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Le triomphe de la vérité

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Une réflexion d’Eugène M.B. Gnimassou: Theophania, un défi commun, une espérance universelle


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L’Initiative africaine « La Paix par un autre chemin » mobilise de plus en plus l’attention. Après beaucoup d’autres, le Nonce Apostolique en fonction en République du Bénin, Mgr Brian UDAIGWE, accueille l’annonce de l’inauguration de la Maison africaine de la paix en ces mots : «Je voudrais vous dire mes sincères félicitations pour la lumineuse idée de cette structure appelée à devenir un instrument pédagogique dans la recherche de la paix par le vivre ensemble. Cette maison communautaire en réalisation mérite encouragements et soutiens de toute personne avisée et éprise de paix et de solidarité humaine».
Le Cardinal Philippe BARBARIN, Archevêque de Lyon, prend le lumineux engagement d’une subvention à ce projet qui porte un espace de dialogue interreligieux appelé “Carrefour Cardinal Bernardin GANTIN”, permettant des échanges sur “le développement, nouveau nom de la paix”.
Enfin, le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio GUTERRES, apporte son plein soutien à cette initiative par un message à la fois chaleureux et encourageant.
Il convient donc aujourd’hui de mesurer le sens profond de la nouvelle page qui s’ouvre ainsi en s’appuyant sur le parcours historique de certains peuples d’Europe. Il fut un temps où la « perfide Albion » troublait le sommeil de tous, le temps où francs et germains ne connaissaient que massacres et boucheries avant armistices toujours menacés. Il a fallu « inventer », créer un intérêt vital de « vivre quotidiennement ensemble » en agissant conjointement sur des valeurs et des intérêts communs. Voilà qui peut inspirer une démarche nouvelle.
Au regard du rôle peu élogieux qu’elles ont eu à jouer, par le passé, dans l’évolution des peuples, les religions on retenu très peu l’attention, quant au potentiel insoupçonné qu’elles recèlent en termes de mobilisation de leurs fidèles autour des idéaux de paix. Et pourtant, l’enlisement de l’approche sécuritaire, sur le théâtre des opérations de maintien de la paix, dans le monde et particulièrement en Afrique, ouvre une ère nouvelle, qui oblige à aller au-delà de la seule logique militaire, à la recherche d’une paix durable. C’est cette nouvelle approche que nous invite à expérimenter le Centre Panafricain de Prospective Sociale, au travers du projet «Initiative africaine d’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel », porté sur les fonts baptismaux en mai 2016, sous le parrainage de l’UNESCO, avec l’appui du gouvernement, de l’Union Africaine et de la Communauté internationale.

Cette initiative également connue sous le vocable de « La paix par un autre chemin », autorise un tel espoir avec le rôle qu’il entend faire jouer aux confessions religieuses et autres spiritualités dans la promotion du vivre ensemble en vue d’une paix durable indispensable au développement. Les nombreuses croisades qui ont jalonné le parcours du christianisme depuis le moyen âge et les ripostes qu’elles ont suscitées des musulmans, sous la forme de djihads ont fait que, pendant longtemps, l’histoire n’a laissé des religions que des souvenirs sanglants de violence à des fins punitives ou de prosélytisme. Cette perception justifie le succès relatif qu’a connu jusqu’à une époque récente, l’approche sécuritaire. Pour contrer l’extrémisme violent, la communauté internationale a en effet estimé que la réplique militaire peut aider à renouer rapidement avec la paix. Mais force est de constater aujourd’hui, que cette façon d’appréhender la question a donné toute la mesure de ses limites. Les tragédies causées par le fondamentalisme religieux au quotidien en Afrique de l’Ouest, dans le Sahel, dans la Corne de l’Afrique et en Afrique centrale, malgré tout l’impressionnant dispositif militaire déployé, pour ne citer que ces quelques cas, prouvent à suffisance que, dans la quête d’une paix durable, l’approche sécuritaire ne suffit plus à elle seule pour venir à bout du jusqu’auboutisme terroriste. Après le vacarme des armes, l’expérience a prouvé que, les face-à-face, autour d’une table de négociation pour dialoguer se sont toujours imposées, que l’on soit vainqueur ou vaincu.et qu’en définitive, de ces assises et d’elles seules dépend la paix durable porteuse de développement. La force des armes consacre peut-être la victoire temporaire d’un vainqueur mais elle ne vient pas à bout des appréhensions, des ressentiments ou des frustrations enfouis dans le for intérieur du vaincu. Seul un dialogue méthodique et sincère permet d’échanger, de s’expliquer, de se comprendre, de se réconcilier et de repartir sur des bases nouvelles en vue d’une paix globale et définitive. Comme l’a souvent fait valoir le promoteur de cette initiative, le Professeur Albert TEVOEDJRE, « Dans l’impossibilité de placer un soldat derrière chaque citoyen pour garantir sa protection, la seule option crédible et durable reste celle – incontournable – de renforcer tous les mécanismes du VIVRE ENSEMBLE, malgré toutes différences.». C’est dire combien l’approche sécuritaire, quand bien même elle serait indispensable, dans bien des cas, ne suffit plus à elle seule pour garantir une paix durable. Elle a besoin d’être prolongée par des dispositions complémentaires. C’est à ce niveau que le dialogue interreligieux et interculturel dans lequel les religions et leurs responsables ont un rôle majeur à jouer prend tout son sens.

Les religions ont été capables du pire. Avec « La paix par un autre chemin », il est question de tourner définitivement cette page sombre en démontrant qu’elles sont également capables du meilleur. C’est ce chemin de courage et d’humilité que nous invite à emprunter le Centre Panafricain de Prospective Sociale. Le concept de l’amour qui est une des valeurs cardinales partagée par toutes les confessions religieuses est incompatible avec les théories extrémistes avides de bain de sang et se réclamant du tout puissant Créateur. Le fossé est grand entre l’acte posé et les présumés idéaux les fondant. La cause d’un tel écart de comportement est à rechercher bien ailleurs que dans des motivations purement religieuses. Dans ces conditions, les seules instances capables de désillusionner les tenants de cet obscurantisme sont encore une fois de plus les religions et leurs responsables. Face à de telles dérives, la réaction des religions et de leurs responsables est attendue, urgente, pour rétablir la vérité, en vue de la paix. Le Pape François en a pleinement conscience. « Dans la construction de la paix, les religions, avec leurs ressources spirituelles et morales ont un rôle particulier et irremplaçable. Elles ne peuvent pas avoir une attitude neutre, et encore moins ambiguë par rapport à la paix » L’ancien Président d’Israël, Shimon Peres, est allé plus loin. Il propose “l’ONU des religions”.

L’un des paris majeurs que tente de gagner le Centre Panafricain de Prospective Sociale dans le cadre de cette initiative en 2018 est l’édification d’un complexe interconfessionnel, laboratoire du vivre ensemble où, pour une première fois, animistes, chrétiens, musulmans, toutes tendances confondues et autres spiritualités pourraient cohabiter en bonne intelligence dans le creuset d’un dialogue interreligieux fécond pour :

– répertorier et approfondir les valeurs communes partagées et qui graviteraient autour de l’homme ;
– organiser périodiquement des rencontres d’échanges entre responsables religieux ou entre fidèles de différentes confessions religieuses pour promouvoir le vivre ensemble ;
– réaliser conjointement des œuvres sociales au profit des couches défavorisées, en vue de la conquête solidaire du minimum social commun ;
– promouvoir la paix dans les milieux interconfessionnels partout où il y risque d’affrontement ou de violence ;
réaliser conjointement des études sur divers aspects de la contribution des religions à la paix au Bénin, en Afrique et dans le monde.

Theophania la Maison africaine de la paix ouvrira ses portes le 19 mars 2018 à Adjati, dans la Commune d’Adjarra, département de l’Ouémé sous la protection d’une statue de Marie, Notre Dame de tous les peuples érigée sur les lieux. Ce complexe comprend :

– le sanctuaire Mgr Melchior de BRESILLAC destiné aux chrétiens, toutes tendances confondues;
– la Mosquée Marie Mère de Jésus pour les musulmans, toutes sensibilités confondues ;
– le temple de l’Esprit, pour les religions endogènes et autres spiritualités ;
– le Carrefour Cardinal Bernardin GANTIN pour le dialogue interreligieux au service du “développement, nouveau nom de la paix” ;
Une fontaine d’eau potable symbolisant l’effort ensemble d’éradication de la pauvreté et la conquête solidaire du” MINIMUM SOCIAL COMMUN” et gérée par un comité interconfessionnel des riverains y est accessible à tous.
La démonstration sera ainsi faite que « la paix par un autre chemin » est une alternative crédible qu’il importe d’expérimenter et d’améliorer. Cette initiative a besoin du soutien de la Communauté internationale pour renforcer l’efficacité des opérations internationales de maintien de la paix, qui, dans certaines régions, en Afrique, deviennent de véritables gouffres de toutes ressources.
Denis MAUGENEST, sj, ancien doyen de la Faculté des sciences sociales de l’Institut catholique de Paris en témoigne : « Pour la première fois, comme conséquence, comme fruit d’un dialogue interreligieux ou une médiation visant la fin d’un conflit, un accent particulier est mis sur :’’L’exigence de projets conjoints interreligieux et interculturels de développement au bénéfice des populations du même espace social’’ Agir ensemble au bénéfice de tous consolide le dialogue et le respect des conclusions de toute médiation. »
Avez-vous jamais entendu parler de “l’œuf de Christophe COLOMB” ? Accueillons donc avec gratitude, la grâce inattendument offerte… ex Africa- et déjà si bien reconnue. Le Bénin peut devenir le havre d’origine d’un véritable chemin de salut public entrainant implications et réalisations aux dimensions aujourd’hui insoupçonnées !

Eugène M. B. GNIMASSOU

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