. » Le DG a continué, on a dit « ah, il ne faut pas continuer hein ». On a écrit au Président du conseil d’administration de la SONEB pour dire « il se passe telle chose à tel niveau. » Nous avons fait les investigations pour lui dire : « Demandez à votre DG d’arrêter. » Il n’a rien fait. Ils ont continué. On a écrit maintenant au ministre de l’époque pour dire « Attention, voilà la situation, on a dit au DG de ne pas continuer, on a dit au Président du Conseil d’administration, ils ont continué. Si vous, vous ne faites rien pour les arrêter, dans une semaine on va rendre compte. » La semaine est passée, la deuxième semaine est passée, on a fait la sortie et vous connaissez la suite. Il y a eu un tollé. Le même soir quand on a fait la sortie là, le ministre m’appelle. « Monsieur Elias ! ». Je dis oui. « Mais vous m’avez écrit pour dire que si je ne fais rien vous allez rendre compte, mais le Chef de l’Etat ne m’a pas encore appelé. Je n’ai même pas encore eu à répondre au Président de la République et vous avez fait la sortie. » « Ah, monsieur le ministre nous là notre compte rendu c’est au peuple. Ce n’est pas le Président de la République. Le compte rendu que je vous ai dit qu’on va faire là c’est ça qu’on vient de faire. » Vous savez où se trouve le DG aujourd’hui ? Il est à la prison de Missérété, condamné pour dix ans dans une autre affaire de mauvaise gouvernance. Le Président du Conseil d’administration, m’a vu et a vu les membres du FONAC et dit : « Monsieur ELIAS, quand vous parliez de ça à l’époque, si on vous avait écouté, il ne serait peut-être pas en prison aujourd’hui. C’est trop tard. » Nous avons sorti un dossier sur Libercom. C’est sous le Président Talon. Et vous dites que je n’ai pas dénoncé depuis cinq ans. Aujourd’hui, je vous ai dit que nous sommes au niveau du ministère de l’enseignement supérieur. Nous avons encore des dossiers de faux diplômes aujourd’hui. Un autre dossier que nous avons fait il y a quelques semaines seulement. Je ne vous dirai pas le nom parce que c’est diplomatique. Un Chef de mission diplomatique qui devait être accrédité au Bénin, il est venu avec un faux diplôme de baccalauréat, avec un faux diplôme de licence en droit. Le FONAC a été au courant, le FONAC a fait les investigations et a découvert le pot-au-rose. J’ai écrit au ministre des affaires étrangères pour dire « ce diplomate, qui est arrivé pour représenter son pays chez nous, voici les preuves qu’il a un faux BAC, voici les preuves qu’il a une fausse licence. » On l’a rapatrié chez lui. On n’a pas besoin d’aller dire ça sur la place publique. Parce qu’il ne faut pas créer des situations de conflit diplomatique, ce n’est pas bon. On n’a pas besoin d’aller le publier sur tous les toits.
Un mot pour conclure cet entretien ?
Je voudrais d’abord remercier le Directeur général pour avoir gardé la maison depuis ce temps jusque-là. Et aussi l’équipe. Je voudrais encourager tous ceux qui ont participé à cette séance d’aujourd’hui d’avoir espoir et de se dire que le Bénin est pour nous tous. Quand nous avons constaté quelque chose qui ne marche pas, ayons la patience et le courage de le dire dans les formes qu’il faut, sans offusquer ni injurier personne. J’apporte ma contribution ne veut pas dire que je dis oui à tout. Il faut avoir le courage de dire c’est bon quand c’est bon. Merci à vous.

Carte d’identité: Un infirmier fier ! Un Docteur qui se cache

Jean-Baptiste Elias est un infirmier diplômé d’Etat. C’est sa première profession et c’est avec une fierté qu’il revendique cette identité. Mais avec toute la dimension qu’a pris l’homme, beaucoup de béninois qui le connaissaient infirmier diplômé d’Etat s’interrogent sur cette ascension fulgurante et cette facilité à s’inscrire sur le registre du droit et de son lexique, de l’économie et de son lexique du jour au lendemain. C’est l’autre face de la vie de l’homme qu’il ne se vante pas de divulguer.
En effet, né à Ouidah le 29 août 1947, d’André ELIAS et d’Elisabeth ELIAS née DAGNON qui sont tous les deux décédés, Jean-Baptiste est d’une famille de six enfants, trois filles et trois garçons. Mais lui-même n’a eu que des filles, quatre. L’absence de bague de mariage à ses doigts ne doit point étonner les curieux sur sa vie conjugale car il en est allergique. « Si vous avez quelque chose qui compromet votre santé, la première des choses, c’est de vous en débarrasser », précise-t-il.
Le petit Jean-Baptiste a fait :
L’école primaire à l’école privée catholique de Ouidah en 1953.
L’école secondaire au collège Léon-Bourgine à Porto Novo et au cours secondaire des Cheminots à Cotonou 1961 – 1967.
L’école professionnelle à l’Institut National Médico-Social à Cotonou 1967 – 1969.
L’école de spécialité, école d’application JAMOT au Burkina-Faso 1971.
L’école Supérieure à l’Université Nationale du Bénin à Abomey-Calavi 1974 – 1978.
L’école post universitaire au Centre d’Etudes et de Recherches en Développement International de l’Université de Clermont Ferrand II en France 1981 – 1985.

  • Il est titulaire des diplômes suivants :
    ● CEPE, BEPC DIPLOME D’ETAT D’INFIRMIER DIPLOME DE SANTE PUBLIQUE, MAITRISE ES SCIENCES JURIDIQUES OPTION DROIT DES AFFAIRES ET CARRIERE JUDICIAIRE, DIPLOME D’ETUDES APPROFONDIES EN DEVELOPPEMENT (DEA) DOCTORAT DE 3EME CYCLE EN ECONOMIE DE DEVELOPPEMENT.
    ● Il a fait des stages de perfectionnement dans plusieurs domaines dont la médecine du travail.
  • Il a occupé les postes suivants :
    Agent de Santé à la circonscription médicale de COTONOU.
    Agent de Santé à la circonscription médicale de DJOUGOU.
    Chef de Service Administratif à la Direction Générale de la Santé Publique à Cotonou.
    Directeur Administratif et Financier à la Direction Générale des Affaires Sociales à Cotonou.
    Chef de Service de l’Inspection Médicale du Travail et de la main d’œuvre à Cotonou.
    Chef de Service de la Réglementation et du Contrôle Technique des Formations Sanitaires à Cotonou.
    Chef de Service des soins de santé primaires à Cotonou.
    Directeur du Programme d’Assistance à la communication et à l’information sur la protection de l’environnement (PACIPE) (Union européenne)
    En 1998, il est élu 1er Vice-Président et porte-parole du FONAC. Il ne sera élu Président du FONAC qu’en 2016. Il est à son deuxième mandat de Président du FONAC qui prendra fin en 2025.
    En 1999, il est élu membre du conseil économique et social pour 5 ans.
    En 2004, il est réélu au Conseil Economique et Social et a occupé au sein de l’organe Exécutif du CES, le poste de Deuxième Secrétaire.
    En 2004, il est élu membre et Président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption du Bénin.
    En 2008, il est réélu Président de l’Observation de Lutte contre la Corruption du Bénin.
    En 2010, il est élu pour 4 ans. Président du Réseau des Institutions Nationales de Lutte contre la Corruption de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Lagos (Nigéria).
    En 2011, il est élu Président de l’Association des Autorités Anti-corruption d’Afrique (AAACA) à BUJUMBURA (BURUNDI).
    En 2013, il est élu Président du Conseil de l’Union Africaine sur la lutte contre la corruption pour 2 ans à ARUSHA (TANZANIE).
    En 2015, il a été élu à nouveau au Conseil de l’Union Africaine sur la lutte contre la corruption pour 2 ans à ADDIS-ABEBA (ETHIOPIE).
    De 2004 à 2019, il a participé à toutes les conférences des Etats Parties à la convention des Nations Unies contre la corruption.
    De 2004 à 2019, il a pris part à toutes les conférences et aux travaux sur la Prévention de la Corruption et sur le recouvrement des avoirs de l’organisation des Nations-Unies contre la Drogue et le Crime à Vienne (Autriche).
    De 2013 à 2017, il a pris part à toutes les Conférences de Chefs d’Etat et de Gouvernements de l’Union Africaine.
    Il a reçu le Diplôme d’honneur et d’excellence dans la catégorie « MEILLEURE INITIATIVE ET COURAGE DANS L’ACTION PUBLIQUE » EN 2004.
    Il a été décoré COMMANDEUR DE L’ORDRE NATIONAL DU BENIN EN 2009.
    Il a reçu le certificat de Remerciement de l’Instance Nationale de Lutte contre la corruption de la TUNISIE en 2019.

Intimité

……..

Les parents de Jean-Baptiste sont catholiques. Ils ont mis leur fils dans cette religion, il n’en sera pas pratiquant. Comme il ne sera d’ailleurs pratiquant de rien. « Je respecte toutes les religions mais je ne pratique rien » avoue-t-il.
Il croit en l’amitié mais face à tout ce qu’il observe autour de lui, il estime qu’il faut parler de l’amitié avec circonspection. Il préfère d’ailleurs être ami à tout le monde mais rester prudent car dit-il « Celui qui vous dit qu’il est un ami à vous, peut vous créer des torts volontairement ou involontairement ».
Il a un respect particulier pour l’Homme pourvu que celui-ci exerce un travail. En retour il souhaite ardemment que l’autre le respecte.
Jean-Baptiste évite beaucoup de manger dans les restaurants et de se distraire dans des discothèques. La sécurité personnelle en est la raison fondamentale. Mais si un jour, il doit être votre invité, évitez lui la viande rouge et de l’alcool. Il n’est pourtant pas végétarien puisqu’il est consommateur de la viande blanche,
Savez-vous que Jean-Baptiste était un grand footballeur ? Non! Et pourtant c’était un vrai gardien de but. Mais maintenant, il ne le pratique plus. Il poursuit cette passion devant les écrans de télévision. Mais sa grande distraction devant la télé ce n’est pas le football mais les débats. Lui-même d’ailleurs étant un des plus célèbres acteurs télévisés des débats contradictoires. D’un autre côte, il est un acteur de théâtre. Il est même un des membres fondateurs des Muses du Bénin.
Il y a quand même une qualité qu’il apprécie bien chez lui-même. « Ce que j’apprécie chez moi, c’est que je suis un bon travailleur, infatigable, prêt, dévoué à tout, à tout moment. Moi, je n’ai pas de repos. Je travaille samedi, je travaille dimanche. Et j’ai du mal à suivre ceux qui s’adonnent à la paresse ». Sur le plan politique ne cherchez pas outre mesure à lui coller une étiquette : « Je ne suis d’aucun parti politique et je ne le serai pas parce que ce que je fais aujourd’hui là, je suis à l’aise, je lève la tête ».

Le Professeur Victor TOPANOU, invité de Sous l’Arbre à Palabre: « Il faut du temps pour apprécier les réformes de Talon »

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L’ancien Garde des Sceaux, le Professeur Victor Topanou, a été rapporteur général du dialogue politique et membre du Comité d’experts chargé de la formulation technique des mesures législatives suites aux recommandations du Dialogue politique tenu en 2019. Reçu Sous l’Arbre à Palabres, notre invité affirme que les réformes politiques en cours ont conduit à l’inversion du calendrier électoral. Selon lui, il faut du temps aux populations pour apprécier ces réformes.

Nous sommes à la date anniversaire de la Conférence nationale des forces vives de la nation. Quel bilan faites-vous de cette conférence à nos jours ?

C’est une évidence qu’au même titre que notre indépendance, la conférence nationale apparait dans notre histoire et dans notre parcours comme une référence. Elle a permis en Afrique noire francophone, la première transition d‘un régime dictatorial vers un régime démocratique sans effusion de sang, avec une particularité, la suspension au cours de la période transitoire d’un Etat qui avait existé jusqu’en 1990. C’était une expérience assez particulière qui a marché dans notre pays pour plusieurs raisons, notamment parce que contrairement à plusieurs autres pays africains, le Bénin traversait une profonde crise économique avec l’incapacité pour l’Etat de payer ses fonctionnaires pendant plus de 12 mois, pour certaines catégories. Le système bancaire aussi était en crise avec la faillite de la très célèbre BCB. Le système éducatif aussi a connu sa crise la plus profonde depuis les indépendances qui a culminé avec les années blanches. Sur le plan social, il y a eu des dégâts dont on n’a pas souvent parlés tels que les couples dans lesquels les hommes se retrouvaient dans l’obligation de demander à leurs femmes d’aller se prostituer pour subvenir aux besoins de la famille. Au total, en 1989-1990, le pays était dans une profonde crise politique, économique et sociale, c’est ce qui, à mon sens, a favorisé la réussite de la conférence nationale. Je le dis avec du recul parce qu’après nous, plusieurs autres pays sont allés à la conférence nationale. Et toutes les fois qu’il y a eu la conférence nationale dans les pays qui ne connaissaient pas la même gravité de crise que chez nous, ça n’a quasiment pas marché. Je prends les exemples du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Congo, et même dans une moindre mesure du Mali. Je pense que ces dates, qu’on le veuille ou non, continueront de résonner dans nos esprits et il est bien de les célébrer. Par contre, s’il y a une fracture aujourd’hui, c’est dans la gestion de l’héritage. Autrement dit, certains membres de l’opposition estiment que les acquis de la conférence nationale sont totalement bradés par le régime en place. A mon sens, il n’en est rien. En effet, les acteurs des années 1990 qui ont géré la période de la conférence nationale et de la transition avaient, sans aucun, doute un certain idéal que la réalité a obligé à infléchir. Je prends l’exemple de la gestion du Président Soglo qui n’a rien à voir avec celle du président Kérékou, la gestion de Kérékou n’a rien à voir avec celle de Soglo, de même que celle du Président Talon qui n’a rien à voir avec celle du Président Boni Yayi. Il en est de même de ce que l’on reproche, à tort, aux générations post indépendance, à savoir qu’elles auraient trahi les idéaux des indépendances. En effet, en matière de gestion politique, la réalité en impose plus que les idéaux. La lutte pour les indépendances pouvait nourrir des idéaux différents de la réalité imposée par la première crise pétrolière du début des années 70 (1974) et les premiers programmes d’ajustement de la fin des années 80. Au total, il y a une sorte de va-et-vient, je dirai même un décalage à chaque période, pour ne pas dire à chaque génération entre les réalités et les idéaux que l’on doit gérer. Aujourd’hui, on pourrait dire que par rapport à certains idéaux, on a un vécu légèrement différent qui s’assume. C’est le fait de vouloir dire qu’il faut absolument s’en tenir à un idéal de départ que beaucoup appellent « l’esprit de la conférence nationale » qui est totalement contraire à la vérité des choses. Il n’y a eu aucune manifestation officielle pour célébrer cet anniversaire cette année  Je comprends bien ceux qui estiment que la conférence nationale doit être placée au même niveau que l’indépendance et que par conséquent, aussi longtemps que l’Etat organise l’anniversaire de l’indépendance, il doit également organiser l’anniversaire de la conférence nationale. Je comprends aussi très bien ceux qui pensent que les deux évènements ne sont pas de même nature et qu’ils ne peuvent être mis sur le même pied d’égalité. Pour moi, les deux positions se valent. Peut-être qu’aucune manifestation peut nous poser problème mais je n’ai aucune gêne à ce que le gouvernement organise ou pas des manifestations officielles, ce qui compte le plus, c’est que la société et les acteurs infra-étatiques s’en souviennent. C’est un débat ouvert.

Estimez-vous que la conférence a empêché les coups d’Etat ?

Non. Historiquement, c’est plutôt l’arrivée du Président Kérékou en 1972 qui a mis fin aux coups d’Etat. Nous avons eu une dizaine de coups d’Etat de 1963 à 1972 et c’est le coup d’Etat de 1972 qui a stabilisé notre Etat pendant 17 ans. Il n’y a pas eu de coup d’Etat de 1972 à 1989 même s’il y a eu des rumeurs et à l’exception de la tentative ratée de déstabilisation venue de l’extérieur en 1977. Donc pour moi, le premier stabilisateur des coups d’Etat dans notre pays depuis les indépendances a été le coup d’état de 1972. De 1972 à 1989 on était dans un Etat dictatorial et de 1990 à nos jours, nous construisons tant bien que mal un Etat démocratique.

Vous avez publié une tribune sur les coups d’Etat en Afrique de l’Ouest. Pensez-vous que le terrorisme est à la base de cette succession ou il y a des mains extérieures ?

Dans les différents pays qui ont connu des coups d’état militaire, il y a incontestablement une juxtaposition des causes internes et externes. Quand on privilégie trop les causes internes par rapport aux causes externes, il y a une partie de l’analyse qui vous échappe. Par contre, si vous voulez mettre l’aspect externe en évidence, vous aurez les conflits à implications multiples. Il faut donc trouver le juste milieu dans l’analyse. Lorsqu’on évoque le terrorisme, on peut dire que c’est propre au Mali et au Burkina-Faso, mais pas à la Guinée. Dans ces deux pays, l’opinion publique pense, à tort ou à raison, que c’est la France qui manipule le terrorisme pour fragiliser les Etats africains. Les Maliens, par exemple, considèrent qu’au moment où ils faisaient appel à la France, il y avait une dizaine d’années et plus, seul le nord de leur territoire était occupé par les terroristes. Plus de 10 ans après, ces terroristes occupent plus de la moitié du territoire. Autrement dit, la coopération avec la France ne leur a pas permis d’obtenir les résultats escomptés.

Comment entrevoyez-vous la mise en œuvre des prochaines législatives conformément aux nouvelles réformes dont vous êtes l’un des acteurs ?

Les réformes n’ont pas été faites pour être seulement mises en œuvre en 2023. 2023 n’est que l’avant dernière étape avant la mise en œuvre totale des réformes du système partisan. 2023 prépare 2026. L’aboutissement de la réforme du système partisan est l’organisation en 2026 des élections générales. Il y aura en janvier 2026, les élections communales et législatives puis l’élection présidentielle en avril mai de la même année. Sauf que pour y arriver, il fallait réunir certaines conditions préalables. La première a été la prolongation d’un an du mandat des conseillers municipaux et communaux (2020-2026), la prolongation de 45 jours du mandat présidentiel de 2016 à 2021 et le raccourcissement d’un an du mandat des députés élus en 2023 (2023-2026). Mais en attendant les élections générales de 2026, on aura le même type d’élection en 2023 que celle qu’on a eu en 2019, à une différence, c’est que l’opposition a annoncé sa participation et c’est tant mieux pour le renforcement de la réforme. En effet, c’est la preuve que bon an mal an, les réformes sont enfin acceptées par toute la classe politique, qu’il s’agisse de la charte des partis politiques, du code électoral, du parrainage pour la présidentielle et cette fois-ci la douloureuse condition des 10% qu’il faut avoir sur le plan national pour être éligible à la distribution des sièges aussi bien à l’Assemblée nationale que dans les conseils communaux et municipaux. S’ils finissent par accepter ça, ça veut dire que toute la classe politique aura adhéré à l’essentiel des réformes du système partisan qui ont été votées en 2018 et 2019. Ça va être probablement l’avant dernière élection avant la pacification du paysage politique. Vous étiez le rapporteur du dialogue politique en 2019.

Pouvez- vous nous dire que vous étiez conscient que vous écourtiez le mandat des députés ?

Oui, oui ! Bien sûr, de 2023 à 2026, ça fait bien trois ans et non quatre ans. Le député Kassa Barthélemy a demandé de soulever une protestation pour faire savoir que son mandat a été écourté de 3 mois. La seule institution garante de la régulation politique est la Cour Constitutionnelle. Est-ce que la Cour va revenir sur sa position ? Est-ce qu’ils avaient fait valoir leurs arguments pendant que la Cour statuait ? Dans l’esprit de la réforme, il y avait aussi un point important que les gens ne perçoivent pas encore, c’est l’inversion du calendrier électoral. Dans la plupart des pays occidentaux, de vieille démocratie, la présidentielle est organisée avant les législatives. C’est le cas en France et ailleurs. Il en est de même dans les pays africains ; le Sénégal, par exemple, organise toujours la présidentielle avant les législatives, ce qui confère de fait, une primauté au Président sur les députés. C’est lui qui vient choisir à la limite les candidats qui seront retenus sur sa liste. Le Bénin a fait le choix contraire. A partir de 2026, ce sont les députés et les maires qui seront installés les premiers en janvier. Et c’est à eux maintenant de choisir le président qui viendra. Donc, non seulement, on a voulu cela pour revaloriser le rôle des députés et des conseillers communaux et municipaux, mais aussi celui des partis politiques. Donc cette fois-ci en 2026, on verra des députés et des maires avec leurs partis installés et qui vont dire tel est notre candidat pour la présidentielle et normalement ceux qui sont majoritaires à l’Assemblée et dans les conseils communaux doivent pouvoir faire élire leur candidat à la présidentielle. Si en 2026, on a une situation contraire, cela voudra dire que les Béninois auront fait l’option de la cohabitation. Le président du parti Les Démocrates affirme que mettre les élections au 08 janvier n’est pas une bonne idée, comme c’est une période de fête. Je ne sais pas si le Président du parti les Démocrates fête jusqu’au 08 janvier. Pour nous le bas-peuple, dès qu’on a fini le 1er janvier, on reprend nos activités. En fait ce que je lui répondrai, est que c’est une fois tous les 5 ans que cette trêve est demandée acteurs politiques. Ils pourront très bien faire ce sacrifice, j’espère. Désormais, avec les élections générales, nous consacrerons tous les cinq ans, six mois aux élections et quatre ans et demie au développement du pays. Et c’est ce qu’on fait déjà au Ghana, au Nigéria et dans la plupart des pays où les mandats sont alignés.

Quand vous avez ajouté 45 jours au mandat du président de la République, il y a eu un tollé. Et vous craignez aussi le tollé avec la diminution du mandat des députés ?

Oui, oui. Et ce serait légitime. Mais on va continuer de le leur expliquer.

C’est quand même trois mois de salaire ? Vous êtes sûr qu’on n’est pas capable de leur donner une indemnité de trois mois avant la fin de la législature ? Si ce n’est que ça, franchement il n’y aura pas de problème. Je suis sûr que le questeur trouvera un moyen pour faire oublier cela. Moi je craignais beaucoup que les contestations soient liées à l’esprit des textes, à savoir que quand ils étaient élus, ils avaient dit aux électeurs que leur mandat est de 4 ans. Ça m’aurait plus posé de problème que les avantages financiers, parce que vous ne savez pas tous les avantages auxquels ils ont droit pendant qu’ils sont hors session et aussi dans les Parlements régionaux et sous régionaux.

Vous ne vous reprochez pas de n’avoir pas popularisé la constitution que vous aviez révisée ?

Je dois avouer qu’à titre personnel, j’avais un problème avec l’idée de la popularisation de révisions des constitutions. A tort ou à raison. Je me suis toujours laissé convaincre que toutes les fois où on fait la popularisation, cela suscite un débat sur la question de nouvelle constitution ou pas nouvelle constitution. Une nouvelle constitution, c’est une transition constitutionnelle, c’est un vote à l’Assemblée nationale et c’est un référendum. Et toutes les fois où on a fait ça, les gens ont ouvert automatiquement le débat sur la remise à plat du compteur des mandats présidentiels. Ce fut le cas en Côte-d’Ivoire et au Sénégal (en cours) et ailleurs.

Faisons le bilan de Talon. Avez-vous le sentiment que le pays est pacifié, un an après les élections ?

Si vous voulez mon avis, ce que le président de la République est en train de faire est comme une espèce d’irrigation d’une fondation de 5m de profondeur qui aujourd’hui n’en est qu’à un mètre de profondeur ; il lui reste donc encore quatre mètres à atteindre en profondeur : soit il travaille à les atteindre avant la fin de son second mandat, soit il faut se donner les moyens de les atteindre après lui : c’est clair dans ma tête et c’est net.

Qu’est-ce qu’il reste à faire ?

L’acceptation. L’exemple des réformes. Ce n’est pas encore accepté de tous. J’ai dit tout à l’heure que progressivement l’opposition a accepté la fameuse mise en conformité. Ils ont ensuite accepté le parrainage, ils viennent d’accepter la règle des 10% pour être éligibles au partage des sièges en décidant d’aller aux élections législatives ; c’est déjà ça.

Mais est-ce qu’ils ont accepté toutes ces réformes de façon stratégique pour pouvoir occuper les postes ou les ont-ils acceptées de façon sincère, c’est là toute la question ?

Ma conviction, c’est que ces réformes n’atteindront les profondeurs de la fondation que dans 10, voire 15 ans encore. Vous savez, j’étais récemment à un séminaire de formation des jeunes du BR à Ouidah. Sur près d’une dizaine de questions qui ont été posées, 5 ou 6 portaient sur l’avenir des réformes. Je leur ai répondu que le Président Talon « va partir. Ne me demandez pas comment on fait pour que cela se perpétue. Il faut que vous-mêmes, vous vous appropriiez les réformes afin d’en devenir les défenseurs de demain ». Je pense que le président Talon n’est pas dupe. Il sait que dans notre pays, une partie de la classe politique fait le dos rond pendant qu’un président est là, en attendant son départ. Talon sait qu’il partira. Si on reste dans cet état d’esprit d’éternel recommencement, comme on l’a toujours fait depuis 91, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, on aura les mêmes conséquences.Votre collègue Aïvo est en prison. Cela fait partie de ce bilan. Est-ce que vous avez l’impression que le fait d’avoir mis Aïvo et Madougou en prison, a contribué à la pacification des relations politiques ?Bien sûr que non. Ce n’est pas en arrêtant qu’on pacifie. Par contre, je m’interrogerai sur les raisons pour lesquelles ils ont été arrêtés. Malheureusement, de ma position d’ex Garde des Sceaux, je ne pourrai pas vous livrer le fond de ma pensée.Sentez-vous le “hautement social” qu’a promis le président Talon il y a un an quand il prêtait serment pour son deuxième mandat ?J’avoue que c’est une question hautement politique. Il faut la poser aux députés et aux ministres, bref aux politiques.Mais qu’en dites-vous en tant que citoyen Béninois vivant au Bénin ?Je pense que pour apprécier les réformes sociales, il faut plus de temps que ça. Ce n’est pas seulement au Bénin. C’est dans presque tous les pays du monde que lorsque vous annoncez les réformes sociales, les gens ne les perçoivent pas toujours immédiatement. Dans notre société à nous au Bénin, on a souvent associé le social à la distribution d’espèce sonnante et trébuchante. On a applaudi le président Yayi Boni parce qu’on considère qu’il était très social notamment à travers le programme de micro crédit aux plus pauvres.J’ai noté que les programmes de micro crédit ont repris avec de nouvelles formes intégrant les critiques qui avaient été faites au président Yayi Boni. Vous savez, il y a un programme social dont on ne parle pas assez. Moi j’ai un ami qui m’a dit que quand il a aménagé dans sa maison, il n’y avait pas d’électricité. Et quand il s’était adressé à la Sbee on lui avait fait un devis de 2millions qu’il n’a pas pu payer, évidemment. Mais avec les programmes d’électrification universelle, les frais de raccordement au réseau électrique est passé de deux millions à 96 millions. Pour cet ami-là, Talon restera le Président le plus social de tous les présidents. Donc je pense qu’il y a plusieurs façons de faire le social. Comme je le dis souvent, l’un des problèmes du président Talon, c’est sa normo-communication qui fait qu’il n’accompagne pas systématiquement ce qu’il fait d’explications, alors qu’en politique, c’est extrêmement important d’expliquer. En politique, vous pouvez mal faire mais quand vous faites une bonne communication autour, ça passe comme une lettre à la poste et a contrario, vous avez beau très bien faire, si vous ne faites pas la communication qu’il faut, ça devient un fiasco. Et je pense que sur beaucoup de points, c’est le reproche qu’on peut faire à l’exercice de Talon et même les efforts récents du porte-parole Houngbédji ne sont pas encore parvenus à faire oublier cela. Revenons à la cherté de la vie….Si je suis bien l’actualité, c’est partout dans le monde la cherté de la vie. J’ai découvert dans les médias qu’au Togo, le Président Faure Gnassingbé en actant la cherté de la vie, a promis à ses concitoyens un prêt d’un mois remboursable sur douze mois pour affronter le problème. Donc cette cherté est une crise mondiale et chaque pays essaie de la gérer au mieux comme il peut. L’année dernière, ce n’est pas de cherté de la vie qu’on parlait. On parlait d’insuffisance alimentaire. A ce moment-là, le gouvernement avait décidé d’empêcher la sortie par les frontières nord du pays de certaines récoltes. Mais je pense que le président étant un ultra libéral, il ne faut pas attendre de lui une régulation intempestive du marché. Il serait plutôt pour laisser le marché chercher son propre équilibre, s’auto-réguler. Il y a une exposition en cours à la présidence à la suite du retour des 26 œuvres. On y a vu des rapprochements entre le président Talon et Zinsou, puis le président Talon et l’ancien président Soglo. Comment appréciez-vous ces rapprochements ?Vous devez déjà deviner ma réponse à cette question. Quand on a commencé le dialogue politique en 2019, nous avions souhaité que ces choses arrivent. Aujourd’hui, le premier ministre Zinsou a accepté de renter, en plus de la plus belle manière, par le même vol que le président de la République… Moi je ne peux que m’en réjouir. Ça participe de la pacification de la vie politique. Et je pense que c’est une très bonne chose de voir ces images du président Soglo et du président Talon, ainsi que du Président Talon et du premier ministre Zinsou. Je formule le vœu que cela se poursuive. Si j’ai bien compris l’attitude du président de la république, c’est « oui je suis ouvert à tous ceux à qui les réformes ont créé des dommages. Et non je ne suis pas ouvert à ceux qui ont été compromis dans une mauvaise gouvernance ». Si c’est cela la ligne rouge de démarcation, je crains que ceux qui sont encore en prison parce que condamnés par la justice pour des faits de gestion des institutions étatiques, on ait beaucoup de mal à régler ça maintenant. Quelles peuvent être les implications d’une telle réconciliation ainsi amorcée entre Talon et Zinsou, d’une part, et entre Soglo et Talon, d’autre part, sur la scène politique nationale ?Mon opinion, c’est que le rapprochement avec le Président Soglo va renforcer le pouvoir en place et affaiblir un peu plus la Résistance. Par contre, le rapprochement avec le Premier Ministre Zinsou, j’ai plus de mal à faire le lien avec la classe politique nationale. Je ne reprendrai pas à mon compte la formule malheureuse de Komi Koutché, loin s’en faut. Ce qui est vrai, c’est que je suis vraiment incapable de dire s’il est membre d’un parti et donc s’il appartient toujours à la classe politique béninoise. Je sais juste qu’après l’élection de 2016, il a pris ses cliques et ses claques et est retourné s’installer en France et que même son procès avait eu lieu en son absence. Que pensez-vous de cette réaction de Komi Koutché qui qualifiait de Lionel Zinsou d’un objet volant non identifiable sur la scène politique nationale ? Je ne sais pas pourquoi il a dit cela. C’est vrai que ça semble un peu bizarre parce qu’il a été son Directeur de campagne. Mais j’ai comme le sentiment que c’est l’expression d’une frustration. Je ne suis pas affirmatif mais peut-être que Zinsou ne l’a pas informé et que s’il ne l’a pas fait, il a pu en être frustré. Je le dis sous toutes réserves parce que je suis incapable de dire quoi que ce soit sur l’état de leurs relations depuis la présidentielle de 2016. Après, quand on est un responsable politique, il faut aussi apprendre à contenir ses frustrations. Vous savez, les responsables politiques ont tellement d’obligation que, quand ils veulent parler, on leur recommande de se taire. J’ai le sentiment que sur ce coup-là, Komi Koutché n’a pas pu contenir ses frustrations.Des initiatives se multiplient sous Talon pour mieux combattre la corruption avec la récente création d’une cellule à la présidence ?Si les citoyens se l’approprient et préfèrent aller se plaindre là-bas, ça aura été un succès mais si les citoyens l’analysent comme étant inutile, ils n’iront pas se plaindre là-bas et ce sera un fiasco. Vous savez, moi sur les réformes politiques, j’ai fini par adopter une attitude pragmatique : elles se valent toutes à condition d’avoir la capacité de se remettre en cause quand elles ne réussissent pas, c’est-à-dire faire des évaluations à mi-parcours pour voir si le chemin parcouru est concluant ou pas. Mais c’est ne pas essayer du tout qui n’est pas courageux, qui n’est même pas politique. Politiquement, on est toujours à la recherche de la meilleure gouvernance possible. Donc pour moi cette cellule vient d’être créée, attendons de voir dans un an ou deux. Vous êtes un résident de la commune d’Abomey-Calavi dans laquelle plusieurs dossiers de mafias foncières éclatent depuis peu avec des incarcérations en série de plusieurs personnalités et autorités locales. Comment vivez-vous cette situation ?Je pense que c’est malheureux pour l’image de la commune en même temps que c’est une bonne chose pour la bonne gouvernance dans la commune. Tous les trois premiers Maires de la Commune, de Dravo, Hounsou-Guèdè et Bada une bonne chose ont tous séjourné en prison pour mauvaise gestion. C’est un message fort envoyé aux gouvernants de la commune en leur rappelant que même des années plus tard, la mauvaise gestion rattrape toujours. Vous vous réjouissez aujourd’hui de n’avoir pas été élu maire ?Non pas que je me réjouisse, mais c’est une belle revanche de l’histoire, moi que tous ces trois Maires avaient battu en 2015. Donc de temps en temps ce type de retournement de l’histoire fait plaisir.L’université d’Abomey-Calavi où vous officiez en tant que maitre de conférences, a aussi connu de nouvelles réformes qui ont conduit à l’avènement de nouveaux responsables internes. Comment appréciez-vous le travail qu’ils abattent depuis qu’ils ont été installés ? Là aussi, les réformes ne sont pas encore allées en profondeur et il faudra encore un peu de temps pour cela. C’est clair aussi que certains gouvernants actuels de l’université se plaignent de ne plus avoir la maitrise de leurs budgets ou encore des processus décisionnels à cause des conseils d’administration et je les entends. Ils ont le sentiment d’être totalement dépouillés de leurs prérogatives, ce qui n’est pas faux. Mais une fois de plus on revient à l’esprit des réformes et à la fin de leur premier mandat on va faire une évaluation pour voir si c’est bon ou pas. Et si on constate que ce n’est pas bon on sera capable de revenir là-dessus. En ce qui concerne les cas de fraude, à partir du moment où il y a des tricheurs étudiants, c’est qu’ils sont en complicité avec d’autres acteurs et les acteurs de l’université ne sont pas illimités. Il y a plusieurs années en arrière, il n’y avait aucune sanction, aujourd’hui, il y a des cas d’emprisonnement ; on a arrêté récemment, des doyens donc je pense que les meurs avancent et il faut s’en réjouir. Au niveau des enseignants, c’est pour moi la pire des situations. Si l’enseignant lui-même s’adonne à des pratiques de fraude pour évoluer dans sa carrière, ça devient désespérant. Le CAMES a eu raison de prendre des sanctions qui sont regrettables pour les uns et positives pour les autres. Et comme je le dis toujours à ceux qui ont contesté ces décisions de sanction, c’est au conseil des ministres composé de 17 ministres de 17 Etats différents qu’il faut s’adresser ; pas à la presse, pas aux réseaux sociaux, pas aux étudiants et surtout pas à leurs collègues. Au conseil des Ministres du CAMES, les décisions se prennent à l’unanimité. C’est ainsi que le Ministre de l’enseignement supérieur du Togo s’est retrouvé à adopter des sanctions contre son propre collègue, le Ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey Ça veut dire simplement que le CAMES a fait l’option de valoriser davantage encore les ressources humaines, plutôt que de les laisser se salir par des pratiques totalement inacceptables. Nous sommes des éducateurs et si on veut que les enfants nous ressemblent, il faut qu’on leur donne de bons exemples. Si les enfants ont le sentiment que les enseignants eux-mêmes trichent, pourquoi voulez-vous leur interdire de tricher ? Ex acteur politique et responsable de parti politique, Victor Topanou se consacre aujourd’hui essentiellement à des travaux scientifiques et à sa fonction d’universitaire. Dites-nous vous avez définitivement quitté le terrain politique ?Ah oui, pour l’instant, je m’y sens mieux sans. C’est une option. Que pensez-vous de la situation en Ukraine ?Cette crise m’inspire un sentiment profond d’injustice. Les rapports de force entre l’Ukraine et la Russie sont peut-être de 1 à 1000. Et décider comme cela de faire la guerre à un pays de 45 millions d’habitants me semble profondément injuste. Je fais partie de ceux qui n’acceptent aucune circonstance atténuante à la Russie et nous sommes rares. Sur les réseaux sociaux et dans la presse, j’ai vu tout un discours de légitimation de cette guerre où l’on soutient que la Russie avait raison de la faire ; dites-vous qu’aucune de ces raisons ne tient la route. Simplement parce que, même si l’Ukraine était l’ennemi numéro 1, il n’y a personne, et je dis bien personne pour lui déclarer la guerre parce qu’elle est une puissance nucléaire, la première ou la deuxième au monde, avec toutes les composantes, sol-sol, sol-mer, mer-sol, sol-air. Personne ne peut faire la guerre à la Russie. Et la Russie ne le sait que trop bien. Il en est de même des Etats-Unis. Malheureusement, dans les relations internationales, il y a beaucoup de non-dits. Lorsque les Américains ont voulu faire la deuxième guerre d’Irak, comme Poutine l’a rappelé, ils l’ont fait contre la volonté des Nations Unies qui ont voté une résolution contraire. Pourtant, ils l’ont faite. Mais on n’a pas dit à l’époque, pourquoi ils l’ont fait. Or c’est l’un des éléments de la crise actuelle aussi. Vous savez, contrairement à nos pays africains, les armées occidentales, y compris russes, sont soutenues par ce qu’on appelle un complexe militaro-industriel. Or la Russie n’a plus fait de guerre depuis 1945 et de 1945 à aujourd’hui, elle a accumulé des centaines et des milliers d’armes qu’il faut bien se donner les moyens d’expérimenter un jour ou l’autre. Car vous avez beau avoir toutes les armes, si vous ne les utilisez pas une fois, vous ne saurez pas si elles sont réellement efficaces. Aujourd’hui tout le monde parle des conséquences des armes nucléaires, parce qu’il y a eu Nagasaki et Hiroshima. Dans mon esprit, il est clair que la Russie voulait cette guerre pour tester ses nouvelles armes et faire une démonstration de force. Malheureusement aujourd’hui, ce sont les ukrainiens qui sont les cobayes, comme ce fut le cas des Irakiens hier. Malheureusement, ce n’est que ça, les relations internationales et c’est son côté parfois cynique, dur et inhumain.Il y a par ailleurs le djihadisme qui se développe à nos frontières, qu’en dites-vous ?C’est mineur aujourd’hui par rapport à toutes les bombes que la Russie est en train de larguer sur l’Ukraine. Cet évènement vient relativiser les choses, comme le disait un ami, jusqu’à la veille de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, on ne parlait du Covid, mais aujourd’hui, plus personne n’en parle ; on ne parle plus que de la guerre en Ukraine. Il en est de même, chez nous en Afrique depuis peu. Plus personne ne parle du terrorisme, alors que cela nous a totalement occupé ces derniers mois. C’est comme ça, malheureusement.