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Le triomphe de la vérité

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Edito: La fin du haricot


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L’échec du consensus à l’Assemblée nationale laisse deux choix à Patrice Talon. Soit il choisit d’en prendre acte et laisse la situation évoluer dans le sens où le veulent les forces de l’opposition. Et là, son rôle sera de jouer à l’apaisement en jouant sur les leviers que lui donne l’architecture sociopolitique du pays. A ce niveau, il aurait à dégager sa responsabilité en pointant du doigt celle des forces politiques incapables de s’entendre. Soit il opte pour une voie de sagesse en usant de l’article 68 de la constitution. Et là, il est clair que les conséquences pour lui au sein de l’électorat, à quelques semaines du vote, seront en faveur de l’opposition.
Talon aura en effet un rôle crucial à jouer à partir de maintenant, avec l’enlisement de la crise au parlement. L’opposition, et ça je ne m’y attendais pas du tout, a réussi à faire échec à la médiation menée par Adrien Houngbédji. On pouvait s’attendre à ce que la voix de la sagesse l’emporte sur celle des radicalismes les plus fougueux. C’est le contraire qui s’est passé. Les faucons des deux bords ont imposé leur diktat, entrainant l’échec de toutes les tentatives de conciliation. A l’heure où j’écris ceci, en dehors de quelques optimistes invétérés, plus personne ne croit encore à la possibilité d’une entente au sein du parlement. Ceci s’est matérialisé vendredi par la déclaration du BMP qui a clairement laissé entendre qu’il n’est plus disposé à aucun autre dialogue. Il ne faut donc pas croire que ce lundi il y aura un autre round des négociations. Adrien Houngbédji pourrait être contraint de clôturer la session extraordinaire, sans parvenir à une porte de sortie, à moins qu’un coup de génie fasse lever les frontières devenues étanches entre les deux parties. Un miracle est toujours possible.
Dans cette conjoncture, le chef de l’Etat a la possibilité de faire jouer l’article 68, qui lui donne des pouvoirs exceptionnels en cas de menace sur les institutions. Seulement, l’interprétation de cette menace pose un problème de taille : où est la menace ? On a beau ergoter, je ne vois pas la menace qui pèse sur le parlement actuellement. L’Assemblée nationale fonctionne normalement, le gouvernement, la justice et l’armée n’ont aucun problème. L’intégrité territoriale n’est sous le coup d’aucune contrainte majeure. Quant à savoir s’il n’y a pas une menace qui pèserait sur la prochaine mandature du parlement, je suis bien curieux d’entendre les arguments des uns et des autres. Pour le moment, les cris de ceux qui prétendent qu’il y aura un parlement monocolore ne me convainquent pas.
Si le Chef de l’Etat invoque la situation actuelle pour abroger les lois électorales et adopter par ordonnance les lois dérogatoires, la question immédiate serait de savoir quelles dispositions il choisirait finalement, sans susciter les polémiques interminables en cours au parlement. Procèderait-il à une prorogation unilatérale du mandat des députés, auquel cas on aboutirait à une révision de facto de la constitution ? Ce sont des questions qui ne trouvent aucune réponse actuellement. Et puis, ce n’est pas la moindre des inquiétudes, un citoyen normal serait fondé à attaquer ces ordonnances prises dans ces conditions devant la Cour Constitutionnelle pour les faire invalider pour la simple raison qu’objectivement il n’y a aucune menace ou blocage pesant sur les institutions.
La prise d’ordonnances sera contreproductive pour la majorité parlementaire qui risque de s’effrondrer. Je vois déjà comment l’opposition s’en saisirait pour crier victoire en faisant un thème de campagne : « nous avons réussi à faire plier Talon qui ne voulait pas nous voir aux élections », dirait l’opposition. Dans une atmosphère électorale déjà viciée, la stratégie de la victimisation marche toujours.
Au lieu d’adopter des ordonnances sans issue, il lui faut agir sur sa majorité. Car, il faut dire ce qui est. L’opposition parlementaire est si aveuglée par sa haine de Talon qu’elle ne voit pas que son radicalisme est à la base de l’enlisement actuel. La grande question, là encore, est de savoir si les députés de la mouvance sont encore prêts à écouter le Chef de l’Etat. Il ne faut jurer de rien.

Par Olivier ALLOCHEME

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