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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le patriotisme est mort


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La plupart des problèmes du Bénin trouvent leur origine dans la régression patriotique ou pan-nationale. 28 années après la conférence nationale, le constat reste amer : le Béninois a perdu la fibre patriotique qui l’a caractérisé durant l’époque coloniale ou durant la période révolutionnaire.
Si les délégués à cette conférence historique provenaient d’horizons politiques divers, la plupart étaient motivés par le sens du sacrifice à la nation. Oui, il y avait les caciques du PRPB dont l’intérêt visible était le statu quo. Mais l’appareil révolutionnaire était à bout de souffle et Mathieu Kérékou avait bien mesuré le degré d’engagement de ses compatriotes déterminés à en finir avec le modèle social qu’il incarnait. Le choix d’un certain Nicéphore Soglo, frais émoulu de la Banque Mondiale, marquait une volonté d’engager une nouvelle marche. Mais le pays retombe bien vite dans ses vieilles querelles sectaires, à la faveur des élections. La suite est connue. Les réformes économiques du premier ministre devenu président de la République, tout en lançant la machine économique, n’ont nullement empêché le retour en grâce des barons de l’ancienne époque. C’est eux et leurs héritiers des années 90-2000 qui ont sonné le glas du patriotisme.
L’action politique est aujourd’hui tendue toute entière vers la satisfaction des intérêts des groupes (organisés ou non) qui gravitent autour du pouvoir. La fibre patriotique, l’engagement envers la nation, l’appel profondément citoyen qui résonne au fond des cœurs quand tonne l’hymne national, ont quitté l’arène publique. Non pas que la fibre patriotique ait totalement disparu. Il existe encore chez nous des individualités fortes, et même des organisations très engagées pour la cause nationale, malgré les déceptions du temps et des hommes. Parmi elles, quelques mouvements politiques sans moyen véritable et des organisations de la société civile refusant obstinément de s’aliéner. Parlant de la société civile, elle fut un des derniers remparts au délitement, avant de sombrer : ses membres les plus éminents ont été aspirés par les sirènes politiques. Aujourd’hui encore, peu de Béninois résistent à la tentation de voir en ces organisations les chevaux de Troie au service des ambitions politiques de leurs responsables.
Bien entendu, les grandes multinationales, les chancelleries occidentales et notamment l’ancienne métropole, ont de tout temps exploité ces faiblesses de nos Etats pour étendre leur stratégie d’exploitation et de domination. Ce n’est pas à la France qu’on apprendra les ficelles de la manipulation des élites lorsqu’elle tient à conserver son pré-carré. Et en dépit de tout ce qu’on peut leur reprocher, les mercenaires de l’Hexagone agissent d’abord et avant tout au profit de leur pays. Face aux cris de ceux qui conspuent leurs méthodes, ma question est toujours celle-ci : voilà les sacrifices qu’ils sont capables de consentir pour la grandeur de la France ; que faites-vous, vous,pour votre pays ? De quel sacrifice et jusqu’à quel renoncement êtes-vous capable pour faire briller le Bénin ? Pourquoi eux sont capables de mourir s’il le faut pour la France, et pas vous pour le Bénin ? Quelqu’un a-t-il tort de chercher avant tout le bien de sa patrie ?
Au moment où j’écris ce texte, une information est partout répandue: Le parquet sud-coréen a requis, ce mardi, 30 ans de prison contre la présidente déchue Park Geun-hye. Mme Park, 66 ans, avait été destituée en mars 2017 puis placée en détention provisoire le même mois pour 18 chefs d’accusation, dont corruption, abus de pouvoir et fuite de secrets d’Etat. Voilà un pays qui, dans les années 1950, était moins développé que le Bénin. Ce pays a réussi en quelques années à se relever brillamment, pour une raison simple : les citoyens apprennent très tôt à aimer leur patrie. Pour sa grandeur et son essor, ils sont prêts à tout et, par conséquent, considèrent les actes antipatriotiques, comme des actes de haute trahison passibles des plus lourdes peines. Il en est de l’ancienne présidente comme de tous les cadres et responsables du pays convaincus de traîtrise : la plupart se suicident pour ne pas connaître la honte et surtout pour faire honneur à leur famille.
Bien sûr, la question que chacun se pose est celle-ci : comment faire ? Sans avoir un bâton magique, je crois foncièrement que les leviers se trouvent dans l’éducation et les arts qui structurent notre imaginaire. Il faut inscrire dans nos programmes scolaires des matières entières sur le patriotisme. Il faut que les œuvres d’art financées par l’argent public célèbrent le patriotisme béninois. Il faut que l’argent public ne serve à financer que les médias étiquetés comme étant au service de la nation.Agir sur les imaginaires pour créer une nouvelle citoyenneté, tel est le mot.

Par Olivier ALLOCHEME

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