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Le triomphe de la vérité

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Réflexion de l’Ambassadeur Jean-Pierre A. EDON, spécialiste des questions Internationales: La montée des partis d’extrême droite en Europe et la Paix Internationale


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Ambassadeur Jean-Pierre Adélui EDONdon

Le 21ème siècle est marqué par de grands progrès techniques comme celui du secteur des nouvelles Technologies de l’information et des communications. Ce progrès a contribué à rendre faciles des tâches qui, autrefois, étaient difficiles à exécuter dans un laps de temps relativement court. De ce point de vue, cette innovation technologique et économique participe du bien-être de l’humanité. Dans le même temps, apparait et se développe un autre phénomène qui ne doit laisser indifférente toute personne et organisation éprises de paix, de justice et de sécurité internationale .En effet, il s’agit de la montée de l’extrême droite dans le monde et surtout en Europe depuis une trentaine d’années. Ce nouveau phénomène est d’autant plus inquiétant que l’Europe a été le terrain des deux guerres mondiales entre 1919 et 1945 ayant laissé de grandes séquelles socio-politiques et économiques. Terre de prédilection du christianisme, on pouvait espérer que l’extrémisme était à conjuguer au passé.
Pour une meilleure compréhension de ce nouveau phénomène socio-politique et idéologique, il s’avère nécessaire de passer sommairement en revue ses caractéristiques, son étendue géographique, ainsi que ses risques sur la paix dans le monde et la responsabilité qui incombe à la communauté internationale.
Dans la plupart des pays et surtout depuis la chute du mur de Berlin en 1989, le système politique est partout régi par les principes de la démocratie et de l’Etat de droit. Cette forme de régime politique dans lequel la souveraineté émane du peuple, prône la jouissance et la défense des libertés individuelles et collectives, notamment la liberté d’opinion et d’expression, de réunion et d’association. Aussi, tout le monde a-t-il le droit de créer et de militer au sein d’une formation politique de son choix, d’une organisation non gouvernementale de son choix ou de s’abstenir d’animer la vie politique et sociale. Personne ne nie ce droit, mais des inquiétudes naissent à partir de l’idéologie que défendent certains partis et mouvements, idéologie de nature à mettre en danger les acquis de la société humaine comme, la paix, la cohésion sociale, la justice, l’équité, et la sécurité internationale. Leurs manifestations sur le terrain font penser à un recul de l’histoire relativement récente, ou à une résurgence de l’histoire passée. Il s’agit en l’occurrence des partis d’extrême droite et surtout de leur évolution rapide en Europe.
Etymologiquement parlant, le terme « Extrême » désigne quelque chose qui dépasse les limites normales, qui est violent et excessif. En politique, l’extrême droite est une famille politique aux contours flous en ce sens que ce terme peut qualifier des courants nazis ou fascistes, le fascisme étant l’autoritarisme excessif du genre du régime autoritaire, violent et dictatorial établi en Italie de 1922 à 1945 par Mussolini avec toutes ses conséquences fâcheuses. Ce régime est fondé sur la dictature d’un parti unique, l’exaltation nationaliste et le corporatisme.
L’extrême droite désigne aussi des groupes intégristes traditionalistes ou fondamentalistes, des attitudes racistes ou différentialistes qui conduisent à l’apparition des partis nationalistes ou populistes, le populisme étant défini comme une doctrine politique démagogique qui prône la défense des intérêts du peuple contre les classes dirigeantes au pouvoir. C’est une idéologie politique utilisée autrefois par certains mouvements de libération nationale en Amérique Latine, visant à libérer le peuple sans recourir à la lutte des classes. Dans les pays musulmans, on parle des mouvements fanatiques et intégristes. Une caractéristique fondamentale de l’extrême droite, où qu’elle se trouve, est le fait de se prévaloir des idées et méthodes fascistes et populistes, ce qui est différent de la démocratie.
En Europe c’est une droite radicale qui prône le populisme, la xénophobie, le comportement anti- européen, l’identité et la lutte anti immigration. Elle se sert souvent du marasme économique et de la crise migratoire pour justifier sa vision. En réalité, ces deux éléments ne sont que des prétextes car dans certains de ces pays où la croissance économique est soutenue, ces mouvements radicaux existent pourtant et évoluent au grand dam de la société. Le problème est donc plus profond qu’on ne le pense. Il varie d’un pays à un autre, mais avec le même fil conducteur.
Aux Etats-Unis, l’influence des mouvements d’extrême droite est marginale sur la scène politique, mais il est à craindre que la politique de l’équipe actuellement au pouvoir ne favorise leur percée. Par contre, à l’opposé des Etats-Unis, leur influence est forte dans les pays européens où leur présence parlementaire est de plus en plus marquée.
Au Japon, il existe aussi des mouvements d’extrême droite non parlementaires mais ayant une forte capacité d’influence sur le parti au pouvoir.
En Australie, la création du parti d’extrême droite remonte aux années 1990. Dénommé One Nation, et détenant actuellement un député au parlement, ce parti s’est illustré par la violence avec laquelle il fait la campagne contre les demandeurs d’asile et l’immigration en provenance des pays d’Asie. Dans le cadre de son offense contre la minorité musulmane australienne, il a entrepris de dénoncer ces dernières années, le port des vêtements traditionnels comme la Barqa qu’il trouve indignes pour les femmes. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’entrée en Australie de milliers de migrants est bloquée et les intéressés sont gardés en Papouasie dans des camps de réfugiés où ils sont astreints à des traitements inhumains.
En Birmanie on assiste à une autre forme d’extrémisme caractérisé par une intolérance ethnique incroyable qui a entrainé depuis Août 2017 le départ forcé et la fuite de près de 620.000 Rohingyas, une minorité musulmane persécutée en quête de refuge au Bengladesh. Selon l’ONU « la crise actuelle n’est rien de moins qu’un exemple classique de nettoyage ethnique ». En effet une loi datant de 1982 instaurée par la dictature militaire, a rendu les Rohingyas apatrides en ce sens qu’ils n’ont pas été reconnus comme faisant partie des 135 ethnies recensées. Ils sont privés de droits et ont été officiellement interdits de vote lors des dernières élections générales de Novembre 2015 sans qu’aucune autre représentation politique ne leur soit permise. Le prix Nobel de la Paix et dirigeante actuelle du pays, Madame Aung San Suu Kyi est restée passive à ce que l’ONU a qualifié d’épuration ethnique.
Il ressort de la situation ci-dessus décrite dans ces deux pays que c’est de l’identité qu’il s’agit, un slogan, voire une doctrine commune à tous les mouvements d’extrême droite.
Evolution ou percée impressionnante dans certains pays, lente mais sûre dans d’autres, l’extrême droite s’ancre désormais en Europe. De l’Autriche à la Grèce, en passant par la France, la Suède, le Royaume Uni, la Bulgarie, le Danemark, la Suède, la Norvège, la Belgique etc…. ces dernières années ont vu progresser de façon fulgurante, une droite radicale populiste, xénophobe et anti-européenne. Leur percée politique et leur siège dans les parlements nationaux et européens sont de plus en plus marqués. En voici quelques illustrations :
 En France, le Front National (FN) fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen est présidé depuis2011 par sa fille Marine, candidate à la présidentielle des 23 avril et 07 mai 2017. Elle a fait campagne pour la sortie de l’euro et le repli sur les frontières nationales. Pendant la campagne, le FN était au coude à coude dans les sondages avec le mouvement « En marche » d’Emmanuel Macron.
Marine Le Pen arrive finalement au 2ème rang au 1er tour avec 21,30% des voix. Au 2nd tour, elle est rejointe par le candidat souverainiste Nicolas Dupont-Aignan du parti « Debout la France », à qui elle promet le Matignon en cas de victoire. Marine s’incline finalement avec 33,90% des voix face à Emmanuel Macron. Elle a tout de même gagné près de 3 000 000 d’électeurs par rapport au 1er tour.
Aux législatives, le FN réalise 13,20% des voix. Cependant, le parti passe de 02 députés à 08 dont Marine Le Pen elle-même. Le FN devient alors une force politique non négligeable comme celle de la Hongrie.
 En Hongrie, le Jobbik (mouvement pour une meilleure Hongrie) est la 2èmeForce du parlement avec 24 députés. Face à la ligne dure anti-immigration et autoritaire du Premier Ministre Viktor Orban, le Jobbik a renforcé les slogans violemment racistes et antisémites de ses débuts pour se recentrer. Il dispose d’un mouvement milicien et paramilitaire appelée Garde Hongroise. Il plaide pour la préservation de l’identité nationale et pour la mise en place d’une politique sociale conservatrice radicale. Il a des affinités avec certains partis autrichiens.
 En Autriche, le parti de la Liberté d’Autriche (FPO) fondé en 1956 par d’anciens nazis est qualifié pour le 2ème tour des élections présidentielles de décembre 2016 mais son candidat Norbert Hofer a fini par échouer heureusement sinon il consacrera la présidence d’un Etat européen dirigé pour la première fois par un dirigeant d’extrême droite. Il compte néanmoins 38 députés au parlement. Mais aux dernières élections législatives de décembre 2017, ce parti a obtenu de bons résultats qui lui ont permis de faire son entrée au gouvernement dans une coalition où il détient 06 importants portefeuilles. Conscient des réactions européennes à cette situation, le nouveau chancelier Mr Sébastien Kurz a dû se rendre à Bruxelles le mardi 19 décembre 2017 au lendemain de son investiture pour rassurer l’Union européenne de l’engagement européen de son gouvernement malgré la présence en son sein des représentants de l’extrême droite. L’Autriche cherche ainsi à calmer la situation pendant que Berlin doit gérer la suite des dernières élections où l’extrême droite a fait un bond en avant.
 En Allemagne, l’extrême droite est représentée par le parti l’Alternative pour L’Allemagne (AFD) présidé par Fraude Petry. Créé en 2013, l’AFD est une formation populiste, anti-migrant qui met tout en œuvre pour faire son entrée au Bundestag et devenir le 1er parti de droite dur à avoir accès au parlement depuis 1945, année de la fin de la 2ème guerre mondiale. Au cours des dernières élections de Septembre 2017, ce mouvement a obtenu des résultats considérables qui compliquent la tâche à la chancelière Angela Merkel pour la formation du nouveau gouvernement. Les difficultés qui font l’objet de négociations portent sur la question de l’immigration et la suite à donner à la politique généreuse d’accueil des demandeurs d’asile de la chancelière en 2015.Il est inquiétant de constater que dans le cadre de ces tractations, un responsable d’un parti extrémiste, a créé la polémique en suggérant une « solution définitive » en 2018 sur la question des réfugiés, un terme qui ressemble terriblement à l’expression « solution finale » employée par les nazis pour l’extermination des Juifs au cours de la deuxième guerre mondiale.
La difficulté à former un gouvernement majoritaire en Allemagne depuis plus de trois mois, rappelle un tout petit peu la récente situation politique en Italie. Mais aux dernières nouvelles les forces progressistes dont la CDU de Merkel Angela et le SPD de Martin Chultz, ont fini par s’entendre pour former un Gouvernement et sauver ainsi la stabilité politique de la Nation allemande.
 En Italie, il s’agit de la Ligue du Nord qui est un vieux parti sécessionniste. Sous l’impulsion de Mattero Salvini qui en a pris la direction en 2014, la Ligue du Nord est devenu un parti anti-euro et anti-immigré. En décembre 2016, il a milité avec succès pour le « Non » au référendum sur la révision de la Constitution, ce qui a entraîné la chute du gouvernement de Mattéo Renzi. Lors des législatives de 2013, il a obtenu 18 sièges à l’Assemblée Nationale, tout comme l’extrême droite en Slovaquie.
 En Slovaquie, nous avons affaire à un parti néo-nazi dénommé Parti populaire « Notre Slovaquie » dirigé par Mariam Kotleba. Créé en 2010, ce parti a tiré profit de la crainte des migrants pour faire son entrée au parlement en mars 2016 avec 14 députés, un nombre légèrement supérieur à celui de la Bulgarie.
 En Bulgarie, l’Union Nationale Attaque (ATAKA) dirigée par Volen Nikolov et fondé en 2005 s’en prend aux minorités nationales. En 2014, il compte 11 députés au parlement et se veut anti-européen comme ses homologues du Royaume-Uni.
 Au Royaume-Uni en effet, l’extrême droite est incarnée par le Parti pour L’Indépendance du Royaume-Uni (UKIP). Farouchement anti-immigrée et anti-européenne, cette formation est dirigée actuellement par Mr Paul Muttal qui a été un acteur important dans la sortie du Royaume- Uni de l’Union Européenne(Bréxit). Il y a aussi d’autres partis extrémistes tels que :
– English Defense League, mouvement anti-islamique très actif ces dernières années.
– Le Front national britannique, parti néo-fasciste et raciste des années 1970-1980.
– British first, de tendance néo-fasciste et fondamentaliste chrétien comme les mouvements extrémistes des Pays- Bas.
 Au Pays-Bas, le Parti pour la Liberté (PVV) est une formation foncièrement anti-Islamiste. Eurosceptique et militant pour une sortie de la zone Euro, ce parti combat aussi ce qu’il appelle « l’islamisation des Pays-Bas ». Grâce à sa propagande qui laisse croire qu’il est préoccupé par la sécurité des Néerlandais, il est devenu la 2ème force du parlement derrière les libéraux et gagne du terrain comme son homologue de Grèce.
 En Grèce, l’extrême droite est représentée par le Parti d’Aube Dorée animé par les néo-nazis. Fondé en 1980, il dispose de 18 sièges à l’Assemblée Nationale depuis septembre 2015. Il a exploité à son profit la crise financière qu’a connue la Grèce en 2012 pour devenir aujourd’hui la troisième force politique hellénique. Comme il fallait s’y attendre, Aube Dorée est au centre de plusieurs poursuites judiciaires pour des agressions à caractère xénophobe, voire des meurtres. La violence est en effet une caractéristique de ces mouvements.
La crise économique et l’afflux des immigrés dans ces pays ne suffisent pas pour expliquer la percée de l’extrême-droite. En Espagne et au Portugal où la situation économique est difficile, l’influence de l’extrême-droite est marginale. Elle est marginale aussi, à cause des souvenirs encore frais des souffrances endurées par les populations de ces pays sous le règne des dictateurs Franco en Espagne et de Salazar au Portugal. Par contre, en Autriche qui jouit d’une situation économique meilleure en dépit d’une croissance ralentie, l’extrême-droite gagne du terrain. C’est donc une situation complexe qui mérite qu’on y pense sérieusement pour en dégager les vraies causes et définir l’objectif réel. Sans être forcément au pouvoir, ces mouvements par plusieurs méthodes d’actions, arrivent à s’imposer sur la scène politique nationale et font pression sur les Autorités politiques au point de leur imposer les thèmes de l’immigration et de préférence identitaire. Une illustration récente de cette influence a été en France, le projet de la déchéance de la nationalité française aux binationaux coupables de terrorisme, idée qui a été émise par le gouvernement socialiste français à la suite de l’acte terroriste contre Charlie Hebdo à Paris en Janvier 2015. Or une telle idée n’est pas du tout conforme à l’idéologie socialiste, ce qui a entrainé à juste titre, le départ du Ministre de la justice Madame TAUBIRA du Gouvernement. Heureusement que cette pensée impopulaire a fini par être abandonnée. Des cas du genre sont légion dans d’autres pays où les dirigeants craignent l’érosion de leur électorat en faveur des mouvements d’extrême droite.
Or les mouvements migratoires, vieux comme l’humanité, ont toujours existé et existeront encore. Il serait illusoire de vouloir les arrêter aujourd’hui où avec la mondialisation, le développement vertigineux des technologies de l’information et des communications couplé avec les progrès techniques, notamment dans le domaine des transports et des télécommunications, la planète-terre est devenue un petit village où les habitants, volontairement ou non, se déplacent tous les jours dans tous les sens. On pourrait dans une certaine mesure, dire que l’évolution des migrations est aujourd’hui liée aux progrès techniques, technologiques et économiques qui ont transformé le monde. C’est un phénomène mondial qui justifie d’ailleurs la création de l’Organisation Internationale des migrations.
Par ailleurs le repli sur les frontières nationales à l’heure de la globalisation ne peut prospérer en ce sens qu’il va à contre-courant de l’évolution du monde. Il est notoire qu’aucun pays ne peut vivre en autarcie. La coopération bilatérale et multilatérale, les relations et les échanges commerciaux sont des réalités incontournables qui s’imposent à tous les pays, qu’ils soient riches ou pauvres .Malgré leur niveau de développement, les pays nantis développent sans cesse des relations de tous genres avec les pays étrangers et nombreux sont leurs ressortissants vivant hors de leurs territoires à la recherche du bienêtre pour eux et au profit des populations de leurs pays d’origine. La Chine qui jouit d’un marché intérieur d’un milliard trois cent millions de personnes, entretient cependant des relations commerciales avec d’autres pays et près de 30 millions de chinois vivent aujourd’hui à l’étranger où ils travaillent pour la prospérité des pays de résidence et de celle de la Chine. La contribution des migrants à la richesse des pays d’accueil a toujours été appréciable. Loin d’être à l’origine des difficultés économiques des pays d’accueil, les migrants deviennent plutôt des agents économiques qui alimentent convenablement le circuit économique de ces pays. Très souvent ils s’adonnent aux travaux que n’aiment pas effectuer les citoyens desdits pays. D’autres sont sollicités à cause de leurs compétences avérées. Il n’est donc pas juste de les rendre responsables du chômage qui sévit dans le pays.
En somme, faire de l’immigration, de l’identité et du repli sur les frontières nationales, un programme politique, est une œuvre populiste dangereuse et sans lendemain, car l’avenir est à une coopération multiculturelle et aux regroupements économiques pour le bien-être des populations. Cette coopération qui permet aux différentes races de se connaître pour mieux s’accepter et vivre en harmonie, est une condition favorable à la préservation de la paix et de la sécurité internationale chèrement acquises à la suite des deux guerres mondiales.
Aussi la percée de l’extrême droite en Europe laisse-t-elle croire que les causes des deux guerres mondiales sont passées dans l’oubliette.
Je me permets à cette occasion de rappeler que la cause immédiate de la première guerre mondiale fut l’assassinat de l’héritier du trône d’Autriche, l’archiduc Franz Ferdinand le 28 Juin 1914 à Sarajevo. L’assassin était Gavrilo Princip, membre de la société de la « main noire », une organisation nationaliste serbe extrémiste. Quant à la deuxième guerre mondiale, l’une des causes réside dans les conséquences de la première guerre avec le traité de Versailles, conséquences que des pays comme l’Allemagne commencent par contester à cause des charges lourdes et contraintes qu’il leur impose. Avec l’arrivée au pouvoir d’un parti nazi dirigé par Adolf Hitler, l’idée de l’hégémonie et de la supériorité raciale, ainsi que celle du regroupement forcé des populations germanophones, ont vu le jour. Aussi Hitler considère-t-il que les difficultés économiques de l’Allemagne sont dues à la présence des étrangers surtout des Juifs. Très tôt l’Allemagne nazie envahit la Pologne et ce fut le déclenchement de la guerre qui a fait environ 60 millions de victimes, civils et militaires confondus.
L’analyse sommaire des mobiles de ces guerres laisse penser à une probable répétition de l’histoire. Le premier conflit a été provoqué par une action meurtrière perpétrée par un membre d’une organisation extrémiste. Or aujourd’hui on assiste à des scènes de violences racistes exécutées par des membres des mouvements extrémistes. Tout comme Hitler avant et pendant la deuxième guerre, les mouvements d’extrême droite n’hésitent pas à tenir les étrangers responsables de la crise économique et du chômage qui aujourd’hui tendent à devenir un problème mondial en ce sens qu’aucun pays n’y échappe. La raison de ces fléaux socio-économiques est à rechercher ailleurs surtout dans la mal gouvernance mondiale caractérisée notamment par le rejet de l’établissement d’un nouvel ordre économique international, le refus du transfert des technologies, la détérioration continue des termes de l’échange etc… La mauvaise perception de ce phénomène a entrainé par le passé l’extermination de 6 millions de Juifs qui sont accusés de tous les maux par les nazis.
Peut-on dire alors qu’une troisième guerre se prépare avec la percée de l’extrême droite en Europe qui a été pourtant le terrain principal des deux guerres mondiales, un continent qui semble tolérer aujourd’hui le nazisme dont il a pourtant souffert par le passé. Cette guerre n’est pas souhaitable parce qu’elle sera très dévastatrice et pourrait même entrainer la disparition de l’espèce humaine de la terre, avec le développement des armes nucléaires. Si l’on se souvient des dégâts énormes causés par la bombe H sur Hiroshima et qu’aujourd’hui, on sait que l’arme nucléaire détenue par beaucoup de pays en dépit des résolutions des Nations-Unies sur la non-prolifération des armes nucléaires, est d’une puissance dix mille fois plus forte que la bombe H, il y a de quoi s’inquiéter.
Voilà pourquoi, à mon avis, la communauté internationale ne doit pas rester indifférente à la montée de l’extrême droite dans le monde et au développement du terrorisme sous toutes ses formes de même que la politique de nettoyage ethnique du genre des Rohingyas en Birmanie et qui rappelle l’extermination des juifs pendant la 2eme guerre mondiale. Ces phénomènes sont à combattre dans la mesure où ils constituent à court ou à moyen terme des terreaux favorables à l’instabilité de la paix internationale. Il y a environ six ans, face aux résultats confortables obtenus par l’extrême droite en Autriche aux élections législatives, l’Union Européenne avait vivement réagi en mettant, sous forme de sanction, ce pays en quarantaine pendant un bon moment. Il est souhaitable que d’autres entités internationales suivent l’exemple de l’UE et qu’au niveau de l’ONU qui veille à la préservation de la paix et de la sécurité internationale conformément à sa charte, une action soit pensée et mise en œuvre dès maintenant.
L’ampleur des migrations et les problèmes économiques ne suffisent pas pour défendre la doctrine de l’extrême droite. On a tendance à croire que c’est plutôt l’œuvre des nostalgiques du passé nazi qui, par le populisme et la séduction, voire la démagogie, abusent de la bonne foi et de peu d’expériences historico-politiques des Jeunes pour étendre cette conception idéologique qui a pourtant produit de mauvais résultats par le passé. Il importe donc que tout le monde se mobilise pour éviter à l’humanité une autre catastrophe découlant de cette situation et veiller à ce que la déclaration universelle des droits de l’homme, fruit de longues années de lutte et de sacrifices, s’impose à toutes les nations et à tous les citoyens du monde. Dans ce nouveau combat, l’Organisation des Nations-Unies a un rôle très important à jouer, car ces mouvements extrémistes bafouent les valeurs universelles défendues par cette institution dont la création relève des leçons tirées des deux guerres mondiales.
Je suis, comme beaucoup d’autres observateurs , vigilants en matière de l’évolution des évènements internationaux, et optimiste quant à l’avenir de l’humanité, pour peu que tout le monde apporte sa pierre à l’édification d’une planète unie, forte, prospère et solidaire sur la base d’une nouvelle gouvernance mondiale plus juste, équitable et humaine.

Jean-Pierre A. EDON
Ambassadeur, spécialiste des questions Internationales

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