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Le triomphe de la vérité

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Harcèlement sexuel et témoignage de dame Charlotte: «J’étais devenue la poupée sexuelle de mon patron»


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Le harcèlement sexuel fait partie intégrante des formes de traitements réservés aux femmes et aux filles employées dans les ménages pour accomplir des tâches domestiques. Dame Charlotte, la trentaine, revient sur sa mésaventure et les formes de tortures sexuelles auxquelles elle a été soumise, il y a de cela 4 ans.

Aujourd’hui commerçante et fière d’être à son propre compte, dame Charlotte, une femme plantureuse et dont le corps subtil ne peut laisser indifférent aucun quidam, regrette cette mauvaise page de son passé. Le manque de moyens financiers pour subvenir aux besoins de son enfant âgé de 6 ans (à l’époque), la contraint à intégrer le cercle des travailleurs domestiques. « Un jour, j’ai demandé à mon cousin de me trouver un petit job à Cotonou, en tant que femme de ménage. C’est ainsi que je suis devenue la femme de ménage d’un foyer situé au quartier Sègbèya, à Cotonou. Le monsieur était un fonctionnaire et sa femme enceinte, était presqu’à terme. Elle avait besoin d’une main d’œuvre pour les tâches domestiques », explique-t-elle. Une expérience qu‘elle n’est pas prête d’oublier. Pour son premier job à Cotonou, dame Charlotte devrait aussi se livrer aux délires sexuels de son patron, qui ne se sont pas fait attendre. « Au lendemain de mon arrivée, j’ai remarqué que mon patron me regardait autrement que la veille. Ses yeux étaient beaucoup plus posés sur les parties de mon corps. J’avoue que j’étais aussi bien potelée dans le temps et j’en étais fière », fait-elle savoir avant de peindre en noir, la toute première fois où elle a été à la messie de son bourreau. « C’était un samedi matin… J’avais fini la lessive… J’étais rentrée sous la douche pour laver le carreau quand subitement mon patron a fait son entrée.. Il ferme la porte de la douche puis, m’intime l’ordre de ne pas crier. Ce que je ne pouvais faire puisque les enfants suivaient la télévision au salon et madame était partie pour sa consultation prénatale. Il se rapproche de moi puis commença par caresser ma poitrine… J’ai essayé de le repousser et de me débattre mais, c’était un monsieur corpulent. Je n’ai pas aussi tardé à perdre mes sens et à me laisser aller puisque mon point faible était mes seins », dit-elle d’une voix basse, le regard dans le vide. « Je ne sais pas s’il l’a deviné », poursuit-elle, « mais, à chaque fois qu’il me taquinait, ses mains étaient dirigées vers ma poitrine, ce que je n’aimais pas ». Après ce premier acte, dame Charlotte affirme avoir subi une grande pression de son patron pour rééditer l’acte mais, qui a malheureusement échoué. « Il m’envoyait des messages, des photos à caractère pornographique, me tapotait les fesses quand je faisais la lessive ou quand j’étais à la cuisine… Tout ça m’énervait mais je gardais mon calme. J’en ai parlé à mon cousin qui m’a conseillé de garder la tête froide et me battre pour mon enfant », fait-elle savoir. Après trois semaines de travail, dame Charlotte reçoit des mains de son patron une enveloppe dans laquelle se trouvait son salaire. « L’enveloppe contenait une somme de 50.000FCFA au lieu de 30.000FCFA », souligne-t-elle. Mais, une sérieuse altercation entre dame Charlotte et son patron allait survenir, un peu plus tard. « Le soir alors que madame était à l’hôpital pour son accouchement, mon patron est venu directement me retrouver dans ma chambre pendant que je sortais de la douche. J’ai hurlé mais, il a fermé ma bouche de sa main et m’a plaqué au mur en murmurant : j’ai augmenté ton salaire pour avoir droit à ton corps et il en sera ainsi à chaque fois que tu répondras à mes désirs. Je l’ai repoussé et au moment de me retourner, j’ai reçu une claque en plein visage avant d’être propulsée dans le lit. J’ai éclaté en larmes mais mon patron me violentait encore et encore pour finir par abuser de moi… », raconte-t-elle. Depuis ce temps allant de l’accouchement du bébé au départ de sa femme chez sa belle-mère, « j’étais devenue la poupée sexuelle de mon patron. Il pouvait passer toute la journée à la maison à surveiller que les enfants s’endorment pour se jeter sur moi », précise-t-elle. La délivrance de dame Charlotte n’a été effective qu’au retour de madame, après trois mois de souffrance.

« Sans preuve de harcèlement, nous avons du mal à défendre les travailleurs domestiques »

Le harcèlement sexuel des travailleurs domestiques est chose courante dans les lieux où leur service est sollicité. Selon les statistiques publiées par l’Insae (INsTAD) suite à une enquête sur la santé (2017-2018), une femme sur 10 a subi des violences sexuelles à un moment quelconque et 5% des femmes ont subi des violences sexuelles au cours des 12 derniers mois. « Il n’y a pas que les domestiques qui sont sexuellement harcelées. Certaines filles harcèlent également leur patron en montrant leur nudité », fait savoir Ernest Comlan Adjaca, Secrétaire général du Syndicat national des employés de maison et restaurant du Bénin. Il confirme recevoir de nombreuses plaintes des travailleurs domestiques qui, malheureusement, finissent par satisfaire aux désirs sexuels des employeurs à cause de l’argent, la mauvaise condition de vie de leurs proches (parents, enfants, etc.). Des plaintes qui malheureusement, ne sont pas prises en compte par manque de preuves. « Elles viennent souvent sans preuve or avec les preuves, nous pouvons saisir les Organisations non gouvernementales et les syndicats qui interviennent dans la défense des droits des travailleurs. Nous leur disons d’avoir des preuves de leur harcèlement pour donner du sens à la défense. Cela peut être des photos, des vidéos ou des éléments audio », a-t-il expliqué. Mais de façon générale, poursuit-il, nous organisons des séances de sensibilisation sur les droits des travailleurs domestiques ainsi que les attitudes à avoir pour éviter le harcèlement et les violences sexuels. « Les filles saisissent l’occasion de ces séances pour s’extérioriser, raconter leur mésaventure et en sortent beaucoup plus aguerries. Nous les sensibilisons sur leurs droits et les bonnes attitudes qu’elles devraient avoir sur les lieux de travail », renchérit Ernest Comlan Adjaca. Une lutte que mène également l’Uita à travers le Comité des femmes des syndicats du Bénin (Cofesyb-Uita) conduite par Nouratou Gambia. Le jeudi 10 septembre 2020, l’Uita-Bénin a organisé un séminaire national de formation syndicale à l’endroit de ses affiliés pour une appropriation de la Convention 190 de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui porte sur l’élimination de la violence et du harcèlement en milieu de travail. Une vaste campagne de sensibilisation s’en est suivie du 14 septembre au 20 octobre 2020 dans les structures et institutions où évoluent les syndicats affiliés à l’Uita-Bénin dans le but de sensibiliser et convaincre les travailleurs pour l’appropriation de la C190 et dénoncer les faits de violence et de harcèlement. Une lutte qui vient d’être renforcée par le vote de la loi portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison du genre et protection de la femme en République du Bénin.

Rastel DAN

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