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Le triomphe de la vérité

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Edito: Un avocat remplace un avocat


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On avait prétendu qu’un Chef d’Etat ne devrait pas nommer un de ses avocats au poste de ministre de la justice. Patrice Talon n’y voit aucun inconvénient. Désormais, c’est l’un de ses avocats qui remplace maitre Joseph Djogbénou. Sévérin Maxime Quenum est aussi proche du Chef de l’Etat que l’ancien ministre. Malgré sa discrétion, l’on sait qu’il est très impliqué dans la gestion de la plupart des dossiers judiciaires sensibles du régime. Etant concrètement à la mannette, il entre en terrain connu. Mais le ministère dont il hérite est une patate chaude. Les magistrats, notamment sous l’ère Michel Adjaka, alors président de l’UNAMAB, en ont fait voir à tous les ministres de la justice, depuis Boni Yayi. Son successeur, Robert Dadaglo n’est pas moins virulent. Les relations entre les deux partenaires sociaux en sont arrivées à un point de rupture tel que personne n’entrevoyait une entente possible entre l’ancien ministre Djogbénou et l’UNAMAB. La grève ayant pris fin dans la plus grande confusion, il n’est pas exclu que les magistrats reviennent à la charge.

Mais l’apparition sur la scène d’un certain Maxime Quenum, généralement plus enclin au compromis et moins clivant que son prédécesseur, pourrait aider à renouer le dialogue entre les deux parties. Mais ici, rien n’est garanti. Ce que l’on sait, c’est que depuis Boni Yayi, les avocats ont toujours eu du mal à s’entendre avec les magistrats au ministère de la justice. Marie-Elise Gbèdo, Gustave Anani Gazard, Evelyne da Silva, Joseph Djogbénou…aucun avocat ne trouve grâce à leurs yeux. Maxime Quenum fera-t-il la différence ? Ce n’est pas impossible qu’il ouvre une nouvelle ère d’entente cordiale dans la fermeté et le sens de responsabilité.

Cependant, la question est de savoir si la même étiquette ne va pas être collée au nouvel arrivant. Avocat du Président de la République depuis plusieurs années et dans les dossiers les plus rocambolesque, il est avant tout au service de l’ancien patron devenu Président. De sorte que la question que l’on devrait se poser est celle-ci : s’il y avait un professeur de droit ou un comptable à la place des avocats, est-ce qu’ils seraient moins dociles au Chef de l’Etat ? Autrement dit, pensez-vous SINCEREMENT qu’un ministre du gouvernement, quel que soit son poste, oserait tenir tête au Président de la République s’il lui demande quelque chose ? Je veux dire que non. Aucun ministre n’est assez courageux pour le faire, sauf, peut-être, des dossiers de corruption scabreuse dans lesquels il sentirait sa propre conscience interpellée et sa responsabilité engagée. Le seul fait d’être ministre vous contraint à l’obéissance face à la hiérarchie qui est précisément le Chef de l’Etat, qu’il soit ou non en bute à des actions judiciaire, qu’il soit ou non corrompu. Rien ni personne ne peut empêcher le Chef de l’Etat de faire réaliser par le ministère de la justice ce qu’il voudrait faire dans telle ou telle affaire spécifique pendant devant les juridictions, si tant est que cette action sollicitée respecte la loi. Autant que le pouvoir judiciaire est libre, il sera loisible au Chef de l’Etat de mettre en œuvre toutes sortes d’actions en utilisant le Garde des Sceaux. Mais la justice dispose également de tous les moyens légaux pour arrêter l’arbitraire, si les magistrats s’entendre au sein de leur syndicat.

A cet égard, l’arrivée de maitre Maxime Quenum ne pourrait paraître plus banale : Quiconque prendrait ce portefeuille, sera tenu de collaborer avec le premier des Béninois, y compris même en devançant ses moindres désirs.

C’est que certains Béninois jouent à l’hypocrisie. Ils voudraient nous faire croire qu’un Chef d’Etat est capable  de nommer dans son gouvernement des personnes qui aient la capacité de s’opposer à ses ambitions, à ses décisions ou à ses objectifs. La seule alternative dont dispose un ministre, c’est d’obéir ou de démissionner. Dans le régime présidentiel qui est celui du Bénin, si un ministre n’accepte pas le diktat du président de la République, soit il le conseille sur la voie à suivre, soit il démissionne.  Qu’on arrête donc de nous raconter des histoires : Talon peut et nommera toujours ceux qui lui semblent les plus fidèles à sa vision et les plus sensibles à sa mission.

Par Olivier ALLOCHEME

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