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Le triomphe de la vérité

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Tractations pour sortir de l’impasse électorale: L’Assemblée peine à trouver le consensus


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Réunis en plénière hier au palais des gouverneurs à Porto-Novo, les députés ont écouté le rapport unique de la commission des lois, de l’administration et des droits de l’homme sur les propositions dérogatoires et modificatives du code électoral et de la charte des partis politiques. Il s’agit d’un rapport qui s’est limité à la discussion et à « l’incompétence » de la commission d’examiner les deux propositions pour défaut de consensus. Dans un long débat houleux parfois semé d’invectives, les députés de la majorité parlementaire ont pointé d’un doigt accusateur l’opposition comme étant responsable de l’échec du processus de recherche de consensus pour des législatives inclusives. Pour eux, ce sont les députés de l’opposition qui ne veulent pas du consensus à travers les propositions qu’ils brandissent, à savoir la dissolution de la Céna, de l’Assemblée nationale et l’abrogation du code électoral et de la charte des partis politiques. Quant aux députés de la minorité parlementaire, ils assimilent le comportement de leurs collègues de la majorité parlementaire à quelqu’un qui offre le mouton tout en retenant la corde avec laquelle est attaché l’animal. Pour eux, il n’est pas concevable que les députés de la majorité qui votent d’habitude avec diligence les textes de loi s’opposent délibérément à l’examen de simples propositions dérogatoires, malgré la volonté affichée du chef de l’Etat qu’il y ait des élections inclusives. Ils sont revenus sur le blocage de la délivrance des certificats de conformité et la délivrance des quitus fiscaux qu’ils considèrent comme un plan orchestré pour les écarter du scrutin législatif.

Par ailleurs, les députés Barthélémy Kassa, André Okounlola et plusieurs de leurs collègues de la majorité parlementaire affirment qu’ils sont ouverts à ce que des pistes soient trouvées pour une participation d’un plus grand nombre de partis aux élections législatives.

A la fin de ce tumultueux débat, le président Adrien Houngbédji s’est interrogé sur la « sincérité » de ses collègues de la majorité parlementaire quand ils se disent disponibles et ouverts pour le consensus. Interrogés sur l’ouverture à la poursuite du processus de recherche de consensus, les députés de la minorité parlementaire ont marqué leur accord et n’y ont trouvé aucun inconvénient.

Après concertation avec les présidents de groupes parlementaires, les deux camps, opposition et majorité, ont promis d’élaborer deux nouveaux textes consensuels qui seront examinés dans l’après-midi de ce vendredi.

 

Ils ont dit

He Nourénou Atchadé, de la minorité parlementaire

 

« Le peuple nous observe, le peuple n’acceptera pas… »

« …Je voudrais vous témoigner ma gratitude personnelle. Le 6 mars 2019, le chef de l’Etat vous a confié une mission de médiation. Et nous, au niveau de l’opposition, on se disait déjà que c’est une mission difficile qu’on vous confiait. Cette mission, s’il faut la caricaturer c’est comme si on vous donne un mouton et on garde la corde. Le président Patrice Talon continue de garder la corde. (…). Peut-être que le comportement de nos camarades est humain, parce que tout le temps, ils nous ont servi qu’ils ne sont demandeurs de rien. Je crois qu’il doit y avoir grincements de dents ou rébellion. Et c’est ce qu’on est en train de constater. Si Fcbe doit participer aux élections dans la septième circonscription électorale, je pense que les chances des gens sont hypothéquées. Pareil pour le Prd s’il doit participer aux élections dans la 19ème circonscription électorale, les chances des gens sont hypothéquées. Quelle est cette démocratie que nous vivons en ce moment ? Est-ce dans ces mêmes conditions que vous avez pris le pouvoir ? Le gouvernement qui vous a donné le pouvoir, est-ce dans ces conditions qu’il vous l’avait donné ? Je vous invite à vous détromper. Vous avez la police, l’armée mais sachez qu’ils appartiennent aux Béninois. Détrompez-vous, quelque soit ce que vous ferez, la police est républicaine. Si c’est sur elle que vous comptez, vous aller déchanter. Le peuple nous observe, le peuple n’acceptera pas… »

 

He Guy Mitokpè, de la minorité parlementaire

« C’est un braquage en plein jour »

« …J’ai assisté aux travaux de la commission des lois, mais j’en suis sorti déçu. Je suis d’autant plus déçu qu’au cours des travaux à la commission des lois, des gens ne pensaient pas à leur pays, mais à la stratégie mise sur pied pour leur reconduction. Monsieur le président les gens-là veulent bruler le pays, mais nous allons les aider à sauver la démocratie. Parce qu’en réalité, les enfants intelligents ne viennent pas du ventre d’une seule femme. Dieu a partagé l’intelligence à tous les enfants. Quelqu’un était au pouvoir et il a accepté que vous déposiez votre candidature. Et vous avez battu le candidat de cette personne et nous avons accepté que c’était juste de vous remettre le pouvoir, parce que vous avez gagné les élections. Ce sont les faits qui produisent les kamikazes, ce sont les faits qui produisent les rebelles. Nous rentrerons dans nos droits. Que 62 personnes prennent en otage tout un peuple. Des députés qui disent que la commission des lois est incompétente pour étudier un texte…Il n’y aura pas de conflit post électoral. Il n’y aura pas d’élection. C’est un braquage en plein jour. Parce que ceux que la nature a amené à être des rebelles n’ont pas deux têtes. Ils ne peuvent pas jouer contre l’héritage de notre pays…. »

 

He Rachidi Gbadamassi, de la majorité parlementaire

« Nous sommes partisans de la paix et de la non-violence. »

« …Nous sommes partisans de la paix et de la non-violence. C’est vrai, nul n’a le monopole de la paix, nul n’a le monopole de la violence non plus. Rien ne se passera au Bénin. Ce qui va se passer, c’est la paix. Je ne veux pas faire preuve de myopie intellectuelle, ni de la discopathie intellectuelle. Ils vous ont récusé parce qu’ils ne veulent pas aller aux élections…. »

 

He Jean Michel Abimbola, de la majorité parlementaire

 

« Nos amis de l’opposition pensent avoir le beurre et l’argent du beurre »

 

« Depuis le 6 mars 2019 et le début de la période de recherche de solution pour une participation plus inclusive des partis politiques aux élections législatives, l’opposition s’illustre par des actes curieux, des actes polémiques qui amèneraient tout observateur de la vie politique nationale à se poser la question de savoir si tout ceci n’a pas pour objectif ultime, de renverser la table comme on le dit, et de mettre ainsi à mal notre démocratie. Les illustrations sont nombreuses et nous pouvons citer notamment: la demande de démission des membres de la Céna et leur arrestation ; le déni au président de l’Assemblée nationale de la légitimité pour conduire le processus; la demande de dissolution de l’Assemblée nationale ; le refus de poursuivre la discussion sans la délivrance immédiate, systématique et sans aucune procédure par le ministère de l’Intérieur du certificat de conformité ; le refus de la discussion et le retrait de la réunion initiée par le président de l’Assemblée nationale le mercredi 20 mars ; l’attitude des deux représentants de l’opposition au comité paritaire qui renient publiquement une décision dudit comité à laquelle ils ont souscrit en apposant leur signature, puis écrivent ensuite une correspondance tendant à faire croire que les propositions contenues dans le rapport du comité n’émanent pas d’eux, mais de la mouvance ; l’abrogation pure et simple de la charte des partis politiques et du code électoral pour revenir au statu quo ante.

Mais, en fait, notre opposition est bien dans une autre logique que nous connaissons bien, et le comportement de ses représentants dans le comité paritaire le démontre à suffisance. En effet, chacun de nous ici comprend que seules deux portes de sortie s’offrent aujourd’hui pour ouvrir le jeu et permettre des élections plus inclusives au bénéfice de l’opposition. Le comité paritaire l’a de facto acté.

Désormais il s’agit, pour l’opposition, soit de rester dans le statu quo et d’accepter de respecter les textes en vigueur, soit d’accepter un réajustement législatif conditionné par la révision de l’article 80 de notre Constitution.

Consciente de toute la guerre menée par elle-même pour fustiger toute modification de la Constitution, l’opposition se trouve aujourd’hui prise à son propre piège, puisque cette option de révision n’arrange qu’elle seule, les autres partis politiques étant déjà qualifiés pour les élections.

Quid alors de celui qui doit assumer l’initiative de cette révision ? A qui profite le crime ? Dirait-on dans d’autres circonstances.

Face à la crainte du regard de la population, notre opposition joue aujourd’hui les victimes, faisant feu de tout bois pour être bien vue par l’opinion et ne pas assumer les implications de sa volonté de réviser la constitution juste pour se donner une chance de participer aux élections.

Mes chers amis, soucieux de l’importance d’avoir des élections plus inclusives, le Bloc républicain s’est dit depuis le début, prêt à étudier toute proposition devant permettre l’atteinte de cet objectif ; mais nos amis de l’opposition pensent avoir le beurre et l’argent du beurre, non seulement en bénéficiant de la révision de la Constitution pour se remettre en selle, mais en rejetant la responsabilité de son initiative sur la mouvance ainsi livrée en pâture au peuple béninois rendu jaloux de sa Constitution par l’intoxication politicienne.

Eh bien non ! Sauvons le soldat « opposition », mais la condition sine qua non est qu’elle assume publiquement qu’elle est bien demanderesse et comptable de la révision de la Constitution. Une révision qui ne profite qu’à elle et qui, de ce point de vue, est opportuniste puisque c’est le mot dont elle a affublé les précédentes tentatives. Oui ! L’opposition doit accepter qu’elle est comptable d’une révision ciblée et opportuniste de la Constitution afin de se donner la possibilité de participer aux élections législatives d’avril 2019. C’est à cette seule condition que le Bloc républicain pourrait envisager d’apporter sa caution à toute tentative allant dans ce sens. Et enfin, nous vous demandons d’arrêter de poser des actes qui menacent la paix et de mettre un terme à ce chantage permanent. Nous ne connaissons aucune démocratie au monde où c’est la minorité qui dirige et qui impose sa volonté. Ici c’est le Bénin, un Etat de droit et une démocratie majeure en Afrique. Ce n’est pas le Gondwana. L’opposition est appelée donc à retrouver la voie de la sagesse et abandonner le romantisme politique. »

 

Par Fidèle KENOU

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