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Le triomphe de la vérité

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Face aux drames répétés: La pression monte sur Talon pour réformer le secteur de l’essence ‘’Kpayo’’


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Les Béninois sont encore sous le choc du drame survenu, le samedi 23 septembre dernier, dans un entrepôt de carburant de contrebande à Sèmè-Kraké. Tandis que des voix s’élèvent pour appeler à sa réorganisation, d’autres, face à l’ampleur des dégâts enregistrés et les répercussions négatives du commerce de l’essence de contrebande appelée ‘’Kpayo’’, invitent le Chef de l’Etat à sa suppression pour éviter ces tragédies.

Au moins 36 morts calcinés et une dizaine victimes de brûlures sévères. C’est le triste bilan de l’explosion de l’entrepôt clandestin d’essence de Sèmè Kraké, ville frontalière au Nigeria, devenue la porte d’entrée de l’essence frelatée communément appelée ‘’Kpayo’’. En dehors des morts, il y a eu plusieurs blessés graves et d’énormes dégâts dont des habitations, des voitures et des motos entièrement consumées. L’incendie, selon les informations du procureur de la République Abdoubaki Adam-Bongle, aurait été probablement déclenché lors du déchargement des sacs d’essence communément appelés “Bohoumbo”, d’un véhicule de marque Nissan immatriculé AR 1937 RB. Les blessés conduits aux urgences sont pris en charge par le gouvernement et le Parquet a ouvert une enquête complète sur les circonstances entourant cet incendie tragique. Une cellule de crise est installée afin de renseigner les parents des victimes, recueillir les informations permettant d’établir la cause exacte de l’incendie, de déterminer toute responsabilité criminelle éventuelle, et de garantir que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles.

La vente de ‘’Kpayo’’, une activité à risque

A Cotonou et pratiquement dans toutes les régions du Bénin, l’essence frelatée est vendue en plein air. Les étals jouxtent les abords des voies de la nuit à la belle étoile. L’essence vendue coûte moins cher que celle des stations-services. Plus de 54.000 acteurs récemment enregistrés, exercent dans ce commerce de l’essence de contrebande. Bien que l’activité soit répandue depuis des lustres, elle n’est pas sans conséquence surtout avec les conditions précaires de conservation de cette essence et pire dans les agglomérations. Ce qui la met en permanence en danger. Même si ce drame de Kraké reste le plus meurtrier, on pourrait évoquer entre autres cas le décès de deux enfants à Ekpè le vendredi 6 mai 2022, dû à l’essence de contrebande. A Djèrègbé le samedi 2 mai 2019, un camion transportant le l’essence de contrebande a pris feu bloquant la voie. En mai 2017, une station d’essence de contrebande a explosé à Cotonou et fait deux blessés graves. En 2005 par exemple, deux personnes décédaient dans un incendie à Dantokpa. La même année, sept personnes avaient été blessés suite à l’explosion d’un entrepôt d’essence de contrebande de la ville de Parakou. On pourrait aussi évoquer cet incendie qui avait ravagé une famille à Cotonou, après qu’un bidon d’essence transporté par un trafiquant s’est détaché et est tombé sur le capot de la voiture qui suivait.

Les populations partagées entre suppression et réorganisation 

Cet énième incendie inquiète les populations. Elles craignent que cela se reproduise vu que la vente de l’essence continue aux abords des voies. « Il y a assez de morts », déplore Géraud Magnimom, qui soutient que l’Etat supprime. « Ce qui s’est passé à Kraké est un évènement tragique. Tu vas à Lomé maintenant, tu ne trouveras pas la vente de l’essence aux bords des voies. C’est le voisinage avec le Nigéria qui favorise cela chez nous », a-t-il dit. Cet avis est partagé par Michel Agassa, qui avoue que l’Etat a tous les moyens pour aider les vendeurs de ‘’Kapyo’’. « Ce qui va tuer les gens, il faut le laisser et faire un autre commerce », a-t-il soutenu. Par contre pour Parfait Dossou, même s’il reconnait que les dégâts sont énormes, il trouve que l’État doit ouvrir des stations plus proches de la population. « Supprimer pour le moment, c’est trop précoce mais les sensibiliser davantage serait bien. La solution est de mettre fin à ce commerce illicite. Mais pas de façon brusque parce que le Bénin ne dispose pas de stations dans tous les coins », confie-t-il. Allant dans le même sens, Donatien Houadjêto propose que l’Etat met en place des taxes pour les motos comme pour les voitures, où chaque année, il faut payer 5000f ou 10000f afin de subventionner l’essence à la station. « Sans la subvention et malgré la création des mini-stations, le ‘’Kpayo’’ va revenir d’une manière plus corroborer. C’est là où il y a le moins cher que nous voulons. Aujourd’hui, l’essence est chère au Nigéria. Il suffit que le gouvernement subventionne plus à la station pour qu’elle revienne à 500f le litre. Vous allez constater de façon libre et responsable que tout le monde va laisser facilement le ‘’Kpayo’’ », indique Donatien Houadjêto.

L’appel pressant des politiques et de la société civile

Après le drame, les personnalités et partis politiques et civiles ont appelé le gouvernement à accélérer les mesures pour réglementer et sécuriser le commerce des produits pétroliers. Dans le rang des partis politiques, le parti Moele-Bénin a invité les acteurs du secteur de l’essence de la contrebande à soutenir les efforts du gouvernement et l’accompagner dans la réorganisation de la commercialisation de ce produit. C’est le cas par exemple du parti UP le Renouveau, qui a encouragé la poursuite des efforts pour une réorganisation et un meilleur encadrement de cette activité de commercialisation des produits pétroliers. « Il devient impérieux que des solutions pérennes soient trouvées en vue de la professionnalisation de cette activité pour la sécurité des populations », a écrit le président du parti, Joseph Djogbénou. Pour Eric Houndété, président du parti Les Démocrates, cette négligence et le manque de surveillance dans ce commerce de l’essence ne peuvent plus être tolérés. Il a exhorté le gouvernement à agir avec diligence, rigueur et humanité pour assurer la sécurité de chaque citoyen. Pour sa part, le Bloc Républicain s’est engagé à travailler avec les autorités locales et nationales pour assurer que de telles tragédies ne se reproduisent. De même que les acteurs politiques, la Conférence épiscopale a lancé un appel à « des mesures de sécurité appropriées afin que de telles tragédies puissent être évitées à l’avenir. Les évêques en ont profité de l’occasion pour souhaiter également la mise en place de programmes de reconversion pour les acteurs touchés par cette tragédie, afin qu’ils puissent retrouver espoir et stabilité dans leur vie.

Le gouvernement déjà à l’œuvre

Conscient de la dangerosité de ce commerce, le gouvernement a mis sur pied une politique de reconversion des vendeurs. Il s’agit de l’installation des mini-stations à Cotonou et un peu partout au Bénin pour commercialiser l’essence. Même si l’Etat ne veut pas supprimer la vente de l’essence, à en croire, le secrétaire général national de l’association des importateurs, des revendeurs et transporteurs de produits pétroliers, Théophile Adjovi, il leur est désormais interdit l’installation des magasins de stockage d’essence ou de tous produits pétroliers dans les agglomérations. « C’est une activité dangereuse, illicite, mais les personnes qui font ce commerce le font, car ils n’ont pas le choix », a expliqué le ministre Romuald Wadagni avant de justifier l’ambition du gouvernement, qui entend mettre en œuvre son programme du secteur établi depuis plusieurs mois. « Ça fait plus d’un an maintenant que le gouvernement a réfléchi sérieusement à la question y compris avec les acteurs et à définir un modèle de réorganisation de ce secteur afin de le formaliser. Et cela a conduit à une certaine prospection hors du pays pour voir des industries qui pouvaient nous fabriquer des mini-stations en grand nombre », a-détaillé le porte-parole du gouvernement, Wilfried Houngbédji. Pour sécuriser cette activité en entendant d’autres réformes, le gouvernement a déjà acquis 2 000 mini-stations dont le plan d’installation est défini. Certaines stations sont déjà installées dans plusieurs quartiers de Cotonou dont Gbèdjromèdé, Sainte Rita et Cadjèhoun. Après les rencontres avec le gouvernement, les acteurs encore dans l’informel dans cette activité, selon Théophile Adjovi, sont prêts à suivre les consignes des autorités.

A. T.

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