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Le triomphe de la vérité

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Edito: Voir Sohlan et tuer


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Environ 160 morts. C’est le chiffre macabre du massacre ayant frappé le village de Solhan à la suite d’une attaque dans la nuit du 4 au 5 juin, attaque menée par des djihadistes au Nord du Burkina-Faso, à la frontière entre le Burkina, le Niger et le Mali. C’est une tragédie qui rappelle tristement ce que vit le Nord du Nigeria depuis 2009 : une litanie de morts inutiles, une volonté féroce d’exposer la peur, d’imposer une religion par les armes.
Car les bourreaux de Sohlan n’y étaient allés que pour piller, détruire et assassiner une population innocente et désarmée. Et lorsque j’entends les commentateurs de la presse internationale gloser sur une faiblesse supposée de l’armée burkinabè, je me rends compte que l’on laisse les véritables facteurs de cette stratégie de la terreur aveugle. Le plus important ici reste la religion. Elle est le carburant qui donne aux combattants djihadistes la fureur destructrice qui les anime. Au nom d’Allah, du moins, au nom de l’idée que certains psychopathes s’en font, ils sont capables de semer des tragédies, convaincus qu’il n’y a que le sang pour exaucer leurs prières et leur permettre d’aller au paradis.
Je me souviens des années 1990 en Algérie. Les groupes islamistes armés (GIA) y semaient la terreur, en recrutant au sein d’une population jeune et désœuvrée. On avait prétendu à l’époque que le phénomène salafiste n’était dû qu’à l’affaiblissement progressif de l’Etat central algérien du fait de la baisse continue des cours du pétrole. Là encore, on a oublié de préciser que lorsqu’un djihadiste de 21 ans s’en va égorger un petit enfant de cinq ans, il est convaincu qu’il est en mission divine, mission dont la récompense ultime est le paradis qui lui est promis. D’où l’extraordinaire témérité de ces fous de Dieu prêts à affronter l’armée. L’Algérie n’a pu arriver à bout de cette bulle djihadiste qu’en s’armant davantage grâce à la manne pétrolière. Ces ressources ont ainsi fourni les moyens à l’Etat algérien pour repousser la pègre islamiste jusqu’aux confins du Sahara. Il en est de même pour l’Egypte qui a misé sur une réponse militaire massive, en puisant dans l’aide américaine ayant déjà fait de ce pays la principale puissance militaire du Maghreb.
Le cas de Nord-Est du Nigeria est aussi emblématique de cette difficulté à combattre l’esprit salafiste. Malgré toute la force de l’armée nigériane qui demeure une puissance militaire régionale, celle-ci est mise en respect depuis plus d’une décennie par Boko Haram. Au nom d’une certaine vision de l’islam, cette faction islamiste a déjà fait plus de quarante mille morts depuis 2009, des morts auxquels vient s’ajouter le chef du mouvement, Aboubakar Shekau tué il y a quelques jours par une autre branche rivale. Retenez bien que ce n’est pas l’armée nigériane qui l’a tué, mais bien l’ISWAP, la branche ouest-africaine de l’Etat islamique.
Ce que je veux dire, c’est que les principales religions monothéistes (l’islam et le christianisme), ne se sont répandues dans le monde qu’en utilisant une violence aveugle. Bien qu’apparemment inhumaine et sauvage, la « guerre sainte » encore appelée djihad, est la seule solution trouvée par ces prosélytes violents depuis la nuit des temps pour imposer leur religion. On parle aujourd’hui des 160 morts de Sohlan ou des 40.000 morts de Boko Haram. Mais qui se souvient encore des dizaines de milliers de morts occasionnées par Samory Touré, El Hadj Omar Tall ou encore Ousman Dan Fodio ? Presque personne. Au contraire, ces personnages historiques sont célébrés depuis des décennies comme des héros africains. Nos livres d’histoire au primaire comme au secondaire, présentent leurs djihads comme des opérations épiques qui honorent l’Afrique. C’est la fabrique habituelle des héros : on inculque dans la tête des enfants des récits édulcorés avec une bonne dose d’hagiographie, pendant que la vraie histoire est passée sous silence.
Jusqu’aujourd’hui, au nord de la Côte-d’Ivoire, le nom de Samory Touré est encore synonyme d’effroi, de terreur et de barbarie. Ce sont d’ailleurs les populations terrorisées par ses méthodes d’une violence inouïe, qui ont fini par le dénoncer à l’armée française qui l’a capturé le 29 septembre 1898 à Guélémou. Samory Touré avait pour objectif de créer un empire musulman et livrait pour cela une guerre sans merci à tous les royaumes qui résistaient à sa folie meurtrière.
Plus que les facteurs économiques et militaires, la résolution de la folie djihadiste tient donc à la lutte contre toutes les formes d’intolérances religieuses.

Par Olivier ALLOCHEME

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