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Le triomphe de la vérité

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Edito : Une cruelle désillusion


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La réélection de Patrice Talon n’a pas donné lieu à  un véritable changement de gouvernement. Le remaniement ministériel de la semaine dernière a laissé un goût amer à tous ceux qui espéraient devenir ministres, que ce soit au niveau des deux grands  de la mouvance ou des trois partis satellites qui soutiennent l’action du Chef de l’Etat.

Au sein des deux grands partis, beaucoup de cadres espéraient qu’après cinq ans de présence u gouvernement, leurs camarades ministres leurs camarades ministres leur cèderaient la place pour faire leur preuve à leur tour. C’est en comptant sur cette roue de l’histoire qui devrait tourner en leur faveur qu’ils se sont donnés à fond dans la campagne électorale. Après plusieurs années d’attente, la réélection du Chef de l’Etat était l’occasion idéale pour eux de voir la concrétisation de cette ambition. D’autant que de tout temps, un président réélu se doit d’insuffler un nouveau souffle à son équipe pour relever les nouveaux défis de sa gouvernance. En 2011, la réélection de Boni Yayi avait donné lieu à un grand balayage au sein de l’équipe gouvernementale. Même ceux des ministres qui avaient utilisé leurs propres moyens pour faire campagne, avaient dû céder leurs places. Chacun pensait à l’époque que la condition pour être reconduit était de « mouiller le maillot ». Mais à l’arrivée, certains ont fait l’amer constat de leur remplacement. J’en connais qui continuent jusqu’aujourd’hui d’en vouloir à l’ancien président. Mais en fait, celui-ci n’avait fait qu’appliquer une règle simple : nouveau mandat=nouveau gouvernement. L’on ne s’attendait pas à un changement de cette ampleur au niveau de Patrice Talon. Mais avec le remaniement de la semaine dernière,   près de 90% des ministres sont restés. Ceux qui attendaient un poste devront encore attendre longtemps.

Au niveau des partis satellites (PRD et surtout UDBN et MOELE), la déception n’est que palpable. Le PRD n’a obtenu qu’un poste, une maigre consolation au regard des attentes du parti. Malgré les félicitations formelles adressées au Chef de l’Etat, le parti de Houngbédji ne peut qu’être déçu de ce qu’il a obtenu. La déception de MOELE-Bénin et de l’UDBN est abyssale. Mais si Jacques Ayadji et les siens peuvent se prévaloir de postes plus ou moins éminents dans l’appareil étatique, ce n’est pas le cas de Claudine Prudencio. Ni elle ni aucun membre du bureau directeur de son parti n’a rien obtenu. Cela malgré toute la débauche d’énergie déployée dans l’Atlantique et le Littoral par le parti pour faire sortir les militants le 11 avril dernier. Il est vrai qu’une campagne médiatique avait été entreprise pour montrer que l’ancienne ministre se vantait un peu trop sur ses prétendus résultats, d’autant que son fief en lui-même est déjà acquis au Chef de l’Etat. Trop de bruit pour rien, pourrait-on dire.

Quant à MOELE-Bénin, la position de son président dans l’administration ne lui permet d’exiger quoi que ce soit. C’est même le seul parti de l’échiquier qui soit contraint de travailler sans rien réclamer en retour. Soucieux de réduire la voilure du gouvernement, Patrice Talon n’avait pas l’obligation de satisfaire des satellites qui, de toute façon, seront contraintes de le soutenir.

Ce que beaucoup ont fini par comprendre, c’est qu’à l’heure du bilan, Patrice Talon a choisi de ne céder qu’à sa propre vision de l’action gouvernementale. A savoir que le seul baromètre qui permet de changer un ministre ou de le maintenir, ce sont les résultats qu’il a obtenus. Et cette règle est désormais intemporelle, puisqu’elle s’applique même après une élection majeure comme celle que nous venons de vivre. De sorte qu’après cinq années de présence continue au gouvernement, certains ministres sont toujours là, puisqu’ils ont atteint les résultats sectoriels pour lesquels ils ont été nommés.

Contrairement à ses prédécesseurs, Patrice Talon n’assigne aucune obligation de popularité politique à ses ministres. Même s’ils disposent d’une certaine assise politique, le critère majeur qui décide de leur choix, de leur maintien ou non, reste leurs résultats.

En fait, malgré son statut présidentiel, le Chef de l’Etat n’a pas abandonné ses instincts de capitaine d’industrie. Tout ce qui compte pour lui, c’est l’efficacité au poste. On peut ainsi voir dans le gouvernement actuel, des ministres qui n’ont fait aucune campagne, participé à aucun meeting politique, cependant qu’ils sont maintenus au même titre que ceux qui ont fait montre d’un activisme débordant lors de la campagne électorale.

C’est une remise en cause radicale des règles établies. Une amère désillusion pour ceux qui attendent toujours leur heure de gloire.

Par Olivier ALLOCHEME

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