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Le triomphe de la vérité

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Autonomisation: Le PNUD aux côtés des femmes handicapées pour réduire le fossé des inégalités


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La communauté internationale a célébré ce 8 mars, la Journée Internationale des Femmes (JIF) sur le thème « Je suis de la génération égalité : levez-vous pour les droits des femmes ». Grâce aux appuis qu’elles ont reçus du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) par le biais de la Fédération des Associations de Personnes Handicapées du Bénin (FAPHB), Egidia, Olga, Agathe et Denise, quatre handicapées béninoises se battent au quotidien pour réduire le fossé d’inégalités qui les empêche de s’affirmer en tant que femmes et citoyennes à part entière. Au total, 44 femmes des départements de l’Alibori, du Borgou, de l’Atlantique et du Zou ont bénéficié des appuis du PNUD.

Il est midi à Hounmè-Lokokpodji, un quartier de Colli-Dogoudo à Toffo, une commune située à environ 80 km au nord de Cotonou, la capitale économique du Bénin. A l’abri du soleil, sous un hangar érigé à l’intérieur du Centre d’Orientation et d’Adaptation des Personnes Handicapées (COAPH) de l’ONG « Tout est accompli », un groupe de personnes, majoritairement des femmes, travaille en silence au milieu de régimes de noix de palme. Tandis que les unes s’attellent à enlever les noix des grappes, d’autres séparent les fruits sains des déchets en les vannant. Sur le feu de bois, une marmite remplie de noix cuites avant de finir dans la presse à huile qu’un jeune homme met en marche dans un vrombissement assourdissant.
Agathe Amoussou est la cheffe de cet atelier de travail. Elle est au four et au moulin. Le regard fuyant, avare en parole, cette femme d’un certain âge était loin de s’imaginer pareil destin il y a seulement six mois. Elle avait une existence précaire. « J’achetais des noix de palme pour en extraire l’huile. Quand je n’arrivais pas à en acheter, je me débrouillais en concassant les noix de palme pour les gens. C’est ainsi que j’arrivais à manger ». Agathe est née avec une malformation du pied gauche. Ce handicap l’a longtemps mise au ban de la société.
Il faut dire qu’au Bénin où la situation des personnes handicapées reste préoccupante malgré l’existence de la loi n° 2017-06 portant protection et promotion de leurs droits, celles des femmes handicapées l’est encore plus. En effet, ces dernières vivent pour nombre d’entre elles, dans une précarité financière, subissent des discriminations dans maints domaines, et sont parfois exclues de la vie sociale.
Après des années d’exclusion, Agathe Amoussou voit son destin basculer en septembre 2019. Par l’entremise de la FAPHB, elle bénéficie d’une presse à huile offerte par le PNUD. Ce don s’inscrit dans le cadre du projet conjoint « Unis dans l’action pour faire avancer les droits des personnes handicapées au Bénin » financé par l’UNRDPH et mis en œuvre par le PNUD, l’UNICEF, l’OMS et l’UNFPA. Le projet vise à sortir les femmes handicapées de l’inégalité et de la vulnérabilité.
« Le PNUD a jugé utile d’appuyer des femmes handicapées exerçant des activités génératrices de revenus. 44 femmes handicapées des départements de l’Alibori, du Borgou, du Zou et de l’Atlantique ont été retenues pour bénéficier de divers matériels. Ces appuis sont très importants pour elles car ils ont changé leur vie », explique Maliki Zibo, trésorier général de la FAPHB
En plus de réduire la pénibilité du travail qu’elle exécutait manuellement jadis, la presse à huile d’Agathe Amoussou sert l’intérêt collectif, à en croire le président de l’ONG « Tout est accompli », Gilles Adingni. « L’appui du PNUD nous aide beaucoup. Avec la presse, il nous suffit de quelques minutes pour faire ce qu’on mettait deux ou trois heures à faire auparavant » explique-t-il, ne cachant pas sa joie de voir Agathe s’épanouir grâce à cette presse.
Couturière de formation, mère d’un enfant qu’elle élève seule, Olga Atanhoun fait aussi partie des bénéficiaires du projet. Paralysée des membres inférieurs après des injections, elle se déplace péniblement avec des béquilles. Dans son petit atelier ouvert dans un bâtiment du COAPH, elle confie avoir beaucoup trimé avant de bénéficier d’une machine à coudre et d’une machine de surfilage qui lui facilitent désormais la vie. « Le travail m’était pénible avant. Quand je recevais des commandes, j’avais des difficultés à confectionner les habits dans les délais. Aujourd’hui, c’est un lointain souvenir. J’honore les commandes que je reçois à temps », explique-t-elle dans sourire contagieux, entre deux conseils aux deux jeunes filles en formation en couture chez elle.
Plus au sud, à Ouidah, à une quarantaine de kilomètres de Cotonou, Denise Agbo, une autre bénéficiaire partage le même enthousiasme que Olga. Malvoyante, elle a bravé son handicap en se formant en fabrication artisanale de savon. Au terme de sa formation, les problèmes surgissent très vite. Sans moyen pour acquérir le matériel de travail adéquat, il lui est difficile de vivre de son métier. « C’était très pénible pour moi ». Le 25 septembre dernier, les 50 kg de soude caustique, bassines et autres matériels dont elle bénéficie lui permettent de se lancer dans la production de savon. Son quotidien s’en trouve amélioré. « Ma situation actuelle est meilleure à celle d’avant ».
Egalement dans la cité historique de Ouidah, la couturière Egidia Alapini fait partie des 44 bénéficiaires du projet «Unis dans l’action pour faire avancer les droits des personnes handicapées au Bénin ». Elle explique avoir eu la chance de bénéficier de l’aide du PNUD au moment où elle en avait le plus besoin. « J’ai été très contente. L’appui du PNUD m’a beaucoup aidée ».
Loin de dormir sur ses lauriers, Egidia Alapini, handicapée moteur, se bat pour son autonomisation. « Je n’aime pas dépendre des autres, c’est pourquoi je me bats », lance-t-elle, confiant avoir d’autres activités génératrices de revenus en plus de la couture. « Je vends aussi de la glace, des jus de fruits, bref un peu de tout. Je fais aussi la cuisine. Je m’efforce à m’autonomiser malgré mon handicap ».
Pour elle, le handicap ne saurait être un prétexte pour végéter dans l’attentisme et la main tendue et elle exhorte les femmes handicapées à prendre leur destin en main comme elle. «Ce n’est parce que nous sommes handicapées que nous allons nous abandonner à notre sort. Moi, je me bats. Qu’elles se battent elles aussi ».

Elles ont dit

Egidia Alapini, couturière à Ouidah, mariée, mère de deux enfants
« C’est grâce à cette machine que j’ai payé la scolarité de ma fille »

« Au départ c’était difficile pour moi, mais grâce à l’aide du PNUD ça va mieux. J’ai été très contente, parce que j’étais dans le besoin. Sans mentir, c’est grâce à cette machine que j’ai payé la scolarité de ma fille. L’appui du PNUD m’a beaucoup aidée. Avant j’avais une machine avec laquelle je me débrouillais. Quand j’avais beaucoup de commandes, j’étais obligée de louer une autre machine et faire appel à un collègue qui venait travailler avec moi. Depuis que je suis entrée en possession de la machine dont j’ai bénéficié, je n’en loue plus. J’appelle simplement le collègue qui vient travailler avec moi et je le paie. Je ne peux pas dire que la couture ne rapporte pas. Si tu connais bien ton travail, tu vas en bénéficier. Je m’efforce à m’autonomiser malgré mon handicap.

Denise Agbo, malvoyante, fabricante de savon à Ouidah
« Ma situation actuelle est meilleure que celle d’avant »

« J’ai reçu une formation en fabrication de savon. J’ai reçu de la part du PNUD des matériels. J’ai reçu 50 kilos de soude, des bassines, du parfum. Avant cet appui, fabriquer du savon était très pénible pour moi. Je n’avais rien ; pas d’équipement, ni de matériel de travail. Grâce à cette aide du PNUD que je ne remercierai jamais assez, je me suis lancée dans la production. Tout début est difficile mais je m’accroche. Ma situation actuelle est meilleure que celle d’avant. »

Olga Atanhoun, couturière, bénéficiaire de deux machines
« Mon quotidien a changé »

« J’ai appris la couture et j’en ai fait mon métier. Le PNUD m’est venu en aide en m’offrant deux machines, une machine à coudre et une machine de surfilage. Ces deux machines m’aident beaucoup. Mon quotidien a changé. Avant j’éprouvais beaucoup de difficultés à joindre les deux bouts. J’avais une machine qui tombait souvent en panne et me retardait dans le travail. Grâce à ces machines, je peux me nourrir et subvenir aux besoins de mon enfant. Je ne remercierai jamais assez le PNUD pour le geste qu’il a eu à mon endroit »

Agathe Amoussou, bénéficiaire d’une presse à huile
« Cette presse a changé ma situation »

« Je suis orpheline de père et de mère et je suis obligée de me débrouiller pour manger. Je fabrique l’huile de palme. Avant, je faisais le travail à la main. Quand je n’arrivais pas à acheter les noix de palme, j’essayais de joindre les deux bouts en aidant les gens à balayer ou à concasser les noix de palme. C’est ainsi que j’arrivais à manger. Puis le PNUD m’a offert cette presse qui a changé ma situation. La machine a considérablement réduit la pénibilité du travail ».

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