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Le triomphe de la vérité

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Edito: Est-ce vraiment le PRD ?


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De toute l’histoire du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), c’est probablement la première fois qu’il marche pour soutenir un régime. Et pourtant, Adrien Houngbédji et les siens ont pratiqué tous les régimes depuis 1990 et en ont contesté la plupart. Même si le parti a fait semblant de s’aligner sur Kérékou III finissant, il n’a jamais pu faire une démonstration de soutien du genre de ce qui s’est passé samedi à Porto-Novo.
Oui, le gouvernement Talon a pris à bras-le-corps l’épineuse question des infrastructures dans la capitale. Et il en était temps. En 2016, les grandes rues de la ville étaient parcourues de crevasses et saupoudrées de poussière. Désormais, de grands chantiers vont corriger cette image et lui redonner un certain lustre. C’est une belle récompense à l’engagement du parti qui a choisi de se dédire dès le lendemain du second tour de l’élection de 2016, en proclamant, sans état d’âme, son soutien au président nouvellement élu. Ce fut un volteface insolite que même les pro-Talon de la première heure avaient contesté. Car, ce rapprochement contre-nature jetait à l’eau tous leurs efforts de leadership dans la région. Désormais, il faudra compter avec le PRD qui entre avec effraction dans la mouvance, nanti de ses dix députés, avec, par-dessus le marché, la présidence de l’Assemblée nationale. De quoi balayer toutes leurs espérances d’être désormais les vrais leaders de Porto-Novo, ceux avec qui il faudra compter, ceux qui seront sur les listes électorales pour les prochaines élections. Un Gaston Zossou dont le fief naturel devrait être la capitale, se retrouve aujourd’hui sans fief, étant donné que Porto-Novo reste la chasse gardée d’Adrien Houngbédji. Il en est de Zossou comme de tous les autres acteurs politiques de la mouvance qui doivent aujourd’hui trouver un espace politique en dehors de la capitale « assiégée » par la machine PRD.
La démonstration de samedi contient des non-dits tout à fait clairs. Montrer à ceux qui en douteraient que Porto-Novo, c’est le PRD. En ligne de mire, il y a Sébastien Ajavon dont les récentes manœuvres sur les terres de Houngbédji risquent de faire des émules dans l’Ouémé. Dans la perspective d’une probable candidature du roi de la volaille aux prochaines législatives, il était aussi stratégiquement nécessaire de ne pas laisser Djeffa sans réponse. Reste à savoir si la réaction est proportionnelle à l’action première.
A l’heure où la rupture semble inévitable entre Houngbédji et Ahouanvoébla, l’image d’un PRD jadis soudé derrière son mentor s’en trouve plutôt écornée. La marche était aussi une forme de préparation à la création probable du parti de l’ancien premier vice-président du PRD. Augustin Ahouanvoébla pourrait bien créer son parti bientôt. Mais l’on dira demain que son départ n’a en rien mitigé l’ardeur des vrais militants. Et qu’au contraire…
Mais observez bien, et vous verrez que cette marche constitue pour le PRD un risque. Risque d’autant plus sérieux qu’il s’agit d’une démarche qui peut empêcher le parti de quitter Talon demain. Oui, en organisant une manifestation aussi directement favorable au régime, Houngbédji se prive de la possibilité de contester le Chef de l’Etat plus tard. Au risque de se rendre ridicule, le parti n’a plus le droit de faire marche arrière. Il se livre pieds et poings liés à Patrice Talon, avec la possibilité pour le Chef de l’Etat d’en faire ce qu’il veut. C’est une marque de confiance, mais aussi un véritable saut dans l’inconnu. Pour une fois, le PRD aura posé un acte lourd de conséquences pour sa propre survie et sa cohésion.
Parce qu’au même moment, des voix aujourd’hui inaudibles n’entendent pas rester longtemps étouffées par ces amours pro-Talon. Oui, même au sein du bureau du parti, il existe des voix discordantes qui refusent obstinément de suivre l’alignement choisi par le président Houngbédji. Si elles ne se font pas entendre aujourd’hui, elles sortiront probablement de l’ombre dès que la lune de miel commencera à tourner court. Il ne reste plus bien longtemps pour que chacun se découvre. La confection des listes de candidatures aux législatives devrait constituer un test grandeur nature pour la solidité de cet amour de raison qui dure déjà deux ans. En ce moment-là, on verra ce que fera le parti, si le grand parti unitaire finissait par voir le jour. L’alchimie est encore possible.

Par Olivier ALLOCHEME

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