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Le triomphe de la vérité

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Brillante participation à une soutenance de thèse à l’Université de Montréal au canada: Le Professeur Roch Houngnihin hisse l’UAC à l’international


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Professeur titulaire d’anthropologie de la santé à l’Université d’Abomey-Calavi, le Professeur Roch Houngnihin vient de hisser le nom de son Université à l’international à travers sa brillante participation en tant qu’examinateur externe à une soutenance de thèse à l’Université de Montréal. Reconnu à l’international grâce à ces nombreux travaux et publications, l’enseignant vient une fois encore convaincre de ses qualités dans le monde universitaire et scientifique.

Un scientifique africain à une soutenance de thèse de doctorat dans une université américaine est une pratique peu fréquente. C’est ce privilège que le professeur Roch Houngnihin a donné à l’Université d’Abomey-Calavi en participant à une activité scientifique d’envergure dans une université canadienne. Il s’agit, en effet, d’une soutenance de thèse pour l’obtention d’un PhD à l’École de santé publique de l’Université de Montréal qui s’est déroulée le jeudi 24 février 2022. Il est question au cours de cette soutenance, des politiques d’exemption du paiement des soins dans le monde en général et en Afrique en particulier, ce qu’on appelle communément « la gratuité des soins ». Le Professeur Roch Houngnihin a été membre du jury international (composé de chercheurs canadiens), qui a évalué le travail de l’impétrante Amandine Fillol d’origine canadienne. Celle-ci a travaillé sous la direction de Valery Ridde, professeur titulaire de santé publique à l’Université de Montréal. La gratuité des soins est une problématique complexe, émaillée de contradictions, de controverses et de paradoxes ; et il fallait trouver un chercheur de haut niveau scientifique en Afrique, étant entendu que certains travaux de terrain ont été réalisés au Mali, au Burkina, au Niger et au Sénégal. D’abord instructeur de cette thèse, le Professeur Roch Houngnihin a été ensuite membre du jury. L’enseignant béninois a félicité la candidate pour son courage, son endurance et aussi pour la qualité des idées défendues, l’amenant à comparer des contextes géographique, social, politique et économique différents. Selon le professeur, cette thèse donne l’occasion d’avoir une meilleure compréhension des objets actuels de la gouvernance mondiale (climat, pauvreté, COVID-19, etc.), tous orientés vers une conception marchande des programmes mis en place. Selon le professeur de l’université d’Abomey-calavi, la thèse de l’impétrante a porté sur une problématique d’une actualité évidente : le transfert de connaissances entre les pays du Nord et ceux du Sud. Il s’agit d’un travail de recherche qui a essayé de questionner les sujets tels que la Couverture sanitaire universelle (CSU) et le Financement basé sur les résultats (FBR). La thèse a permis de faire des comparaisons à la fois diachronique et synchronique de ces problématiques, tout en rendant disponible un travail très informatif sur l’histoire de la santé publique, par exemple, les facteurs de succès de la CSU en Thaïlande et au Costa Rica », a-t-il expliqué. Ce qui est intéressant, a souligné Roch Houngnihin, c’est la prégnance de ce qu’on appelle « modèles voyageurs ». Dans la plupart des cas, les États africains s’appliquent à répliquer les modèles adoptés dans les pays occidentaux ou impulser de l’extérieur sans un effort réel de contextualisation. Il s’agit d’interventions classiques et standardisées mises en œuvre dans des contextes pourtant différents, générant leur faible appropriation par les acteurs sociaux. Dans la pratique, les politiques publiques impulsées de l’extérieure, sous la forme de « modèles voyageurs » ont montré leurs limites, a relevé l’enseignant béninois. Des travaux de Fillol, on retient la nécessité pour les pays du Sud de s’affranchir de la dépendance des institutions internationales et de trouver des mécanismes de mobilisation de ressources nationales pour le financement de la Couverture sanitaire universelle. Une pérennisation de ce programme de santé nécessité en effet, un financement public national. Il en est de même du financement de la recherche au Sud. Il est question de moins privilégier l’externalisation de la production des connaissances (moins efficiente à long terme) au profit de la promotion d’institutions de recherche nationales. Le manque de ressources ne devrait plus être évoqué, comme un alibi.

La différence entre les thèses soutenues en Afrique et celles soutenues en Europe
En tant que chercheur dans une université africaine, le Professeur Roch Houngnihin a établi la différence entre les thèses soutenues en Afrique et celles soutenues en Europe et au Canada, et propose des pistes de réflexion. D’abord, dit-il, le contexte matériel de la réalisation de la thèse mérite d’être souligné. « La quasi-totalité de nos étudiants ne dispose pas de bourses. Comment peuvent-ils faire de bonnes thèses dans ces conditions ? Comment peuvent-ils acquérir du matériel et faire de bons terrains ? C’est une gageure. Une thèse, c’est au moins trois années de travail ardu et soutenu. Les fonctionnaires et autres salariés y mettent leurs ressources au détriment de leurs familles et de leurs proches. Les étudiants qui ne travaillent pas, c’est la catastrophe. Donc, à tous les niveaux, c’est vraiment difficile, une situation impactant sur la qualité des thèses en Afrique ». Ensuite, va-t-il préciser, l’accès à l’information scientifique en Afrique. « La fracture numérique au sein de nos universités, l’absence d’infrastructures, l’accès précaire à Internet, la faible familiarisation des étudiants (et même de maints enseignants) avec les outils en ligne, sont autant de facteurs qui militent en faveur de thèses de moindre qualité », fait-il observer. Enfin, la question des notes de politique. « À l’instar des thèses canadiennes, nos thèses devront de plus en plus déboucher sur de tels documents ; ils devront, de plus en plus, revêtir une dimension opérationnelle en lien avec les politiques publiques en vigueur. Les notes de politique devront être pertinentes et compréhensives », recommande l’enseignant.

Qui est Roch Houngnihin ?
Admis en avril 2021 à l’Institut Pasteur (de Paris), comme membre plénier qualifié en anthropologie du comité d’éthique de cette prestigieuse institution, le chercheur béninois est spécialiste en anthropologie de la santé. Il a brillamment décroché en octobre 2020 son grade de Professeur Titulaire des Universités à l’occasion de la 42ème session du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES). Directeur du Laboratoire d’Anthropologie Médicale Appliquée (LAMA) et Président en exercice de la Société Béninoise de Sociologie et d’Anthropologie (SoBeSA), il a pour champs d’intérêt, l’anthropologie de la santé, les méthodes de recherches en sciences sociales, l’éthique de la recherche et l’éthique des politiques publiques de santé. L’universitaire béninois a également un parcours administratif remarquable ; il a été, de janvier 2007 à février 2019, Coordonnateur du Programme National de la Pharmacopée et de la Médecine Traditionnelles au Ministère de la Santé.

Alban Tchalla (Coll.)

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