.
.

Le triomphe de la vérité

.

Analyse de l’Ambassadeur Jean-Pierre A. Edon: Le monde est guidé par l’intérêt et non l’amitié


Visits: 91

Dans une démarche de préservation de la paix dans le monde à travers la prise de conscience des pays, le diplomate béninois et spécialiste des questions internationales, l’ambassadeur Jean-Pierre Edon, porte ses réflexions sur les raisons de la complication des problèmes internationaux et le risque d’un conflit mondial dans le contexte actuel où les intérêts gouvernent le monde.Ceci, dans le but de chercher une formule pour allier les intérêts nationaux aux valeurs fondamentales et conscientiser les dirigeants sur les conséquences de la domination de l’intérêt dans le monde.

LE MONDE EST GUIDE PAR L’INTERET ET NON L’AMITIE

Les évènements qui se produisent aujourd’hui dans le monde sont instructifs à plus d’un titre. Ils confirment le principe propre aux relations internationales et solennellement déclaré par un grand homme politique européen du XXe siècle selon lequel, un pays n’a pas d’ami, il n’a que des intérêts.

Les intérêts d’un pays ne sont pas seulement d’ordre économique, bien que celui-ci occupe une place de choix. Ils sont aussi politiques, culturels, historiques et surtout stratégiques. Mais tous convergent vers la recherche et la consolidation de la puissance économique et militaire, avec pour objectif final, la domination.

Dans la gestion des rapports entre Etats, il arrive que la paix soit perturbée au point où l’humanité ne soit plus loin d’une situation chaotique que d’aucuns qualifient déjà de troisième guerre mondiale. Or une crise de cette ampleur serait difficile à gérer, et les Nations-Unies chargées de veiller à la paix et la sécurité internationale auront du mal à y faire face ; car cette noble institution internationale se trouve malheureusement affaiblie, du fait de la non-application scrupuleuse de ses résolutions et de la violation de sa charte par des Etats membres.

L’amitié, la solidarité, l’assistance désintéressée, l’humilité etc…, sont des valeurs fondamentales qu’il faut défendre. Malheureusement, elles disparaissent devant les intérêts, et le reste n’est que des vœux pieux.

Raisons de la complication des problèmes internationaux

Aussi les problèmes de ce monde se compliquent-ils à cause de l’hypocrisie et le manque de vérité qui caractérisent leur gestion. Sinon comment comprendre la politique de deux-poids-deux mesures devenue les pratiques de ceux qui sont au centre des décisions. Comment expliquer aujourd’hui la persistance des conflits qui remontent à plusieurs décennies en arrière, dont la communauté internationale est consciente du danger et connait bien le règlement approprié qu’elle n’est pas prête à appliquer pour des raisons d’intérêts particuliers.

Tout se passe comme si certains peuples sont supérieurs à d’autres, or ce comportement raciste à visée dominatrice et égoïste était à l’origine de l’extermination de millions de juifs pendant les deux guerres mondiales. Le constat amer fait par les observateurs des évènements internationaux, est que le monde d’aujourd’hui semble tolérer les maux comme le nazisme et le nationalisme étriqué qui ont causé beaucoup de torts à l’humanité dans un passé récent, comme si l’histoire se répète, or il avait été dit « plus jamais ça ». L’une des illustrations éloquentes de cette attitude est à rechercher dans des invasions dont certaines sont applaudies et d’autres, désavouées. Or toute atteinte à l’intégrité territoriale d’un pays est condamnable et demeure une violation du droit international.  Et tout ceci en vertu de certains intérêts dont la défense par tous les moyens, entraine de nombreuses pertes en vie humaine.

Le cas de la guerre en Ukraine

Avec la guerre en Ukraine par exemple, le monde assiste à certaines mutations. La vie est devenue chère partout et personne ne peut prévoir la fin de cette crise devenue complexe, avec des signes qu’elle sera longue. A cause de cette situation regrettable, plus d’une centaine de nations au monde se trouve subitement en difficultés, notamment en matière d’approvisionnement alimentaire, énergétique etc…, avec une flambée des prix incroyable de tous les produits, générant une inflation très élevée. Le chauffage des habitations devient difficile alors que l’hiver se fait déjà sentir.

 La guerre persiste et l’on se préoccupe peu du cessez-le-feu, de la recherche d’un compromis par des négociations. Or tous les faits et péripéties enregistrés depuis son déclenchement, prouvent sans ambiguïté que la victoire ne sera pas militaire, mais diplomatique.

 La preuve en est que toutes les masses monétaires exorbitantes et les énormes équipements militaires lourds, sophistiqués engloutis dans cette bataille, n’ont pas pu à ce jour, assurer la victoire à aucune des parties au conflit. Pourquoi ne pas faire alors économie des destructions des infrastructures socio-économiques et des milliers de morts, en entamant sans délai des pourparlers pour une issue heureuse rapide de la crise ? Car il n’est pas exclu à court terme que les populations, ne pouvant plus supporter les conditions de vie de plus en plus difficiles, provoquées par cette guerre, ne se soulèvent contre leurs Autorités respectives ?

La réponse à cette question se trouve dans la persistance à défendre, coûte que coûte, des intérêts économico-stratégiques qui apparaissent prioritaires par rapport à l’être humain confronté à la mort massive quotidienne. Heureusement que le pragmatisme politique intervient de temps à autre pour faire baisser la tension.

La réversibilité des positions liée aux intérêts

En effet le paradoxe, dicté par le pragmatisme, est qu’en vertu desdits intérêts, la realpolitik amène des Etats autrefois adversaires à revoir leurs positions en vue de jeter les bases d’une coopération mutuellement avantageuse. Par le passé et aujourd’hui encore, nombreux sont les cas de ce réalisme politique. Ses manifestations existent un peu partout à travers le monde, et des acteurs non avertis s’en offusquent.

Ces changements de positions à des moments donnés, confirment une fois encore l’idée que dans les rapports inter-étatiques, c’est l’intérêt qui prime, non pas l’amitié, et que dans les relations nationales et internationales il n’y a pas d’adversaires, ni de partenaires éternels. Tout évolue et change en fonction des intérêts du moment. Mais si l’on n’y prend pas garde, les considérations machiavéliques qui entachent quelquefois ces rapports bilatéraux ou multilatéraux, risquent d’hypothéquer ces mêmes intérêts que l’on prétend défendre avec tant de force.

Le risque d’un conflit mondial dans le contexte actuel

En effet, au cours de ces cinquante dernières années, le monde a connu beaucoup de conflits armés. Les uns ont pour cause, l’injustice, d’autres le mensonge, et un certain nombre l’hypocrisie ainsi que la recherche effrénée d’intérêts d’Etat. La gravité de cette situation alarmante est qu’elle perdure en s’empirant. Dans ces conditions, la justice est à sauvegarder, car lorsqu’elle déserte le forum, la raison du plus fort s’installe et devient la meilleure, mais elle n’engendre aucune solution, le problème que l’on s’évertue à résoudre demeurant entier.

A cette allure, l’humanité court vers un troisième conflit mondial qui malheureusement, n’épargnera personne, quels que soient les moyens militaires sophistiqués dont disposent certaines nations. Dans l’hypothèse que tout le monde en sera durement affecté, l’instinct de conservation recommanderait alors qu’aucun effort ne soit ménagé pour éviter ce tsunami mondial.

Pire, la course aux armements, autrefois combattue avec un succès relatif au niveau de l’ONU, a discrètement repris à la vitesse de croisière, et malgré l’interdiction de la fabrication des armes nucléaires par de nouveaux pays en dehors des tout premiers, plus de 10 Etats disposent aujourd’hui de ces moyens de destruction massive.

Un nombre de plus en plus croissant de pays et même de groupes privés disposent d’armes létales sophistiquées. Avec cette situation où beaucoup d’entités étatiques et autres leaders non-gouvernementaux se livrent éperdument aux armements avec des budgets énormes de la défense, le monde est entré dans une nouvelle ère stratégique très dangereuse.

D’autres nations se préparent à s’équiper en armements lourds massivement destructifs, pour des raisons de sécurité, la détention d’armes nucléaires étant considérée comme un moyen d’assurer sa propre protection, car on hésite, sinon on évite d’attaquer une puissance nucléaire ou de toucher à ses intérêts. C’est bien sûr, la signification des différents essais d’armes nucléaires auxquels se livre la Corée du Nord depuis un moment, notamment son récent lancement d’essai d’un missile balistique intercontinental. L’enrichissement avancé de l’uranium par l’Iran répond à la même logique.

L’égoïsme humain, source des maux de ce monde

 Toutes analyses faites, on se rend compte que c’est l’égoïsme humain qui perturbe, désorganise l’ordre mondial et met la paix en péril, à cause de son appétit pour les intérêts et sa soif de puissance de domination. Or il ne sert à rien de gagner le monde et de perdre son âme. En naissant l’homme est venu tout trouver dans cette vie, et en mourant il partira sans rien emporter, laissant tout ici-bas. Pourquoi alors se comporter comme si la vie nous appartient et que l’être humain est immortel ?

Selon un politologue européen, les dysfonctionnements de la gestion du monde trouvent leur cause principale dans le manque de crainte de Dieu. Pourtant le christianisme a joué dans l’histoire un grand rôle en Europe et ailleurs. La preuve en est qu’aux Etats-Unis, le président élu prête serment sur la bible, comme il est d’usage avec le Coran dans certaines contrées.

 Si la crainte de Dieu était scrupuleusement observée dans la gouvernance nationale et internationale, la paix serait beaucoup moins troublée, et le bienêtre humain, mieux assuré dans le contexte d’un développement réellement durable et harmonieux.

Certes, les intérêts nationaux guident le monde et personne ne peut encore dire le contraire, mais leur recherche absolue par tous les moyens et d’une manière égoïste, devient un obstacle à l’amitié, la solidarité, la charité, l’humilité et l’amour du prochain. Il va falloir trouver une formule qui allie aux intérêts nationaux, les valeurs sus- citées.

 Une telle conception qui mettra l’homme au centre et au-dessus de tout, pourrait permettre de restaurer, consolider la paix et la sécurité internationales. Ce souhait que d’aucuns qualifieraient de vue d’esprit, pourra devenir une réalité, si avec la volonté politique, les puissants de ce monde en décident ainsi. Aussi les perspectives d’un avenir du monde véritablement pacifique et prospère sont-elles à la portée de la communauté internationale.

Jean-Pierre A. EDON

Ambassadeur, spécialiste des questions internationales.

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page