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Le triomphe de la vérité

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Edito: Réinventer le modèle français


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Il n’est pas dans mes habitudes d’écrire sur la France. Mais aujourd’hui, avec la montée en puissance des Gilets Jaunes puis le ramollissement du mouvement, il y a des mutations incontournables qui s’observeront dès maintenant. On ne peut se taire face à l’histoire qui s’écrit sous nos yeux.
Le mouvement dit des Gilets Jaunes a mis à nu la mauvaise gouvernance qui a pris des proportions inquiétantes en France depuis de nombreuses années. Cette mauvaise gouvernance se traduit essentiellement par le trucage des marchés publics, la création d’une flopée d’avantages et privilèges divers aux élus (sénateurs, députés et autres), et la dérive des allocations sociales.
Si nous ne prenons que les allocations de chômage, l’office chargé de la gestion de ces fonds versés à tout chômeur français, signale depuis des années un déficit devenu intenable. Il est d’environ 37,1 milliards d’Euros en fin 2018, c’est-à-dire : 24.334 milliards de FCFA de dettes. Je suis sûr que vous avez bien lu 24.334 milliards de FCFA de dettes. Pour tenir face à cette ardoise astronomique, l’UNEDIC est obligée d’aller emprunter un peu plus d’argent sur le marché financier. Il en fut ainsi en 2016 (4,8 milliards d’euros) et en 2017 (3,8 milliards d’euros).
En 2018, la dette de la Sécurité Sociale Française et de la Caisse d’Assurance Maladie se chiffre à 270 milliards d’Euros, soit un montant colossal de 177.093 milliards de FCFA. Commentaire d’un observateur averti : « c’est le budget total de 30 pays africains réunis. » Rien que pour la sécurité sociale. En fait, le modèle social français est si bien huilé qu’un individu peut bien passer sa vie entière à ne rien faire, tout en ne touchant que les minima sociaux. C’est un modèle qui prend en compte la nécessité pour l’Etat d’assurer un revenu provisoire à tous les travailleurs au chômage et aux retraités. Bien sûr, il creuse la dette publique française qui a dépassé déjà les 100%, alors que la dette publique d’un pays comme le Bénin tourne autour de 50% du PIB. Ferdinand Buisson, Prix Nobel de la Paix et Cofondateur de la Ligue des Droits de l’Homme, avait déjà dit qu’en France, il y a deux groupes de personnes : «ceux qui possèdent sans travailler et ceux qui travaillent sans posséder». C’est ce dernier groupe (les classes moyennes) qui fait les frais de la mauvaise gestion.
Pour combler tout ce déficit, les impôts pleuvent sur la tête des classes moyennes. Depuis l’année dernière, la France est devenue le pays le plus fiscalisé de tous les pays les plus riches du monde. Selon le dernier rapport de l’OCDE, rendu public le 05 décembre dernier, les taxes font environ 46,2% du PIB français, soit près de la moitié des revenus des travailleurs. C’est un peu comme si le fisc se réservait près de 50% des revenus des travailleurs des classes moyennes. En comparant ces chiffres, on se rend compte que ces ponctions fiscales étaient déjà à 43,4% du PIB en 2000… Ce sont ces classes moyennes pressurisées d’impôts, qui se rebellent désormais sous le vocable de Gilets Jaunes, pour avoir été trop longtemps taxés, ponctionnés comme une vache à lait au profit des autres couches de la société.
Qu’ils se soient réveillés aujourd’hui était prévisible. Mais c’est la violence de leur rage qui peut être sujet à caution. Les chiffres confirment d’ailleurs que cette mutation était déjà perceptible l’année dernière. En 2017 en effet, 511 policiers et gendarmes mobilisés par la seule préfecture de police de Paris pour des missions de maintien de l’ordre public, ont été blessés, contre 150 en 2015. C’est dire que le saccage de l’Arc de Triomphe le 1er décembre dernier, n’était que la dernière manifestation d’un mouvement de fond ayant pris racine depuis quelques années.
En faisant semblant de garder le cap, Emmanuel Macron a très peu de marge de manœuvre. Il a hérité d’une situation financière désastreuse. Il faut bien qu’il trouve les moyens de résorber les dérives de la sécurité sociale. Mais le vrai problème est ceci : aura-t-il le courage de dire aux Français qu’ils ont trop longtemps vécu au-dessus de leurs moyens ?

Par Olivier ALLOCHEME

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