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Le triomphe de la vérité

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Après la seconde Guerre Mondiale de 1945: Le Japon, sorti de la misère, Redressé debout, Décollé au ciel du monde


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(Juillet 2016) Vue d’une ruelle de la ville de Nagasaki, complètement métamorphosée

Le 15 août 1945, le Japon a capitulé sans condition. Il n’est pas toujours clair de percevoir comment le pays du Soleil levant se retient debout de la misère et devient aujourd’hui la troisième puissance économique mondiale. On profite du 73ème anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale pour revoir le parcours du Japon d’après-guerre qui s’appelle souvent « Le miracle économique ».

« La période d’après-guerre est déjà terminée. » C’est une phrase qui a conclu le Livre blanc de l’économie à l’édition de 1956 publié par l’Agence japonaise de la planification économique (intégrée au Cabinet du Gouvernement en 2001). Cette phrase illustrait bien la situation économique où se trouvait le pays du Soleil levant à l’époque. Effectivement, en 1955, le Produit National Brut (PNB) du Japon par tête a dépassé le niveau d’avant-guerre et les populations se sont exaltées face au boom économique. Une telle vitesse de sa reconstruction étonnait le monde, car elle ne se faisait que seulement 10 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale. Nous l’appelons souvent le « miracle économique » du Japon et les pays en voie de développement, comme ceux au sud-est d’Asie prennent modèle sur ce développement de grande envergure du Japon d’après-guerre. Mais il n’est pas toujours clair de saisir comment le pays au plus profond de la dépression pouvait sortir de la misère et devenir aujourd’hui la troisième puissance économique du monde. Alors quels facteurs ont rendu possible ce redressement drastique ?

Esprit de tolérance et d’acceptation
La Seconde guerre mondiale a ravagé le Japon. Plus de trois millions de Japonais dont environ un million de civils ont été tués. Après la guerre, les citoyens étaient à deux doigts de la famine et des villes débordaient d’orphelins. Se plongeant dans la tristesse et la douleur, le Japon était littéralement réduit en cendres. Sur le plan politique également, le Gouvernement du Japon endurait des épreuves. Il pouvait à peine maintenir la famille impériale et l’Empereur comme symbole du pays, mais il n’avait pas de choix sans accepter de nombreuses réformes radicales au niveau politique et économique, forcées par les Alliés, principalement les Etats-Unis pour faire du Japon un pays qui ne pourrait jamais recourir à la force comme moyen de résoudre les problèmes internationaux. En effet, la nouvelle Constitution qui n’est jamais modifiée jusqu’aujourd’hui, a été élaborée et interdisait au Japon d’avoir la force militaire et mettait la démocratie comme pilier principal du pays, à la place du régime militaire. Par ailleurs, les zaibatsu (conglomérats industriels) qui s’occupaient des industries militaires ont été démantelés, afin de ne pas avoir à nouveau des armes militaires susceptibles de ruiner le monde. En plus, les réformes s’étendaient aux différents domaines tels que l’éducation, l’agriculture, l’administration, etc. Il était facilement imaginable que les populations et les cadres politiques japonais opposent une résistance vigoureuse aux décisions des Alliés, mais en réalité, les réformes avançaient sans grands heurts, contrairement aux prévisions. Une supposition est que, depuis l’ouverture de leurs frontières à l’extérieur au début de l’époque de Meiji (1868), les Japonais avaient tendance à admettre et adopter avec respect les excellentes choses des pays étrangers et cherchaient toujours à suivre l’exemple de l’Occident et le rattraper : une telle mentalité semblait rester toujours dans le cœur des populations même après la guerre, ce qui facilitait l’acceptation des réformes et des systèmes d’« ailleurs ». Il va de soi qu’il restait des cadres politiques avec de bon sens, comme M. Shigeru YOSHIDA, ancien Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères d’après-guerre, qui se dépensaient pour essayer d’empêcher l’ouverture des hostilités par la diplomatie et qui admettaient l’importance du dialogue sans recours à la force et la démocratie pour rétablir le pays. De tels facteurs permettaient la mise en place des bases de décollage économique dans la société japonaise.

Coup de main de l’international
Toutefois, il ne faut pas oublier de mentionner l’aide publique au développement par les Fonds américains et des organisations internationales, car sans elles, il était impossible de reconstruire le Japon. Par exemple, les Etats-Unis ont créé le Fonds gouvernemental pour le soulagement des régions occupées (GARIOA : Gouvernment Appropriation for Relief in Occupied Area Fund) et le Fonds pour la reconstruction économique des régions occupées (EROA : Economic Rehabilitation in Occupied Areas) et le Japon a reçu une énorme contribution, à travers ces fonds, d’un montant total de 1 milliard 800 millions d’US dollars dont la donation de 1 milliard 300 millions. Si l’on convertit ce montant en valeur actuelle, ce s’élève à 12 mille milliards de yen dont la dotation de 9,5 mille milliards. Actuellement, le Japon soutient plus de 160 pays en voie de développement, à travers l’aide publique au développement d’un montant annuel de mille milliards 500 millions de yen, mais relativement aux soutiens financiers que le Japon a reçus de la part des Fonds américains, on peut aisément comprendre combien ils étaient importants. Par ailleurs, la Banque mondiale elle aussi, joue un rôle essentiel pour le redressement économique du Japon avec le financement de 860 million d’US dollars (environ 6 mille milliards de yen en valeur actuelle). Le Japon était donc l’un des plus grands pays financièrement aidés. En effet, comme le volume économique du Japon à l’époque était juste à quelques pourcents de celui des Etats-Unis, le Japon était sans doute un pays en voie de développement.
Le fonds nécessaire pour la reconstruction de l’économie manquait définitivement au Japon d’après-guerre. A cet effet, les financements octroyés par les Etats-Unis et la Banque mondiale contribuaient vraiment à la mise en place des bases économiques et industrielles, notamment, les infrastructures routières et énergétiques. Celles-ci ont fonctionné comme les bases de la croissance économique. Ce n’est qu’en juillet 1990 que le Japon a remboursé toutes les dettes et est sorti de la catégorie des pays en voie de développement. Par contre, le Japon était à la fois un pays qui soutient les pays en difficulté, en participant en 1954 au Plan de Colombo, l’une des premières organisations internationales ayant pour objectif de contribuer au développement socio-économique des pays pauvres. Aujourd’hui, le Japon prend conscience de son devoir de rendre un bienfait au monde et une contribution au développement des pays en voie de développement.

Une série de booms économiques

Il faut citer aussi l’impact économique de la Guerre de la Corée de 1950. Comme c’est une des guerres par procuration entre la Corée du Nord soutenue par le bloc communiste comme la Chine et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) et la Corée du Sud appuyée par le bloc des Nations Unies dont les Etats-Unis, ces derniers se sont empêchés de changer leur cap sur la démilitarisation du Japon. Ce dernier n’est pas intervenu directement au conflit, mais il fonctionnait comme la base de ravitaillement militaire pour l’armée américaine pendant la guerre. Jusqu’à la conclusion de l’accord d’armistice de 1953, le Japon était économiquement impacté de manière indirecte par le conflit. Il est donc possible de dire que la confrontation entre les deux blocs (guerre froide) a ironiquement contribué à la restauration d’après-guerre du Japon.
En surmontant quelques périodes de récessions après la Guerre de la Corée dans les années 1950-60, le Gouvernement du Japon à l’époque a connu le premier boom (1959-61) piloté par la production de sucre, de papier et de ciment, ce qu’on a appelé « trois blanches », le deuxième (1962-64) boosté par la production de la machine à laver, de l’aspirateur et de la télévision en noir et blanc, ce qui sont « trois nouvelles blanches » et le troisième (1965-70) entraîné par la vente d’appareil photo, de climatiseur et de la télévision en couleur (3C ; Car, Cooler, Color TV). Pendant ces périodes, le Japon a enregistré environ 10 % du taux de la croissance économique chaque année et l’exportation massive des produits textiles et de voitures a accéléré cette tendance positive. Au fur et à mesure que le commerce extérieur s’élargissait, l’économie japonaise est remontée et a rattrapé celle des Etats-Unis.
Les jeux Olympiques de Tokyo en 1964 étaient une belle occasion pour montrer au monde entier la reprise socio-économique du Japon. 93 pays et régions avec 5.133 athlètes y ont participé. Six ans après, la ville d’Osaka a accueilli l’Exposition Universelle de 1970 sous le thème du « Progrès et l’Harmonie pour l’Humanité ». Avec la participation de 76 pays et 4 organisations internationales, cette exposition a connu plus de 64 millions de visiteurs de tous les coins du monde. Ces deux événements d’envergure étaient symboliques pour prouver la sortie du Japon de l’après-guerre et son réveil économique.

Retour au sein de la communauté internationale
Il faut aborder aussi son retour sur la scène internationale. Après bien de péripéties autour de la modalité du traité de la paix, le Traité de la paix de San Francisco a été conclu en 1951 entre le Japon et les 48 pays concernés par les ravages de l’armée japonaise pendant la guerre (plusieurs pays de l’Est dont la Chine et la Corée du Sud n’étaient pas invités pour raison politique. Il fallait attendre encore 14 ans pour normaliser la relation diplomatique avec la Corée du Sud et 21 ans avec la Chine. Dans la même année, le Japon a fait une requête pour adhérer aux Nations Unies. Après la normalisation des relations diplomatiques avec l’URSS en 1956, le Japon a pu finalement être membre des Nations Unies. Le Japon était déterminé tout au début à contribuer à la paix et à la stabilité de la société internationale et aujourd’hui même, la contribution financière par an du Japon aux Nations Unies est la deuxième la plus importante parmi les membres, après les Etats-Unis, car le Japon prend conscience de la nécessité d’accomplir son devoir sur la scène internationale, selon son influence politique et sa taille économique.

Japon encore à l’épreuve
73 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, la société japonaise est encore en pleine mutation. La reconstruction de la région de Tohoku (nord-est de l’archipel) après le grand séisme et le tsunami du 11 mars 2011 avance constamment, mais il reste des obstacles à surmonter dont les dommages dus aux rumeurs relatives à la radioactivité issue des centrales nucléaires de Fukushima. Il reste des pays qui suspendent l’importation des produits venant de la région en question, sans fondement scientifique. En effet, le Préfet de Fukushima continue depuis l’accident des centrales, l’inspection de tous les sacs du riz venant de la région selon un standard plus strict que celui à l’international et les résultats sont toujours négatifs quant à la radioactivité. Par ailleurs, le vieillissement de la population et la dénatalité sont deux questions principales auxquelles le Japon fait face. Aujourd’hui, 26,7 % de la population japonaise ont plus de 65 ans (33,92 millions) et ce pourcentage s’élèvera à près de 40% en 2050. Pour ce qui concerne la dénatalité, le taux de natalité est de 1,45 en 2016 et la chute de la démographie ne s’arrête pas. Malgré les efforts accumulés par le Gouvernement actuel, le Japon n’a pas encore trouvé de moyens efficaces pour sortir de la dépression économique.
Mais peut-être que l’histoire se répète. Tokyo accueillera de nouveau les jeux Olympiques et Paralympiques en 2020 et la ville d’Osaka a présenté sa candidature comme ville d’accueil de l’Exposition Universelle de 2025 dont l’élection est prévue en novembre 2018. Le Japon espère que ces deux évènements historiques seront encore symboliques pour faire connaître au monde entier le début de sa reprise économique et sa reconstruction après les catastrophes naturelles survenues dans l’archipel.

Ambassade du Japon

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