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Le triomphe de la vérité

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Edito: La remontada du PRD


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Lorsqu’un aveugle menace de te lancer une pierre, c’est qu’il a déjà son pied sur quelque chose. Cet adage populaire s’adapte bien aux allusions à peine voilées distillées par le président du PRD lors de l’université de vacances du parti ce week-end. Adrien Houngbédji a laissé entendre en effet que le parti allait désormais revenir sur les devants de la scène, bien que n’ayant ni députés, ni maires, ni conseillers communaux et municipaux, encore moins de ministres en son nom. Il annonce selon certains observateurs, un PRD critique dans une mouvance présidentielle où ce rôle n’existe pas.
Mais un PRD critique annonçant une remontada joue réellement sa crédibilité, à six mois de la prochaine présidentielle. Crédibilité, vraiment ? C’est probablement le dernier souci d’Adrien Houngbédji et de ses partisans et sympathisants. Mais dans la balance électorale, elle pèse lourd quand on sait que le parti a soutenu Patrice Talon pendant plus de quatre ans, malgré les vicissitudes de la collaboration. Après presque cinq années de soutien presque jamais démenti, la critique que l’on annonce à l’heure du bilan ressemble fort à un coup d’épée dans l’eau. Car dans les faits, Houngbédji est bien comptable du bilan de Talon. Oui, il a bon dos de clamer aujourd’hui qu’il ne participe pas directement à la gestion du pouvoir, puisque n’ayant ni ministre, ni député, ni maire. Mais au fond il a accordé constamment sa caution politique à toutes les actions du gouvernement, ne serait-ce que par son alignement plein et entier dans la mouvance présidentielle. Que le parti ne dispose pas d’élus ni de ministres nommés estampillés PRD, n’est qu’un détail. Tenter de s’absoudre des failles inévitables du régime Talon en fin de mandat, consisterait une lâche trahison, non seulement envers les électeurs qui ont toujours soutenu le parti, mais aussi et surtout envers la mouvance présidentielle. Ce n’est pas en fin de mandat que les critiques ont de la valeur, mais bien aux moments cruciaux du milieu de mandat. On ne fuit pas un bateau arrivé à quai, sauf si l’on n’était en fin de compte qu’un passager clandestin, un occupant douteux qui choisit ce moment ultime pour prendre la tangente…
Personne n’est dupe. Le parti tente seulement de se démarquer, à l’heure où les choix de 2021 commencent à devenir décisifs. En annonçant une mouvance critique, il ne fait qu’utiliser une stratégie connue. Mais cette démarcation est toute calculée. Même si les allusions faites étaient vraiment vagues ce week-end, on aura des précisions lors du congrès extraordinaire projeté pour novembre-décembre prochain. Et la précision la plus importante aujourd’hui, c’est que le parti aura son propre candidat pour 2021.
Entre les lignes des recommandations au sortir de l’université de vacance de ce week-end, on peut sentir une volonté de se doter d’une nouvelle option d’avenir. D’autant plus que depuis 2015, le PRD n’a plus rien gagné. Aux présidentielles de 2016, son candidat Lionel Zinsou a échoué. Aux législatives de 2019, le parti n’a pas pu compétir et aux communales de 2020, la barre des 10% l’a écarté du partage des sièges. Et pourtant, quelque chose était patent en mai dernier à Porto-Novo : le PRD a battu et de loin l’UP, le BR et les FCBE réunis. Il y a de quoi donner des idées aux instances dirigeantes du parti pour aller plus loin.
Mais le code électoral en vigueur comporte des exigences qui pourraient s’avérer rédhibitoires à cette ambition à peine voilée. Il y a à cet égard la barrière du parrainage qui pourrait s’avérer infranchissable. Même si le parti a bien précisé dans son communiqué final son engagement pour des élections inclusives, il y a longtemps que les gens lucides ont déjà fermé la page des revendications concernant le parrainage. A la date d’aujourd’hui, il est illusoire de penser que l’Assemblée nationale sautera ce verrou. Tout au plus, elle pourrait l’adoucir, en diminuant par exemple le nombre de parrainages nécessaires pour une candidature.
Et donc le risque de la nouvelle donne, c’est de faire chou blanc comme aux communales, c’est-à-dire, se lancer dans une aventure sans issue. Se cogner la tête contre un mur en béton armé. Ce serait suicidaire après tant d’échecs. Ce ne serait plus une remontada, mais une bérézina.

Par Olivier ALLOCHEME

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