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Le triomphe de la vérité

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A la suite du drame de Dassa: L’ambassadeur Jean-Pierre A. EDON appelle à la renaissance du chemin de fer


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 Le cruel accident survenu dimanche dernier à Dassa à la suite d’une collision entre un bus de transport en commun et un camion continue de susciter  de vives réactions. Spécialiste des questions internationales, l’Ambassadeur Jean-Pierre A. EDON  préconise  la revitalisation du chemin de fer au Bénin qui pourrait être une solution pour éviter de tels drames à l’avenir. « …Dans les pays industrialisés et émergents, malgré les progrès technologiques des autres moyens de transports, le chemin de fer occupe toujours une place de choix et jouit d’une modernisation constante. » a-t-il fait savoir dans une réflexion dont  l’intégralité ci-après.

  LE DRAME DE DASSA ET L’INTERET DU CHEMIN DE FER

Le 29 janvier 2023, les Béninois ont assisté abasourdis à un évènement tragique au niveau de la ville de Dassa-Zoumé. Il s’agit d’un accident de route par un bus de transport en commun ayant provoqué des dizaines de morts et de blessés dans des conditions horribles, violentes et très tristes. Ce drame récurrent interpelle tout le monde, en particulier les usagers de route, les conducteurs des bus et poids lourds ainsi que leurs propriétaires.

L’irréparable étant malheureusement fait, il importe alors de penser aux précautions à prendre en vue de limiter à l’avenir la répétition et la fréquence de pareilles catastrophes.

Au cours de ces dernières années où les bus ont pris d’assaut les voyages du Sud vers le Nord en aller et retour, plusieurs accidents se sont produits avec des dégâts importants. La grande émotion suscitée au sein de la population et du Gouvernement par celui du Dimanche dernier, relève de son caractère particulièrement tragique, inédit et de l’importance sans précédent des dégâts humains et matériels.

De nombreuses voix se sont levées pour déplorer le drame et manifester leur compassion à l’égard des familles éplorées, tout comme l’ont si bien fait les Autorités de l’Etat. Un bon diagnostic de cette situation ne saurait se faire sans en évoquer les causes.

Quelques-unes des causes de ce genre de drame

La première cause est l’état désastreux des routes, leur vieillesse et leur caractère statique qui ne tient pas compte de l’évolution numérique rapide du parc automobile du pays. Le trajet Sud -Nord a besoin d’entretien permanent pour être utilisé non seulement par les véhicules des nationaux, mais aussi par ceux des pays de l’hinterland.

En conséquence l’usure inévitable des voies entraine de part et d’autre des casses qui deviennent des trous béants et larges. Au lieu de vite les réparer, on attend qu’ils deviennent dangereux ou qu’ils provoquent des chocs graves avant de réagir.

Une deuxième cause est le mauvais état et le mal entretien des équipements roulants, avec des pneus très usés et des freins qui ne fonctionnent pas. Quant aux phares, ils sont mal réglés, les clignotants en panne etc…

Une autre cause est à rechercher dans les mauvais comportements des conducteurs. A voir leur manière de conduire les bus, on ne saurait s’étonner de l’avènement d’une catastrophe du genre. En effet, très pressés d’arriver vite à destination, ces chauffeurs roulent à vive allure, même dans des endroits comme les agglomérations où le code de route interdit l’excès de vitesse. Pire ils se permettent des dépassements dangereux, même dans des virages.

En gros ils ne respectent pas le code de route et se comportent comme s’ils ont la priorité sur tous les autres véhicules partageant les mêmes voies qu’eux. Ils ne sont pas conscients de ce qu’on ne saurait conduire un véhicule de cet acabit comme une voiture légère. Il se pose alors un problème de formation, de responsabilisation et de conscientisation.

A ces causes s’ajoutent les attitudes regrettables telles que l’indiscipline notoire, le manque de conscience et de responsabilité. L’une des manifestations de l’indiscipline est leur manière de s’imposer aux autres usagers de la route à cause de la force que constituent les poids lourds et volumineux de leurs matériels roulants.

Le tableau non exhaustif ci-dessus présenté, est aussi valable pour les chauffeurs des camions et divers poids lourds. Pour cette catégorie, on peut ajouter un autre constat, à savoir l’insuffisance d’expériences pour les véhicules de ce gabarit, du fait qu’aujourd’hui la plupart d’entre eux est très jeune et manifeste une certaine inconscience.

Les accidents de route se produisent partout de manière inattendue, ce qui est anormal c’est leur fréquence dans notre pays. Par l’utilisation des bus de transport en commun, les passagers sont à la recherche de la sécurité, les taxis habituels étant moins sûrs.

L’avantage du chemin de fer par rapport aux accidents de route

Le recours massif aux services de ces gros porteurs répond à l’adage selon lequel la nature a horreur du vide. Ces moyens de locomotion viennent en effet combler le vide laissé par la disparition du train. Certes le train n’est pas une panacée en la matière, toutefois il est plus sûr que les autres moyens de transport terrestre.

En effet il est partout prouvé, même au Benin que les accidents sur le chemin de fer sont rares et moins fréquents que sur la route. C’est à défaut du train que les passagers, n’ayant plus de choix, se précipitent vers les bus.

Depuis environ cinq ans, la presse a fait état de ce que le projet de rénovation et construction du chemin de fer est en bonne voie. Mais depuis ce moment à nos jours, rien ne se fait sur le terrain. Au contraire on note l’apparition de certains signes inquiétants qui font perdre tout espoir quant au rétablissement de la voie ferrée.

Quoique ne connaissant pas bien le programme du gouvernement dans ce domaine, nous osons toutefois plaider en faveur du rail qui est aussi un facteur et un indice du développement. La preuve en est que dans les pays industrialisés et émergents, malgré les progrès technologiques des autres moyens de transports, le chemin de fer occupe toujours une place de choix et jouit d’une modernisation constante.

Tenant compte de la ferme détermination du chef de l’Etat de positionner le Benin sur la voie du développement par des réformes audacieuses et salutaires qui produisent déjà de bons résultats, notre conviction partagée par d’autres observateurs, est que le chemin de fer peut être réhabilité dans les meilleurs délais, si telle est la volonté du Président de la République.

Quelques pistes de réflexions et d’actions en vue de contrer le mal

En somme, la réflexion sur la question des accidents de route au Benin implique quelques actions et reformes ci-après :

  • Prêter une attention accrue à la construction et l’entretien des routes inter-urbaines et inter-états. Dans ce cadre il est souhaitable qu’à court terme le trajet Sud-Nord soit transformé en autoroute.
  • Revoir les conditions de délivrance des permis de conduire aux chauffeurs des bus et camions de tout genre. Instituer au besoin des permis à points qui impliquent leur retrait définitif à l’épuisement des points résultant d’un certain nombre d’accidents de route faits par le conducteur.
  • Renforcer les visites techniques des gros porteurs et les rendre semestrielles. Tout véhicule de cette catégorie qui ne répond plus aux normes techniques requises devra être purement et simplement retiré de la circulation.
  • Re-instituer le contrôle de vitesse sur les grandes routes à l’intérieur du pays et la limiter à 80km /h, avec un accent particulier sur la sécurité routière.
  • Prendre en urgence les mesures nécessaires pour réhabiliter le chemin de fer et le moderniser en vue d’avoir des trains rapides et confortables. Dès lors, les passagers pourront opter pour la voie ferrée qui offre plus de sécurité. Le train est le moyen de transport terrestre le plus sûr.

Avec le concours des spécialistes en la matière, d’autres mesures peuvent encore être prises comme celles issues du conseil des ministres du 1er Février 2023. Par ailleurs, la circulation dans nos villes surtout Cotonou est un peu désordonnée du fait que peu d’attention est accordée au code de route. La conduite se fait non pas en fonction de la réglementation appropriée, mais par débrouillardise. En réalité, le constat des mauvaises pratiques de conduire sur les grandes routes, est le reflet de ce qui a cours dans les villes principales.

Par exemple aucun automobiliste, ni conducteur des véhicules à deux roues, ne respectent le podium placé dans les carrefours et les agents de police en place regardent faire sans réagir, ce qui encourage cette indiscipline. Il s’avère indiqué qu’une attention particulière soit dorénavant accordée au mode de circulation sur nos routes et dans les grandes villes pour éviter à l’avenir la résurgence de ce genre de drame qui pourrait se produire aussi dans les principaux centres urbains, si l’on n’y prend pas garde.

Jean-Pierre A. EDON

Ambassadeur, spécialiste des questions internationales.

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