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Le triomphe de la vérité

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Edito: Face aux impasses


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Je ne vois pas vraiment comment le gouvernement pourrait s’en sortir dans la crise sociale ambiante, sans faire une concession spectaculaire. Actuellement du moins, il semble pencher pour les défalcations de salaires qui ont eu le don de raviver la tension, par le passé. En jetant l’huile sur le feu, l’on pourrait en effet s’éloigner d’une solution qui fasse avancer les négociations. Et ce qui s’est passé sous Boni Yayi se passera aussi : les défalcations seront rétrocédées à la vitesse grand V. Dans tout cela, l’accumulation des retards pourrait rapprocher la perspective d’une année blanche.
Le fait est que le gouvernement se retrouve dos au mur et n’a pas d’armes pour négocier efficacement. Face aux syndicalistes de l’éducation, il est très malaisé de justifier l’augmentation exponentielle des salaires politiques, pendant que la rhétorique officielle demande à tous de « serrer les ceintures ». A moins de jouer au con pour plaire au Chef, cette dichotomie béante entre le discours et la pratique concrète, enlève toute crédibilité à la parole présidentielle. Comment en effet justifier que les revenus des préfets ont été multipliés par cinq ou par dix, alors que l’Etat est réellement incapable de multiplier les salaires des enseignants même par deux. Si l’on ne veut pas se voiler la face pour plaire au Chef ou aux syndicalistes, on doit reconnaître que toute augmentation salariale, même de 20%, à l’étape actuelle, porterait un coup très dur aux finances publiques. Non pas parce que l’Etat ne trouverait pas des ressources pour y faire face, mais simplement parce que ce bond financier va fatalement arrêter de nombreux projets d’investissements publics pour lesquels l’Etat s’est engagé depuis 2016.
Il est même probable qu’il ouvre la boîte de Pandore dans d’autres secteurs qui sont tout aussi demandeurs d’augmentations salariales. Actuellement, du moins, l’augmentation des traitements des préfets et des ministres, oblige l’Etat à revoir ceux des députés ainsi que des membres des autres institutions, tout au moins au même niveau. Je ne vois pas en effet, comment un préfet pourrait gagner plus qu’un membre de la Cour Constitutionnelle ou même qu’un député. Une augmentation généralisée des salaires politiques devient dès lors une exigence, au risque de tomber dans une crise institutionnelle. Ne pas le faire est politiquement intenable. Le faire reviendrait simplement à détruire les chances d’un dialogue social efficace. Ce serait également mettre en danger l’équilibre des finances publiques et s’exposer à un ajustement structurel dont nous connaissons tous les corollaires. Dans une conjoncture marquée par le ralentissement des recettes publiques et la montée de la demande sociale, la politique la plus judicieuse consiste à négocier avec les acteurs sociaux, sans toucher aux maigres ressources disponibles.
Mais l’impasse actuelle pourrait trouver un début de solution en touchant à la racine première de la levée de bouclier des acteurs sociaux. Il s’agit des salaires politiques. Autrement dit, le gouvernement n’a pas d’autre choix actuellement que de ramener ces salaires à leur niveau d’avant 2016. Ce faisant, il montrerait sa bonne foi et annulerait l’un des principaux arguments des syndicats enseignants. En outre, l’augmentation salariale concédée aux magistrats dans le cadre de leurs statuts particuliers, pourrait être annulée, pour montrer que l’Etat ne veut accorder aucune augmentation à qui que ce soit. Bien entendu, les syndicats pourraient toujours clamer que cela n’a jamais fait partie de leurs plateformes revendicatives. Mais tout le monde sait que la toile de fond de tout le branle-bas d’aujourd’hui reste les salaires politiques. Et pour couper court à toutes les spéculatives, le gouvernement pourrait jouer la carte de la transparence, en rendant publics les nouveaux salaires et en ouvrant même une plateforme digitale permettant à tout citoyen de connaître ce que gagnent nos gouvernants.
A défaut de ce faire, le gouvernement sera contraint de négocier avec un couteau sur la gorge : les grèves et la menace d’une année blanche. Il sera contraint de concéder les augmentations demandées, avec la grande probabilité d’une levée de bouclier dans les autres secteurs. Comme en 2011, avec les 25% d’augmentation accordés aux agents du ministère des finances, les autres secteurs se mettront en branle et rendront intenable la position du gouvernement.

Par Olivier ALLOCHEME

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