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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’assassinat manqué


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L’assassinat est une stratégie politique connue. Abondamment utilisée dans certains pays comme le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Italie des mafias et l’Amérique latine, cette stratégie permet de se débarrasser d’un adversaire politique, d’un juge ou d’un journaliste encombrant. En décembre 2013, en plein cœur de la crise du régime Yayi, Martin Assogba de l’ONG ALCRER avait failli être assassiné. Les conclusions de l’enquête n’ont jamais convaincu l’intéressé qui a toujours pensé qu’on lui en voulait pour ses dénonciations répétées de la mauvaise gouvernance d’alors. C’est le sort qui attend l’enquête sur le cas Galiou Soglo.
Le fils de l’ex-président Nicéphore Soglo a échappé à une tentative d’assassinat ce vendredi 05 février dans des circonstances non encore élucidées. Son statut d’acteur politique et surtout la période crisogène dans laquelle nous nous retrouvons, rendront la tâche particulièrement pénible aux enquêteurs.
Lorsqu’en août 2010 Pierre Urbain Dangnivo avait trouvé la mort, une majorité d’opposants avaient trouvé qu’il était victime du régime Yayi. A l’époque, le ballet des officiels qui ont essayé de démentir cette piste, n’a fait que renforcer la thèse de l’assassinat politique. Août 2018, le procès Dangnivo ne permit guère d’avancer sur la piste criminelle. Et pour cause, le principal accusé Codjo Alofa, a finalement nié tous les faits mis à sa charge, remettant en cause tout le scénario concocté par les enquêteurs. Presque onze années après, on ne sait toujours pas avec certitude qui a tué ce fonctionnaire du ministère des finances. Une nuit noire a comme scellé le sort de ses enfants, mais l’avocat de la famille est devenu ministre de la justice puis président de la Cour Constitutionnelle.
Que l’on ne s’y trompe donc pas. L’affaire Galiou Soglo qui vient à peine de commencer, ne sera pas élucidée. Elle sera noyée dans la polémique. Dans une période aussi sensible que celle que nous traversons, les acteurs politiques de tout poil se sont empressés d’en faire une récupération bien rapide. Son hôpital est vite devenu un lieu de meeting électoral où l’opposition distribue les anathèmes, convaincue que le pouvoir en veut à Galiou. Il est vrai que l’intéressé ne porte pas le régime actuel dans son cœur, allant jusqu’à clamer haut et fort lundi dernier qu’il ne reconnait que la constitution de 1990. Mais que représente donc Galiou Soglo au plan politique pour qu’on tente de l’assassiner maintenant? Question rhétorique dont la réponse coule de source : pas grand-chose. Et honnêtement, l’ancien ministre est la dernière menace à laquelle les hommes de la Rupture pourraient penser. Car au fond, il n’a jamais pu réunir grand-monde autour de sa personne. En dehors de ses géniteurs, Galiou Soglo est un OVNI politique et n’attirerait aucun regard malveillant. C’est ce qui incite la mouvance à laisser penser qu’il y a un plan de victimisation savamment orchestré par certains opposants. Tuer un ou deux opposants pour noircir le régime au regard de la communauté internationale, telle est la stratégie. Cet auto-goal servirait même à créer une indignation populaire suffisamment forte pour entrainer des sanctions dans les urnes. S’il en est ainsi, on pourrait dire qu’il y a encore d’autres attentats en attente. Car pour le moment, les Béninois semblent sceptiques sur les mobiles réels du coup de ce vendredi.
En écoutant les conversations et certaines analyses, on pencherait plutôt pour un crime crapuleux. La zone de Zinvié est plutôt reculée, en pleine brousse loin de la grande route. Et surtout en pleine nuit, tout passant s’offre en victime idéale pour les malfrats en quête de butin.
Tous ces scénarios qui s’enchevêtrent ne tiennent pas encore compte des mobiles personnels. La victime a-t-il maille à partir avec des gens susceptibles de lui en vouloir à mort ? A-t-il par le passé entretenu des contentieux personnels avec son entourage, des employés ou des tiers ? Pour le moment, les enquêteurs auront bien de mal à démêler cet écheveau, sauf si le chauffeur ou son patron sont parvenus à identifier l’un quelconque des malfrats.
Nous nageons donc en eau trouble, dans une période où il sera difficile de faire entendre raison à des acteurs politiques qui n’ont d’autres vérités que les leurs. Sauf vraiment extraordinaire, nous sommes partis pour une polémique sans fin.

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