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Le triomphe de la vérité

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Imam Izi Chérif Inoussa, trésorier général de la plateforme des structures religieuses engagées pour la santé: « En espaçant les naissances, la femme a une meilleure santé »


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Trésorier général de la plateforme des structures religieuses engagées pour la santé, l’imam Izi Chérif Inoussa de la mosquée de Cococodji, dans la commune d’Abomey-Calavi,parle dans cette interview des interventions de cette plateforme pourla promotion de la santé sexuelle et reproductive au Bénin. Il aborde aussi les difficultés rencontrées, notamment les attaques subies de la part de certains membres de sa communauté religieuse, opposés à la planification familiale.

L’Evénement Précis : Quel rôle joue la plateforme des structures religieuses engagées pour la santé ?

Imam Izi Chérif Inoussa .La plateforme a un grand rôle. Elle travaille en synergie avec toutes les religions. Au sein de la plateforme, nous avons les adeptes des religions endogènes, les chrétiens, les musulmans. Nous travaillons sur la thématique espacement des naissances/organisation des naissances pour le bien-être et la santé de la mère et de l’enfant. Nous travaillons aussi sur d’autres thématiques telles que les violences faites aux femmes, les grossesses précoces, les grossesses non désirées, les mariages forcés, etc.Nous travaillons en synergie. Les catholiques travaillent sur les méthodes naturelles. Nous, nous avons choisi les méthodes modernes, puisque notre prophète avait conseillé le coït interrompu.

Avez-vous des retours positifs, comment les choses se passent-elles au sein de votre communauté par exemple ?

Dans ma communauté musulmane, ça n’a pas été facile d’introduire cette notion de planning familial, et nous entendons par là l’espacement des naissances, l’organisation des naissances. Nous avons commencé par un plaidoyer en invitant près d’une cinquantaine d’imams des départements du Littoral et de l’Atlantique. Le plaidoyer a été fait, il y a eu beaucoup d’attaques mais comme on était bien renseignés avant de les appeler, nous avons  fait un brainstorming avant de commencer par corriger les idées reçues en leur demandant s’il existe un verset dans le coran qui dit de ne pas espacer ou organiser les naissances.Il n’y en a pas ; au contraire, un verset dit qu’il faut allaiter l’enfant jusqu’à deux ans et demi. L’argument suprême, c’est qu’au temps de notre prophète, ses compagnons avaient le même problème, celui des grossesses rapprochées et ils sont allés le voir pour lui en parler. Le prophète leur a conseillé l’‘’azl’’, le coït interrompu. Le condom actuel est une forme moderne du coït interrompu, puisque c’est une méthode barrière. C’est par là qu’on a essayé de les convaincre, et on a commencé par faire des sensibilisations. Mais en islam comme dans toutes les religions, cet espacement des naissances doit se faire dans le cadre du mariage. Il ne s’agit pas d’aller distribuer des condoms tous azimuts.

Avez-vous essuyé des attaques ?

On a eu des attaques terribles. L’attaque la plus ingénieuse, a été de nous accuser de cautionner la débauche, alors que nous travaillons dans le cadre du mariage.On nous a accusés de vouloir pousser les femmes à la débauche, parce que leur faire adopter une méthode les envoyer dans la rue. On nous a opposé que Dieu n’a jamais dit ça, que c’est Dieu qui nourrit  les enfants et qu’on peut en faire autant, surtout qu’il est permis d’avoir 4 femmes, etc. 

Quelles méthodes conseillez-vous aux couples que vous sensibilisez?

Les méthodes barrières, les méthodes réversibles. Partant de là, toute méthode irréversible est interdite parce que Dieu n’a pas dit de limiter la vie. Les méthodes comme la ligature des trompes, la vasectomie sont interdites en islam particulièrement, et pour toutes les religions, parce que Dieu dit « Toi et ton enfant, c’est Moi qui vous nourrit ».  Mais ce n’est pas pour cela qu’il faut se mettre à faire des enfants tous azimuts et ne pas pouvoir s’en occuper.

Comment avez-vous pu amener ceux qui étaient réticents du départ à adhérer ?

Nous avons réalisé un argumentaire avec des versets du coran. On a parlé des avantages qu’il y a à espacer les naissances. Nous avons expliqué qu’en espaçant les naissances, la femme a une meilleure santé que si elle avait des grossesses rapprochées. Il y a aussi une incidence économique,car avec des grossesses espacées, la femme peut s’autonomiser. L’argumentaire est vulgarisé dans notre milieu. On l’utilise pour nos sensibilisations. On a des relais qui travaillent un peu partout. Au cours des baptêmes, pendant les prières, certains vendredis on les fait avec les femmes, les jeunes. On se déplace pour sensibiliser. On fait aussi du lobbying en direction des réticents.

Abordez-vous aussi les rumeurs liées à certaines méthodes de planification familiale ?

Evidemment qu’il y a des rumeurs qu’on gère. On a un agent de santé qui travaille avec nous. Quand les gens viennent pour les sensibilisations,on essaie de les orienter vers les cliniques pour y adopter une méthode. Bizarrement, on a constaté qu’il y a des femmes qui adoptaient déjà des méthodes sans l’avis de leur mari, puisque c’est elles qui sont confrontées aux problèmes. Nous leur conseillons d’être toujours avec leur mari, de prendre l’avis de ces derniers.

Pourquoi se limiter aux mariés alors qu’aujourd’hui, les jeunes mariés ont une sexualité précoce qui les expose aux maux que vous combattez ?

 Là, il y a la responsabilité parentalequi entre en jeu et c’est ce qu’on doit pouvoir mettre dans la tête des parents. Tous les vendredis, quand je fais mon sermon, j’en parle. J’en parle beaucoup. Il y a une responsabilité parentale et un contrôle des groupes fréquentés par les enfants, mais il ne s’agit pas d’un contrôle de gendarme. Ilne faut pas qu’il y ait de sujets tabous ; il faut discuter de tout. Il faut parler avec ses enfants ; c’est fondamental. Il faut leur apprendre à connaître leur corps. Nous avons commencé un travail sur l’éducation sexuelle intégrée, avec les enfants. Ça se passera dans les écoles. Il faut savoir comment aborder toutes ces questions-là.

Quel message fort avez-vous envie de lancer ?

Il faut que chaque parent soit responsable, et j’insiste sur la responsabilité parentale. Chaque parent doit être l’ami de son enfant, qu’il s’agisse d’une fille ou d’un garçon, et faire tout son possible pour suivre l’éducation de ce dernier. C’est extrêmement important.

Réalisé par Flore S. NOBIME

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