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Le triomphe de la vérité

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16e Chronique du psychologue sur l’école de la sexualité: Boris Sagbo parle de l’influence des médias et de la pornographie chez l’enfant


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Agossou Mèssè Boris Quentin SAGBO

Quel est l’impact des médias  et de la pornographie dans l’apparition des troubles du comportement sexuel ? C’est la question à laquelle s’intéresse Boris Sagbo dans la présente chronique. Le psychothérapeute, qui table sur « des preuves scientifiques » tirées d’études, démontre comment la surexposition médiatique et quotidienne de la sexualité influence de façon notable le jeune enfant et l’adolescent.

 

Quel est l’impact des médias  et pornographies dans l’apparition des troubles du comportement sexuel ?

A l’ère où la télévision, les téléphones et ordinateurs sont accessibles à tous et ouvrent à chacun les coins du monde inconnu, de même que toutes pratiques bonnes ou mauvaises, nous sommes témoins de l’influence de toutes ces informations sur notre quotidien. Nous n’allons pas nous contenter de l’affirmer, mais avancer des preuves scientifiques.

« Des données scientifiques ont montré un lien entre scènes de violence dans les médias et de  tendance à l’agression chez l’enfant. Albert Bandura, comportementaliste américain, aurait montré dès 1963, la possibilité d’un apprentissage vicariant par imitation à partir de modèles symboliques tels que les images télévisées. Dans les années 1970, des voix se sont élevées contre la violence à la télévision et au cinéma, certains affirmant que, par la suite, une partie de cette surexposition a été concédée à la sexualité. Ainsi, aux Etats-Unis, il y aurait actuellement 8 scènes par heure évoquant l’acte sexuel. Leur nombre a doublé depuis 1976. Bien que pour la sexualité, ce phénomène soit moins étudié, il est à supposer que l’apprentissage vicariant à partir des comportements sexuels télévisés soit tout aussi opérant que pour la violence physique. Une autre étude montre que ce ne serait pas tant le temps passé devant la télévision et le fait d’entendre parler de sexualité en soi qui serait délétère, mais le contenu et les stéréotypes de masculinité et de féminité qui y sont entretenus. Ceci devrait amener les programmateurs non pas à supprimer purement et simplement les émissions abordant ou montrant de la sexualité, mais surtout à repenser les sujets abordés et la façon dont ils sont traités. La surexposition médiatique et quotidienne de la sexualité se fait au travers des publicités télévisuelles, des émissions de téléréalité, de radio. Les incitations à la consommation sexuelle se multiplient au travers de la pornographie, des magazines, des jeux vidéo au point que Didier Lauru et Laurent Delpierre évoquent, dans leur livre La sexualitédes enfants n’est pas l’affaire des grands, un « bain sexuel permanent» équivalent d’un «abus sexuel psychique ». Un contraste est notable entre l’exposition de la sexualité, de la nudité et une grande difficulté à parler de l’intimité entre parents et enfants dans les sociétés actuelles. Beaucoup de jeunes citent d’ailleurs la télévision comme source d’information en ce qui concerne le vocabulaire, les rapports sexuels, la grossesse ou la naissance. Le niveau de contrôle parental pour les formes traditionnelles des médias est faible (télévision, film, magazines, musique) et se réduit encore pour les nouvelles formes d’accès à la pornographie (jeux vidéo, web, smartphones) dont l’intérêt réside beaucoup dans leur interactivité et leur fort potentiel d’excitabilité… La consommation de la pornographie est plutôt le fait des plus jeunes adolescents, dont le goût de l’interdit répond à l’intensité nouvelle de l’excitation sexuelle avec l’arrivée de la puberté… De nouvelles pratiques de « cybersexe » voient le jour, et pas seulement chez les adultes, allant de l’échange d’images et de conversations sexuelles à des vidéos, enregistrements ou l’utilisation de la webcam. Il serait pratiqué par 20 à 30% de grands enfants et d’adolescents mais seuls 1 à 2% de manière répétitive. Ces pratiques sont pathologiques si elles deviennent centrales dans la vie du jeune et conditionnent l’accès à une satisfaction sexuelle. Elles sont d’emblée inquiétantes quand elles mènent à des conduites délictuelles voire criminelles (circulation d’images de tiers avec chantage, contenus pédophiliques, viol filmé). En général, les motivations à la consommation de la pornographie sont variées et transitoires. Elles vont de la curiosité à une réelle excitation et satisfaction sexuelle, en passant par le plaisir de la désobéissance, le défi lancé aux pairs et aux adultes. Par ailleurs, ces scènes peuvent être perçues comme une invitation à reproduire ce qui a été vu, que ce soit avec des pairs consentants, ou parfois avec des plus jeunes sous la contrainte ou la menace, en particulier si l’éducation et l’environnement sont permissifs et sexualisés… La forme addictive de consommation de la pornographie entraîne un isolement social, une solitude affective et la restriction des autres domaines d’intérêts… Les valeurs mises en scène y sont toujours plus en décalage avec les valeurs parentales si tant est que certaines aient été transmises. Certains jeux spécifiquement pornographiques dits, « hentai » en japonais, incitent à s’engager dans un maximum de relations sexuelles avec ou sans consentement, par exemple à simuler des viols, tel celui au nom évocateur de « Rapelay » qui a été interdit en 2009. De manière plus ou moins anecdotique, une étude anglo-saxonne a mis en évidence l’augmentation du nombre d’actes sexuels non génitaux et la précocité de l’entrée dans la sexualité chez des adolescents de 12 à 17 ans écoutant de la musique et regardant des clips montrant des comportements sexuels dégradants. »

 

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