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Le triomphe de la vérité

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Edito: Gifler le président


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Si vous osez gifler même un chef quartier au Bénin, vous le regretterez amèrement. Ce genre de comportement ne se règle presque jamais devant les tribunaux, mais au village. Et ne vous y trompez pas. Ce n’est pas parce que les gens vont à l’église qu’ils ne connaissent pas le chemin des couvents dès qu’ils doivent résoudre ce genre de problème.
Le recours à la gifle, à l’enfarinage ou aux tartes et autres œufs pourris, constitue des formes de violence politique. Il est utilisé généralement par les anarchistes dans les démocraties occidentales pour exprimer d’une certaine manière leur mécontentement. C’est une volonté d’en découdre à tout prix en brisant les codes, en sortant des rangs pour frapper les esprits. Dans nos cybercultures où le buzz est roi, agir, c’est créer le scandale, choquer voire violenter. Ici, le buzz est de l’ordre de l’humiliation. Humilier le président de la république, le rabaisser au rang de la racaille pour lui asséner la vérité à laquelle l’on croit.
Damien Tarel le gifleur et sa bande sont des anarchistes sans idées claires. Lui, Damien, se présente plutôt comme un fanatique du moyen-âge, une période sombre voire honteuse de l’histoire européenne. Et pour décoder le message derrière son geste peu engageant, il faut bien revenir à la France d’aujourd’hui, où une certaine partie des citoyens demande plus d’autorité à l’Etat. Il est vrai qu’une certaine partie de l’extrême droite française reproche à Macron son manque de fermeté sur les questions relatives aux valeurs essentielles de la France. Les débats houleux sur la place du voile musulman dans l’espace public et plus généralement sur l’influence grandissante des cultures étrangères dans le vécu des Français, constituent pour bon nombre de citoyens les signes évidents de la faillite de l’Etat. D’où ce geste déplacé et complètement inacceptable.
Vu d’ici, l’action de ce groupuscule d’individus apparait comme la marque même de la décadence de l’Etat mais surtout des dérives de la démocratie.
Décadence de l’Etat. Gifler un homme, un père de famille est chez nous un degré élevé d’humiliation. Lorsqu’il s’agit d’un Chef d’Etat, ce n’est pas encore son statut présidentiel qui est en cause, mais son statut d’homme responsable, ce qu’on appelle dans nos langues « sunu glégbénou », c’est-à-dire un homme viril. Celui que l’on gifle est questionné dans sa virilité. Et tout le monde sait comment cette question de virilité est au cœur de l’être-en-soi de l’homme dans la société. Elle représente en somme sa dignité. La gifle appelle donc une réaction d’homme digne, d’homme virile. C’est-à-dire une réplique qui a lieu généralement dans les règles de l’art : soit sur-le-champ devant témoin ou plus tard, loin des regards indiscrets, dans un couvent. Il est vrai que Macron a botté en touche, tentant de minimiser le geste du forcené en le qualifiant d’hyper-violent. Dans notre contexte, gifler un Chef d’Etat, c’est demander si l’Etat existe encore. C’est nier la virilité du Chef de l’Etat d’une part et la puissance de l’Etat qu’il dirige d’autre part. Si la riposte n’est pas musclée à la mesure de la souillure, cela laissera des traces dans l’imagerie populaire : un président indigne que n’importe qui peut gifler dans la rue, un Etat fragilisé et failli. Voilà le sens ultime.
Les dérives de la démocratie. A lire les commentaires sur la toile la semaine dernière, la conclusion est claire : le geste déplacé de Damien Tarel est l’un des signes de la permissivité de la démocratie. Trop de démocratie tue la démocratie. Ce n’est peut-être pas le moment d’évoquer le sujet dans toute son épaisseur, mais dans nos sociétés en construction, élargir les libertés à tout vent est le plus sûr moyen d’entrainer la déliquescence de l’Etat. C’est une faille fondamentale que les concurrents des démocraties occidentales que sont la Chine et surtout la Russie exploitent à fond. Et j’ai eu le temps de constater que c’est cette facilité que ces mêmes démocraties occidentales recherchent et exploitent en soutenant des opposants apatrides pour fragiliser les Etats africains. Et elles le font le plus souvent pour extorquer des facilités au profit de leurs opérateurs économiques.
Je n’évoquerai pas la facilité avec laquelle la Russie, utilisant cette faille, s’est introduite dans la démocratie américaine et s’est confortablement installée en France. J’insisterai cependant sur un fait : le jour où un citoyen béninois aura le culot de gifler notre président, il faut être sûr que la République est déjà à terre.

Par Olivier ALLOCHEME

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