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Le triomphe de la vérité

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Edito: La remontada


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Il s’est passé quelque chose de singulier samedi au stade Ahmadou 1Ahidjo de Yaoundé. Après avoir été mené 3-0 face aux Etalons du Burkina-Faso, les Lions Indomptables parviennent à renverser la vapeur et à l’emporter aux tirs aux buts. Les footeux connaissent bien ce phénomène qui a lieu de temps en temps en champions’ league. On l’a vu lors du match de classement de la CAN 1998, opposant le Burkina à la RD Congo, avec un 4-4 de légende. Il s’est achevé, là encore, par le succès des adversaires des Etalons qui menaient pourtant 3-0 jusqu’à 15mn de la fin avant d’être rejoint au score. Mais alors, le coup de maître de samedi a été, à la mi-temps, de pouvoir doper le moral de la troupe. Le plus heureux de l’aventure sera sans doute André Onana, le gardien camerounais, auteur d’un auto-goal juste avant la pause. Insulté et hué depuis les gradins par les supporters désabusés, c’est pourtant lui qui aura sauvé son équipe lors des tirs aux buts. Rien que du football, c’est-à-dire de la haute vibration.
Mais derrière cette incroyable performance, il y a un déclic, un sursaut d’orgueil qui a fait mentir les sceptiques. Ce sursaut est ce qui arrive lorsqu’une équipe, lorsqu’une personne, lorsqu’une nation se retrouve au creux de la vague et n’a d’autre choix que d’opérer sa propre résurrection. Cette force tellurique surgit des tréfonds même de l’incertitude et de la souffrance pour en faire une arme de victoire et effacer les humiliations, les échecs, briser le sort fatal tracé par un destin sournois. C’est en ce moment que l’on se rend compte que l’échec est le début d’une nouvelle victoire plus forte et plus durable.
Un médecin que je fréquente m’a raconté l’année dernière l’histoire de cet homme dont la quincaillerie a été rasée à Glo, du fait des travaux de l’aéroport. Il en fut si secoué qu’il développa des troubles psychosomatiques que personne ne comprenait. Les analyses ne révélaient aucun dysfonctionnement organique ou fonctionnel sérieux. C’est alors que les médecins eurent l’idée de lui demander des détails sur sa vie d’entrepreneur. Ils découvrent ainsi qu’il souffrait profondément de la perte de son magasin qui signifiait pour lui la ruine de plusieurs années de sacrifices et d’efforts. Il a fallu qu’un membre de sa famille lui promette fermement de l’aider à tout reconstruire, pour qu’il croit en lui-même et entame un processus progressif de guérison. Sans médicament, sans injection ni perfusion. La réussite qu’il a entrevue et à laquelle il a cru, l’a transcendé pour qu’il trouve en lui les ressources de son surgissement.
Qu’est-ce qui offre alors cette lumière qui dissipe les ténèbres de la peur et de la honte ? Pour une équipe, pour une entreprise qui doit gagner ensemble, c’est le leadership. Ceux qui tiennent le gouvernail ou leurs représentants, par ces périodes de hautes marées, doivent puiser dans les valeurs de l’institution pour doper le moral de la troupe. J’ai déjà travaillé dans des équipes où tout semblait voué à la l’échec, au moment où tout nous appelait à baisser les bras. Mais chaque fois, ce que j’ai observé, c’est que ce qui sauve c’est « cette foi sauvage de sorcier » pour parler comme Césaire. Samedi, la rage de Vincent Aboubakar, flamboyant capitaine des Lions Indomptables, a dopé le moral de la troupe. C’est pour cela qu’en dehors des aptitudes techniques et professionnelles, les organisations recherchent et développent des leaderships qui leur permettent de surmonter les moments de faiblesse avec foi et abnégation.
J’ai lu quelques biographies du président chinois Xi Jinping. Tous convergent sur un point: cet homme a subi dès son enfance les pires humiliations qu’on puisse imaginer. Son père tombé en disgrâce, a été maltraité par Mao, tant et si bien que son fils est devenu très complexé. Mais le Xi Jinping d’aujourd’hui a compensé ces souffrances psychologiques en développant un puissant complexe de supériorité issu des valeurs familiales inculquées par son père, un des fondateurs de la Chine moderne.
En un mot, comme en mille : aucun échec n’est fatal. Tant que vous pouvez vous rappeler et réaffirmer quotidiennement avec foi vos objectifs de départ, le sursaut est toujours possible. Tout succès est le fruit des échecs. Et des sursauts…

Par Olivier ALLOCHEME

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