.
.

Le triomphe de la vérité

.

Edito: A la lorgnette du footeux


Visits: 0

Regardez donc cette photo. C’est Kilyan Mbappé, devenu champion du monde depuis hier, dimanche 15 juillet 2018, posant avec son idole, le champion du monde 1998, Thierry Henri, alors qu’il n’avait que 5-6 ans.

 

Vous l’avez bien compris. Les vrais champions se préparent dès le bas-âge pour suivre les traces de leurs aînés. Au football plus que dans tout autre secteur, il n’y a jamais de génération spontanée. C’est de la longue préparation que naissent les vrais champions. Ce que nous voyons dans les pays qui gagnent, c’est l’accompagnement désintéressé des anciens qui sont prêts à tout pour que les jeunes générations prennent valablement la relève. Au lieu de cette préparation rigoureuse, que voyons-nous au Bénin ? Le championnat sénior et les championnats  des catégories d’âges au Bénin sont aujourd’hui à l’abandon. Dans la crise interminable qui secoue la Fédération béninoise de football et qui empêche tout championnat digne du nom depuis huit ans, combien de Mbappé avons-nous découragé ? Combien de génies du cuir rond ont dû ranger les crampons pour se consacrer à autre chose, face au néant dans lequel baigne la Fédération empêtrée dans ses querelles de personnes ? Il est évident qu’ils sont nombreux.

Ce que nous faisons semblant d’ignorer, c’est que cette décennie vide est un trou noir dans le progrès du pays. En l’absence d’une préparation rigoureuse, la relève sera assurée par le hasard, au petit bonheur la chance. Viendront peut-être des Béninois de la diaspora ou quelques rescapés de l’enfer partis tenter leur chance ailleurs. S’ils ne finissent pas dans les équipes nationales de leurs pays d’accueil comme Pogba, N’golo Kanté ou autre Blaise Matuidi. La fuite des cerveaux africains vers l’Occident est le pendant footballistique de la fuite de nos champions qui s’en vont concrétiser leurs rêves ailleurs. S’égosiller plus tard sur la France qui aurait fait gagner l’Afrique par procuration, est exactement le genre de raisonnement qui permet de ne pas changer la situation. Que serait la France devenue si ses champions d’aujourd’hui avaient dû s’installer aux Etats-Unis ou au Canada, dix ou vingt ans plus tôt ? Ils auraient enrichi ces Etats, en privant leur pays d’origine du talent fou qu’ils ont pu construire. Il y a une hémorragie des talents qui empêchera pendant longtemps encore l’Afrique en général, le Bénin en particulier, d’accéder aux plus hautes marches du podium.

Les Noirs de l’équipe de France ne doivent rien au Cameroun, à l’Angola, au Togo, à la Guinée, au Mali ou au Sénégal qui n’ont pas créé les conditions nécessaires pour les empêcher de partir, ni eux, ni leurs parents. Ils doivent tout à la France. A l’heure où j’écris ceci, un footballeur béninois de 11-12 ans est peut-être en train de partir. De nous échapper, comme les autres…

Voici la deuxième image, celle du Président français, Emmanuel Macron, survolté hier à la tribune officielle, pendant que son équipe réalisait l’exploit au  stade de Loujniki à Moscou.

C’est une image assez rare pour être signalée. La passion du football transcende les différences. Mais ici, la fougue d’Emmanuel Macron, fan de football, nous montre que cette passion est une nécessité vitale pour l’équilibre de l’individu. Devant lui, que voit-on ? Une foule immense de 81.000 spectateurs. Revenons à Cotonou, quand remplirons-nous nos stades ? Lorsque le jeu, et surtout le beau jeu y reviendra. Pour le moment, les Béninois n’ont droit à rien. Ils sont informés jusqu’à la couleur des crampons des joueurs du Real Madrid à plus de 6000 km d’ici, mais ignorent tout de ce qui se passe ici même au sein des Requins de Cotonou ou des Buffles de Parakou. Tout : joueurs, entraîneurs, résultats, tout. A l’heure où la FBF se prépare pour de nouvelles élections, le 25 août prochain, ma seule prière est que les acteurs trouvent le moyen d’en finir avec les vieux démons qui continuent de rendre le football béninois invisible sur le plan international.

Par Olivier ALLOCHEME

 

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page