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Le triomphe de la vérité

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Le Psychologue clinicien et psychosociologue parle: Le professeur Dénis Amoussou Yéyé plonge la jeunesse dans les méandres du département de Sociologie et anthropologie


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Le département de sociologie et anthropologie de l’Université d’Abomey-Calavi est le fruit d’une histoire riche en événements passionnants. L’un des pionniers du département, le professeur Dénis Amoussou Yéyé, psychologue clinicien et psychosociologue nous plonge dans les méandres d’une entité qui a connu des hauts et des bas, longtemps végété dans un esprit de concurrence et de querelles de personnes avant de renaître de ses cendres.

 

Professeur Amoussou Yéyé, quel est votre parcours scolaire et universitaire ?

Dénis Amoussou Yéyé : J’ai commencé mes études à l’école primaire de la mission catholique de Notre Dame où j’ai obtenu mon Cepe. J’ai ensuite réussi à ce qu’on appelait en ce moment, le concours des bourses. En 1960, j’ai fait le Lycée Béhanzin jusqu’à obtenir mon Baccalauréat en philosophie, en 1967. J’ai fait un an d’études supérieures à Dakar, puis à Grenoble jusqu’au troisième cycle de doctorat. J’ai commencé mon doctorat d’Etat à Strasbourg et  mon maître étant décédé, je l’ai fini au bout de trois ans. Je suis revenu au Bénin en octobre 1975 et j’ai commencé comme chargé de recherches à l’Institut pédagogique national (Ipn), à Porto-Novo, devenu plus tard, Infre. J’ai cumulativement été engagé à l’université avec le Professeur Honorat Aguessy qui, en ce moment, était le doyen de la DESH. Le professeur Aguessy m’avait engagé comme assistant-stagiaire, parce que les assistants étaient pris en charge par la France. Tout en étant chargé de recherche à l’Ipn, je cumulais les deux postes jusqu’à devenir administrativement, enseignant-chercheur. Je suis retraité en 2012.

Que pensez-vous du colloque international en hommage à plusieurs professeurs?

C’est une bonne initiative. Les enseignants permanents de sociologie sont toujours présents. A part le professeur Aguessy et moi, il y a aussi le professeur Nouhouayi qui a créé, avec le professeur Hountondji, le département de philosophie en 1979. Il donne également des cours de sociologie, en tant qu’enseignant-chercheur du département de sociologie. Il y a aussi le Professeur Nouhouayi et le professeur Albert Atolou. C’est un sociologue qui a longtemps enseigné la sociologie avant de partir enseigner à l’Enam.

Parlez-nous de vos œuvres

C’est difficile et coûteux de publier un ouvrage. Il faut dépenser pas moins de trois millions pour publier une œuvre. J’ai publié beaucoup d’articles pour aller au Cames. Je m’intéresse à l’époque précoloniale et aussi, à la sociologie politique. Je suis psychologue clinicien. J’ai voulu travailler au Cnhu mais cela n’a pas marché. Je suis chargé de recherches à l’Infre, mais il n’y a rien à faire dans ce domaine. Je suis devenu enseignant en 1976, sous le professeur Aguessy qui était le doyen DESH devenu Flash. Il y avait aussi la session philosophie, sociologie jusqu’en 1979. En ce moment, j’enseignais la psychologie sociale et des matières proches comme la psychologie de l’éducation.  En cette année, j’étais le seul psychologue avec le professeur Aguessy. Comme sociologue, il y avait Oké Mathias, Ahouangan Dénis Fagla, Jean Marie Akpovo, Sacramento. Dans la filière philosophie, il y avait Hountondji, Nouhouayi, le père Leclinge et bien d’autres.  Il y a eu ensuite la séparation du tronc commun. Nous avons connu de sérieux problèmes au département de sociologie. On ne s’entendait pas au sein du département. Le recteur d’alors, Bassabi Souleymane, nous a fusionnés avec les philosophes, en 1986. Nous sommes restés ainsi jusqu’à l’arrivée du doyen Bognianho, venu une nouvelle fois nous séparer. Le professeur Tingbé était notre chef de département quand nous avons retrouvé notre autonomie, vers 1990. C’est là que c’est devenu le département de sociologie et anthropologie. Il y a eu beaucoup de morts. Les vrais fondateurs étaient au nombre de deux, le professeur Aguessy et moi. Mais, en 2001, comme je suis psychologue, je me suis associé à Sègla, psychologue et Dah-Lokonon, ethno-psychologue, pour créer le département de psychologie et des sciences de l’éducation. Il y a eu des problèmes de personnes entre le professeur Boko et Mme de Chacus. C’est ainsi qu’il y a deux ans, nous avons séparé la psychologie des sciences de l’éducation.

Quelle est l’histoire du département de sociologie ?

Le département a été créé en 1979 par le professeur Aguessy et certains comme moi. Nous avons fait les premières soutenances en 1982. La même année, Aguessy est parti à l’Unesco, à Dakar, et Fagla est devenu chef de département. C’est là que les histoires ont commencé. Le département était petit et manquait d’enseignants. Il y avait des querelles. J’étais avec Ahoké et Ahouangan. C’est par la suite qu’Aguémon et Akpovo nous ont rejoints. Chacun était libre d’être chef de département. Akpovo, qui a fait son arrivée,ne s’entendait pas avec Aguémon et moi, j’ai été nommé comme adjoint d’Aguémon. Mais, cela ne marchait toujours pas. Les femmes s’en sont ensuite mêlées. En ce moment, nous étions jeunes et il y avait des étudiantes qui plaisaient aux professeurs. Cet aspect était devenu un motif d’attaque. C’était considéré comme un trafic d’influence de sortir avec les étudiantes. On m’a accusé de faire des trafics d’influence. Des étudiants ont été montés contre moi. On a écrit partout pour m’empêcher de redevenir chef du département. J’étais innocent mais cela a fait tellement de boucan. On a réuni le département de sociologie et philosophie, avec interdiction aux sociologues d’être chef ou chef adjoint. On était mis sous tutelle. Sacramento et Oké ne s’entendaient pas non plus. La femme de Sacramento était inscrite au département de sociologie mais sa soutenance a été boycottée. Ils ont trouvé qu’elle a fait du faux quelque part, et le ministre Guézodjè a pris un arrêté pour annuler ses droits. On en était là quand Aguémon a rendu l’âme. Les gens m’ont soupçonné de l’avoir tué. Je ne connaissais rien des gris-gris. Je suis catholique et Aguémon était malade. Après sa mort, les gens ont commencé par mourir progressivement. Je veux citer Ahouangan, Oké, Sacramento et enfin, Akpovo. Cette ambiance qui régnait au département de philosophie, sociologie et anthropologie, due au stress, faisait qu’on ne vivait pas longtemps. L’anthropologie a été ajoutée grâce au professeur Tingbé qui a fait une thèse en anthropologie sociale. Le département de psychologie a ensuite ouvert ses portes en l’an 2000. Là, on a eu droit à trois départements : philosophie, sociologie-anthropologie, psychologie et sciences de l’éducation. Deux ans plus tard, les problèmes de personnes ont repris alors qu’on devrait réfléchir pour avancer. On a pris des lois qui ont eu des effets sociopolitiques.

Qu’est-ce qu’il y a eu de positif au sein du département malgré les querelles?

Ce qu’il y a eu de bien a été l’arrivée de nos premiers étudiants. La première promotion était composée de Colette Aguessy, Guèdèmè, Agnès Sagbo, et autres. Fourn était de la deuxième promotion. Ce sont des gens qu’on connait et dont les noms sont restés. Les professeurs Tingbé et d’Oliveira étaient les premiers enseignants. Il faut reconnaître que d’Oliveira s’est investi, ce qui a joué sur sa carrière. Il est parti à la retraite en tant que maitre-assistant puisqu’il n’était pas carriériste. Il a dirigé le département de main de maître. Tingbé est ensuite venu mais ne s’entendait pas avec Amoussouvi. Après Tingbé, il y a eu Odunlami et Imorou. Il y a eu aussi Monique Ouassa, une dame très ouverte qui a marqué le département. Avec elle, il n’y a plus eu tellement de morts.

Quelle est l’importance de la sociologie dans le développement du Bénin ?

Au début, je n’étais pas un pur sociologue. J’ai un certificat de sociologie. Je suis psychologue clinicien et psychosociologue. La psychologie est la science de l’homme mais quand vous étudiez l’homme comme être social, il va pour optimiser son désir, ses pulsions en société. C’est dans la société qu’il optimise la satisfaction de ses besoins. Ce qui fait que les psychologues et sociologues sont très proches. On a besoin de sociologues et de psychosociologues pour que la société puisse fonctionner. Nous avons de grands sociologues comme Karl Max et autres, pour comprendre leur société et comprendre comment elles évoluent. Où allons-nous ; Qu’est ce qui nous arrive ? C’est le sociologue qui trouve les réponses à ces questions. J’écris beaucoup ce que je pense dans les journaux et sur Facebook. L’anthropologue questionne les profondeurs culturelles et le psychologue questionne l’homme universel. Mais quand les hommes se battent, la femme n’est jamais loin. Les hommes se battent pour deux raisons : la femme à cause du sexe, et la terre à cause du ventre. Il faut questionner l’homme sur ces deux grandes questions, et aussi comment il s’associe avec les autres, en société. La sociologie est même plus  importante que le droit. Et c’est de notre faute si nous ne parlons pas. Je suis arrivé en 1975. J’ai fait la première année avec les Tingbé et d’Oliveira. L’année qui a suivi a été avec les Rock Houngninhin, Fourn, et autres.

Seriez-vous reconnu si vous n’aviez pas entamé cette carrière ?

Je ne pense pas faire quelque chose en dehors de l’enseignement de la recherche. Je ne peux pas supporter un chef. L’enseignement, c’est mon métier. C’est le meilleur métier, puisqu’il n’y a pas de patron qui vous dérange. Je fais la recherche et l’enseignement.

Parlez-nous des professeurs Aguessy et Nouhouayi

J’appelais le professeur Aguessy, grand frère. Le professeur Nouhouayi doit avoir 80 ans aujourd’hui. Ce sont mes aînés. En Afrique, on est obéissant envers les aînés. Aguessy et moi avions un très bon rapport, malgré qu’il soit un peu rude. Il en est de même avec Nouhouayi. Aguessy et Nouhouayi étaient mes maîtres. C’est d’ailleurs avec Nouhouayi que j’ai fait mon doctorat d’Etat. Dans nos traditions académiques, il y a un respect qu’il faut suivre. Je n’ai jamais eu de problèmes avec Aguessy. C’est lui qui me donne ma place et me considère comme le premier psychologue du Bénin. Ils ont leur caractère, Nouhouayi est plus compliqué, Aguessy plus gentil parce qu’il est d’origine Yoruba.

Quels conseils avez-vous à donner aux jeunes psychologues et sociologues ?

Notre jeunesse à nous, a été la lutte politique. On était anti impérialistes. On luttait pour notre pays. Souvent, on luttait pour l’idéologie maoïste, mais cela a disparu. Aujourd’hui, les jeunes cherchent comment trouver du travail. Rien de ce qui se passe aujourd’hui ne les intéresse. Sur Facebook, aucun jeune ne parle de ce qui se passe dans le pays. C’est quand même triste, parce qu’ils sont appelés à nous remplacer. Je donne souvent comme exemple Orden Alladatin dont je suis fier. Il a été mon étudiant et aujourd’hui, il est député. C’est aussi le cas du professeur Amagbédji et d’autres qui se sont engagés politiquement. Mais, la majorité des jeunes luttent pour la survie or, de quoi avons-nous besoin pour survivre ? Ce que j’ai me suffit largement pour prendre soins de mes enfants. Je n’ai pas quémandé pour me placer quelque part et ce que je gagne est largement suffisant. Moi, je soutiens un régime dont la priorité est l’emploi des jeunes. On peut donner la bourse à tout le monde avec le milliard qu’on perd au quotidien. Aussi, à la fin de l’université, on vous donne un travail. Le président Kérékou l’avait fait pendant longtemps, avant que cela ne soit supprimé. Le capitalisme, c’est l’austérité, c’est l’économie, c’est l’épargne, l’abstinence. Il faut renouveler ces valeurs.

Comment appréciez-vous la vidéo réalisée sur l’histoire du département de sociologie ?

Je ne sais pas celui qui a pris l’initiative. J’ai l’ai rencontré un jour et il m’a dit qu’il est le chef de la cellule de communication. La communication joue un grand rôle car l’homme nomade a quitté l’étape de l’oralité, est devenu sédentaire et s’est urbanisé avec l’écriture. Beaucoup d’étudiants ont écrit sur l’historique du département de sociologie mais quand c’est de l’audiovisuel, c’est encore meilleur. C’est une très bonne initiative et il faut qu’on le voie avant l’eucharistie éternelle.

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