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Le triomphe de la vérité

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Budget participatif: Philippe Lassou et son équipe présentent les résultats d’une étude d’envergure


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Philippe Lassou, spécialiste des finances publiques et professeur à l’Université de Guelph

Comment favoriser la prestation des services de santé à travers la gestion des finances publiques ? C’est la question à laquelle une équipe de chercheurs de l’Université de Guelph au Canada (en collaboration avec l’Université de Essex en Angleterre) a tenté de répondre, en utilisant le cas précis du budget participatif en expérimentation actuellement au Bénin. Les résultats de cette étude ont été présentés ce mardi 22 décembre 2020 à l’hôtel Golden Tulip de Cotonou par trois des six chercheurs, en l’occurrence Teerooven Soobaroyen, Maxime Akakpo et Philippe Lassou. Dirigée par Philippe Lassou, spécialiste des finances publiques et professeur à l’Université de Guelph, l’étude commanditée par la Banque Mondiale a été présentée devant les représentants des communes étudiées, les cadres des ministères béninois en charge des finances, de la santé et de la décentralisation, les responsables des organisations de la société civile impliquées et de l’Agence allemande de développement (GIZ). Elle a permis de montrer les défis et les opportunités du budget participatif dans le secteur de la santé au Bénin, mais aussi de proposer des recommandations qui pourraient être intégrées pour améliorer la mise en œuvre de cet outil du système de Gestion des Finances Publiques. Il s’agit d’une étude de terrain qui a permis aux chercheurs d’aller au contact de six communes, Cotonou, Comè, Adjarra, Toffo, Covè et Ouinhi. Présentant la situation sanitaire du Bénin, les chercheurs noteront que le pays (comme la plupart du continent) est caractérisé par un fort taux de mortalité infantile (66,3% pour 1.000 naissances en moyenne sur la période 2009-2018 devant la Cote d’Ivoire et le Mali), sans compter qu’il y a seulement 5 lits d’hospitalisation pour 10.000 habitants (statistiques disponibles de 2010), ce qui constitue l’un des plus faibles d’Afrique. D’autant d’ailleurs qu’en 2019 par exemple, l’Etat a consacré à peine 4,50% de son budget au secteur de la santé, contre un engagement de 15% souscrit par les Chefs d’Etats des pays de l’Union Africaine dans la déclaration d’Abuja en 2001. Avec la pratique du budget participatif, les autorités et les citoyens ont pu pallier à un certain nombre de besoins des communautés à la base (dont la santé communautaire) ; toutefois, « La mobilisation des communautés est jusque-là très dépendante des organisations de la société civile ; et dans certains cas les citoyens attendent d’être rémunérés d’une certaine manière », explique le professeur Philippe Lassou lorsqu’il évoque la participation réelle des populations à la priorisation de leurs besoins à la base dans le processus d’élaboration du budget participatif. De fait, il reste encore à faire pour assurer l’autonomie budgétaire des communautés, même si dans certaines communes de bonnes volontés ont mis la main à la poche pour aider à a réalisation des projets communautaires décidés dans le cadre du budget participatif. Le défi majeur, tel que souligné par l’étude et les participants à la table ronde, c’est le financement du processus du budget participatif aussi bien en aval qu’en amont. Mais les interventions des participants ont permis de noter un certain engouement des municipalités autour de ce processus, compte tenu des résultats tangibles enregistrés. Ils ont recommandé à l’équipe de recherche de préconiser des moyens pour les communes afin de mobiliser des recettes en vue de réaliser le budget participatif. Retenons que le budget participatif est une réforme encouragée par les organisations de la société civile et les bailleurs de fonds dans les communes. Il consiste à consulter en amont les populations au niveau village d’abord, ensuite au niveau arrondissement et enfin au niveau commune, sur les besoins prioritaires qui sont alors directement financés par une partie du budget communal, en s’appuyant sur le FADEC non affecté. L’Etat central, à travers le ministère de la décentralisation, a également appuyé cette expérience en encourageant désormais les communes à y aller.

Olivier ALLOCHEME

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