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Le triomphe de la vérité

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Edito: La saison des mutations


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Aucune loi n’interdit de changer de bord politique, mais la fréquence actuelle de ces mutations peut laisser pantois. Samedi, c’est Désiré Vodonou qui s’est engagé avec le Prd, sans crier gare, en s’aidant de son mouvement dont on fait en même temps connaissance, Mikpléxalodo. Ce n’est pas tant l’adhésion de l’ancien député au Prd que la façon brusque et inattendue avec laquelle l’opération a été réalisée. On passe d’un Vodonou pratiquement aphone et invisible sur la scène politique depuis son expérience malheureuse de 2016 avec Lionel Zinsou, à un autre qui s’affiche dans un registre nouveau. Dans cette posture, l’ancien député veut réunir son fief qui avait été pris d’assaut par Talon en 2016, avec un certain Lazare Sèhouéto ainsi que Hervé Hèhomey. Ces deux-là ne lui ont laissé aucune chance. Comme beaucoup d’autres avant lui, il soutient désormais son ancien adversaire. Mais ici, il faut voir que Désiré Vodonou reste dans une dynamique de singularité. Il s’oppose encore une fois à son ancien partenaire, Lazare Sèhouéto, et s’illustre dans le soutien prudent qui caractérise actuellement le Prd.

Un autre revirement qui fera parler de lui ces jours-ci, c’est celui du Plp de Léonce Houngbadji qui s’écarte brusquement des Fcbe pour se fondre dans l’Usl d’Ajavon.

Et pourtant, depuis sa création, on a toujours vu le Parti pour la libération du peuple (Plp) aux côtés des Fcbe. C’est d’autant plus normal que le président du parti, Léonce Houngbadji  n’a jamais caché sa proximité avec l’ancien président Yayi Boni. Il avait même fini par devenir son homme de main, son homme des basses œuvres, l’instrument utilisé par l’ancien président pour répercuter sur la scène politique certains thèmes que les Fcbe pourraient rechigner à endosser toutes seules. Mais le voilà qui fait  un revirement magique de 180° pour déclarer ses amours  à l’Usl.

De deux choses l’une, soit c’est Yayi Boni qui continue à le faire tourner pour aller consoler Ajavon de l’échec de leur coalition annoncée, soit c’est Houngbadji lui-même qui a besoin d’une main secourable pour se faire un nom lors des prochaines élections. Sans fief connu, Léonce Houngbadji doit profiter du prochain scrutin pour se positionner et se tailler un terroir. Pour le faire, il a besoin d’un flux financier. Quelques jeunes loups accourent effectivement vers l’Usl ces dernières semaines, désireux avant tout de montrer leur force de frappe. Curieusement en effet, le parti d’Ajavon semble opter pour le positionnement des jeunes, dont l’expérience électorale est plutôt limitée. La chance pour Houngbadji de se retrouver tête de liste Usl dans une région comme Allada, semble avoir été déterminante dans son choix  de trahir ses amours initiales avec les Fcbe. Le 28 avril prochain, nous verrons bien la pertinence de tels choix stratégiques. Il est évident que, même s’il ne se fait pas élire, Léonce Houngbadji ne sera plus le second couteau d’un mentor. Il sera candidat conduisant une liste dans une circonscription. Pour un jeune qui entend imposer sa marque, c’est une opportunité à ne jamais rater.

Un autre cas, moins spectaculaire, est celui de l’ancien ministre Gustave Sonon.

Il a annoncé ce week-end son ralliement au Bloc républicain, après avoir consulté sa base de Za-Kpota. Son cas est beaucoup moins énigmatique qu’il n’y parait. Depuis la présidentielle de 2016, l’ancien ministre s’est éloigné ostensiblement des Fcbe. Par contre, il a activement participé à la naissance du Bloc républicain. Et sa base a donné la ligne à suivre et il l’a suivie.

Ces cas de revirement plus ou moins remarquables se multiplieront dans les jours à venir, avec la guerre des positionnements au sein des partis. Ceux qui ne seront pas positionnés ici ou là, chercheront forcément à l’être ailleurs. Le marché politique sera donc animé par ces mouvements de yoyo qui alimenteront la chronique des crises de colère et autres déclarations tapageuses.

Une chose est vraie : chacune de ces mutations tire rarement sa source de positionnements idéologiques précis. On s’aligne dans une zone en regardant les rapports de force, c’est-à-dire les chances de succès ou d’échec.  Car en politique béninoise, ce qui compte, c’est la victoire et tout ce qui permet de l’avoir. Les mutations en cours vont dans ce sens.

Par Olivier ALLOCHEME

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