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Le triomphe de la vérité

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Edito: La reconfiguration de l’opposition


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L’opposition se prépare à lancer un nouveau parti politique. La perspective de la présidentielle de 2021 et surtout la crainte de devoir subir encore cinq années de mise à l’écart l’obligent à un sursaut de réalisme pour opérer un grand rassemblement. Mais le défi qui se pose à Nicéphore Soglo, Boni Yayi et Sébastien Ajavon reste toujours le même que ce qui les a tous éliminés en 2019 : réussiront-ils à se mettre ensemble ?

                Pour ce que je vois jusqu’ici, les FCBE version Paul Hounkpè-Yarou et consorts est soupçonné d’être de mèche avec le pouvoir. Mais la légalité ici voudrait que le seul parti d’opposition aujourd’hui soit ce parti conspué au sein même de cette famille politique. Comme lors des législatives de 2019 où des querelles de clocher montées en épingle ont servi à les diviser, les opposants béninois se querellent presque sur tout dès qu’il s’agit de se mettre ensemble. Ce n’est d’ailleurs pas leur apanage. Les dernières élections ont permis de voir la fragilité des autres partis. Comme tous les partis politiques dans notre pays, ils sont minés par des divisions internes, des inimitiés voire des haines qui s’aiguisent à l’approche des échéances électorales. C’est pire au sein de l’opposition où un certain Boni Yayi, en dix ans d’exercice du pouvoir, a accumulé des adversités avec lesquelles il doit composer une fois à la touche aujourd’hui. Comment composer avec Sébastien Ajavon, Candide Azanaï ou encore Nicéphore Soglo dont il fit par le passé ses bêtes noires ? Chacune des têtes fortes de l’opposition peut tout aussi bien se poser les mêmes questions, sitôt qu’il s’agit de se mettre ensemble avec des individualités opposées par un passé d’affrontement.

                Si la mouvance présidentielle a pu colmater les brèches, par le vote d’une loi pour sauver les meubles, il n’y aura aucun décret, aucune loi pour sauver l’opposition. Je suis même tenté de dire que si elle ne sait pas faire, il n’y aura aucune personnalité consensuelle pour conduire sa destinée. L’enjeu est pourtant de taille. Il faudra à la fois agir contre le régime Talon et réussir à choisir une candidature unique en son sein pour affronter le Chef de l’Etat. Agir ici, c’est réussir à arracher la modification substantielle du code électoral, notamment à faire sauter le parrainage des candidatures. Là-dessus, les élections de 2019 ont montré que les manifestations de masse ne font rien à Patrice Talon. Autrement dit, les marches, frondes et émeutes de toutes sortes ont déjà administré la preuve que l’action violente cimente la détermination de l’hôte actuel de la Marina. Et d’ailleurs, il faut se demander combien de Béninois ou de Cotonois sont prêts à s’exposer encore dans des manifestations politiques violentes. Quand on observe même la côte de popularité de cette opposition dans  les trois grandes villes que sont Cotonou, Porto-Novo et Calavi, il faut conclure qu’un appel  à manifestation n’y recevra qu’un accueil mitigé. Si j’étais donc à la place de l’opposition, c’est dans les Collines et surtout dans le Borgou et l’Alibori qu’il faudra asseoir la base naturelle de ce parti à venir.

Tout cela n’est rien face à la difficulté de choisir un candidat unique de l’opposition. Lorsqu’en 2011 l’opposition s’était réunie autour de maitre Adrien Houngbédji, beaucoup d’analystes avaient alors trouvé qu’il fallait laisser chaque leader candidater dans son fief au premier tour afin de fragiliser Yayi, pour regrouper les voix au second. Presque absent du Nord, Houngbédji avait été battu même dans certains arrondissements de Cotonou.  Certains ont donc trouvé depuis lors qu’une candidature unique de l’opposition constitue une fausse bonne idée. Si donc l’opposition actuelle opte pour la création d’un parti unitaire, elle sera naturellement amenée à se doter d’une candidature unique, à condition de desserrer l’étau du parrainage. Et là reviendra le jeu de la division et de la cacophonie des ambitions si caractéristique du jeu politique béninois. Et pendant ce temps, tout le monde jouera à vilipender l’opposition légale, perspective qui ne peut que conforter le régime Talon.

                C’est dire que l’union au sein de l’opposition, si elle advenait un jour, ne sera que de courte durée.  Ajouté au fait que depuis 2011, Boni Yayi n’a plus gagné aucune élection et a fini même par casser son propre parti, il y a lieu de s’interroger sur l’avenir du regroupement annoncé. Pendant ce temps, les incertitudes qui s’accumulent n’empêcheront pas le temps de s’écouler : 2021, c’est demain.

Par Olivier ALLOCHEME

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1 thoughts on “Edito: La reconfiguration de l’opposition

  1. COOVY

    Quel est le programme d’action de l’opposition? Agir contre Talon? Donner à manger à tous les Béninois? Clamer qu’il n’y a aucune démocratie au Bénin?
    En dehors d’un rassemblement presqu’impossible de cette opposition dont tous les ténors ont montré au peuple béninois toutes leurs limites en termes de gouvernance politique et économique, je ne vois pas ce qui peut être proposé par les opposants pour accrocher les électeurs.
    Le peuple crie qu’il faut laisser Talon faire deux mandats pour poursuivre ce qu’il a si bien commencé, et ce ne sont pas les élucubrations de quelques personnes aigries par la perte d’avantages obscurs qui lui feront changer d’avis. Evidemment, les quelques naïfs et anciens bénéficiaires de ces avantages ne suffiront pas à faire basculer les intérêts de la grande majorité des Béninois dans le camp des prédateurs de nos maigres ressources.

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