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Le triomphe de la vérité

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Edito: Repenser le financement des infrastructures


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Le déficit est là, énorme. Comme la plupart des pays qui nous entourent, le Bénin a besoin d’infrastructures pour impulser son développement. Mais, alors, question : où trouver les ressources sans tomber dans le piège du surendettement ?

Aussitôt le PAG lancé, une horde d’investisseurs a fondu sur le Bénin avec des projets et des financements à des taux aussi dithyrambiques les uns que les autres. Le régime Talon était prêt à tout prendre jusqu’au jour où des craintes ont commencé à fuser des institutions de Bretton Woods qui craignent un surendettement préjudiciable à l’avenir. D’autant d’ailleurs que le service de la dette n’a pas cessé de peser sur les finances publiques, ces dernières années. Fin 2006, la dette ne représentait que 11% environ du PIB du Bénin. Elle   est passée à 42% en 2015 puis 54,6% fin 2017, alors que la moyenne africaine était de 45 %.   Et si vous avez fait attention, le recours de plus en plus fréquent au marché des capitaux accroît le risque de se retrouver avec des taux d’intérêts de plus en plus élevés (environ 7%), avec des maturités de plus en plus courtes (environ 10 ans). Ceci est en contraste avec les financements concessionnels (moins de 2%) qui avaient fait florès dans les années 1990 et au début des années 2000. Aujourd’hui, face à la pression sociopolitique de leurs populations, les Etats africains ont besoin de construire plus de routes, plus de ponts, de donner de l’électricité et de l’eau dans tous les villages, d’installer l’internet haut débit partout pour désengorger les villes et favoriser un développement  équilibré de l’espace national. Mais alors, où trouver les ressources à taux réduit ?

Consciente de ce besoin pressant, la Chine a lancé une initiative pour y répondre : c’est le méga projet des Nouvelles Routes de la Soie. Une banque a été créée à cet effet, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII). La Chine avance patiemment dans cette voie, comptant couvrir le monde de routes, de rails, de ponts, de ports, d’aéroports et de parcs industriels. Mais il ne s’agit pas d’un « repas gratuit », comme dirait Christine Lagarde, Directrice Générale du Fonds Monétaire International (FMI) qui mettait en garde tous les Etats qui pensent s’en tirer à bon compte sur le financement chinois.

Oui, ce financement chinois, le Bénin doit le saisir vite et bien, sans pour autant oublier le fardeau de la dette. Première  créancière bilatérale de l’Afrique, la Chine pose peu de conditions pour octroyer ses prêts : pas  d’ingérence  politique, pas ou peu de contrôle de la corruption, pas d’obligation de privatisation… Pékin se pose clairement en banquier de l’Afrique. Evidemment, l’Union Européenne et les Etats-Unis enragent.

Mais il ne s’agit pas pour le Bénin de ne compter que sur la main chinoise ou russe, ou arabe…Nous pouvons faire des efforts endogènes pour créer une nouvelle dynamique, de sorte à financer les infrastructures dont nous avons besoin par des mécanismes maîtrisés.

Le premier recours à cet effet reste l’investissement privé. Dans un contexte où la loi sur le partenariat public-privé a été adoptée, il s’agit pour le Bénin de compter sur des investisseurs capables de préfinancer les travaux, de sorte à se faire rembourser suivant des mécanismes contractuels de péage par exemple. Dans un secteur comme l’énergie, le recours au privé pour construire et gérer des centrales énergétiques avant qu’elles ne soient transférées à l’Etat,  contribue notablement à réduire le recours de l’Etat aux institutions financières. Bien entendu, cette solution comporte des risques de surfacturation réels. Un cas d’école existe au Togo où la centrale électrique mise en place par le privé pour être plus tard cédée  à l’Etat, s’est révélée l’une des plus chères de l’histoire. Ce mécanisme est connu. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics d’en prendre conscience.

Mais il y a aussi de nouvelles ressources à lever pour élargir  l’assiette fiscale. Le regain actuel des réseaux sociaux devrait donner des idées aux fiscalistes. Si cette semaine, un pays comme l’Ouganda a trouvé le moyen de taxer l’utilisation de  Whatsapp, il est bien possible de le faire au Bénin afin de trouver les ressources nécessaires à nos infrastructures. Finalement, vous m’avez bien compris : si ces ressources sont mal gérées, nul ne pourra contenir le malaise social qui s’en suivrait.

Par Olivier ALLOCHEME

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