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Le triomphe de la vérité

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A la suite de la disparition  de  l’Ambassadeur  Cyrille Guy Sagbo: Le témoignage de l’Ambassadeur Candide Ahouansou    à une   icône de la diplomatie béninoise


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L’Abamssadeur Candide Ahouansou

LE DECES D’UNE ICONE DE LA DIPLOMATIE BENINOISE

Témoignage de reconnaissance et suggestions au Chef de l’Etat

Le président Talon a assisté en personne, le vendredi 27 mai, à la messe de requiem dite en l’église Bon Pasteur, à la mémoire de l’Ambassadeur  Cyrille Guy Sagbo qui  venait de nous quitter pour l’éternité. Et cette présence a de quoi emplir de fierté  les cœurs des    Ambassadeurs et Ministres Plénipotentiaires  du Bénin à la retraite.

Il pourrait se faire que plusieurs raisons que nous pourrions ne pas connaitre et qui, au demeurant, pourraient  tout autant ne pas correspondre au sens qu’il nous plait de donner à cette présence,   justifient l’assistance du Chef de l’Etat à cet office ; cela, d’autant qu’il lui est loisible de se rendre, comme tout citoyen ordinaire et comme bon lui semble, dans un lieu de culte pour des motifs personnels sans signification particulière de quelque sorte. L’on est toutefois fondé à se demander si cette assistance  du Chef de l’Etat résulte des démarches que mènent les Ambassadeurs à la retraite pour obtenir un protocole funéraire officiel digne en faveur des  collègues  disparus ou s’il agit tout simplement d’un hasard du calendrier du Président de la  République.

                            Le témoignage de reconnaissance

Il demeure pour nous autres Ambassadeurs à la retraite, que l’évènement mérite que nous en sachions gré à la Haute Autorité car,  après tout, c’est bel et bien à l’occasion du décès d’un des nôtres qu’elle a  fait le déplacement. Dès lors, l’on ne saurait nous en vouloir de tirer la couverture à nous à bon ou peut-être à mal escient.          En tout état de cause, nous sommes redevables  au Chef de l’Etat de sa présence à cet office que nous avons perçue comme  un geste de reconnaissance de ce qu’a été l’Ambassadeur Sagbo, une icône des premières heures de la diplomatie béninoise ainsi que l’a fait valoir l’ecclésiastique au cours de son homélie. Notre reconnaissance envers le Président de la République à cette occasion n’a d’égal que celle que nous avons manifestée naguère à l’égard du Président Boni Yayi lorsqu’il s’était, lui aussi déplacé pour honorer de sa présence la messe de requiem dite pour le repos de l’âme de l’Ambassadeur Guy Hazoumè, à l’issue de laquelle il lui a, du reste,  décerné une décoration à titre posthume. Pour faire bonne mesure, il sied de se remémorer également l’assistance du Président Talon  à la messe de requiem dite pour le repos de l’âme de notre collègue  et regrettée l’Ambassadrice Arlette Vigninkin.

          Cyrille Sagbo a tout à la fois porté haut les couleurs de notre pays à l’étranger en sa qualité d’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire du Bénin près la France, géré toutes les ambassades du Bénin à travers le monde en sa qualité de Secrétaire Général du Ministère des Affaires Etrangères, transmis son savoir à bon nombre d’étudiants en sa capacité de professionnel de droit international et offert ses services de consultants à plusieurs organisations internationales.

La diplomatie est le département sur lequel le Chef de l’Etat a toute ascendance à l’instar de l’armée. La Constitution lui en confère un droit régalien. L’ambassadeur le représente la Haute Autorité ; il est son représentant personnel dans le pays accréditaire ; il représente également la nation entière. La charge est lourde et requiert la confiance totale  du chef de l’Etat. C’est ce qui explique que ce  soit lui-même  qui le nomme et  met fin à ses fonctions.

Le rôle des Ambassadeurs et Ministres plénipotentiaires dans la nation

Il est symptomatique que les Ambassadeurs et Ministres Plénipotentiaires du Bénin à la retraire n’aient jamais cessé de chercher à contribuer à la bonne gestion des affaires publiques. Ils ont à cœur de ne pas s’en départir afin de continuer à apporter leur touche à la bonne gouvernance du pays notamment en échangeant sur leur forum. Certains d’entre eux exposent et partagent  sans désemparer leurs idées dans les périodiques, avec à la clé, des propositions concrètes pour une meilleure conduite des affaires publiques, d’autres éditent des ouvrages ou enseignent dans nos universités. Autant d’engagements qui démontrent leur attachement à la chose publique en soutien à l’action du gouvernement par les idées qu’ils émettent, nonobstant leur situation de retraité.

Nul doute que les cabinets ministériels comptent  des intellectuels de haut niveau. Gageons que s’il n’en était pas ainsi la gestion des affaires publiques ne serait pas aussi performante qu’elle l’est. Mais il n’y a pas  d’intellectuels que dans les cabinets ministériels et ils n’ont certainement pas l’exclusivité des meilleures idées pour faire avancer le pays ; il sied que le pouvoir entende cela.  

 Nous ne savons si notre pays est toujours un désert de compétences , mais ce que nous savons pour  sûr, c’est que les compétences sont tributaires des idées ; et il est de notre conviction que nous pouvons nous féliciter du fait qu’ici, en République du Bénin, nous sommes un champ verdi d’idées, mais que celles-ci finissent, trop souvent, par se laisser intimider et décourager, à leur corps défendant, par manque d’écoute. Dans un système démocratique, émettre des idées, fait la quintessence de la vie sociopolitique. Ne pas les prendre en considération, tout au moins pour les examiner, c’est là qu’est le désagrément. Et les Ambassadeurs et Ministres Plénipotentiaires du Bénin à la retraite jouent largement leur  partition en ne tarissant pas d’idées aux fins de l’édification harmonieuse de notre société ; aussi serait-il équitable et de bon ton que l’on prête l’oreille à leurs doléances et que l’on fasse droit à leurs requêtes  d’autant qu’elles sont justifiées.

                            Les doléances

Il ne nous parait pas convenant que des personnalités qui ont eu le grand honneur et la lourde charge de représenter  le Chef de l’Etat en personne et le pays entier ne soient pas gratifiées d’une décoration. Il ne nous parait déjà  pas conséquent que l’on nomme un ambassadeur dans un pays étranger pour représenter tout un pays sans lui avoir décerné préalablement la décoration , faisant de lui commandeur  de l’ordre national du Bénin, signe extérieur de la nécessaire confiance que le Chef de l’Etat qui l’accrédite place en lui et garantie de la considération, mais aussi du respect  additionnels que les autorités du pays accréditaire devront lui témoigner. Il est de notre opinion qu’un ambassadeur sans décoration  nationale est de facto privé d’une partie de l’étoffe dont il a besoin pour remplir ses fonctions de plénipotentiaire aisément. Il ne serait pas sérieux que  l’on  nous oppose qu’en principe toute décoration résulte du mérite et qu’il conviendrait d’attendre que l’ambassadeur ait fait la preuve de son efficacité auprès du pays dans lequel il a été envoyé avant de lui décerner une décoration à la fin de sa mission. Je répondrai alors que celui que le Chef de l’Etat envoie dans un pays étranger pour le représenter n’est pas censé être un blanc-bec. On ne le dépêche pas à l’extérieur pour y aller faire ses armes ; on l’y dépêche parce qu’il a déjà fait ses armes.

De manière discursive et  en toute équité, il ne nous parait pas normal que les Ambassadeurs et Ministres Plénipotentiaires à la retraite de notre pays ne bénéficient pas d’une décoration dans l’ordre national en signe de reconnaissance des services loyaux rendus à la nation. Au demeurant, il arrive  paradoxalement qu’un ambassadeur soit décoré en fin de mission par le pays accréditaire  alors que  son propre pays qui  l’y a accrédité  ne lui a décerné aucune décoration ni au début ni en fin de mission. Cette situation incongrue, il faut bien le reconnaître, interpelle le Ministère des Affaires Etrangères et les services du protocole de notre pays.

Lorsqu’un ambassadeur décède, qu’il soit déjà à la retraite ou non, nous estimons que le Conseil des  Ministres serait bienvenu à observer une minute de  silence en sa mémoire. Un  ambassadeur est un citoyen comme tout autre béninois il est vrai, sauf qu’il a eu le mérite de représenter  le chef de l’Etat dans un pays étranger.

Les Ambassadeurs et Ministres Plénipotentiaires à la retraite font aujourd’hui face à un problème  de paiement d’arriérés de salaires dont le bien-fondé n’est pas mis en cause par le Ministère des Finances. Dans la discrétion et faisant feu de tout bois, ils ont tout mis en œuvre pour entrer en possession de leur dû, mais ce fut en vain. Sous le poids de leur âge, ils ont néanmoins parcouru tous les services financiers, sollicité le Médiateur de la République, rencontré le Président de l’Assemblée Nationale ; mais rien n’y fit, tandis que le temps s’égrène, que la vieillesse les gagne et qu’ils finissent par rejoindre l’au-delà, laissant leurs créances à l’Etat. Cette situation est pénible et injuste ; aussi avons-nous en dernier ressort, fait appel au Chef de l’Etat. Nous continuons d’espérer que le Père de la Nation donnera les directives qui  permettront de résoudre  ce problème humain. Les Aambassadeurs béninois à la retraite ne sont pas des retraités paresseux qui n’ont cure de la gestion des affaires publiques ; ils s’y intéressent au plus haut point et le montrent publiquement. Et, je ne sais s’ils ne sont pas la seule corporation dans le cas ; aussi sierait-il que le pouvoir  leur renvoie l’ascenseur en faisant droit à leur requête.

Ambassadeur Candide Ahouansou

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