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Le triomphe de la vérité

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Edito: AGOA, échec et mat


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Le forum AGOA 2018 qui s’est achevé hier à Washington pourrait être un tournant dans les relations commerciales entre l’Afrique et les Etats-Unis. L’African Growth and Opportunity Act (AGOA), voté par les Etats-Unis en 2000 permet aux pays africains d’exporter des biens vers l’Amérique, sans avoir à payer des droits de douanes. Cette loi offre des possibilités énormes aux industriels béninois jusqu’en 2025. Elle leur permet d’exporter environ 1.800 produits manufacturés provenant des pays d’Afrique au sud du Sahara éligibles, dont le Bénin. Les seules conditions posées à des pays comme le Bénin sont l’ouverture du marché sur l’international, le respect des règles démocratiques, l’élimination des barrières commerciales pouvant frapper les Etats-Unis, le respect des droits humains, des standards internationaux du travail, la lutte contre la corruption et la mise en place d’une structure de lutte contre la corruption…. Quelle est donc la place du Bénin dans ce commerce ?
Les pays africains phares qui font le commerce avec les Etats-Unis par le biais de l’AGOA sont le Kenya, la Côte-d’Ivoire, l’Ethiopie et le Ghana. La question est de savoir si le Bénin a pu tirer son épingle du jeu en améliorant les relations commerciales entre les deux pays. Et la réponse est non. Le Bénin n’a nullement amélioré ses exportations vers Washington depuis dix-huit ans. Au contraire, selon le ministère américain du commerce, tous secteurs confondus, les exportations américaines au Bénin sont passées de 613533 dollars en 2015, à 227 332 dollars en 2016 et 250.228 dollars en 2017. Pendant ce temps, les Etats-Unis ont reçu du Bénin, au titre de l’AGOA, 15.000 dollars de produits béninois en 2016 et seulement 9000 dollars en 2017. On voit clairement que, malgré les mesures incitatives prises par le gouvernement américain, le Bénin n’a pas du tout profité de l’AGOA. Un véritable déficit commercial est né entre le Bénin et les Etats-Unis à partir notamment de 2005 pour culminer en 2008, avant de redescendre légèrement à partir de 2014. Les exportations béninoises vers le pays n’ont pas bougé.
En fait, les opérateurs économiques et les acteurs industriels échouent à remplir les critères fixés par la superpuissance américaine. Ces critères de qualité demandent de lourds investissements que les petites et moyennes entreprises béninoises ne parviennent pas à trouver. Résultat, beaucoup se découragent et se détournent du marché américain, préférant dès lors le marché domestique ou encore la sous-région.
A contrario, un pays comme l’Ethiopie en profite énormément. Portée par des investissements colossaux dans les infrastructures, l’industrie éthiopienne s’est renforcée ces cinq dernières années. Elle a généré une croissance à deux chiffres qui attire les investisseurs, notamment les Chinois. Ceux-ci se servent de ce pays pour y installer leurs unités industrielles afin de profiter des accords de l’AGOA qui permettent alors à leurs produits d’atterrir dans les magasins américains, sans frais de douanes. Bien sûr, les techniciens américains, qui ont déjà aperçu cette tendance, travaillent à y mettre fin. Tandis qu’ils sont carrément en guerre avec la Chine à coups de restrictions diverses, ils s’aperçoivent en effet que les investisseurs chinois changent de stratégie pour toujours trouver un moyen d’amener leurs produits aux Etats-Unis.
L’on n’oubliera pas que nous sommes à l’ère de l’administration Trump où tout est remis en question. Le chamboulement systématique de tout qui caractérise cette politique menée sur le mode spectaculaire des shows médiatiques auxquels Donald Trump est un habitué, ce chamboulement donc pourrait frapper aussi l’AGOA.
Ce qui est en préparation aux Etats-Unis, c’est la mise en place d’un BUILD Act (Better Utilization of Investments Leading to Development Act), destiné à créer une agence de développement dénommée U.S. International Development Finance Corporation (USIDFC). Elle pourrait être le bras financier des investissements américains sur le continent, de manière à favoriser la présence commerciale américaine en Afrique. Oui, c’est une sorte d’Eximbank à la sauce américaine, permettant dans la compétition globale que l’on voit, d’inscrire des entreprises américaines sur de nouveaux projets, exactement comme le fait la Chine. L’adoption du BUILD Act par le Congrès américain, constitue la parade que prépare le pays face à l’amenuisement des parts de marché de l’Amérique sur l’échiquier panafricain. Alors question : que fait le Bénin dans ce contexte ?

Par Olivier ALLOCHEME

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