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Après avoir constaté le soutien du Bénin aux décisions de la CEDEAO, qui n’écarte d’ailleurs pas l’option militaire au Niger, le parti Les Démocrates a fait une sortie de protestation le samedi 16 septembre 2023 à l’espace Vidolé à Cotonou. La formation politique s’oppose à toute intervention militaire et invite le gouvernement à ne pas déployer des forces militaires béninoises sur le Niger.

Ce que vous devriez savoir : « On sait quand une guerre commence, mais la fin est incertaine. Ses ravages vont bien au-delà des champs de bataille. Ils s’infiltrent dans les maisons ». C’est en ces termes que le président du parti Les Démocrates, Eric Houndété, chef de file de l’opposition s’est exprimé devant ses militants appelant ainsi le gouvernement à ne pas s’impliquer dans le déploiement de militaires à Niamey. Même si cela est né d’une bonne intention, il dit vouloir mesurer les conséquences. Il cite par exemple les guerres du 20è siècle en Europe qui ont laissé plusieurs familles dans des ruines. Sur le continent africain, le président des Démocrates évoque la Somalie, la RDC, le Rwanda etc. Alors que la communauté de la CEDEAO dont fait partie le Bénin envisage une intervention pour rétablir l’ordre de la démocratie, le parti Les Démocrates attire l’attention sur ce que l’opération va dégénérer en guerre contre le Niger.
Entre les lignes : Dans son discours, Eric Houndété s’indigne contre la posture du Bénin et exige la « levée immédiate des sanctions et la réouverture des frontières » avec le Niger. Car, selon lui, les conflits armés portent bien plus souvent des gênes de destruction que de promotion de la paix. « Une guerre aura des conséquences dévastatreuses sur l’économie de notre nation », déplore-t-il. Le chef de file de l’opposition rappelle qu’en octobre 1965, le Bénin a connu des affrontements violents avec le peuple du Niger. « Ces tensions ont engendré de profonde blessure, entretenu des rancœurs et une déviance qui ont pris des décennies à se cicatriser. Les Béninois au Niger à l’époque ont été contraints de tout abandonner », a-t-il fait savoir. Il regrette que par le passé, le même entêtement qui caractérise les autorités de la CEDEAO, avait animé le président Nigérien Hamani Diori, qui pour forger son ami personnel avait transgressé toutes les règles du vivre-ensemble. « Allez dire à ceux qui font l’apologie de la guerre, qui sont pires et qui se disent plus intelligents que nous depuis 2016, d’aller interroger l’histoire du Danxomè pour apprécier les ravages de cet entêtement à s’engager dans une guerre », a-t-il laissé entendre.
Par ailleurs : « Au lieu d’envoyer des troupes, envoyez des diplomates », a suggéré Eric Houndété, qui fait comprendre que le Niger est plus qu’un pays voisin. « C’est un partenaire. C’est un allié. De nombreux béninois y étudient. La majeure partie de notre importation alimentaire proviennent du Niger. Il en est de même de notre exportation. Nous avons l’obligation morale de prioriser la paix et la stabilité non seulement pour nous même, mais aussi pour nos voisins », dit-il avant d’inviter le Bénin à prôner le dialogue, à adopter une posture pacifique au sein de la CEDEAO, à faire de la diplomatie son principal instrument et à réfléchir profondément avant d’engager la nation dans une guerre.
Alban TCHALLA