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Le triomphe de la vérité

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Edito: La mauvaise passe de Bamako


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La France a beau clamer à travers ses médias qu’elle n’y est pour rien dans le malheur du Mali, elle ne réussira pas à créer l’empathie des Africains à son égard. Le sentiment anti-français est si vivace à Bamako et dans la plupart des capitales africaines, qu’il est impossible de se faire entendre sur l’essentiel : le Mali a encore besoin de son aide.
Le dernier soldat français de l’opération Barkhane est sorti du Mali le 15 août dernier. C’est une humiliation historique pour la France contrainte de s’en aller sous les quolibets des Maliens toutes tendances confondues. Le pire, c’est que la junte malienne a profité de la présidence chinoise du Conseil de sécurité de l’ONU pour demander une réunion d’urgence aux fins de condamner Paris qui, selon Bamako, serait un soutien aux mouvements terroristes qui déstabilisent le pays. Ce recours n’a aucune chance d’aboutir, la France disposant du droit de véto qui lui permet de bloquer toute résolution allant contre ses intérêts. Mais le seul fait que cette plainte ait été déposée est en soi un véritable camouflet pour le Quai d’Orsay. La diplomatie française se retrouve devant la volonté tenace de la junte malienne d’en découdre. Paris est ainsi poussé dans ses derniers retranchements et ne peut que jouer sur le levier de la bonne foi. Rien d’autre. Et bien sûr, l’opinion publique africaine ne le croira pas.
La France est responsable en partie de ce qui se passe actuellement dans le Sahel. La mort de Kadhafi sous les bombes de l’armée française a déclenché une onde de choc qui a déversé dans toute la zone du Sahel des hordes de brigands ayant pris le manteau de djihadistes. Encore qu’avant même cet épisode de 2011, le Mali était en proie à des rebellions séparatistes qui se sont renforcées. Le déversement d’armes de toute calibre venant de Libye sur le théâtre malien ainsi que l’arrivée de groupes djihadistes désireux de contrôler des espaces sahéliens, ont aggravé la situation sécuritaire du pays. Dire dès lors que la France est responsable de ce qui se passe au Mali, c’est dire que le déchainement en cours actuellement a une origine française. Mais est-ce vrai que Paris continue d’entretenir des groupes djihadistes aux fins de déstabiliser le pays ? Autrement dit, tout en ayant envoyé ses propres militaires sur la ligne de Front, l’hexagone a-t-elle soutenu les groupes armés pour faire échec à sa propre stratégie sur le terrain ?
Je n’y crois pas. Je crois plutôt que l’échec de Paris a suscité un sentiment antifrançais inévitable. Car il y a un véritable fiasco de l’armée française sur ce théâtre, un fiasco qui était prévisible au regard de l’immensité du territoire malien : 1.240.000 km2. C’est au moins 12 fois le Bénin. A cela s’ajoute qu’il s’agit d’une projection des forces sur un terrain désertique aux contraintes géographiques spécifiques. La France a beau avoir une armée bien entrainée, elle a la même vulnérabilité que toutes les armées occidentales face aux armées déployées en territoire désertique. Les Etats-Unis ont échoué en Somalie et en Afghanistan, malgré la lourde armada du Pentagone. Sans compter aussi que les armées occidentales portent la réputation d’être uniquement guidées par le désir d’en imposer aux autres peuples. L’armée américaine a été vite perçue par les populations comme une armée d’occupation. Idem pour la France au Mali.
Paris a beau apparaître comme un sauveur en 2013 au Mali, il est retombé dans le piège d’une stratégie de long terme. Une projection des forces sur un théâtre aussi complexe aurait dû tenir compte des dangers d’une présence de long terme. Aujourd’hui, Paris cherche désespérément à laver son image d’armée médiocre participant à une stratégie de déstabilisation d’un pays jadis allié. Et pour ne rien arranger, c’est la Côte-d’Ivoire qui utilise son armée pour tenter un coup de force à Bamako. Et qui dit Ouattara dit pion de l’Elysée.
Dans tous les cas, le Mali en tant que tel ne peut faire face seul aux mouvements terroristes. Le recours à Wagner, les mercenaires russes, ne peut conduire Bamako à la réussite. Pour la simple raison que la Russie est engagée dans une autre guerre autrement plus féroce contre l’Ukraine. En un mot, si la junte malienne persiste dans sa stratégie actuelle d’affrontement contre la France, le risque est élevé que Bamako tombe aux mains des terroristes.

Par Olivier ALLOCHEME

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