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Le triomphe de la vérité

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Hommage à Feu Prof. Félix Iroko: Le Professeur Paulin Hounsounon-Tolin explique l’abandon du nom Dahomey au profit du Bénin


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L’étude faite par Paulin Hounsounou-Tolin, Docteur en Sciences de l’éducation de Montpellier III, Valéry a pour objectif de reconstituer l’histoire ayant meublé l’abandon du nom Dahomey au profit du Bénin. Cette présentation est structurée en quatre parties à savoir : A la mémoire de Félix Iroko ou l’éternelle question de l’Homme qu’il faut à la place qu’il faut, Exemples Ghanéen et Burkina bé, Du nom Dahomey, et De la mémoire courte des Béninois. Cette étude se veut une contribution pour mieux apprécier la politique actuelle des restitutions des œuvres culturelles dont le pays a été chapardé il y a plus d’un siècle.

Introduction
Cette étude se propose de comparer la philosophie ayant amené les Ghanéens et les Voltaïques à changer le nom de leur pays avec celle sous-tendue, s’il en avait une, par l’abandon du nom Dahomey au profit du Bénin. Une telle comparaison nous aidera à mieux apprécier la politique actuelle de restitution des biens culturels dont le pays a été chapardé il y a plus de 100 ans. Si ce pays attache tant d’importance aux valeurs culturelles nationales, pourquoi ses hommes politiques ont-ils troqué son nom – symbole historique de résistance – contre le vol d’un bien culturel d’une autre nation qui était d’ailleurs une nation rivale du royaume de Dahomey ? D’où la question rhétorique de savoir si le président de ce pays n’exige pas la restitution des tapettes dont ses aïeuls ont été spoliés il y a plus d’un siècle, tout en portant une chemise à manches longues d’autrui. Je remercie particulièrement le professeur Albert TINGBE-AZALOU de son appréciation du texte et de ses suggestions.

I/ A la mémoire de Félix IROKO ou l’éternelle question de l’«Homme qu’il faut à la place qu’il faut »

Lors du colloque national organisé par le Département d’Histoire et d’Archéologie en mars 2014, un hommage a été rendu au professeur Félix Iroko sans tambour ni trompette. Mais, ce fut un vrai hommage à la qualité scientifique d’historien objectif de l’Homme. Ce colloque portait sur « la vie, le règne et l’œuvre de Dada Adandozan » (1797-1818). La conclusion de tous les débats était, sans l’affirmer ouvertement, que le roi Guézo et ses courtisans avaient tout fait pour diaboliser ce monarque révolutionnaire, antiesclavagiste, en avance sur son temps. Ce fut Bellarmin Codo qui prit la parole pour signifier que l’objectif du colloque n’était pas de valoriser un monarque en vue de dévaloriser un autre et que ce qui préoccupe les organisateurs, c’est l’objectivité historique. La preuve en était la présence du professeur Iroko à ce colloque portant sur un roi d’Abomey alors que sa cité natale, Kétou, a été en guerres perpétuelles contre Abomey. Il ajouta d’ailleurs que le professeur Iroko n’a jamais éprouvé de peine à reconnaître que la ville de Kétou a toujours été vaincue dans tous les conflits guerriers qui l’avaient opposée au puissant royaume de Dan-Xomè. Le professeur Iroko, en donnant son point de vue sur la justification du choix du nom Bénin en remplacement de celui de Dahomey, n’avait pas manqué de manifester son incompréhension, voire son indignation. Interrogé, il fait comprendre que les caciques du régime révolutionnaire avaient eu recours, pour le choix du nom pouvant remplacer Dahomey, à deux profs d’« Hist-géo » du Secondaire. Ils avaient eu à justifier que le golfe du Bénin allant au-delà de la ville de Ouidah, le Dahomey d’alors en fait donc bel et bien partie. Ignorant tout de l’existence historique du royaume du Bénin au Nigéria et de la prestigieuse cité, Benin city, ils ne s’étaient donné aucune peine de recherche historique avant de parvenir à leur conclusion. La question de l’« Homme qu’il faut à la place qu’il faut », aujourd’hui encore, se pose toujours avec plus d’acuité. Les acteurs politiques ne pensent qu’aux leurs à cause des indemnités à percevoir. Le constat fait par F. Kouyami à propos de l’état de l’armée sous la révolution (paragraphe 4), et les expressions « Affaire di hou bo » (Affaire est plus efficace que gris-gris), « Poser des cailloux sur les dossiers, sinon le vent va les emporter », l’affaire Pierre Coffi (proche parent de Kérékou) et Capitaine Gbéhéton , entre autres, prouvent que le principe de l’« Homme qu’il faut à la place qu’il faut » a été bafoué sous la révolution. En dédiant ce texte au professeur Iroko, ce n’est que justice rendue à un historien d’une rare objectivité. Il m’avait confessé s’être trompé sur le président Kérékou.

II/ Exemples Ghanéen et Burkina bé
Les exemples de la Gold Coast, Côte-de-l’Or, et de la Haute-Volta peuvent justifier l’abandon du nom Dahomey pour celui du Bénin. Mais le sérieux en arrière-plan doit compter, et la philosophie en vue aussi bien chez les Ghanéens que chez les Burkina bé, pour mieux apprécier celle des Béninois dans l’option de passer du Dahomey au Bénin. Gold Coast vient d’une richesse dont surabonde le territoire de ce pays, l’or. Et si le nom Ghana ne vient ni de la configuration géographique, encore moins du patrimoine culturel et historique de ce pays, il y a derrière ce changement une philosophie en vue. Le Ghana (roi guerrier ou homme de guerre) n’a pas de liens géographiques, culturels ou historiques avec l’Empire du Ghana. C’était au moment de l’indépendance que Kwame Nkrumah renomma la Côte-de-l’Or Ghana en hommage à l’Empire du Ghana. C’est un hommage qu’a voulu rendre Kwame Nkrumah à l’Empire du Ghana en donnant ce nom à ce pays. Partisan inconditionné du panafricanisme, on comprend facilement la philosophie l’ayant conduit à faire changer de nom à son pays. C’est un appel à ses compatriotes et aussi à tous les États nouvellement indépendants à se montrer dignes des bâtisseurs de cet empire. La Haute-Volta a aussi changé de nom pour devenir Burkina Faso. La Volta est, en effet, un fleuve dont l’amont est le Lac la Volta. Ce fleuve se jette dans le golfe de Guinée. La Pendjari (Oti) fait partie de ses affluents. Le fameux barrage d’Akosombo est sur ce Lac Volta, plus long lac artificiel du monde. La Haute-Volta fait partie des cinq pays que le fleuve traverse. Le nom donné à ce pays par le colon relève donc de son patrimoine géographique. On note, cependant, que le choix de Burkina Faso procède bien d’une philosophie bien déterminée. Le diptyque du nouveau nom provient des deux ethnies majoritaires du pays : Mooré et Dioula. Puiser dans la philosophie des deux ethnies majoritaires du pays pour trouver quelque chose d’aussi noble et prégnant que le nom Burkina Faso, témoigne de la sagesse de ceux à qui le travail a été confié. Les décideurs n’avaient pas pensé aux primes, qui en résulteraient, pour le confier à leurs parents, amis et beaux-parents. La philosophie qui découle de la signification du diptyque est une devise à vivre pour tous les citoyens du pays : Pays des Hommes intègres. Est-ce le cas pour nous Béninois ? Que signifie le terme « Bénin » ? Il y a le golfe du Bénin. Dans le dictionnaire, bénin est ce qui est sans gravité. Combien d’entre nous savent qu’il avait existé un puissant royaume du Bénin au Nigeria et qu’il existe aujourd’hui une cité au Nigeria du même nom Benin City ? Sa population est trois fois plus importante que celle de la plus grande ville du Bénin, Cotonou. Le Togo, après s’être donné un nom relevant de sa géographie, revendique aussi ce nom et l’a donné à sa première université avant notre pays.

III/ Du nom « Dahomey »
D’après R. et M. Cornevin « La glorieuse résistance et le passé militaire prestigieux du Dahomey inciteront les Français à donner son nom à la totalité du territoire cinq fois plus étendu qu’ils vont conquérir, entre le Nigeria britannique et le Togo allemand »(Histoire de l’Afrique. Des origines à la 2e guerre mondiale, p. 264.) Selon R. Cornevin, notre passé commun, la constitution du territoire actuel et son brassage culturel, est l’œuvre des rois d’Abomey et des colonisateurs français: « Les peuples, compris dans les frontières de l’actuelle République du Dahomey, représentent un échantillonnage presque complet des diverses ethnies ouest-africaines depuis la côte jusqu’au Niger. Le brassage ethnique y fut particulièrement intense du fait des activités guerrières chroniques du royaume d’Abomey » (Histoire du Dahomey, p. 33). Ces deux peuples, de toute évidence, ne sont pas beaucoup aimés. Ainsi, le français n’est plus regardé comme un pan pertinent relevant de notre patrimoine culturel et historique. Selon Henri de Kerillis : « Tous ces pays, autrefois en guerre perpétuelle, partiellement conquis d’ailleurs par les derniers rois d’Abomey, sont maintenant réunis sous l’autorité de notre administration. Et le chemin de fer y exerce peu à peu son action transformatrice ». Cependant, nous refusons de conférer aux Fons et aux Français l’apanage d’avoir été à l’origine de notre État-nation. Le nom Dahomey, quant à lui, rappelle le passé glorieux de l’ethnie majoritaire de notre pays, le pays de Gbêhanzin, l’un des plus farouches symboles de la résistance africaine face à la colonisation. La renommée de Dan-Xomê, avant la colonisation était très grande dans le monde entier. R. et M. Cornevin rapporte à ce sujet : « Des trois États d’Oyo, de l’Ashanti et du Dahomey situés dans l’arrière pays de la Côte de Guinée, le royaume de Dahomey est celui des trois états de la côte des esclaves qui a conservé le plus longtemps son indépendance grâce à une armée bien entrainée et célèbre par son corps d’amazones et par une réforme administrative prévoyante, surtout ayant senti que le trafic des esclaves est condamné à terme en ouvrant au pays de nouvelles sources de richesses par le développement de la palmeraie et l’introduction de quantité de nouvelles cultures » ( p. 263). Au point même où « Lors de sa création, le Dahomey était beaucoup plus riche que la Côte d’Ivoire. Il s’intégra avec réticence au début du siècle dans la Fédération d’A.O.F. » Afin que des colonies riches fassent vivre les colonies pauvres, des fédérations sont créées : Afrique Occidentale Française en 1895 et 1904. Le Dahomey n’a pas seulement contribué au développement des autres peuples de la région sur le plan intellectuel, mais également par sa richesse économique. On ne comprend donc pas bien pourquoi ce changement du nom du Dahomey sans pouvoir trouver un autre dans notre patrimoine géographique, historique ou tout au moins, en choisir un qui soit porteur d’une philosophie comme une devise proposée au peuple. Quelle est la philosophie avancée par les numéros de La Nation et de Handoria d’alors ?

IV/ De la mémoire courte des Béninois

Mais, l’homme de lutte contre les « isme » et l’obscurantisme pouvait croire que le nom Dahomey soit porteur d’une malédiction venant du monarque Gbêhanzin comme certains le pensent. En effet, militaire de formation et révolutionnaire d’obédience marxiste-léniniste, il avait pourtant cru que les vieilles de son pays, particulièrement les brèche-dents et celles qui souffrent de quelque disgrâce de la nature, étaient des sorcières et les jeta en prison. Beaucoup en moururent. Beaucoup ne se souviennent plus de la chanson « Azéhoun » (Secret de la sorcellerie) est dénudé /Frères, vous serez sauvés/ Homme est devenu viande boucanée que sorciers et sorcières se partageaient … ». Il considéra ensuite tous les gros arbres de son pays comme abritant des esprits maléfiques, et après avoir orienté des cognées contre eux, il enclencha la campagne de la journée nationale de l’arbre. Beaucoup ont oublié le spectacle odieux de la coupe d’un gigantesque arbre à Calavi. Il envoya les soldats couper cet arbre. Mais chaque féticheur devrait donner un coup de hache audit arbre. Les vieillards, prêtres féticheurs, à peine la cognée brandie, tombèrent jambes en l’air en exposant aux regards indiscrets leurs « Ké ». Mais, quand Jules César, l’homme de 75 batailles sans la moindre égratignure, se trouva en face de la plus sacrée des forêts à Marseille, c’était lui qui donna l’exemple du bon soldat en face du danger. Lucain décrit ladite forêt comme « le royaume de l’ombre et du froid ténébreux. Les recoins de cette forêt ignoraient, jusqu’à son face à face avec César et ses soldats en partance pour l’Espagne sur les traces de Pompée le Père, l’existence des rayons solaires. Mêmes les oiseaux n’osaient pas se percher sur les branches des arbres de cette forêt. Aucune bête fauve n’osait y pénétrer. Le vent a même peur de ses feuilles et feuillages. Et même la foudre la respecte : Et jamais, l’on ne voit s’y abattre la foudre (…) Le bruit courait déjà que la terre y tremblait, faisant mugir le fond des grottes qui s’y creusent, qu’il y brûlait du feu sans que rien y brûlât, et qu’enlaçant les troncs des dragons y rampaient… » Or, César qui avait besoin de combattre au passage les Marseillais, avait engagé la construction d’une flotte. Faute de bois à couper, la construction de cette flotte allait s’arrêter. César ordonna alors à ses soldats d’abattre cette forêt. Il constata que les haches tremblaient dans les mains des plus braves soldats romains « que ces lieux emplissaient d’une terreur sacrée, qui craignaient de voir les haches revenir frapper leurs propres corps, ayant touché les troncs. » Voyant tous ses soldats comme cloués sur place, Jules César prend une hache et la brandit bien haut, puis dans le tronc d’un chêne, enfonce le fer : « C’est moi, vous le voyez, qui fis le sacrilège, alors n’hésitez plus : abattez-moi ces arbres ! Les soldats obéissent aussitôt à l’ordre : non qu’ils n’eussent plus peur, mais ils avaient pesé la colère des dieux et celle de César. » Quand l’on sait aussi ce que Kérékou fit de l’armée de ce pays : « L’Armée était passée aux mains des adjudants et adjudants-chefs qu’on avait promu officiers. Les officiers n’eurent plus de contact avec la troupe. Je prends le cas de Ouidah qui était une base. Dans ce camp évoluaient beaucoup d’officiers. Pourtant, c’est un sous-officier, l’adjudant-chef Moustapha Élégbédé qui fut bombardé Commandant. En dehors des officiers très proches des ligueurs, tous les autres étaient systématiquement écartés. C’était la saison des sous-officiers supérieurs qui commandaient des officiers. Quelque chose d’inédit, jamais vu nulle part. Evidemment, notre Armée plongea à partir de cette option suicidaire qui promut la médiocrité. Ce fut le règne de la délation. » (F. Kouyami), il n’est donc pas impossible qu’il ait cru que le nom Dahomey soit porteur de malédiction. La question fut abordée à la Conférence des Forces Vives de la Nation. Le plus jeune argua que ce n’est pas le changement du nom Bénin qui fera payer les arriérés de salaires. Voilà l’arme miraculeuse qui fit taire l’élite intellectuelle du Quartier dit Latin d’Afrique sur une question aussi majeure et d’importance socio-politique aussi capitale que celle de la souveraineté nationale. Il s’agit du Nom du pays, d’une nation au passé glorieux et aux configurations géographiques aussi riches que celles des autres peuples et nations du monde ! Mais quand on se souvient des phrases « Si l’usine de tomate va être installée à Bohicon ou à Zakpota, il vaut mieux l’installer à Nati » et « Si le lycée militaire des jeunes filles va être installé à Abomey, il vaut mieux l’installer à Nati », etc., on peut comprendre aisément le motif du changement du nom Dahomey en Bénin. Alors que même les Porto-Noviens disent qu’ils n’ont de respect que pour les Fons. Parce que, d’abord, disent-ils, ils sont leurs cousins ; ensuite ils sont des garçons. Evidemment, il faut être garçon pour reconnaître un garçon ! Le Coup d’état d’octobre 1972 étant régionaliste, bien que les principaux acteurs soient du sud, – les mêmes problèmes existaient sous Maga, mais ils l’ont laissé terminer son mandat – (Colonel Kitoyi), rien d’étonnant que ses conséquences conduisent à une indignité nationale !

Conclusion

La politique de l’« Homme qu’il faut à la place qu’il faut » doit donc être prise au sérieux afin que les actes posés par une génération d’acteurs politiques ne soient pas pour la postérité source d’indignité nationale et ou de difficultés majeures pour la cohésion nationale. Notre originalité en tant que nation mérite qu’on y prête grande attention ainsi qu’aux textes et symboles sacrés de la République. Et le nom de notre nation devrait être aussi sacré que le territoire qui le constitue. Sa psychanalyse devrait nous relever le passé glorieux, ou quelque chose de géographiquement intrinsèque à nous ou encore ce que nous entendons être en tant qu’« État-nation ». Est-ce le cas avec le nom « Bénin » ? Le prénom Ernest en Fon est AÏNESSI et Le Bénin en Fon est « Lébé nin’in, Lébén’i i » ou « Lébé n’a ». L’expression était en vogue, – quand la corruption atteint son paroxysme sous la révolution -, à Abomey, Bohicon et en pays Zado pour signifier « s’en occuper pour en tirer le maximum de profits possibles » (Lé bé na badoutowé). N’est-ce pas vrai que ceux qui disent s’occuper du Bénin, en tirent exagérément plus de profits que le sacrifice qu’ils lui consacrent ? Par ailleurs, est-il logique qu’un pays, dont le nom est un produit d’un vol culturel, s’engage dans une politique de réclamation des biens culturels dont ses aïeux ont été chapardés tout en restant ontologiquement, un produit culturellement volé ? Où vais-je en venir ? Demander à mes compatriotes si un peuple qui vend le chien de la maison pour s’acheter un cynocéphale, peut parler de la valeur inestimable d’un bien culturel. Il convient de se rappeler qu’un lieutenant hébreu, serviteur d’un Général romain, en signe de récompense, reçut l’autorisation d’aller prendre ce qu’il voulait dans la cave de son chef. Dans la cave, il trouva l’arche d’alliance ou le chandelier à cinq branches du roi David des Hébreux qui avait disparu suite à la prise de Jérusalem en l’an 70 de notre ère. Mais il prit tout à fait autre chose. Interrogé sur attitude insolite, il répondit que l’objet si sacré était bien gardé et se trouve en parfaite sécurité en cet endroit-là. Attention donc de ne pas reprendre ces objets pour les exposer à l’insécurité régnante de chez nous.

Paulin HOUNSOUNON-TOLIN
Dr en Sciences de l’éducation de Montpellier III, Paul Valéry

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