.
.

Le triomphe de la vérité

.

Edito: L’heure du PRD


Visits: 0

Ceux qui s’attendaient à voir une révolution à la tête du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) attendront longtemps encore. Maître Houngbédji demeure le seul maître à bord du navire Tchoco-Tchoco. Et avec raison.
Il est clairement à la tête du plus grand parti politique du Bénin aujourd’hui. Et son leadership a permis de consolider le PRD, au moment où presque tous les autres partis sont en lambeaux. On n’a pas besoin de tourner mille fois autour du pot avant de le dire : Maitre Houngbédji a réussi là où tout le monde a échoué.
A vrai dire, ce qui a «sauvé» le parti, c’est son option de ne plus faire l’opposition. On peut penser ce que l’on veut de cette «realpolitik» à la sauce béninoise, il s’agit d’une décision qui correspond bien à la compréhension que les Béninois ont de l’idéal démocratique. En démocratie béninoise, peu importe les moyens que vous utilisez pour être dans les cercles du pouvoir. Le plus important, c’est d’y être. Si vous n’y êtes pas, vous ne comptez pas pour le bas peuple et personne ne prendra au sérieux vos promesses politiques. L’idéologie et la vision politique sont mortes, dites-vous ? Eh bien, on s’en fout. Dans ces conditions, pour remporter les élections contre le pouvoir en place, il faut que ledit pouvoir soit vraiment corrompu et aveugle. Cette condition s’était réunie en 2015, lorsque le PRD, fort du mécontentement populaire né du yayisme finissant et déliquescent, a littéralement écrasé ses adversaires à Akpakpa et dans l’Ouémé.
Aujourd’hui, malgré son choix de soutenir Lionel Zinsou en 2016, le parti garde un bon ancrage dans la mouvance présidentielle, grâce au revirement spectaculaire qu’il a opéré dès le lendemain du second tour de la dernière présidentielle. Regardez vous-même. C’est le parti le plus important de la mouvance présidentielle, alors qu’il est, comme on dit, un ouvrier de la vingt-sixième heure. Avec dix députés, le PRD est le parti le plus homogène et le plus discipliné représenté au parlement. Et si vous analysez bien, la situation est telle que, de par sa position de Président de l’Assemblée Nationale, Maître Houngbédji est le leader politique avec lequel le Chef de l’Etat ne saurait s’amuser à prendre des engagements qu’il ne respecterait pas. Du moins, s’il s’amusait à ne pas les respecter, il se retrouverait à se créer des ennuis gigantesques au parlement. Bien entendu, c’est tout bénéfice pour le parti qui s’en tire aujourd’hui avec deux ministres, quand on sait que le ministre Jean-Claude Houssou a fait son entrée au Bureau Directeur National du PRD.Cerise sur le gâteau, aussi bien Patrice Talon que Adrien Houngbédji ont le même ennemi : Sébastien Ajavon. La montée en puissance de celui-ci dans l’Ouéme, notamment lors des dernières élections présidentielles, constitue une menace pour les Tchoco-Tchoco. Les ennuis judiciaires d’Ajavon sont à cet égard du pain béni pour le parti. Et dans tous les cas, il faut des ressources financières conséquentes pour faire face au rouleau compresseur Ajavon qui fait feu de tout bois dans l’Ouémé, principalement à Sèmè-Kpodji et Porto-Novo.
Il s’agit donc d’un Houngbédji triomphant qui se positionne en maître du jeu politique dès maintenant. Sa tentation naturelle sera de dicter ses mille désidératas aux autres partenaires politiques, et notamment au Chef de l’Etat. La redistribution des cartes lors des prochains positionnements, non seulement pour les listes électorales mais aussi pour les différentes institutions devant encadrer les prochains scrutins, sera un moment test de la puissance du parti.Pour le déboulonner et le dépouiller de cette morgue qui est susceptible de mettre le Chef de l’Etat en mauvaise posture, Patrice Talon est obligé de renforcer le bloc des autres partis qui le soutiennent. En d’autres termes, ne pas subir la loi du PRD, c’est faire en sorte que les autres députés du Bloc de la majorité parlementaire disposent d’une discipline de groupe. Il faut même se demander si Talon est assez perspicace pour garder un contact permanent avec ces députés et ne pas subir l’inévitable diktat du PRD lors des joutes à venir.
On pourra admettre que le temps a agréablement servi Adrien Houngbédji. Plus que jamais, il a la possibilité de lancer le PRD vers une refondation sans problème majeur.

Par Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page