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Le triomphe de la vérité

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Alassani Tigri, Vice-Président du parti Les Démocrates ‘’Sous L’Arbre à Palabres’’: « Nous Les Démocrates, faisons notre travail d’opposants véritables »


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Alassani Tigri, Vice-Président du parti Les Démocrates

« L’opposition appelle Talon à organiser des élections inclusives »

Pas de dialogue entre le chef de file de l’opposition :  Alassani Tigri justifie pourquoi

L’opposant Tigri dénonce l’opacité dans le coût de réalisation des infrastructures routières sous Talon

Grand absent des législatives 2019 et de la présidentielle de 2021, le parti Les Démocrates,  ne compte pas rester sur le banc de touche aux législatives de janvier 2023. Ce parti de l’opposition compte bien se repositionner sur l’échiquier politique national en décrochant des sièges lors des législatives de janvier prochain. C’est l’annonce faite par le Vice-président de Les Démocrates, Alassani Tigri. L’ancien ministre et acteur du pouvoir Yayi  clarifie ainsi  la position actuelle du parti Les Démocrates, qui à le croire,  justifie sa présence dans la prochaine course électorale. Pour lui, c’est une réponse au  grand appel du peuple et à l’engagement du pouvoir en place de faire des législatives de 2023, des élections inclusives, libres et transparentes. IL  a également abordé plusieurs autres questions avec les journalistes de L’Evénement Précis. C’était à l’occasion de son passage dans la rubrique ‘’Sous L’Arbre à Palabres’’. Lisez plutôt

Comment se porte le parti Les Démocrates ?

Le parti se porte bien. C’est vrai, nous avons connu des périodes difficiles mais la conclusion aujourd’hui, c’est que tel un roseau, le parti plie mais ne rompt pas. Après le reflux général de la démocratie que le pays a connu lors des différentes élections, singulièrement l’élection présidentielle, nos militants qui ont protesté contre les conditions dans lesquelles les élections devraient se tenir, se sont retrouvés en prison ou en exil forcé. Cela a fortement perturbé le parti qui a paru absent un bon moment de l’animation de la vie politique nationale. Une chose est certaine, nous sommes des patriotes, des combattants de la liberté aussi avec courage et abnégation, nous nous sommes réorganisés pour poursuivre la lutte afin de contribuer à la restauration de la démocratie pour qu’elle s’installe de manière durable dans notre pays.

Vous avez également disparu. Qu’est ce qui s’est passé ?

J’ai été en France en cette période qui correspondait à mon contrôle médical.

On vous croyait en exil

Non, je ne suis pas allé en exil mais, j’ai senti douloureusement et avec beaucoup de tristesse ce nouvel ordre politique qui a signifié des centaines de jeunes embastillés ou contraints à quitter notre patrie, le Bénin.  

Comment justifiez-vous l’exil des autres ?

Au lendemain de l’élection présidentielle, la rupture démocratique s’est brutalement installée privant bon nombre de nos compatriotes de leur liberté.  La problématique était devenue claire au niveau des militants de l’opposition et particulièrement, des Démocrates. Il fallait surtout pour ses jeunes qui ont protesté pacifiquement se retrouver derrière les barreaux ou aller en exil. Des centaines d’entre eux se sont effectivement retrouvés en prison et malheureusement, ils y sont encore, des centaines ont dû s’exiler et à ce jour, bon nombre n’ont pas pu rejoindre la mère patrie. Nonobstant cette épée de Damoclès qui pesait sur les têtes, certains sont restés. 

Azatassou est resté

Oui, et d’autres militants ont bravé la menace et sont restés car le parti ne devrait pas mourir. Azatassou et ces derniers ont fait un travail magnifique et ont porté malgré les difficultés, le parti. Tous les combattants de la liberté leur sont reconnaissants. Car, c’est à leur courage et esprit de sacrifice que nous devons d’imposer chaque jour un peu plus la liberté qui n’aurait dû jamais déserter notre pays  car elle a été âprement conquise et consacrée par la conférence des forces vives de la nation.

Combien de membres du parti sont en prison ?

Une centaine à deux cents membres.

Et en exil ?

Ils sont nombreux et comprennent bon nombre de compatriotes qui se sont joints spontanément aux mouvements protestataires d’alors.

Combien ?

Il y a eu des vagues d’exils. Il y a eu les anciens comme Djènontin, Komi Koutché, Ajavon. C’était la première génération d’exilés. Il y a eu ensuite une seconde et même une troisième génération issue des dernières élections. Parmi ceux-là, on peut également compter une centaine de membres. Entre temps, certains sont revenus mais on n’a pas une liste exhaustive.

Pourquoi êtes-vous déterminés à aller aux prochaines élections législatives malgré les voix discordantes au sein de votre parti ?

A ma connaissance, il n’y a pas de voix discordantes au sein du parti. Nous avons un parti qui prône la démocratie et l’accès au pouvoir par les urnes. Toutes les fois qu’il y a une lueur qui puisse nous permettre d’aller aux élections, nous ne pouvons que soutenir cela parce que c’est un principe. Par rapport aux élections de 2023, le conseil national du parti tenu cette année 2022, a recommandé de prendre part aux élections législatives du 8 janvier 2023 en travaillant pour qu’elles soient véritablement apaisées, inclusives, libres et transparentes. Nous avons pu constater sur le terrain que les populations encouragent cette position du parti car, disent-elles, avoir beaucoup souffert de notre absence au niveau des élections passées. Ce qui les a laissées sans perspectives bien qu’elles comprennent que nous en avons été délibérément exclus.

Comment comptez-vous décrocher des sièges face à la machine qui est mise en place ?

C’est vous qui voyez une machine. En vérité, le pouvoir est conscient de la faiblesse de ses partis siamois et nous n’en voulons pour preuve, que la stratégie utilisée jusqu’à ce jour de l’exclusion totale de l’opposition des élections. Si leur machine était si redoutable, il devrait rechercher une compétition saine et honnête aujourd’hui. Ils ont annoncé urbi et orbi que les législatives de 2023 seront inclusives, transparentes et libres. Apparemment, cette fois-ci, le pouvoir serait sur les mêmes longueurs d’ondes que l’opposition. Nous avons donc au niveau des Démocrates, dans un appel du 19 Avril, invité le pouvoir à être conséquent avec cette volonté manifestée d’élection inclusive, libre et transparente, à suivre la voix d’élection apaisée, transparente et libre qui passe par la nécessité de libérer les détenus politiques, de faire revenir au pays les exilés politiques et d’ouvrir un dialogue politique autour, entre autres, de la liste électorale, de la présence de l’opposition dans les instances organisatrices des élections afin d’obtenir un consensus sur ces questions dont la juste résolution est un gage de la sincérité du pouvoir. En effet, tous les textes internationaux qui traitent de la question électorale affirment comme gage de la sincérité du scrutin, la présence paritaire de l’opposition et de la mouvance dans tout le processus électoral. Nous avons donc décidé d’aller aux élections législatives en nous appuyant sur ces textes internationaux et régionaux auxquels le Bénin a souscrit et qui appellent de manière irrévocable à la gestion collective du processus électoral par les parties prenantes. Nous en appelons donc à l’opinion publique nationale et internationale à inviter le pouvoir de la rupture à respecter d’une part, sa signature et d’autre part, sa parole donnée pour des élections législatives inclusives, transparentes et libres.

Joël Aïvo et Reckya Madougou ont été condamnés à 10 et 20 ans de prison. Mais vous n’avez rien fait pour manifester contre leur condamnation…

Il n’est pas juste de dire que nous n’avons rien fait pour manifester contre la condamnation de nos camarades. Cette condamnation a fait l’objet d’une désapprobation au Bénin comme à l’extérieur de notre pays. Ces deux procès sont perçus à l’extérieur du Bénin par les patriotes au Bénin et par nos populations dans leur ensemble, comme étant des procès injustes et iniques.

Notre parti, à travers les médias, n’a eu de cesse de dénoncer ces procès et de réclamer la libération de ces deux camarades. Ils sont dans nos cœurs et nous savons que notre peuple les a adoptés comme prisonniers politiques. La dernière en date qui est notre déclaration du 19 Avril a encore réclamé avec force la libération des détenus politiques. Nous n’aurons de cesse de voir ces camarades libres et nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que leur maintien en détention signifierait toujours que la démocratie est en souffrance dans notre pays.

Dans un élan de réconciliation, le président d’honneur de votre parti, Boni Yayi est allé voir le chef de l’État Patrice Talon. Mais il semble que Les Démocrates  ne l’ont pas accompagné dans cette action-là. Pourquoi ?

Plutôt que de parler de réconciliation, je pense qu’il est plus judicieux de parler de rencontre pour la paix initiée par le Président Yayi Boni. Je suis surpris de ce que vous dites qu’on ne l’a pas accompagné.

On ne vous a pas vu à ses côtés….

Non. Il n’était pas nécessaire qu’il soit accompagné par le parti. Et de fait, aucun militant n’était avec lui parce qu’il a bien précisé, lui-même, qu’il était à ce rendez-vous en tant qu’ancien chef d’Etat. Il a également affirmé qu’il est parti parce qu’il est homme de paix et il veut qu’il y ait une réconciliation nationale pour justement permettre aux exilés de revenir au pays, aux détenus de recouvrer leur liberté et également d’envisager un dialogue politique pour qu’il y ait une concorde véritablement nationale. C’était ses objectifs. Et vous pouvez constater que le parti n’a jamais été en contradiction avec ceux-ci. Du reste, le parti à travers son président, a fait une interview où ces thèmes ont été repris. Ainsi, il est aisé de constater que nous n’avons jamais été en désaccord avec le président Boni Yayi. Il a fait une démarche en tant qu’ancien chef d’État. Mais il se fait que tout ce que j’ai développé, toute la politique exprimée par le parti à savoir la libération des détenus, le retour des exilés, la nécessité de s’asseoir pour trouver des solutions consensuelles aux problèmes que connaît notre pays, font partie des doléances du président Yayi. Donc nous avons la même vision, seulement lui il a un langage d’ancien chef d’Etat et nous, nous avons un langage de militant.

Près de 6mois après, rien de ces revendications qu’il avait soulevées  à l’époque n’a été réalisé. ..

Le président Yayi a bien dit qu’il n’a fait que des doléances. Que celui qui a le pouvoir de les mettre en exécution c’est le Président Talon. Constatons et soyons surpris ensemble que toutes ces doléances dont la mise en œuvre constitue la voie royale pour instaurer la paix dans notre pays et retrouver la concorde nationale, n’aient pas été saisies et mises en œuvre dans un élan patriotique par le président Patrice Talon. Il s’agit essentiellement de nos compatriotes qui vivent le cauchemar de la prison ou de l’exil, il y a lieu de penser sérieusement à leur permettre de retrouver leurs familles, de retrouver leur pays qui se trouve être notre patrie commune, le Bénin. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Voulez-vous que les journalistes jouent votre rôle de politique à votre place ?

Non. Quand le pouvoir dit qu’il n’y a pas de détenus politiques, dit qu’il n’y a pas d’exilés politiques…Vous, vous êtes dans le pays et quelqu’un se présente devant vous et vous avez la possibilité de lui parler, de lui poser des questions. Il dit ces choses qui sont des contre-vérités. Or le rôle premier du journaliste, c’est d’éclairer les populations en leur disant la vérité telle qu’elle est. Moi j’ai fait Ségbana et le camp Séro Kpéra. Au moment où je faisais ça, tous les camarades de lutte disaient qu’il n’y avait pas de détenus politiques à Ségbana, ni d’exilés. Je parle des Houngbedji et autres. Ils disaient qu’il n’avait pas de détenus politique. Et le parti communiste du Dahomey et les démocrates en ce temps disaient qu’ils étaient des détenus. Lorsque les conditions ont été réunies, les compagnons de lutte continuaient de dire qu’il n’y avait pas de détenus politiques. Et Kérékou a fini par dire de lui faire la liste de ces personnes. C’est la même chose que nous vivons aujourd’hui.  

Est-ce qu’aujourd’hui en tant que parti d’opposition, vous vous estimez de l’opposition radicale ou modérée ?

C’est quoi  l’opposition radicale ? Et c’est quoi opposition modérée ?  

Certains estiment qu’il y a plusieurs types d’opposition (constructive, modérée, résistance, etc.). De quel type d’opposition êtes-vous ?

Nous, nous sommes des patriotes. Nous sommes des Démocrates et dans toutes nos actions, nous essayons de faire en sorte que toutes nos actions soient pour le bien-être des populations. Et il s’agit de quoi ? La première denrée qui permet le développement d’un pays et par conséquent le bien-être des populations, c’est la paix. Et pour qu’un peuple se développe, il lui faut le pain, mais il lui faut également la liberté. C’est pourquoi c’est les créneaux dans lesquels les démocrates s’inscrivent. C’est les créneaux pour lesquels ils ont lutté depuis leur avènement le 06 juillet 2020. Donc, c’est à vous de voir si c’est de l’opposition molle ou radicale ou si bien c’est de l’opposition constructive. Nous, nous sommes de l’opposition qui défend les aspirations des populations auxquelles nous sommes intimement liés.

Alors vous êtes de l’opposition verbale puisque jusqu’à présent, vous n’avez pas fini les formalités pour avoir votre récépissé d’appartenance réelle à l’opposition conformément à la loi.

Pourquoi vous dites ça ? Nous avons notre récépissé. Et vous pouvez en avoir le cœur net auprès du ministère de l’intérieur.

Vous êtes présenté comme parti de l’opposition ?

Oui parti de l’opposition. On a fait un conseil national et on a déposé les papiers au ministère. Nous avons reçu formellement notre récépissé. Nous sommes de l’opposition et comme on le dit dans nos langues, si vous cherchez une opposition véritable, patriote, liée au peuple, prête à tout pour la réalisation des aspirations des populations, si vous dépassez Les Démocrates, vous allez en divagation.  

Ok, vous êtes de l’opposition et c’est connu. Aujourd’hui, le Bénin dispose d’un chef de file de l’opposition. Quels sont les rapports qui existent entre ce chef de l’opposition  et les Démocrates ?

Il n’y a pas de rapport. Parce que nous n’allons pas occultés l’histoire. Le chef de file de l’opposition actuel était du parti FCBE de Yayi Boni. Tout le monde sait dans quelle condition il y a eu contradiction entre lui et la grande majorité du parti. Et l’on sait comment le développement de cette contradiction-là  a obligé la grande majorité à créer Les Démocrates et à lui laisser le parti. Le chef de file de l’opposition actuel a été entrepris par le pouvoir pour arriver à ce résultat-là. Aujourd’hui, il fait son expérience de chef de file de l’opposition. Et nous, les Démocrates, faisons notre travail d’opposants véritables.

Il a été nommé. 

Vous avez dit nommé. Donc…

Mais c’est la loi qui lui confère ce titre-là.

Au terme de quel processus ? En ce qui nous concerne, il a joué le rôle de division de son parti et nous estimons que c’est ce qui lui a valu sa nomination.

Iriez-vous à une séance de travail que le chef de file de l’opposition aurait organisée avec vous ?

Nous n’en n’avons pas encore convenance.

Vous êtes catégorique à ne pas travailler avec lui ?

En vérité pour nous, la politique relève de l’éthique et de la morale. Dans cette perspective, travailler au sein de l’opposition requiert la confiance. Et pour le moment, celle-ci est loin d’exister entre le chef de file de l’opposition et nous.

Alors, face à ces contradictions, est-ce que vous pensez qu’une opposition peut affronter royalement les législatives de 2023 ?

De toutes les façons, il n’y a plus d’alliance de partis. Mais en revanche, nous avons dit que nous irons aux législatives. Et tout ce que nous pouvons faire pour que le pouvoir comprenne et prenne les actes pour libérer les détenus politiques, pour faire revenir les exilés, pour que la LEI soit consensuelle et pour que  l’opposition soit présente à toutes les instances organisatrices des élections, nous, nous luttons pour ça. Nous ne nous donnons pas l’exclusivité de ce combat.

Ils luttent pour ça.

Bravo ! C’est une bonne chose. Et nous souhaitons ardemment que cette lutte commune porte des fruits et que les législatives du 8 janvier 2023 soient véritablement apaisées, inclusives, transparentes et libres. Dans tous les cas, la pratique est le critère de la vérité et le peuple pourra constater dans les faits, comment chacun lutte pour l’accomplissement de ces exigences.

Vous avez un autre jumeau Théophile Yarou…

Non ! C’est le jumeau du chef de file de l’opposition

C’est-à-dire un parti. Tout cela vient de ce que vous avez dit tout à l’heure. Il a créé son parti et a eu son récépissé. C’est la même relation de méfiance qui va exister entre vous ?

Il est jumeau à qui ?

Vous étiez ensemble avec lui et Hounkpé dans la FCBE

Justement. Nous les y avons laissés pour créer le parti Les Démocrates qui jouit aujourd’hui de toute la confiance du peuple béninois.

Vous pensez que tout ce beau monde a été acheté ? Que Théophile Yarou a été acheté comme vous l’avez laissé entendre pour Paul Hounkpè?

Je dis plutôt qu’ils ont été entrepris par le pouvoir. Ce qui a abouti au fait que le président Yayi Boni a été dépossédé de son parti par eux. Et n’était-ce la confiance des populations en la personne du président Yayi et de la majorité des militants, le parti Les Démocrates n’aurait pas été créé et le pouvoir n’aurait contre lui, que ceux-là. Ils ont effectué un travail réel de division de l’opposition d’alors. Toute peine mérite salaire. Qu’en a-t-il été dans leur cas ? Eux seuls peuvent en répondre.

Ça fait un an que le président Talon a entamé son second mandat. Il l’a placé sous le hautement social. Est-ce que vous ressentez cela un an après ?

C’est vrai qu’il a dit qu’il allait mettre son second mandat sous le hautement social. Ce qu’il n’a d’ailleurs pas fait sans les critiques constantes de l’opposition. Au moins sur ce chapitre-là, il a fini par nous entendre. On espère que le reste, la libération des détenus politiques et autres, se fera pour le bien-être de nous tous. Il fait des efforts, mais ce n’est pas encore véritablement visible. Le social, c’est d’abord certaines choses notamment le pain et la liberté, le panier de la ménagère. C’est de la manière dont ces éléments clés sont impactés que nous pouvons parler de visibilité du social. Mais à ce jour, ce qui est plutôt visible, c’est que les populations continuent de pleurer et la cherté de la vie constatée par tous, n’est pas arrivée pour inverser cette tendance et rendre visible les efforts pour démarrer le hautement social.

Le gouvernement face aux contraintes de la vie chère, a pris une batterie de mesures et entreprend beaucoup de choses pour diminuer la cherté de la vie. Que pensez-vous de ces mesures ?

Je pense que le rôle d’un gouvernement c’est de ne pas laisser ceux qui l’ont élu dans la détresse. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les conditions de vie et de travail des populations de notre pays sont très difficiles. Le pouvoir de la rupture en a pris conscience et a décrété un certain nombre de mesures. Il est important que le pouvoir puisse discerner dans les difficultés que connaissent aujourd’hui nos populations, qu’elle est la part induite par la politique économique et sociale menée depuis le 6 avril 2016. Ensuite, il faut s’assurer que les mesures prises sont véritablement à la hauteur de la situation de misère actuelle. Enfin, il faut s’assurer que les mesures prises sont effectivement appliquées au niveau des marchés. Dans tous les cas, nous souhaitons que les difficultés des populations qui parfois se traduisent en termes de survie, puissent connaitre un début de solution. Car en fait, nous sommes de l’opposition parce que nous voulons le bien-être des populations. Ce que nous observons déjà, c’est qu’en termes de résorption de la misère actuelle, les mesures prises restent en deça. Nous invitons donc le pouvoir à davantage de concertation avec les forces productives afin de trouver les solutions les mieux adaptées à la situation actuelle.

Qu’est-ce que vous relevez de positif dans la gouvernance de Patrice Talon depuis 6 ans qu’il est au pouvoir ?

 Je crois qu’il ne serait pas juste de dire qu’il n’a rien fait et cela n’est pas notre rôle de dire qu’il n’a rien fait. Aussi, constatons-nous qu’il a certainement posé des actes positifs, qu’il aurait pu mieux faire et que sans aucun doute, nous serons à même une fois au pouvoir, de faire davantage.

Nonobstant tout ce qu’il aurait dû faire au regard de tout l’appareil économique et politique en ses mains et qu’il n’a pas utilisé à bon escient pour obtenir davantage de résultats, il faut reconnaitre que sur le plan sécuritaire, des efforts ont été faits. Ainsi, l’insécurité à l’intérieur du pays a reculé ainsi que les tracasseries policières dont les commerçants sont l’objet. Il faut également constater que les infrastructures routières sont réalisées et c’est une bonne chose, quoique l’opacité demeure quant à leur coût de réalisation. Ensuite, la politique d’assurance vie qui malheureusement peine à se généraliser, gagnerait à concerner toutes les couches populaires et dans tout le pays. Enfin, nous attirons l’attention sur le fait que l’homme ne vit pas que de pain encore moins, d’asphaltage. Il a fondamentalement besoin de liberté, de paix, de tranquillité à travers le respect de ses droits humains.

Yayi cherche-t-il encore le pouvoir ?

Non, je ne pense pas. Le président Yayi a dirigé notre pays dans la paix, la stabilité pendant 10 ans. Il a donné à notre peuple tout ce qu’il pouvait. Il est respectueux de la constitution et jouit actuellement de sa retraite, bien qu’il continue de porter le peuple béninois dans son cœur et ressent son bonheur et son malheur, au plus profond de lui-même. Le président Yayi a fini ses deux mandats et sa démarche de porter à son successeur ce qu’il estime être une doléance profonde du peuple béninois dans sa recherche permanente d’un climat politique apaisé, est la preuve non de sa recherche du pouvoir, mais de son attachement au bien-être du peuple béninois, de son encouragement à son successeur à s’inscrire résolument dans la recherche du bonheur du peuple béninois, de la paix et la stabilité de notre pays.

Hier gouvernant, aujourd’hui, opposant, la terre est-elle molle ?

Il faut savoir que le Bénin, c’est notre patrie commune. Si on a été un bon dirigeant, c’est une vérité qu’on ne peut pas oublier. Si on est un bon opposant, c’est une vérité qu’on ne peut pas oublier également. L’activité politique que nous menons en tant que pouvoir ou en tant qu’opposition, devrait avoir pour finalité de rendre le peuple béninois heureux. Et le peuple béninois heureux, c’est simplement un peuple qui peut se loger, se nourrir, se vêtir et aller à l’école. C’est un peuple qui jouit pleinement de la liberté, qui sans aucune inquiétude, peut dire à ses dirigeants leurs quatre vérités. Que l’on soit de l’opposition ou bien de la mouvance, on doit comprendre que l’homme c’est le corps et également l’esprit et chercher à nourrir les deux. Et nourrir les deux, c’est réaliser les cinq besoins fondamentaux dont je vous ai parlé tantôt. Opposant comme dirigeant, nous devrons viser à réaliser la concorde nationale et se dire en toute humilité que le pouvoir n’est pas éternel, l’opposition n’est pas éternelle. Ce qui est éternel, c’est notre patrie commune le Bénin. 

Plusieurs acteurs de l’opposition sont déjà allés visiter l’exposition des trésors royaux en cours à la présidence dont Nicéphore Soglo, Lionel Zinsou, Guy Mitokpè, etc. A quand le tour des responsables du parti Les Démocrates ?

Je n’ai pas encore eu l’opportunité d’aller là-bas. J’ai écrit un article lorsque les trésors sont arrivés. J’ai dit que c’est une bonne chose, une chose excellente. Et j’ai en même temps dit qu’il n’est pas seulement question de les mettre quelque part, qu’il faut saisir l’opportunité pour donner un plus aux créateurs d’œuvre d’art dans notre pays. Il faut saisir l’occasion pour faire peut-être des états généraux de l’art et de la culture dans notre pays, saisir l’opportunité pour établir un véritable dialogue entre l’Etat et les hommes de culture. Dans tous les cas, il n’y a pas un mot d’ordre du parti Les Démocrates de boycotter ces trésors royaux. Maintenant, la décision de se rendre au palais reste individuelle.

Quel est votre point de vue sur la persistance des attaques terroristes qui font des pertes au sein de l’armée béninoise ?

Je suis vraiment désolé et à toutes les occasions de ces attaques, Les Démocrates ont toujours présenté leurs condoléances aux forces armées, aux familles des compatriotes qui perdent leurs vies pendant ces attaques djihadistes. Dans tous les pays, c’est une opportunité que le pouvoir saisit pour créer les conditions d’une concorde nationale. On ne va pas continuer à se crêper les chignons lorsque notre pays est attaqué de l’extérieur.  Peut-être que les djihadistes ont senti cela à un moment donné dans notre pays. S’ils ont senti la division, cela les a encouragé à nous attaquer. Nous devrions en prendre conscience et nous résoudre à œuvrer ensemble pour la concorde nationale afin de contrer ensemble ce danger qui se dresse désormais aux frontières de notre pays. En outre, il faut comprendre que la misère populaire, els problèmes de cherté de la vie sont souvent des nids propices à l’expansion du djihadisme. Dans une communauté nationale, il y a des régions, des ethnies qui peuvent se sentir exclues. Il faut veiller à établir une politique équilibrée et harmonieuse de toutes les régions. Il y a lieu plus que jamais, d’apporter une attention particulière à ces problèmes. Enfin, soutenir les forces de l’ordre, accéder à leurs doléances, stimuler en eux l’amour de la patrie et qu’ils se sentent mieux que par le passé, soutenues par les populations.

L’actualité oblige, le Chef de l’Etat a rencontré les partenaires sociaux et il y a eu beaucoup d’annonces qui sont sorties dont entre autres l’augmentation échelonnée des salaires, comment avez-vous accueilli cela ?

Je crois que les travailleurs ne sont pas très enthousiastes. Parce que d’aucuns pensent que le niveau de relèvement du Smig est loin de correspondre au niveau de détérioration des conditions de vie des travailleurs aujourd’hui. Si c’est le cas, il faut qu’on en tienne compte. Deuxièmement, il semble que ces mesures-là ne sont pas immédiates. Non seulement elles ne sont pas immédiates mais, elles sont fonction de la conjoncture nationale et internationale. Je crois qu’au regard de ces considérations, il reste beaucoup à faire.

Un invité sous l’arbre à palabre nous a dit que si la Criet n’existait pas, il fallait la créer. Vous avez le sentiment que si on doit faire un petit bilan que la Criet a contribué à faire reculer la corruption ?

Je pense que ce n’est pas forcement la Criet qui est la solution de la lutte contre la corruption. Je pense que si un gouvernement lutte sincèrement contre la corruption, ne fait pas la politique de deux poids deux mesures, refuse l’impunité et associe les populations notamment les travailleurs à cette lutte, il n’est pas nécessaire de créer une juridiction spéciale pour porter de grands coups à la corruption. Ensuite, il faut comprendre que dans la question de la lutte contre la corruption, l’éducation est primordiale. C’est très tôt qu’il faut inculquer à l’enfant à la maison comme à l’école, les valeurs qui feront de lui l’adulte de demain qui refuse la corruption. Par conséquent, il faut que dans nos écoles l’éducation civique revienne et pas comme une discipline accessoire. Rappelez-vous que lorsque nous étions enfant, si un adulte même étranger et surtout étranger t’appelle et t’envoie lui acheter quelque chose, si tu reviens avec la monnaie et qu’il te la donne comme cadeau, tu n’as pas le droit de le prendre.  Si tu prends, tu as des problèmes avec tes parents. Pourquoi ? Parce qu’ils estiment que tu n’as fait que ton devoir. Tu n’as pas à prendre cet argent car pour eux, le faire est un début de corruption. Et aujourd’hui, bon nombre de béninois qui résistent à la corruption font partie de cette catégorie de personnes qui ont reçues une telle éducation. Ensuite, un gouvernement doit donner l’exemple par la sobriété. On ne va pas en politique, on ne va pas au gouvernement pour devenir riche. Non, voyez ce qui s’est passé au niveau du gouvernement du premier ministre Soglo. Les gens travaillaient comme des fous et ne gagnaient rien. Au fond, cela veut dire quoi ? Qu’il faut à tous les niveaux développer le patriotisme. Et ils doivent s’inscrire dans la conscience populaire que plus le corrompu est à un niveau élevé de responsabilité plus grande et plus prompte doit être la sanction. Car en fait, quand le travailleur lambda voit que les gouvernants deviennent riches et qui sont sujet à l’impunité, la tentation de la corruption est plus forte que jamais chez lui. En tout état de cause, la Criet n’est pas forcément la panacée dans la lutte contre la corruption.

Le Président d’honneur du Parti est peu actif

Ah bon ? Pourquoi vous dites ça ? Il y a le président d’honneur Yayi et il y a le parti. Ne vaut-il pas  mieux que le parti soit plus actif que son président d’honneur ? C’est ce que vous devrez exigé et souhaité, c’est un parti Les Démocrates combatif, dynamique, lié aux populations et œuvrant pour la restauration de la démocratie de l’Etat de droit, des droits de la personne humaine et du panier de la ménagère.

CARTE D’IDENTITE

Du communiste au démocrate

 Alassani Tigri est un homme multidimensionnel. Maitrise de Lettres Modernes, Maitrise et DEA en Droit des affaires, DES en Economie bancaire, il intègre la Banque Commerciale du Bénin (BCB), la principale banque du Bénin en 1976, où il commence sa carrière. Chef de l’agence  Notre Dame à Cotonou, il y était encore lorsque des militaires l’ont embarqué pour le camp Séro Kpéra de Parakou en 1985 puis la tristement célèbre prison de Ségbana. Tortures collectives ? Oui. Souffrances ? Oui.

 La prison n’était que l’une des péripéties de celui qui a commencé la politique dès 1967. Il n’avait que 16 ans. Il entre très tôt au Front d’action des élèves et étudiants du Nord (FACEEN). Quand il trouve une occasion de faire des études pour devenir professeur d’éducation physique et sportive, il part pour la France. C’était en 1972, avant la révolution. Quand il revient au pays, le régime militaire battait déjà son plein, mais son engagement auprès du pouvoir révolutionnaire ne fut que de courte durée. Il débranche bien vite et devient membre du Parti communiste du Dahomey. L’activisme au sein du PCD le conduit en prison, en 1985, où il fait quatre ans. Mais la Conférence nationale instaure la démocratie et l’ancien banquier entre de plain-pied dans le Renouveau Démocratique, sous la bannière du MNDD de Me Bertin Borna. Une alliance entre ce parti et la RB lui permet d’entrer au gouvernement du président Nicéphore Soglo, comme ministre de la jeunesse et des sports  de 1993 à 1996. Il entre ensuite à l’Assemblée nationale, non pas comme député mais comme assistant de la commission des finances aux côtés du président Guy Amédée Adjanonhoun. Quand en 2004 il réussit à un concours pour entrer à l’Organisation internationale de la Francophonie. Spécialiste des droits de la personne humaine et de la démocratie au sein de l’OIF, c’est en 2011 qu’il revient au pays pour y être conseiller spécial à la culture du président Yayi Boni puis  secrétaire général du gouvernement. Les deux hommes se connaissaient depuis les bancs, surtout au cours des luttes du FACEEN au lycée Mathieu Bouké de Parakou. Ils se croisent à nouveau à la BCB où l’ancien président travaillait avant d’entrer à la BCEAO. Quand Alassani Tigri était ministre de la jeunesse et des sports du Président Nicéphore Soglo, Yayi Boni officiait comme son conseiller technique aux affaires macro-économiques. C’est de ce poste qu’il prit la route de la BOAD. 

INTIMITE

Un chrétien fervent

Ancien athée, Alassani Tigri est aujourd’hui chrétien fervent. Son prénom chrétien est Albert. Mais il continue d’avoir un véritable attachement pour la religion musulmane qui est celle d’une partie de sa famille. « J’ai rencontré notre Seigneur Jésus en prison », dit-il. Marié et père de six enfants, il aime bien la pâte télibo à la sauce gombo. En termes de boisson, il n’aime que l’eau. Pour maintenir la forme, l’ancien ministre des sports pratique la marche et le hatha-yoga, même s’il aime suivre les matchs de football.

La Rédaction

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