Views: 8
La presque totalité des éléments présents au poste au point triple de Banikoara ont été tués ce mercredi 08 janvier 2025. Leurs corps ont été ensuite regroupés par les criminels, aspergés d’essence puis brûlés. Les assaillants se sont alors occupés du matériel en place qu’ils ont méthodiquement détruits et brulés. Ils ont emporté enfin tout ce qui pouvait l’être. L’opération a duré de 16h environ jusqu’au petit matin. Les nôtres n’ont reçu aucun renfort. Ils ont été tous massacrés par les pires barbares que la terre puisse engendrer. Je sais que vous vous posez la même question que moi : que s’est-il donc passé pour qu’aucun renfort, aucun appui ni aérien ni terrestre ne vienne au secours de nos frères ? Que s’est-passé pour qu’aucun des dispositifs d’observation n’ait pu détecter une centaine d’individus armés circulant à moto sur notre territoire pendant des heures ? Que s’est-il donc passé ?
Rendons d’abord hommage à tous nos hommes tombés au champ d’honneur. Rendons-leur hommage pour le sacrifice suprême qu’ils ont consenti pour la sauvegarde de notre nation. Mais alors le prix qu’ils ont payé est trop lourd. Nul ne mérite le sort qu’ils ont subi.
Comme pour donner une leçon de proactivité à l’armée béninoise, les assaillants de mercredi ont été cueillis de l’autre côté de la frontière, au Burkina-Faso. Une trentaine d’entre eux ont été abattus samedi. Parmi les bandits éliminés, on peut reconnaitre nettement certains qui ont paradé dans le camp du Point triple en feu. C’est dire que quelque chose a bien dysfonctionné au Bénin. Que ce soit au niveau du renseignement, au niveau de la capacité de riposte ou de la poursuite de ces bandits sans foi ni loi, l’armée béninoise est restée en retard. Le point névralgique de tout cela reste le renseignement. Il est impossible que tout ce monde ait traversé le Burkina-Faso ou le Niger, sans que les renseignements de ces pays aient pu les voir passer. Et probablement, ils ont laissé faire, sans même informer le Bénin. Est-ce de la méchanceté ? C’est la conséquence logique des mésententes diplomatiques engendrées depuis juillet 2023 par le coup d’Etat à Niamey. Le Bénin s’est d’abord enfoncé dans une diplomatie sans vision, avant de se ressaisir. La faute commise par Patrice Talon nous suit jusqu’aujourd’hui.
A la vérité, les assaillants de Banikoara ont profité des mésententes profondes entre les pays de l’AES et le Bénin. Car, même si les défaillances au niveau diplomatique peuvent se comprendre, au plan sécuritaire, les différentes armées devraient pouvoir coopérer. Mais l’attaque de la semaine dernière montre à suffisance que ce n’est pas le cas. A la suite de cette attaque, des drones béninois ont pu observer la colonne des bandits se déployant du côté burkinabè. Ce n’est pas la première fois que les Béninois ont bien vu des terroristes s’organiser de l’autre côté, sans pouvoir intervenir ni donner l’alerte à leurs homologues du Burkina ou du Niger. Il en est de même pour les deux autres pays. Le diable qui s’est incrusté entre ces Etats a un nom : il s’appelle méfiance outrancière. La question est donc de savoir à quel moment toutes ces personnes qui ne manquent tout de même pas de bon sens, vont s’entendre pour lutter contre le terrorisme.
Pour le moment, il est temps de changer la nature de la riposte béninoise au terrorisme. Il est temps que le dispositif de soutien aux positions avancées de nos forces armées, soit repensé en profondeur. Personne ne peut comprendre qu’une quarantaine d’hommes soient restés sans aucun appui de 16h au petit matin. Les terroristes ont eu le temps de les massacrer tous, de prendre possession du matériel, de faire le ratissage nécessaire pour récupérer les leurs blessés ou morts. Et de repartir tranquillement, comme s’ils étaient venus en vacance. En temps normal, même 15mn de combat auraient suffi pour que des vecteurs aériens (drones ou hélicoptères de combat) soient mis en branle en appui à ceux qui sont au combat face aux hors-la-loi. Je me demande même pourquoi le Bénin refuse d’acquérir certains types de drones, notamment les fameux TP2 turcs dont l’efficacité n’est plus à prouver. Tout compte fait, les matériels saisis sur nos soldats risquent de revenir sur notre territoire.
J’ai suivi ce week-end une vidéo de ces hommes sans foi ni loi regroupés en cercle par centaines, et se vantant de leur tuerie au Bénin. Entre nous : est-ce bien Allah qui demande de faire tout cela ?