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Nassirou Bako Arifari à propos de la situation au Mali : « Il faut un chronogramme et un mécanisme de suivi de la transition »


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Nassirou-Bako-Arifari, Envoyé spécial de l’OCI

L’ancien ministre des Affaires étrangères du Bénin et actuel envoyé spécial pour l’Afrique de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Professeur Nassirou Bako Arifari a été reçu sur RFI. Au cours de cette entrevue, il s’est exprimé sur les négociations en cours entre les autorités maliennes de transition et la Cedeao, l’adoption d’un décret présidentiel fixant à deux ans l’allongement de la transition, la levée des sanctions économiques et pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

RFI : Comment avez-vous accueilli le décret présidentiel malien adopté la semaine dernière, qui a prolongé la transition de deux années avant même la fin des négociations avec la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ?

Nassirou Bako Arifari : En dehors de son caractère unilatéral, il contient l’essentiel de ce qui découle des différents échanges que nous avons eus et aussi du rapport du médiateur de la Cedeao, le président Jonathan Goodluck. Donc cela ne devrait pas être une source de blocage pour la suite.

Certains chefs d’État de la Cedeao n’ont quand même pas apprécié d’être mis devant le fait accompli…

Bien sûr. Le décret, je l’ai dit, est unilatéral, mais il faut qu’on aille au-delà pour s’atteler au contenu, pour trouver un mécanisme de suivi de la transition dès que le chronogramme aura été retenu.

Alors à présent, pour obtenir une levée des sanctions de la Cedeao, que peuvent faire, que doivent faire, concrètement, selon vous, les autorités maliennes ?

Au sein de la Cedeao, il y en a qui étaient pour une mesure concomitante de fixation de la durée de la transition et de levée automatique des sanctions. Il y en a (d’autres, ndlr) qui ont estimé qu’il faut peut-être un chronogramme de la transition et que la levée des sanctions se fasse progressivement, en fonction des résultats, par étape. Tout le monde est donc d’accord sur le principe qu’il faut aller vers la levée des sanctions.

Bamako vient de créer une commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Un projet de loi électoral sera examiné jeudi par le Conseil national de transition (CNT). Tout cela va dans le bon sens pour parvenir à un accord ?

Tout cela va dans le bon sens dans la mesure où le chronogramme devrait comporter ces aspects-là. Tout dépend maintenant de la démarche d’élaboration de la loi sur les élections, de la démarche de mise en place de la commission de rédaction de la nouvelle Constitution. Ce sont ces aspects que les chefs d’État et de gouvernement au niveau de la Cedeao devront revoir avec le médiateur, et qui feront l’objet de discussions avec le gouvernement de transition malien, pour qu’on puisse sortir de la situation d’anormalité constitutionnelle dans laquelle le Mali se trouve aujourd’hui.

Un changement de Premier ministre, une ouverture politique du gouvernement : des sources diplomatiques en parlent. Est-ce que c’est une piste pour obtenir la levée des sanctions ?

Nous ne sommes pas dans une logique d’interférence sur des questions de souveraineté d’un État. En dehors de cela, nous ne sommes pas non plus dans une logique d’interférence dans le travail de médiation que fait la Cedeao. Ce sont des éléments qui peuvent être mis sur la table d’ici le prochain sommet, ce sont des questions qui sont en débat et sur lesquelles des compromis pourraient se faire.

Nouvel échec le 3 juillet, le Mali excédé quitte la Cedeao : ce scénario vous semble-t-il possible, est-ce qu’il est pris en compte dans les négociations actuelles ?  

Je pense que c’est une hypothèse catastrophe qui n’est pas du tout souhaitable. Et quand on sait tous les avantages de l’appartenance à la Cedeao, quand on sait l’histoire politique du Mali en termes de panafricanisme et d’accompagnement de processus d’intégration, je ne crois pas qu’une telle hypothèse soit celle qui puisse être privilégiée.

Ce n’est pas souhaitable, mais ce n’est peut-être pas à exclure ?

Nous préférons être optimistes. Ce n’est pas sur des questions de détails autour d’un chronogramme de transition, des questions peut-être de décision unilatérale qui relèvent d’incompréhensions qui peuvent arriver, qu’on peut envisager une sortie aussi dommageable du Mali de la Cedeao. Nous ne sommes pas en tout cas dans cette perspective et nous ne le souhaitons pas.

Réalisé par RFI

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