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Tout s’est déroulé comme sur du tapis le dimanche 10 avril dernier en France. Aucune contestation, aucun mort, aucun barrage de voies, aucun coup de feu, aucun candidat arrêté, aucun bourrage d’urne… Les 48 millions d’électeurs français ont voté en toute sérénité sur l’ensemble d’un territoire de 543 940km2. Puis à 20 heures précises, les urnes ont livré leur verdict provisoire. Ceci pour situer les français sur l’aboutissement du premier tour de cette présidentielle qui a aligné 12 candidats dont le président sortant, Emmanuel Macron. Ce dernier est d’ailleurs venu en tête du scrutin avec 27, 8%, suivi de la candidate de l’extrême droite, Marine Le Pen, 23,1%. Pas un seul bruit de bottes, ni de dénonciations contre la qualité du vote depuis la nuit du dimanche dernier à ce jour. Tout est ainsi cuit pour le premier tour. Les français attendent, avec le même calme légendaire, le second tour fixé au 24 avril 2022. Pour savoir qui de Macron ou de Le Pen sortira en premier et conduira leur destinée dans les cinq prochaines années. Et tout se fera dans le même climat de stabilité absolue comme dimanche dernier.
Si l’on peut reprocher quelques petites failles inhérentes à toute œuvre humaine au déroulement du vote en France ou ailleurs dans d’autres nations démocratiques similaires, il faut saluer la grandeur de ces dernières dont l’Afrique peine à s’en inspirer. Il est vrai que ce sont des démocraties anciennes qui ont connu également des égarements, bégayements et des passés peu glorieux, mais il n’en demeure pas moins que l’Afrique pouvait s’en inspirer au plus tôt, témoin de leurs prouesses actuelles. La France pratique sa démocratie depuis les années 1700, non pas avec les mêmes perfections électorales, mais elle a su la modeler au fil des siècles en s’inspirant d’autres nations plus avancées en la matière. Prétendre disposer d’un parcours démocratique réduit pour persévérer dans les dérives électorales, comme celles qui se poursuivent sur le continent africain à ce jour, est une fuite en avant que les dirigeants du continent noir devraient éviter. L’élite africaine n’en est pas moins coupable, elle qui se targue d’avoir fait de grandes écoles et universités françaises, ou ailleurs en occident, alors que quand elle est appelée à exercer les mêmes missions dans son propre pays comme ces cadres des pays européens, c’est la catastrophe. Les manigances, manipulations, mascarades, achats de conscience, règlements de compte politique, procès d’intentions, vol spectaculaire du scrutin, déversements de fortes sommes d’argent aux fins de corruption…. Autant de caractéristiques ignobles qui continuent de discréditer les élections en Afrique au grand bonheur des clans politiques qui conquièrent le pouvoir.
Il reste qu’au-delà de l’organisation du vote, il faut aussi compter avec la mentalité de l’acteur politique dans un pays comme la France. Voilà un pays où la classification des courants politiques est assez nette, avec les socialistes indécrochables, des républicains très conservateurs, des gens de l’extrême droite qui restent éternellement attachés à leur idéologie… Une sédimentation assez nette de la classe politique et une véritable ambiance démocratique ; toute chose qui déteint positivement sur l’organisation des élections où les résultats attendus d’une région à une autre ne contrarient généralement pas souvent les rapports de force entre les formations politiques ou candidats en lice. Pendant que les acteurs politiques africains continuent de retourner inlassablement leurs vestes au gré des intérêts souvent égoïstes et personnels en jeu, ceux de ces grandes démocraties sont moins voraces, plutôt préoccupés par le devenir de la nation qu’ils ont en commun.
Christian Tchanou