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Le triomphe de la vérité

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PROFESSEUR VICTOR TOPANOU RAPPORTEUR GÉNÉRAL DU DIALOGUE POLITIQUE SOUS L’ARBRE À PALABRE: «Je dis aux opposants de rentrer dans la dynamique»


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Le bon déroulement de l’élection présidentielle du 11 avril 2021 consacre selon le professeur Victor Topanou, le rapporteur général du dialogue politique de 2019, le couronnement des réformes politiques. Invité du quotidien L’Evénement Précis, le professeur Victor Topanou a, dans la Rubrique « Sous l’arbre à palabre » du journal, exprimé sa satisfaction du bon aboutissement du processus électoral: « cette élection a été une réussite puisque les objectifs de la réforme du système partisan ont été atteints », soutient-il avec enthousiasme. Saisissant l’occasion du décryptage de l’actualité politique nationale, il a, au cours de cette entrevue avec les journalistes, noté en dépit des violences qui ont émaillé le processus électoral par endroits, que « l’accouchement a été très difficile, mais le bébé est né vivant ». L’ancien ministre a abordé plusieurs sujets parmi lesquels la réforme du système partisan, l’arrestation de certains acteurs politiques et a d’ailleurs condamné les appels aux marches lancés par certains leaders de l’Opposition, et qui se sont transformés en des manifestations violentes à la veille de la présidentielle du 11 avril 2021. L’invité au cours des échanges à bâtons rompus sous «Sous l’arbre à palabres» a par ailleurs présenté les mérites des réformes opérées de même que les leçons à tirer pour corriger les dérives de la conférence nationale et pérenniser les acquis démocratiques.

Et si on en parlait

Vous voici à nouveau sous l’arbre à Palabre, au lendemain de la présidentielle du 11 avril 2021. Quelles sont vos premières impressions au vu des résultats issus des urnes après cette élection ?

Je pense que l’accouchement a été difficile, très difficile. Mais le bébé est né et il est né vivant. C’est l’essentiel, c’est le plus important. Donc, il faut juste continuer à l’entretenir, afin qu’il ne meure pas d’une mort prématurée.

C’est un KO. On n’est pas allé au second tour. Qu’est-ce que cela vous dit ?

Depuis qu’on a commencé notre jeune démocratie en 1991, on a eu quatre (4) Présidents de la République. Et parmi les 4, il y a un seul qui n’a pas pu renouveler son mandat : c’est le Président Nicéphore Dieudonné Soglo. Et sur les 3 qui ont réussi à renouveler leur mandat, deux l’ont renouvelé dès le premier tour, c’est-à-dire par KO, puisque c’est la formule retenue. Un seul l’a fait au deuxième tour, il s’agit du Président Mathieu Kérékou (paix à son âme). Si sur trois, il y a deux qui l’ont fait au premier tour, cela peut laisser subodorer qu’au Bénin, il est plus difficile d’obtenir un premier mandat que de le renouveler. Après, que le KO se fasse à 55% ou à 80%, peu importe : le principe, c’est le renouvellement du mandat.

Ce scrutin qui s’est déroulé le 11 avril dernier a la particularité d’avoir expérimenté pour la première fois les nouvelles lois électorales auxquelles vous avez beaucoup contribué. Quelles appréciations vous en faites et quels sont les grands enseignements que vous en tirez ?

Je pense que les objectifs fixés à ces lois ont été globalement atteints. Pour la première fois, on n’a pas eu une pléthore de candidatures. Avec les réformes, il n’y a de place que pour dix candidatures au maximum. C’est-à-dire que dès l’instant où nous avons dit que « pour être candidat, il faut avoir 10% du collège des parrains constitué des Maires et des Députés », il ne peut plus arriver qu’on ait 33 candidats. On aura au maximum 10 candidats. Pour cette première application, au lieu de 10, on en a eu 3. Peut-être à la prochaine présidentielle, on aura 4, 5, voire 6 ou les 10. En tout état de cause, on ne dépassera plus 10 candidats. Et parce qu’il y a une limitation des candidatures, les discours des candidats sont plus audibles. En effet, quand vous n’avez que 3 candidats sur 10 possibles, leurs discours, leurs programmes s’entendent : on les entend. A 33, on ne peut pas entendre les discours et c’est l’une des raisons pour lesquelles les présidentielles depuis 1991, ne s’organisaient pas autour de programmes. Ensuite, pour la première fois, on a fait une élection sans la fameuse opération porte-à-porte dont beaucoup disaient qu’elle était déterminante dans la victoire électorale. Or, ce qu’on ne dit pas, c’est le montant approximatif qu’il fallait investir dans cette opération. Si vous devez faire le porte-à-porte sur toute l’étendue du territoire, distribuer de l’argent à tous les citoyens, même si ce n’est que 500 francs CFA, cela fait tout de même beaucoup d’argent qui aurait pu, s’il avait été judicieusement utilisé, apporter beaucoup plus de bonheur à beaucoup plus de gens.

Aujourd’hui, il est tout à fait possible que si vous êtes un opérateur économique et que vous allez vers un candidat pour lui proposer de mettre 500 millions à sa disposition pour sa campagne, il puisse vous répondre : « gardez les 500 millions, à la fin des élections, on réalisera des œuvres sociales (centres de santé, marchés, centres de loisirs, etc…) sur lesquelles on marquera en lettres d’or, DON DE …ET DE ». Cette approche représentera une nouvelle façon de voir les choses ; elle incarnera une campagne enrichissante plutôt que la campagne appauvrissante qu’on a connue jusqu’ici. Je pense que ces objectifs-là ont été globalement atteints ; il faut le reconnaitre et s’en féliciter.

Mais le taux de participation en a pris un coup….

En effet, c’est le risque qu’il fallait prendre et il en valait la peine. Maintenant, le problème, c’est de savoir si cette abstention deviendra structurelle ou si elle restera conjoncturelle ? Mais pour qu’elle ne soit que conjoncturelle, il faut absolument l’adhésion de tous les acteurs politiques à ces réformes et qu’ils éduquent leurs militants et les électeurs dans ce sens. Car s’ils ne le font pas, évidemment, on risque d’aller vers une abstention structurelle, ce qui serait préjudiciable à notre démocratie participative. On va donc croiser les doigts pour qu’on n’arrive pas là.

Au dépôt des candidatures, vous n’avez pas senti qu’il y a déjà des couacs dans les réformes ?

Des couacs ? Non. Vous savez, on ne peut pas tout interdire. Si non, on va immédiatement vous taxer de dictateur. Comme vous le savez, l’un des objectifs des réformes était le renforcement du système partisan car aussi paradoxal que cela puisse paraître, aucun parti politique n’avait jamais gagné une élection présidentielle au Bénin depuis 1991.

Tous ceux qui avaient été présentés par un parti ont toujours échoué. Je pense au Président Amoussou. Je pense aussi au Président Houngbédji et même au Président Soglo qui, comme par hasard, quand il a été élu en 1991, n’avait pas de parti. Mais il a suffi qu’il crée un parti en 1993 pour perdre aussi bien l’élection de 1996 que celle de 2001. Bref, c’était une de nos « anomalies démocratiques ». C’est comme si vous allez aux Etats-Unis et vous remportez les élections en étant un candidat indépendant.

J’attire votre attention sur le fait que les candidatures indépendantes n’ont pas été interdites, mais qu’elles ont juste été rendues difficiles et que c’est pour cela que nous avons encore eu une vingtaine de dépôts de dossiers de candidature même si au finish, seuls trois ont été retenus.

Avez-vous le sentiment que la réforme du système partisan a permis d’élire un président issu des entrailles des partis ?

C’est la première élection présidentielle et elle peut avoir donné l’impression d’une insatisfaction. Mais je pense, qu’on le veuille ou non, qu’elle est en marche. Pour cette fois-ci, cinq partis se sont mis ensemble pour soutenir un candidat. Il est à souhaiter qu’à l’avenir ces cinq partis fusionnent pour donner un parti unique. J’ai vu d’ailleurs pendant la campagne les activités d’un mouvement dénommé « Dynamique Unitaire ». On va juste espérer qu’il soit prémonitoire et que sa finalité soit la fusion.

Dans une récente interview à une radio étrangère, l’ancien Président de la cour constitutionnelle, Robert Dossou a comparé la présidentielle de 2021 à une pièce de théâtre où chaque acteur avait été préparé à un rôle précis. Avez-vous eu la même impression ?

Non. J’ai écouté cette interview-là. J’ai également écouté l’interview-réponse du directeur de la communication de la présidence. Je n’irai donc pas vraiment sur ce terrain. Mais ce que je voudrais dire, c’est que le Président Robert Dossou a trois casquettes.

Lesquelles ?

Il est Avocat, homme politique et universitaire. Donc, selon qu’il parle avec la casquette d’Avocat, d’homme politique ou d’universitaire, le discours est différent. Car comme vous le savez, l’Avocat défend, , l’homme politique justifie et l’universitaire explique. Et je crois que dans l’interview à laquelle vous faites référence, il a été présenté comme Avocat de deux candidats recalés. Il est donc dans son rôle de dire ce qu’il a dit car un avocat a toujours raison même lorsque son raisonnement est faux car il doit pouvoir défendre y compris un criminel pris en flagrant délit de meurtre. Ma conviction est que s’il devait prendre la parole dans ce dossier en tant qu’homme politique, il tiendrait un discours totalement différent.

Par contre, il y a une autre partie de l’interview qui m’a un peu amusé ; c’est quand il parlait de la fraude par la loi. Cette déclaration vient jeter un regard nouveau sur le KO de 2011 qu’il avait proclamé en 2011 au profit du Président Boni Yayi. La réélection de Boni Yayi fut donc une « pièce de théâtre » puisque la fraude par la loi avait été préparée bien en amont par la loi sur la LEPI. Si vous vous souvenez, lorsque la LEPI avait été adoptée par les députés, une partie de la classe politique s’est remobilisée dans la mouvance de l’Union fait la Nation (UN) pour adopter une loi abrogative que la Cour avait cassée prétextant que même si le vote de la Loi était une prérogative exclusive des Députés, ils n’avaient pas le droit de voter une loi qui constitue un recul. Il estimait alors que la LEPI qui n’était même pas encore appliquée serait nécessairement meilleure à la liste manuelle utilisée jusque-là dans les élections en République du Bénin. Mais en réalité, c’était le K.O de 2011 qu’il préparait.

Ce que je pourrai dire pour finir avec cette question, c’est qu’il ne faut pas être naïf non plus. Lorsqu’un gouvernement en place opère des réformes ce n’est pas pour avantager son opposition. C’est pour en tirer au moins un léger bénéfice. Regarder ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis avec les deux réformes politiques que veut engager Joe Biden, celle de la Cour Suprême et celle de Washington DC. Dans le premier cas, il souhaite augmenter le nombre de Juges afin de pouvoir en nommer quelques-uns pour rééquilibrer à son avantage les rapports de force au sein de cette vénérable Institution. De même, en transformant Washington DC en Etat, il s’assure un avantage au Congrès puisque les populations de Washington ont toujours été majoritairement des démocrates. Au total, il y a toujours des intentions politiques derrière une réforme politique ; ce n’est pas nouveau et ce ne sera pas la dernière fois : l’essentiel c’est que cela se fasse dans les règles de l’art.

Que pensez-vous du recul de la démocratie?

Je n’ai jamais compris pourquoi on parle de recul démocratique au Bénin . Est-ce parce qu’un régime élu démocratiquement utilise les ressources que la Constitution et le jeu démocratique lui confèrent pour faire des réformes ? Ou bien c’est parce que le droit s’applique désormais aux acteurs de la classe politique sonnant ainsi le glas de l’irresponsabilité pénale des acteurs politiques ? Ou enfin parce qu’il y aurait un standard unique de modèle démocratique que le Bénin appliquait si bien et qui contre toute attente subit des modifications injustifiées et inacceptables ?

À mon avis, il n’y a pas au Bénin de suppression des libertés, mais une réorganisation des conditions de jouissance de celles-ci. C’est le cas par exemple du droit de grève. Il n’a pas été supprimé, la Cour constitutionnelle s’y était opposé. Mais il a été réduit à sa plus simple expression, deux jours par mois, lui enlevant ainsi toute capacité de nuisance. En soi, ce n’est donc pas un problème démocratique ; le vrai problème démocratique, c’est de voir des acteurs politiques contester, au point d’en arriver à la violence, des réformes engagées légalement par un pouvoir démocratiquement élu sur la base d’un programme.

Joël Aïvo, votre collègue a fait l’option de respecter une partie de la loi en constituant un duo et en refusant de souscrire au parrainage, Réckya Madougou l’a fait également comme d’autres candidats. Comment appréciez-vous ces attitudes ?

Joël Aivo est plus qu’un Collègue ; c’est un ami et un frère. Je regrette cette attitude que lui et Madougou ont eue, mais ce fut une option politique que je n’ai pas d’autre choix que de respecter. Je regrette encore plus ce qui leur arrive actuellement.

Les cas de violences enregistrés lors du scrutin ne sont-ils pas la conséquence des nouvelles lois électorales qualifiées de facteurs d’exclusion pour les opposants ?

Pour moi, c’est une question de principe. Rien, absolument rien ne justifie la violence surtout quand on se dit en démocratie. Ni même la modification d’une loi électorale. Toutes les fois que quelqu’un fait appel à la violence, c’est qu’il n’est pas démocrate ou qu’à tout le moins sa culture démocratique doit être questionnée.

Mais ils se sont sentis exclus …

Ce n’est pas parce que vous vous sentez exclus que vous faites recours à la violence. Nous n’en sommes pas au premier cas de sentiment d’exclusion dans notre vie politique. J’en vois au moins deux, une plus ancienne et une plus récente. La plus ancienne, c’est en 1990 lorsque le projet de constitution avait limité à 70 ans l’âge plafond pour être candidat aux fonctions de Président de la République. Les anciens Présidents Ahomadégbé, Maga et Zinsou ont vite fait de dénoncer une disposition exclusive, mais pour autant, ils n’ont pas fait recours à la violence ; ils ont appelé à voter « oui, mais ». Ils ont perdu et ils se sont alignés. Plus récemment et près de trente ans après le premier cas, c’est le Ministre d’Etat Komi Koutché qui a été victime de l’âge plancher fixé à 40 ans pour être candidat aux fonctions de Président de la République. Il a eu le sentiment d’être exclu, mais pour autant il n’a pas fait usage de la violence ; au contraire il a fait saisir la Cour constitutionnelle aux fins d’obtenir une interprétation de cette disposition constitutionnelle. La décision de la Cour quoique scandaleuse ne lui a pas permis d’être candidat ; sinon, peut-être serait-il le Président de la République actuel. Lui non plus n’a pas fait recours à la violence ; au contraire, il s’est aligné. 

Au total, il n’y a aucune raison de faire recours à la violence dans un régime démocratique. La démocratie nous enseigne le respect du temps long. Laurent Gbagbo, Alpha Condé et Abdoulaye Wade nous ont montré qu’on pouvait faire l’opposition trente ans avant d’accéder au pouvoir ; ils l’ont fait sans jamais user de la violence. Mais, organiser, ainsi que cela a été fait, le boycott systématique des élections dans trois communes, Tchaourou, Bantè et Savè n’était encore jamais arrivé au Bénin.

Visiblement, votre doigt accuse quelqu’un ?

Non, pas du tout. Je n’accuse personne. La Justice fera son travail et mon souhait est qu’elle innocente certains qui croupissent aujourd’hui préventivement en prison.

Mais, le chef de l’Etat avait rassuré qu’il maitrisait la situation.

Il a pu le dire, mais quand la violence est réduite à son plus petit dénominateur, c’est-à-dire le niveau individuel, il est très difficile à n’importe quel Etat de la combattre. Par contre, l’Etat a l’obligation a posteriori de chercher à situer les responsabilités et c’est bien cela que l’Etat fait en ce moment. C’est ne pas le faire qui serait irresponsable, voire coupable de la part de l’Etat. Vous avez vu les gilets jaunes en France et l’invasion du capitole aux Etats-Unis ? dans les deux cas, l’Etat Français et l’Etat américain ont situé les responsabilités en procédant à des arrestations et en condamnant au besoin. C’est donc tout simplement normal qu’après ces événements-là, l’Etat cherche à savoir. Quand l’Etat aura fini de savoir et aura fini de situer les responsabilités, s’il plait à cet Etat-là, d’effacer l’ardoise, le cadre juridique actuel lui permet de le faire. Mais, vous ne pouvez pas dire d’un Etat qui cherche à savoir les origines, les causes, les acteurs, les commanditaires de violences aussi systématiques qui empêche depuis 1991, trois communes du pays, de voter qu’il est dictatorial.

Vous étiez membre du présidium lors du dialogue politique de 2019 après les violences des législatives et les lois issues de ce dialogue ont permis l’organisation de cette présidentielle qui a connu également des violences. Avez-vous le sentiment comme beaucoup que le dialogue politique n’a servi à rien ?

Vous me donnez l’occasion de répondre à un collègue et ami, le Professeur Amoussou Yéyé qui a écrit sur sa page Facebook : « Est-ce que les professeurs Sossa et Topanou sont fiers d’eux » ? Ma conviction, c’est que ce n’est pas le dialogue qui est en cause. Nous avons eu dans notre pays une conférence nationale, mais toutes les dérives de ces trente dernières années ne peuvent être imputables à cette conférence nationale-là. De la même manière, la situation actuelle ne peut être imputable au dialogue politique. Il faut distinguer entre l’esprit et la pratique que font les hommes des lois et institutions qu’ils se donnent. C’est pourquoi, quand je vois certaines personnes prendre la conférence nationale comme le levier de notre démocratie, je me dis qu’ils se trompent d’analyse.

Les réformes n’ont pas été faites pour susciter la violence, ni pour exclure d’ailleurs. Elles ont été faites pour tenter de corriger les dérives constatées ces 30 dernières années et notamment replacer les partis politiques au cœur de la vie démocratique. Pour y arriver, on a corrigé les conditions de création des partis, on a revu le statut de l’opposition, on a décidé du financement public, on a décidé que les partis doivent avoir une dimension nationale et pour cela, pour les communales tout parti doit avoir au moins 10% des suffrages exprimés sur le plan national pour être éligible au partage des sièges. Il en est de même pour les législatives. Et pour la présidentielle, il faut réunir au moins 10% du collège des parrains constitués des Maires et des Députés. C’est vrai que cette fois-ci, ce système a profité au Président en exercice, mais il profitera bien à quelqu’un d’autre en 2026.

Vous en êtes sûr ?

J’en suis certain. Le Président Talon n’a pas l’intention de faire plus de deux mandats. Et la Constitution ne l’y autorise même pas. Et si le Président voulait faire plus de deux mandats, il aurait pu faire sauter le verrou de la limitation des mandats à l’occasion de cette révision ; il en avait les moyens. Au lieu de cela, il a plutôt corsé cette limitation. Il faut que nous sortions de cet état de suspicion permanente qui caractérise notre société.

Puisqu’il a une majorité écrasante à l’Assemblée !

Il aurait pu faire ce qu’il veut, changer les textes comme bon lui semble, mais tel n’a pas été le cas. Pourquoi voulez-vous qu’il fasse en plusieurs fois ce qu’il peut faire en une fois ? Je fais donc bien le pari qu’à partir de 2026, ces dispositions profiteront bel et bien à d’autres acteurs un peu comme la Lépi de Yayi a profité à d’autres acteurs jusqu’en 2021.

Avec les violences, les arrestations et tout ce qui a entouré cette élection, n’avez-vous pas l’impression qu’il faut une assise nationale afin de véritablement réconcilier tout le peuple ?

J’ai déjà entendu ça plusieurs fois, mais je ne vois toujours pas ce que l’on met dans les assises nationales. Si c’est pour remettre en cause les réformes, je pense que ce serait un énorme gâchis. Si c’est pour faire un remake de la conférence nationale, je n’y suis pas favorable ; nous ne sommes pas dans la situation de 1989. Si c’est pour amnistier ceux qui ont maille à partir avec la justice alors salut les dégâts : ce serait l’instauration du règne de l’impunité pour les acteurs politiques car la liberté va de paire avec la responsabilité. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec la Conférence nationale. Et si enfin, c’est pour conférer une nouvelle légitimité aux acteurs politiques en mal de légitimité démocratique comme ce fut le cas avec la conférence nationale, alors ce serait à désespérer de notre capacité collective. A ce propos, j’ai entendu le professeur Holo dans une interview sur la Deutch Welle qui disait que les problèmes de la composition actuelle de la cour constitutionnelle, c’était, d’une part, qu’il n’y a pas de constitutionnaliste et, d’autre part, qu’il n’y a plus personne qui ait participé à la conférence nationale comme si nul ne peut parler de la seconde guerre mondiale s’il n’y a pris part.

Le système partisan est-il protégé ?

Comme je le disais tantôt, il y a la réforme et il y a la pratique. Je pense que pour l’instant, on a essayé de protéger au mieux le système partisan. Il n’y a pas de démocratie sans un système partisan fort. Chez nous, on n’avait pas de système partisan. Un système partisan, c’est à la fois le financement public, le statut de l’opposition, c’est le cadre partisan comme cadre unique du choix des responsables du mandat électif. C’est un ensemble de jeux qu’on n’avait jamais véritablement construit, mais qu’on a essayé de construire à la faveur de cette réforme. Malheureusement, certains acteurs continuent de développer des résistances à son égard. Et c’est pourquoi pour moi, le principal effort à faire, c’est de continuer d’expliquer l’esprit des réformes afin que les réticents d’aujourd’hui finissent par y adhérer. Je reconnais qu’il n’y a pas eu assez de pédagogie, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

ll faut avoir tous les partis derrière un candidat… ?

Je crois que j’en ai parlé plus haut. C’est probablement la phase transitoire qui nous a permis d’assister à ce phénomène. Car vous ne pouvez pas continuer de dire que vous supportez la même personne et en même temps soutenir que vous ne pouvez pas travailler ensemble. Imaginez qu’après cette présidentielle, ils se déchirent à nouveau pour les prochaines législatives de 2023. Ils vont encore se retrouver avec des partis qui n’auront pas les 10% sur le plan national et qui n’auront pas de députés. Par souci de cohérence, ils sont obligés de rester ensemble.

Pour rendre acceptables les dispositions acceptées…?

Ma conviction, c’est qu’il faut continuer d’expliquer, aux acteurs, aux populations et aux partenaires. Il faut expliquer que les réformes ne sont pas faites pour exclure et qu’au contraire, elles sont faites pour renforcer le système partisan et qu’en conséquence elles profiteront aussi à leurs partis politiques.

Le Bénin était quasiment le seul pays où l’on peut gagner une élection présidentielle sans être un acteur politique connu, sans avoir été militant ou adhérent d’un parti. Ce n’est possible dans aucun des pays qui nous entourent et a fortiori dans les pays de vieille démocratie. Les conséquences sur la gouvernance politique et économique sont suffisamment bien connues pour souhaiter l’inversion d’une telle situation. 

Écoutez, moi j’ai travaillé avec le Président Boni Yayi. En 2007, il y a eu les premières législatives du premier mandat de Boni Yayi. Il a eu une majorité relative et il a dû trouver des alliés pour construire une majorité absolue. Mais un an plus tard, en 2008, il a encore perdu cette majorité. Pour tenter de reconstruire une nouvelle majorité, il a fallu donner des gages de mauvaise gouvernance aux Députés qui acceptaient de le soutenir. Ainsi par exemple, pour obtenir le soutien du Député Justin Agbodjèté, il a fallu consentir à son parti, l’UTD de Barnabé Dassigli le poste de Ministre de la Jeunesse et des sports, un poste de chargé de mission et un poste de Chef d’arrondissement à Calavi. Il en est de même du Député Kindjanhoundé qui n’a accepté de soutenir le gouvernement qu’à condition d’obtenir un poste de Ministre, un poste de Préfet et des marchés publics. Pour bénéficier du soutien d’un député à l’Assemblée nationale, un Président de la République était obligé de faire tout ça. Sans compter que plus de 80% des Députés sont des opérateurs économiques et que la seule chose qui les préoccupe, ce sont les marchés publics. L’exemple le plus illustratif en même temps qu’il est symbolique, c’est la construction inachevée depuis quelques années du siège de l’Assemblée nationale, le lieu où bat le cœur de notre démocratie à Porto-Novo.

Et pourtant, tout le monde a conscience que cette situation ne pouvait durer plus longtemps. Kérékou dénonçait déjà les intellectuels qu’il qualifiait de « tarés » et en appelait à la construction du Bénin du futur. Yayi Boni quant à lui, a parlé du « changement » au cours de son premier mandat avant de parler de « refondation » au cours de sen second mandat pendant que le Président Adrien Houngbédji parlait de « rectification ». En 2016, on s’est retrouvé avec deux grosses tendances, le « nouveau départ » et la « rupture ». Au total, le besoin existe, il est réel. Le seul reproche que l’on peut faire au Président Talon, c’est de n’avoir pas accompagné ces réformes d’une bonne pédagogie. Mais il n’est pas trop tard pour rectifier et mieux faire.

Il a perdu sa légitimité

Non, pas du tout. La légitimité n’est pas donnée par le taux d’abstention ou le taux de participation à une élection. Au Bénin, la loi a prévu que le vote soit un droit et non un devoir. Si vous décidez le jour du vote de ne pas aller voter, c’est votre droit. On ne peut pas dire qu’un taux de participation faible fait perdre à un élu sa légitimité ; ce n’est qu’une vue de l’esprit.

 Le Bénin sera désormais dirigé par un duo présidentiel, même si les pouvoirs de la vice-présidente élue sont très limités. Comment entrevoyez-vous cette nouvelle ère de gouvernance qui s’ouvre dans la vie démocratique de ce pays ?

Il faut retourner à l’esprit de cette réforme. On a prévu un poste de vice-Président parce qu’il a été décidé d’organiser les élections générales afin de mettre un terme au cycle perpétuel des élections au Bénin ? Désormais, en six mois, de janvier à, Mais de l’année électorale, toutes les élections (présidentielle, législatives et communales seront organisées). Mais pour y arriver, il y avait deux questions techniques et préalables à régler, la première c’est l’harmonisation des mandats et la seconde la vacance des pouvoirs. Pour la première, il a fallu faire passer le mandat des députés à cinq ans. Pour la seconde, pour éviter de reprendre les élections en dehors de la période des élections générales, il a fallu créer un poste de Vice-Président pour faire comme aux Etats-Unis, au Ghana et au Nigéria entre autres. Au Bénin, le Vice-Président devient d’office le Grand Chancelier de l’Ordre. 

Lorsque le Président de la République décède, et que la vice-présidente élue, prend le pouvoir et devient présidente de la République, que devient le poste de la chancellerie ?

En fait le poste de la chancellerie est directement lié à la vice-présidente donc lorsque le vice-président devient président, il y a un mécanisme pour désigner le nouveau vice-président. Le nouveau président propose un vice-président qu’il soumet pour approbation à l’Assemblée nationale.

On a également appris que le Président de la République peut démettre la Vice-Présidente

Oui, en effet.

Des opposants soupçonnés d’être instigateurs des récentes violences électorales sont interpellés et mis sous mandat de dépôt par vague depuis peu par la justice. La stabilité nationale tant souhaitée n’est-elle pas davantage éprouvée ?

Non. S’ils ne sont pas coupables ils vont être libérés. Vous imaginez si l’Etat ne faisait rien à la suite de toutes ces violences pré-électorales ? Vous imaginez que l’État soit là les bras croisés ? Pour la première fois on a organisé le boycott systématique des élections dans trois communes. Ce n’est même pas que certains ont voté et que d’autres n’ont pas voté. C’est que personne n’a voté. C’est quand même un acte suffisamment grave. Donc un État sérieux a l’obligation de chercher à comprendre, à situer les responsabilités et après une fois les responsabilités situées, s’il faut aller vers l’effacement, il le fera. Mais ne rien faire du tout serait est un mauvais signal.

Pour un second mandat, si on demandait à Victor Tokpanou de donner des conseils au Président Talon, que lui diriez-vous ?

Je lui dirai de poursuivre les réformes pour lesquelles le Peuple béninois l’a élu, mais de les accompagner d’une bonne pédagogie ; il sera applaudi à la fin de son mandat.

Aux opposants, je leur dirai simplement de rentrer dans la dynamique et d’arrêter de penser que le Président ne pourra pas faire deux mandats, que s’il venait au second tour en 2021 ce serait la fin du monde. Que personne n’oublie qu’une élection est aléatoire et qu’on peut la gagner ou la perdre.

Et au Président Talon qui a serré la ceinture au premier quinquennat, quel conseil avez-vous à lui donner ?

Moi je suis fonctionnaire et mon salaire a toujours été payé. C’est vrai que l’histoire de ceintures serrées est une image politique. Ce sont des réformes qui ont été faites et si ces réformes sont légitimes et pertinentes il faut faire avec. Le problème est au niveau des primes des fonctionnaires qui ont été supprimées. Certains avaient même fait des crédits à la banque et quand la décision de suppression des primes a été prise, ils se sont retrouvés dans une situation délicate. Déjà du temps de Boni Yayi, une commission avait été mise en place pour étudier la question des primes, mais elle n’avait jamais déposé son rapport.

Puisque nous parlons de votre ancien patron, pensez-vous qu’il a fait du pire pour les résultats en 2016?

Ce n’est pas les mêmes cas de figure. En 2016, l’étranger était vraiment étranger. En 2021, l’étrangère n’était pas si étrangère que ça.

Elle est étrangère au parti Les Démocrates…

Oui, peut-être au parti, mais en 2016, ce n’était pas au parti. Il était quasiment étranger à la classe politique. Je ne suis pas capable de vous expliquer les tractations internes du parti Les Démocrates qui ont abouti à la désignation de Réckya Madougou. Mais j’ai pu entendre dans certains éléments audios sur WhatsApp que les critères de désignation de leur candidat étaient essentiellement financiers. Il fallait avoir la capacité de payer la caution, la campagne et la tournée d’information et d’explication.

C’était la même chose en 2016 …

C’est possible puisque sous réserve de vérification, l’affaire des 15 milliards entre Ebomaf et le candidat de 2016 montre très bien que le candidat lui-même n’avait pas d’argent. Sinon, il n’allait pas faire ça. J’aurais dû même lever les réserves puisque pour ces motifs, il a été condamné par un tribunal. Ça veut dire qu’il n’avait pas les 15 milliards avec toute la réputation qu’il avait sur le plan international, en France etc. Et pourtant, la loi avait prévu deux milliards de dépenses électorales. Donc pour moi, ce n’est pas les mêmes dynamiques en 2016 et 2021.

On a vu votre ancien patron présent à la 6ème investiture du président congolais, alors qu’il s’est battu pour que celui qui est là ne fasse pas deux mandats. Quelle est votre appréciation ?

Il n’y a aucun problème. Il n’est pas allé imposer au Congo les règles du Bénin. Au Bénin, nous sommes dans un jeu démocratique. Il y a un candidat qui rempile. Comme en 2011, l’Union fait la Nation était contre le renouvèlement de son mandat. Mais si les Congolais décident de désigner quelqu’un 6 fois, il ne revient pas à un Béninois d’être contre ça. S’ils sont des amis et qu’il l’invite à son investiture, sincèrement moi je ne trouve pas ce qu’il y a de gênant à cela. L’essentiel, c’est qu’il ne vienne pas nous dire au Bénin de faire comme au Congo.

Le Président Talon a dit qu’à l’université, il y a beaucoup de bavardage…

Il n’a pas dit que ça. Il a aussi dit que beaucoup de professeurs d’université ne sont pas bien formés.

Vous vous êtes senti blessé ?

Non, puisqu’il a pris la peine de faire la nuance en disant « beaucoup ». Il n’avait pas dit tout le monde. S’il avait dit tous les enseignants à l’université sont mal formés, là tout le monde se serait mis vent debout. Donc je pense que la nuance valait la peine. Moi je ne me sens pas mal formé. Donc je ne me sens pas concerné par cette stigmatisation. Maintenant, s’il y en a qui sont mal formés, qu’ils réagissent. Je pense d’ailleurs que notre Intersyndicale a déjà réagi, parce qu’au moins l’Intersyndicale est là pour défendre tout le monde.

Comment avez-vous vécu la suspension des élections rectorales et la désignation des responsables universitaires ?

Je pense que c’était une erreur qui mérite d’être corrigée rapidement.

Quel est selon vous le mode de recrutement et d’avancement des enseignants approprié ?

Le Président a promis recevoir les enseignants pour leur expliquer son plan. Quand nous prenons le mécanisme mis en place par le CAMES, il y a trois programmes : la maîtrise d’assistanat, la maîtrise de conférences, et la titularisation. Est-ce qu’il faut instaurer un mécanisme domestique complémentaire ? Dans beaucoup de pays, le double système existe. Au Cameroun par exemple, n’a adhéré qu’à un seul programme, celui de la maîtrise de conférence. Les Camerounais ne passent pas par la maîtrise d’assistanat et la titularisation du Cames. C’est quand ils vont au concours d’agrégation et échouent à la 3ème épreuve que le CAMES fait d’eux automatiquement des maîtres assistants.

Le même système mixte existe au Niger. Donc si le Président dit qu’il veut faire comme les autres pays, moi j’attends de voir puisqu’il a promis qu’il invitera les enseignants. J’imagine que ce sera les représentants syndicaux. Mais l’idée en elle-même n’est pas révolutionnaire, puisqu’elle existe ailleurs.

Madame la ministre de tutelle nous a informés qu’il y a un processus en cours qui consiste à opter au niveau de l’enseignement supérieur pour un système de contrôle ?

Moi je veux bien le voir. Je n’ai jamais été hostile aux idées nouvelles. L’essentiel est que le porteur des idées nouvelles soit lui-même disposé à l’évaluation, parce que le tout ne suffit pas de dire qu’on a des idées nouvelles. Je ne pense pas qu’il soit juste et opportun de comparer le système d’enseignement des trois ordres. Au niveau universitaire, ce n’est pas du tout la même chose qu’au niveau secondaire. Est-ce que le ministre sera en capacité de nous proposer comme au primaire ou au secondaire des salles de 50 étudiants maximum ? Parce que quand on est dans la pédagogie, il faut des groupes restreints. Or à l’université, en première année, nous avons au moins 1000 étudiants devant nous. Si on veut faire la comparaison, il faut aller jusqu’au bout et transformer de façon systématique les classes de cours en des groupes de 50 personnes. Les problèmes ne sont pas les mêmes. Il faudra faire très attention. C’est pourquoi je dis que sur le principe, moi je n’ai rien contre les idées nouvelles, mais à condition que le porteur lui-même soit disposé à faire sa propre évaluation. J’ai enseigné dans le système canadien pendant une dizaine d’années. Je connais le système d’évaluation qui est là-bas aussi. Je ne sais pas si c’est ça qu’on veut importer ici. Si c’est ça, il faudrait qu’on s’asseye pour discuter des avantages et des inconvénients. Parce que dans le système canadien, vous faites évaluer les enseignants par les étudiants et on se rend compte que les enseignants pour éviter de se faire mal juger, donnent systématiquement 18 à tous les étudiants, peu importe leur niveau. Et quand vous donnez 18 à un étudiant, vous lui demandez de vous évaluer, il ne dira que vous êtes le bon professeur. J’intervenais dans un programme à Sherbrooke, qui a fermé parce que les enseignants évaluaient les étudiants à leur juste niveau, et quand on leur a demandé de les évaluer, ils ont donné de mauvaises notes. Et le programme a fermé, parce que là-bas, quand les étudiants vous évaluent mal, on ferme votre programme. Donc c’est un problème que les Canadiens essaient de régler parce qu’ils sont allés très loin dans la libéralisation de l’enseignement supérieur. En fait, c’est pour ça qu’ils ont privatisé l’enseignement supérieur. Et donc toutes les formations sont devenues coûteuses. que 10 étudiants, ça veut dire que chaque étudiant paye 5 millions de dollars. Si c’est vers ça qu’on va, qu’on nous le dise. On va y aller. Si au bout de quelques années, on se rend compte qu’on est allé droit dans le mur, on va rebrousser chemin. Ce n’est pas compliqué du tout !

Carte d’identité : Maître de Conférences de sciences politiques, pas politique

De la classe de 5ème jusqu’à l’université, Victor Topanou vit au Togo où il a décroché son Brevet d’études du premier cycle (Bepc) en 1981, le Probatoire en 1983, le Bac en 1985 puis en 1989, il obtient à l’Université de Lomé, une Maîtrise en Histoire, option  Relations internationales. Il part ensuite à Paris pour des études de stratégie et de défense à l’Ecole des Hautes Etudes Internationales qui abrite le Centre d’Etude et de Défense Stratégique (Ceds). C’est ainsi qu’il rencontre le Général Charles de Lambi, qui l’encourage à faire un doctorat à la Sorbonne. Après quelques années, Victor Topanou obtient son doctorat avant de revenir à l’Université nationale du Bénin en 1998 où le Professeur Nouréini Tidjani-Serpos s’est battu pour le faire recruter. Lors de la campagne pour la présidentielle de 2006, il est nommé Directeur de Campagne de Célestine Zanou qu’il a connue le 27 décembre 2005. Proposé avec d’autres, sur demande de l’ancien président Boni Yayi pour travailler avec le nouveau Chef de l’Etat, il a été nommé Conseiller technique juridique du Chef de l’Etat le 26 mai 2006. En 2008, il devient Secrétaire général du Gouvernement puis Garde des Sceaux, Ministre de la justice, de la Législation et des Droits de l’Homme, porte-parole du Gouvernement d’alors. Sorti en Juin 2010 du Gouvernement, il se présente aussitôt à la présidentielle de 2011, sans succès. Annoncé pour être candidat à la présidentielle de 2016, l’homme s’est finalement désisté. Avant de jeter son dévolu sur Sébastien Ajavon, il avait prévenu qu’un homme d’affaires ne ferait jamais un bon président pour le Bénin. Et quand on lui dit qu’il est inconstant, il précise : « J’ai écrit un long papier, de près de douze pages de journal, relayé dans près de 21 journaux, à la suite de la position du clergé. J’ai attiré l’attention sur les dangers qu’il y a à élire un opérateur économique. Je l’ai fait, je l’assume. Je continue de penser que j’avais raison. Quand j’ai dit ça au peuple, et que le peuple ne m’écoute pas, décide, malgré mes avertissements relayés dans autant de supports, de porter près de 50% de ses suffrages sur les deux opérateurs économiques, qui suis-je à ce moment-là pour m’y opposer ? Au contraire, j’accompagne ! » Mais est-il toujours de l’opposition ? Il nous repose la question : « Est-ce que je l’avais été ? Quand je me battais pour des élections législatives non exclusives, cela profitait à l’opposition sans que je ne demande aucun poste dans leurs organes et même sans que je ne marchande aucun positionnement pour les législatives si elles avaient été inclusive. Mieux j’ai prêté ma plume, mon temps et mon énergie dans la perspective, bien vite abandonnée, de la création d’un grand parti unifié de l’opposition ». Et d’ajouter : « J’avais choisi de ne plus faire la vie politique. Je l’avais même annoncé sur certains médias. C’est l’une des raisons pour lesquelles, j’ai retiré ma candidature de l’élection de 2016 et que plus tard, nous n’avons pas fait de congrès de mise en conformité du parti Fur qu’avec d’autres nous avions créé ».  L’homme qui se dit prêt à aider le Chef de l’État à sortir le pays de la morosité ambiante indique se positionner désormais en enseignant plutôt qu’en acteur politique. Maître de Conférences de sciences politiques depuis 2012, Victor Topanou a récemment croisé le fer avec certains de ses collègues qui ont fini par être sanctionnés par le Cames. « S’ils ont été sanctionnés à trois niveaux, à savoir la commission d’éthique et de déontologie, le comité des experts et le Conseil des ministres, c’est que leur dossier n’était pas si vide que ça », affirme-t-il.

Intimité : Amateur de gombo

Père d’une fille, Victor Topanou a connu l’expérience du divorce. Il a retrouvé l’amour depuis quelques années et avoue être heureux avec « une très belle femme de cœur », dit-il. Grand amateur de football, il rate rarement l’entrainement avec ses amis de quartier avec qui il joue tous les samedis et jours fériés. Au vrai, c’est un homme qui aime la simplicité. A table, il mange du Gombo aussi bien avec de la pâte blanche qu’avec du riz. « Je connais pratiquement tous les bons coins où l’on sert  du bon gombo à Cotonou », avoue le gourmet.

Rédaction

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