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Le triomphe de la vérité

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Chronique de l’Improviste: Culture de corruption


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L’affaire dite de Batimat et Batiplus défraie la chronique judiciaire sénégalaise et met au clair que nous sommes en pleine crise de société, basée sur la corruption active de fonctionnaires qui mettent par leurs agissements notre pays en situation d’appauvrissement aggravé. Tout ceci basé sur le changement culturel qui voulait avant, du temps de l’élégance morale qu’on dise « après vous » à la porte d’un espace, et qui s’est mué en « moi d’abord ».

Comment ces deux entités peuvent-elles passer au travers de procédures portées à leur encontre et s’en sortir sans coup férir ?

Ces entreprises appartiennent aux frères Mohamed, Hassan et Mehie el dine Fares, une fratrie libanaise qui sent le souffre, dont l’un des membres, Hassan Fares, fut inculpé, emprisonné en 2006, soupçonné d’avoir blanchi plusieurs milliards alors supposés avoir été détournés par Idrissa Seck, cet ancien Premier ministre qui fut incarcéré sous une accusation de malversations financières.

Selon Monsieur Cheikh Yérim Seck fondateur du site « Yérim Post »,  en ce début de mars 2020, à la faveur de deux perquisitions conjointement menées, la Section de recherches de la gendarmerie sénégalaise a mis la main sur 525 497 000 fcfa, 73 590 euros, et 1350 dollars en liquide détenus par un commerçant libanais du nom de Hassan Hashim, mais également sur 48 483 000 fcfa, 21 230 euros et 9 350 dollars dans le magasin de son compatriote Aidar Soufan. Ces sommes venaient d’être déposées auprès de ces deux hommes-lige par M. Fall, courtier depuis 15 ans chez Batiplus, qui, sous le feu nourri des questions des gendarmes, a avoué avoir, pendant toutes ces années, transporté et livré des milliards de cash à travers un circuit rôdé.

Ces sommes astronomiques sont extraites de la comptabilité traçable de Batimat et Batiplus, deux enseignes connues au Sénégal dans les domaines juteux du fer à béton, des matériaux de construction, des BTP…

L’enquête de la Section de recherches a établi que ce sieur a décaissé, au vu de seulement 65 reçus sur plusieurs centaines, des fonds s’élevant à… 2,8 milliards de francs CFA. Interrogé sur la destination de ce cash flow, il a répondu qu’il l’a utilisé pour faire face à… « des situations exceptionnelles ». Sans autre forme d’explication. Il est vrai que les pratiques au sein du groupe Fares sont inavouables.

Christian Chabel Samra, contre qui le parquet de Dakar a requis un mandat de dépôt, n’a jamais été arrêté, encore moins incarcéré. Au même moment, croupit en prison, depuis le 23 mars 2020, une jeune femme de 24 ans, Rachelle Sleylaty, suite à une plainte de ce même Samra qui l’accuse, après avoir été recrutée comme caissière par Batiplus en 2018, d’avoir détourné… 126 millions de francs Cfa.

Par quels mécanismes corrupteurs, et par quelles complicités administratives de tels agissements peuvent-ils encore prospérer ?

Essayons à partir de cette seule affaire sur cette courte période et juste sur ces deux sociétés, d’imaginer combien de milliards peuvent être soustraits de notre budget,  et combien de solutions auraient pu être apportées à nos graves problèmes ? La société sénégalo-libanaise est ciblée, et tout en évitant une stigmatisation généralisée, il peut être dangereux de passer pour ceux qui ont tous les droits, de ne pas payer la douane, d’avoir des baisses d’impôts indues, grâce à une caste de corrompus qui préfèrent s’en sortir eux seuls au détriment des nécessités de développement de leur pays.

On peut légitimement s’interroger sur le fait que le cabinet qui abritait l’actuel ministre de la Justice soit celui qui défende si bien la famille Farès, au détriment de celle qui a porté les preuves de leur implication criminelle dans cette affaire.

De la même manière que les corrompus sénégalais ne pensent qu’à eux, il faudrait que les corrupteurs libanais pensent aussi à tous leurs congénères du Liban, car il suffirait qu’un démagogue mette tous les problèmes des sénégalais sur le dos de ces pratiques financières nauséabondes menées par de telles familles, pour qu’une population abusée et désespérée s’en prenne à toute une communauté désignée alors comme coupable et responsable de tous nos maux, ce qui est loin d’être absolue vérité.

Ne vaut-il pas mieux, plutôt que de voler pour avoir une belle voiture seulement, permettre d’avoir de bonnes routes pour rouler confortablement avec sa…voiture volée ? Toute la question de la corruption réside en cette paraphrase… Le sous-développement est bel et bien un état mental.

Edgard Kpatindé

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