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Le triomphe de la vérité

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Edito: Les leçons d’un scrutin


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Un constat : nous aurons un taux de participation autour de 40%. Les tendances qui nous viennent du terrain, aussi bien des villes que des campagnes, montrent que globalement l’engouement n’aura été que relatif.
A cela bien sûr il y a une raison principale qui est la peur du coronavirus. Elle a empêché la campagne électorale festive à laquelle les Béninois ont été habitués. Cette absence d’une vraie campagne a empêché de drainer les électeurs. Elle a surtout inhibé l’enthousiasme de ceux-ci, créant la panique tant redoutée. Les gens ne sont pas allés voter non pas seulement par peur, mais aussi parce que l’enthousiasme des campagnes a fait défaut. Ne le cachons pas, aujourd’hui, beaucoup de gens évitent de s’associer à toute forme de rassemblement.
Mais il y a une autre réalité : le désintérêt relatif lié à la mise hors-jeu d’une partie de l’opposition. Les électeurs vont voter généralement pour dire leurs désaccords ou leur enthousiasme. Cette fois-ci les déchirures au sein de l’opposition n’ayant pas permis un vrai regroupement en son sein, ont laissé peu de choix à ceux qui souhaiteraient bien contester le régime Talon. Les FCBE ont fait de bons scores notamment dans les Collines (Dassa, Glazoué, Bantè, Savè surtout), mais aussi dans le Borgou et une partie de l’Alibori. Néanmoins, ce parti d’opposition n’a pas réussi à mobiliser toutes ses forces. Il sera la troisième force politique du pays. Réussira-t-il à faire les 10% ? Là est le véritable défi pour cette formation politique. Je ne crois pas qu’il puisse atteindre ce niveau, d’autant que ses scores ont été très faibles sur le reste du territoire. Mais ce ne sont là que projections provisoires.
Le fait est que la fragilité de l’opposition a ôté son sel au match. Il y a élection au Bénin lorsqu’il y a foire d’empoigne avec invectives, marches tapageuses, insultes et quelquefois (hélas) des bagarres. Oui, il y a eu quelques échanges vifs, comme à Porto-Novo avec les sorties d’Adrien Houngbédji contre Karim Urbain da Silva et Louis Vlavonou. Il y en a eu même hier à Parakou entre Gbadamassi et quelques candidats FCBE. Il y en a même eu à Matéri, avec mort d’homme. Mais ces guéguerres furent très localisées et n’ont pas eu l’ampleur nationale qu’elles avaient eue par le passé.
D’autant que sur les cinq partis en lice, quatre ont ouvertement battu campagne sur les thèmes du Chef de l’Etat. Pour nous qui sommes amateurs des matches pimentés, l’élection d’hier manquait d’enjeu. Sur les cinq partis en lice, quatre se réclament ouvertement de la mouvance présidentielle. Et il faut comprendre que cette physionomie du jeu a tué l’enjeu. Que le grand public y ait participé ou pas, il sait que le Chef de l’Etat en sortirait gagnant. Alors le match étant plié, bon nombre ont jugé inopportun d’y prendre part.
On voit donc qu’il y a une grande différence entre ce scrutin et celui de l’année dernière. Même si le gouvernement, comme en 2019, y joue sa crédibilité, le défi d’une élection paisible a été largement relevé. Même si l’opposition, pour la forme, a appelé au boycott, la seule raison valable d’une éventuelle rationalité de cet appel reste la pandémie du coronavirus. Or, il est clair que la pandémie durera très certainement encore plusieurs années. Si cet appel basé sur le coronavirus conserve encore une certaine rationalité, il faut attendre l’année prochaine pour voir si les mêmes qui ont appelé au boycott au nom du coronavirus, demanderont un report de la présidentielle de 2021.
Les réticences légitimes des uns et des autres ne sont pourtant pas dénuées de tout fondement. Malgré toutes les mesures que prennent les autorités sanitaires, j’ai déjà dit à plusieurs reprises ici qu’il faudra s’attendre dans les prochains jours à une montée en flèche du nombre de contagions, en lien avec la levée progressive des mesures limitant les rassemblements. Les élections, la tenue des marchés, la réouverture des classes et bientôt des lieux de culte ainsi que des bars et hôtels, ne nous épargneront pas. Le choix du retour à la normale, s’il n’est pas suivi de sévères mesures de sécurité et de distanciation sociale, n’empêchera pas le mal de circuler ou même d’exploser.
Alors, ce scrutin aura permis à la mouvance d’asseoir son hégémonie, en barrant la voie presque définitivement, à l’opposition pour 2021.

Par Olivier ALLOCHEME

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